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Rechercher : Rémi Hugues. histoire & action française. Rétrospective : 2018 année Maurras

  • Christo : l’insolence de l’art et la beauté de l’honneur, par Maud Protat-Koffler.

    Après le Pont-Neuf en 1985 et le Reichtag de Berlin en 1995, l’Arc de Triomphe devient l’ultime muse de Christo, le prince de l’empaquetage décédé il y a un an. Une provocation déconcertante pour les uns, un chef d’œuvre monumental pour les autres…

    5.jpegSi certaines réalisations artistiques se heurtent depuis des siècles à de vives protestations à tort, peut-on légitimement s’opposer au vandalisme éphémère d’un édifice national au pied duquel repose un soldat français ? Doit-on obstinément s’émerveiller d’une performance hors du commun, quel qu’en soit le but, quel qu’en soit l’auteur, et s’émouvoir coûte que coûte d’une telle prouesse technique sans consulter nos cœurs ?
     
    L’ n’est-il affaire que de raison ? De conceptualisation ? Nietzsche écrivait : “L’essentiel dans l’art, c’est qu’il parachève l’existence, c’est qu’il est générateur de perfection et de plénitude. L’art est par essence affirmation, bénédiction, divinisation de l’existence.” Schopenhauer aurait pu conclure ainsi : “L’art est contemplation des choses, indépendante du principe de raison.” Mais le débat autour de cette réalisation se situe à un autre degré, plus sentimental, moins philosophique.
     
    Car si maudire l’empaquetage de l’Arc de Triomphe signifie mécomprendre la beauté de l’art, alors l’inverse revient à mécomprendre la beauté de l’honneur.

    Érigée en 1836 selon la volonté de l’Empereur , cette arche s’impose dans notre paysage patrimonial et historique par sa solidité architecturale et symbolique. Elle devient à la fois la porte des triomphes et le tombeau des morts, pensée successivement par les architectes Jean-François Chalgrin, Louis-Robert Goust, Huyot et Guillaume-Abel Blouet.

    L’Arc de Triomphe se pare d’œuvres magistrales à la gloire des combattants mais nul ne sait encore que le monument accueillera, moins d’un siècle plus tard, la dépouille d’un soldat inconnu au-dessus duquel brûle encore une flamme, ravivée chaque soir depuis 1923. L’œuvre devient ainsi l’écrin de millions d’âmes, un véritable temple dont les entrailles nous tiennent en confidences entre les pierres vivantes et les noms endormis. Chaque soir, cet héritage renaît grâce à cette poignée d’hommes et de femmes pour qui la solennité de l’acte vaut toute gloire. La voilà, la beauté de l’honneur. Cette élévation de l’esprit vers les grandeurs de notre histoire. Il n’est alors plus question de querelles politiques entre conservatisme et modernisme, même si cette tendance destructrice s’émancipe de façon navrante. Certains s’évertuent à penser que l’oeuvre de Christo changera notre regard sur ce monument. Qu’une fois nu, l’Arc de Triomphe retrouvera cette grandeur originelle à laquelle nous nous sommes habitués. Peut-être. Mais pendant quelques semaines, ce même monument dont on reconnaît soudain la grandeur sera désacralisé, rendu aux pierres anonymes, effacé. Et c’est ce temps là qu’il nous faut condamner.

    La souffre déjà tellement de déracinement et de méconnaissance d’elle-même. Pourquoi draper ce qui la rend fière ? Pourquoi cacher ses batailles et ses plaies ? Pourquoi couvrir le lit de ses enfants ? La rendra-t-on plus attractive en camouflant ses triomphes ? L’art ne devrait-il pas sacraliser nos beautés historiques au lieu de les banaliser ?

    Le doute, lui, est permis.
     
     

    Maud Protat-Koffler

    Journaliste en formation
     
  • Potemkine!, par Jean-Paul Brighelli.

    Emmanuel Macron, quartier Bassens de Marseille, 1er septembre 2021 © Ludovic MARIN / POOL / AFP.

    Emmanuel Macron au pays du soleil

    Tout le monde connaît l’histoire. Quand Catherine II manifestait le désir d’aller voir sur place comment vivait son peuple, son Premier ministre et amant, Potemkine, prenait date et balisait soigneusement l’itinéraire de la tsarine de villages artificiels d’une propreté suspecte, que l’on emplissait pour l’occasion de paysans en vêtements de fête.

    2.jpgAux arbres plantés pour la journée on attachait avec des fils de soie des rossignols qui chanteraient la gloire de la souveraine — et en avant la moujik !

    Emmanuel Macron visitait ce matin 2 septembre la cité Bassens, à Marseille. Quelques heures avant, des dizaines d’employés de sociétés privées sont venus nettoyer ces lieux voués d’ordinaire à l’abandon et à la crasse, témoigne BFM. « Si vous aviez vu l’état de la cité hier (mardi) soir… il y avait vraiment un décalage, il y avait visiblement des ordures, des poubelles qui n’avaient pas été ramassées depuis plusieurs jours », a confié une habitante à l’envoyé spécial, Igor Sahiri.

    Potemkine ! 

    Qu’aura vu Macron ? Un site HLM propre et pas plus désespérant qu’un autre. On lui a fait pour trois jours un décor d’opérette. Macron « au pays du soleil », comme aurait dit Vincent Scotto.

    Tout le monde sait que Marseille est — merci FO ! — une ville d’une saleté repoussante, et particulièrement dans les Quartiers Nord : ceux du Sud, en revanche, sont propres, selon une partition que j’ai observée jadis à… Casablanca. Ici, c’est le Tiers-monde tous les jours, sans avoir à prendre l’avion.

    Il y a sept ans, Manuel Valls et Najat Vallaud-Belkacem sont venus, la main dans la main, visiter à Marseille le lycée Victor-Hugo, classé ZEP. On a, pour l’occasion, instauré une safe zone de cent mètres autour de l’établissement, confiné les enseignants dans la salle des professeurs, habillé les lieux de plantes vertes, rempli les extincteurs d’incendie, qui sont toujours vides, et réquisitionné d’ex-élèves passés en fac ou en prépas — c’est ainsi que je fus mis au courant — pour jouer aux lycéens de Terminale et discuter doctement avec les deux éminences. Potemkine ! Potemkine !

    Rien de ce que l’on montre aux dirigeants n’est vrai. La réalité va se rhabiller avant leur venue — et se remet à poil après leur passage. Je suspecte d’ailleurs qu’il en est de même lorsqu’un patron se déplace dans une usine lointaine. 

    Le calife Haroun-al-Rachid, à ce que racontent les 1001 nuits, se déguisait parfois en marchand, et accompagné de son poète favori (homosexuel, mais c’est un détail), descendait dans les rues de Bagdad voir comment vivait vraiment son peuple. Et le lendemain, il faisait voler les têtes.

    C’est aujourd’hui impossible. Un ministre de l’Éducation auquel je voulais du bien, il y a quinze ans, et à qui je proposai un jour de venir avec moi, en catimini, visiter un collège de la petite ceinture à l’improviste, m’expliqua que la Sécurité exigeait d’être avertie quinze jours avant. Que sa cellule « Communications » prévenait à son tour les médias. Et que pour intelligent qu’il fût, il devait se contenter de fariboles et de réalités truquées.

    Marseille est une ville en déshérence. La dette publique est colossale, l’immobilier s’écroule, les écoles sont à refaire, le centre-ville est extrêmement périphérique, et comme l’a suggéré Manuel Valls, redevenu chroniqueur, il faudrait raser la ville et la repeupler « autrement ». Il n’y a guère que la Vélodrome qui brille — oui, mais il est privé.

    Alors, à, part lancer sa campagne… Macron promettra de l’argent, Paris fera semblant de visiter le grand cadavre marseillais, comme d’habitude, et le mettra sous tutelle comme on met les mourants sous assistance respiratoire, et la misère continuera. 

    Ah si, les hommes de Darmanin, dans une descente-éclair spectaculaire, ont arrêté deux dealers (sans doute déjà libérés à l’heure où j’écris) et saisi un kilo de shit — la consommation de quelques heures. Potemkine n’aurait pas fait mieux. 

     

    Normalien et agrégé de lettres, Jean-Paul Brighelli a parcouru l'essentiel du paysage éducatif français, du collège à l'université. Il anime le blog "Bonnet d'âne" hébergé par Causeur.
  • Cette semaine dans lafautearousseau : trois conseils de lecture d'Annie Laurent...

    Annie_Laurent.jpgAnnie Laurent, comme elle me l'avait annoncé, vient de me faire parvenir ("pour lafautearousseau") trois recensions d'ouvrages fort intéressants, que vous pourrez lire lundi, mercredi et vendredi :

    lundi : Abbé Guy Pagès, La preuve du Coran ou la fin de l’Islam;

    Michel Younès, Les approches chrétiennes de l’islam. Tensions, déplacements, enjeux;

    Tom Holland, A l’ombre de l’épée;

    Je l'en ai remercié, et lui renouvelle ces remerciements, en votre nom à tous, en attendant ses prochains articles...

    Bonne lecture !

    François Davin, Blogmestre

    Aujourd'hui donc : de Tom Holland, A l’ombre de l’épée

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    Tom Holland, A l’ombre de l’épée,

    Perrin, collection Tempus, 2021, 442 pages, 10 €.

     

    Poussant plus loin sa profonde connaissance de l’Antiquité grecque, perse et romaine, l’historien britannique Tom Holland a entrepris dans cet ouvrage d’étudier les circonstances qui ont entouré l’émergence et l’implantation de l’islam dans le Proche-Orient du VIIème siècle.

    Il ne s’agit pas d’une reprise pure et simple de tout ce que la tradition musulmane transmet au monde depuis lors à ce sujet tout en déniant aux non-musulmans la légitimité de toute vérification, démarche souvent associée à un complot.

    L’auteur se livre donc à un examen critique qui n’hésite pas à interroger l’authenticité et la fiabilité des sources prétendues historiques, y compris sur l’existence et l’identité de Mahomet, l’origine et la nature « divines » du Coran ainsi que la compilation des récits « prophétiques » qui constituent la Sunna (Tradition).

    Une certitude, « l’islam n’est pas issu d’un vide total », relève-t-il. Il est né sur des terres où foisonnaient quantité de croyances dont il a inévitablement subi l’influence.

    C’est pourquoi Tom Holland consacre une partie substantielle de son travail aux empires qui ont précédé l’instauration du Dar el-Islam (la « Demeure de l’islam »), à savoir la Perse et la Nouvelle Rome, l’ensemble constituant la Jâhilîya (« Ignorance » en arabe) dans l’imaginaire islamique.

    Il s’attarde sur leurs rivalités politiques et les croyances religieuses des peuples concernés : paganisme dans ses diverses doctrines ; judaïsme et christianisme aux frontières mal définies malgré une matrice identique ; diversité des Eglises minées par les hérésies.

    De tout cela, on retrouve des traces confuses dans le Coran, « brouillard impénétrable » selon l’auteur.

    Il reste qu’aux yeux des musulmans l’effondrement des empires vaincus par les Arabes, surtout lorsque ceux-ci s’emparèrent de la Palestine, porte ouverte sur la conquête du monde, résulte d’une volonté divine.

    Vint alors l’heure de « la construction de l’islam », dernier chapitre dans lequel Tom Holland met en évidence le rôle du calife Abd el-Malik (685-705), trop méconnu malgré son importance décisive puisqu’il lui revint de « définir sa religion comme le cœur battant et éternel du monde ».

    Par son érudition, impressionnante sans être lassante, sa pédagogie soignée et son style alerte, cet ouvrage apporte une contribution remarquable à la compréhension d’un phénomène de civilisation qui marque profondément l’histoire du monde, et sans doute pour longtemps.

    Annie Laurent

    (Article paru dans La Nef, n° 339 – Septembre 2021)

  • Arménie agressée par l'Azerbaïdjan, des nouvelles du front :Le Haut-Karabakh arménien, une poudrière qui sent le gaz !,

    Le 27 septembre, les forces azerbaïdjanaises ont attaqué la « République d’Artsakh ». Jeu logique d’alliances, d’intérêt ethnique, culturel et stratégique, l’Arménie s’engage et la Turquie s’immisce dans le conflit : le Premier ministre arménien Nikol Pachinian évoque une possible « guerre d’envergure » avec l’Azerbaïdjan agresseur ; alors qu’Erdoğan, assure son homologue azéri Ilham Aliyev du soutien turc avec tous ses moyens.

    9.pngUn peu d’Histoire : le – Artsakh, en arménien –, majoritairement peuplé d’Arméniens (95 %), était intégré à la république socialiste soviétique d’Azerbaïdjan, mais les territoires l’entourant étaient peuplés de Kurdes et d’Azéris. Depuis la dislocation de l’Union soviétique, ses habitants luttent pour leur indépendance, déclarée unilatéralement le 2 septembre 1991, réaffirmée par référendum en décembre suivant ; ou pour un rattachement à l’Arménie. Bien que le référendum de 1991 ait obtenu une écrasante majorité de « oui » (99,98 %) – éclatante démonstration patriotique du « droit des peuples à disposer d’eux-mêmes » –, cette indépendance, soldée par 30.000 morts (1988-1994), n’est reconnue par aucun État membre de l’ONU ; l’Arménie affirmant toutefois une « reconnaissance de facto ».

    Depuis, le « groupe de Minsk », créé sous les auspices de la Conférence sur la sécurité et la coopération en Europe (CSCE), et coprésidé par les États-Unis, la France et la Russie, pour parvenir à un règlement pacifique de la crise, a multiplié les initiatives diplomatiques. Sans succès.

    En attendant, la situation se complique. Mercredi dernier, la Russie et la France ont appelé à un arrêt complet des combats. La Russie – qui dispose d’une base militaire à Gyumri (nord-ouest de l’Arménie) –et l’Arménie se sont engagées par traité (OTSC) à se prêter assistance mutuelle pour défendre leur intégrité territoriale, maintenir la stabilité régionale et lutter contre le terrorisme (islamique, cela va sans dire !). Or, Moscou affirme que des combattants, « venant notamment de Syrie et de Libye », seraient déjà sur le front ; de quoi « provoquer une escalade » ; tout en exhortant à ne pas permettre l’arrivée de « terroristes étrangers et de mercenaires ». Information confirmée par , évoquant 300 combattants djihadistes ayant quitté la Syrie pour rejoindre Bakou en passant par Gaziantep (Turquie). Dans cette projection de « brigades internationales » djihadistes, on devinera la main du président turc ; tactique invasive éprouvée en Libye. Un jeu dangereux, qu’il réfute, mais qui légitimerait une riposte russe si les preuves en sont établies.

    Le journaliste Aleksey Vesyoliv relève que l’Artsakh dispose surtout de « potentielles ressources en or, gaz et pétrole » et précise que « le Haut-Karabagh ne sait pas comment les exploiter pour le moment ». À plus grande échelle, un conflit dans cette zone pourrait affecter le transit du gaz et du pétrole qui proviennent de la mer Caspienne jusqu’en Turquie. Pour Theodoros Tsakiris, professeur d’économie et de géopolitique à l’université de Chypre, « ces pipelines sont cruciaux pour l’Azerbaïdjan, la Turquie et dans une moindre mesure l’Europe et l’économie mondiale ».

    Loin de l’intérêt territorial et économique que représente cette enclave, à proche ou long terme, pour Arméniens et Azéris, les premiers mus par un nationalisme défensif, les seconds par un même esprit, mais de reconquête, c’est l’apaisement que cherchent, en réalité, les puissances régionales, car le Caucase-Sud est devenu un carrefour énergétique stratégique pour leur prospérité.

    Donc, pas d’inquiétudes. Russie et Turquie auraient trop à perdre par un engagement ouvert. « Karabakh » signifie « jardin noir », en persan. Dans cette guerre des champs pétrolifères, l’apaisement viendra sans doute de l’Iran voisin, pressé de reconnaissance diplomatique. Ironie du sort ?

     

    Pierre Arette

    Agriculteur
     
  • Indigénisme à l’université : vers un début de résistance ?, par Nicolas Gauthier.

    À peine évoquait-il le « séparatisme » dans un discours prononcé, vendredi dernier, aux Mureaux (Yvelines), que, déjà, l’intitulé du texte de loi censé le mettre en œuvre était modifié. Il s’agira donc désormais, plutôt que de lutter contre le « séparatisme » en question, de « renforcer les principes républicains », principes qu’évoquent généralement les politiciens quand ils n’ont plus rien à dire.

    6.pngMais Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur, précise toutefois que « l’idée est bien de lutter contre le séparatisme principal, qu’est l’islam radical. […] Mais ce ne sera pas le seul objet du texte. » Que seront, alors, les autres « séparatismes » ? Celui des Corses et des Caldoches ? Des zadistes ou des sectateurs de la Terre plate ? L’histoire ne le dit pas.

    Il en existe pourtant un autre, de « séparatisme », évoqué du bout des lèvres par le président, celui de l’université, et son discours suscitant « une haine contre la République », soit cet « indigénisme qui tourne le dos à l’universalisme », dénoncé par le même Darmanin.

    Là, nous ne sommes pas exactement en ZEP mais dans ces temples du savoir que sont censés être Science Po, Normale Sup, la Sorbonne et autre École des hautes études en sciences sociales où les seuls enfants d’immigrés, hormis les fils de ministres, sont ceux qu’on voit à la télé.

    Si, dans les lycées des fameux « territoires perdus de la République », les professeurs baissent la tête devant certains de leurs élèves, à l’école des rejetons des CSP+, d’autres professeurs n’en mènent pas plus large. Néanmoins, la résistance paraît s’organiser, tel qu’en témoigne cette « riposte à bas bruit qui se met en place » évoquée par L’Opinion, ce mardi 6 septembre.

    Morceaux choisis : « Un curieux vocabulaire court les temples du savoir et de la liberté de pensée. On y parle de “guerre”, de “climat de terreur” et de “résistance”. Telle université “tient bon” quand telle autre “est tombée”. » Une remarque, en apparence anodine d’un professeur parisien, pourtant a priori solidement installé, met la puce à l’oreille : « “J’ai confiance dans mes réseaux, mes filières. Sinon, il faut faire très attention… Tout est vérolé, aujourd’hui.” L’adversaire ? La mouvance communautariste, décoloniale, indigéniste ou néo-féministe qui traverse tout l’enseignement supérieur. »

    Et c’est ainsi qu’une minorité d’élèves et de professeurs, minorité grandissante et de plus en plus agissante, décide des conférenciers qui sont les bienvenus et ceux qui ne le sont pas ; la philosophe Sylviane Agacinski, opposante à la , Alain Finkielkraut et même l’infortuné François Hollande en savent quelque chose.

    Pour ce faire, tous les moyens sont bons. La force physique, pour commencer. Mais également celle de ces réseaux sociaux pouvant entraîner la mort professionnelle des imprudent.e.s, tel qu’il convient d’écrire en ces lieux.

    Citée par le même quotidien, Monique Canto-Sperber, directrice de l’École normale supérieure de 2005 à 2012, affirme : « C’est un rapport de force. On ne gagne que si on résiste. Mais il faut savoir ce que signifie avoir contre soi cette mouvance très puissante. Cela a un coût social, cela peut détruire votre image. En face, vous avez des gens ultra-sectaires, persuadés d’avoir raison sur tout. »

    On notera que cette spécialiste de Platon est la seule à parler en son nom, la majeure partie de ses confrères préférant se réfugier dans l’anonymat. C’est dire l’ampleur du désastre et du terrorisme intellectuel régnant en des enceintes pourtant censées être celles du débat intellectuel et de la confrontation des idées.

    Entre les écoles salafistes et celles des élites de la République, grande est la tentation de se dire que l’école buissonnière a elle aussi ses charmes, le seul « séparatisme » consistant à y sécher les cours. D’ailleurs, vu ce qu’ils y apprennent, on ne saurait que trop conseiller aux enfants de faire de même.

     

    Nicolas Gauthier

    Journaliste, écrivain
     
  • L’horreur à Conflans-Sainte-Honorine : toujours l’impuissance ?, par Philippe Bilger.

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    C’est bien le moins, que tout le pays soit uni le temps d’une indignation collective face à la décapitation, par un terroriste islamiste de 18 ans, d’un professeur d’histoire et de géographie dans un collège à .

    C’est bien le moins, que toute la France soit derrière ses professeurs – qu’elle ne traite pas assez correctement le reste du temps – face à ce crime abject.

    10.jpgC’est bien le moins, que le président de la République nous exhorte à la résistance, à l’unité et à la lutte contre l’obscurantisme.

    C’est bien le moins, que toute la classe politique, un court instant rassemblée dans un saisissement effrayé et une compassion authentique, s’incline émue, s’interroge pétrifiée.

    C’est bien le moins, que les citoyens et les médias soient accablés par la répétition d’horreurs, comme si celle de ce soir était la première alors qu’elle n’est que la continuation de ce que nous ne parvenons pas à vaincre. De nos deuils, recueillements, marches et hommages successifs.

    Il est inutile de se pencher sur les explications, les motivations, les modalités de l’enseignement scolaire, la liberté d’expression : on connaît tout cela et on ne l’a que trop fait.

    Il est inutile d’évoquer les quelques familles qui avaient protesté auprès de l’enseignant parce qu’il avait pris pour exemple de la laïcité et de la liberté de penser les caricatures de Mahomet et que, pourtant, il avait eu l’élégance de ne pas contraindre qui était choqué à assister au cours. Le début de la fin.

    Rien de ce qui s’est déroulé à Conflans-Sainte-Honorine n’est tombé sur la tête de notre démocratie par hasard, par inadvertance. Elle n’a pas été prise en traître, mais voulait-elle vraiment voir ce qui lui crevait les yeux ?

    Notre pays est si remarquable dans les constats d’après les tragédies qu’il ne songe même pas au fait qu’il aurait peut-être pu les éviter.

    Demain ou plus tard, on recommencera à s’apitoyer, à craindre l’amalgame, à refuser de nommer et de cibler l’ennemi, on recommencera à parler de guerre mais pour la forme, on aura honte de son énergie républicaine manifestée comme par mégarde, on entendra les partisans d’une démocratie molle, les défenseurs tonitruants de nos libertés pourtant pas attaquées, on retombera dans le cours d’une alternance entre crimes, effroi et volontarisme de discours, d’injonctions et d’humanisme.

    Je n’en peux plus, là où modestement je suis. Beaucoup n’en peuvent plus de devoir supporter une nation qui, à force de se laisser tuer, se laisse mourir.

    Si la République d’aujourd’hui, avec ses principes, ses services, sa vigilance, est incapable d’empêcher les atrocités terroristes de jeunes tueurs, il faudrait en changer. Trop faible pour ce qu’elle devrait avoir de continûment dur. Pas assez efficace pour se faire craindre de ceux qui aspirent à la mettre à bas.

    Qu’on nous épargne surtout les admonestations de ceux qui, inévitablement, viendront nous dire qu’en sauvant notre peau nationale par tous moyens, nous ferions le jeu de notre terrifiant adversaire. Il veut nous tuer, mais il ne faudrait surtout pas lui donner l’impression que nous serions prêts à lui résister, à le vaincre !

    L’effroi encore, l’effroi renouvelé, un professeur décapité, un Président qui parle bien, une France sous le choc.

    Mais toujours l’impuissance ?

     

    Philippe Bilger

    Magistrat honoraire et président de l'Institut de la parole
  • Conflans : des actes et non des discours !, par Christian Vanneste.

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    Le président de la République et le ministre de l’Education Nationale se sont rendus au collège où enseignait Samuel Paty, le professeur d’histoire qui a été égorgé et décapité pour avoir montré les caricatures du « prophète » à ses élèves dans un cours destiné à ouvrir les esprits des collégiens à la liberté d’expression. On dit que les assassins reviennent toujours sur les lieux du crime. L’auteur présumé de cet acte terroriste n’en a pas eu le temps puisqu’il a été abattu par des policiers à proximité du lieu où sa victime a été découverte. Quatre interpellations suivies de gardes à vue ont eu lieu, notamment parce qu’une photo atroce aurait été diffusée sur la « toile ».

    christian vanneste.jpgMais on peut se demander si les complices objectifs ne sont pas ailleurs, beaucoup plus haut dans notre société vermoulue. Certes, il est normal que les responsables de l’Etat se précipitent sur les lieux du crime, mais leurs appels à la fermeté et à l’unité de la nation devant le terrorisme islamiste donnent la nausée tant ils sentent le réchauffé ou le faisandé. L’assassin est un Tchetchène qu’il n’y a aucune raison d’accueillir en France parce que la France n’a aucun lien avec un pays membre de la Fédération de Russie, pénétré de longue date par le djihadisme. Le fanatisme religieux y trouve une tradition guerrière propice à former des recrues particulièrement dangereuses. Ceux qui ont fui la Russie en lutte contre le terrorisme islamiste, on les reçoit donc en France ?!? Beaucoup de Tchetchènes ont combattu dans les rangs de l’Etat islamique. Leur sens de la communauté animé par une identité singulière en fait des immigrés dont « l’intégration » semble très hypothétique. L’expédition punitive de bandes tchétchènes à Dijon au mois de Juin, semant le chaos dans la ville, était pourtant une alerte rouge sur la solidarité communautaire, sur le mépris de nos lois et sur la violence dont ces groupes sont capables. L’assassin de Conflans était connu des services de police… comme d’habitude ! Le Professeur avait été l’objet de menaces. Des parents musulmans avaient exercé des pressions sur le chef d’établissement pour qu’il cesse d’enseigner la liberté de penser et de s’exprimer. Son assassinat était donc possible, sinon prévisible. Devant cette passivité à répétition de l’Etat face à la menace islamiste, les sempiternels et péremptoires discours de matamore sur la fermeté sont ridicules sinon odieux de la part de ceux qui depuis longtemps ouvrent à n’importe qui les frontières de la France, de ceux qui encouragent une immigration excessive par leur laxisme et des aides sociales absurdes consenties aux étrangers, de ceux qui par des regroupements familiaux contraires au bon sens, favorisent le communautarisme et la fragmentation du pays.

    Hier le président opposait les individus libres et les citoyens solidaires. Aujourd’hui, il a été contraint à la synthèse en appelant les Français à être des citoyens libres. On touche là du doigt la contradiction mensongère du « en même temps ». Pour qu’il y ait des citoyens à la fois libres et solidaires, il faut qu’il y ait une communauté nationale forte et unie, non par la loi abstraite, dont à l’évidence on se moque dans certains quartiers, mais par une identité culturelle solide animée par le respect de l’autre propre au christianisme et par le goût de la liberté suscité par une éducation teintée d’occident. On ne peut y parvenir en favorisant le multiculturalisme et l’immigration massive qui conduisent au communautarisme. La France se veut un pays voué à la laïcité et à l’universalisme, patrie des droits de l’homme, et en continuant à affirmer ses grands principes, en leur nom même, elle développe sur son sol une population qui refuse la liberté de pensée, l’égalité des sexes, le choix de la religion, et l’humanisme. Lorsqu’on prétend barrer la route à la barbarie et à l’obscurantisme, il faut d’abord empêcher les barbares d’envahir le pays !

    Source : https://www.christianvanneste.fr/

  • On a trouvé les coupables : les réseaux sociaux !, par Gabrielle Cluzel.

    Ça y est, l’enquête est bouclée, on a trouvé les coupables : les réseaux sociaux ! Gabriel Attal l’a dit sur BFM TV : « Les réseaux sociaux ont une responsabilité, on doit arriver à mieux les encadrer. »

    Laetitia Avia, dont la loi a été retoquée par le Conseil constitutionnel, saute sur l’occasion, pour le marteler d’un ton revanchard (Le Parisien) : « Cette tragédie prouve que réguler les réseaux sociaux est nécessaire. »

    7.jpegChristophe Barbier surenchérit (BFM TV) et apporte des astuces pratiques imparables : « Il faut relancer la loi Avia […] que l’on peut remettre sur l’établi, en changeant s’il le faut la Constitution. Le texte peut passer très vite à l’Assemblée et au Sénat. On fait un congrès. Profitons, si j’ose dire, de cette tragédie pour faire une loi Avia validée constitutionnellement. » C’est vrai, pourquoi se gêner.

    Gérald Darmanin envisageait, ces jours derniers, de la même manière d’interdire les feux d’artifice, utilisés par les délinquants en tirs de mortier – et pourquoi pas, non plus, les frigos, autres armes de destination, que les policiers se prennent aussi régulièrement sur la tête en banlieue ? Les couteaux pourraient aussi tout à fait être retirés de la circulation. Un pays où il n’y aurait plus que des cuillères – l’inocuité des fourchettes n’étant pas parfaite – serait certainement beaucoup plus pacifique. Il suffirait que tout soit mixé. Après tout, avec le , c’est l’heure du dîner de tous les Français qui s’est alignée sur les EHPAD, pourquoi ne pas en faire autant avec le contenu des assiettes.

    Prétendre sauver la liberté d’expression – dont le professeur d’histoire supplicié de est devenu un symbole – en appelant de ses vœux une loi pour la limiter, c’est osé, mais ça se tentait, ils l’ont fait. Michel Audiard a, paraît-il, une théorie sur le sujet.

    Rappelons que, dans son inventaire initial des « idéologies haineuses », la loi Avia citait textuellement « l’islamophobie » – vous auriez cherché en vain, en revanche, la christianophobie. Laetitia Avia, sous le feu des critiques, avait finalement décidé de lui substituer le mot… « anti-musulman ». Mais vous n’y auriez pas trouvé pas celui d’antichrétien, cela va sans dire.

    Rappelons encore que a été accusé d’être islamophobe mais aussi anti-musulman : inviter les enfants susceptibles d’être choqués à sortir a été dénoncé par « certains » comme une forme de stigmatisation. Et c’est cette dénonciation qui l’a condamné.

    Bref, si l’on s’en tient aux critères et à la logique de la loi Avia, c’est Samuel Paty qui véhiculait une idéologie haineuse, pas ceux qui le livraient en pâture sur les réseaux sociaux et, ce faisant, le condamnaient à mort.

    On les voit venir. Au prétexte de lutter contre les islamistes, ce sont les lanceurs d’alerte qui vont être censurés. De la même façon, des écoles hors contrat au-dessus de tout soupçon – catholiques, juives, Montessori… – seront ensevelies sous les tracasseries administratives jusqu’à devoir définitivement fermer, tandis que les islamistes pourront tranquillement continuer de tisser leur toile hégémonique dans l’école publique… déjà, d’aucuns le découvrent avec stupeur, considérablement investie. Loin d’avoir réglé le problème de l’islamisme, on aura au contraire soigneusement étouffé les quelques foyers de résistance.

    Ils prétendent être Charlie mais préfèrent faire semblant de ne pas avoir entendu ces mots terribles, récents, de Philippe Val, ancien directeur de Charlie Hebdo, sur RTL : « Tout le monde nous a “lâchés”, les grands intellectuels, les journaux bien-pensants… parce qu’ils avaient peur ! Ils avaient pas peur des cathos intégristes […] mais ils avaient peur des musulmans intégristes. Donc, ils ont dit “Pourquoi on ne dit rien contre les musulmans intégristes” -… ben… euh… tiens, parce que c’est raciste ! »

    Lâcheurs et lâches, ils forment, en somme, la lâchosphère. Et ceux qu’ils nomment avec mépris fachosphère – dans Libé, il y a même une rubrique dédiée – sont l’œil de Caïn qui les poursuit sur les réseaux sociaux… ce qu’ils voudraient à toute force voir cesser. À chacun de juger quelle consonne est la plus infamante.

     

    Gabrielle Cluzel

    Ecrivain, journaliste
  • « Your Majesty, Commander Bond is dead ! », par Frédéric de Natal.

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    « J’étais très nerveux à l’idée de la rencontrer mais la reine a été vraiment très agréable ». Premier James Bond de l’histoire du cinéma hollywoodien, l’acteur Sean Connery est décédé à l’âge de 90 ans. Fidèle sujet de Sa Majesté sur grand écran, l’acteur mondialement connu était aussi un indépendantiste écossais qui avait été anobli par la reine Elizabeth II.

    «On ne vit que deux fois ». Doté d’une filmographie impressionnante, Sean Connery, le plus francophile des acteurs britanniques est décédé aujourd’hui à 90 ans. C’est en 1967 que la reine Elizabeth II rencontre pour la première ce monstre, emblème ce que cette époque avait de plus de viril sur grand écran. Choisi pour incarner James Bond, un agent secret sorti tout droit de l’imagination Ian Flemming, lui-même ancien espion, cet séducteur invétéré va interpréter son rôle avec brio sept fois de suite. Bien que l’auteur avait émis des réserves sur ce choix de Sean Connery, le jugeant « trop musclé et écossais ». Une origine que l’acteur revendiquait pleinement et qui s’était fait le chantre du combat pour l’indépendance écossaise en militant et en soutenant financierèrement le Parti national écossais (SNP) jusqu'en 2001. Lequel lui a rendu un hommage appuyé comme les premiers ministres Nicola Sturgeon qui a déclaré que « l’Ecosse avait perdu un de ses meilleurs fils) ou Alex Salmond qui a écrit sur son compte Twitter que ce « patriote était l’un des plus extraordinaire représentant de l’Ecosse ».

    Peu rancunière, la reine Elizabeth II lui avait remis le 5 juillet 2000, les insignes de3.jpg chevalier (Knight bachelor) au cours d’une cérémonie, organisée au Palais de Holyrood, et à laquelle cet highlander était apparu vêtu de toutes les regalia traditionnelles écossaises. Agenouillé devant la souveraine, Elizabeth II lui avait touché légèrement les épaules avec une épée. Sean Connery s'était levé et s'était incliné alors afin que la reine Elizabeth II lui passe autour de son cou, un ruban portant sa médaille. Un honneur qui avait été pourtant refusé à l’acteur oscarisé par deux fois, en 1997 et 1998, en raison de ses opinions politiques Interrogé par la presse qui souhaitait connaître son avis sur la « Queen », Sir Sean Connery avait déclaré sobrement : « J’étais très nerveux à l’idée de la rencontrer mais la reine a été vraiment très agréable ».

    4.jpgPersonnage incontournable de la littérature britannique, connu sous son matricule 007 et pour son célèbre « martini au shaker mais pas à la cuillère », James Bond est l’archétype même du patriotisme à l’anglaise, un vestige indéboulonnable de l’empire prêt à servir son pays en toute occasion . Un symbole auquel a rendu hommage à de nombreuses reprises la famille royale des Windsor, recevant un a un tous les acteurs qui ont endossé le rôle de l’agent « Au service secret de Sa Majesté ». jusqu'à encore récemment où des rumeurs affirmant que le prince Charles de Galles apparaîtrait dans un caméo ont fortement circulé.  « Farewell Commander Bond »  (Adieu Commander Bond) a dû penser la reine d’Angleterre en apprenant le décès de cette icône du cinéma. Une souveraine qui avait été vue aux côtés de Daniel Graig, dernier James Bond en date, jouant, son propre rôle au cours d’un court métrage en 2012 pour les jeux olympiques de Londres. Un véritable buzz pour la monarchie britannique fière de ses héros.

    Copyright@Frederic de Natal

    Source : https://www.monarchiesetdynastiesdumonde.com/

  • Hollywood et sa nouvelle addiction à l’héroïne : Emma Thompson met les pieds dans le plat !, par Pierre Mylestin.

    À la grande révolution culturelle prolétarienne est en train de succéder une révolution culturelle progressiste. Le prolétaire a cédé sa place tant convoitée d’opprimé aux minorités dites spoliées : sexuelles défendues par la mouvance LGBT, les racisés, par les indigénistes, les victimes du patriarcat blanc, par les féministes.

    La lutte qui soude et fédère la majorité de ces nuisances idéologiques est celle d’abattre un ennemi commun : l’homme blanc.

    L’homme blanc doit donc être remplacé. À cet égard, la police de la culture autorisée impose un endoctrinement à sens unique. Une appropriation culturelle qui va systématiquement en faveur de ces minorités. Par exemple, l’arabe qui remplace le latin pour les origines de la langue de Molière. Au cinéma, le risque est faible de voir Dany Boon en Nelson Mandela, Gérard Jugnot en Martin Luther King ou Josiane Balasko en Rosa Parks. Par contre, l’origine africaine de Marguerite d’Anjou, d’Achille ou de Jules César ne fait plus aucun doute, à l’instar d’Omar Sy pour le collègue Knock ; vivement Sy en Sissi impératrice. Dans le jargon des valeurs républicaines, ce « blackwashing » se prononce « ernottisation » obsessive de l’espace audiovisuel et publicitaire, qui vient notamment contrecarrer la nauséabonde « zemmourisation » des esprits.

    À Hollywood, une nouvelle obsession woke a vu le jour : l’addiction à l’héroïne. De nombreux films à gros budgets remplacent la figure du héros et/ou super-héros masculin par des actrices à la plastique bien moulée. En général, il s’agit d’un concentré de clichés féministes et progressistes où, souvent, le Blanc tient le rôle du mauvais et/ou de l’abruti de service. Ces navets, à la devise libérée, délivrée, sont d’ailleurs très souvent des bides commerciaux ; la mayonnaise avec le public ne prend pas. Libérées, délivrées, d’accord, mais surtout fauchées.

    Certaines voix commencent à se lever contre cette nouvelle addiction. Celle de l’actrice britannique Emma Thompson, par exemple, qui critique cette tendance dominante : « Il ne suffit pas de simplement donner une arme à une femme et de la faire agir comme un homme, d’en faire une dure à cuire […] les films devraient plutôt utiliser la féminité d’une femme comme source de son héroïsme. » « Si elles sont féminines comme elles l’étaient auparavant, les femmes ne sont plus les bienvenues. Elles ne sont plus autorisées à pleurer, parce qu’apparemment, nous devons juste être comme les hommes. » « Ce n’est pas parce qu’elle n’a pas les ressources de faire du Superman, poursuit-elle, ce n’est pas là que réside notre héroïsme. Alors, comment pouvons-nous être héroïques ? » Et de conclure – âmes féministes s’abstenir : « Pourquoi n’y a-t-il pas de films sur l’accouchement, bon sang ! Est-ce que quelqu’un le sait ? Non. Tout notre héroïsme est caché, car ce que nous avons fait, c’est que nous venons de donner aux femmes les mêmes rôles que les hommes, et ce n’est pas le but. Comment pouvons-nous devenir nos propres vies et rendre ces histoires héroïques ? »

    À une époque où l’avortement est encensé comme un droit inaliénable, un acte de bravoure, où une femme peut être un père, où le progressisme a remplacé la complémentarité homme-femme par une compétition des genres, suggérer que le don de la vie pourrait être considéré comme un acte d’héroïsme peut sembler une hérésie, une aliénation idéologique, pire, un dérapage, une polémique ou une grave menace à l’encontre de droits acquis de longue lutte.

    Francis Parker Yockey, auteur d’Imperium, déclarait que « le a libéré les femmes d’une dignité intrinsèque à leur sexe pour les transformer en sous-hommes ». Et pour paraphraser Simone de Beauvoir, on naît femme, et puis, on devient un homme ?

     

    Pierre Mylestin

    Médecin
     
  • La France se porterait-elle mieux si elle était une monarchie républicaine?, par Philippe Bilger.

    Emmanuel Macron saluant la reine Elisabeth II lors de la commémoration du 75ème anniversaire du débarquement, Portsmouth, 5 juin 2019 © Jack Hill/AP/SIPA Numéro de reportage : AP22343732_000053

    Si peu de monarchie, si peu de République....

    Nous pâtissons des vices de la République et nous sommes privés des vertus de la royauté, selon Philippe Bilger

    Aujourd’hui on ne couperait plus la tête du roi…

    5.jpgEmmanuel Macron avait raison quand il soulignait la béance, le vide créés dans notre espace démocratique par la mort de Louis XVI et l’obscure nostalgie d’une période de notre Histoire, que les horreurs de 1793 et la guillotine fonctionnant à plein régime n’ont fait qu’aviver. Dans nos tréfonds, on s’habitue mal à l’absence d’une légitimité mise à mal par un bouleversement révolutionnaire malgré la mythologie dont on l’entoure et la volonté de nous faire croire que la France n’aurait vraiment commencé qu’en 1789.

    Les partisans d’une monarchie, d’un roi, respectés parce que détachés du tout-venant et des ambitions dérangeantes, ne seraient plus autant tournés en dérision et trouveraient probablement une écoute moins ironique de la part de beaucoup. Certes le régime républicain continue à dominer très largement dans l’esprit public mais d’abord parce qu’il serait trop provocateur de l’estimer substituable par un autre.

    À considérer certains signes moins superficiels qu’on ne le pense, j’éprouve l’impression, chez moi le premier peut-être, d’une impossibilité et en même temps d’un regret lancinant.

    L’engouement pour la couronne

    La passion avec laquelle on a regardé The Crown, l’intérêt que nous portons à la monarchie britannique et à d’autres en Europe, l’admiration que nous éprouvons pour la reine Elisabeth II, la considération de la pompe et de l’allure dans lesquelles les obsèques du Prince Philip se sont déroulées, la distance émue qui a été la nôtre face à tant d’événements qui ne relevaient pas à proprement parler de notre monde, ont montré, et pas seulement chez les épris par principe de ces péripéties royales, comme un sentiment de familiarité, presque d’appartenance.

    Un autre univers sans doute mais dont la tradition assumée, contre toutes les vulgarités du modernisme, nous faisaient du bien, parfois à notre grand étonnement.

    Une monarchie républicaine factice

    Nous serions, nous, en monarchie républicaine depuis l’élection du président de la République au suffrage universel ? Tristement je réponds affirmativement à cette interrogation mais avec le constat immédiat que nous pâtissons des vices de la République et que nous sommes privés des vertus de la royauté.

    Non pas que celle-ci, où qu’elle se trouve, n’ait pas connu de dysfonctionnements, de scandales ou d’injustices. Mais la plupart du temps, opposant aux débats politiques multiples, aux affrontements partisans, à l’écume sectaire et idéologique et à la droite ou à la gauche de gouvernement un comportement apparemment neutre, stable et serein, elle permet aux citoyens au moins de se garder d’une inimitié totale, d’une contradiction globale et systématique. Elle se sauve et elle est sauvée du désastre quotidien d’un engagement absolu. En surplomb elle n’est pas indifférente ni désengagée. Mais son engagement est pour le pays, pas pour le parti que l’élection, un temps, a rendu dominant.

    Un président qui se prend pour un roi

    Si peu de monarchie avec un président de la République qui, n’ayant jamais été un arbitre, ne cesse de s’abandonner avec volupté, avec un ascétisme feint, un sens du devoir forcé, à la jouissance d’un pouvoir de moins en moins limité. Surtout quand le Premier ministre est tenté de se laisser grignoter ses attributions par révérence, par complaisance.

    Si peu de République avec un président usant et abusant du Conseil de défense, avec une vie parlementaire sans aucune équité démocratique (faute de proportionnelle), un groupe majoritaire où quelques personnalités choisies dissimulent une masse inconditionnelle, un pouvoir d’injonction plus que de délibération, une rétention plus qu’un partage, une apparence populaire mais une réalité régalienne…

    Un roi trop plongé dans la mêlée pour être consensuel. Une République diminuée avec un monarque trop puissant.

    Nous sommes les sujets, les citoyens d’une monarchie républicaine qui représente une synthèse médiocre et très imparfaite entre la grandeur, l’allure et l’impartialité d’une monarchie exemplaire et le caractère pluraliste, égalitaire d’une République digne de ce nom.

    Source : https://www.causeur.fr/

  • Tribune des anciens militaires : halte au feu !, par Georges Michel.

    Faudrait peut-être voir à calmer le jeu ! Des militaires – en fait, des militaires à la retraite, sans doute pour l’immense majorité d’entre eux – signent une tribune à l’adresse du président de la et ça s’affole sur le champ de bataille médiatique et politique. Ce week-end, c’était Jean-Luc Mélenchon, que l’odeur de la poudre d’escampette excite et pousse à monter à la barricade.

    7.jpegEt Macron, chef des armées, qui ne réagit pas. Faut faire quelque chose, la République est en danger !

    La , non pas des militaires, mais de se faire déborder par sa , le gouvernement sort alors de la tranchée, casque sur la tête, baïonnette au canon, en envoyant ses bons petits soldats, genre Marie-Louise de 1814. D’abord, le ministre des Armées, Florence Parly. Normal. C’est son job. Dimanche soir, elle mitraille sec un tweet : « Les armées ne sont pas là pour faire mais pour défendre la . » Qui a dit le contraire ?

    Puis, Agnès Pannier-Runnacher, de la macronite à l’état pur, ministre de l’Industrie (pas de guerre), fait son baptême du feu en s’en prenant à « ce quarteron de généraux en charentaises ». L’ de recycler les vieilles formules comme les vieux pneus ou les papiers usagés. Au fait, elle en sait quoi, la dame, qu’ils sont en charentaises, les généraux en retraite ? Et puis, après tout, c’est bien, les charentaises, non ! C’est fabriqué en France, pas en Chine. Enfin, pas encore. On lui a demandé si elle fait ses courses chez Auchan en claquettes ? Cela dit, ça nous étonnerait. Faut reconnaître qu’avec cette formule, c’est la Légion d’honneur au feu médiatique assurée pour cette ministresse qui déclarait, en mars 2020, lorsque la guerre contre le virus faisait rage et que ça tombait comme à Gravelotte dans les hôpitaux, que c’était « plutôt le moment de faire des bonnes affaires en Bourse aujourd’hui ». C’est bien connu : « Acheter au son du canon et vendre au son du violon. »

    Enfin (pour l’instant…), c’est Marlène Schiappa qui s’y colle, histoire de finir le travail au couteau. Les militaires (ou anciens militaires) ne sont pas sa cible. Non, sa cible à elle, c’est Marine Le Pen qui a tendu la main à ces affreux factieux. Et là, c’est que du bonheur. Car Marlène Schiappa est aussi experte – on l’ignorait jusqu’à ce jour – en chose militaire. Tout plein de cordes à son arc. Marine Le Pen n’a rien compris « à l’engagement militaire ». Sous-entendu : « nous, on a compris ». Et donc, du coup, Marine Le Pen « est désormais disqualifiée, elle ne peut plus devenir cheffe des armées ». Chef, cheffe ou cheftaine ?

    À la différence d’Emmanuel Macron qui, lui, avait tout de suite compris les militaires. Si beau dans sa combinaison de vol de l’armée de l’air. La preuve en humiliant publiquement le général de Villiers et en tapant de ses petits poings en disant « Je suis votre chef ». Des fois que les militaires aient un doute sur ce point. Mais là où la ministre déléguée fait fort, c’est lorsqu’elle nous sort son arme secrète : la peur. La peur qui donne des ailes, on sait ça depuis Astérix confronté aux Normands. « J’ai peur de Marine Le Pen […] Le Rassemblement national est un parti de putschistes. » Faut pas avoir peur comme ça, Marlène. Y a pire danger, par les temps qui courent. La ministre déléguée auprès du ministre de l’Intérieur doit bien être un peu au courant, non ?

    Au fait, où sont les hommes ? Entre nous, vous ne croyez pas qu’il serait temps que quelqu’un ordonne « halte au feu, ramassez les étuis » ?

     

    Georges Michel

    Colonel à la retraite
  • Peut-on compter sur l’incendiaire pour éteindre les incendies ?, par Christian Vanneste.

    Alors que, ce 9 Mai, la Russie célèbre sa grande victoire de 1945 à l’issue la “guerre patriotique”, les Français ont vécu un terne 8 Mai. Il est difficile à un peuple d’être sûr de lui quand son principal dirigeant ne l’est plus. L’homme élu dans de curieuses circonstances en 2017 se présentait en conquérant du futur.

    christian vanneste.jpgTrès vite cet élan s’est rompu, et le décalage entre les promesses et les réalisations a dévoilé une insupportable arrogance. Malgré le soutien inconditionnel des médias de ses amis milliardaires, le “président” a perdu de son assurance. Autour de lui, on ne compte plus guère que sur la réédition du duel précédent pour bénéficier d’une coalition de rejet plus que de soutien, et obtenir une victoire rien moins qu’assurée. Des signes apparaissent d’un changement du pays : Cnews se marque de plus en plus en média de droite et dépasse le courtisan BFM. Quant au locataire de l’Elysée, il donne l’impression de ne plus savoir où il habite. Jupiter le vertical a explosé en vol et se répand désormais en horizontalité quotidienne envahissante et impuissante : il annonce le calendrier sanitaire, détaille les mesures de précaution et navigue entre l’accroissement des contraintes préconisées par le superflu Conseil Scientifique et leur desserrement motivé par des considérations politiques sans rapport avec les chiffres de la pandémie. Le “en même temps” trouve ici ses limites : refuser de reconnaître ses erreurs quand le va-et-vient des décisions les rend évidentes.

    Sans doute parce qu’il ne sait plus où il en est, il ne sait plus ce qu’il dit. Récemment, il s’était fait plaisir en employant un mot rare et précieux dont il aime décorer le vide de ses discours : “palimpseste”. La France serait une nation “palimpseste”, une nation qui réviserait son histoire au fur et à mesure qu’elle se déroule. Sans doute n’a-t-il pas mesuré l’idiotie dangereuse du mot caché sous son apparence “intellectuelle” ? Un palimpseste est un parchemin sur lequel le texte écrit en remplace un autre qu’on a effacé. On voudrait justifier le révisionnisme ou le négationnisme qu’on ne prendrait pas meilleure image ! D’ailleurs, si on lit Orwell, c’est exactement ce que fait l’Etat totalitaire de 1984, qui révise et reconstruit chaque jour le passé en fonction du présent. Allons plus loin : une nation-palimpseste est un pays-terrain vague, un espace sur lequel une population va en remplacer une autre, une civilisation succéder à la précédente. Certes, nous savons que les civilisations sont mortelles et que la “France éternelle” est une figure de style, mais un Chef d’Etat est justement celui qui doit tendre sans faillir à ce que cet idéal, d’une communauté nationale qui perdure à travers les épreuves, soit une réalité la plus résistante possible aux assauts des événements. C’était le message essentiel du Général de Gaulle.

    Avec un temps de retard, c’est curieusement de Lisbonne qu’il s’est senti obligé de dire qu’il était «aux côtés» de la famille du brigadier de police assassiné en Avignon. Mais là encore, le “en même temps” dérape : le candidat à sa réélection repousse les alertes plus que justifiées sur la montée de l’insécurité et de la violence dans le pays en parlant d'”instrumentalisation nauséabonde”. L’emploi du mot typique de la phraséologie olfactive de la gauche pour disqualifier l’adversaire est le signe d’où il parle, et “en même temps”, il reconnaît que c’est une réalité de dire que la violence “enfle” dans notre société. Il ajoute pour vider son discours de toute cohérence qu’une réponse pénale pourra améliorer les choses. Compte-t-il donc sur “Acquittator” , Acquitte-à-tort peut-être, devenu ministre de la justice et déjà parti faire campagne dans le nord pour considérer que l’ennemi c’est le crime et la délinquance, et non tel ou tel parti, qui a le toupet de dénoncer les failles de sa politique ? La lecture du livre de Jean-Pierre Fabre-Bernadac, “Les Damnés de la France, le lynchage des mal-pensants”, le soutien massif des Français à l’alerte lancée par les militaires en retraite, initiée par son auteur, lui révéleraient combien son constat tardif et penaud est indigne d’un Chef de l’Etat. C’est pourtant un homme de gauche, Pierre Mendès-France, qui avait dit “Gouverner, c’est choisir”. M. Macron, empêtré dans son “en même temps”, ne choisit pas. Pis, il n’assume pas les conséquences de ses choix antérieurs. Le refus des frontières, l’immigrationnisme érigé en dogme, le laxisme judiciaire, l’instrumentalisation politique de la police et de la justice, l’oubli de la question fondamentale de la loi et de l’ordre au profit d’un économisme, pour le moins peu efficace, conduisent à ce que la violence “enfle”. Il serait absurde de confier la lance d’incendie à l’incendiaire.

    Source : https://www.christianvanneste.fr/

  • Le « Mois décolonial » à Grenoble : quand la mairie écolo promeut les délires racialistes, par Marie Delarue.

    Emmanuel vient d’arriver au Rwanda pour y présenter – du moins, c’est ce qui est attendu – les « excuses officielles » de la France. Notre Président avait 17 ans lorsque le génocide des Tutsis a été perpétré et François Mitterrand, dont il endosse en quelque sorte la responsabilité, avait, lui, 78 ans. Quelle vision, quelle perception du monde et de l’ ces deux-là auraient-ils pu partager ?

    7.jpgSans doute, et j’ai bien conscience de m’avancer en disant cela, pourrait-il avoir de la sympathie pour l’événement organisé par la ville de Grenoble et l’université Grenoble-Alpes, soutenu bientôt sans doute par la Métropole : une série de rencontres durant le mois de juin sous le joli titre de « Mois décolonial ».

    Le site local Place Gre’net donne la liste des organisateurs : principalement l’organisation politique PEPS, « Pour une écologie populaire et sociale » ; Survie, association « qui dénonce la Françafrique en menant des campagnes d’information et d’interpellation » ; Contre-courant, association étudiante d’extrême gauche émanant de Sciences Po Grenoble, qui entend « porter la parole alternative » (ceux-là mêmes qui avaient affiché, voilà quelques mois, les noms de professeurs accusés d’islamophobie) ; à côté, quelques satellites associatifs à l’affichage socio-sportivo-écolo-culturel.

    Car il s’agit de culture, bien sûr, précisément de « Déconstruire l’imaginaire post-colonial au travers d’un geste artistique et d’une parole intellectuelle ». Toutefois, un coup d’œil aux thèmes énoncés sur l’affiche laisse à penser qu’on est avant tout dans le geste idéologique et la parole politique. Jugez-en : Décolonisons les arts, Décolonisons les savoirs, Écologie décoloniale, Féminisme, Racisme systémique, , Panafricanismes, Peuples en lutte, etc.

    Sont conviés, bien sûr, des invités de choix, notamment Taha Bouhafs, membre éminent du Comité Adama Traoré qui viendra parler des « violences policières », et Rokhaya Diallo qui animera une table ronde intitulée « Pouvoir des racisées ».

    Comme me dit un ami, « tout cela a au moins le mérite d’être clair » et dévoile, pour ceux qui en douteraient encore, le vrai visage de l’écologie politique sous la houlette du maire de Grenoble : Éric Piolle, figure de proue de l’aile gauche d’EELV. Comme le souligne , les élus d’opposition sont montés au créneau et , président LR de la région Auvergne-Rhône-Alpes, a beau jeu de dénoncer la promotion des « délires du racialisme et de la mouvance décoloniale ». « La ville de Grenoble ne peut pas encourager cette radicalisation du communautarisme qui est la négation de notre nation », écrit-il sur Twitter, suivi par la LICRA qui assure, elle, « s’inquiéter vivement de cette dérive locale ».

    C’est plus qu’inquiétant, en effet, et on me permettra de citer in extenso le tweet de Stéphane Gemmani, ancien élu grenoblois (fondateur du SAMU social de Grenoble) qui avait initié dans sa ville « un mois de l’accessibilité qui avait pour vocation de réunir autour des différences » ; celui-ci a disparu, remplacé donc « par un mois qui pousse à la position victimaire, au sectarisme, à l’exclusion et finalement au mépris ou à la détestation du différent et à son exclusion de fait »

    « Ces revendications sont des revendications totalitaires, écrit-il, et ces dérives sectaires et communautaristes menacent nos valeurs démocratiques et républicaines. Que la ville de Grenoble, Science Po et l’UGA prennent part à cette banalisation à travers cet événement est une faute grave. »

     

    Marie Delarue

    Ecrivain, musicienne, plasticienne

    Source : https://www.bvoltaire.fr/

  • Djihadisme : aux origines de la thèse du « déséquilibré », par Henri Feng.

    Les vendredis djihadistes ne cesseront de se répéter au sein de nos frontières, à l’image de la dernière attaque à l’arme blanche perpétrée à La Chapelle-Sur-Erdre par un « schizophrène sévère », ou du moins diagnostiqué comme tel en 2016, nous dit-on. Encore une fois, il s’agit d’un multirécidiviste, d’un « individu » plusieurs fois condamné par la , mais récemment libéré au nom du droit.

    8.jpegEt, comme ce fut le cas dans le cadre de la défenestration sauvage dont a été victime en 2017, il s’agirait, peut-être, d’un esprit se disant « possédé par le mal ». En bref, nos gouvernants se défaussent, encore et toujours, en se barricadant derrière l’État de droit.

    Pire encore : des criminologues nous parlent même d’« hybrides » ou de « bombes humaines », donc d’entités mi-électriques mi-combustibles ! Et des titres du Monde opinent du chef : par exemple, « Attentat de Rambouillet : des terroristes isolés, sans affiliation et indétectables », le 26 avril dernier, puisque Jamel G. « aurait été » un désaxé sexuel ou un « déséquilibré »… Sans compter les avis tranchés du garde des Sceaux, l’ancien avocat pénaliste , qui, du reste, ne veut pas « juger les fous » (le 21 avril, sur RTL). Ainsi, le peuple français devrait accepter ces rodomontades moralistes, pour ne pas dire humanistes, comme si tous ces « individus » étaient des « éléments fondateurs d’une civilisation post-européenne » : toxicomanes (par exemple, les accros au crack qui sévissent dans le XIXe arrondissement de Paris), schizophrènes, autant d’êtres égarés dans une société malade, malade de ses équations à plusieurs inconnues, au nom du sacro-saint principe d’égalité, voire de nos ratiocinations plus subtiles les unes que les autres amenant la raison sur la voie de la ruse contre elle-même, notre rationalité (occidentale) n’arrivant plus à percevoir les phénomènes de masse. De l’exception et jamais du général ! C’est oublier que « la folie est quelque chose de rare chez les individus ; elle est la règle pour les groupes, les partis, les peuples, les époques » (Nietzsche).

    En dépit des préjugés en la matière, c’est Michel Foucault qui a anticipé cette difficulté : « L’insensé lui-même n’est jamais qu’une ruse du sens, une manière pour le sens de venir au jour. » Bon gré mal gré, le fou manifeste l’arrière-cour de nos sociétés démocratiques. Ainsi, le pompeux « vivre ensemble » a du plomb dans l’aile, l’insensé n’étant pas un pur accident de l’ordre social : il n’y a pas un déviant que la société n’ait généré, ou quand le ça et le moi finissent par broyer ensemble le surmoi, l’homme moderne devant nécessairement se désagréger. En résumé, le caïdisme et le djihadisme sont les deux faces d’une même pièce de monnaie, qui plus est, à partir de la même propension au dédoublement de personnalité – volontaire ou pas, l’inconscient collectif étant notre force de gravité –, où la simulation et la dissimulation coexistent en toute impunité : la drogue amène l’argent et l’argent amène les armes (cf. Les narcos français brisent l’omerta, de Frédéric Ploquin) ; tout étant finalement lié, tout étant « toléré » par nos services fiscaux – du blanchiment oblige. Avec, en sus, la livraison à domicile, pour qu’on puisse jouir, davantage encore, de notre aliénation au « Spectacle » et à ses variétés… On connaît la chanson, n’est-ce pas ? « , égalité »… et barbarité !

     

    Henri Feng

    Docteur en histoire de la philosophie