UA-147560259-1

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Rechercher : Rémi Hugues. histoire & action française. Rétrospective : 2018 année Maurras

  • Société • Responsabilisation écologiste.

     

    par Jean-Philippe Chauvin

     

    arton8470-7b8cd.jpgLa cause écologiste est la grande oubliée de cette année 2016 après une COP 21 pleine de promesses et vide d'actes concrets, et elle ne jouera sans doute pas un grand rôle dans la détermination électorale de la prochaine présidentielle, surtout si Nicolas Hulot n'y participe pas et que Mme Duflot n'obtient pas (sauf manœuvre de la droite républicaine) les signatures d'élus nécessaires à toute candidature. Tout comme elle est la grande perdante de l'actuelle confrontation autour de la loi El Khomry... Bien sûr, il y a le référendum prochain du 26 juin sur le projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes, mais il ne concernera que les électeurs de Loire-Atlantique et n'aura sans doute guère d'impact sur la suite des événements, chaque camp annonçant sa décision de ne pas respecter le résultat du vote s'il ne leur est pas favorable : échec programmé de la démocratie, et pas seulement locale ! 

    Et pourtant ! Jamais la cause écologiste n'a été aussi nécessaire et les échéances aussi proches sur le plan environnemental, mais qui, dans le monde politique ou dans la société, s'en soucie ? Même les participants à « Nuit debout » ne semblent guère motivés par le sujet, certains n'ayant pas hésité à chasser de leur lieu de rassemblement le seul philosophe médiatique à se préoccuper de la cause animale et à écrire (et parler) contre le système de concentration bovine initié par la ferme des mille vaches, c'est-à-dire Alain Finkielkraut. 

    De plus, la semaine dernière, la « pénurie » de carburant a montré à l'envi combien il est illusoire de demander aux consommateurs de refréner leur voracité énergétique, ceux-ci se précipitant vers les stations d'essence pour remplir des réservoirs parfois déjà presque pleins, comme s'ils avaient peur de manquer de leur dose quotidienne de pétrole : d'ailleurs, c'est cette ruée qui semblait parfois confiner à une panique irraisonnée qui a véritablement transformé la prédiction de pénurie en... pénurie ! Le quotidien breton Ouest-France évoquait une multiplication par cinq de la consommation à la pompe dans certains endroits, preuve de cet emballement dément. 

    Sans une responsabilisation de la population, la protection et pérennisation d'un environnement naturel favorable à l'homme et à la biodiversité restera un vœu pieux, pourra dire celui qui est seulement démocrate. Mais le royaliste ira plus loin et rappellera que sans un État digne de ce nom et conscient des devoirs des sociétés et des limites de notre planète, rien ne sera possible, concrètement. Un État lui-même responsable, non seulement devant les hommes du présent mais aussi devant les générations à venir... 

    Mais cet État, qui ne doit pas être obsédé par l'immédiateté ni par quelque popularité électorale (dont on sait que, souvent, elle ne dure que le temps que vivent les roses et que fanent les promesses), ne peut être « seulement démocratique » : il lui faut cette forme monarchique qui inscrit le politique dans la durée et la continuité, et cette spécificité royale qui fait du souverain un « père » soucieux de la santé et de l'avenir de sa famille, et qui s'effacera, le jour venu, devant son héritier en lui transmettant l'héritage  préservé et, éventuellement, agrandi et embelli. C'est cet État qui, lui-même hautement responsable devant l'histoire et les familles, pourra responsabiliser autrui, citoyens comme entreprises, autant par l'exemple que par la promotion d'un modèle de société « enraciné »... 

    Le blog de Jean-Philippe Chauvin

  • 13 Novembre 1914 ... Les jeunes recrues que l'Allemagne envoie au feu chargent en chantant le Deutscland über alles ...

    5-copie-4.jpg

     

    L'inquiétude qui avait réapparu jeudi est dissipée. Voici le feu qu'il y avait sous cette fumée : nous manquions de munitions, surtout pour l'artillerie, depuis quinze jours. Les fournisseurs tiennent la dragée haute au gouvernement, le marchandent. Et puis il manque d'un certain tour à creuser les boulets qui se trouve en Amérique et qui coûte 10 millions. Les Allemands en ont profité pour opérer une poussée vigoureuse dans la forêt de l'Argonne, qui a, durant quelques jours, donné des inquiétudes pour Verdun. Tout est rétabli aujourd'hui. Au nord, les attaques allemandes viennent se briser contre les lignes des alliées. Les jeunes recrues que l'Allemagne envoie au feu chargent avec un élan de "Marie-Louise" en chantant le Deutscland über alles. Ce sont des jeunes gens, presque des enfants : ils meurent, mais quelle semence ils laisseront ! L'Allemagne, en ce moment, vit sa légende, son épopée napoléonienne. Même vaincue, même dégrisée, il restera chez elle ce qui était resté chez les "enfants du siècle" après Waterloo : la passion de la gloire, l'orgueil d'avoir vu le monde se coaliser pour abattre l'Empire allemand...

    A Saint-Sauveur, près de Compiègne, l'ennemi est resté quelques jours. C'étaient pour la plupart des gens du Rhin, assez bons hommes, qui presque tous parlaient un peu de français. Entre eux et les habitants qui étaient restés au village (quelques femmes, des vieillards), la conversation s'était établie, on s'était trouvé au même niveau. Il faut dire qu'à Saint-Sauveur on était radical-socialiste comme dans presque toutes les campagnes depuis quelques années. Aussi disait-on aux soldats allemands que la guerre est une chose affreuse qu'on ne devrait plus voir au siècle où nous sommes, et puis qu'au demeurant les Allemands s'y font tuer comme les Français... Là-dessus les Allemands de se lever, de joindre les talons et, les bras en croix, le blanc des yeux tourné au plafond, de s'écrier avec emphase : "Nous voulons mourir pour notre Kaiser." Comme avec cela ils prononçaient le mot Kaiser à l'allemande, les bonnes femmes de Saint-Sauveur n'entendaient guère et demandaient curieusement : "Qui est-ce votre Kaiser ?" Et, avec la même mimique, les soldats de reprendre : "Nôtre crand souferain, Quillaume teux !" Tout le village copie encore leur ton et leur geste et ne croit plus que les Allemands soient prêts à couper le cou à leur Empereur. Mais toute la France n'a pas vu les Prussiens : puisse-t-elle, sans subir la même épreuve, avoir la même révélation que les bonnes gens de Saint-Sauveur ! Mais la vague d'imbécilité qui commence à se former sur notre pays est effroyable. Gustave Hervé, dont La Guerre sociale se vend à cent mille exemplaires tous les jours, tandis que la guerre étrangère ravage encore cinq ou six départements, Gustave Hervé raconte que, si nous n'avons pas été prêts, c'est parce que nous sommes des Latins et que le débraillé fait partie de notre beauté morale. L'Humanité soutient que le peuple allemand est le meilleur peuple de la terre, qu'il ne faudra pas lui faire de mal, et attend que la révolution pacifiste allemande lui tombe toute rôtie dans le bec. Ernest Lavisse, professeur d'histoire en Sorbonne, rappelle à l'Allemagne que c'est la France qui a débrouillé l'écheveau germanique, oubliant qu'elle défaisait ainsi l'ouvrage de la guerre de Trente Ans et des traités de Westphalie et préparait elle-même aux Français de 1870 et de 1914 deux terribles guerres. Gabriel Séailles*, autre professeur, quitte les nuages d'un idéalisme confus pour se faire docteur en politique étrangère et découvre que la paix de l'Europe se fera sur le principe des nationalités, lequel a déjà à sa charge au moins quatre ou cinq grandes guerres, sans compter que ce principe est celui dont l'Allemagne, pour réaliser son unité, s'est réclamée. 

    Les Français ont la tête bien malade. Le bon sens national (vexatio aperit intellectum) aura la forte tâche de renverser les positions où s'obstinent par amour-propre les politiciens et les théoriciens. ♦ 

    1914-le-destin-du-monde-de-max-gallo-927903138_ML copie.jpg

     

     

     

     

      

    * Gabriel Séailles (1852-1922), professeur de philosophie à la Sorbonne, l'un des fondateurs de la Ligue des droits de l'homme.

  • Charles d’Orléans, le poète en captivité, par Jacques Trémolet de Villers.

    Charles d’Orléans prisonnier dans la tour de Londres

    British Library, MS Royal, 16 fo 73

    Charles Ier d’Orléans (1394-1465), duc d’Orléans et de Valois, était prince autant que poète. C’est pendant ses 25 ans de captivité en Angleterre qu’il a développé son œuvre poétique.
    Il est le plus contemporain des poètes anciens et celui par qui l’exquise pensée médiévale nous devient accessible. Et dont les accents, encore aujourd’hui, touchent le cœur.

    « Le temps a laissé son manteau /
    De vent de froidure et de pluie.  »

    Jacques tremolet de villers.pngLe célébrissime rondeau de Charles d’Orléans s’accorde parfaitement à ce printemps aussi lumineux dans le ciel qu’il est obscur sur la terre.
    Le poète qui chante ainsi le renouveau de la nature est un prince, cousin de roi, neveu de roi et qui sera père de roi – son fils Louis régnera sous le nom de Louis XII, dit «  le père du peuple  ». Mais cette «  fortune  » apparente cache une profonde «  malefortune  », comme il dit, car il est prisonnier. Ne pleurons pas sur notre confinement ! Quelle qu’en soit la durée vécue ou prévisible, elle n’égalera pas les vingt-cinq années que Charles d’Orléans passera en Angleterre.

    Vingt-cinq ans de confinement

    Fait prisonnier à la bataille d’Azincourt, en 1415, il ne retrouvera sa maison, son duché et les siens qu’en 1450, quand son cousin Charles VII aura reconquis son royaume. Jeanne avait reçu du Ciel la mission de le libérer. Elle en parle à ses juges et précise même qu’à sa connaissance, son roi Charles et son cousin le duc d’Orléans sont mieux traités «  temporellement  » qu’elle.

    Le 22 février 1431, dans la salle de parement du château de Rouen en présence de quarante-sept juges, Jean Beaupère, qui est venu de l’Université de Paris pour l’interroger sur ses Voix, lui pose la question : «  Que savez-vous du duc d’Orléans ?  »

    Jeanne : «  Je sais que Dieu chérit le duc d’Orléans. Et j’ai sur lui plus de révélations que sur homme vivant, excepté sur mon Roi.  » Elle y reviendra le 12 mars 1431, dans un interrogatoire non public, effectué en prison. Le juge : «  Comment auriez-vous libéré le duc d’Orléans ?  »

    Jeanne : «  J’aurais pris assez d’Anglais de deçà de la mer pour le ravoir, et si je n’eusse pas fait assez de prisonniers en deçà, j’eusse passé la mer pour le quérir par puissance en Angleterre.  » Le juge : «  Sainte Marguerite et sainte Catherine vous ont-elles dit sans conditions et absolument que vous prendriez gens suffisamment pour avoir le duc d’Orléans qui est en Angleterre ?  »

    Jeanne : «  Oui, et je le dis à mon Roi, et qu’il me laissa faire au sujet des seigneurs anglais qui étaient alors prisonniers. Si j’eusse duré trois ans sans empêchement, j’eusse délivré le duc.  » Le juge : «  Les saintes vous avaient-elles dit de passer la mer pour aller le quérir et l’amener en trois ans ?  » Jeanne : «  Il y avait terme plus bref que trois ans, et plus long que d’un an. Mais je n’en ai pas pour l’instant mémoire.  »

    Voici donc le seul poète de toute notre histoire littéraire dont nous savons, par une sainte elle aussi en prison, que d’autres saintes pensent à lui et s’inquiètent de sa libération.

    Trésor de France

    « France, jadis on te voulait nommer
    En tous pays, le trésor de noblesse.  »

    Mais ce trésor s’est perdu dans «  ton grand orgueil, glotonnie, paresse,
    Convoitise, sans justice tenir,
    Et luxure, dont as eu abondance.  »

    Mais dans sa prière, le poète a mis toute son espérance :

    « Et je, Charles, duc d’Orléans, rimer
    Voulu ces vers au temps de ma jeunesse
    Devant chacun les veuil bien advouer
    Car prisonnier les fis, je le confesse ;
    Priant à Dieu, qu’avant qu’aye vieillesse
    Le temps de paix partout puist advenir
    Comme de cœur j’en ai la desirance,
    Et que voye tous ses maux briefs finir
    Très chretien franc royaume de France !  »

    Charles d’Orléans.

  • Sur le site de l'URBVM, de la « crise » au retour du politique.

    La situation actuelle de « crise » permanente permet t-elle l’usage rationnel et efficace de la Dictature comme outil, ou la norme en vigueur n’est-elle pas en essence la cause fondamentale de cet état ?

    Errare humanum est, perseverare diabolicum

    Depuis le début de ce siècle, la notion de crise semble s’imposer comme un continuum, voir même comme un réel paradigme. Crise politique et géopolitique avec l’émergence d’une multipolarité et d’enjeux régionaux sur le contrôle des ressources stratégiques. Crise sécuritaire : avec le développement et la montée en puissance des oppositions asymétriques (terrorismes, intifada, nouvelles guerres des partisans…) Crise sanitaire, aujourd’hui avec la psychose d’un corona virus (Covid-19), le tout sur fond de crise climatique aux défis nombreux et souvent abscons. Tout ces phénomènes de « rupture » de la norme admise par les sociétés occidentales sont le signe tangible de la fin du dogmatisme économique-libéral tel que vécu et connu depuis les années 30. Néanmoins cela ne signifie pas pour autant la fin du Libéralisme…

    La notion même de crise désigne une temporalité « autre », par essence temporaire, qui peut être surmontée par différents moyens et selon différents procédés. La « crise » est une menace contre le système c’est à dire le couple de l’Ortung et de l’Ordnung. Au sein de la Démocratie (en tant que système), le moyen optimal de préserver la norme est d’y renoncer en la conservant en dehors des cadres d’application de la loi. Pour ce faire il est nécessaire de recourir à un ensemble d’outils légaux a-normaux mis en place, temporairement et dans le but de contrecarrer la menace. C’est là, le principe initial de la Dictature, et l’histoire foisonne d’exemples d’usages de ce recours.

    Cependant la Dictature, dans son acception première est inscrite au sein d’une temporalité relative à celle de la « crise ». Techniquement il s’agit d’un outil politique (et législatif) permettant la survie de la norme face à sa menace. Une fois le danger écarté il est convenu que la Dictature soit déposée pour que le paradigme normatif initial reprenne l’ascendant sur la politique et procède, si nécessaire, aux corrections utiles afin de prévenir et anticiper les crises de même nature dans un futur proche. Néanmoins, au regard de la situation actuelle, une double problématique se pose :

    La situation actuelle de « crise » permanente permet t-elle l’usage rationnel et efficace de la Dictature comme outil, ou la norme en vigueur n’est-elle pas en essence la cause fondamentale de cet état ?

    Il semble en effet intéressant de s’interroger sur le caractère consubstantiel de l’itérativité des crises survenant au sein du paradigme libéral. Ce faisant, si l’on se penche sur la nature et le type de ces crises, il apparaît qu’elles sont toutes politiques et s’opposent en praxis au dogme Libéral. Dans cette situation la mise en place d’un système de préservation de la norme d’origine reviendrait à conserver dans un temps plus long le paradigme actuel, lui-même à l’origine des « crises » connues.

    De plus ce maintien d’un système non viable, n’aurait que pour seule conséquence l’apparition d’un «état d’exception » permanent, soutenu et dirigé par une Dictature. L’engagement de tels moyens représente donc un risque double : perpétuer un système non viable et générateur de crises de par son incapacité (essentielle) à pouvoir annuler le Politique et dans un second temps, l’usage de la dictature en tant qu’outil politique représente un risque formel de négation postérieure de la norme initiale comme tend à le démontrer les nombreuses occurrences historiques de « conservation » de « l’état d’exception »…

    Deux constats s’imposent donc sur le sujet. Premièrement le système libéral en tant que négation du Politique ne peut en rien s’opposer aux différentes incarnations de ce dernier au sein de son espace propre sans avoir recours à une solution exogène et donc Politique. Deuxièmement l’occurrence des phénomènes disruptifs qui appelle à questionner le retour du paradigme Politique comme solution future, ne semble pas être, au regard de la situation et des perspectives, la solution envisagée par les détenteurs (détracteurs) de la souveraineté. On peut ici conclure sur cette citation, hélas, probante :

    La République gouverne mal mais se défend bien

  • IL FAUT LIBÉRER L'EUROPE

    par Louis-Joseph Delanglade 

    sinistra-italiana_una-nuova-proposta-il-documento_sfondo-rosso-170204 - Copie.jpg

    « Pour une renaissance de la vraie Europe, celle si variée des peuples et des nations, dont les seuls représentants sont les Etats... » 

    L’argument prétendument dirimant des européistes est que, conçue pour assurer la paix en Europe, ce qui est devenu aujourd’hui l’Union européenne a parfaitement réussi. Argument rien de moins que fallacieux.

    l_equilibre_de_la_terreur_2005_1.jpgEn effet, une Allemagne écrasée par la coalition soviéto-américaine et une France empêtrée dans ses guerres coloniales eussent été bien incapables, dans les années d’après-guerre, de se ré-affronter militairement alors même que le continent européen était tenu, voire occupé, par les deux super-puissances. C’est donc bien plutôt l’équilibre dit « de la terreur », forme moderne de la paix armée, qui a permis l’éclosion de la CECA puis du Marché commun, l’Union d’aujourd’hui n’étant en fait que le dernier avatar de cette Europe-croupion, forcément inféodée dès le début aux Etats-Unis. 

    Ces derniers ont tout naturellement, après leur victoire de 1945, continué d’imposer leur vision des choses au Vieux Continent, conformément à leur idéologie mise en oeuvre dès les traités de paix qui ont suivi la première guerre mondiale. Et cela s’est poursuivi même après la disparition de l’Union soviétique, ce que prouve la gestion du démembrement de la Yougoslavie. Aux diverses puissances qui composent de jure l’Union d’aujourd’hui, il convient donc d’ajouter les Etats-Unis, devenus de facto une sorte de puissance européenne grâce à leur force militaire et à leur influence culturelle. La première raison est évidente puisque l’Otan est à leurs ordres. M. Trump peut bien faire mine de bouder l’organisation, celle-ci reste un formidable moyen de pression sur les capitales concernées (confort sécuritaire oblige) mais aussi de profit (vente d’armes aux « alliés »).

    830x532_donald-trump-emmanuel-macron-washington-24-avril-conference-presse-commune.jpgLa seconde raison est plus subtile qui fait des Etats-Unis une « puissance douce » du fait de l’américanisation des élites européennes : la plupart de ceux qui sont aux postes de commande ou d’influence de ce côté-ci de l’Atlantique, formés si ce n’est « formatés » dans les universités d’outre-Atlantique, manifestent même inconsciemment une complaisance évidente pour les les façons d’être, de faire et de penser américaines. 

    Au regard de ces enjeux, qu’il a paru décalé le débat-brouhaha concocté par France 2 (jeudi 4) ! Du fédéralisme incantatoire d’un Lagarde au Frexit assumé d’un Asselineau on a bien eu droit à tout l’éventail des propositions. Mais les opposants les plus déterminés à l’Union, ceux qui la critiquent à  juste titre en tant que telle, semblent mal mesurer et les problèmes posés par une sortie plus ou moins sèche et l’illusion d’une réforme de l’intérieur via un groupe parlementaire important.

    capture_decran_2016-09-07_a_10.52.35.pngEt ceux qui, malgré tout, maintiennent plus ou moins leur confiance à l’Union, ne veulent pas admettre que cette Europe-là est une impasse politique car, d’essence rationaliste, il lui manque l’assentiment populaire : faite par et pour des élites coupées de l’Histoire, mais aussi dépourvue d’affect et d’imaginaire, elle « ne se souvient d'aucun passé et ne définit aucun avenir », selon l’écrivain-philosophe Régis Debray (Le Figaro, 29 mars). 

    Pour une renaissance de la vraie Europe, celle si variée des peuples et des nations, dont les seuls représentants sont les Etats, il faudra bien, à défaut de pouvoir l’amender, se débarrasser de l’Union mais aussi recouvrer une indépendance perdue il y a un siècle au profit de l’allié américain. Alors ou en même temps on pourra envisager non une copie de l’Etat fédéral américain mais bien ce qui correspondrait davantage au génie propre de l’Europe, à savoir une confédération.  

  • Société • Le consumérisme qui dégrade tout

     

    Par  Mathieu Bock-Côté

    Cette tribune de Mathieu Bock-Côté sur son blogue du Journal de Montréal [14.12] est émouvante parce qu'elle pointe la dégradation de Noël en fête consumériste que l'argent vient souiller. LFAR  

     

    501680460.5.jpg

    Noël s’en vient. Dans dix jours, on se préparera pour le réveillon.

    C’est une belle fête, peut-être la plus belle qui soit, qui nous connecte aux origines de notre civilisation. Elles nous sont rappelées par des chants populaires racontant l’histoire de l’humanité sauvée à partir d’une étable à Bethléem.

    C’est aussi la fête de douce mélancolie, quand on avance en âge, à la fois parce qu’on a le souvenir de l’enfance émerveillée, mais aussi parce qu’on voit disparaître peu à peu ceux qui, depuis toujours, étaient associés aux réjouissances familiales. 

    Noël

    Et pourtant, cette belle fête s’accompagne chaque année d’un certain malaise devant son recyclage consumériste. 

    La publicité massive, qui est une forme d’agression psychologique à temps plein contre ceux qui la subissent, en est le symptôme.

    Son message est simple à décoder : Noël ne doit pas être qu’un banquet, mais une orgie consommatrice. C’est ainsi, apparemment, que l’on comblera nos proches, qu’on leur démontrera notre amour.

    On nous dira que ce malaise est désormais convenu. Que c’est même la posture que se donnent les moralisateurs d’aujourd’hui pour faire la leçon à ceux qui savent jouir de la vie.

    N’y a-t-il pas grand bonheur à donner et recevoir ? Cela va de soi et personne n’est vraiment nostalgique des bas de Noël où on trouvait une orange et un soldat de bois.

    L’abondance n’est pas une malédiction et on ne gâchera pas son bonheur de voir le regard émerveillé d’un être aimé à qui on parvient vraiment à faire plaisir.

    Mais l’enjeu n’est pas là. Il se trouve plutôt dans la réduction du bonheur à la consommation compulsive qui nous pousse comme des automates dans les magasins comme si nous étions condamnés à nous y retrouver en troupeau.

    Souvent, on cherche moins le cadeau qui touchera le cœur qu’on décide de les accumuler, de peur de décevoir s’ils ne sont pas assez nombreux, de peur de passer soi-même pour insuffisamment généreux.

    C’est à ce moment qu’on comprend à quel point le capitalisme domine nos consciences.

    Une civilisation digne de ce nom, loin de se soumettre à l’injonction publicitaire, nous apprend à y résister.

    Voyons plus largement. Combien sont-ils à chercher à remplir leur vide existentiel en se soumettant au principe de l’achat à répétition ? Combien en sont venus à se jeter dans la consommation en espérant trouver là le sens qui manque à leur vie ?

    Donner

    Il nous faudrait réapprendre à vivre autrement. Les plaisirs de la table, de la balade, de la lecture, du silence, de la musique, du sport ne sont certainement pas gratuits : ils sont néanmoins d’une autre nature que la consommation programmée.

    Les fêtes de Noël nous ouvrent à la part la plus noble et lumineuse de l’âme humaine : le plaisir de donner, de semer le bonheur autour de soi. Il serait bien que cette part ne soit pas dénaturée par l’argent qui, mal utilisé, peut tout souiller.  

    Mathieu Bock-Côté

    Mathieu Bock-Côté est docteur en sociologie, chargé de cours aux HEC à Montréal et chroniqueur au Journal de Montréal et à Radio-Canada. Ses travaux portent principalement sur le multiculturalisme, les mutations de la démocratie contemporaine et la question nationale québécoise. Il est l'auteur d'Exercices politiques (VLB éditeur, 2013), de Fin de cycle: aux origines du malaise politique québécois (Boréal, 2012) de La dénationalisation tranquille (Boréal, 2007), de Le multiculturalisme comme religion politique (éd. du Cerf, 2016) et de Le Nouveau Régime (Boréal, 2017).

  • Société • Quand Robert Merle prédisait une dictature féministe dans « Les Hommes protégés »

     

    Par   

    LECTURE - Emilie de Lépinau a lu le roman de Robert Merle « Les hommes protégés », une dystopie où les femmes prennent le pouvoir et se vengent de siècles de domination masculine. Toute ressemblance avec des situations existantes ne saurait être que fortuite.  Il en résulte une recension savoureuse et subtile [Figarovox - 31.10] sur un sujet de société en pleine actualité.  LFAR

     

    « Ce qui me plonge dans un profond malaise, c'est le genre de grief retenu ici contre moi, un sourire, un regard, le contact d'une main, autant de crimes. Je ne m'habituerai jamais à cette contre-sexualité fanatique. » 

    L'aveu n'est pas celui d'un porc balancé par un hashtag mais la confession de Ralph Martinelli, héros des Hommes Protégés de Robert Merle. Dans ce roman paru en 1974, une encéphalite décime aux États-Unis les hommes en âge de procréer. Quelques chercheurs, nécessaires à l'avancée de la science, bénéficient d'une protection rapprochée, et sont chargés sous la bonne garde de miliciennes, de trouver un remède.

    Pris dans cette quarantaine, le docteur Martinelli, charmant chercheur, veuf et père de famille, incarne le bouc émissaire de ses laborantines, de ses supérieures et des femmes alentour qui telles des mégères de Brassens ont accumulé leur rancune patiemment et se vengent de siècles de domination masculine. Devant remplacer les hommes dans la force de l'âge disparus, dans tous les domaines et à tous les niveaux, les femmes s'organisent jusqu'à faire du gouvernement une dictature féministe.

    De la plus juste à la plus outrée, de la jouissance sans homme à l'interdiction du « Mademoiselle », leurs réactions et décisions constituent un catalogue de la lutte pour les droits des femmes les plus contemporains, à croire que l'on se passe du Robert Merle sous le manteau dans les AG des mouvements féministes.

    Le docteur Martinelli se désespère : « C'est à ne pas y croire ! Il n'a pas fallu plus de six mois pour imposer à ces femmes intelligentes la phraséologie du moment et les idées qu'elle véhicule.»

    L'homme reproducteur est le malade, il est celui à abattre. À la limite à guérir de sa virilité qui le tue, car s'il accepte la castration, il sera épargné par l'encéphalite et pourra arborer à sa boutonnière le A en lettres dorées des Ablationnistes, non pas comme marque d'infamie mais comme un blason d'honneur.

    Dans cette nouvelle société misandre, les hommes « entiers » n'ont d'autres choix que d'être protégés, alors à la merci de gardiennes vengeresses ou alors clandestins, errants, traqués par la furie légalisée.

    Libérées du joug phallocrate, les femmes n'en sont pas toutefois quittes de leur incorrigible désir de maternité, et en ces temps de grande pénurie de mâles, l'État se doit d'organiser la procréation sans père.

    Le docteur Martinelli doute : « Pense-t-on modifier une méthode qui depuis deux millions d'années a fait ses preuves ? Je me le demande car j'ai lu hier un article dans lequel je lis ces lignes stupéfiantes : l'acte sexuel devrait cesser d'être le moyen employé par la société pour renouveler la population.» Mais dans la dystopie de Robert Merle, l'État Providence est prodigue et reconvertit les prostituées touchées par un chômage massif en fonctionnaires assermentées, chargées du prélèvement obligatoire de la précieuse denrée.

    Cruelle et burlesque conséquence de l'éradication de la jeunesse masculine, les vieillards épargnés par l'épidémie sont la proie d'adolescentes harceleuses et violeuses, rendues folles de leurs désirs insatiables.

    Face aux ministres sadiques, garces moralistes, miliciennes amoureuses et autres espionnes rigides, la résistance masculine s'organise et tente de sauver le pays du totalitarisme féministe. Même outre-Atlantique, le Président français use de son influence pour ramener l'Amérique à la raison. Il s'appelle Emmanuel. Son nom finit en « on ». Il a 88 ans et a été élu par « la tradition politique la plus constante de la France, la gérontophilie ». Dommage, à quelques lettres et à une surprise politique près, la fable fût encore plus drôle.

    Dans un sursaut ontologique coupable, le docteur Martinelli ose une œillade à une collègue :

    « J'ai retrouvé le temps d'un regard la vieille complicité entre les deux sexes qui était pour moi un des bonheurs quotidiens de la vie.»  

    #NebalancezpasRobertMerle 

    Emilie de Lépinau est journaliste. Elle écrit pour Le Figaro Histoire

    Emilie Lépinau

  • Affaire Benalla : une crise de régime ?

     

    Par   

    2293089609.14.jpgSi l'affaire Benalla, en soi-même, est, comme on l'a dit, une souris qui a accouché d'une montagne - médiatico-politicienne s'entend - elle n'en atteste pas moins d'une crise de régime béante, crise systémique, non pas crise circonstancielle, crise de fond, institutionnelle, dont Maxime Tandonnet décrit ici les ressorts profonds, presque avec effroi. Et l'on y sent du désarroi [Figarovox - 23.07]. Conseiller de Nicolas Sarkozy à l'Elysée de juin 2005 à août 2011, Maxime Tandonnet sait de quoi il parle. Ce qu'il remet en cause ici, c'est le système électif appliqué à la désignation du Chef de l'Etat. Son analyse renvoie aux déclarations royalistes d'Emmanuel Macron, alors qu'il n'était que ministre de l'économie, en juillet 2015.  LFAR

     

    Tandonnet.jpg

    Nous finissons par en avoir l'habitude. En France, un président de la République est élu dans l'euphorie, nouveau sauveur providentiel attitré. Puis, dans la foulée, une assemblée nationale est élue à sa botte, parce que beaucoup de sottises font croire qu'il est essentiel de « donner une majorité au président ».

    Pendant six mois, l'enthousiasme est de règle : Unes dithyrambiques de Paris-Match, reportages qui magnifient le demi-dieu que la France s'est donné etc... Le Président se rend compte bien vite de son côté que la réalité est infiniment plus complexe que le monde virtuel qu'il a conçu pour faire rêver les Français.

    Donc, pour s'accrocher à l'image qu'il a inventée de lui-même, il communique, s'agite, gesticule devant les caméras de télévision à tout propos, lance de fausses réformes, les plus tapageuses et les moins utiles que possibles. Les présidents ne sont pas tous les mêmes, et ils le font avec plus ou moins d'habileté. Mais le syndrome de la déconnexion, du président coupé des Français, s'installe. D'ailleurs, il n'a rien d'illusoire: l'orgueil élyséen, le sentiment d'avoir accompli un prodigieux exploit et d'être devenu le « premier Français » est une sorte d'ivresse qui par définition, coupe du sens des réalités et du ressenti populaire, engendre un dangereux sentiment d'invulnérabilité et de toute-puissance factice : tout est permis, tout est possible ! Or, le peuple n'est pas complètement dupe et les sondages s'effilochent, mois après mois, dès septembre. La France d'en haut, médiatico-politique, celle qui s'exprime, commence à s'ennuyer. Alors tombe, au bout d'un an environ, l'heure de l'inévitable « scandale d'État ». Après Cahuzac et « Léonarda » vient l'affaire Benalla. Nous le savions, nous l'attendions, pas forcément de ce côté-ci mais le scandale dit d'Etat devait venir. Mon but n'est pas de réduire les responsabilités individuelles: dans les choix, dans les comportements, elles sont évidemment réelles. Mais pour autant, la perfection n'existe pas et quels que soient le président et son entourage, dans ce système qui concentre toute l'essence du pouvoir dans une image présidentielle, le scandale d'Etat est inévitable, au bout d'un an, qu'il vienne d'ici ou d'ailleurs. Mélenchon, le Pen, Hamon, ou tout autre, y compris des LR, au bout d'un an, seraient plongés dans un autre scandale d'État. Et alors, un système entièrement fondé sur l'image présidentielle s'effondre : finie la confiance, l'envie, l'enthousiasme.

    Maintenant, il faut tenir les quatre années qui viennent, malgré le rejet viscéral de la nation, dans la seule espérance d'une réélection, à la faveur du déchirement du corps électoral et du chaos politique. Et c'est ainsi que la France, dans tous les domaines (économie, emploi, social, autorité de l'État, niveau intellectuel), plonge de décennie en décennies. Par où commencer ? Par une prise de conscience de chacun d'entre nous ! Le régime politique français (pas seulement les institutions mais aussi la culture politique) est à bout de souffle et entraîne le pays comme un boulet par le fond.   

    Maxime Tandonnet           

    Ancien conseiller de Nicolas SarkozyMaxime Tandonnet décrypte chaque semaine l'exercice de l'État pour FigaroVox. Il est l'auteur de nombreux ouvrages, dont Histoire des présidents de la République, Perrin, 2013. Au coeur du Volcan, carnet de l'Élysée est paru en août 2014. Son dernier livre, Les parias de la République (Perrin) est paru en 2017. Découvrez également ses chroniques sur son blog.

  • Dénoncer « la réécriture haineuse et fausse du passé » après avoir qualifié la colonisation de « crime contre l’humanité

    « Son problème, c’est qu’il adore les déguisements : en militaire, en aviateur, etc. Il ne faudrait pas que les Français finissent par croire qu’il s’est déguisé en Président », raillait un proche du Président – désireux de rester anonyme, on le comprend un peu – dans les colonnes du Parisien, le 5 avril dernier.

    23.jpgC’est donc le blazer de Nicolas Sarkozy qu’ a sorti, dimanche soir, de sa penderie… déterminé, un poil conservateur, propre à rasséréner son électorat vieillissant et épris d’ordre qui, bien qu’habitué à avaler beaucoup de couleuvres, le soir aux infos, avec un petit whisky, peine à digérer ce qui ressemble cette fois à un boa constrictor : mieux que la chloroquine, l’indigénisme incarné par la très vertueuse et pacifique famille Traoré (en fais-je assez comme ça ?) a fait disparaître miraculeusement le Covid-19, en tout cas des écrans télé, et on peut le remercier bien bas car c’est sans doute grâce à lui, le deux poids deux mesures commençant à devenir géant, que nous pourrons nous rassembler tranquillement cet été sans devoir rendre compte du moindre château de sable ou pique-nique entre amis.

    Passons sur ces assouplissements et sur la réouverture de l’école – une rentrée le 22 juin pour une fin d’année le 4 juillet, ça laisse tout juste le temps de fermer sa trousse, vider son casier et dire au revoir à la maîtresse -, passons aussi sur son « autosatisfecit » même s’il nous irrite, pour nous intéresser au sujet brûlant. Car là, il l’a dit tout de go : « La République ne déboulonnera pas de statue. » Sur les réseaux sociaux, certains s’extasient de tant de fermeté. Mais c’est un peu la moindre des choses, non ? Encore heureux, la République ne déboulonnera pas de statue, ne taguera pas les murs, ne cassera pas les vitrines et ne criera pas (enfin, pas de cette façon) « tout le monde déteste la police » ! Mais la vraie question est surtout de savoir si elle continuera à laisser d’autres qu’elle, en capuche noire, le soir, faire tranquillement le sale boulot ? Et si, mieux que « tolérer » ces statues, elle saura enfin les faire aimer et vénérer pour rendre les petits Français fiers. Quel homme politique contemporain peut se targuer d’arriver à la cheville de Colbert ?

    Il a dénoncé, par ailleurs, « la réécriture haineuse et fausse du passé ». De la part de celui qui a qualifié, durant sa campagne électorale, le colonialisme de « crime contre l’humanité » – le premier qui voit un crime contre l’humanité faire exploser la démographie de ladite humanité prévient l’autre -, convenons que c’est un tantinet culotté.

    … À moins qu’il n’ait, finalement, endossé la cape de Batman : « Je suis oiseau : voyez mes ailes ; je suis souris : vivent les rats », plaide la chauve-souris de la fable. Et le pire est que le chiroptère est, l’espace d’une minute, sans doute sincère : villiériste en Vendée, indigéniste à Alger.

    Quoi qu’il en soit, dès le lendemain, l’impérieuse Sibeth N’Diaye a fait rentrer Sarkozy et Batman à la niche. Comme le résume France Inter« La république ne déboulonnera pas de statue… mais [elle] n’exclut pas quelques exceptions. »

    Certains conseillers du Président suggéreraient plutôt des « contre-monuments », avec « d’autres figures » de l’Histoire. Le casque de Hollande voisinera-t-il avec la perruque de Colbert ? Fera-t-on, pour Mitterrand, l’option bêtement figurative – un peu trop ringarde et « », dirait France Culture – ou missionnera-t-on un grand artiste contemporain qui, entre plug anal et vagin de la reine, pourrait bien mettre l’intéressé (c’est le problème) en une audacieuse posture où il ne sera guère reconnaissable par ses thuriféraires… et risque surtout, dans l’au-delà, de ne pas du tout lui plaire ? Les paris sont ouverts !

    Gabrielle Cluzel

     
    Ecrivain, journaliste
     
     
  • Purger les traditions religieuses au sein des Armées : voilà l’idée de quelques députés, par Michel Janva.

    Source : http://www.acbiviers-unc-dauphine.com/

    https://www.lesalonbeige.fr/

    La Mission d’information sur l’évaluation des dispositifs de lutte contre les discriminations au sein des forces armées, menée par quelques députés gauchistes de la France Insoumise, LREM, PS et Modem, vient de publier son rapport. Les militaires resteront-ils muets ? Les députés se désolent des traditions religieuses, nombreuses, au sein des armées et demandent le respect de la laïcité…

    8.pngCertaines traditions, comme les fêtes patronales (Éloi, Geneviève, Barbe, Michel, etc.), sont censées souder les soldats autour de codes, de valeurs et de symboles communs. À propos de l’opportunité de supprimer ou de laïciser ces fêtes, « il y a une réponse ministérielle, qui fait droit à ces fêtes d’armes compte tenu notamment de la réalité de l’histoire et de leur dimension culturelle. En pratique, personne n’est jamais obligé à poser un acte religieux en tant que tel », a assuré l’aumônier en chef du culte catholique. La valeur historique de ces symboles justifierait leur présence dans l’apprentissage des soldats, « à condition qu’ils soient remis dans leur contexte », ont précisé les membres du CSFM. Les rapporteurs observent que beaucoup de ces saints-patrons n’ont été « confirmés » qu’à partir des années 1980. À l’époque, il aurait peut-être été judicieux de choisir de se référer à des grandes batailles militaires ou à des anciens glorieux, plutôt qu’à des saints catholiques pour instaurer des fêtes dans les Transmissions, le Commissariat ou l’aviation légère de l’armée de terre.

    Quoi qu’il en soit, les rapporteurs estiment qu’une meilleure séparation entre les activités religieuses et les activités de cohésion doit être avant tout assurée. Par choix, l’aumônerie du culte musulman ne célèbre pas d’offices, à une exception près : en opérations extérieures, lorsque les militaires n’ont pas accès à un lieu de culte. Il s’agit d’éviter de regrouper les militaires musulmans en fonction de leur confession : « ce sont eux qui font la démarche de venir. Le but c’est d’éviter de créer une sous-communauté au sein de la communauté des forces armées, qui se réunirait autour de croyances pour les promouvoir ». Certains aumôniers du culte catholique, et surtout leurs coreligionnaires, ne prennent pas les mêmes précautions.

    Vous avez compris : les musulmans montrent le bon exemple ! Alors qu’il n’y a pas de culte en islam. Mais ce n’est pas l’ignorance qui étouffe ses députés, c’est leur christianophobie.

    Les moyens généraux sont en effet trop souvent utilisés pour envoyer des invitations à des cérémonies catholiques. Il n’est pas rare que le courriel d’invitation à la messe en l’honneur du saint-patron soit envoyé depuis la boîte courriel de l’unité ou depuis celle du commandant. Certaines activités sont organisées de telle sorte que le moment religieux revêt un caractère quasiment incontournable. S’en exonérer reviendrait à rompre l’unité du groupe. Par exemple, la journée de cohésion organisée au Mont Saint-Michel par les saint‑cyriens donne lieu à un baptême du sabre ou du casoar. Après une telle journée dont l’acmé est manifestement cette cérémonie, les rapporteurs s’interrogent sur l’envie que peut avoir un élève de s’éclipser à ce moment précis en manifestant ainsi sa différence.

    Ce mélange des genres s’est aussi manifesté à l’occasion d’un évènement tragique à l’École spéciale militaire en 2012. À la suite du décès d’un de leurs camarades, les élèves de la promotion ont été réunis pour une messe suivie d’une veillée funèbre catholique, qui a tenu lieu d’unique moment de recueillement et de cohésion. Ce choix n’était pas, en l’occurrence, guidé par la religion de leur camarade décédé, celui-ci n’étant pas catholique. Les hommages militaires sont ainsi fréquemment rendus de manière concomitante à des cérémonies religieuses.

    Comme l’a bien dit un aumônier, « l’auteur du mail au service de la communication de l’état-major n’a sans doute pas eu le sentiment de faire du prosélytisme ». Ces pratiques relèvent d’un manque de rigueur qu’il convient de corriger.

    Proposition n° 28 : publier des directives de façon à ce que les activités à caractère religieux soient plus rigoureusement séparées des activités collectives

    Proposition n° 29 : veiller à ce que les pèlerinages militaires cessent d’être financés par le ministère des Armées

    Via Présent

  • Entre Grèce et Turquie : Erdoğan et le spectre de la « guerre éternelle », par Pierre Arette.

    Source : https://www.bvoltaire.fr/

    Revoilà le bon vieux M16 ! Le 28 août dernier, mêlés aux touristes d’un ferry, des soldats grecs, en tenue camouflée, sac au dos, chapeau sur la tête et anti-virus oblige, ont débarqué sur l’île de Kastellórizo, district de Rhodes, à 3 kilomètres seulement des côtes turques. Images peu relayées de l’AFP. Pourquoi ?

    4.pngEn mer Égée, la frontière gréco-turque, ponctuée d’îles grecques, suit un parcours maritime sinueux, proche des côtes anatoliennes. Elle est le résultat d’un passé récent, douloureux, conflictuel, opposant deux identités fortes, pour l’heure irréconciliables ; et deux légitimités irréductibles, à l’appui de l’Histoire. Une fracture non réduite : la guerre de 1919-1922.

    Pour éviter toute nouvelle escalade guerrière entre les deux États, les traités de Lausanne (1923) et de Paris (1947), toujours en vigueur, ont imposé la démilitarisation d’une majorité des îles frontalières. Kastellórizo en fait partie. Mais voilà ! Erdoğan a déployé ses navires de forage et de combat dans les eaux grecques : signe hostile et contraire au droit international, selon le pouvoir grec. D’où cette « relève » de la Garde nationale en Dodécanèse, selon le site Opex360.

    Posons-nous quand même cette question : les provocations récentes du président turc, s’emparant de tous les faits d’armes du passé de son peuple, depuis la bataille de Manzikert (26 août 1071) à la prise de Constantinople (29 mai 1453), pour galvaniser les partisans d’une reconquête d’un espace vital en Méditerranée, sont-elles dépourvues de toute légitimité ?

    La Convention des Nations unies sur le droit de la mer de 1973 fixe la limite des eaux territoriales à 12 milles marins. La ne l’a pas ratifiée car son application l’enclaverait dans un espace grec ; aussi la limite concédée par la Grèce est, aujourd’hui, de 6 milles marins, les Turcs considérant que toute extension grecque constituerait un casus belli. Et de fait, depuis les années 1960, la Grèce aurait remilitarisé 16 des 23 îles égéennes dépourvues de statut militaire, dont Lemnos, Lesbos, Rhodes, Chios, Samos et Kos, au mépris des accords, selon les responsables turcs arguant de « violations » du droit international.

    Les plaies mémorielles de la guerre gréco-turque de 1919-1922 sont loin d’être refermées : combien d’atrocités, d’Oradour, commis alors de part et d’autre ? En juillet 1922, Elzéar Guiffray, délégué des Français d’Izmir, estimait à plus de 150.000 le nombre de Turcs massacrés par les forces grecques. Les Grecs eux-mêmes parlent de « Grande Catastrophe » (Μικρασιατική Καταστροφή) – parallèle sémantique à la Shoah hébraïque – pour désigner leur déroute, les massacres des leurs et l’expulsion des chrétiens d’Asie Mineure. On a parlé de « génocide » – terme controversé entre Grèce et Turquie ; l’ONU n’a pas tranché – pour désigner l’extermination de 350.000 Grecs du Pont, qui aurait été perpétrée par les Turcs. Un conflit soldé, en tout cas, par l’exil croisé de près d’un million et demi de chrétiens orthodoxes d’Anatolie et d’environ 400.000 musulmans de Grèce. Une vraie « purification ethnique ».

    Et revoici le spectre de leur guerre éternelle. La stratégie d’Erdoğan est à l’intimidation : « Ils vont comprendre, dit-il ce samedi, que la Turquie est assez forte politiquement, économiquement et militairement pour déchirer les cartes et les documents immoraux. […] Ils vont comprendre, soit par le langage de la politique et de la diplomatie, soit sur le terrain via d’amères expériences […] La Turquie et le peuple turc sont préparés à toute éventualité et à toute conséquence », relaye Le Matin.

    Le 1er septembre 1922, Mustafa Kemal exhortait ainsi les soldats turcs : « Armées, votre premier but est la Méditerranée, en avant ! » S’ensuivit la reconquête de Smyrne et de l’Anatolie. Alors que le néo-sultan, se voulant sûr de son droit, exhorte l’Union européenne à rester « impartiale » (Le Parisien), la égéenne sera au menu du sommet européen des 24 et 25 septembre prochains. Certains membres ont réclamé des sanctions…

     

    Pierre Arette

    Agriculteur
  • Plus d’immigration, c’est plus de terrorisme : un mensonge, vraiment ?, par Iris Bridier.

    Invité du « Grand Rendez-vous », dimanche 15 novembre, sur Europe 1, , le secrétaire d’État aux Affaires européennes, était interrogé, entre autres, sur la politique migratoire et le lien entre immigration et terrorisme. À ce sujet, il déclarait : « On peut se voiler la face, dire plus d’immigration = plus de terrorisme. C’est un mensonge, nous ne tomberons jamais dans cet amalgame. »

    7.pngAllez tenir ce discours si politiquement correct, Monsieur le secrétaire d’État, face aux familles de victimes de Nice dont l’assaillant venait d’être accueilli par la Croix-Rouge à Lampedusa. Seront-elles sensibles à ce souci d’éviter toute « récupération politique » ? Clément Beaune poursuit : « Ce serait une erreur factuelle de dire que c’est l’immigration qui entraîne le terrorisme. Sur 30 attentats terroristes qui ont lieu en France, ces dernières années, 22 ont été commis par des gens qui sont nés en France. »

    Il est évident que tous les immigrés ne sont pas des terroristes. Mais ce constat posé suffit-il pour assurer notre sécurité ? Les trois derniers attentats (le 25 septembre devant les anciens locaux de Charlie Hebdo, le 16 octobre contre Samuel Paty et le 29 octobre à Nice) ont été commis par des ressortissants étrangers : un Pakistanais, un Russe d’origine tchétchène et un Tunisien. Quand bien même même la majorité des attaques seraient commises par des gens nés en France, la minorité des attaques liée à l’immigration ne mérite-t-elle pas, pour autant, que l’on s’interroge quand même ? Sinon, pourquoi ce mini-sommet européen virtuel tenu, le 10 novembre, suite aux attentats en France et en ? Angela Merkel fait-elle un amalgame en précisant qu’il « est urgent et crucial de savoir qui entre et qui sort » ? , le chancelier autrichien, commet-il cette « erreur facile » en annonçant « Nous avons des milliers de combattants terroristes étrangers qui ont soit survécu aux combats en Syrie, en Irak […] et sont revenus, soit qui n’ont pas pu partir parce qu’ils ont été arrêtés. […] Ce sont des bombes à retardement » ?

    Certes, le lien entre immigration et terrorisme met à mal une partie de la classe politique contrainte de se prononcer sur ces sujets, une pince à linge sur le nez. Si bien qu’, en déplacement à la frontière franco-espagnole, le 5 novembre, annonçait prudemment : « Il ne faut en rien confondre la lutte contre l’immigration clandestine et le terrorisme, mais il nous faut regarder lucidement les liens qui existent entre ces deux phénomènes. »

    Quant aux 22 attentats commis par des « gens nés en France », sans se « voiler la face », ils sont le fait de Français, mais de Français convertis à l’islam ou d’origine étrangère et non assimilés. « Le principal corrélat de l’activité terroriste est toujours l’implication d’un pays dans un conflit armé, interne ou international », écrit Alex Nowrasteh dans une étude parue en 2019, intitulée « Do Immigrants Import Terrorism? » Outre les questions de politiques migratoires se posent donc celles, indispensables, d’assimilation à notre nation. Ce n’est pas en brandissant le mot « République » à chaque occasion que nous parviendrons à leur faire aimer notre beau pays, riche d’une culture, d’une histoire, d’un patrimoine, de traditions, de héros et de saints qui ont fait la France…

     

    Iris Bridier

    Journaliste
    Auteur
     
  • La catastrophe énergétique qui vient, par Jean-Marc Frenove.

    Le niveau des revenus et la stabilité de la société ne se maintiendront pas dans un monde à énergie décroissante.

    On a stoppé Fessenheim, qui produisait deux gigawatts électriques. Cette décision de Macron, d’une bêtise effrayante, montre la misère intellectuelle de cet homme et de ceux qui l’entourent, dans le domaine des sciences et de la technologie.

    5.jpgQue se passerait-il si les 300 passagers d’un Airbus découvraient en vol que leurs pilotes n’ont aucun diplôme de pilotage et qu’ils ne vont donc pas savoir poser l’avion ? C’est exactement la situation des Français avec le , car les équilibres énergétiques et la quantité de CO2 (gaz carbonique) ne relèvent pas du domaine des opinions mais du domaine de la science. Nous avons, en France, les meilleurs ingénieurs du monde, et nous confions le pilotage de l’énergie à des saltimbanques comme Hulot, à des béotiens, voire à une parfaite incompétente. Or, l’énergie nucléaire zéro fumée, zéro CO2, c’est l’énergie qui a fait le moins de morts dans l’Histoire de l’humanité. On peut dire que les anti-nucléaires nous ont bien bourré le crâne, mais ils mènent toute l’humanité à la catastrophe.

    Il faut prendre conscience que nous vivons dans un monde fini. Notre terre a 12.700 km de diamètre et ne grandira pas. Or, la théorie économique postule que la croissance est illimitée. Cette théorie anthropocentrée (centrée sur l’homme) dit que la production dépend du capital et du travail. Le produit intérieur brut n’a donc pas de limites. Ce postulat est repris en chœur par toutes les instances internationales européennes, onusiennes, etc., et il est complètement faux.

    Remémorons-nous la représentation de l’univers avant Copernic : on imaginait la Terre au centre de l’Univers (géocentrisme). Cette erreur fondamentale rendait impossible la compréhension et la prévision du mouvement des astres. Eh bien, la théorie économique avec laquelle nous tirons des plans depuis deux siècles est aussi fausse que la théorie de l’Univers avant Copernic.

    Elle est fausse parce que l’homme ne fournit pratiquement aucun travail au sens physique du terme, il ne fait que concevoir et conduire des machines beaucoup plus puissantes que lui.

    Ces machines fabriquent et transportent tout ce que nous consommons et elles ont un besoin absolu d’énergie : combustible ou électricité. Sans énergie, tout s’écroule et vous revenez au temps où 90 % de la population cultivait la terre à la main pour survivre. Autrement dit, le PIB, qui mesure la production, est une fonction quasi linéaire de la quantité d’énergie disponible.

    L’humanité affronte une terrible contrainte :

    D’abord l’épuisement des ressources ; la production de pétrole et de gaz a passé son pic il y a une dizaine d’années. Désormais, elle reculera sans cesse.

    De plus, il faut se passer des énergies à CO2 : le gaz, le pétrole, et le charbon.

    Le plus simple serait, déjà, de ne pas recarboner l’électricité. M. Macron l’a compris (?), qui a fermé Fessenheim, relancé quatre centrales à charbon (chacune 100.000 tonnes de CO2/jour) et commandé à l’Allemagne la construction d’une centrale à Landivisiau (40.000 tonnes de CO2/jour). Un bon pilote !

    Quelles sont les énergies sans carbone ?
    – Les éoliennes ? Elles ne produisent qu’un jour sur quatre et ont montré partout (France, Allemagne, Danemark, Espagne) leur incapacité à répondre à la demande. Les éoliennes, c’est faire croire aux nigauds qu’on protège la planète, et derrière, le charbon et le gaz fournissent les trois quarts de l’électricité.
    – Le photovoltaïque ? Très faible, il a la propriété de ne pas fournir d’énergie quand on en a le plus besoin : la nuit et l’hiver.

    La seule énergie forte, durable (1), sans fumée ni CO2, c’est le nucléaire.

    Et il va falloir doubler la puissance du système électrique pour passer aux transports sans CO2 ; on peut douter de la capacité de nos dirigeants à admettre ce changement.

    Et s’ils ne font rien, le manque d’énergie étranglera la production et provoquera des émeutes. Qui veut prendre ce pari ?

     

    (1) Aux calculs actuels, les réserves d’uranium et de thorium autoriseraient environ 1.000 ans d’énergie électrique.

     

    Jean-Marc Frenove

    Economiste et spécialiste des énergies
     
  • Deux ans après le début du hirak, le Titanic algérien fonce droit vers un iceberg politique, économique et social…, par

    En Algérie, le Hirak  débuta il y a deux ans, au mois de février 2019, en protestation contre la 5e candidature présidentielle d’Abdelaziz Bouteflika devenu impotent. Après la déposition-démission de ce dernier intervenue le 2 avril, le massif mouvement de rue se transforma en lutte totale et frontale contre le « Système ».

    bernard lugan.jpgAyant réussi à faire élire à la Présidence Abdelmadjid Tebboune, l’un des siens, ce même « Système » bénéficia ensuite d’une « divine surprise » quand la pandémie du covid19  mit un terme aux manifestations. Mais la crise politique, sociale et morale demeurait, sur fond de naufrage  économique...

    Un naufrage prémonitoirement annoncé en quelques lignes le 28 septembre 2015 par Sid-Ahmed Ghozali, ancien ministre et président-directeur général de la Sonatrach (la société nationale  des hydrocarbures) de 1966 à 1979, quand il avait déclaré au journal el Watan :

    « Je crains un effondrement. Il est inéluctable (…) Après 53 ans d’indépendance, notre société vit par la grâce d’une richesse épuisable et unique, de surcroît non créée par nous (merci à la France, ma note) l’Algérie est l’un des rares pays, sinon le seul, à se retrouver dans cette si grande et si dangereuse précarité : 99% de nos importations, y compris le blé de notre pain quotidien, sont payées par les revenus des hydrocarbures ! (…) Qui est responsable de cet état de choses ? Un pouvoir vautré dans l’économie de la rente ».
    Sid Ahmed Ghozali avait vu juste car la leçon des crises des années 1986,1990 et 1994 n’ayant pas été retenue, l’économie algérienne n’avait pas été diversifiée, le pays continuant à vivre sur la rente des seuls hydrocarbures. Voilà qui explique l’impasse actuelle  due à la fois, certes à l’effondrement conjoncturel des cours, mais, bien plus grave, à l’épuisement des réserves. D’où une baisse de la production entamée en 2008, baisse un temps camouflée par l’envolée des cours. Aujourd’hui, les gisements en activité s’épuisent et aucune découverte majeure n’a été faite susceptible de redresser le volume de la production.

    La question s’énonce  donc simplement : comme les hydrocarbures fournissent, bon an mal an, entre 95 et 98% des exportations et environ 75% des recettes budgétaires, le Titanic algérien va inéluctablement se trouver en perdition.
     
    Paralysés, et afin de détourner l’attention du Peuple, les dirigeants d’Alger abattront alors leur « joker » habituel, à savoir la dénonciation de l’ « héritage colonial ».
    Ils ont d’ailleurs commencé à le faire mardi 9 février quand M. Ammar Belhimer, porte-parole du gouvernement algérien et ministre de la communication a réclamé (lire exigé) que la France reconnaisse ses « crimes coloniaux ». Quelques jours auparavant, lors d’un entretien donné au quotidien El Massa, le même ministre avait osé parler de la France en des termes qui, en d’autres temps, auraient, au moins entraîné une réaction diplomatique: « Le criminel (lire la France) fait généralement l’impossible pour éviter d’admettre ses crimes, mais cette politique de fuite en avant ne peut pas durer ».
     
    Voilà qui en dit long sur la réponse d’Alger à la volonté d’ « apaisement des mémoires » demandée par le président Macron à ce pauvre Benjamin Stora…[1]. Traité avec des relents d’antisémitisme de « nouveau harki de la France » par la presse algérienne, ce dernier ne cesse, depuis la remise de son Rapport, de donner des gages à ses amis du FLN. Dans un entretien accordé le 7 février 2021 au site web algérien L’Expression Nationale, il a ainsi déclaré qu’il ne voyait pas d’inconvénient à la présentation d’excuses de la France à l’Algérie pour les massacres commis ».

     

    [1] Voir à ce sujet mon livre Algérie, l’histoire à l’endroit.

    1.jpg

    Source : http://bernardlugan.blogspot.com/

    2.jpg

  • Les fractures inédites de la société américaine, par Antoine de Lacoste.

    Les États-Unis n’ont jamais aussi mal porté leur nom. La américaine est fracturée de toute part, mettant en péril une unité qui avait fait sa force tout au long de sa courte histoire. Si l’on excepte la guerre de Sécession, volonté de séparation que le Nord ne pouvait tolérer car elle aurait impliqué la fin de la mystique « Destinée manifeste », aucun événement n’a jamais menacé durablement l’unité américaine.

    antoine de lacoste.jpgL’unanimité patriotique a servi de ciment à un pays qui a dominé pendant la plus grande partie du XXe siècle.

    Or, l’actualité récente révèle des lézardes révélatrices de divisions inédites et très profondes.

    Les revendications des minorités raciales ou sexuelles, une forme de terrorisme intellectuel qui ravage les , une presse tétanisée et rampante devant les injonctions haineuses des tenants d’un nouveau totalitarisme qui progresse sous couvert d’égalité sont quelques-uns des stigmates qui rongent le corps américain. En face, il y a les classes moyennes ou populaires qui n’acceptent pas de voir leur univers s’effondrer, d’autant moins que leur situation personnelle s’est grandement fragilisée.

    Le responsable de cette situation explosive est tout trouvé : Donald , bien sûr. Ce serait lui qui, par son comportement pendant quatre ans, sa haine des minorités, son agressivité et son refus de la défaite, serait le coupable du vacillement de la société américaine.

    Il n’en est rien : le mal est plus profond et plus ancien. La débridée, la désindustrialisation massive, le déclassement de millions d’Américains qui ne peuvent même plus se loger, tout cela s’accumule depuis une vingtaine d’années. Le rejet d’un interventionnisme militaire très coûteux et fondé sur des mensonges éhontés a ébranlé un peu plus la confiance de l’Américain moyen en ses dirigeants. D’autant que le résultat de ces campagnes militaires, généralement illégales, est calamiteux.

    D’autres événements ont joué un rôle dans la montée de la colère, par exemple « le dégoût de voir l’administration Obama sauver Wall Street et abandonner les gens simples à leurs faillites immobilières », comme le souligne le professeur Mitchell, cité par Le Figaro du 22 janvier. Goldman Sachs, qui avait truqué les comptes de la Grèce pour lui permettre d’entrer dans l’Europe, est en effet plus riche que jamais.

    L’élection de Trump n’est pas le point de départ de la fracture américaine mais son évidente manifestation, la révolte d’un peuple qui ne comprend plus ses dirigeants et ne veut pas voir détruire les fondements religieux et familiaux de son pays.

    En retour, les démocrates ont choisi le pire, c’est-à-dire le refus de leur défaite. Pendant quatre ans, ils ont nié la légitimité du président élu et déclenché des procédures d’impeachment qui n’avaient pas la moindre chance de réussite mais permettaient d’accréditer l’idée que le président ne devrait pas l’être. Les ont, de leur côté, coupé ses accès à l’information.

    Malgré tout cela, Trump a failli être réélu. Un improbable raz de marée de votes par correspondance l’en a empêché et ce fut l’ultime révolte de ce peuple de petits Blancs qui ne veut pas disparaître. Ultime ? Peut-être pas. Les premières nominations de Biden, très orientées voire provocatrices, ne feront que convaincre le fermier du Middle West ou l’ouvrier au de Détroit que son combat était juste.

    Les divisions américaines risquent de s’élargir encore.

    Antoine de Lacoste