UA-147560259-1

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Rechercher : Rémi Hugues. histoire & action française. Rétrospective : 2018 année Maurras

  • Sur les chemins de chez nous

     

     

    par Louis-Joseph Delanglade

     

    Peu importe qui il est. Désireux d’accomplir la promesse qu’il s’était faite sur son lit d’hôpital (« si je m’en sors, je traverse la France à pied »), un jour, il s’est mis en marche. Pas façon Macron, façon chemineau, comme un personnage de Giono. A pied donc, de Tende à La Hague, une belle diagonale du Mercantour au Cotentin, du 24 août au 8 novembre 2015, en empruntant au maximum les chemins les plus improbables, les plus délaissés, les plus retirés de la vraie France profonde. En est résulté un petit livre qui, en contrepoint du récit de cette pérégrination, propose une véritable réflexion sur la France d’aujourd’hui.

     

    Fuyant le « clignotement des villes » et méprisant les « sommations de l’époque » (en anglais, comme il se doit à l’ère de la globalisation : « Enjoy ! Take care ! Be safe ! Be connected ! »), le voyageur met en pratique une stratégie de « l’évitement ». Eviter quoi ? Ce qu’il appelle « le dispositif ». D’abord visible à l’œil nu : c’est la France des agglomérations telle que l’ont voulue les « équarrisseurs du vieil espace français », ZAC et ZUP des années soixante ayant enfanté les interminables zones pavillonnaires et les hideuses zones commerciales. Laideur partout.

     

    XVM344ffd0c-80af-11e6-8335-81b4993a1518-805x453.jpgCe réquisitoire implacable contre le saccage du territoire rejoint la dénonciation de la mondialisation, cette « foire mondiale » qui ruine un terroir « cultivé pendant deux mille ans ». Aux « temps immobiles » a succédé un « âge du flux » dont le « catéchisme » (« diversité », « échange », « communication ») est véhiculé par l’arrivée d’internet et la connexion généralisée. Temps immobiles : une nuit passée au monastère de Ganagobie (« Les hommes en noir […] tenaient bon dans le cours du fleuve. En bas, dans la vallée, les modernes trépidaient ») ; ou la vision du Mont-Saint-Michel (« C’était le mont des quatre éléments. A l’eau, à l’air et à la terre s’ajoutait le feu de ceux qui avaient la foi »).

     

    Faisant sienne la vision de Braudel selon laquelle la France procède d’un « extravagant morcellement » humain et paysager, l’auteur dénonce ensuite le « droit d’inventaire » que s’arrogent  « les gouvernants contemporains », notamment « les admirateurs de Robespierre » qui,  favorables à « une extension radicale de la laïcité », veulent « la disparition des crèches de Noël dans les espaces publics » (et pourquoi pas des milliers de calvaires ?) pour les remplacer par … rien du tout, le néant, la mort.

     

    Ce n’est certes pas un livre de propagande, ni un bréviaire idéologique mais bien l’œuvre d’un loup solitaire. Un livre qui peut sembler défaitiste, voire nihiliste (« je me fous de l’avenir »), au mieux nostalgique. Voir dans l’auteur un énième avatar du « bon sauvage » serait pourtant bien réducteur. On l’imagine mieux prêt à « chouanner » (selon le mot de Barbey qu’il rapporte lui-même). C’est sans doute là sa véritable portée : « Sur les Chemins noirs » de Sylvain Tesson est l’œuvre d’un antimoderne de bonne race qui nous aide à retrouver le chemin de chez nous. 

     

    Sur les chemins noirs. Sylvain Tesson, Gallimard, 144 p., 15 €

     

  • Les affinités de M. Ayrault

     

    par Louis-Joseph Delanglade

     

    La victoire des troupes syriennes contre les insurgés islamistes d’Alep est désormais plus que probable. La presse n’en finit pas de nous conter le martyre et l’agonie de la ville insurgée, pour mieux critiquer le régime prétendument « barbare » de M. Assad. Cette instrumentalisation de la situation déplorable de la population repose d’abord sur une sorte de déni : toute guerre, a fortiori une guerre civile, génère forcément sont lot d’horreurs et de massacres. Il est de plus évident que l’engagement purement idéologique des pays occidentaux hostiles à M. Assad a favorisé une rébellion islamiste armée et solidement équipée par les puissances sunnites du Golfe, causant ainsi le malheur des populations civiles : il faut être bien naïf en effet pour croire que les soldats loyalistes n’ont en face d’eux, depuis plus de quatre ans, qu’une population désarmée et protégée par quelques volontaires.

    Naïf et pleurnichard, c’est bien l’image que donne de lui notre ministre des Affaires étrangères, M. Ayrault. En accord avec son prédécesseur, M. Fabius, et surtout avec le chef de l’Etat, M. Hollande, il mène dans le dossier syrien une politique, ou plutôt une absence de politique, dont la France risque de payer longtemps les conséquences. Nos « humanistes », se défiant du bon sens pragmatique le plus élémentaire, oubliant ainsi qu’un pays a d’abord des intérêts avant d’avoir des amis, ont poursuivi la politique initiée par MM. Sarkozy et Juppé, à la grande satisfaction de quelques intellectuels de gauche, laquelle se réduit à des formules médiatiques (« M. Assad est le problème, il n’est pas la solution ») ou à des demandes insensées (« M. Assad doit comparaître devant le Tribunal pénal international »). Leur faute à tous est d’avoir pu penser que quelques lamentations humanitaires et autres voeux pieux dans l’air du temps pouvaient suffire : faute de stratégie et de vision d’ensemble, aucun n’a jamais indiqué ce que devrait et pourrait être la politique de la France au Proche-Orient.

    La France fut un temps « puissance mandataire » en Syrie et cela lui a valu de pouvoir continuer à « exister » pendant plusieurs décennies dans la région. Depuis quelques années, nous y avons, comme des imbéciles à la remorque des « printemps arabes », brandi l‘étendard du droit-de-l’hommisme. Aujourd’hui même, M. Ayrault annonce réunir « le 10 décembre prochain à Paris les pays européens, arabes et les Etats-Unis, qui soutiennent une solution politique en Syrie et qui refusent cette logique de guerre totale ». On peut déjà penser qu’il ne sortira pas grand chose de cette conférence anti-Assad. En revanche, devenue sous la houlette de M. Ayrault, « puissance affinitaire », la France est menacée aujourd’hui de relégation diplomatique. En effet, il aura bonne mine, M. Ayrault, lorsque, la guerre civile quasiment terminée, se réunira sans doute une conférence autrement sérieuse, avec Damas et ses alliés, Téhéran et surtout Moscou : la France y sera-t-elle seulement conviée ? Si ce n’était pas le cas, cela entérinerait sa rétrogradation diplomatique et serait à porter au passif, déjà bien lourd par ailleurs, du quinquennat de M. Hollande  

     

  • Livre • Les véritables enjeux des migrations de Jean-Paul Gourévitch

     

    Par Aristide Leucate

     

    3266751844.jpgÉnième ouvrage d’un expert devenu incontournable sur la question, railleront certains esprits chagrins qui, par cet aveu, montreront surtout qu’ils n’ont guère lu cette nouvelle étude de Jean-Paul Gourévitch.

    Pour clore le bec à ses dénigreurs aigris, l’on ajoutera que la problématique des migrations est, par définition, inépuisable, tant elle est mouvante et contingente et ne peut, scientifiquement, se fixer définitivement et immuablement dans le marbre des livres, fussent-ils des succès de librairie.

    Avec la clarté pédagogique et le regard distancié qu’on lui connaît, Gourévitch ne se borne pas à rappeler – et aussi à actualiser – les habituelles données chiffrées en la matière, mais offre au lecteur une vue élargie du phénomène migratoire qui sera au XXIe siècle ce que les totalitarismes que l’on sait furent au XXe.

    L’ouvrage, paru en début d’année, souhaite, dans le contexte de l’élection présidentielle, informer le citoyen pouvant se trouver égaré au milieu des « déclarations fracassantes, des promesses, des amalgames et des controverses dans lesquelles il est malaisé de se reconnaître ». Dont acte. L’auteur s’empresse même de « ne pas conclure » et invite fortement l’électeur à se défier tant de « l’information alternative [qui] n’est pas automatiquement véridique du seul fait qu’elle est alternative » que de « la classe politico-médiatique qui vous déverse ses informations chloroformées et ses analyses tiédasses ». Du Gourévitch pur jus qui, en dépit des procès d’intention qu’on a pu lui faire, à droite et à gauche, chez les mondialistes ou les souverainistes, dans le camp des « patriotes » comme dans celui des européistes, a toujours martelé son souci de se maintenir au-dessus de la mêlée. C’est ce qui le rend aussi insaisissable idéologiquement que parfaitement cohérent et à l’aise dans une démarche se voulant réellement impartiale.

    Partant, l’on retrouvera, dans une formule plus condensée, les chiffres, analyses, commentaires et prospectives déjà substantiellement exposés dans Les Migrations pour les nuls (First, 2014), véritable somme encyclopédique en un domaine où la saine politique cède trop facilement le pas à la vaine polémique. On se souviendra, par surcroît, que l’opus fut littéralement éreinté par les grands médias comme par l’Université. 

    L’intérêt du livre de Jean-Paul Gourévitch est, précisément, de n’occulter aucune facette de ce phénomène total des migrations européennes et internationales. On en veut pour preuve la bonne quarantaine de pages consacrées à l’expatriation, autre point aveugle des politiques migratoires publiques marquées d’un « relatif désintérêt », lors même, souligne-t-il, que « l’expatriation représente pour l’État, c’est-à-dire les contribuables, un coût sensiblement analogue à celui de l’immigration ».

    Par ailleurs, l’auteur tient pour « indiscutable » « l’accroissement en valeur absolue et en pourcentage de la population d’origine étrangère » tout en relevant, d’une part, les marges d’erreur des instituts officiels tels que l’INED ou l’INSEE, d’autre part, l’absence dommageable des statistiques ethniques. Ainsi, « n’est-il pas dangereux de casser le thermomètre quand on analyse un état de santé ? », lance, un brin ironique, notre chercheur qui, non sans avoir indiqué que « les immigrés seraient, fin 2016, autour de 8 millions, soit 12 % de la population », considère, nonobstant, que, le solde migratoire de l’immigration légale se situant aux alentours de 150.000 personnes annuelles, « nous sommes loin du grand remplacement [puisque] les quelque 15 à 22 % de la population d’origine étrangère résidant en France ont été constitués sur plus de trente ans ».

    Au lecteur, effectivement, de juger. Les yeux grand ouverts. 

    Cliquer pour acheter

    Docteur en droit, journaliste et essayiste
  • Un populisme lassé du système 

     

     

    par Louis-Joseph Delanglade

     

     

    Que cela plaise ou pas, le Front National est un parti politique inscrit dans le régime républicain, certains diront dans le « système ». Qu’il ait été ou non sciemment utilisé à partir des années Mitterrand pour diviser la droite puis servir de repoussoir est possible. M. Onfray le pense qui dénonce « cette étrange perversion qui consiste [notamment à gauche] à nourrir le monstre Le Pen qu’on prétend combattre » (Le Figaro, 23 avril). De fait, même si on est loin dans cet entre deux tours du déchaînement de haine et de violence de 2002, même si quelques fissures sont apparues dans ledit « système », s’affiche sans vergogne la connivence anti-Le Pen de la très grande majorité des journalistes et des politiciens, avec en amont leurs soutiens financiers plus ou moins avoués, et en aval leurs petits camarades censés représenter le monde socio-culturel.

     

    Pourtant, on ne peut nier que le Front National représente aussi quelque chose de plus profond : la France des petits et des oubliés ; ni urbaine, ni nantie, ni… d’origine immigrée, une France des pauvres qui existe bel et bien (il suffit de regarder les images télévisées) et qui croît au fil des mois. Aucun point commun entre cette France-là  et un système dont elle est la première victime. Rien de plus explicite qu’une carte de géographie : celle du premier tour fait apparaître une fracture entre ceux que M. Zemmour nomme « les vainqueurs et les vaincus de la mondialisation » (RTL, 25). Dans ces conditions, et même si la formule paraît discutable, on peut voir dans l’affrontement du second tour « un vote de classe ». M. Slama va plus loin : « La lutte des classes ressurgit politiquement à la faveur d'un duel de second tour qui va opposer le libéral Emmanuel Macron à la souverainiste Marine Le Pen. » (Figaro, 24).

     

    Il est probable, mais rien n’est certain, que M. Macron va l’emporter. Cela ne signifie nullement que le parti de la France des profondeurs soit vaincu, voire éliminé. Bien au contraire. Mieux vaut sans doute pour le Front National capitaliser afin de mieux rebondir dès les élections législatives. De toute façon, l’intérêt pour le pays d’un parti comme le F.N., c’est d’abord que celui-ci permet, malgré ses erreurs et maladresses, d’imposer dans le débat public des thèmes capitaux, comme celui de l’immigration. Cependant, et c’est frustrant, la présente élection n’a pas fait la part belle aux angoissantes questions de civilisation. Les onze candidats du premier tour s’en sont ainsi tenus pour l’essentiel, quand ils ne se contentaient pas des imprécations et incantations habituelles en pareil cas, à des propositions de prétendue bonne gestion : on pouvait penser qu’il s’agissait d’élire un secrétaire d’Etat, au mieux un Premier ministre - fonctions hautement respectables, mais fonctions gestionnaires. Certes, pour le second tour, Mme Le Pen (par exemple dans son discours de Nice) et M. Macron (par exemple dans son déplacement à Sarcelles) semblent se chercher sur leurs conceptions de la France. Mais cela semble plutôt être chez l’un et l’autre purement tactique, tant l’approche de l’élection renvoie forcément chacun à ses fondamentaux politiciens. Peut-être en ira-t-il différemment à l’occasion du débat de mercredi.

     

    Un parti politique peut-il, pourra-t-il, porter la nouvelle réforme, mieux la révolution intellectuelle et morale dont ce pays a besoin ? On peut tout à la fois l’espérer et en douter. Sans doute faudra-t-il d’abord que se manifeste, selon l’heureuse formule déjà employée dans ce blog, « un populisme lassé du Système ». 

  • FX Bellamy ou Candide en politique

     

    Par Antoine de Lacoste

     

    antoine_de_lacoste.pngFrançois-Xavier Bellamy est un brillant et séduisant philosophe catholique, espèce particulièrement rare. Son livre sur « Les Déshérités ou l'urgence de transmettre » a été lu et apprécié par de nombreux lecteurs, à juste titre. Il a parfaitement analysé et jugé la faillite de l'Education Nationale qui, elle, ne transmet plus grand chose.

    Jusqu'à présent notre jeune penseur ne faisait pas de politique, ou si peu : Maire-adjoint de Versailles depuis 2008, sans étiquette, cela n'en fait pas un professionnel de la politique. Il y est délégué à la jeunesse et fonde les Vendredi du Rock qui ont paraît-il un grand succès.

    Y a-t-il urgence à transmettre la culture du rock ? Cela ne semble pas évident mais passons.

    Il travailla également quelques mois au cabinet de Rachida Dati pour y rédiger ses discours.

    Le tournant qui est en train de s'opérer c'est que Bellamy a été investi par Les Républicains pour les prochaines élections législatives. S'il est élu, ce qui est probable à Versailles, notre philosophe va donc changer de métier et exercer la fonction de député.

    Mais entrer dans la cour des grands a un prix. Ce prix s'appelle Front National. Sommé, au cours d'émissions de radio, de se déterminer pour le deuxième tour de la présidentielle, il a esquivé tout en dénonçant cette tyrannie.

    Cela n'a pas dû suffire : il faut condamner pour être adoubé. Surtout si l'on est suspect : Manif pour Tous, Veilleurs, catholique, transmission, le passif est lourd.

    Alors notre plumitif a commis une tribune dans Le Figaro (qui se surpasse ces derniers jours...) du 27 avril : « A droite, tout est à reconstruire, tout commence. »

    Après avoir éreinté (avec talent) le grand favori et « sa stratégie marketing », il entre ensuite dans le vif du sujet et attaque impitoyablement : « Le Front National apparaît pour ce qu'il est : une formidable machine à empêcher le renouveau et à maintenir en fonction les tenants de la déconstruction. Mme Le Pen avait fait élire François Hollande en 2012 et elle s'apprête à rééditer l'exploit. »

    La surprise est grande, à double titre : non seulement par la mauvaise foi du propos mais aussi par sa stupidité. La politique, ou l'ambition, obscurcit l'intelligence parfois.

    Mauvaise foi car l'absence ou la présence de Marine Le Pen au deuxième tour de la présidentielle ne change rien pour lui : c'est quand même de sa faute. Son crime est d'exister et surtout d'avoir beaucoup de voix, ce qui en effet dérange. En 2012 elle aurait donc fait élire Hollande en refusant de choisir. Mais que s'apprêtait à faire Sarkozy ? A voter Hollande contre elle s'il avait été éliminé.

    Et en 2017, le crime est pire puisqu'elle pousse l'outrecuidance à être présente au second tour. Pourquoi y est-elle avec Macron d'ailleurs ? Peut-être parce que les électeurs français ne veulent plus des deux partis qui ont exercé le pouvoir ces dernières décennies. Avant de devenir le salarié de l'un des deux, notre philosophe devrait y réfléchir.

    Et d'autre part qui sont les tenants de la déconstruction ?

    Mitterrand et Hollande bien sûr, mais pas Giscard avec l'avortement et le regroupement familial ? Pas Chirac et ses douze ans d'immobilisme, sauf pour Bruxelles et l'immigration ? Pas Sarkozy et ses promesses reniées pour gouverner avec Kouchner et Frédéric Mitterrand ?

    Tout cela est affligeant. Bellamy n'a rien compris.

    Non seulement le constat est faux mais les perspectives qu'il entrevoit sont confondantes de naïveté : « Le travail qui nous attend est immense. Tout est à reconstruire. Tout commence. »

    Avec qui ? Sarkozy qui dirige le parti en sous mains ? Pécresse farouchement favorable à l'avortement ? Les frères Baroin ou Bertrand ?

    Croit-il qu'on lui laissera développer un nouveau projet ? La bonne blague.

    Tous ceux qui ont essayé ont été broyés : Seguin, Millon, Villiers, dans des genres très différents s'étaient écartés du dogme immigrationniste ou européiste. Au bout du compte ils n'ont servi à rien alors qu'ils ont tous été ministres. Philippe de Villiers raconte dans un de ses livres comment, lorsqu'il était ministre de la culture, il a essayé de faire capoter l'installation des colonnes de Buren au Palais-Royal. Peine perdue : le grand constructeur Chirac a rendu son arbitrage et l'on est passé à autre chose.

    Alors quand un ministre convaincu ne peut même pas faire cela que pourrait-il faire contre l'islamisation de la France qui est l'enjeu vital des prochaines années ?

    Bellamy sera député, peut-être ministre un jour. Cela ne changera rien et il ne servira à rien.

    Quel dommage, il aurait été tellement utile ailleurs... 

  • Retour aux valeurs traditionnelles en Chine et en Russie ! Quand en Europe ?

    Confucius 

    Par Marc Rousset

    Le système de valeurs confucéen consacre l’importance accordée à l’autorité, à la famille, au travail et à la discipline. Un retour aux valeurs traditionnelles s'observe, notamment, en Chine et en Russie ! Quand en Europe ? Question qui va à l'essentiel.  LFAR

     

    3973556484.jpgLe journaliste Cyrille Pluyette nous apprend, dans Le Figaro du 19 août dernier, que la promotion des valeurs traditionnelles, tant condamnées sous Mao Tsé-toung, est orchestrée par les autorités et fait son grand retour en Chine. On peut lire, aujourd’hui à Pékin, des affiches du style : « On est béni quand on fait preuve de piété filiale, quand on est honnête, quand on est patriote. » Ailleurs, des panneaux relatent la vie des disciples de Confucius, expliquent que l’on doit être « soumis et respectueux face aux parents, fidèle à la mère patrie » et qu’il faut être indifférent à la célébrité et à la richesse. Quant aux amoureux, ils ne doivent pas être trop démonstratifs et « respecter la morale sociale ».

    La pornographie, l’homosexualité, l’adultère, l’hédonisme matérialiste stupide, les scoops ou les ragots sur la vie privée des stars chinoises sont également censurés sur Internet afin de ne pas flatter les « bas instincts du public ». Xi Jinping, dans une société largement bâtie sur l’argent, veut donc combler le vide idéologique par de nouvelles valeurs compatibles avec son gouvernement autoritaire. Le parti unique cherche à se réapproprier le confucianisme qui implique que le peuple obéisse à une élite d’hommes intègres et dignes de confiance.

    Samuel Huntington, dans Le Choc des civilisations, avait déjà remarqué que la réussite de l’Asie était le résultat de l’importance culturelle accordée à la collectivité plutôt qu’à l’individu. Dans le monde démocratique occidental règne la culture de l’individualisme ; la tradition chinoise enseigne que la société est une communauté complexe. Le système de valeurs confucéen consacre l’importance accordée à l’autorité, à la famille, au travail et à la discipline, le rejet de l’individualisme, la primauté de l’autoritarisme « doux » et des formes très limitées de la démocratie.

    Le triomphalisme asiatique face au déclin de l’Occident s’est exprimé dans ce que certains avaient appelé « l’offensive culturelle de Singapour ». Lee Kuan Yew, souvent qualifié de despote éclairé, a opposé les vertus de la culture asiatique confucéenne (l’ordre, la discipline, la responsabilité familiale, le goût du travail, le souci de l’intérêt collectif, la sobriété) à la complaisance, la paresse, l’individualisme, la violence, la sous-éducation, le manque de respect pour l’autorité et l « ossification mentale » qui seraient responsables du déclin de l’Occident. 

    On retrouve, en fait, dans les valeurs confucéennes, l’opposition bien connue en Europe entre le holisme s’appuyant sur des valeurs traditionnelles et l’individualisme des « Lumières » qui nous mène à la société décadente actuelle dont l’argent est la seule valeur. Dans ses déclarations, Lee Kuan Yew n’avait d’ailleurs jamais caché que la politique qu’il suivit à Singapour, et qui fut une source d’inspiration d’idées nouvelles pour les dirigeants chinois, consistait en fait à appliquer des vertus que les Européens avaient possédées et pratiquées en d’autres temps. Pour leur plus grande disgrâce, ils les avaient oubliées ou leurs nouveaux maîtres les leur avaient fait détester.

    La perte des valeurs traditionnelles tient à la destruction volontaire ou induite de toutes les structures et contraintes, doctrines, lois, rites, codes de conduite et devoirs au bénéfice des « Lumières » progressistes destructrices. Comme le remarquait Gilles Lipovetsky dès les années 80 dans L’Ère du vide, les valeurs qui structuraient encore le monde de la première moitié du XXe siècle (épargne, conscience professionnelle, sacrifice, ponctualité, autorité) n’inspirent plus de respect et invitent davantage au sourire qu’à la vénération.

    Et qu’a fait Poutine, en Russie, si ce n’est procéder, dès sa prise du pouvoir en 2001, à un retour aux valeurs traditionnelles russes comme la famille, la patrie et la religion orthodoxe. Une religion orthodoxe beaucoup plus réaliste et moins naïve que le catholicisme romain, en faisant construire des églises et reconstruire des cathédrales dans toute la Russie !  •

  • Les leurres de la société civile

    Le nouveau gouvernement affiche une moitié de personnes issues de la « société civile ». /Reuters

     

    823330531.jpgFrançois d'Orcival a eu raison de dénoncer « les leurres de la société civile » et de les dénoncer au moment opportun. C'est à dire au moment  où le Système - ce que les maurrassiens appellent aussi Pays légal - pour surmonter ses crises,  met en avant la société civile et fait monter jusqu'à lui, en fait en les intégrant,  quelques membres de ladite société civile. Cette dernière ainsi sollicitée, mise à contribution, en fait récupérée, ne doit pas être confondue avec ce qui subsiste du Pays réel. S'il en est un,  celui-ci se compose de Français dans leurs familles, leurs métiers, leurs villes ou leurs régions. Et qui, sous sa forme actuelle, sont à mille lieues des rouages nauséabonds du Système. 

    Ce qu'écrit François d'Orcival [Figaro magazine du 20.05] mérite d'être lu - en particulier par les lecteurs de Lafautearousseau - raison pour laquelle nous reprenons ci-dessous cet article in extenso.   LFAR

     

    francois-d-orcival-direct-8.jpgLa « société civile » est de retour, le summum de la démocratie, la France d'en bas, nous les citoyens, les « vrais gens ». Elle prolifère par temps politique : l'année dernière, celle des primaires de la droite et de la gauche, nous avions eu droit à une « primaire citoyenne » qui a avorté ; à la présidentielle, sur les 61 candidats inscrits au Conseil constitutionnel qui prétendaient aux parrainages, une quarantaine se revendiquaient de la société civile, autant de zozos retournés depuis dans l'anonymat. Et sur les onze candidats finalement retenus, cinq ont recueilli 91 % des voix... Eh bien, revoilà la société civile pour les législatives !19 000 de ces « citoyens » se sont présentés pour obtenir l'investiture de La République en marche - Emmanuel Macron en a retenu 1 sur 33 ! Et naturellement les plus « politiques ».
    Il n'y a pas de société civile opposée à une société militaire, religieuse ou étatique. C'est pourtant un phénomène qui s'est construit contre une classe politique (aujourd'hui on dit « politico - médiatique ») ressentie comme trop homogène, par ses origines sociales, intellectuelles et professionnelles. Jean-Pierre Chevènement et ses deux complices (Gomez et Motchane) n'avaient pas tort quand ils dénoncèrent, il y a cinquante ans, fin 1967, « l'énarchie ou les mandarins de la société bourgeoise ». Six mois plus tard, et sans savoir qu'ils préfiguraient la « société civile », quelques milliers d' « enragés» levaient les barricades de Mai 68 en signe de révolte contre le pouvoir. Avant que celui-ci ne reprenne la main.

    Certes, Mai 68 n'est pas resté sans suite. On a vu la « société civile », à travers ses réseaux, lobbies, cercles et clubs, en un mot sa floraison d'associations, pénétrer lentement les institutions, jusqu'à gangrener le coeur de l'Etat. Pour autant, la société civile reste un leurre ; il n'y a que les naïfs pour s'improviser « politiques », comme si la politique n'était pas un apprentissage, des procédures, un métier. La société civile permet surtout aux seuls détenteurs du pouvoir de faire croire au citoyen qu'il est le coq quand il n'est que le dindon d'une farce préparée par les chefs. C'est tout leur talent de savoir ainsi renouveler les têtes et les troupes pour les conduire, en bon ordre, à voter comme il faut. 

  • Le chaos algérien, l'explosion qu'il prépare ...

    Salafistes dans l'Algérie d'aujourd'hui

     

    Par Richard PORTIER

    Commentaire - remarquablement intéressant - posté sur Lafautearousseau le 24.05. On se reportera, le cas échéant, à notre article du même jour :  Un ancien ministre algérien prédit l’effondrement de l’Algérie en 2019 : de grands risques pour la France. Indéniablement, de tels commentaires prolongent et enrichissent notre réflexion dans Lafautearousseau . De réflexion sérieuse, argumentée, réfléchie, c'est ce dont nous avons besoin dans la situation qui est celle de la France.  LFAR

     

    Le futur chaos algérien (en fait en cours, le futur c'est plutôt l'explosion qu'il prépare...)  nous était déjà connu, particulièrement de ceux qui, comme moi, continuent d'avoir l'Algérie dans un coin de leur cœur et d'en suivre l’évolution, lamentable et tragique à la fois.

    MM. Benouari et Alami mettent l'accent sur la dimension économique du problème Et M. Alami passe trop brièvement sur l'aspect démographique, qui est essentiel, pour l’Europe, mais surtout pour la France. Parce que, guerre civile ou catastrophe économique « seulement », c'est l'émigration qui sera la voie choisie par des millions d'Algériens pour fuir ce qui inéluctablement les attend. Leur pays d’élection, bien qu'il soit raciste et islamophobe, ce sera la France, qui vient de porter à sa tête un partisan de l'immigration, particulièrement algérienne dont il a obtenu le soutien électoral massif grâce à une ignoble attitude.

    L'immigrationnisme européen a été expliqué récemment par Emma Bonino, ex-vice-présidente du Sénat italien et ex-ministre des Affaires Etrangères, actuellement administratrice de l'International Crisis Group dont le but officiel est d'agir pour la Paix dans le Monde. Contre toute évidence, Madame Bonino pense que ce sera œuvrer pour la paix que d'importer en Europe des dizaines de millions de Musulmans. Elle a en effet récemment écrit ce qui suit sur le site « La Règle du Jeu » de Bernard Henri Levy : « Selon les estimations du Conseil de l'Union Européenne, d’ici à 2050, en l'absence d’immigration, la population active de l'Union va diminuer de 68 millions de travailleurs environ. Cela signifie que, pour combler ce déficit, nous aurons besoin de 1OO millions d'immigrés (à cause des non-actifs ). Le défi qui se pose à nous tous est de trouver le courage d'expliquer aux citoyens européens, non seulement que l'immigration est une réalité, un phénomène destiné à rester avec nous, mais aussi de transférer au niveau communautaire la compétence en matière de gestion des flux migratoires ».   Le dernier point visant à éviter toute possibilité aux Etats-Membres de refuser cette politique, comme le fait la Hongrie actuellement .

    Ajoutez à cette politique le dramatique différentiel de fécondité des populations européennes de souche et immigrées, surtout musulmanes, du Maghreb ou d'Afrique sub-saharienne, et votre conclusion logique, imparable, est que le Grand Remplacement est en marche et que seule la date ou les Européens seront minoritaires chez eux et y deviendront des Dhimmis n'est pas fixée.

    Le risque de guerre civile sur notre sol tenant d'une part à la résistance qu'une partie d'entre nous opposera peut-être à cette évolution et d'autre aux ferments de discorde interne, d’intolérance, de corruption et de violence que l'Islam porte en lui et que l'observateur lucide et objectif peut voir presque partout où il y a des musulmans dans le monde, qu’ils soient majoritaires ou non.

    Monsieur Bachoud a une vision irréaliste des possibilités que nous aurions de nous opposer à la dérive algérienne parce que après la trêve post-guerre civile algérienne et pendant cette trêve, l'Algérie s'est réislamisée et Bouteflika et consorts en ont pris acte avec un « deal : « à nous le pouvoir apparent pour un temps et à vous le pouvoir réel, dont vous disposerez après nous ». C'est ce que Boualem Sansal nous a largement expliqué.

    Cet Islam qui aura bientôt le pouvoir est conquérant et sait qu'une partie de ses troupes est déjà en Europe et que le pouvoir en Europe lui sera acquis un jour

    « Par le ventre de ses femmes » comme Houari Boumediene l'avait prédit à la tribune de l'ONU dans les années soixante, confirmé par Kadhafi ensuite.

    Houellebecq ayant parfaitement décrit la très forte résistance que nos élites ont prévu d'opposer à ces alléchantes perspectives. 

  • Déchristianisation des jours fériés : 90 % des Français y sont opposés ! Excellent article de Gabrielle Cluzel sur Boule

    Jésus et Judas, dans le film de Mel Gibson

     

    6a5f58eaa6107945b448b426f88749e4.jpgLundi, ce n’était pas férié pour tout le monde. Le « politologue » Thomas Guénolé a travaillé d’arrache-pied. Et pour cause : son dada, sa marotte, son créneau, c’est la déchristianisation des jours fériés. Il l’a défendue sur RMC au micro de Jean-Jacques Bourdin, avant d’enfoncer le clou sur « Le Plus » du Nouvel Observateur.

    La théorie de ce maître de conf’ à Sciences Po, ancien consultant de Jean-Louis Borloo, est simple : « Alors que les Français de confession chrétienne profitent des jours fériés […], les citoyens d’autres confessions doivent encore demander des jours de congés pour vivre pleinement leur religion. Une inégalité qui prouve que le principe de laïcité est à géométrie variable. » Selon lui, ces six jours fériés devraient pouvoir être pris à des dates variables, pour satisfaire « musulmans », « juifs », « athées », « francs-maçons », etc.

    Qu’on ne lui oppose pas les « traditions chrétiennes de la France », car Thomas Guénolé le dit tout de go : elles n’existent pas. Parfaitement. il s’agit là d’une fable « d’obsédés », et il en apporte immédiatement la preuve : le fils d’Hérode vivait en Gaule, l’islam est présent en France depuis le XIIIe siècle.

    Tout cela – dit sur un ton ironique et distancié – doit fortement impressionner ses étudiants à l’IEP qui, l’an dernier encore, collectionnaient les posters de chevaux et surlignaient Le Monde des ados. Lequel d’entre eux osera lui demander par quel miracle biologique sans y avoir de « racines » – ou en tout cas, pas plus de racines que les autres cultures – l’arbre chrétienté a réussi à faire fleurir en France tant d’églises, de cathédrales, de monastères, d’écoles, de calvaires, de saints et de martyrs, à donner tant de fruits artistiques et philosophiques, jusqu’à étendre ses ramifications à l’autre bout du monde ?

    Tout cela, surtout, risque bien de faire son chemin. À la suite de ces déclarations tonitruantes, plusieurs organes de presse y sont allés de leur sondage : « Faut-il déchristianiser les jours fériés ? » La réponse est « non » à près de 90 % mais, dans les commentaires, les sondés peinent à s’expliquer, se contentant de trouver cela « absurde ». Car le croque-mitaine laïcité que l’on a ressorti du grenier, il y a quelques années, pour l’agiter devant l’islam et ses rites par trop voyants, a en réalité tétanisé la chrétienté, parvenant à la convaincre que son antériorité, sa consubstantialité avec ce pays ne lui conféraient aucun privilège : ne se devait-elle pas, au contraire, de donner l’exemple ? Parce que le scrupule est dans ses gènes, elle l’a cru. 

    Si l’on considère que la France est un pays hors-sol, un mobil-home, un hôtel Formule 1 neutre et aseptisé comme une page blanche, dans lequel chacun rentre et sort à sa guise avec sa religion dans son cabas, comme un petit chien que la direction veut bien tolérer à condition qu’il ne fasse pas trop de bruit, la théorie de Thomas Guénolé est séduisante.

    On ne voit pas ce qui pourrait l’empêcher de continuer doctement à tirer le fil : pour l’Ascension, il devrait réclamer la fin du calendrier grégorien, pour la Pentecôte, que l’on rebaptise tous les villages, rues, stations de métro, hôpitaux fleurant l’eau bénite, et pour l’Assomption, que l’on rende l’église de chaque bourgade polyvalente et multicultuelle. Dans un esprit d’équité.

    Sauf que la maison France n’est pas un hôtel low cost préfabriqué dont la laïcité serait le vigile obtus. C’est ce que pensent une majorité de Français, mais sans savoir, pouvoir ou vouloir l’exprimer. Alors c’est Thomas Guénolé qu’on laisse pérorer. 

  • Pour saluer Onfray !

    Est-ce le désastre annoncé qui fait dire à la gauche n'importe quoi ?

     

    Accusé par le Premier ministre de préférer l'intellectuel de la nouvelle droite Alain de Benoist à Bernard- Henri Lévy, Michel Onfray a réagi dans FigaroVox. On lira comment.

    Nous ne sommes pas d'accord avec Michel Onfray sur un bon nombre de sujets. Comme d'ailleurs avec Alain de Benoist. Et nous ne sommes d'accord sur presque rien avec BHL. Néanmoins, la liberté d'esprit dont Michel Onfray fait preuve nous paraît devoir être saluée. Ainsi que les nombreuses vérités à contre-courant qu'il ne craint pas de professer. Conformisme et dogmatisme sont-ils en train de se fissurer ? C'est ce qu'il semble. Lafautearousseau 

     

    Manuel Valls, l'ami de BHL, perd les pédales ! Il faut bien que la situation électorale soit catastrophique Place Beauvau pour que cet homme qui côtoya Jankélévitch chez ses parents quand il était enfant délire et panique à ce point face à la Berezina qui s'annonce!

    Voici ce qu'il a dit: « Quand un philosophe connu, apprécié par beaucoup de Français, Michel Onfray, explique qu'Alain de Benoist, qui était le philosophe de la Nouvelle droite dans les années 70 et 80, qui d'une certaine manière a façonné la matrice idéologique du Front national, avec le Club de l'Horloge, le Grece, (...) au fond vaut mieux que Bernard-Henri Lévy, ça veut dire qu'on perd les repères ». Ceci a été dit sur Europe 1, I-TELE et Le Monde.

    Dans le JDD, Jean-Marie Le Guen, me dit-on, s'est lui aussi fait le perroquet de ce qui leur a probablement été fourni ce matin comme élément de langage par les jeunes gominés de leur cabinet de communicants.

    Si Fleur Pellerin, sa ministre de la culture, n'a jamais eu le temps de lire un seul roman de Modiano, Valls quant à lui n'a pas même pris le temps de lire l'entretien du Point à partir duquel il extravague. Qu'y ai-je dit?

    La question était la suivante: « Quels sont les intellectuels de droite dont vous vous sentez le plus proche? ». Voici ce que j'ai répondu: « Je ne me sens pas proche de BHL ou d'Alain Minc, ni de Jacques Attali qui, me dit-on, sont de gauche. Faudrait-il que je me sente proche pour cela d'intellectuels de droite ? Qui sont-ils d'ailleurs? Concluez si vous voulez que je préfère une analyse juste d'Alain de Benoist à une analyse injuste de Minc, Attali ou BHL et que je préférais une analyse qui me paraisse juste de BHL à une analyse que je trouverais injuste d'Alain de Benoist … Les Papous vont hurler ! Mais ils ne me feront pas dire que je préfère une analyse injuste de BHL sous prétexte qu'il dit qu'il est de gauche et que Pierre Bergé, Libération, Le Monde et le Nouvel Observateur, pardon, L'Obs affirment aussi qu'il le serait…». Les papous ont donc hurlé, jusqu'à Matignon.

    S'il faut une explication de texte à Manuel Valls auquel, décidemment la fréquentation de Jankélévitch n'a pas servi à grand chose, je disais que, moi qui suis de gauche, je préférais une idée juste, fut-elle de droite, à une idée fausse même si elle est de gauche, surtout si elle est de gauche. Quel philosophe, quel citoyen même, pourrait soutenir le contraire d'ailleurs, sauf à préférer l'erreur et le faux pour des raisons idéologiques ?

    Ne pas souscrire à cette affirmation de bon sens élémentaire revient à dire qu'il vaut mieux une idée fausse avec BHL qu'une idée juste de droite. On voit où tout cela nous conduit, notamment chez Marine Le Pen !

    Ainsi, pour parler de justice et de justesse, moi qui suis de gauche, puisqu'il faut le répéter dans ces temps où, effectivement ceux qui perdent leurs repères ne sont pas ceux que l'on croit, je ne souscrivais pas au propos de Manuel Valls qui estimait en 2009 sur le marché d'Evry que « ça manquait de blancos », une idée que peut-être Alain de Benoist, lui, trouverait juste, je ne sais pas… 

  • 19 Novembre 1914 : la vie de société reprend à Paris, mais la ville est truffée d'espions...

    Paris-1900-photo-couleurs3.jpgIl ne faut pas s'étonner qu'il y ait tant de "fuites". Voici un cas dont nous avons été avisés hier, et le renseignement a été immédiatement transmis à la place : Z... (un nom allemand) administrateur de l'Allgemeine Elektrizitäts Gesellschaft, est à Paris comme administrateur de la société Thomson Houston, qui en ce moment fabrique des obus pour l'armée. La Thomson-Hoston est en relation étroite avec la Compagnie des Omnibus, dont les voitures automobiles servent pour le transport des troupes et des munitions. Et l'on s'étonne que l'ennemi soit renseigné heure par heure sur nos mouvements et sur nos projets !...

    La vie de société reprend à Paris : la ville se ranime légèrement, et certains quartiers, celui de l'Opéra, celui de la gare Saint-Lazare,retrouvent presque, entre quatre et six, leur aspect d'antan. Les femmes visitent de nouveau les magasins, quoique cette année la mode chôme, excepté pour les chapeaux, qui ont tendance à emprunter une allure militaire : le bonnet de police en fourrure est en faveur. De quelles extravagances de luxe la guerre aura-t-elle fait passer à cette simplicité !

    Une des grandes douceurs du moment est de se retrouver entre amis. Il y a tant de funestes nouvelles, tant de visages qu'on ne reverra pas : aujourd'hui encore, c'est Alfred de La Barre de Nanteuil, tué à Dixmude à al tête de ses marins ! A dîner, ce soir, nous avons eu le plaisir de nous réunir entre intimes qui ne s'étaient pas revus depuis la guerre. Au souvenir des journées terribles du mois d'août, on sent plus profondément le bonheur, qui est presque un miracle, d'avoir échappé à al catastrophe où Paris pouvait tant souffrir... Combien auront-ils été ceux qui, tout en faisant bon visage et en affectant la confiance, croyaient à la fin de tout dans le fond de leur coeur lorsque l'Allemagne victorieuse envahissait le territoire ! L'impression des combattants eux-mêmes, la certitude du désastre, étaient si profonde que, nous dit Mme X..., qui vient de passer deux mois dans une ambulance, les blessés de Charleroi ne veulent pas croire encore que les Allemands aient pu être battus. Les récits qu'ils font de cette journée de défaite et de déroute sont tragiques.

    La conversation revient toujours comme par une sorte d'attrait magnétique sur les circonstances dans lesquelles Paris a failli être livré aux Allemands sans combat. André Beaunier cite ce mot extraordinaire de Joseph Caillaux à Messimy, ministre de la Guerre : "Je puis encore obtenir des conditions de paix acceptables, mais à condition de ne pas défendre Paris." Un autre convive tient d'un diplomate que Von Kluck serait venu à Paris même pour traiter de la reddition. Enfin il paraît que l'intervention et l'insistance du général Foch auraient été pour beaucoup dans la reprise d'offensive sur la Marne, tandis que le général Joffre aurait été partisan d'une retraite jusqu'à Orléans. Je note sous bénéfice d'inventaire ces propos de Parisiens répandus et bien renseignés.

    D'ailleurs, ce soir, l'impression générale est bonne. Il n'est question, de toutes parts, que de "quelque chose de nouveau" pour les jours prochains. On parle d'une intervention de l'armée de Paris conduite par le général Gallieni. Même rumeur à Calais, d'où je reçois des nouvelles. Joffre y est venu ces jours-ci, et l'impression que son état-major a laissée parmi les officiers, c'est que l'on était arrivé au milieu de la guerre, qui devrait ainsi prendre fin vers le mois d'avril.

    Symptôme fâcheux parmi les signes favorables : à Calais, de nombreux soldats belges ont jeté leurs fusils, refusant de continuer à se battre, se plaignant de ne pas même savoir où sont leurs femmes et leurs enfants. Ce fait coïncide avec les avis répétés que me donne G... qu'on ne fait pas encore assez pour les Belges et qu'il y a là un péril.  ♦ 

     

    1914-le-destin-du-monde-de-max-gallo-927903138_ML copie.jpg

     

     

     

      

  • Laurent Obertone : « Les Français, victimes consentantes de Big brother », entretien avec Grégoire Arnould

     

    La France Big Brother, le dernier opus de Laurent Obertone, décrit la façon dont les Français sont manipulés par la caste politico-médiatique. Paradoxalement, cette manipulation s’exerce avec leur consentement…

    Qui est Big Brother ?

    Big Brother, c’est le système qui s’exprime à travers tous les individus qui contrôlent l’expression et pensent la même chose. C’est le prêt-à-penser délivré par les faiseurs d’opinion. C’est cette « République des écrans » qui, sous couvert de liberté d’opinion, définit les limites de la pensée. Pour autant, ce système fondé essentiellement sur la collusion des politiques et des médias, fonctionne, ce qui peut paraître paradoxal, avec le consentement de ceux sur qui il s’exerce.

    Le sous-titre de votre livre dénonce justement le « conditionnement » des Français. Vous dîtes que « Monsieur Moyen », le Français moyen, se laisse volontairement manipuler…

    L’anthropologie nous enseigne que les individus ne peuvent exister seuls. Sans maître, point de salut ! Qui ne serait pas heureux et soulagé d’être déchargé de responsabilités trop lourdes à assumer ? Prenons l’exemple de la sécurité. à de rares exceptions près, une personne agressée ne peut compter que sur elle-même. Personne ne bouge pour lui venir en aide : chacun espère que son voisin va intervenir ou que la police, dont c’est le travail, va arriver… C’est l’illustration parfaite d’un conditionnement général : comme si nous étions désormais dressés à demeurer passifs en toute circonstance.

    Comment expliquez-vous cette passivité des individus face à la manipulation dont ils font l’objet ?

    Bien souvent, plus un individu prétend être libre, plus il est au contraire soumis à toute sorte de liens qui l’entravent. Et de fait, dans une démocratie, les gens se conforment à la masse et adoptent, par mimétisme, le comportement de la majorité. Cette peur de quitter le rang renvoie au syndrome de l’exclusion : la crainte, traumatisante, du jugement excluant émanant de la majorité ou du groupe dominant. La puissance médiatique symbolise par excellence ce pouvoir d’exclusion tant il est impossible et même inconcevable d’échapper au pilonnage des slogans publicitaires et des « messages » politiques – ce qui revient à peu près à la même chose. Comme ils les subissent au quotidien, les gens finissent par les adopter. C’est une question de facilité, de peur ou même de besoin d’exister. De telle sorte que le Français « moyen », celui que j’appelle « Monsieur Moyen », se retrouve, avec des millions de ses semblables, sur la place de la République à Paris en brandissant une pancarte « Je suis Charlie ». Cette uniformité de la pensée a quelque chose d’effroyablement saisissant pour un pays qui se prétend libre.

    En quoi l’affaire Charlie Hebdo est-elle particulièrement révélatrice de Big Brother ?

    Le plus frappant évidemment, c’est que l’idéologie et les individus responsables de ce désastre en sortent renforcés et qu’ils ont réussi, avec une facilité déconcertante, à retourner les faits à leur avantage. « Je suis Charlie », c’est vraiment une manipulation de masse. Ce qui prouve que pour Big Brother, l’utopie – c’est-à-dire la représentation factice de la réalité – est plus importante que les faits qui, en l’occurrence, parlaient d’eux-mêmes. D’où l’importance de la communication qui permet de réécrire le présent. Regardez les événements qui ont suivi les attentats de janvier : d’une attaque islamiste particulièrement meurtrière, on a fait une campagne contre « l’amalgame » et « l’islamophobie ». Autrement dit, Big Brother nous a expliqué qu’il a eu raison de promouvoir depuis des années le multiculturalisme, l’immigrationnisme et l’islam ! Un tel exemple de manipulation devrait être enseigné dans les écoles…

    Peut-on mettre un terme à ce conditionnement ?

    Il n’est pas certain qu’il dure éternellement, mais les gens ont tellement investi dans la société factice de Big Brother qu’il est impossible pour eux d’imaginer s’en détourner. Surtout que tout le monde y trouve son compte. Nous vivons dans une société de confort, ce qui fait de nous des êtres domestiqués. La consommation de masse signe le triomphe de Big Brother…

    Reste-t-il un peu de place pour l’espoir ?

    Le principal objectif de Big Brother c’est d’empêcher les gens de penser. Il est très difficile de prédire ce qui va se passer, mais le temps qui passe joue pour le système. En même temps, on voit de plus en plus d’auteurs et de médias dissidents exister sans lui, ou plutôt malgré lui : l’espoir est donc permis. 

     

    Dernier livre paru : la France Big brother, éditions Ring, 361p., 18 euros.

    Source : Politique magazine

  • Ils sont fous, ces Anglais ! Retour sur le Royal Baby mais surtout sur la spécificité anglaise, avec Dominique Jamet ...

    La Grande-Bretagne a, ces jours-ci, une double actualité : la naissance du royal baby et l'engouement paradoxal qu'il suscite - dont Frédéric Rouvillois a analysé les causalités hier, ici-même - et la très incertaine consultation qui se déroule aujourd'hui pour élire le 56e Parlement du Royaume-Uni. Dans le billet politico-humoristique qui suit, Dominique Jamet a donné, dans Boulevard Voltaire, sa perception de la spécificité anglaise. Laquelle se caractérise d'abord par ce fait, difficilement exportable chez nous, que le peuple anglais, de façon très naturelle et spontanée, n'a jamais accepté que sa souveraineté et son indépendance puissent être si peu que ce soit amoindries. Dans ou hors de l'Europe n'a pour lui, en ce sens, qu'une relative importance ... LFAR     

     

    3312863504.jpgIls sont fous, ces Anglais. Et pas du chocolat Lanvin, comme feu Salvador Dalí, qui avait dû toucher de substantielles royalties pour se fendre de cette déclaration immortelle et feindre de s’en pourlécher les moustaches. Non, fous d’un royal baby de trois kilos sept cents grammes né sans complications, en toute simplicité, dans une clinique à 7.000 euros la nuit, de la princesse Charlotte Diana Elizabeth, qui pourrait bien devenir un jour leur reine si son arrière-grand-mère, son grand-père, son père et son frère aîné venaient à faire défaut, et qui, à défaut de jamais les gouverner, règne déjà sur leurs cœurs et donne un coup de fouet bien venu à l’économie nationale. Complètement gagas de ce petit bout de chou et prêts à se ruer sur les magazines, les layettes, les mugs, les théières, les assiettes, les robes et les napperons qui rappelleront le considérable événement dont Kate ex-Middleton et duchesse de Cambridge vient d’accoucher.

    Peuple bizarre qui n’hésita pas à décapiter son roi un siècle et demi avant que nous en fissions autant au nôtre mais qui entoure d’une dévotion fétichiste les représentants de la dynastie germano-germanique dont les hasards matrimoniaux ont fait le symbole vivant de l’unité nationale. Peuple curieux qui roule à gauche et vote à droite. Peuple étrange où l’usage est qu’un Premier ministre, s’il vient à être battu aux élections, quitte à jamais la scène politique (une exception, de taille : Winston Churchill). Peuple qui ne fait rien comme tout le monde.

    Il y a des décennies qu’outre-Manche comme de ce côté du Channel, l’Europe, plus exactement l’adhésion à l’Union européenne, avec les abandons de souveraineté, les servitudes, à proprement parler, qu’elle a entraînés, fait débat. Il y a quelques années que les sondages font ressortir régulièrement qu’une majorité de citoyens britanniques sont plutôt partisans de distendre, de renégocier, voire de rompre les liens qui attachent leur pays à la construction boiteuse et bancale dont le siège est à Bruxelles.

    Or, figurez-vous que, de la même manière que l’an dernier le gouvernement de Sa Majesté avait invité les électeurs écossais à dire en toute liberté et en toute sérénité s’ils voulaient demeurer dans le Royaume-Uni ou s’en séparer, sachant que, quelle que fût leur réponse, celle-ci serait prise en compte, le Premier ministre sortant, David Cameron, s’est engagé, s’il est reconduit jeudi à son poste, à consulter ses concitoyens, au plus tard en 2017, par référendum, pour leur demander de décider souverainement et tranquillement s’ils entendent diluer l’indépendance britannique dans la soupe fédéraliste ou redevenir maîtres de leur destin, étant entendu, quelle que soit leur réponse, que le pouvoir exécutif s’inclinera devant le verdict de son peuple. À n’y pas croire…

    C’est bien la peine d’avoir conservé la monarchie pour donner des leçons de démocratie à la terre entière, à commencer par un pays que nous connaissons bien et qui passe son temps à prétendre qu’il lui a donné naissance en 1789.

    Oui, décidément, ils sont fous, ces Anglais, comme dirait Astérix.   

    41hcNtsEd5L__SL300_.jpg

    - Boulevard Voltaire

     

  • Patrice de Plunkett : « Les politiques doivent réapprendre à parler d'avenir »...

     

    Mais comment le pourraient-ils ? Telle est la question pertinente à laquelle Patrice de Plunkett a tenté de répondre dans son blog. Et nous sommes d'accord avec lui, d'accord avec son analyse.  Le Système ne met pas les politiques en position de parler d'avenir. Il est impossible de les y encourager, sauf clause de style. Sauf oxymore. Plunkett conclut comme nous que le Politique est à ressusciter, ou mieux : à réinventer. C'est à quoi Pierre Boutang s'était essayé dans son Reprendre le Pouvoir [1977] ...   LFAR

     

    hqdefault.jpgDécomposition du PS,  aphasie devant les problèmes de l'Hexagone, dislocation rampante de "l'UE", montée des "populismes" : l'actualité donne la migraine à la classe politique. C'est l'échec de la recette post-démocratique installée depuis dix ans ("avancées sociétales" + "gouvernance" euro-libérale). Les officiels donnent des signes d'inquiétude. Cette semaine c'était à propos de la présidentielle autrichienne qui pourrait être remportée par le FPÖ...

    Nos éditorialistes tournent donc tous autour de la même idée (encore reprise ce matin [1]) : "Les partis de gouvernement [2], de droite comme sociaux-démocrates [3], doivent réapprendre à parler d'avenir à leurs concitoyens." Cette phrase est lourde de sens. S'il faut "réapprendre" à parler d'avenir, c'est qu'on en avait perdu l'habitude. Depuis quand, et pourquoi ? et qu'est-ce que "parler d'avenir" ?

    Quand de Gaulle parlait d'avenir, il parlait du bien commun dans la durée (c'était l'objet du politique). Depuis les années 1990 et le rachat du politique par le financier, il n'est question que d'instant présent et d'intérêts particuliers. Ce marketing du laisser-faire est une véritable désertion du politique : un abandon de poste.

    Comment la classe post-politique pourrait-elle parler d'avenir ? Les embryons de programme de MM. Juppé, Sarkozy, Fillon et Le Maire sont pure et simple myopie libérale : aggravation de ce qui détruit la société depuis vingt-cinq ans. MM. Hollande et Valls sont crispés sur leur échec. Quant à M. Macron, il est "dans le story-telling" : le "récit" publicitaire à propos de soi-même. Dans l'idiome pub, "récit"  veut dire auto-promotion. Il s'agit de posture individuelle dans l'instant, non de projet collectif pour l'avenir. La classe post-politique n'a pas cette hauteur de vue ! Elle est donc incapable d'affronter les conséquences de ses vingt-cinq ans de débâcle...

    L'une de ces conséquences est la fameuse "montée-des-populismes" : la classe post-politique n'est pas le remède à cela, puisqu'elle en est la cause. Les éditorialistes n'en sont pas innocents non plus. A force de nier toutes les réalités, ils en ont fait cadeau aux populistes [4] qu'ils appellent à combattre aujourd'hui ; une fois de plus, c'est Ubu Roi.

    Oui, le politique doit nous "parler d'avenir". Mais il lui faut d'abord exister. Ou plus exactement : il lui faut ressusciter. Encore plus exactement : on doit le réinventer, et l'économique aussi ! C'est ce que nous disait le pape en juillet 2015 dans son discours de Santa-Cruz... 

    _______________

    [1] Johan Hufnagel (éditorial de Libération).

    [2] C'est oublier que le FPÖ est devenu lui-même un "parti de gouvernement" depuis 1999.

    [3] Convergence centre-droit/centre-gauche... Elle accrédite en apparence le vieux slogan lepéniste "UMPS". En réalité, elle correspond à la situation créée par l'abdication du politique (de gauche et de droite) au profit du financier : d'où ce libéralisme transversal... et partagé par les trois quarts des lepénistes.

    [4]  Que les populistes aient  "ramassé" ces réalités dans le "caniveau", comme ils disent, ne veut pas dire qu'ils soient capables de gouverner. Ni qu'ils rompraient avec un libéralisme auquel adhèrent nombre d'entre eux...

    Patrice de Plunkett : le blog

  • Encore à propos de Donald Trump, l'interrogation de Camille Pascal : se seraient-ils tous « trumpés » ?

     

    Par Camille Pascal

     

     

    Le peuple américain pourrait-il, cet automne, se rappeler au bon souvenir de toutes les intelligentsias du monde, en élisant Donald Trump ? Telle est l'hypothèse que Camille Pascal ne fait qu'évoquer [Valeurs actuelle, 13.05] au fil de cette chronique rafraichissante et non-conformiste qui restaure quelque chose de notre liberté de pensée ...  LFAR

     

    Camille%20Pascal_22222222222222.pngLes analystes de tout poil annonçaient sa défaite aux primaires. Et si l’Amérique profonde leur réservait une autre surprise à la présidentielle…

    Hier encore, les dîners en ville l’affirmaient avec cet aplomb et cet art de se tromper obstinément qui fait tout leur charme : Donald Trump ne passerait pas la barre des primaires républicaines. Il était impensable que ce provocateur rubicond, ce milliardaire grossier, ce blond oxygéné, ce « fasciste » texan, ce dictateur en puissance puisse être sérieusement candidat à l’élection présidentielle de la démocratie la plus puissante du monde.

    Quelques rares voix discordantes s’étonnaient pourtant que l’on puisse reprocher à Donald Trump les écarts de langage que ces mêmes esprits parisiens éclairés aimaient à encenser quelques années plus tôt chez Hugo Chávez. Paris et ses dîners en ville sont parfois pleins de mystérieuses contradictions. Chacun y allait donc de son analyse d’une société américaine, que tout le monde croit connaître à Paris pour aller passer de temps à autre, à New York ou à Los Angeles, un petit week-end culturel ou plus ou moins canaille, un roman de Truman Capote en poche.

    Des éditorialistes puissants et inspirés par l’air de Saint-Germain-des-Prés expliquaient doctement à des gens très informés, toujours soulagés d’apprendre ce qu’ils doivent penser, que, malgré son avance, Donald Trump n’obtiendrait pas la majorité absolue à la convention d’investiture de Cleveland et qu’un complot déjà se préparait pour empêcher sa victoire et lui tordre le cou. Bien sûr, ils ne pouvaient pas en dire plus mais des informateurs de première main, le plus souvent rencontrés au hasard d’une bonne série américaine, le leur avaient laissé entendre.

    Pourtant, depuis que les résultats de l’État d’Indiana sont tombés, la victoire de Donald Trump à la primaire républicaine paraît assurée. Ses concurrents ont été terrassés et ceux que l’on érigeait hier encore en sauveurs de la démocratie américaine et de l’ordre mondial n’ont pas résisté davantage, devant ce typhon politique, que Barras face à Bonaparte. Le « tout sauf Trump » s’est transformé en un sauve-qui-peut général.

    Les analystes sont perdus. L’image de Trump est désastreuse chez les élites, les sondages lui restent défavorables, mais il gagne et il n’est plus tout à fait impossible qu’il devienne le futur président des États-Unis, même si ceux-là mêmes qui annonçaient sa défaite aux primaires prédisent désormais la victoire, par sursaut, d’Hillary Clinton. C’est en tout cas ce que vont seriner les milieux autorisés, en France, pendant de longs mois.

    L’auteur de ces lignes ne prétend pas, comme d’autres, connaître les États- Unis, leur culture politique ni leur sociologie électorale, il est même probable qu’il lui serait difficile de situer correctement l’Indiana sur une carte. Pour autant, il est une réalité politique américaine connue de tous : le taux de participation aux élections présidentielles n’a jamais dépassé les 60 % depuis 1968. L’Amérique profonde, isolationniste et puritaine, murée dans sa défiance à l’égard des élites, ne vote pas. Si, demain, le personnage de Donald Trump répond à ses attentes, il se pourrait bien qu’elle aille voter et que le peuple américain se rappelle alors au bon souvenir de toutes les intelligentsias du monde. 

    Camille Pascal