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Rechercher : Rémi Hugues. histoire & action française. Rétrospective : 2018 année Maurras

  • Abstention au premier tour des régionales : un mea culpa médiatique, c’est possible ?, par Natacha Polony.

    Le désintérêt pour une démocratie dont politiques et éditorialistes en vue ont tout fait pour qu’elle ne permette pas de changer le système ne peut pas nous étonner.
    © Hannah Assouline

    Une démocratie digne de ce nom a besoin d’une agora, rappelle Natacha Polony. Les médias devraient en être une, les réseaux sociaux auraient pu en être une autre. Encore faut-il acclimater les téléspectateurs aux débats de fond, à la contestation farouche mais argumentée, encore faut-il leur donner le goût de la démocratie, parce qu’on ne naît pas citoyen, on le devient.

    Si l’on songeait à interroger les citoyens pour savoir qui ils jugent responsable du naufrage démocratique dont ces élections régionales, avec leur abstention à 66,7 %, ne sont qu’un épisode de plus, nul doute qu’ils citeraient en bonne place « les médias ». Avec des guillemets, parce qu’il ne faut pas généraliser, et parce que chacun se considérera comme à part, faisant correctement, ou du mieux qu’il peut, son travail, et ne méritant pas l’opprobre. Mais arrêtons d’ergoter. Les médias sont aussi blâmables que les politiques quand tant de citoyens considèrent que les élections ne les concernent pas car leur résultat ne changera strictement rien à leur vie. Quiconque prétend continuer à commenter, à analyser doctement, les « rapports de force » des partis politiques, dans ce contexte, participe d’une formidable escroquerie.

    Le problème n’est pas tant, comme l’imaginent certains adeptes des vérités cachées et des manipulations de masse, que « les médias » seraient aux ordres et les journalistes soumis à « ceux qui les paient ». Rares sont les journalistes (assez facilement identifiables car peu discrets) qui font profession de servir consciemment un pouvoir. La connivence ne naît pas, le plus souvent, de la soumission – sinon de la soumission au jugement de la profession – mais de l’entre-soi. La fracture croissante entre les médias et les citoyens ne vient pas des manigances du pouvoir mais d’une mécanique aux multiples ressorts dont les plus puissants sont le conformisme et la pression imposée par des dirigeants qui réclament des rendements.

    « Média d’opinion » et petit écran

    Qui se repasse le film des dernières semaines, avec son lot de paroles politiques affligeantes et irresponsables, de polémiques absurdes ou délirantes, ou d’épisodes montés en épingle, se dit que la campagne présidentielle qui s’ouvre va nous mener de Charybde en Scylla. Encore faut-il comprendre pourquoi les médias amplifient cette dégradation de la vie publique, cette montée des haines et de l’intolérance, au lieu d’apporter un peu de raison, le sens du débat argumenté et la capacité d’identifier les véritables blocages qui expliquent la relégation des classes populaires et des classes moyennes, le chômage de masse, la désindustrialisation, la paupérisation de l’État…

    « Le dégoût des citoyens vient plus généralement de cette pléthore de débats dans lesquels ne sont sélectionnés que les plus caricaturaux. »

    Se focaliser sur CNews serait un peu trop simple, même si la chaîne a explicitement importé un modèle américain de « média d’opinion » qui, en France, n’existait que pour la presse écrite, mais certainement pas pour une chaîne dite d’information. Le dégoût des citoyens vient plus généralement de cette pléthore de débats dans lesquels ne sont sélectionnés que les plus caricaturaux (et non les plus radicaux, la nuance est de taille). Il s’agit de créer de l’opposition facilement compréhensible pour qu’il se passe quelque chose sur le plateau. D’où la nécessité de sélectionner les sujets immédiatement « clivants » : « pour ou contre l’écriture inclusive », c’est tout de même plus facile à développer qu’une réflexion sur l’assiette de l’impôt sur les multinationales ou la possibilité de relance de la production française par le jeu de la commande publique en contournant les contraintes européennes…

    Bateleurs de plateaux vs. éditorialistes

    À la décharge des rédacteurs en chef et des producteurs d’émissions, les audiences jouent les juges de paix. Il faut avoir une foi immense en l’intelligence humaine pour maintenir que l’on peut installer des débats pédagogiques sur le temps long quand Cyril Hanouna est le mètre étalon. La dérive est lointaine. Quand sont arrivées les premières émissions de divertissement, abrutissantes à souhait, pour offrir à Coca-Cola et aux autres annonceurs du « temps de cerveau humain disponible », nombreux sont ceux qui estimaient qu’on « touchait le fond ».

    Nous avons sorti les tractopelles. Et nul ne peut en vouloir à ces travailleurs fatigués qui rentrent chez eux et veulent se vider la tête. Le problème est d’avoir soumis l’ensemble des chaînes à ce modèle commercial. D’avoir peu à peu réduit les espaces non soumis à l’audience. Qui se souvient qu’un Frédéric Taddeï, avec « Ce soir (ou jamais) », proposait tous les soirs des plateaux d’universitaires, d’intellectuels et de politiques, et réunissait 600 000, 1 million, et même jusqu’à 2 millions de téléspectateurs ? Un peu trop pluraliste, au goût de certains (Patrick Cohen trouvait scandaleux qu’on y invitât ceux qui pensaient mal).

    Le désintérêt pour une démocratie dont politiques et éditorialistes en vue ont tout fait pour qu’elle ne permette pas de changer le système (2005 restera de ce point de vue la trahison par excellence) ne peut pas nous étonner. Les citoyens n’ont finalement le choix pour s’informer qu’entre les combats de catch des bateleurs de plateaux de télé et les démonstrations très doctes des éditorialistes gardiens du temple, pour qui toute remise en cause du système relève du complotisme, du populisme, ou d’un quelconque crime en « isme ». Une démocratie digne de ce nom a besoin d’une agora. Les médias devraient en être une, les réseaux sociaux auraient pu en être une autre. Encore faut-il acclimater les téléspectateurs aux débats de fond, à la contestation farouche mais argumentée, encore faut-il leur donner le goût de la démocratie, parce qu’on ne naît pas citoyen, on le devient.

     

  • En français s'il vous plaît : Que faire ?, par Jean Mon­ne­ret (écri­vain).

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    Lors de ma der­nière com­mu­ni­ca­tion sur la langue fran­çaise en per­di­tion, j’avais écrit à la der­nière ligne : que faire ?

    J’essaie de répondre ci-après.

    Le Fran­çais mêlé d’Anglais qu’utilisent les publi­ci­taires, les jour­na­listes, les éco­no­mistes et les inter­nautes com­mence à deve­nir ce que les lin­guistes appellent un pid­gin (défor­ma­tion chi­noise de busi­ness). Il s’agit d’une langue véhi­cu­laire créée par le contact de popu­la­tions ayant des langues mater­nelles dif­fé­rentes.

    7.jpgPar des emprunts som­maires des unes aux autres, se crée un basi­lecte, soit un lan­gage ultra-sim­pli­fié faci­li­tant un mini­mum de com­pré­hen­sion. Dans l’univers fran­co­phone, le sens de pid­gin serait mieux ren­du par le terme sabir.His­to­ri­que­ment par­lant, c’est le cas de le dire, le sabir est un fran­çais sim­pli­fié créé par les autoch­tones de l’Empire colo­nial, afin de com­mu­ni­quer avec les colo­ni­sa­teurs qui l’employaient en retour.

    A ce stade, il convient d’éviter d’emblée une confu­sion : le pidgin/sabir angloïde des inter­nautes, publi­cistes et tut­ti quan­ti n’a pas pour but de faci­li­ter la com­mu­ni­ca­tion avec des amé­ri­cains colo­ni­sa­teurs.

    C’est très dif­fé­rent : ce sabir a pour objec­tif de mettre en valeur ceux qui l’emploient. Il peut don­ner à croire que ces locu­teurs maî­trisent la langue de Sha­kes­peare, de Mil­ton, de Fiel­ding et de tant d’autres. (C’est loin d’être le cas et, les bar­ba­rismes sont légion dans le par­ler des inté­res­sés). Mais les gens en ques­tion, nombre d’entre eux en tout cas, se donnent ain­si l’illusion de faire par­tie d’une couche sociale supé­rieure, voire hégé­mo­nique. On l’aura com­pris, il  s’agit là d’un pur sno­bisme.

    Le terme d’esbroufe cor­res­pon­drait par­fai­te­ment ; sno­bisme étant déjà un angli­cisme. (Nour­ri, il est vrai, du latin sine nobi­li­tate). Pas­sons.

    Il y a déjà, néan­moins, une impré­gna­tion consi­dé­rable par l’Anglais du Fran­çais que parlent les jeunes géné­ra­tions. Deux voies s’ouvrent :

    a/ Les Lin­guistes connaissent ce phé­no­mène que l’on appelle la créo­li­sa­tionAu bout d’un temps indé­fi­ni, le sabir se struc­ture, adopte des formes gram­ma­ti­cales plus sophis­ti­quées et devient un créole. C’est-à-dire la langue mater­nelle de ceux qui employaient le sabir. Cette évo­lu­tion a exis­té aux Antilles et dans de nom­breux pays d’Amérique Cen­trale et en Océa­nie. Cette méta­mor­phose se constate aus­si dans les ghet­tos noirs amé­ri­cains où la langue par­lée échappe de plus en plus aux caté­go­ries non-ghet­toï­sées de la popu­la­tion amé­ri­caine.

    b/ Une autre évo­lu­tion est pos­sible :

    Deux langues peuvent s’entremêler jusqu’à en faire naître une troi­sième. Il ne s’agit plus là d’un basi­lecte ou d’un sabir mais bien d’une langue de culture, née d’un enri­chis­se­ment mutuel. 

    La longue pré­sence des Fran­çais en Ita­lie tant au Moyen-Âge qu’à l’époque contem­po­raine favo­ri­sa jadis l’émergence du Fran­co-véni­tien. (Voca­bu­laire fran­çais, syn­taxe véni­tienne). Peu de gens savent qu’en 1298, le Livre des Mer­veilles de Mar­co-Polo fut d’abord publié en cette langue Fran­co-véni­tienne. Le titre en était Le Devi­se­ment du Monde.

    Plus tard, au XIXème siècle, l’essor du mou­ve­ment natio­nal ita­lien contri­bua à dis­cré­di­ter cette langue tenue pour« hybride ». On peut le regret­ter car elle eut comme repré­sen­tants des lit­té­ra­teurs pres­ti­gieux aux com­pé­tences et aux talents affir­més. Citons ici Nico­las de Vérone ou Rus­ti­chel­lo de Pise.

    Il n’y aurait en revanche aucun incon­vé­nient à ce que dis­pa­rût le sabir anglo­phone des jeunes Fran­çais. Il ne s’agit que d’une mau­vaise herbe.

    Source : https://www.actionfrancaise.net/

  • Rendre hommage à des français représentant la diversité ? (Rapport Stora), par Michel Servion.

    Le 20 jan­vier 2021 Ben­ja­min Sto­ra, choi­si par Emma­nuel Macron remet­tait un rap­port sur les mémoires de la colo­ni­sa­tion et de la guerre d’Algérie ». Le pari était ris­qué, mêlant d’ailleurs colo­ni­sa­tion et Algé­rie (qui n’était pas une colo­nie,) tant le sujet reste pas­sion­nel. 

    De plus le rap­port devait pro­po­ser des « ini­tia­tives com­munes entre la France et l’Algérie » sur les ques­tions de mémoire.

    La limite de l’exercice était ins­crite dans la com­mande elle-même : com­mande « fran­çaise », rédac­tion « fran­çaise », le résul­tat  ne pou­vait pré­tendre (ou alors quelle pré­ten­tion « néo colo­nia­liste » !) expri­mer le point de vue algé­rien et d’ailleurs les réac­tions algé­riennes se sont révé­lées sans conces­sion. Il ne pou­vait y avoir que mécompte  car si la mémoire des Fran­çais  est divi­sée (les uns se sou­viennent de leur enga­ge­ment pour une France « de Dun­kerque à Taman­ras­set) et les autres de la néces­si­té de sou­te­nir un peuple en lutte » la doxa algé­rienne, celle de L’État, la seule qui puisse s’exprimer est UINIVOQUE. Le résul­tat est que  néces­sai­re­ment le point de vue fran­çais était voué à l’écartèlement face à une vision algé­rienne mono­li­thique  et expri­mée sans nuance par le pré­sident de la banque d’Algérie qui pré­tend que la pré­ten­due « colo­ni­sa­tion » fran­çaise les Algé­riens seraient 80 millions.

    C’est sans doute en vain que M. Sto­ra aura ten­té, de main­te­nir un point de vue médian qui certes ne satis­fe­ra pas tout le monde et à coup sûr pas le FLN, dont L’État algé­rien. Mais pou­vait-on d’un tel tra­vail espé­rer plus qu’une récon­ci­lia­tion (non abou­tie en l’espèce). Mais sans doute est-il trop dif­fi­cile de récon­ci­lier à coups de bonnes inten­tions (fai­sons ce cré­dit au rap­port) les frac­tures d’une guerre idéo­lo­gique (à l’époque on par­lait bien de guerre révo­lu­tion­naire dont celle d’Algérie était emblématique).

    Avant de se récon­ci­lier avec l’autre il convient d’abord de se récon­ci­lier avec soi même. Du côté algé­rien je m’en suis entre­te­nu avec de nom­breux Algé­riens et j’ai bien com­pris que les Algé­riens avaient un besoin de récon­ci­lia­tion interne entre un peuple qui mesure sa misère et un État qui repose sur le mythe d’une guerre d’indépendance gagnée sur le tapis des idéo­lo­gies domi­nantes.

    Et côté fran­çais la récon­ci­lia­tion est tout aus­si dif­fi­cile et la récon­ci­lia­tion ne peut se faire sur des argu­ments mais bien sur une pers­pec­tive natio­nale qui récon­ci­lie ce que l’instrumentalisation idéo­lo­gique s’est com­plu à diviser.

    De tous les cha­pitres dou­lou­reux des évè­ne­ments d’Algérie celui des har­kis est sym­bo­lique d’une déchi­rure exis­ten­tielle et illus­tra­tive d’une guerre civile.

    Michel Michel* a pro­po­sé en son temps que soit votée une loi qui confie­rai à des har­kis ou à leurs conti­nua­teurs la garde du Palais de l’Élysée et don­ne­rait un sta­tut émi­nent à ceux qui illus­trent par­fai­te­ment la tra­gé­die du déchi­re­ment le plus dou­lou­reux entre le sol natal et l’appartenance natio­nale. Une loi qui certes serait sin­gu­liè­re­ment « dis­cri­mi­na­toire » mais tout acte sym­bo­lique n’est-il pas, par nature, « hors normes » ?

    *Michel Michel , socio­logue , auteur notam­ment de « cohé­rence » et du « débat royaliste ».

    Source : https://www.actionfrancaise.net/

  • Eolien en mer : Un carcan de fer et de béton sur le littoral français, par André Posokhow et Jean-Louis Remouit.

    L'éolien a représenté 6,3% de la production d'électricité en France en
    2019. 

    La contrainte politico-juridique: l'Union européenne a imposé à ses membres la construction de parcs éoliens en mer. C’est ainsi que dans le cadre de sa stratégie (ORES offshore renewable energy strategy), la Commission européenne a fixé en 2020 un objectif de 300 GW éolien offshore d’ici 2050, 25 fois plus que ce dont l'UE dispose aujourd'hui.

    6.jpgDocile et zélée, la France s’est lancée, elle aussi, dans l’éolien offshore. Le déploiement de ces parcs est adossé au décret de la Programmation Pluriannuelle de l’Energie (PPE) du 21 avril 2020. Il se fonde également sur les plans de déploiement de parcs éoliens établis par les préfectures maritimes appelés « Documents Stratégiques de Façade » ou DSF.

    Un continuum de parcs éoliens le long de nos côtes.

    Il est prévu un continuum de parcs éoliens sur l'ensemble du littoral européen grâce à l’installation de parcs de 50 à 200 éoliennes formant des rectangles de 4 ou 6 rangs, jointifs les uns des autres. Il y sera laissé, en fonction des besoins, des chenaux de 20 km de large pour permettre les communications maritimes avec la pleine mer. Selon la profondeur du fond, elles seront soit fixées soit flottantes et maintenues par des câbles ou maintenues en place à l'aide de moteurs asservis à une position GPS.

    Il est à noter que ces parcs seront positionnés entre 10 et 30 km au large des côtes et exceptionnellement plus près, c’est-à-dire dans nos eaux territoriales et qu’ils seront interdits à la navigation commerciale et de plaisance.

    Mais le gigantisme ne s'arrête pas aux éoliennes. Il est envisagé en mer du Nord, comme le mentionne un article du Figaro du 23 mars 2017 des projets d'îles artificielles qui sont destinées à couvrir les baies et golfes du littoral de manière à mutualiser les coûts de rapatriement du courant électrique produit vers la côte.

    Six projets éoliens français en mer sont en cours de développement, quatre dans la Manche (Le Tréport, Fécamp, Courseulles-sur-Mer, Saint-Brieuc) et deux sur le littoral atlantique (Saint-Nazaire, Île d’Yeu/Noirmoutier). Mais ce n’est qu’un début.

    Ainsi un rideau de fer va s’abattre sur l’ensemble de nos côtes à l’exception du littoral Marseille- Nice, de la côte Est de la Corse et au large du Touquet…. Et ce au plus grand désavantage de notre tourisme des plages, de la pêche et de la circulation maritime.

    Des opérateurs largement étrangers.

    Les constructeurs et les opérateurs sont principalement des groupes industriels nord-américains, nord-européens et asiatiques. Ils ont déjà colonisé la plus grande partie de l'éolien terrestre français (Siemens-Gamesa, Vestas etc…) et ont intérêt, à l’image des Etats Unis, à casser l'industrie française de l'énergie et EDF (Electricité de France), déjà fortement menacée par le plan Hercule.

    Les Chinois ont vocation à devenir un chef de file mondial avec par exemple le consortium CGN. Se profilent également les Japonais, les Coréens et sans doute plus tard les Indiens. On notera déja que la CGN (Chinese General Nuclear Corp), partenaire d'EDF dans Hinckley Point aurait été accusée d'espionnage par le gouvernement américain.

    Il est évident que tant les propriétaires, que les opérateurs auront un accès illimité à leurs installations et qu’ils disposeront des ressources nécessaires pour faire fonctionner d'autres dispositifs que ceux strictement nécessaires à l'exploitation du parc. Et ce d’autant plus que la taille et l’envergure démesurées des machines éoliennes maritimes leur en offriront toute latitude.

    Il faut d’ailleurs souligner que l’administration des éoliennes se fait généralement à distance par des systèmes de logiciels de gestion du type SCADA qui, avec le développement des réseaux intelligents, exposent l’industrie de l’énergie à des vulnérabilités informatiques.

    7.jpgLes usages malveillants de cette ceinture de fer.

    Cette ceinture de fer pourrait servir à deux types d’usages malveillants.

    Tout d’abord le renseignement.

    Les deux nations intéressées par le renseignement seraient, entre autres, les Etats-Unis et la Chine : les Etats-Unis pour surveiller encore plus étroitement notre territoire et protéger leur navigation naturelle dans l’Atlantique et en Méditerranée et les Chinois pour marquer ceux-ci.

    La recherche de renseignement qu’elle soit phonique, acoustique ou électromagnétique pourrait avoir deux objectifs :

    -le renseignement maritime : il s'agirait de surveiller le trafic au large à l'aide d'hydrophones, d'antennes flottantes déployées sous l'eau et d'aériens radio ou radar, le tout à l'abri de stations méteo : bref le transfert sur une foule de sites fixes : des éoliennes en mer à proximité de nos côtes, de tout ce qu'on trouvait sur des chalutiers au bon vieux temps de la guerre froide.

    -le renseignement terrestre dont le but serait de surveiller les activités portuaires, industrielles et de transport civil comme militaire.

    Des objectifs plus agressifs ?

    Il pourrait y avoir d’autres usages encore plus agressifs à partir de cette muraille géante si d’autres acteurs s’y introduisaient ou en prenaient le contrôle.

    D'une manière générale, l'éolien en mer faciliterait grâce à des moyens électroniques actifs, l’écoute de tous bâtiments et la capture de leur signature phonique en association avec leur image, leur capacité manœuvrière et logistique.

    Contre l'activité maritime en général cela pourrait être le brouillage des communications.

    Contre la France la menace pourrait être l'écoute permanente et le perfectionnement de la connaissance des moyens de communication radio notre marine et, potentiellement, le brouillage des moyens radio et des radars d'approche tant à usage maritime que terrestre.

    Des risques immenses pour la France.

    Les risques, au plan stratégique, apparaissent immenses pour la France du fait de son positionnement géographique :

    -la mise en oeuvre de menaces à l'encontre de notre activité portuaire et aéroportuaire, le même type de menaces sur les industries littorales telles la Cogema à la Hague ou l'industrie des missiles à Bordeaux. Que dire par ailleurs de celles qui pèseraient sur nos arsenaux et nos ports militaires dans ces conditions ?

    -les autres risques seraient liés aux possibilités de sabotages, de coups de main ou d'attaques exercées par des puissances secondaires ou des groupes terroristes appuyés en sous-main par des Etats, des organisations subversives en liaison avec des sociétés commerciales à partir de ce rideau de sites fixes à la vue de nos côtes.

    Conclusion.

    Nos responsables politiques et notre administration tétanisés par l’idéologie climatique doivent sortir de leur candeur ou d’une indifférence qui constituerait une forfaiture, afin de prendre conscience de ces risques considérables et d'en analyser les conséquences.

    La ceinture de fer de notre littoral risque de se transformer en un carcan mortel si d'aventure l’État ne prenait pas les choses en main en adoptant les moyens indispensables pour contrôler le déploiement et l'usage de ces moyens d'investigation et d'établir des zones de non déploiement près de sites sensibles.

    Source : http://www.economiematin.fr/

  • Emmanuel Macron, mais aussi Marine Le Pen ou Jean-Luc Mélenchon : chefs à claque, par Natacha Polony.

    L’intégration de la politique au spectacle, c’est-à-dire à la mécanique de destruction du sens et de transformation des idées politiques en marchandises consommables, est bien le fait des politiques eux-mêmes, rappelle Natacha Polony.
    © Hannah Assouline

    Si la déliquescence de notre vie publique se lit dans le geste d’un hurluberlu tout content d’exister durant quelques minutes, cette séquence vient conclure un moment politique dans lequel l’abaissement des fonctions et des institutions ne fut pas le fait des citoyens mais de leurs représentants.

    Un sentiment mêlé d’indignation et de consternation. C’est sans doute ce qu’a ressenti une majorité de Français devant le spectacle d’un crétin s’offrant son quart d’heure de célébrité en giflant le président de la République au cri bouffon de « Montjoie, Saint-Denis ! ». La preuve que les fascistes sont à nos portes, comme le prétend Jean-Luc Mélenchon pour faire oublier ses propres turpitudes ? Davantage le signe inquiétant d’une absence totale de limites chez une part croissante de nos concitoyens. C’est bien la décence commune, au sens où George Orwell entendait ce terme, l’idée spontanée chez les « gens ordinaires » qu’il est des choses qui ne se font pas, qui semble s’abîmer, faisant craindre que les conditions d’existence d’une démocratie, une communauté politique constituée d’individus autonomes et responsables, ne soient plus réunies.

    Au-delà des réprobations scandalisées d’une classe politique surjouant la responsabilité, au-delà des analyses ressassées sur les « deux corps du roi » – et, donc, la violence symbolique de cette humiliation infligée à celui qui incarne, qu’on le veuille ou non, les institutions –, le minimum serait de convenir que, si la déliquescence de notre vie publique se lit dans le geste d’un hurluberlu tout content d’exister durant quelques minutes et dans les commentaires, sur tous les réseaux sociaux, de ceux qui justifient le geste au nom de leur détestation d’Emmanuel Macron (oubliant qu’il y a une différence majeure entre la pensée et l’acte, et que c’est le franchissement de cette barrière qui est inacceptable), cette séquence vient conclure un moment politique dans lequel l’abaissement des fonctions et des institutions ne fut pas le fait des citoyens mais de leurs représentants.

    Politique-spectacle

    Une Marine Le Pen ou un Guillaume Peltier, se lançant dans le concours des propositions inconstitutionnelles et des surenchères racoleuses sur les questions de sécurité, un Jean-Luc Mélenchon qualifiant le massacre d’enfants juifs et de soldats par Mohammed Merah d’« incidents »montés en épingle pour « montrer du doigt les musulmans » puis hurlant à la menace fasciste (le fascisme commençant à la droite de LFI) contre sa personne sacrée pour noyer le poisson… Et avant cela, bien sûr, la délicieuse roulade dans la pelouse de l’Élysée de youtubeurs invités par le président pour une entreprise de communication façon « coolitude et sourires niais ».

    « Consciencieusement, ils leur ont envoyé le message que voter ne servait à rien et que les intérêts du système prévalaient sur la démocratie. »

    L’intégration de la politique au spectacle, c’est-à-dire à la mécanique de destruction du sens et de transformation des idées politiques en marchandises consommables, est bien le fait des politiques eux-mêmes, non seulement parce qu’ils ont accepté les formes les plus radicales de la communication politique – ces mots creux inventés par le marketing comme ces formes exacerbées de clientélisme qui découpent la communauté nationale en segments pour mieux flatter un public acquis –, mais surtout parce qu’ils ont accepté depuis des décennies de faire passer les dogmes préservant le modèle de dérégulation et de division mondiale du travail avant le mandat que leur fixaient leurs électeurs.

    Consciencieusement, ils leur ont envoyé le message que voter ne servait à rien et que les intérêts du système prévalaient sur la démocratie. Conséquence : des gouvernants nourrissant la rancœur et, de plus en plus, la haine, et des opposants, d’Éric Zemmour aux Insoumis, caricaturant toujours un peu plus leur propre discours pour occuper la scène médiatique et ravir leur fan-club.

    Crise démocratique

    Que Louis XIV ou Louis XV aient été vomis, leur mort saluée de « hourra ! », nous raconte la colère sourde d’un peuple excédé. Mais les parallèles pontifiants avec nos actuels présidents, sur le thème des « pulsions régicides » si typiquement françaises, oublient un détail : nous sommes censés être en démocratie, et le président est supposé n’être que l’émanation de la volonté du peuple. Que la fracture entre le peuple et les gouvernants prenne la même forme devrait réveiller les endormis quant à l’ampleur de la crise démocratique qui déstructure la France. Le sentiment, chez nombre de citoyens, d’une illégitimité des élus débouche de plus en plus sur un nihilisme qui s’abîmera dans le chaos.

    « Le sentiment, chez nombre de citoyens, d’une illégitimité des élus débouche de plus en plus sur un nihilisme qui s’abîmera dans le chaos. »

    Certes, les professeurs, les policiers, les médecins, les chauffeurs de bus, qui reçoivent menaces, injures et coups, livrés qu’ils sont à la libération des pulsions, auront peut-être du mal à admettre que la violence symbolique du gifleur de Tain-l’Hermitage alarme davantage la classe politique que ce qu’ils subissent quotidiennement. Une conséquence de plus du nombrilisme de ces élites douillettement protégées, à la fois géographiquement et socialement, de l’effondrement, dans les rapports sociaux, de toute limite.

    La vergogne, vieux mot pour dire à la fois dignité, pudeur, honneur et honte, est désormais la chose du monde la moins bien partagée. Mais les politiques, comme quiconque a accès à une parole publique, seraient bien inspirés de la cultiver s’ils ne veulent pas être emportés par le déferlement des pulsions, produit du spectacle généralisé.

    Source : https://www.marianne.net/

  • Ivan Rioufol : « La France à la merci des cités en guerre »

     

    Par Ivan Rioufol  

    « En se montrant prêt à acheter la paix civile, le pouvoir désemparé perpétue quarante ans de pleutrerie qui conduisent au séparatisme ethnico-religieux. » Mais il ne s'agit pas que d'acheter la paix civile. Il s'agit de poursuivre une politique, de servir une idéologie dont on connaît la définition. Une politique que gauche et droite ont poursuivie sans réelle discontinuité. Y compris en la personne de l'actuel et compromis candidat de la droite, François Fillon. De cette excellente chronique [Figaroxvox, 16.02], nous retiendrons surtout une phrase - la première - qui la résume en son entier : « La République n'est plus qu'un tremblement.  »  LFAR

     

    3958308008.jpgLa République n'est plus qu'un tremblement. Parce qu'elle redoute la perspective de banlieues en guerre, elle est prête à tous les apaisements, accommodements et autres mots sucrés. Lundi, le premier ministre a dit vouloir « lutter contre les discriminations », à l'issue d'un week-end d'émeutes en région parisienne. Bernard Cazeneuve a aussi reçu les organisations antiracistes, jetant le doute sur l'éthique des forces de l'ordre laissées seules face à une contre-société en ébullition. Un policier est en effet accusé d'avoir violé un Noir, Théo, 22 ans, avec sa matraque lors d'un contrôle antidrogue à Bobigny (Seine-Saint-Denis), le 2 février: une thèse réfutée par la police des polices qui a conclu à un accident. François Hollande s'est rendu au chevet de la victime. Il n'avait pas eu ce geste pour les deux policiers brûlés vifs dans leur voiture à Viry-Châtillon, le 8 octobre, par des « sauvageons » (Cazeneuve).

    En se montrant prêt, à nouveau, à acheter la paix civile, le pouvoir désemparé perpétue quarante ans de pleutrerie. Le séparatisme ethnico-religieux, en rupture avec la nation, résulte de cette inconséquence. Elle feint de croire qu'un peuple nouveau, majoritairement musulman, peut se fondre naturellement dans un vieux pays aux racines historiquement opposées. Le « vivre ensemble » est refusé par les cités ghettos. Les territoires perdus de la République ont empoché, tel un tribut, les centaines de milliards d'euros déversés depuis 1977 par la « politique de la Ville », sans se sentir solidaires de la société. Persister dans cette fuite en avant, comme le fait le gouvernement, est la pire des solutions : elle assigne les gens à leur condition d'assistés. Ceux-là voient dans l'État un coupable permanent sommé de raquer en réparation d'humiliations dont il est prêt à s'excuser platement. Les Français vont-ils encore accepter de financer ce marché de dupes ?

    La guerre civile qui vient, titre d'un récent essai de votre serviteur, est attisée par les « pacifistes » : ils refusent en effet de s'arrêter aux désordres nés d'une immigration de masse qui revendique ses différences, et au défi que pose l'islam radical dans sa conquête des banlieues laissées à elles-mêmes. Une enquête de l'Institut Montaigne (septembre 2016) a fait ressortir que 28 % de la population des cités, dont 50 % des jeunes, estiment que la loi islamique, la charia, l'emporte sur la loi française. Ces bombes urbaines sont couvées par l'État pusillanime. Non seulement il ne fait rien pour éteindre la poudrière, mais la gauche entretient le foyer en accusant les lanceurs d'alerte de « mettre de l'huile sur le feu ». Néanmoins, si les « progressistes » ont pu espérer imposer le silence sur ces thèmes, notamment en tentant de faire taire François Fillon, les voyous poussent ces sujets au premier rang dans le débat présidentiel. Les faits sont têtus.

    Poursuivre l'aplatissement devant les minorités victimisées est la voie qu'empruntent à leur tour ceux qui, de Jean-Luc Mélenchon à Emmanuel Macron en passant par Benoît Hamon, se gargarisent d'un humanisme qui rime avec clientélisme. Hamon a pris dans son équipe Salah Amokrane, signataire en 2005 d'un texte contre la France « colonial e». En Algérie, Macron a vanté « le pont vivant » qui unit les deux pays et qualifié la colonisation de « crime contre l'humanité ». Pour eux, la promotion de l'immigration extra-européenne et du multiculturalisme, cheval de Troie du djihad, sont les figures imposées par l'électorat qu'ils cajolent. Avec de telles politiques, les cités sont promises à s'asphyxier toujours davantage, sous les attendrissements de leurs protecteurs. Le « respect » que les belles âmes leur assurent cache un renoncement à imposer l'autorité publique. Ces soumis sont déjà vaincus.

    Rétablir un rapport de force

    Rien n'est plus complexe que de tenter de résorber la fracture des banlieues. L'immobilisme est la règle depuis les émeutes de 2005. Les causes sont d'abord à rechercher dans l'hypocrisie partagée par la droite et la gauche : elles ont cru que repeindre les cages d'escalier suffirait à amadouer une communauté déracinée. Mais rien n'est plus facile que l'attitude actuelle qui fait porter sur les forces de l'ordre le poids des fautes collectives. Police et gendarmerie sont perçues dans les banlieues comme des forces d'occupation étrangère. Elles sont reçues à coups de cocktails Molotov ou de tirs de mortiers. Les armes de guerre restent pour l'instant dans les caves. Les rappeurs ont aussi leurs mots qui tuent. Extraits de Face à la police, du Groupe 113 : « J'crie tout haut : “ J'baise votre nation ” (la France, NDLR)… On remballe et on leur pète leur fion » (parlant des policiers). Samedi, à Bobigny, des jeunes assaillants criaient « Allah Akbar ». Les consciences endormies et les provocations islamistes sont des dangers comparables.

    Continuer à expliquer par le seul chômage la haine antifrançaise est une paresse qui évacue le choc de cultures et ses intifadas. Outre les forces de l'ordre, les pompiers, les médecins, les enseignants, les journalistes sont devenus trop souvent des intrus dans ces enclaves. Les émeutes de quartiers « sensibles » fleurissent sur un terreau qu'ensemencent les colonisateurs. L'urgence est d'en finir avec cet angélisme qui interdit le rapport de force. L'État ne se fera jamais respecter par ceux qu'il infantilise et déconsidère. Les cités s'affirmeront toujours plus rebelles si la République ne vient pas y imposer l'ordre et la loi, quitte à en appeler à l'armée. La tolérance d'une démocratie libérale et ouverte s'arrête à la remise en cause de son modèle de civilisation. C'est pourquoi toute visibilité recherchée du dogme islamique est à ranger parmi les provocations qui méritent des réponses. L'interdiction du voile dans l'espace public est une question à poser.

    Ramper devant les menaces ?

    Les menaces belliqueuses d'une partie de la «diversité» servent d'arguments à ceux qui annoncent des guérillas en cas de victoire de François Fillon ou de Marine Le Pen, qui ont le nouveau totalitarisme en ligne de mire. Ces craintes confirment la peur qui mine une classe politique prête à ramper.

    La veulerie du show-biz

    Dans Libération, mercredi (voir mon blog): la veulerie des pétitionnaires du show-biz. Ils accablent la police, sans un mot sur ce qu'elle endure. À quand une pétition contre la lâcheté ? 

    « La gauche feint de croire qu'un peuple nouveau, majoritairement musulman, peut se fondre naturellement dans un vieux pays aux racines historiquement opposées. » 

    Ivan Rioufol           

  • Même les militants pro-migrants constatent que ce n’est plus possible !

     

    Par Dominique Monthus

    2293089609.14.jpgUn sympathique article qui dit la vérité sur certaines situations de fait évidemment intolérables. [Boulevard Voltaire, 12.02] La République française s'avère toujours plus incapable d'y porter remède et les laisse s'aggraver jusqu'à ce qu'une explosion survienne.   LFAR 

     

     

    a85f6c9b9fad047f6b095db1e7325e82.jpgSur les ravages de l’immigration en Europe, les yeux s’ouvrent les uns après les autres, les dominos tombent, et les forteresses que l’on croyait les plus inexpugnables s’effondrent. Devant la réalité des faits.

    Ainsi, la semaine dernière, dans deux pays européens, deux acteurs d’institutions ou d’associations « migrants-friendly » ont fait leur coming out pour dire différents aspects très concrets de l’impasse migratoire.

    En Allemagne, c’est une militante engagée dans l’aide aux réfugiés qui a confié à la presse polonaise et allemande l’amer savoir de son expérience au plus près des migrants musulmans. Elle s’appelle Rebecca Sommer. Pensant d’abord que « les visions médiévales des Arabes changeraient avec le temps », elle s’est rendue à l’évidence et a déclaré qu’il était « presque trop tard pour l’Allemagne ». Elle analyse le problème ainsi :

    « Les réfugiés musulmans ont grandi avec un système de valeurs complètement différent du nôtre, ont subi un lavage de cerveau religieux depuis l’enfance et n’ont aucun désir de s’adapter à la vie occidentale. »​‌

    Elle a constaté que l’aide que l’Allemagne leur a accordée était regardée avec « arrogance et mépris ». Elle affirme avoir été traitée de « stupide salope allemande ». Rebecca Sommer tire de son expérience personnelle, de ce qu’elle a vu sur le terrain, deux enseignements : d’une part, l’islam prend une importance croissante dans la culture allemande, dans les institutions et les écoles ; d’autre part, les cultures européennes, si elles veulent survivre, doivent s’affirmer et se défendre. Rebecca Sommer a, en particulier, encouragé les Polonais à rester « inflexibles » dans leur opposition à la politique de l’Union européenne :

    « Aucun peuple, ni groupe, que ce soient les Italiens, les Français, les Allemands ou les Polonais, ne pourront subsister en tant que nation, s’ils ne défendent pas de façon raisonnable leurs intérêts. »​‌

    Rebecca Sommer : un nom à retenir.

    En France, on ne compte plus les déclarations de personnalités ou d’institutions culturelles en faveur des migrants, depuis le ministre de la Culture qui, complètement irresponsable, veut leur offrir des places gratuites de ciné ou de théâtre…

    Or, la semaine dernière, la présidence de l’université Paris VIII, dont un bâtiment est occupé par une trentaine de migrants, après les avoir accueillis, découvre que ce n’est plus possible.

    D’abord, elle déplore le manque de dialogue de la part de ces migrants et de ceux qui les soutiennent. Ils perturbent le fonctionnement normal de l’université, pénalisent les étudiants et se mettent en danger. Eh oui, les universitaires découvrent que trente migrants, cela crée des problèmes d’intendance. Si cette petite expérience pouvait les aider à mieux réfléchir quand ils brasseront, dans leurs statistiques et leurs réflexions, non plus une trentaine mais des millions de migrants, qui sait, peut-être leur vision du monde, de l’Europe, de la démocratie, de la culture en sera-t-elle un peu modifiée… 

    Le communiqué de la présidence continue ainsi :

    « Si nous nous efforçons de répondre systématiquement aux demandes formulées, force est de constater que la réciproque n’existe pas ».​‌

    Tiens, des migrants fermés au dialogue… Il y est même question d’« impasse ».

    Bien sûr, elle rappelle qu’au début, elle a soutenu l’occupation « par humanité », mais déclare à présent :

    « Nous en appelons à la raison à notre tour. Tout le monde sait qu’il n’est pas dans les pouvoirs d’une présidence d’université d’obtenir des titres de séjour. »

    Un peu tard, non ?

    Cette affaire d’une présidence d’université prise à son propre piège est emblématique du problème idéologique français face à l’immigration : la raison n’arrive qu’à la fin, quand c’est le chaos, quand ce n’est plus possible.

    Cette idéologie de gauche irresponsable, tiers-mondiste par réflexe soixante-huitard et qui est toujours là, à la tête de nos institutions éducatives et culturelles, bêlante, pour appeler à l’ouverture à tous et partout, a été incapable d’inventer un humanisme de la raison et nous lègue une situation violemment déraisonnable. De deux choses l’une : qu’elle se taise enfin ou qu’elle se convertisse comme Rebecca Sommer.  

  • Vannes enfin déclarée “Zone de liberté LGBT”, par Didier Desrimais.

    Image d'illustration Unsplash

    Une décision qu’on nous présente comme historique!

    En politique, il peut être avantageux de se jeter corps et âme dans des combats sans risques…

    2.jpegAprès quelques pleurnicheries dans l’air du temps, la ville de Vannes se déclare ainsi “Zone de liberté LGBT”. Guillaume Auffret, conseiller LREM de Vannes et initiateur de la chose, est fier d’avoir grillé la politesse à des villes plus importantes : « Vannes se positionne en pointe de la lutte contre les discriminations fondées sur l’orientation sexuelle, avant Rennes, Nantes ou Brest. » Ces dernières seraient-elles encore des lieux où une homophobie décomplexée autoriserait une discrimination affichée des « personnes homosexuelles, bisexuelles, trans, queer, intersexes, asexuelles » ? Ou, plus simplement, le conseiller municipal a-t-il voulu montrer à sa hiérarchie politique qu’en matière d’opération de communication et de pêche aux voix, les représentants LREM de Vannes sont plus vifs que ceux de Nantes ou Brest ? 

    La politique n’est plus que communication

    Car il s’agit bien de cela et de rien d’autre : un coup de com. Qu’il existe des crétins homophobes en France, personne n’en doute, même s’ils se font heureusement plus rares qu’avant. Mais inventer une “Zone de liberté LGBT” à Vannes sous-entend que la France ne serait rien d’autre qu’un vaste territoire dans lequel les homosexuels seraient privés de liberté et où la bonne ville de Vannes deviendrait une sorte de refuge labellisé, estampillé “sans discriminations” et en avance sur les autres villes françaises. 

    Ne reculant devant aucune facilité, Guillaume Auffret se plie volontiers à l’exercice de l’autosatisfaction en écrivant des tweets grandiloquents et remâchés : « Grande fierté d’avoir participé à cette étape historique pour notre ville. C’est un symbole fort de tolérance d’une ville plus que jamais en phase avec son temps ! » (Tweet du 6 juillet). Cela aurait pu être écrit par Anne Hidalgo ou Éric Piolle. Et ça le sera sûrement lorsque Paris et Grenoble deviendront à leur tour des “zones de liberté LGBT” – ce qui ne saurait tarder.

    La théorie du genre matin, midi et soir

    Comme Vannes, ces villes en profiteront pour souligner leur opposition aux dernières mesures hongroises à propos desquelles il faut rappeler qu’elles ne visent pas les personnes homosexuelles mais la “promotion” de l’homosexualité et de contenus pornographiques auprès des mineurs. En France, la promotion de la théorie du genre accolée à la “lutte contre les stéréotypes” est assurée dans certains manuels scolaires, dans des livres de lecture conseillés dès 2014 aux professeurs des écoles pour les élèves des CP et CE1 par le syndicat enseignant SNUipp-FSU (Papa porte une robe et J’ai deux papas qui s’aiment), ou grâce à des associations « expertes dans l’animation de modules d’intervention sur les questions liées à l’orientation sexuelle et aux transidentités » (Site eduscol de l’Education Nationale). Cette promotion, y compris auprès des mineurs, répond aux incessantes requêtes de l’UE qui, sous la pression de lobbys puissants, contribue activement à la destruction de cette famille traditionnelle qui fait tache dans le merveilleux monde du consumérisme numérique, du divertissement, de la “fluidité” sexuelle et de l’individualisme forcené. L’UE menace d’ailleurs la Hongrie qui refuse le diktat des mouvements LGBT. La ville de Vannes ne craint rien : son geste symbolique et électoraliste la met à l’abri des foudres de Mme Ursula von der Leyen, laquelle trouve en France des alliés jusque dans les studios de la radio publique. Sur la bien-pensante France Culture, lors de son journal de 12h30 (7 juillet), le journaliste Thomas Cluzel a asséné son sentiment personnel à propos des récentes mesures hongroises : « Viktor Orban a choisi de faire de la communauté LGBT sa nouvelle cible politique. Non seulement personne n’est dupe de la procédure fallacieuse […] mais cette loi est, bien entendu une aberration culturelle et juridique dangereuse. » 

    Bien entendu, le journaliste Thomas Cluzel n’a pas demandé au militant Cluzel Thomas de plus amples explications puisque, bien entendu – et à l’inverse de Saint Thomas qui douta même de la résurrection du Christ – Saint Cluzel ne doute absolument pas de la vérité descendue du ciel bruxellois et, berger parmi les croyants européistes, n’hésite jamais à ramener les brebis égarées dans l’enclos progressiste.

    Des associatifs ramassent beaucoup d’argent

    Quimper et Vannes devenues “Zones de liberté LGBT”, les homosexuels n’y seront ni plus ni moins libres ; en revanche, les activistes LGBT savent maintenant qu’ils pourront y imposer toutes les lubies d’une association politique dont l’acronyme ne cesse de s’étendre et dont le véritable but est de renverser la réalité d’une hétérosexualité majoritaire pour la remplacer par ce relativisme fluide qui n’est que « la fiction d’une nature sans genre » échafaudée par « une poignée de pseudo-scientifiques lesbiennes des universités nord-américaines, imitées par des militants qui s’appuient sur la figure du transsexuel pour établir un modèle universel ! » (Benoît Duteurtre, Ma vie extraordinaire). 

    Les “Zones de liberté LGBT” ne changent donc fondamentalement rien, ni dans un sens ni dans l’autre, mais ça fait joli dans le tableau du progressisme ambiant. Certaines mairies mettent la main au porte-monnaie du contribuable : le conseil de Paris vient de voter à l’unanimité des subventions pour… 34 associations LGBT. Des “Centres d’archives LGBTQIA+” (sic) voient le jour un peu partout. Plus roués que leurs prédécesseurs, les activistes de ces mouvements ne se lassent plus de débusquer de nouvelles et minuscules discriminations, de dénoncer le “système hétéronormatif”, de voir dans l’urbanisme un agencement “hétéronormé” ou “genré”. Comme Alice Coffin, ils refusent « tout ce discours de la complémentarité entre les hommes et les femmes. » À Rouen, cette militante LGBT s’est vu “agresser” par des hommes qui se sont agenouillés devant elle pour lui offrir un bouquet de fleurs en lui demandant les raisons de sa misandrie. Il est grand temps que Rouen devienne à son tour une “Zone de liberté LGBT” dans laquelle les lesbiennes n’auront plus à redouter des comportements aussi abjects !

     

    Amateur de livres et de musique. Auteur de Lettre sur les chauves (éditions Ovadia, juin 2021) et de Les Gobeurs (éditions Ovadia, juin 2021).
  • Comparer la terreur talibane à ”la grande clarté du Moyen-Âge” ? Une grande stupidité...

    Comparer l'Afghanistan des Talibans et notre grandiose et magnifique Moyen-Âge, comme on le fait si facilement un peu partout, en ce moment, c'est tout simplement une stupidité désolante. Une insanité...

    Notre Moyen-Age chrétien c'est l'amour courtois et les Troubadours, les enluminures et les débuts de la peinture, la chevalerie, les cathédrales, les Universités et bien d'autres grandes choses encore, bien loin de tous ces "rétrogrades", "primitifs" et "obscurantistes" effrayants que sont ces barbus sales et laids, qui font "peur" et provoquent, instinctivement, un sentiment de recul, de rejet, de dégoût...

    Afin d'alimenter le débat, et nourrir la réflexion, nous redonnons ci-après notre Grands Textes 44, constitué de l' "Avant-dire" et de l' "Avant Partir" du merveilleux ouvrage de Gustave Cohen, La grande clarté du Moyen-Âge...: 

    GRANDS TEXTES (44) : La grande clarté du Moyen-Âge, par Gustave Cohen

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    Historien médiéviste, Gustave Cohen est né à Saint-Josse-ten-Noode le 24 décembre 1879 et mort à Paris le 10 juin 1958

    En octobre 1912, il est nommé professeur au tout nouveau département de français de l'Université d'Amsterdam, mais en 1914, il quitte ses étudiants pour faire la guerre.

    À partir de la fin de la guerre, Cohen occupe des postes à l'Université de Strasbourg et à la Sorbonne. Il crée le groupe théâtral Les Théophiliens (nommé ainsi après la représentation du Miracle de Théophile de Rutebeuf en mai 1933, salle Louis Liard à la Sorbonne) dont René Clermont a été metteur en scène. C'est également en 1933 qu'il fonde, à Amsterdam, la Maison Descartes.

    À l'Institut français se trouve un buste pour honorer son fondateur.

    En exil aux États-Unis pendant la seconde Guerre Mondiale, époque durant laquelle il rédige et publie La grande clarté du Moyen-Âge, Cohen y fonde, avec l'historien de l'art Henri Focillon l'École libre des hautes études (New York) et il anime les entretiens de Pontigny à Mount Holyoke College.

    D'origine juive, il se convertit au catholicisme à 64 ans.

     

     Voici l'Avant dire et l'Avant partir de son magnifique "La grande clarté du Moyen-Âge" :

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    Avant-dire

    Ce jour d'hui, premier juillet 1940, dans l'affreux malheur de la patrie écrasée et déchirée, foulée aux pieds par l'envahisseur barbare, je voudrais commencer ce livre à l'honneur de la France qui ne peut pas mourir.

    L'affliction du présent nous invite à chercher un refuge dans un passé lointain dont les deuils, les ruines, les misères et les tristesses se sont effacées dans la nuit des temps et dont ne survivent que les gloires, non point les gloires militaires, car rien n'est plus fragile, mais gloires littéraires, artistiques et philosophiques, qui seules sont éternelles.

    C'est dans une 10 juin,chartres,sacré coeur,saint louis,terreur,convention,robespierre,directoire,oradour sur glane,division das reich,ss,nazis,montmartreguerre de croisade pour le droit, la foi, la liberté que le pays vient de succomber. Il en connut d'autres, jadis, où il succomba avec honneur dans l'essai de reprendre, d'une façon durable, à l'Infidèle, le Saint-Sépulcre, mais dont lui reste le titre impérissable d'avoir tenté l'oeuvre vaine, haute et désespérée et d'y avoir donné les meilleurs et les plus braves de ses fils.

    En allant vers le Moyen-Âge nous sommes sûrs de retrouver l'âme même de la France, en son état pur, au moment de sa Genèse, sortant, vierge, blanche et nue, du chaos du destin.

    Non pas née de rien, mais issue de l'âme gréco-romaine entée sur l'âme celtique dans le plus beau terroir sous le ciel, là où les formes sont naturellement harmonieuses, les nuages pommelés et nuancés, le sol fertile, porteur de vigne et donneur de vin, paré de la blondeur des blés ou du vert des prairies et des forêts, ni trop sec ni trop pluvieux, ni trop brûlé de chaleur ou glacé de frimas, tout en douceur, en raison et en équilibre, pour la perfection et le classicisme.

    Terre élue de la fécondation sans pullulation, de la réflexion sans âpreté, de la foi sans fanatis10 juin,chartres,sacré coeur,saint louis,terreur,convention,robespierre,directoire,oradour sur glane,division das reich,ss,nazis,montmartreme, et surtout de l'amour.

    Mais pour que ce miracle se produisît : la naissance de l'amour courtois (au XIIème siècle) et du culte de la femme, il fallait qu'à l'âme celtique, pénétrée par l'âme gréco-romaine s'alliât encore l'âme chrétienne, venue d'un plus lointain Orient, où la spiritualité autoritaire du judaïsme, et son monothéisme absolu se trempaient de la suavité de Jésus, fils de la Vierge.

    Ce n'est qu'ici que pouvait naître, se développer et s'épanouir le culte de Notre-Dame, où la religion et le dogme s'attendrissent de féminité et où l'amour humain se sublime dans l'amour divin avec lequel il arrive à se confondre. 

          

    Avant partir

    10 juin,chartres,sacré coeur,saint louis,terreur,convention,robespierre,directoire,oradour sur glane,division das reich,ss,nazis,montmartreCe livre a été commencé sous le signe du désespoir, mais pour témoigner des permanences françaises, je le termine ici deux ans après sur des paroles d'espérance et de certitude.

    La leçon du Moyen-Âge, de ses malheurs, de sa constance dans l'épreuve, de sa foi d'airain est une leçon de réconfort.

    Profitons-en.

    En le quittant évoquons une dernière fois Jeanne "la bonne Lorraine", qui sauva le royaume de France, la cathédrale qui dressa cette foi vers le ciel comme une offrande et une imploration, le mystère qui la fit résonner sur la place publique, la littérature courtoise par qui naquirent l'amour absolu et le culte de la femme.

    Les ténèbres du Moyen-Âge ne sont que celles de notre ignorance.

    Une clarté d'aurore baigne les âges lointains de notre genèse pour qui sait y porter le flambeau de la connaissance, de l'amour et de la confiance dans les destinées de la patrie.

    New-York, 18 juin 1942 

    lafautearousseau

  • Mathieu Bock-Côté : « Éloge de l'héritage »

    « La grande obsession de Terra Nova est de liquider le vieux monde, comme si nos sociétés devaient renaître en abolissant le principe de continuité ». [Palais du Louvre]

    Par Mathieu Bock-Côté 

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    Terra Nova vient de publier un rapport qui préconise une hausse massive de l'impôt sur les successions. Mais favoriser une fiscalité confiscatoire sur les héritages a sans-doute pour but et aura pour effet de sectionner les liens entre les générations et de lacérer le lien social. De cet article de Mathieu Bock-Côté [Le Figaro, 12.01] nous extrayons trois idées-force qui se rattachent directement à notre école de pensée : « Une société en guerre contre l'héritage est en lutte contre elle-même » ; « Il fallait liquider une France nostalgique de son identité passée et en faire naître une nouvelle, mieux adaptée aux appartenances hybrides, à la fluidité identitaire et à la mondialisation » ; « Un homme ne devrait plus se soucier de sa lignée ou chercher à transmettre plus qu'il n'a reçu ». LFAR

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    Terra Nova s'est fait connaître depuis 2008 à la manière d'un think-tank à l'avant-garde du progressisme.

    On lui doit d'avoir théorisé la stratégie invitant la gauche française à rassembler les différentes minorités identitaires et les élus de la mondialisation dans une nouvelle majorité politico-idéologique, censée convertir la France d'hier au génie de la société diversitaire. Les classes populaires devenues culturellement conservatrices étaient abandonnées. Il fallait liquider une France nostalgique de son identité passée et en faire naître une nouvelle, mieux adaptée aux appartenances hybrides, à la fluidité identitaire et à la mondialisation. Telle serait apparemment la loi de l'hypermodernité: rien ne devrait plus être comme avant.

    Il faut garder cela à l'esprit quand on se penche sur la nouvelle contribution du think-tank à un « grand débat » dont les termes demeurent étrangement incertains. Terra Nova vient ainsi de proposer dans un rapport une augmentation massive de l'impôt sur les successions, comme le notait Virginie Pradel le 8 janvier dans Le Figaro . Je n'entends pas ici revenir sur les aspects techniques de la proposition de Terra Nova, mais sur l'arrière-fond philosophique qui pousse les « progressistes » à favoriser une fiscalité confiscatoire en matière de succession au nom de la lutte contre les inégalités.

    Dans la perspective progressiste, un monde juste serait un monde mis à plat régulièrement, empêchant que ne se forment au fil des générations des hiérarchies toujours condamnables. On trouve ici une utopie qui sans cesse se recompose, celle d'une société capable de remettre le compteur à zéro à chaque génération, autrement dit qui parvienne à faire table rase en étendant sans cesse l'application du principe égalitaire. On comprend que la grande obsession de Terra Nova est de liquider le vieux monde, comme si nos sociétés devaient renaître en abolissant le principe de continuité.

    Faut-il le dire, c'est aussi dans cet esprit qu'on a assisté, depuis plus d'un demi-siècle, à la déconstruction progressive de l'école et de l'éducation. Selon le vocabulaire consacré, il fallait abolir la figure de l'héritier, comme si la modernité devait correspondre à une perpétuelle nuit (d'abolition) des privilèges. On connaît le résultat: plutôt que relever le niveau culturel des milieux défavorisés, c'est l'idée même de culture générale qu'on a fait exploser. Une société en guerre contre l'héritage est en lutte contre elle-même, et se prépare à se confier à des planificateurs sociaux à l'imagination hasardeuse.

    Mais c'est la nature humaine qu'on heurte ainsi. Le progressisme se laisse aller à une agression anthropologique. Il réduit le désir de transmettre à une forme d'égoïsme pathologique, lié à la persistance de valeurs familiales régressives qui rendraient l'homme étranger au bien commun. Un homme ne devrait plus se soucier de sa lignée ou chercher à transmettre plus qu'il n'a reçu. Il ne devrait plus travailler pour céder un monde meilleur à ses descendants puisqu'il contribuerait ainsi à l'injustice sociale. Pour le dire autrement, il ne devait travailler qu'à l'horizon de sa propre vie. La modernité, ici, révèle sa tentation nihiliste.

    Une véritable ascension sociale

    La transmission du monde est la condition de sa sauvegarde, et rien ne dure sans le désir de durer. Qui veut sectionner les liens entre les générations lacère en fait le lien social. Dès lors, on ne saurait œuvrer consciemment à la neutralisation programmée de la transmission familiale sans condamner la société à un double mouvement de collectivisation aliénante et d'individualisation abstraite. L'individu détaché de ses appartenances, coupé de sa communauté, éloigné de sa famille, se retrouve finalement bien seul devant une administration qui prétend mieux savoir que lui comment gérer sa vie et le voit comme un pion dans son système. Cette société planifiée quadrillant tout le réel pour éviter que quoi que ce soit ne lui échappe est au fond d'elle-même hostile aux libertés les plus fondamentales.

    La lutte contre les inégalités est essentielle et la colère révélée par les « gilets jaunes » rappelle que la réactivation de l'ascenseur social est une nécessité vitale. Le combat pour la justice sociale rappelle aux hommes qu'ils forment une communauté où chacun est appelé au bien commun et qui donne aux enfants de tous les milieux l'occasion d'une véritable ascension sociale. Nul n'est assez bête, non plus, pour croire qu'elle repose sur le seul mérite individuel, sans que ne pèsent sur elle de puissants déterminismes sociaux. Chacun doit contribuer selon ses moyens à la construction d'institutions valables pour tous.

    Mais rien de tout cela ne doit obligatoirement se penser à l'aune de l'utopie de la table rase, qui pousse la quête égalitariste à jeter à terre tout ce qui l'entrave, en créant une horizontalité morne, qui rapetisse l'homme en croyant le libérer.   

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    Les classes populaires devenues culturellement conservatrices
    Virginie Pradel le 8 janvier dans Le Figaro
    Mathieu Bock-Côté 
    Le-nouveau-regime.jpgMathieu Bock-Côté est docteur en sociologie, chargé de cours aux HEC à Montréal et chroniqueur au Journal de Montréal et à Radio-Canada. Ses travaux portent principalement sur le multiculturalisme, les mutations de la démocratie contemporaine et la question nationale québécoise. Il est l'auteur d'Exercices politiques (éd. VLB, 2013), de Fin de cycle: aux origines du malaise politique québécois (éd. Boréal, 2012) et de La dénationalisation tranquille (éd. Boréal, 2007). Ses derniers livres : Le multiculturalisme comme religion politiqueaux éditions du Cerf [2016] et le Le Nouveau Régime (Boréal, 2017). 
  • Algérie : « Si Bouteflika est réélu, ce sera l’explosion » avertit Boualem Sansal

     

    blue-wallpaper-continuing-background-wallpapers-bigest-images - Copie.jpgLes diverses réactions de Boualem Sansal à la crise algérienne sont importantes d'une part à cause de la qualité de ce grand intellectuel algérien, d'autre part à raison de sa connaissance des réalités de son pays. Ses déclarations ont été sollicitées et publiées par la grande presse française, tels Le Figaro, L'obs, L'Express, etc. Et au Maroc, particulièrement concerné, notamment par Le360. En fin d'article, on notera les terribles constats portés sur la situation singulièrement exposée de la France et sur son pitoyable état politique et moral. Pas de quoi rire, vraiment !  LFAR   

    Boualem Sansal, le célèbre écrivain algérien, s'est élevé dans différents médias français contre le 5e mandat que brigue Bouteflika. Au dernier jour du dépôt des candidatures, dimanche 3 mars 2019, il avertit du risque d’explosion si Bouteflika est réélu.

    « Si Bouteflika est réélu, ce sera l’explosion ». C’est ainsi que lBoualem Sansal analyse la situation dans son pays. 

    Dans une interview publiée par L’Obs, l’écrivain explique que lui-même et beaucoup de ses semblables pensaient que le régime algérien n'aurait pas été jusqu'à pousser Bouteflika à briguer un cinquième mandat. 

    hqdefault.jpg« Le 4e mandat s’achevait (si on peut appeler ça un mandat, le président l’a entièrement passé en soins dans sa résidence médicalisée de Zéralda et dans des cliniques à l’étranger). La présidentielle 2019 était dans toutes les conversations. Qui sera candidat, qui a des chances de l’emporter, que décidera l’armée, quid des islamistes, qui sera l’homme des Américains, qui est le favori de la France, etc.? », explique Boualem Sansal. 

    « Le questionnement a viré à la colère lorsque des voix autorisées ont commencé à faire circuler la nouvelle que Bouteflika le moribond allait rempiler et que l’armée le soutenait. On n’y croyait pas, le système n’oserait pas faire ça alors que le pays est au bord du gouffre », analyse l’auteur de « Poste restante : Alger. Lettre de colère et d'espoir à mes compatriotes ». 

    Le 1er mars, dans « Le Figaro » cette fois, Boualem Sansal a affirmé que les manifestations en cours en Algérie constituent « une insupportable humiliation pour le président, ses frères, son armée, sa police, ses députés, ses sénateurs, ses oligarques, ses fonctionnaires, ses milices d’appoint », observant que le pouvoir algérien « n’a pas pour habitude de se laisser impressionner par des foules qui n’ont ni canons ni missiles et qui ne brandissent ni Coran ni rien d’aussi puissant ». 

    Dans un entretien au Figaro, l’écrivain considère que le « silence » du pouvoir « a un air de veillée d’armes qui n’augure rien de bon », affirmant que jamais personne n’a manqué de respect à la « Famille révolutionnaire » sans « le payer de sa vie ». 

    « La mèche s’est allumée » lorsque Bouteflika a fait annoncer par ses missi dominici sa décision de s’accorder un cinquième mandat, rappelle Sansal qui qualifie de « réjouissant » le fait de « voir les gens sortir de leur longue et insupportable léthargie et venir, très civilement, rappeler au pouvoir qu’ils existent et qu’ils veulent vivre ». 

    L’écrivain avoue cependant que « l’inquiétude est plus forte » chez lui que « cet espoir fou qui se répand sur le pays comme au sortir d’un long cauchemar » qu’il s’efforce de ressentir. 

    « Attendons de voir dans quelle direction le vent va souffler. Ça manipule dur derrière le décor », lance-t-il en écartant toutefois que le pouvoir puisse tomber. 

    « Le pouvoir ne tombera pas. Il contrôle totalement le pays et dispose de tous les moyens, et d’abord de la détermination, pour abattre quiconque approcherait de la ligne rouge », explique-t-il. 

    Il a « beaucoup appris du printemps algérien et de la décennie noire qui a suivi, ainsi que des printemps des pays arabes », ajoute-t-il . 

    Selon Sansal, « quand le pouvoir se sentira acculé, il fera ce qu’il a toujours fait quand le peuple bouge et le déborde, il plongera l’Algérie dans le désordre et la violence et, au moment propice, quand les choses seront à point, il fera toutes sortes de bonnes concessions et de beaux cadeaux pour imposer la paix sociale ». 

    Bout-chent.jpgPour l’écrivain algérien, « si Bouteflika n’avait pas eu son AVC, le plan se serait poursuivi tout tranquillement, l’homme a du bagou, il peut vendre du vent à un avare, comme à son arrivée triomphale au pouvoir en 2000, il a en cinq secondes vendu aux gentils Européens son projet de bonheur pour tous ». 

    En réponse à une question sur les conséquences qu’une grave déstabilisation de l’Algérie est de nature à avoir sur la France, Sansal a souligné qu’ « une nouvelle déstabilisation sera terrible » sur le partenaire français. 

    « Dans l’état de fracturation sociale et politique où elle se trouve, elle pourrait éclater et sombrer », affirme-t-il en observant que « la France est à ce point piégée par l’islamisme et le politiquement correct qu’elle ne sait plus qui elle est, sur quel pied danser, quels noms donner aux choses, quelle langue parler…». 

    « Les présidents français pensaient que l’Algérie était "leur cauchemar" mais ils ne le disaient pas, ils souriaient niaisement aux uns et aux autres et les flattaient par de belles paroles, c’est-à-dire des paroles de soumission », indique-t-il.  

    Sources : Le Figaro, L'Obs, Le360 [Mohammed Boudarham - Youssef Bellarbi]

  • La justice ou la guerre

    par Louis-Joseph Delanglade 

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    « Ils vont revenir » (10 juin 2013), « Daesh intra muros » (23 septembre 2014), « Guerre totale » (14 mars 2016) : ces trois titres, extraits de la liste des articles que nous avons consacrés à l’islamo-terrorisme dans ces colonnes, sont déjà une réponse au sujet redevenu brûlant du terrorisme.

    Aujourd’hui, en effet, une échéance se précise puisque Mme Belloubet, ministre de la Justice, vient de confirmer et la prochaine sortie de prison d’une « trentaine » de jihadistes et le « rapatriement » de cent-trente individus prisonniers en Syrie. Les arguments fallacieux de M.  Castaner, ministre de l’Intérieur (« ce sont d’abord des Français avant d’être des jihadistes ») et de M. Le Drian, ministre des Affaires étrangères (« les enfants [feront l’objet d’un] traitement spécial, au cas par cas, en relation avec la Croix-Rouge internationale et sous le contrôle des autorités judiciaires françaises ») peuvent donner bonne conscience à certains mais ne tromperont que ceux qui veulent bien l’être : que ces cent-trente soient français ou pas, enfants ou adultes, ce n’est pas la question. La seule question est : comment se débarrasser de cette engeance ? 

    ee6db5c_12442-1h4gjjm.4fly.jpgLa judiciarisation du terrorisme de guerre revient, dans les faits, à privilégier l’Etat de droit, c’est-à-dire à considérer le pouvoir judiciaire supérieur au pouvoir politique. En l’occurrence, cela nous conduira à quelques aberrations insupportables. On va ainsi juger, condamner et incarcérer quelques dizaines d’individus qui rejoindront les trop nombreux terroristes surpeuplant déjà nos prisons, soutenus par des familles et un entourage communautaire fanatisés, dans l’attente d’une sortie inévitable puisque forcément programmée par notre système judiciaire. Interrogé sur Europe 1, M. Kepel, spécialiste de l'islam et du monde arabe contemporain, décrit ces « revenants » (« les durs des durs […] auréolés de gloire ») ; il reconnaît que leur retour et la succession de procès qui s’ensuivra seront mal acceptés par l’opinion publique ; il affirme d’ailleurs que ni la Justice ni l'administration pénitentiaire n’ont pris la vraie mesure du problème posé ; mais il estime en fin de compte que ce sera la moins mauvaise des solutions. Résignation.

    Tonalité différente sur France Inter, radio militante. Qu’on nous permette une citation un peu longue de M. Legrand, éditorialiste politique : «  Bien sûr, plus personne ne croit en une déradicalisation certaine des individus, bien sûr le jihadisme prolifère en prison… Mais la France se doit d’offrir (avec la rigueur de la loi) un procès équitable, même à ses pires ennemis, une fois qu’ils ne sont plus en état de nuire. Il est une évidence en perte de vitesse, en ces temps d’illibéralisme rampant : on ne défend pas la démocratie avec les armes de la tyrannie… Sinon, les jihadistes, même du fond de leur prison ou de leurs tombes, auront partiellement gagné… » (7/9, 1er février). Notre réponse : la France se doit à elle-même et ne doit rien à ses pires ennemis ; elle n’a pas pour mission de défendre la démocratie et ce n’est qu’une fois mort qu’un jihadiste cesse d’être en état de nuire.

    M. Delahousse, grand reporter à L’Obs, auteur de La chambre des coupables, propose enfin, devant caméras et micros, une approche très « gauche chrétienne » de la question. L’alternative serait simple : « la justice ou la guerre ». La guerre, cela a pu consister dans des « assassinats ciblés », option sans doute efficace mais devenue difficile voire impossible [rappelons ici les dires exactement contraires, et tout à son honneur, de M. Dumont, député LR]. En fait, « il faut militer pour que la justice trouve son chemin », aussi bien pour les « rapatriés » de Syrie que pour les milliers de radicalisés connus vivant sur notre sol. M. Delahousse ne nie certes pas que beaucoup de jihadistes sont des fanatiques irrécupérables et très dangereux. Il ne nie pas non plus que notre Etat de droit fait ce qu’il peut mais qu’il est pris de court : il y a un « trou dans la raquette» dit-il - métaphore inquiétante pour la sécurité nationale. Néanmoins, ce qui le motive, ce sont les quelques « brebis égarées ». Amen. 

    le-ministre-francais-de-l-interieur-gerard-collomb-a-decines-charpieu-pres-de-lyon-le-20-mai-2017_5884351.jpgVous ne voulez pas la guerre ? Vous l’aurez quand même car ceux d’en face la veulent, quelque forme qu’ils lui donneront (ce sont eux qui ont la main). Mieux vaudrait admettre cette évidence et accepter d’utiliser tous les moyens à disposition d’un pays en guerre. A s’y refuser, on court le risque encore plus grand de l’ouverture d’un « front intérieur ». Ce serait non seulement la guerre, mais la pire des guerres. 

  • Mathieu Bock-Côté: « Marlène Schiappa et les amalgames de la gauche mondaine »

    Par Mathieu Bock-Côté 

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    CHRONIQUE - Les propos de la secrétaire d'État sur la Manif pour tous et les terroristes islamistes traduisent l'incapacité d'une certaine gauche de débattre autrement qu'à travers le scandale moral. [Le Figaro, 22.02]. Mais Bock-Côté va plus loin lorsqu'il dénonce l'amalgame que fait la gauche mondaine entre l'islamisme radical et la tradition profonde de notre civilisation. LFAR 

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    Une violence idéologique inouïe

    Interviewée par Valeurs actuelles , la secrétaire d'État Marlène Schiappa en a profité pour s'en prendre avec une violence idéologique inouïe aux militants de la Manif pour tous, en les comparant aux islamistes, avec lesquels elle leur trouve quelques troublantes ressemblances.

    Certes, le commentaire est bête, et de ce point de vue, pas nécessairement surprenant de la part d'une ministre qui n'est pas la puissance intellectuelle dominante de son gouvernement. On pourrait aussi dire simplement qu'il est absolument odieux et fermer le dossier. Pourtant, une telle déclaration est révélatrice de ce qu'on appellera la psychologie politique de la gauche mondaine et de son incapacité quasi congénitale à penser le désaccord politique autrement qu'à la manière d'un scandale moral. Elle mérite qu'on s'y attarde.

    Essayons de reconstruire le raisonnement de Marlène Schiappa. Dans son esprit, la société française est engagée dans un mouvement d'émancipation diversitaire comme le sont les autres sociétés occidentales. Ce mouvement se concrétiserait autour de grandes réformes sociétales s'enchaînant logiquement une après l'autre, chacune appelant la suivante. Il faudrait suivre le rythme du progrès et ne jamais s'arrêter, l'humanité se purifiant ainsi de ses toxiques préjugés. Devant cela se dresserait un grand parti conservateur transculturel fédérant les retardataires de toutes les civilisations, qui se caractériserait par le refus de la différence.

    4500846_7_195f_dans-la-manif-pour-tous-dimanche-apres-midi_ef264dfcbfbef040038b4bc5e548c6fb.jpgEn d'autres mots, entre les militants de la Manif pour tous et les islamistes, la différence ne serait pas de nature, mais de degrés. Dans son esprit, la droite versaillaise et les islamistes sont les deux revers d'une même médaille. Ils convergeraient idéologiquement. Marlène Schiappa a même trouvé le moyen de rendre la Manif pour tous responsable des agressions contre les homosexuels.

    On avait entendu un semblable raisonnement après la tuerie du 12 juin 2016 à Orlando. On s'en souvient, Omar Mateen qui avait prêté serment d'allégeance à l'État islamique, avait fait 50 morts et 53 blessés dans une discothèque gay. Sans surprise, le commentariat progressiste avait entonné le chant désormais célèbre du « pas d'amalgame ». L'islamisme n'aurait non seulement rien à voir avec l'islam, il en serait même le contraire. Mais l'argument avait été poussé plus loin. Cet attentat aurait en fait été révélateur de la profonde homophobie inscrite au cœur des grandes religions monothéistes. Autrement dit, s'il fallait refuser l'amalgame entre l'islam et l'islamisme, il fallait en faire un entre l'islam, le christianisme et le judaïsme, décrétés coupables par association de ce massacre. D'ailleurs, à ce moment aussi, la Manif pour tous avait été ciblée, comme si sa position sur le mariage la conduisait automatiquement à la persécution des homosexuels et même à la volonté de les exterminer ! En d'autres mots, du conservatisme traditionnel à l'homophobie meurtrière, il n'y aurait qu'un pas ou deux à franchir.

    XVM39a2f9ae-bb27-11e7-9ef0-d3e21654415a.jpgÀ travers cela, le parti progressiste trouve une nouvelle manière de relativiser l'offensive islamiste, qu'il n'accepte de dénoncer qu'en lui trouvant quelque ressemblance avec un péril intérieur pour éviter toute forme de stigmatisation. Ainsi, on ne dénoncera l'islamisme qu'à condition de dénoncer en parallèle l'islamophobie et la tentation identitaire qui rongerait nos sociétés de l'intérieur. On ne s'inquiétera de l'antisémitisme islamiste qu'à condition de soutenir au même moment que l'antisémitisme européen demeure le principal vecteur de la haine des Juifs. Dans le même esprit, on condamnera l'infériorisation structurelle et explicite de la femme dans l'islam à condition d'ajouter que son sort ne serait guère plus enviable dans le monde occidental, l'aliénation par le niqab trouvait son équivalent dans l'aliénation par le string.

    Que l'islamisme soit ouvertement en guerre contre le monde occidental, qu'il cherche à le soumettre en misant notamment sur le terrorisme le plus meurtrier, n'est finalement plus qu'un détail auquel il ne faut pas accorder une attention exagérée.

    Revenons-y : le progressisme version Schiappa se montre manifestement incapable de penser la figure d'un adversaire politique raisonnable, qui ne serait pas un ennemi public, non plus qu'un ennemi de l'humanité. Il se montre étranger au pluralisme politique le plus élémentaire qui consiste à accepter une diversité de points de vue légitimes sur le bien commun, et plus encore, qui tolère la coexistence de plusieurs philosophies politiques s'opposant mais ne cherchant pas à s'exclure mutuellement de la cité. Dans l'esprit de Marlène Schiappa, on trouve d'un côté les gens avancés, et de l'autre côté, les retardataires, qui sont aussi des retardés. Elle a beau prétendre aimer le débat, en fait, elle préfère sermonner, quand ce n'est pas tout simplement diaboliser.    

    Mathieu Bock-Côté 
    Le-nouveau-regime.jpgMathieu Bock-Côté est docteur en sociologie, chargé de cours aux HEC à Montréal et chroniqueur au Journal de Montréal et à Radio-Canada. Ses travaux portent principalement sur le multiculturalisme, les mutations de la démocratie contemporaine et la question nationale québécoise. Il est l'auteur d'Exercices politiques (éd. VLB, 2013), de Fin de cycle: aux origines du malaise politique québécois (éd. Boréal, 2012) et de La dénationalisation tranquille (éd. Boréal, 2007). Ses derniers livres : Le multiculturalisme comme religion politiqueaux éditions du Cerf [2016] et le Le Nouveau Régime (Boréal, 2017).   
  • Mathieu Bock-Côté : « Vive la France de Luchini ! »

    Par Mathieu Bock-Côté 

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    CHRONIQUE - Qui passe par un spectacle de Luchini n'en sort pas écrasé mais au contraire avec le sentiment d'être un peu plus intelligent. C'est bien la preuve que nous sommes en compagnie d'un grand maître. [Le Figaro, 8.03]. Mais Bock-Côté va plus loin lorsqu'il dénonce « la bêtise des modernes » et plaide pour la redécouverte de la beauté. N'oublions pas qu'au fond de notre engagement politique, il y a cette motivation et cette quête. LFAR 

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    « La modernité peut abrutir l'homme, elle peut l'ensevelir sous l'insignifiance la plus toxique, mais une part de lui demeure capable d'émerveillement. »

    Fabrice Luchini est de retour au cinéma. C'est une bonne occasion de parler de lui.

    Je le confesse sans gêne: j'en suis un admirateur passionné et je tolère bien mal qu'on cherche à nuancer mon enthousiasme. Cela arrive très rarement d'ailleurs. Ceux qui n'ont pas le cœur froid aiment cette figure d'exception. Luchini rappelle que la culture ne se confond pas avec les produits engendrés par l'industrie du divertissement. Les gens qui se présentent à ses spectacles ne vont pas voir qu'un performeur, comme on le dit chez les Américains. Ils cherchent à se mettre en contact avec ce que la société contemporaine leur dérobe, c'est-à-dire la grande culture, qui a été progressivement chassée de l'espace public, au nom d'une lutte contre l'élitisme dont elle devenait l'affreux symbole. Ceux qui se présentent aux spectacles de Luchini ne sont-ils pas à la recherche d'un héritage qu'on leur a dérobé, et même du monde auquel il était associé ?

    Jean_de_La_Fontaine.jpgL'homme contemporain sent bien la sécheresse spirituelle de son époque mais, si on lui offre l'occasion de renouer avec les grandes œuvres sans que l'exercice ne soit péniblement scolaire, il peut soudainement s'animer comme un assoiffé dans le désert qui vient enfin de trouver une oasis. La modernité peut abrutir l'homme, elle peut l'ensevelir sous l'insignifiance la plus toxique, mais une part de lui demeure capable d'émerveillement, pour peu qu'on le place devant une représentation ou une autre de la beauté, et plus encore s'il s'agit de la beauté de la langue. On a beau proscrire la mélancolie et la nostalgie, en téléchargement.jpgexpliquant que rien n'était mieux avant, il n'en demeure pas moins que le sentiment de la perte hante notre temps. Arrive un jour où la chose devient intolérable même au commun des mortels. Il commence alors à chercher à tâtons. Il vient de découvrir la question du sens et devine qu'il ne trouvera pas une réponse satisfaisante en s'enfermant dans le présent.

    Il vaut la peine de méditer sur le parcours de Luchini. C'est en embrassant sans nuance son pays qu'il l'a conquis. Voilà un fils d'immigré, parti d'à peu près rien, et qui a gravi les échelons de l'ascension sociale en s'appropriant la part la plus intime et la plus universelle de la culture française. La plus intime, car la France entretient un rapport images.jpgabsolument unique à la littérature. Elle y voit une manière privilégiée d'aborder l'expérience humaine, mille fois plus riche que le savoir construit par les «sciences sociales». La France est ce pays où la littérature n'est pas qu'un divertissement sophistiqué mais une manière d'aborder l'existence. La plus universelle, car c'est ainsi que la France parle au monde. Rendu au sommet, Luchini rend à son peuple son héritage littéraire. Comme on dit platement, il démocratise un savoir essentiel, il éveille peut-être même quelques vocations littéraires. On imagine très facilement un spectateur rentrer chez lui après Poésie ? et chercher dans sa bibliothèque un grand livre qu'il regrette de ne pas avoir terminé.

    louis-ferdinand-celine-pamphlets-antisemitisme.jpgLuchini incarne la France comme patrie littéraire. Il est inimaginable ailleurs dans le monde, comme quoi les cultures ne sont pas interchangeables. La France est ce pays tout à fait singulier qui a fait de la maîtrise de la langue le plus grand des arts. Plus encore, elle a su lier ceux qui la composent par l'art de la conversation. Luchini joue avec son public. Il se moque gentiment de son inculture mais, au même moment, il lui montre que les grands textes ne sont pas inaccessibles, pour peu qu'on s'y plonge. Plus encore, il montre, sans jamais verser dans la lourdeur pédagogique, comment ces textes éclairent nos vies. C'est justement pour cela qu'il s'agit de textes classiques. Il sait incarner la part éternellement vivante des grands philippe-murray.jpgtextes. Au fil des ans, Luchini a lu devant public La Fontaine, Molière, Rimbaud, Céline, Muray, Labiche, et, dans son plus récent spectacle, il croise de nombreux auteurs pour penser notre rapport à l'argent.

    Qui passe par un spectacle de Luchini n'en sort pas écrasé mais au contraire avec le sentiment d'être un peu plus intelligent. C'est bien la preuve que nous sommes en compagnie d'un grand maître. Évidemment, à la télévision, il fait un spectacle, mais ce spectacle est admirable. Le comédien retourne à son avantage les codes 220px-Eugene_Labiche_par_Desboutin.jpgmédiatiques de l'époque. Même quand il fait le pitre, il éduque. Ce n'est pas donné à tous de délirer avec tant d'esprit. À travers cela, Luchini se permet de nommer la bêtise des Modernes en se moquant de leur instinct grégaire, qui les pousse à se rassembler en troupeau pour sentir qu'ils existent un peu. On sent bien qu'il parle un peu de nous, et pourtant, on applaudit. Comme quoi la vraie culture demeure irrésistible et sait dire aux hommes ce qu'ils doivent entendre. Luchini, plus qu'un acteur, est peut-être le dernier des moralistes.    

    Mathieu Bock-Côté 
    Le-nouveau-regime.jpgMathieu Bock-Côté est docteur en sociologie, chargé de cours aux HEC à Montréal et chroniqueur au Journal de Montréal et à Radio-Canada. Ses travaux portent principalement sur le multiculturalisme, les mutations de la démocratie contemporaine et la question nationale québécoise. Il est l'auteur d'Exercices politiques (éd. VLB, 2013), de Fin de cycle: aux origines du malaise politique québécois (éd. Boréal, 2012) et de La dénationalisation tranquille (éd. Boréal, 2007). Ses derniers livres : Le multiculturalisme comme religion politiqueaux éditions du Cerf [2016] et le Le Nouveau Régime (Boréal, 2017).   
  • ”Reconnaître l’identité de genre dans une compétition sportive entre en contradiction avec le fait de reconnaître le sex

    © OLI SCARFF / AFP 

    Marguerite Stern, créatrice des collages féministes et auteure du podcast et du livre "Héroïnes de la rue" (Michel Lafon), s'inquiète d'amendements qui pourraient prendre en compte l'identité de genre plutôt que le sexe, lors des compétitions sportives.

    8.jpgCe vendredi 19 mars, l'Assemblée nationale a adopté en première lecture une proposition de loi sur le sport proposée par LREM, laquelle est censée permettre une démocratisation de la pratique sportive. EIle propose plusieurs mesures pour lutter contre les discriminations, notamment la mise en place progressive d’une parité au sein des instances dirigeantes.

    Parmi les amendements adoptés, certains concernaient l’introduction du terme "identité de genre". Le député Raphaël Gérard s’est fendu d’un communiqué à ce sujet sur Twitter "la loi consacre en préambule l’égalité de toutes et tous dans l’accès à la pratique sportive, sans distinction en raison du sexe, de l’orientation sexuelle, de l’identité de genre, du handicap ou tout autre motif".

    En réponse aux protestations de nombreuses féministes, ce monsieur s’est permis de nous qualifier de TERF (Trans Exclusionary Radical Feminist), terme renvoyant à une insulte fréquemment utilisée par les transactivistes contre certaines féministes pour entre autres, nous menacer de viol et de mort. De mémoire, c’est bien la première fois qu’un élu de la République se permet publiquement de traiter des femmes de "TERF", et j’aimerais qu’on le retienne. Ce monsieur a également cru de bon ton de nous donner des leçons de féminisme : "Je suis assez troublé par les commentaires transphobes qui voudraient opposer les femmes entre elles." Son attitude envers les femmes est à l’image des amendements qu’il propose : sexiste.

     

    "Ces différents amendements concernant l’identité de genre sont un crachat jeté au visage des femmes" 

     

    Sous couvert de "lutte contre les discriminations", ces différents amendements concernant l’identité de genre sont un crachat jeté au visage des femmes, car si j’en comprends bien le sens, ils sous-tendent la possibilité que sur simple déclaration des individus de sexe masculin puissent participer à des compétitions sportives féminines. Reconnaître l’identité de genre dans une compétition sportive, entre en contradiction avec le fait de reconnaître le sexe, il faut choisir entre les deux. Et si jusqu’à présent c’est le sexe qui est pris en compte pour établir des catégories sportives, c’est parce que femmes et hommes ont des capacités physiques différentes.

    De la même façon que les seniors ne courent pas avec les juniors et que les personnes dites valides ne courent pas avec les personnes en situation de handicap, les femmes ne courent pas avec les hommes. Ces catégories sportives sont faites pour préserver l’égalité des chances. Elles sont importantes.

    J’entends que des personnes trans puissent ressentir un sentiment de malaise à concourir aux côtés de personnes dont elles estiment que l’identité de genre ne leur convient pas, et je pense sincèrement que c’est important de trouver une alternative qui leur convienne, mais cette alternative ne peut pas se faire aux dépens des droits des femmes. Il n’est pas question pour moi de prendre position CONTRE les personnes trans, mais plutôt POUR les femmes.

     

    "Femmes et hommes n’ont pas les mêmes corps" 

     

    Souvenons-nous que les femmes ont dû batailler pour avoir le droit de pratiquer certains sports, et la non-mixité est la garantie de pouvoir pratiquer ces sports-là sereinement et équitablement. Femmes et hommes n’ont pas les mêmes corps, et même lorsqu’un individu de sexe masculin décide de changer d’identité de genre et de prendre des hormones, ses performances sportives dépendront toujours de son sexe. Qu’il prenne des hormones ou pas, sa masse musculaire et osseuse resteront toujours plus élevées. C’est un fait scientifique : les corps des XY sont différents des corps des XX.

    Les femmes ont par exemple plus de souplesse au niveau des tendons, et les hommes plus d’explosivité. C’est pour cela que les femmes excellent en gymnastique et les hommes en course. Le record de France masculin du 200 m est détenu par Christophe Lemaitre avec 19s80 ; le record féminin par Marie-José Pérec avec 21s99. Sur cette discipline, l’écart entre femmes et hommes est toujours d’environ 2s, c’est-à-dire 20 m.

    Que se fera-t-on donc si demain Christophe Lemaitre déclare qu’il est une femme ? Les femmes seront-elles condamnées à ne jamais monter sur les podiums des 100 et 200 m féminin ? C’est une vraie question.

    À l’internationale, la question qui nous occupe s’est déjà posée, et l’expérience a montré que les conséquences de l’introduction d’individus de sexe masculin dans les compétitions féminines peuvent avoir des conséquences dramatiques. Parmi l’un des exemples les plus graves, Fallon Fox, une combattante en MMA transgenre a écrasé le crâne de sa concurrente Tamika Brents en 2014, lui infligeant une commotion cérébrale et une fracture de l’os orbital. Fallon Fox a déclaré après sur Twitter (*) : "Le crâne d’une femme a été fracturé, et l’autre non. Juste pour que vous sachiez, j’ai adoré ça. J’adore éclater les TERFS qui ont des discours transphobes insensés. C’est un bonheur! Ne soyez pas tristes ;)".

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    Nous devons être capables de faire la distinction entre la transidentité qui relève de l’intime, et que je respecte, et le transactivisme qui est une idéologie politique qui met en péril les droits des femmes de façon très concrète dès lors qu’elle trouve une application dans le réel. C’est la première fois que cette idéologie menace d’entrer dans la loi française, et nous devons y être vigilantes.

     

    "En tant que féministe radicale, je suis pour l’abolition des stéréotypes de genre" 

     

    Être une femme n’est pas une émotion, un sentiment, ou un goût prononcé pour un certain type de vêtements et un certain type de couleurs. C’est une réalité biologique. C’est ressentir dans sa chair la douleur des règles et celle du harcèlement de rue, c’est être exposée à la possibilité d’être prostituée et excisée. Les problématiques féministes sont toutes centrées autour des corps des femmes et ça n’est pas un hasard, car c’est à travers nos corps que les hommes nous oppriment depuis des millénaires.

    En tant que féministe radicale, je suis pour l’abolition des stéréotypes de genre. Je suis pour que les hommes puissent marcher en talons si ça leur chante, et pour que les femmes cessent de subir l’injonction à se maquiller et à s’épiler. Détruire ces stéréotypes, c’est s’autoriser à sortir du carcan que la société patriarcale impose aux femmes plus particulièrement, mais aux hommes aussi. Et si on s’autorise à les détruire, alors seul le sexe est une donnée valable pour définir ce qu’est une femme et ce qu’est un homme, et le terme "identité de genre" n’a rien à faire dans ce texte de loi.

    (*) Le tweet a été supprimé.

    Source : https://www.marianne.net/