De quoi "l'affaire Renault" est-elle "l'affaire" ?.....
Les héritiers Renault font l'actualité, en dénonçant l'illégalité de ce qui s'est fait en 45 : nous avons évoqué ici-même, il n'y a peu, ce sujet, et la liberté de pensée et de ton dont avait fait preuve un Jean-Pierre Foucault que l'on prend trop souvent simplement pour un amuseur public : lui qui venait présenter son livre sur la marque Renault, il a donné une belle leçon d'indépendance en parlant de cette sinistre et si peu glorieuse période de l'épuration; et il a osé prendre à contre-pieds le politiquement-historiquement correct, déclarant tout de go - à propos de Renault durant l'Occupation - que si de belles choses avaient eu lieu au moment de la Libération, d'autres beaucoup moins belles s'étaient pasées. Cette indépendance d'esprit vis-àvis de la chape de plomb de la vérité officielle, qui n'est qu'un grossier mensonge travesti, méritait qu'on le saluât.....
Donc, pour l'instant, il y a une action en Justice, et nous allons bien évidemment laisser la Justice s'en occuper, sans nous mêler d'une chose qui en nous regarde aps et n'est aps de notre compétence.
La réflexion que nous ferons, par contre, est éminemment politique, et elle concerne "1945"; c'est-à-dire notre Histoire, et notre passé, plus très récent, mais sur la lancée duquel nous vivons encore, pour partie, aujourd'hui.
En 45, "on" a jugé plein de gens : Renault, donc, point de départ de notre réflexion, mais aussi plein d'autres personnes, qui n'avaient rien fait de mal. Foucault prenait l'exemple, dans son entretien cité plus haut, d'un ami de sa famille qui n'avait strictement rien à se reprocher, et qui a été, tout bonnement, fusillé...
Par contre, il y a un procès qu n'a pas été fait : celui des responsables de la défaite et du désatre, et de toutes les catastrophes qui en ont résulté. On n'a jamais jugé les dirigeants de la Troisème République qui, par pacifisme béta et aveugle ont refusé, jusqu'au bout de voter les crédits nécéssaires à la modernisation de nos Armées, alors que l'Action française titrait "armons, armons, ARMONS !"....
Parmi eux, mais ce n'est qu'un exemple et il n'est pas le seul, Léon Blum, qui déclarait à de Gaulle - qui l'a raconté - qu'il ne pouvait pas, lui, Blum, le pacifiste de toujours, voter des crédits militaires. Moyennant quoi on a eu l'armée allemande défilant sur les Champs et Hitler venant visiter Paris, à ses pieds Et ces gens-là, eux, n'ont pas été jugés ! Ni, a fortiori, comme l'innocent de Foucault, fusillés !... Ni Blum, ni la Chambre majoritairement de gauche et d'extrême-gauche : même si le Front Populaire avait explosé, la Chambre restait telle qu'elle avait été élue, communistes, radicaux et socialistes u étant majoritaires. La majorité de ces gens-là s'enfuit pitoyablement et lamentablement, non sans avoir au préalable ajouté de le honte au déshonneur - si c'était encore possible - en confiant les pleins pouvoirs à un vieil homme de 84 ans, alors ambassadeur à Madrid, et à qui Franco, dans sa sagesse de vieux renard rusé de Galicien, avait conseillé : n'y allez pas...
Ils pensaient ainsi se donner bonne conscience, s'en tirer à peu de frais et pouvoir réaliser leur rêve immédiat : la fuite éperdue, devant la catastrophe qu'ils avaient provoquée. Seuls 80 parlementaires votèrent "contre", les autres, à la conscience souple et à la morale élastique, s'évanouirent dans la nature....
Furent-ils jugés en 45 ? Pas le moins du monde. Ce fut, au contraire et par exemple, Charles Maurras qui fut emprisonné, jugé et condamné pour "intelligence avec l'ennemi". Et, dans cette période qui serait une farce grotesque si elle n'avait été sinistre avec son cortège d'assassinats, de vengeances privées et de règlements de comptes personnels, on vit au contraire revenir, comme une fleur, tout le personnel de cette Troisième République qui avait conduit la France au pire désastre de son Histoire. Et revenir le verbe haut, en Juges et en Condamnateurs. Et pour, de surcroît, nous installer... cette lamentable et honteuse Quatrième République, qui devait, assez vite, dégoûter les républicains eux-mêmes...
Le problème, il est là, le scandale il est là : et c'est, au fond, à cela que nous ramène l'actuelle "affaire Renault" qui rouvre une page douloureuse de notre Mémoire : "on" a jugé - et en partisans, pas en Juges... - mais "on" n'a pas jugé ceux qui auraient dû l'être....
Commentaires
J'habite à Boulogne-Billancourt, partie Billancourt, à l'endroit même pile-poil où furent tués 443 personnes en novembre 43, bombardement anglais RATÉ des usines Renault. Georges Gorse, l'ancien maire (dcd), gaulliste historique, disait lui même "horresco referens" à ce sujet. Chaque année, une messe du souvenir est dite à la paroisse (édifiée sur ce même terrain)
il na jamais été fait allusion au rôle des communistes durant cette émission, pourtant il fut grand, il pesa lourd que cela soi dans les années 30 que 40.
Voilà bien résumé le désastre de Juin 40. Mais n'oublions pas ce vieux maréchal à qui on a refilé le soin de régler l'addition, qui a utilisé son prestige pour modérer les ardeurs allemandes dans un pays devenu sans défense par la forfaiture des larves de la troisième république et à qui on a reproché un armistice de facto inévitable. Et pendant tout ce temps, un général phrasant depuis Londres, exhortant à la poursuite de la guerre un pays qui n'avait plus d'armée, préparant ainsi en des combats virtuels une prise de pouvoir qui a conduit à d'autres criminels abandons.
Sauf erreur,je ne vois pas que l'article que l'a rédigé ait été reproduit.
Tout-à-fait d'accord avec l'article de ce jour.J'ai d'ailleurs eu l'honneur d'écrire la même chose dans mon dernier petit ouvrage "Points de repère".Notre défaite de 1940 fut sans aucun doute la plus grande défaite de notre histoire,et la plus humiliante en raison en particulier de son impréparation notoire.Non seulement,les gens du Front Populaire qui en sont les grands responsables avec Léon Blum à leur tête,ne furent pas inquiétés après 1944-alors que d'innocents Français le furent (les assassinats de Français par les FTP-parce que les tueurs les traitaient de "châtelains" furent monnaie courante dans le sud de la France),mais aussi grave que cela pour le pays,on vit un grand nombre de ces "responsables" entourant De Gaulle et même faire partie du gouvernement provisoire autoproclamé qu'il présidait ! Il s'agissait là d'une cache officialisée (sans parler du déserteur Maurice Thorez)!
Bien dit,M.Hommet!Et bien pensé!