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En ce jour des Défunts ( "le milliard de français morts..."), un extrait du poète Maurras....

Le Colloque des morts
 

Le Poète

 

I


 - Les compagnons deviennent rares.

O chers témoins du souvenir,

Qu'est le destin qui nous sépare

Et saura-t-il nous réunir ?

 

 Je ne peux plus, même à voix basse,

Implorer, de ces mots fervents

Que sut tout homme de ma race,

La charité d'un Dieu vivant

 

Et nos augustes conseillères

Les grandes lois de l'Etre font,

Immobiles dans leurs lumière,

Un silence qui me confond,

 

Mais toutes choses sont permises

Que le Tyran ne défend point :

Rien n'apparaît qui m'interdise

De rêver votre vie au loin.

 

II


O vous, ô vous, personnes blanches,

Pures des maux déjà soufferts,

Je vous distingue sous les branches

Du clos de myrte toujours vert.

 

Le long des souples asphodèles

S'éveillent de grands yeux surpris,

Je reconnais mes coeurs fidèles

Dans l'entrelas du tamaris.

 

Vous n'êtes pas les formes vaines

Qu'une pensée en deuil revoit :

Que la présence soit certaine,

Que le bonheur aussi le soit !

 

- Vous êtes là, je veux entendre

Cette houle de votre sang,

Ce battement sonore et tendre

Qui nous consterne en faiblissant.

 

Vous revivez tels que vous fûtes

A la fleur de vos mouvements

Dans le rayon de la minute

Où vous étiez parfaitement.

 

Esprits vêtus de chair ignée,

Souverains maîtres d'un beau corps,

Celui qu'usèrent les années

Dans le caveau repose et dort....

 MAURRAS ARCHIVES.jpg

Commentaires

  • Le premier vers de ce poème n'est pas, comme on pourrait le supposer, celui d'un homme qui a perdu ses "compagnons", tout simplement parce que "le temps l'a fait vieux" et que les amis ont disparu. Maurras a connu très tôt le malheur de ce genre de séparation qui fut le lot quasi quotidien des quatre années de la Grande Guerre.
    Le reste c'est la confession du silence métaphysique dans lequel il vit et, malgré celui-ci, sa "théologie" de la mort et de la résurrection.
    Je trouve que vous avez bien fait de citer, aujourd'hui, ces vers qui, en dépit de la quasi plainte du début, chante ensuite une espérance qui s'apparente fort à l'espérance chrétienne.
    En un sens, comme son maître, Mistral, Maurras professait qu'"on ne meurt pas".

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