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Rechercher : Rémi Hugues. histoire & action française. Rétrospective : 2018 année Maurras

  • Eté 2017 : Les souffrances du jeune Macron

     

    En deux mots.jpgAprès sa fulgurante conquête du pouvoir, balayant les caciques et les candidats du Système, les vieilles structures partisanes, ce dont personne ne s'est plaint et que nul ne regrette, en tout cas pas nous, voici déjà pour Emmanuel Macron le temps de la défiance et du déclin.

    Nul ne peut se hasarder à dire s'ils sont ou non irréversibles, sauf l'expérience des derniers mandats, où malgré d'éphémères rebonds, ils furent tels. Impitoyablement.

    Ainsi, dans notre République, Jupiter est-il voué à descendre assez vite de l'Olympe et c'est ce qui est arrivé à Macron, et été.

    Cent jours auront suffi - le temps qui fut accordé à Napoléon pour aller de Golfe-Juan à Waterloo, qui fit perdre à la France sa position de 1ère puissance européenne - pour que tombe via les sondages le verdict des Français : 60% de mécontents. Dont 20% de très mécontents. 24 points se sont vite envolés en juillet et août. C'est le sujet omniprésent de cette rentrée. Et c'est aussi, en quelque manière, la vengeance des médias, qui avaient tant fait pour son élection, et que Macron voulut, à juste titre, remettre à leur place, aussitôt qu'il l'eût obtenue.

    On a qualifié cette élection de « triomphale ». On sait bien, pourtant, qu'elle ne l'a pas été. D'abord par le trop petit nombre de voix obtenues au premier tour, puis au second, où l'abstention, comme elle le sera aux Législatives, fut considérable. Parce que, d'autre part, le vote Macron, fut, comme pour ses prédécesseurs, sans véritable adhésion. Adhésion à quoi, d'ailleurs ? Pour la plupart des gens, y compris parmi ses pairs, Macron était d'abord une énigme ; son programme était inexistant ou indéchiffrable ; sa personnalité peu connue et, de toute façon, étrange. Il n'était - il n'est toujours - pas évident que la « pensée complexe » ni le fameux « en même temps » soient à la portée, ou du goût, de la plupart des Français. Il y eut surtout, à vrai dire, une curiosité bienveillante pour ce jeune-homme dynamique et charismatique, ou même christique dans ses moments les plus intenses d'exaltation et de romantisme et qui, par surcroît, promettait un « dégagisme » des plus sympathiques. Dans le fond, pourtant, comme ses prédécesseurs [Chirac, Sarkozy, Hollande], Emmanuel Macron a d'abord été élu « contre » : contre les « extrêmes » et contre le Système, bien que, selon toute évidence, il en fût, par excellence une émanation.

    Si peu démocrates que nous soyons, du moins au sens français, nous sommes d'avis qu'on ne gouverne pas bien ni très longtemps un grand peuple comme le peuple français, sans consentement ni adhésion.

    Les deux manquent depuis longtemps aux Chefs de l'Etat successifs de la Vème République. Si monarchique que soit la mécanique des actuelles Institutions et même si elles permettent au Chef de l'Etat de se maintenir contre vents et marées le temps de son mandat et de gouverner tant bien que mal, le manque de consentement et d'adhésion à leur personne comme à leur politique, ne leur permet aucune action, aucune réforme, d'envergure.

    Ce vice institutionnel profond, ce manque d'adhésion au Régime, qu'il avait perçu et exprimé du temps qu'il était ministre, comment Emmanuel Macron y réagira-t-il, y parera-t-il, maintenant que les vents lui sont contraires ?

    Ce peut être d'abord comme par une sorte de colère, de réprobation à l'endroit des Français, ainsi qu'il les a exprimées l'autre jour à Bucarest, pestant contre ce pays qui est incorrigiblement « inréformable », ces Français qui « détestent les réformes ». C'est à dire, en l'occurrence, malencontreusement, sa politique.

    Les biographes d'Emmanuel Macron le présentent volontiers comme cet « enfant gâté », selon l'appréciation d'Attali, à qui, depuis l'enfance, rien n’est refusé, tout réussit, qui s'est habitué de longue date à l'admiration de son entourage - famille, professeurs, condisciples - à ce que rien ne résiste à son charisme, rien à sa puissance de travail et de séduction, à sa faculté de convaincre. Par intelligence et empathie. 

    Mais le peuple français est autre chose que le cercle de famille, le petit monde des grandes écoles, le cercle des poètes disparus, autre chose que les « vieux » cultivés, influents ou très fortunés qu'il aime et, selon ses amis, qu'il excelle à « draguer », tels, chacun en son temps, Michel Rocard, Jacques Attali, David de Rothschild, Paul Ricoeur, Alain Minc et quelques autres, « parrains et grands frères ».

    Mais le Kairos, qu'il aime invoquer, dont il se croit bénéficiaire, ce temps favorable, ce temps de Dieu, ce temps de « la vie opportune » selon Verlaine, qui autorise tous les espoirs et garantit le succès des entreprises les plus hardies, semble en cette fin du mois d'août avoir plus ou moins abandonné notre Rastignac un peu illuminé. Pompidou disait de De Gaulle à Peyrefitte : « Vous savez, le Général est spécial ». Et c'était en un sens fort. Mais, à maints égards - sa vie singulière, sa psychologie souvent inquiétante...- Emmanuel Macron ne l'est pas moins.

    Comment surmontera-t-il l'épreuve politique et personnelle de l'impopularité que tous les Hollande, tous les Juppé, tous les Attali du microcosme se hâtent déjà d'exploiter.

    Alors Macron éprouvera peut-être combien il avait eu raison, du temps où il était ministre, de méditer sur l'incomplétude de notre démocratie, de constater que ce qu'il manque à la France c'est un roi et, à cet égard, de déplorer le grand vide de l'Elysée, qu'il n'aura pas comblé. Peut-être s’apercevra-t-il alors que l’élection ne confère pas la Royauté.

    Fini le Kairos, le temps favorable, le temps de Dieu. En cette fin d'été, pour Emmanuel Macron voici revenir Chronos qui dévore les heures et les jours, l'Histoire et les hommes.  

    Retrouvez l'ensemble de ces chroniques en cliquant sur le lien suivant ... :

    En deux mots, réflexion sur l'actualité

  • 26 Décembre 2014 ... De longues listes de disparus ou de morts sont affichées à la Dorotheanstrasse

    wilhelmstrasse_reichstagspraesidentenpalais.jpgLe Journal de Genève, dont les sympathies pour la France ne sont pas douteuses, imprime le message suivant :

    « Le voyageur qui se rend de Suisse à Berlin, via Stuttgart ou via Munich, est tout d'abord vivement impressionné par le calme qui règne en Allemagne : les trains circulent avec une parfaite régularité; on ne constate nullement de grands mouvements de troupes; seuls, quelques officiers ou soldats isolés, par-ci, par-là des blessés transportés sur une civière rappellent la douloureuse actualité de l'heure actuelle.

    La campagne, partout labourée et ensemencée, est pleine de promesses d'avenir; à Berlin et à Munich, la vie est intense, beaucoup de gens d'affaires, des hommes dans la force de l'âge, qu'on s'étonne de rencontrer vaquant paisiblement à leurs occupations ordinaires au lieu d'être à l'armée; tous les magasins sont ouverts et paraissent avoir leur clientèle habituelle d'acheteurs. On circule très tard dans les rues de Berlin parfaitement éclairées, et les principaux hôtels regorgent de monde; on y soupe gaiement, sablant champagne et bordeaux, comme aux jours de la plus grande prospérité.

    Est-ce à dire que l'Allemand ne se rend pas compte de la gravité de la situation ? Nullement.

    Mais, dans toutes les classes de la population - du petit bourgeois à l'officier supérieur - tout le monde est tellement convaincu de la victoire finale de l'Allemagne que celui qui se permettrait d'émettre une inquiétude ou un doute serait considéré comme un traître à la patrie.

    Il faut admirer cette puissance de suggestion et cette discipline morale qui caractérisent l'Allemand à l'heure actuelle et donnent à ce grand pays cette cohésion et cette unanimité qui sont un des éléments de sa force. De longues listes de disparus ou de morts sont affichées à la Dorotheanstrasse; quelques passants s'arrêtent un instant pour les consulter, puis retournent paisiblement à leurs occupations, sans paraître autrement affectées par les pertes énormes que subit l'armée allemande.

    L'organisation militaire est si puissante que l'Allemagne est toujours prête à la guerre. Il semble qu'il suffise de presser un bouton électrique pour qu'à l'instant même tous les rouages de cette formidable organisation soient mis en mouvement. On a certainement été inquiet de la marche en avant des armées russes, mais, aujourd'hui, on considère l'offensive russe comme brisée au moins jusqu'au printemps...»

    Ce tableau de la vie en Allemagne pendant la guerre est tellement contraire à ce qu'on pense généralement en France (où l'on annonçait la famine et la misère à Berlin quinze jours après la déclaration de guerre) que j'estime intéressant de lui faire place ici.   

    * Les idées, même fausses, ont sur l'homme une telle prise, que nous les voyons survivre en présence de la réalité la plus terrible et la plus sanglante. Par la puissance que l'unité a donné aux peuples germaniques, toute la France est atteinte dans sa chair. De plus en plus nombreux, des Français en viennent à se dire : "Cette unité allemande, qui est la cause visible de tant de maux, c'est avec elle qu'il faut en finir, c'est c e principe de guerres et d'invasions qu'il faut supprimer. Nous étions en sécurité quand, de l'autre côté du Rhin, au lieu d'un formidable Empire, il y avait une mosaïque d'Etats, une poussière de villes libres et de principautés. Voilà où il faut revenir, voilà le but à atteindre, si nous ne voulons pas avoir à reprendre éternellement le même combat." Pourtant, à cette solution, la seule qui ait pour elle l'expérience, quelque chose, dans l'esprit d'autres Français, répugne.    

    Chez des bourgeois libéraux, chez des prolétaires socialistes, dont l'intelligence se croit libre, des traditions survivent et règnent, l'autre siècle trouve un écho. Les voix de Quinet, de Michelet résonnent encore. Leurs "nuées", les "nuées" de 1848, épousent (nous le savons) parmi certains groupes d' hommes influents, écoutés dans les conseils, la forme de conceptions diplomatiques, et risquent d'énerver l'action de la France, d'en troubler les desseins, comme elles avaient dirigé vers les catastrophes la politique de Napoléon III. Ces mêmes hommes parlent quelquefois avec dédain de ceux qui se reportent, "expérimentalement", aux leçons de l'Histoire. Et c'est eux que le passé emprisonne, par des traditions d'erreur, les traditions de ceux qui ont disparu après s'être si gravement trompés sur l'avenir de l'Europe et du monde...  

    Que l'Allemagne soit abattue d'abord, que sa puissance militaire soit écrasée, c'est la première tâche à accomplir. Elle ne doit pas empêcher de perdre de vue les grandes directions.   

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    * Tome I du Journal de Jacques Bainville (1901/1918)

  • Réflexion de Gérard Leclerc d'un point de vue catholique : Marion Maréchal-Le Pen à la Sainte-Baume

     

    Gérard Leclerc a publié l'article qu'on va lire dans France catholique (éditorial du 31 août). Il s'y exprime donc d'un point de vue catholique mais non sans un vif souci politique au sens où nous nous plaçons ici. Souci, dit-il lui-même, qui a son origine dans la crise gravissime à laquelle nous avons à faire face, et où se joue le destin national. Même si nous faisons ici peu de confiance aux partis politiques quels qu'ils soient, ne serait-ce qu'à cause du système en soi-même pernicieux auquel ils sont comme mécaniquement liés, l'analyse de Gérard Leclerc nous paraît parfaitement juste et pertinente. Il a sans-doute aussi raison, nous semble-t-il, de conseiller qu'il soit tenu compte dans cette affaire (comme dans d'autres), de « la personnalité singulière de Marion Maréchal-Le Pen » dont il estime qu' « elle est sans doute une des mieux structurées intellectuellement et spirituellement dans son organisation ». Acceptons l'augure que les jeunes générations engagées dans l'action politique, lassées des tabous et des idéologies mortifères de leurs aînés, osent un jour, au delà de victoires électorales toujours incertaines, toujours éphémères et toujours remises en question, cette rupture avec le Système qui remettrait la France sur les chemins de son Histoire. Cette génération n'a à vrai dire plus grand chose à voir avec les postulats idéologiques qui encombrent, jusqu'ici, les cerveaux de la classe politico-médiatique. Ce ne leur sera peut-être pas tellement difficile, qu'ils soient d'ailleurs issus de la gauche ou de la droite, d'opérer la rupture décisive dont nous parlons.  LFAR   

     

    GERARD LECLERC.JPGL’invitation faite à Marion Maréchal-Le Pen, pour participer au colloque organisé par le diocèse de Fréjus-Toulon à la Sainte-Baume, a suscité beaucoup de réactions, certaines sans doute sincères, mais beaucoup surjouées. Comme s’il était insupportable d’ouvrir une discussion avec une dirigeante d’un parti définitivement ostra­cisé ! Décidément, on ne se départit pas aisément d’une sorte de réflexe inquisitorial qui consiste à frapper d’interdit moral et canonique l’adversaire politique ! Et ce sont ceux qui se targuent le plus d’ouverture à l’autre, quelles que soient ses différences, qui sont les plus implacables. À l’encontre du conformisme qui continue à sévir dans le catholicisme français, je n’hésiterai pas à affirmer que la venue de la jeune dirigeante à la Sainte-Baume s’inscrit dans un processus inévitable. Il est impossible désormais d’ignorer un secteur d’opinion qui regroupe au moins un quart de l’électorat français. L’attitude, qui consiste à imaginer qu’on pourrait l’entourer d’une sorte de cordon sanitaire isolant des millions d’intouchables, relève d’une étrange mentalité.

    Qu’on m’entende bien. L’inviter à un débat n’équivaut pas à avaliser les idées du partenaire. Il s’agit, bien au contraire, de les soumettre à examen à partir d’une rigoureuse éthique de discussion. C’est grâce à l’échange des arguments que peuvent s’établir des convictions raisonnables. Donner la parole à quelqu’un, ce n’est pas par avance lui donner quitus de son idéologie, c’est lui permettre de sortir de son cercle d’origine pour l’amener, sous le regard de l’autre, de préférence bienveillant, à une confrontation qui délivre de toute logique solipsiste. Par ailleurs, si la thématique de l’immigration est aujourd’hui cruciale dans le débat public, il est d’autant plus utile de la projeter dans une lumière qui tienne compte de son infinie complexité. La radicalité du Front national s’oppose de fait à l’incertitude évidente des autres formations politiques, souvent déconcertées par l’ampleur du défi.

    Il faut aussi tenir compte dans cette affaire de la personnalité singulière de Marion Maréchal-Le Pen. Son rapport à la foi et à l’Église se distingue par un attachement qui n’est sûrement pas superficiel. De ce point de vue, elle est sans doute une des mieux structurées intellectuellement et spirituellement dans son organisation. Le rejet d’une telle personnalité, à coup d’anathèmes, ne s’avèrerait pas seulement contre-productif, il serait désastreux à un moment où le catholicisme français doit faire face à une crise gravissime, où se décide le destin national. 

    Gérard Leclerc, France catholique

     

  • Retour vers le bons sens !, par Christian Vanneste.

    Le monde de demain sera-t-il celui d’hier, voire d’avant-hier : en tout cas, ni le progressisme, ni l’européisme, ni le mondialisme ne font plus recette, car le Covid-19 les a contaminés. Ceux qui marchaient vers un avenir radieux se sentent fiévreux et affaiblis, affaiblis dans leurs certitudes et dans leur arrogance. Depuis quelques jours, les mots d’ordre se sont inversés. Le renversement le plus fort est celui de la préférence que les belles âmes, le Pape en particulier, avaient manifestée en faveur des ponts et au détriment des murs. Par une incroyable ironie de l’Histoire, on voit celle-ci nous offrir une séquence qui commence par l’effondrement du mur de Berlin et la fin de la séquestration des peuples par les dictatures communistes, et qui se termine sans doute en ce moment même avec le rétablissement des frontières.

    christian vanneste.jpgCette fois, il s’agit moins d’empêcher les nationaux de sortir que d’empêcher les étrangers de rentrer. La Hongrie, la première à avoir levé le rideau de fer du bloc soviétique, a été la première à baisser la barrière devant l’invasion migratoire. La Grèce ferme sa frontière avec la Turquie pour la même raison. Enchaîné à l’utopie européenne, M. Macron, face à l’invasion virale, avait éloigné cette option de la fermeture aux limites de l’Union Européenne. L’Allemagne a répondu en fermant sa frontière avec la France ! Le virus n’avait pas besoin de passeport selon le chef de l’Etat français… Mais les personnes qui portent le virus avec elles en ont besoin. Le réalisme allemand a prévalu sur l’idéologie, l’égoïsme national aussi, puisque Berlin a interdit l’exportation du matériel sanitaire nécessaire à la lutte contre l’épidémie. L’inutilité de l’Union Européenne, face aux menaces, devient criante. Lorsque l’épidémie arrive, elle reçoit Greta Thunberg !

    Les communautés réelles, la famille, la nation, dénoncées comme des antiquités pernicieuses par le progressisme et sa volonté de réduire l’humanité à une poussière d’individus nomades et interchangeables, reviennent en force, car elles sont les deux cercles les plus nécessaires de la solidarité. Le premier dessine l’espace de l’entraide de proximité entre les générations. Le second, celui de l’action salutaire de l’Etat en temps de crise pour prendre les mesures d’interdictions, d’obligations, de dotation en moyens humains, matériels et financiers destinées à faire face aux risques, sanitaire d’abord, économique ensuite. La déconstruction de la famille traditionnelle et de l’Etat national souverain sont suicidaires. Car ils sont les recours les plus efficaces lorsque le drame collectif survient. Mais pour qu’il y ait un Etat-Nation, il faut bien sûr qu’il y ait un Etat, un Etat non pas obèse, croulant sous les dépenses inutiles, mais musclé et concentré sur sa mission essentielle : la protection de SES citoyens, de l’armée à l’hôpital en passant par la police et la justice. Mais il faut aussi qu’il y ait une nation, c’est-à-dire une communauté d’hommes et de femmes partageant la même culture et conscients de leur destin solidaire, communiant dans une même identité nationale. La discipline des asiatiques, y compris dans un cadre démocratique, comme en Corée du Sud ou au Japon, a été un frein puissant à la propagation du mal. Les images saisies dans certains de nos quartiers montrent que nous en sommes loin.

    La discrimination était le mot maudit par excellence. L’égalité était sacrée. Face à la maladie, la discrimination s’impose. Elle peut même prendre le masque horrible de la sélection entre ceux que l’on va faire vivre et ceux que l’on va laisser mourir, parce que l’offre de soins se sera raréfiée. Mais déjà des hiérarchies sont établies entre les activités et les personnes, entre celles qui sont indispensables et celles qui le sont moins, entre celles qui courent ou font courir plus ou moins de risques. La vie est une succession de choix. Il n’y a pas de place pour le « en même temps » illusoire. Les atermoiements, les démarches contradictoires, les déclarations ambivalentes du Président de la République signent le désastre de cette attitude irresponsable : un Président ne va pas inaugurer un café, même tenu par des handicapés, pour le faire fermer comme tous les autres quelques jours plus tard. Tenue et distance sont de retour. On s’était habitué à s’embrasser pour un oui, pour un non, comme l’ancien président de la commission européenne, M. Juncker. La sécurité sanitaire oblige désormais à retenir ces débordement hypocrites. L’amour, l’amitié, la compassion, la sympathie demandent des actes et non des signes ostentatoires. Authenticité et dignité y gagneront.

    Au-delà de ces retours positifs, il en est d’autres qui le sont moins. L’obligation de porter sur soi une attestation pour ses déplacements, la pénurie de certains produits dans les commerces et les pharmacies ne sont pas sans évoquer les « ausweis » et les rationnements des « heures sombres ». Si hier était sympathique par certains côtés, avant-hier était épouvantable. La restriction de la liberté d’aller et de venir, ou de consommer, déjà présente dans l’idéologie verte, ne doit pas devenir une morne habitude. La liberté repose sur la possibilité d’effectuer des choix rationnels. Elle ne peut survivre dans un monde où la surveillance et le contrôle s’imposent au quotidien.

    C’est l’atterrissage après la crise qu’il faudra réussir. En 2008, celle-ci était économique, fondée sur l’endettement, en premier lieu celui des nouveaux propriétaires américains. Néanmoins, les pompiers pyromanes qui nous gouvernent ont continué à fabriquer de la monnaie, et accentuent en ce moment même l’endettement des Etats, le nôtre en particulier. Il y a donc un risque de revenir, une fois l’épidémie jugulée, au monde d’avant, celui de l’imprévision et de l’insouciance, parlant du réchauffement climatique, parce que c’est la mode, mais oubliant de préparer des guerres plus proches et plus redoutables.

    Demain, c’est cet équilibre entre la rigueur retrouvée et la liberté sauvegardée qu’il faudra reconstruire, c’est le retour vers le bon sens qu’il faudra mettre en oeuvre.

  • Moyen-Orient : III) Le retour aux Etats-Nations !, par Christian Vanneste.

    Le Printemps arabe a été une supercherie orchestrée par des puissances convergentes qui ont utilisé les vecteurs médiatiques considérables dont elles disposent pour désinformer massivement les populations occidentales. L’idée principale reposait sur la transposition dans le monde arabe des révolutions européennes qui avaient brisé l’empire soviétique, cette fois pour remplacer les dictatures « laïques », souvent liées à l’armée, qui régnaient dans cette région du monde, héritières d’un nationalisme arabe réduit à chacun des Etats.

    christian vanneste.jpgAu premier rang de ce mouvement figuraient les Frères musulmans, au pouvoir en Turquie avec l’AKP d’Erdogan, et qui étaient parfois présentés comme l’équivalent musulman des démocrates chrétiens, comme si politiquement les deux religions, celle du Christ dont le royaume n’est pas de ce monde, et celle de Mahomet, chef de guerre et fondateur d’un empire terrestre, étaient comparables. La Turquie et le Qatar ont donc soutenu les révoltes dénuées de spontanéité qui se sont répandues de la Tunisie à la Syrie. Les ONG mondialistes qui ont financé les « révolutions de couleur » ont également encouragé le Printemps arabe : celui-ci devait emporter des régimes conservateurs, faire tomber des frontières. L’alliance paradoxale entre l’islam rigoriste modernisé des Frères et l’individualisme sans frontières et déconstructeur est paradoxale. Elle réunit des ennemis sur les fondamentaux, mais qui ont le même adversaire. Celui-ci, le conservatisme national est incarné par un pays qui, par une ironie de l’histoire, est passé de l’internationale socialiste au conservatisme, à la défense des valeurs religieuses, chrétiennes notamment, familiales et patriotiques, la Russie. Il est la cible à la fois des islamistes, des terroristes en particulier qui ont un moment soustrait la Tchétchénie à son autorité, et des mondialistes aux priorités desquels il fait obstacle. Un indicateur marginal dans les faits mais essentiel symboliquement est constitué par le rapport aux revendications LGBT, primordiales pour le progressisme mondialiste et rejetées par les conservateurs, aussi bien dans le monde chrétien que chez les musulmans, d’ailleurs. Pour compliquer encore cette alliance, on doit y ajouter les néo-conservateurs américains qui semblent subir un blocage mental à propos de la Russie qu’ils considèrent toujours comme l’ennemi principal, comme si la guerre froide n’était pas terminée. Leur but est de faire triompher partout la démocratie à l’américaine. On voit à quel chaos cette entreprise a mené en Irak. On sait à quel point la démocratie peut revêtir des formes différentes y compris en Europe.

    Le Président français est idéologiquement proche de cette convergence. C’est une sorte de « démocrate » américain, beaucoup moins libéral que les « libéraux » d’outre-atlantique, mais partageant leur progressisme sociétal et leur ouverture aux différences, y compris celle qui revendique pourtant la fin de toute différence dans l’Ouma universelle. C’est avec de telles idées que l’idole médiatique Obama avait conduit, après avoir encensé l’islam au Caire en 2009, à la catastrophe du Printemps arabe et à l’Etat islamique. La chute de l’empire soviétique avait ouvert la voie à cette grande recomposition du monde mêlant les ambitions des partisans de la domination américaine sur le monde, ceux du réveil islamique, et ceux du progressisme sans frontière. L’alliance tactique entre l’islamisme et les Etats-Unis, qui avait si bien réussi en Afghanistan contre les Russes, avait poursuivi sa course comme un canard sans tête jusqu’en Europe, dans l’ex-Yougoslavie. L’effondrement des tours du World Trade Center n’avaient pas modifié la convergence en profondeur puisque les Etats-Unis avaient utilisé ce prétexte pour s’en prendre à l’Irak, qui n’y était pour rien, mais sera le premier domino du nationalisme arabe à tomber, avant même le printemps arabe, par une invasion, et non sous l’apparence d’une révolte. Ce pays fut la boîte de Pandore qui aurait pu révéler la complexité des forces en présence et dissiper l’illusion du Printemps arabe avant même sa naissance. Il n’en a rien été. Pourtant, la marche vers la démocratie de l’Irak passait par l’arrivée au pouvoir de la majorité chiite et par la reconnaissance de l’autonomie kurde. Paradoxalement, en mettant le chiisme à la tête de l’Etat, les Etats-Unis favorisaient l’influence de leur adversaire iranien à Bagdad, et suscitaient la crainte de leur grand allié sunnite, l’Arabie saoudite, toujours soumise au salafisme wahhabite.

    Le Printemps arabe apparu comme un grand mouvement idéologique correspondit en fait au retour des réalités nationales qui sont le véritable terrain de la géopolitique. Or, le trait dominant des Etats régionaux est que leur fragilité interne semble alimenter leur dynamique externe. L’Iran, de plus en plus isolé, frappé par ces sanctions qui ruinent son économie, tarissent sa production pétrolière et favorisent l’inflation, s’est lancé dans une expansion chiite qu’il mène du Yémen au Liban en passant par la Syrie où il appuie le cousin alaouïte Assad. Ennemi n°1 des USA, il combat avec les Russes en Syrie et contre les Saoudiens au Yémen, mais entretient pourtant de bonnes relations avec la Turquie et le Qatar. Sa population, l’une des plus nombreuses et des mieux éduquées de la région supportera-t-elle longtemps le poids de cette ambition au détriment du développement intérieur ? Son ennemi le plus direct est l’Arabie saoudite, elle-même bien fragile malgré sa richesse, en raison de son sous-développement et des risques qu’un développement trop rapide ferait courir à une société composite et archaïque. Se vouloir à la fois le centre de diffusion de l’islam le plus rigoriste et le grand allié des Américains oblige à des contorsions : par exemple, ne plus guère soutenir les Palestiniens contre Israël en abandonnant ce rôle aux deux ennemis, les Frères musulmans et l’Iran. C’est de cette contradiction qu’est né Al-Qaïda avec le saoudien Ben Laden. La Turquie, en proie à des difficultés économiques et à la peur pathologique des minorités ethniques, qui en a fait le premier Etat génocidaire du XXe siècle, a un gouvernement que des élections municipales ont récemment affaibli. Ce revers le conduit a flatter le nationalisme turc cette fois associé au prosélytisme sunnite, contrairement au kémalisme laïc, et à mener une action impérialiste. Son allié est le Qatar, mis en quarantaine par les Saoudiens et les Emiratis, nain politique mais géant économique qui complète d’autant plus la Turquie qu’il abrite le centre des Frères musulmans et leur relais médiatique, Al-Jazeera. Youssouf Al-Qardaoui, leur théologien de référence, basé à Doha, considère Erdogan comme le prochain Calife de l’islam. Voilà qui entretient le rêve d’un nouvel empire ottoman appuyé sur le jihad des Frères. ( à suivre)

  • L’éthique de la reconquête, par Frédéric Winkler.

    « Les plans de l’économiste distingué sont, à chaque instant, modifiés et remis en question par le soldat qui donne sa vie pour son drapeau, par le laboureur qui chérit sa terre par-dessus tout, par le fidèle qui observe les règles et les défenses dictées par sa religion, toutes gens qu’inspirent non des calculs mathématiques, mais une vision intérieure » (Chesterton).

    Dans les temps de confusion qui sont nôtres, l’espérance comme dans les temps dits « obscures » voire « barbares », reste dans l’émergence d’une élite. Celle-ci venait, vient et viendra de la sève même de la nation, peuple ou tribu, fruit de l’histoire, de l’identité d’une société.

    frédéric winkler.jpgElle n’est pas constituée de « privilégié », « d’autoproclamé » mais doit être, ce qui émane des meilleurs parmi ceux d’un peuple, dont la conscience et l’action, suscite l’acquiescement de par la multitude qui les entoure. On ne nait pas chevalier mais on le devient et cette distinction est rarement transmissible, à la différence de la noblesse. La reconnaissance de cet état de « chevalier » vient à la fois du pouvoir qui pour le cas doit être légitime mais aussi du peuple dont cette élite est l’émanation. La chevalerie apparaît lorsque les temps s’y prêtent : « La Chevalerie n’est pas née d’une crise d’optimisme ; elle a fleuri sur l’égoïsme, la férocité, le désespoir du monde. Et demain, peut être… Nous sentons que le monde tel que l’a transformé l’homme moderne est un monde mal fait, on y étouffe ou il faut changer de manière de respirer, s’inventer des branchies et faire le poisson dans l’eau sale. Il n’en a pas toujours été ainsi… » (Jean Louis Lagor, Une autre Chevalerie naîtra).

    Ces temps sont ceux d’un système écrasant la France réelle, « entrée en agonie. Et les volontés perverses qui ont organisé, avec une savante technique, la défiguration de la France par la France au moyen d’institutions contre nature, du tam-tam publicitaire de presse et d’affiches, et de terreur policière renouvelée de la Convention…ces volontés perverses n’ont jamais été aussi bien placées dans les avenues du pouvoir, n’ont jamais aussi solidement tenu les deux leviers de commande du monde moderne, l’Etat et l’Argent, l’Argent qui corrompt et l’Etat qui digère. Quelle voie s’ouvre encore à l’initiative privée en ces temps d’étatisation ? L’éducation, l’enseignement eux-mêmes sont annexés ou étranglés ! Quel lieu géographique, hors le désert de l’anachorète, permet une vie pure de compromissions, de marchandages, de combinaisons délétères ? L’homme libre et qui veut le rester doit d’abord assumer la liberté de mourir de faim, ou presque. Le couteau sur la gorge, la société contemporaine veut faire du citoyen un mouton (dans tous les sens), du chrétien un démocrate, du professionnel un trafiquant, de l’écrivain un rédacteur ministériel, de l’homme une machine, de la conscience une matière plastique. De quelque côté que nous nous tournions, tout paraît bouché. Bien sûr, nous ne marchons pas, cela va sans dire. Mais l’obstacle est immense…parce qu’il est total : la bureaucratie tyrannique, la propagande de masses, la police politique, l’idéologie matérialiste, étroitement unies, sont universelles et toutes puissantes. Nous nous sentons faibles devant l’obstacle, et nous rêvons d’une nouvelle Chevalerie comme de la force qui pourrait surmonter ou briser l’obstacle, qui pourrait faire revivre un climat, des institutions, une société ou s’épanouiraient normalement des vies normales, des vies humaines. L’appel à une nouvelle Chevalerie est l’appel de notre faiblesse devant la toute puissance et l’universalité diabolique du Mal. » (Jean Louis Lagor, Une autre Chevalerie naitra).

    Loin de s’attacher à des rêves ou faire ressurgir un passé idyllique, arrangé, afin de justifier des idées, il s’agit de trouver ou retrouver le fil, la voie, le précieux jus, la quintessence de nos racines afin de nous libérer d’une orientation macabre d’une société marchande entraînant l’homme vers sa destruction. Il faut que chacun prenne conscience de l’avenir que nous prépare les financiers du Nouvel ordre Mondial. C’est un combat pour l’éthique qui est en jeu, un affrontement entre les « Tables de la loi » et le « veau d’or », entre l’humanisme et la machine, écoutons Tolkien laissant parler le mal à travers Saroumane dans le « Seigneur des anneaux » : « L’ancien monde brûlera dans les flammes de l’industrie. Les forêts tomberont. Un nouvel ordre naîtra. Nous mènerons la machine de guerre avec l’épée et la lance et la poigne de fer des Orques…Construisez un barrage. Contenez le courant. Que les fournaises flamboient jour et nuit !… La forêt de Fangorn s’étend à nos pieds. Brûlez-la…Reprenez les terres qu’ils vous ont volées ! Brûlez tous les villages. Nous n’aurons qu’à supprimer ceux qui s’opposent à nous. Cela commencera au Rohan. Ces paysans ne vous ont que trop défié. Cela suffit… »

    Le « prêt à penser » couplé par le matérialisme que nous avons, par faiblesse accepté nous entraînent vers l’abêtissement et l’abaissement de l’esprit humain. Ce système mène l’homme vers un monde de robots numérotés, sans racines, délocalisables à merci, sans plus aucunes valeurs. Ce chemin « doux » ne peut être évité que par l’effort sur soi-même, la révolution intérieure, comme le sens communautaire des relations sociales. Retrouver l’humanisme de notre sang par l’éthique chevaleresque que nous défendons, courtoisie, sens du service, respect et honneur, voilà ce qui fera la différence demain. Notre seule vengeance sera dans le rire de nos enfants, comme le disait Bobby Sand, leader Irlandais avant de mourir dans les geôles Anglaises. Alors qu’importe et puisque nous désirons vous éclairer, rouvrons et reprenons ce chemin…

  • Le progressisme est l’ennemi du peuple !, par Christian Vanneste.

    Quand une nation affronte une guerre, un ennemi, la solidarité « mécanique », selon Durkheim, s’affirme, et le nombre des suicides diminue. La crise économique qui disloque une société entre ceux qui bénéficient d’un emploi garanti et les autres n’a pas le même effet. L’expérience d’une crise sanitaire doublée d’une crise économique ne peut évidemment être identifiée à une guerre. Le danger vital d’abord, social ensuite, conduira les membres d’une nation à juger leurs dirigeants selon l’efficacité des moyens employés pour les surmonter l’un et l’autre. Il y aura donc un soutien plus ferme de ceux dont l’action sera jugée positive. Il n’y aura pas d’union nationale.

    christian vanneste.jpgC’est ainsi que Mme Merkel a bénéficié des bons résultats allemands face au Covid-19, qui font oublier son aveuglement sur le risque migratoire. La situation est très différente en France, car l’épreuve, mal « gérée », loin de favoriser l’unanimité a renforcé un clivage mondial vécu avec plus d’intensité dans notre pays.

    Ce clivage est celui qui oppose une « élite » progressiste à des peuples conservateurs, le progressisme à ce que les progressistes qui dominent les médias appellent dédaigneusement le populisme. La concentration des pouvoirs politiques, économiques et médiatiques dans notre vieux pays d’hypercentralisation jacobine, a toujours renforcé le poids de l’idéologie dominante, inoculée par l’éducation nationale, l’enseignement supérieur, et la presse de « référence ». Le « Monde » trône dans tous les CDI… L’élection de M. Macron en 2017 a placé à la tête du pays une caricature de ce progressisme, réunissant l’ENA, la Haute Fonction Publique, les « cabinets », et la Banque d’affaires…. Impossible de dire mieux ! Michel Onfray souligne que l’un des ouvrages placés en exergue sur une photo du chef de l’Etat, celui d’André Gide contenait « L’Immoraliste ».

    Le progressisme repose sur une double confusion qu’on trouve déjà chez Condorcet. Les progrès scientifiques et techniques sont indéniables. Mais, première confusion, ils seraient globaux et ne mettraient pas de terme à la « perfectibilité de l’Homme ». « Nos espérances, sur l’état à venir de l’espèce humaine peuvent se réduire à ces trois points importants : la destruction de l’inégalité entre les nations ; les progrès de l’égalité dans un même peuple ; enfin le perfectionnement réel de l’Homme ». On sourit en relisant cet auteur conduit au suicide dans sa prison de Bourg-l’égalité ( redevenu Bourg-la- Reine), après avoir été pourchassé et arrêté par plus révolutionnaire que lui. Le nom d’alors de la ville est un détail cocasse. Ceci se passait sous la Terreur, en 1794. Plus de deux cents ans après, l’égalité entre les nations ou entre les Français, le perfectionnement réel de l’homme n’ont pour le moins pas progressé à la même vitesse que  la technique. Nous ne vivons pas dans le monde qu’il connaissait. Nos moyens de communiquer, de nous déplacer, de produire, d’échanger, de nous soigner sont infiniment supérieurs. Mais l’Homme s’est-il perfectionné ? A-t-il fait progresser l’égalité entre les peuples et les membres d’une même nation ? Evidemment, non ! Seconde confusion, le progrès une fois perçu doit se poursuivre de manière continue, linéaire jusqu’à l’idéal.  » Il arrivera donc, ce moment où le soleil n’éclairera plus, sur la terre, que des hommes libres ». A nouveau, sourire ! Non seulement la liberté n’a pas conquis la planète, mais elle régresse dans notre pays, en raison des « états d’urgence » à répétition, et des restrictions constantes à la liberté d’expression. La technologie perfectionne même le contrôle et la surveillance. L’idée que l’Histoire n’est pas linéaire, mais cyclique, et qu’un mouvement inverse à celui du passé récent peut s’y produire, devient de plus en plus crédible. A regarder les résultats économiques de la France, le mot de « déclin » s’impose. A regarder sa cohésion sociale, l’état d’esprit de ses habitants, son rayonnement dans le monde, c’est celui de « décadence » qui se profile.

    Il est frappant de constater que dans notre pays une minorité privilégiée continue à croire au progrès dont elle se réserve plus ou moins consciemment les bénéfices, et qu’un nombre grandissant de Français en doutent. Ils n’ont pas vécu le confinement de la même manière, n’ont pas la même vision de l’avenir que la caste qui dirige le pays. Celle-ci continue à imposer son idéologie et ses priorités alors que la masse s’en éloigne chaque jour davantage. Durant la crise sanitaire, l’ignorance et le mépris du peuple se sont affichés sans vergogne, sans doute par aveuglement. Deux exemples : le pouvoir a utilisé l’épisode pour promouvoir ses lubies idéologiques. Il a sorti les détenus de prisons et les clandestins des lieux de rétention, pendant qu’il confinait les Français. Il a maintenu les demandes d’asile. Il a allongé les limites de l’avortement jusqu’à trois mois, comme si l’insuffisance des naissances n’était pas prioritaire par rapport à ce « droit’ magnifié par l’idéologie. La ministre de la Justice s’est félicitée de la diminution du taux de « surpopulation carcérale » alors que celui-ci n’est du qu’à l’insuffisance des cellules, et non à l’excès de répression. La comparaison avec nos voisins est humiliante.

    Second exemple : la gestion de la crise sanitaire et le barrage institutionnel face à la thérapie « marseillaise » de Raoult. Sous prétexte de favoriser la recherche d’un vaccin, ou de nouvelles molécules spécifiques au Covid-19, on a gêné voire interdit l’usage de cette thérapeutique, entravé la liberté de prescrire des médecins, et sans doute entraîné des décès évitables. Le renvoi chez soi, la non-admission à l’hôpital de patients âgés, condamnés à une absence de traitement efficace sont des crimes, liés certes à la pénurie mais aussi à l’idéologie et aux accointances de la classe dirigeante. Les cénacles parisiens pensaient recherche, découvertes à plus ou moins long terme des laboratoires, comme pour le Sida. A Marseille, Raoult testait, soignait et guérissait le plus souvent avec des remèdes anciens et peu coûteux des malades atteints par une épidémie nouvelle, mais pas exceptionnelle. Raoult ne croit pas comme Condorcet que « la durée moyenne de la vie augmentera sans cesse », mais pense que l’expérience et les molécules du passé doivent être utiles à tous les malades sans discrimination… Ses adversaires « progressistes » étaient favorables à des expérimentations comprenant un « groupe témoin », c’est-à-dire des gens que l’on ne soigne pas. Cela est révélateur : le progressisme élitaire se soucie peu d’égalité, peu de liberté, peu de la vie des « vieux blancs » comme on dit maintenant. Il se contente de régner et d’écraser ce qui lui résiste….

  • Mathieu Bock-Côté : « Aux racines de la violence d'ultra-gauche »

    Par Mathieu Bock-Côté 

    thUKZO41O8.jpgCHRONIQUE - Une société qui prend peur devant une bande de fanatiques encagoulés fantasmant sur une utopie anarcho-communiste révèle par effet de contraste sa dévitalisation. [Le Figaro, 22.03]. Au fond, n'est-ce pas cette dévitalisation qui doit être mise en cause et le Système qui en est responsable ? Dans ce cas, les Blacks Blocs ne sont qu'un épiphénomène du désordre établi. LFAR 

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    « ... pour restaurer son autorité perdue et en finir avec sa réputation humiliée, l'État mise sur une répression démesurée, presque vengeresse, seulement rendue nécessaire par sa faiblesse ... »

    Il ne sert à rien de critiquer le mouvement des « gilets jaunes » sans rappeler que la révolte des débuts, indéniablement légitime, n'a rien à voir avec la poussée émeutière de samedi dernier. Certes, une frange des premiers insurgés s'est radicalisée et ne sait plus trop comment s'arrêter. Plus encore, une crise qui s'éternise, quelle qu'en soit l'origine, favorise la remontée à la surface de la lie de la société. Les pulsions nihilistes se désinhibent. Les personnalités extrêmes, généralement écartées de la vie sociale, croient leur chance arrivée. Si on parle encore des « gilets jaunes » aujourd'hui, c'est essentiellement parce qu'une minorité militante entretenant un rapport décomplexé à la violence est parvenue à détourner la révolte à son avantage.

    La possibilité de la violence est inscrite dans les replis intimes de la nature humaine, et à toutes les époques, elle a séduit une petite minorité qui croit s'accomplir à travers elle. Si la société démocratique parvient généralement à censurer la violence en apaisant les passions, elle n'y parvient jamais complètement. Comme l'avait noté Roger Caillois, c'est dans sa nature même de susciter la révolte des personnalités qui recherchent l'exaltation dans la vie publique, à la manière d'aventure romantique. Bien des jeunes hommes sont portés à ne voir dans la délibération démocratique qu'un vain bavardage et ne rêvent que d'action révolutionnaire. Ce sont alors les sectes politiques, idéologiques et religieuses qui les attirent, et même, qui parviennent à les hypnotiser.

    XVM39a2f9ae-bb27-11e7-9ef0-d3e21654415a2.jpgUne civilisation qui refoule le désir de violence et d'aventure sans parvenir à le canaliser vers des institutions servant le bien commun le verra se retourner contre elle. L'histoire nous le confirme, il arrive qu'une idéologie parvienne à s'approprier cette pulsion, comme on l'a vu à l'époque du fascisme. C'est l'ultra-gauche qui canalise aujourd'hui cette violence en Occident. Bien des conversions à l'islamisme relèvent aussi probablement de cette quête d'une existence héroïque accouplée avec une aspiration explicitement sacrificielle. L'ultra-gauche se présente ainsi comme une aristocratie militante, qui prétend paradoxalement se battre pour une société absolument égalitaire.

    Ses militants se croient illuminés par une vérité révolutionnaire révélée: derrière les apparences de l'ordre légal se cacherait une société fondamentalement indésirable. Un autre monde est possible à condition de mettre le feu au nôtre. À tout le moins, il faudrait jeter à terre son décor institutionnel pour qu'enfin se dévoilent les intérêts qui s'y affrontent, et que les dominants comme les dominés se voient pour ce qu'ils sont, sans fard idéologique. Mais ce grand dévoilement ne sera possible, jugent les militants d'ultra-gauche, qu'en poussant à leurs extrêmes les grandes contradictions sociales, pour qu'advienne une situation insurrectionnelle où la possibilité du compromis disparaîtra. C'est en allant jusqu'au bord du gouffre qu'on liquidera pour de bon l'illusion réformiste.

    Concrètement, il s'agit de créer une situation révolutionnaire évacuant les modérés de la scène publique pour mettre en scène un combat à finir entre l'ultra-gauche insurgée, qui s'imagine réveiller les classes populaires et autres dominés de leur sommeil politique par une violence spectaculaire, et les forces de l'ordre, ramenées au statut de gardiennes d'un système avantageant exclusivement les bourgeois et les banquiers. Cette montée aux extrêmes est théorisée à la manière d'une lutte finale entre le fascisme et l'antifascisme, où tout est permis. L'ultra-gauche conteste le monopole de la violence légitime de l'État, qu'elle réclame désormais pour elle seule.

    Stratégie du coucou

    9782246817338-001-T.jpgMais l'ultra-gauche n'a pas les moyens politiques de ses ambitions théoriques. Pour arriver à ses fins, elle entend donc profiter des crises qu'elle ne saurait provoquer. C'est ce que nous rappelle Éric Delbecque dans son excellent ouvrage Les Ingouvernables (Grasset) en disant des black blocs qu'ils pratiquent la stratégie du coucou, consistant à faire son nid dans un mouvement social pour le détourner à leur avantage. Ils guettent alors les crises sociales dans l'espoir de les détourner et de les enflammer.

    Il faut savoir tenir tête à l'ultra-gauche. Une société qui prend peur devant une bande de fanatiques encagoulés fantasmant sur une utopie anarcho-communiste révèle par effet de contraste sa dévitalisation. Mais quand pour restaurer son autorité perdue et en finir avec sa réputation humiliée, l'État mise sur une répression démesurée, presque vengeresse, seulement rendue nécessaire par sa faiblesse d'hier, qui a laissé dégénérer la situation, il risque d'enfoncer la société dans une crise encore plus grave. Rien n'est moins simple que de restaurer l'ordre dans une société où la tentation du chaos est sortie des marges et qui sent bien que bientôt encore, elle pourrait se faire sentir, sous un visage ou un autre.    

    Mathieu Bock-Côté 
    Le-nouveau-regime.jpgMathieu Bock-Côté est docteur en sociologie, chargé de cours aux HEC à Montréal et chroniqueur au Journal de Montréal et à Radio-Canada. Ses travaux portent principalement sur le multiculturalisme, les mutations de la démocratie contemporaine et la question nationale québécoise. Il est l'auteur d'Exercices politiques (éd. VLB, 2013), de Fin de cycle: aux origines du malaise politique québécois (éd. Boréal, 2012) et de La dénationalisation tranquille (éd. Boréal, 2007). Ses derniers livres : Le multiculturalisme comme religion politiqueaux éditions du Cerf [2016] et le Le Nouveau Régime (Boréal, 2017).   
  • Pour la Hongrie et la Pologne, la souveraineté nationale n’a pas de prix, par Marie d'Armagnac.

    Ainsi donc, les gouvernements de et de ont opposé, lundi, leur veto à l’adoption du budget 2021-2028 de l’Union européenne de 1.100 milliards d’euros et à celle du plan de relance extraordinaire post-Covid-19 de 750 milliards d’euros qui y est adossé. Ce vote requérant l’unanimité, ces deux pays ont bloqué le budget et mis l’Union européenne en attente.

    9.jpgDès le lendemain, lors de la réunion virtuelle des ministres des Affaires européennes des pays membres de l’Union européenne, les deux pays ont essuyé un tir de barrage de protestations des autres pays de l’Union européenne, faisant monter la pression sur les récalcitrants. Ainsi, l’Espagne : « Quiconque bloque le processus de ratification devra assumer une responsabilité gigantesque devant les autres États membres et tous les citoyens européens », et ainsi de suite, tandis que ce veto hongrois et polonais faisait les gros titres de la grande presse.

    Que s’est-il donc passé, entre juillet 2020 où, après quatre jours d’âpres négociations au Parlement européen, un accord, « historique » selon , avait été trouvé, entérinant le « paquet » budgétaire à soumettre au vote cet automne, et le blocage du 16 novembre ?

    Revenons-en aux faits qui, comme chacun sait, sont têtus.

    En juillet, on avait observé plusieurs groupes d’intérêts divergents : les pays du Nord, dits frugaux, à tendance plutôt sociale-démocrate, c’est-à-dire avec une contribution restreinte au budget de l’Union européenne, se montraient intraitables sur le fait de conditionner l’accès aux aides du fameux plan de relance au respect de « l’État de droit » (indépendance de la presse et de la justice, notamment). Clairement, Hongrie et Pologne étaient visées, en tant que démocraties dites illibérales, et qualifiées comme telles par les autres pays européens. Mais le duo Macron-Merkel avait plaidé avec succès pour que l’urgence économique l’emporte, faisant, de fait, une concession à Viktor Orbán : cette conditionnalité était exprimée en termes suffisamment flous, sans cadre juridique strict quant à des mesures de rétorsion éventuelles, pour qu’Orbán s’exclame, le 21 juillet dernier : « Toutes les tentatives de lier l’État de droit au budget ont été stoppées. »

    Était-ce une stratégie franco-allemande pour calmer le jeu, arracher les votes qui demandent l’unanimité, quitte à prévoir un ultérieur « coup de pied de l’âne » envers les deux pays visés et, au passage, rassurer les démocraties du Nord, alliées historiques de l’Allemagne ?

    Toujours est-il que, le 30 septembre, la Commission européenne publiait un rapport sur l’État de droit dans les démocraties de l’Union européenne, épinglant notamment les pratiques de la Hongrie en matière d’indépendance de la Justice et de pluralité des médias. Pour avoir parcouru ce rapport, je me suis plusieurs fois demandé s’il s’agissait de la Hongrie… ou de la France. Que l’on songe, par exemple, à l’action du parquet national financier ou à la couverture médiatique de la campagne présidentielle d’Emmanuel Macron, mais ceci est un autre sujet…

    Et le 4 novembre dernier, un accord conclu entre le Parlement européen et le Conseil européen sur la conditionnalité de l’État de droit pour l’accès aux ressources du plan de relance, accord qui ne demandait pas l’unanimité du vote pour être adopté, stipule que « la nouvelle loi ne s’applique pas seulement lorsque les fonds de l’Union européenne sont directement utilisés de manière abusive, comme dans les cas de corruption ou de fraude. Elle s’appliquera également aux aspects systémiques liés aux valeurs fondamentales de l’Union européenne que tous les États membres doivent respecter, telles que la liberté, la démocratie, l’égalité et le respect des droits de l’homme, y compris les droits des minorités. » C’est donc une porte grande ouverte à l’ingérence de l’Union européenne sur les lois nationales, qui sont du ressort du régalien, ou sur les lois dites sociétales. Et ce, alors que la Pologne vient, notamment, d’adopter une loi restreignant l’accès à l’avortement.

    C’est donc très logiquement que la Pologne et la Hongrie ont dénoncé ce « coup de pied de l’âne » et opposé leur veto à ce paquet budgétaire. Selon Le Figaro, Viktor Orbán avait, auparavant, prévenu qu’« il ne peut donner son accord au compromis sur la conditionnalité car cela ne correspond pas au paquet conclu en juillet ».

    Quelques jours plus tard, après le vote de lundi, il s’expliquait : « Nous n’avons pas créé l’Union européenne pour avoir une deuxième Union soviétique » et, le 18 novembre, « il n’y aurait plus d’obstacles à lier les États membres à des mécanismes communs de soutien à l’immigration » car « l’Europe pourra utiliser des moyens financiers pour faire chanter les pays qui s’opposent à l’immigration ».

    Avec un certain panache, Michal Wojcik, le vice-ministre de la Justice polonais, affirmait, quant à lui, à propos de ce veto : « C’est un moment-clé de notre histoire : combien vaut la souveraineté, un milliard, plusieurs douzaines de milliards, plusieurs centaines de milliards d’euros ? Pour nous, cela n’a pas de prix. »

     

    Marie d'Armagnac

    Journaliste et auteur
  • La Monarchie est-elle de gauche ?, par Jean-Philippe Chauvin.

    « La Monarchie est-elle de gauche ? » : cette question m’a été posée il y a peu par un interlocuteur inquiet d’entendre le vieux royaliste que je suis parler de justice sociale, et il croyait y discerner une dérive gauchiste qui, je le garantis ici une fois de plus, n’existe pas, ni en théorie ni en pratique.

    jean philippe chauvin.jpgMais cette question mérite néanmoins réponse et nécessite quelques rappels pour éviter tout malentendu. Avant toute chose, rappelons que les engagements royalistes n’engagent pas, strictement, la Monarchie elle-même, cette dernière étant le régime à atteindre et dont les applications concrètes dépendent aussi, au-delà des fondements et des valeurs qu’elle incarne, du moment et des hommes. En cela, déjà, la question des étiquettes applicables au régime politique apparaît comme hasardeuse, et la République elle-même le prouve chaque jour : si la Monarchie était installée aujourd’hui dans notre pays, comme pour la République contemporaine, la question même d’une quelconque étiquette partisane ne se poserait pas, alors qu’elle peut légitimement se poser pour les royalistes (et les royalismes) eux-mêmes, tout comme elle se pose pour les partisans de la République.

     

    En fait, ce sont surtout les adversaires de la Monarchie qui sont les plus pressés à lui apposer une étiquette, par facilité plus que par discernement. Quels sont alors les arguments qui en feraient, ainsi, un régime « de gauche » ? D’abord la propension des rois de France, selon certains, à vouloir évoquer la raison d’Etat comme la justice (terme auquel le roi Louis XVI, en 1784, accolera le qualificatif de « sociale » dans un sens antiféodal…) plutôt que la seule liberté économique, et à s’en prendre aux grandes fortunes, comme n’hésiteront pas à le faire, de façon parfois brutale, Charles VII avec Jacques Cœur et Louis XIV avec Nicolas Fouquet. Ensuite, l’intervention directe de l’Etat royal (certains diraient « l’interventionnisme ») dans l’économie par la fondation et le soutien à de grandes entreprises considérées comme stratégiques pour l’action de l’Etat et le prestige (et la puissance) de la France, comme du temps de Louis XIV et de son ministre Colbert. Enfin, les efforts de la Monarchie de l’après-Révolution pour limiter la « liberté économique » par quelques lois rétablissant des droits sociaux pour le monde ouvrier comme pour le monde artisan au détriment du « libéralisme sans frein » adoubé par la Révolution de 1789 et légalisé par les lois d’Allarde et Le Chapelier de 1791 : ainsi, le roi Louis XVIII rétablit le repos du dimanche dès 1814, pour le plus grand bonheur des travailleurs auxquels l’empereur Napoléon avait refusé ce même repos sur toute la journée, dans une logique franklinienne (« le temps, c’est de l’argent ».) dont il était le serviteur zélé… Sans oublier les textes sociaux du comte de Chambord (« Lettre sur les ouvriers », 1865) et du comte de Paris comme « Le Prolétariat » publié en 1937, qui ont valu à leurs auteurs des qualificatifs parfois peu aimables de la part de politiciens républicains libéraux, jusqu’à traiter le dernier nommé de « prince rouge ».

     

    A bien y regarder, ce qui ferait de la Monarchie selon ses adversaires un régime « de gauche », c’est son aspect social, aussi imprécis que soit ce qualificatif : mais être favorable à la justice sociale et à la justice tout court (symbolisée par la main  de justice, attribut du roi qui lui est remis lors de la cérémonie du sacre) ; considérer qu’elle est un élément majeur de l’équilibre et de l’harmonie des société et que le bien commun et celui de l’Etat valent plus que les seuls profits de quelques uns ; pratiquer le « politique d’abord » au lieu de céder aux sirènes du « tout-économique » ;… Non, ce n’est pas « de gauche », et, historiquement, c’est même éminemment royal ! Le méconnaître serait oublier le sens et la portée de la Monarchie en France qui s’est construite contre, ou au-delà, des féodalismes de toute forme, remplaçant le suzerain par le souverain.

    Et demain ? Une instauration royale en France ne pourra négliger la question sociale : si elle se contentait de n’être que « morale » ou de « restaurer » une forme institutionnelle juste bonne à « inaugurer les chrysanthèmes », elle se priverait d’un enracinement social qui, dans l’histoire, fut longtemps sa marque de fabrique et son « assurance-vie », et qui pourrait lui donner aussi un rôle particulier dans une mondialisation qui a besoin d’un modèle social fort et susceptible de présenter une alternative à un libéralisme devenu trop souvent synonyme de démesure et d’injustices sociales. Le royaliste Maurice Pujo, au début du XXe siècle, expliquait que la Monarchie serait populaire ou, sinon, qu’elle ne serait pas, tout simplement : en disant cela, il ne faisait pas acte de gauchisme, mais rappelait l’obligation de justice de la Monarchie « ré-instaurée » à l’égard du monde du travail et du pays réel, celle qui en fait « le régime le plus social possible sans être politiquement socialiste »…

    Source : https://jpchauvin.typepad.fr/

  • Europe : suicide annoncé ?, par Christian Vanneste.

    Deux lectures s’imposent aujourd’hui pour comprendre le paysage chaotique qu’offre la politique internationale : les deux derniers livres d’Alexandre del Valle : “Les vrais ennemis de l’Occident” et “La stratégie de l’intimidation”. 

    christian vanneste.jpgEn effet, il n’y a pas de jour qui passe sans qu’un événement ne survienne pour fournir un prétexte à la diabolisation de la Russie tandis que la plupart des médias cherchent à tout prix à justifier l’immigration et à exonérer l’islam de toute culpabilité dans la genèse des attentats islamistes. La convergence de ces deux axes de l’information, la densité et l’ampleur de la désinformation en ce sens ne peut que susciter l’interrogation voire la suspicion. Celle-ci devient une quasi-certitude lorsque s’y ajoute la véritable chasse à toute résistance identitaire nationale ou religieuse dès lors qu’elle se développe en Occident. Dans ces trois cas, le déséquilibre est tellement visible qu’il soulève une exigence de compréhension.

    Pourquoi la Russie favorable à l’intégration dans sa famille civilisationnelle, occidentale et chrétienne, et même à un rapprochement avec l’OTAN, jusqu’en 2003 est-elle présentée comme l’ennemi prioritaire, censé commettre des assassinats ciblés contre ses traîtres et ses opposants ? Pourquoi, dans le même temps, le rôle néfaste de l’Arabie Saoudite, du Qatar, du Koweit et de la Turquie est-il minimisé ? La Russie ne menace nullement d’envahir l’Europe de l’Ouest, pas plus la Pologne ou les Etats Baltes que la France, et cependant les Etats-Unis, l’Otan qui réunit la majorité des Etats européens et la Turquie, concentrent à la frontière russe des bases et des moyens dont on perçoit mal à quelle urgence ils répondent. Ni l’Union Européenne, ni l’organisation atlantique n’ont renoncé à étendre leur espace jusqu’à la lisière de la Russie elle-même, à travers l’Ukraine. L’iniquité dans le traitement des informations saute aux yeux de n’importe quel observateur objectif : l’annexion de la Crimée est présentée comme un crime, alors que l’histoire et la volonté des habitants la légitiment totalement. L’appui de la Russie au gouvernement légal de la Syrie en vue de lui permettre de rétablir sa souveraineté sur l’ensemble de son territoire subit la critique parfois appuyée d’actions militaires dénuées de la moindre légitimité de la part des Occidentaux. La Turquie occupe plus d’un tiers de Chypre, une partie de la Syrie, les Américains interdisent à l’armée syrienne de passer l’Euphrate ou de s’approcher de la frontière jordanienne au mépris de la souveraineté de ce pays : des soldats syriens, mais aussi des Russes ont été victimes de cette ingérence inacceptable, de la part d’un pays qui osait encore récemment parler d'”Etats-voyous” à propos de ses adversaires. L’allié saoudien dont on sait le peu de respect pour nos “droits de l’homme”, et sa totale intolérance religieuse, a plongé son voisin yéménite dans le désastre humanitaire, mais l’Arabie est notre “amie… C’est pourtant de sa pensée, le wahhabisme, et de son infinie richesse pétrolière qu’est venue la vraie menace qui pèse sur l’Europe, l’islamisme désormais “rechargé” au salafisme. Le danger se présente par quatre voies : d’abord, la démographie de l’immigration musulmane ; ensuite, la croissance d’une forme virulente de l’islam qui empêche l’assimilation et renforce un communautarisme sécessionniste chez les immigrés ; en troisième lieu, le terrorisme qui trouvera dans l’expansion de l’islam une extension des vocations et du terreau nourricier ; enfin, le risque militaire, soit par le biais d’Etats puissants, comme le Pakistan, soit par la multiplication des djihadistes, de leurs réseaux et de leurs groupes armés.

    Face à ces périls, l’aveuglement obstiné semble répondre à un mot d’ordre. “Daesh” serait l’unique ennemi ! Non ! Ce n’est qu’une des têtes de l’hydre. En Syrie, seuls les Russes semblent l’avoir compris. Cette tête n’est d’ailleurs pas coupée, puisque les Occidentaux paraissent plus attachés à s’en prendre aux Syriens et aux Russes qui, passant l’Euphrate, réoccuperaient les champs pétrolifères dont la Syrie est actuellement spoliée, qu’à éradiquer définitivement l’Etat islamique. En Afghanistan, les cousins talibans reprennent progressivement le contrôle du pays, avec le soutien de “notre allié” pakistanais, ce pays où les Chrétiens sont discriminés. Les attentats que subit l’Europe sont un des moyens d’intimidation. La signature importe peu. Avant l’Etat islamique, c’était Al Qaïda, et après, le nom changera une fois encore. La peur agit : il est toujours facile de caricaturer un pape. Désormais, s’en prendre à Mahomet est suicidaire. Le refus de l’amalgame, pourtant légitimé par les textes permet aux réseaux apparemment modérés de tirer profit du rejet moralisateur de “l’islamophobie”. Et, c’est ainsi que les Frères Musulmans prospèrent à l’ombre du pouvoir, en Turquie, au coeur de la guerre civile, en Syrie ou en Libye, et dans les mosquées et les écoles en France même.

    La menace n’a pas du tout la même intensité aux Etats-Unis et en Europe. Pour l’Europe, elle est mortelle, en raison de la démographie et de la proximité géographique. Que les Américains poursuivent une politique égoïste qui vise à faire imploser l’Europe, à couper celle-ci de la Russie tellement complémentaire, à continuer leur alliance purement économique avec des pays qui sont à l’opposé de leurs valeurs, cela peut se concevoir. Que l’Europe se laisse entraîner dans cette politique suicidaire, jusqu’à condamner les nations européennes qui tentent de résister, relève d’une stupidité criminelle !

    Source : https://www.christianvanneste.fr/

  • Sophie Petronin, l’otage qui affectionne les jihadistes, par Céline Pina.

    Sophie Pétronin à Bamako, le 8 septembre 2020 © AP/SIPA Numéro de reportage: AP22501208_000004.

    De nombreux citoyens ont jugé indignes les déclarations de la vieille femme libérée

    Sophie Petronin a déclaré: « Je vais prier, implorer les bénédictions et la miséricorde d’Allah, parce que je suis musulmane. Vous dites Sophie, mais c’est Mariam que vous avez devant vous ». Pour obtenir la libération de cette curieuse otage, qui a-t-on relâché au Mali ? Et quelle somme a-t-on payé? Retenue quatre ans, Sophie Petronin ne veut voir dans ses ravisseurs que des groupes d’opposition au régime. Après ses premières déclarations, son retour laisse un goût amer.

    5.jpgQu’un fils soit heureux de retrouver sa mère se comprend parfaitement et on aurait aimé partager ce bonheur en tant que peuple. Petite fille, je me souviens des journaux télévisés d’Antenne 2 (nom de France 2 à l’époque) où tous les jours le nom des otages français au Liban et leur durée de détention ouvraient la grand-messe du 20h00, et je me souviens encore de la joie ressentie à leur libération. J’aurais aimé éprouver aujourd’hui ce même sentiment d’avoir retrouvé une compatriote perdue. Or ce n’est pas ce qui se passe et nombre de Français se demandent si un tel otage valait la peine de tant d’efforts au vu de son comportement indécent. La réponse est pourtant oui : c’est la gloire d’une nation que d’estimer qu’elle a à sauver les siens, même les plus malavisés et les moins reconnaissants. Le président français n’a tout de même pas de chance. Le retour d’un otage est en général du pain béni pour un politique, un moment de communion avec les Français qui voient leur dirigeant en sauveur de leur compatriote, donc en homme qui réalise la promesse de protection du peuple inscrite dans sa fonction. À ce titre l’émouvant retour d’une vieille dame, otage durant quatre ans au Mali, aurait dû être un moment heureux pour notre Nation. Sauf que l’otage en question a de quoi mettre très mal à l’aise.

    200 djihadistes en échange de notre Tatie Danielle de la prise d’otages?

    Enlevée par un groupe dénommé « Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans », dans les faits un mouvement terroriste lié à Al Quaïda, Sophie Petronin, otage tout juste libérée, refuse de les qualifier de jihadistes, paraît être à deux doigts de leur tresser des louanges et n’a pas un mot de remerciements pour la France. Pourtant sa libération pourrait bien nous avoir coûté des millions en rançon, lesquels serviront à acheter armes et munitions et à causer les massacres qui font les pays, misérables, et les orphelins, nombreux. Mais surtout, pour assurer son retour, 200 jihadistes ont été libérés qui à leur tour massacreront, tueront, pilleront et violeront, mettant encore plus en danger la vie de nos soldats qui les combattent sur le terrain.

    Certes ces questions se posent dès qu’un otage est libéré. On sait que les négociations avec les ravisseurs déboucheront sur une rançon qui leur servira à poursuivre des buts criminels et on ne peut rendre les otages coupables de ces faits. Sauf quand ceux-ci font tout pour se faire enlever et soutiennent plus les assassins en les transformant en combattant de la liberté, que ceux qui ont risqué leur vie pour les délivrer.

    Sophie Petronin en redemanderait presque

    La femme dont il est ici question a déjà été enlevée et s’est obstinée à retourner dans cet endroit, le plus dangereux du secteur, alors que la seule question qui se posait n’était pas si elle allait être enlevée, mais quand cela allait se produire. Cette personne, qui se met en scène en diva et en pasionaria de l’humanitaire, n’est en fait qu’une exaltée qui se moque des conséquences de ses actes. Elle se prend pour une grande âme, mais n’a en fait contribué qu’à accroitre le malheur du Mali. Entre l’argent qu’elle aura indirectement fourni aux assassins islamistes et ses œuvres humanitaires, le bilan risque d’être cruel. Il est probable qu’elle aura finalement plus aidé à semer la mort qu’à sauver des vies. Son irresponsabilité sème le malheur, mais elle ne le voit même pas et a l’air de vouloir continuer à mettre les autres en danger pour pouvoir se raconter en héroïne humanitaire. Pourtant certains cadres jihadistes, auteurs d’attentats à Bamako et à Byblos, comme le mauritanien Fawaz Ould Ahmed ont été relâchés pour le plus grand malheur de la population du Mali et de nos soldats.

    Qu’elle ne veuille pas en être consciente est humain : elle n’a pas voulu soutenir consciemment le financement d’Al Quaïda au Mali et il arrive, hélas, que les conséquences de nos actions nous éloignent de notre but initial, bien que nos intentions soient louables. C’est l’histoire de l’enfer pavé de bonnes intentions. Ce qui est critiquable, c’est qu’elle ait tout fait pour que cela arrive. Elle gagnerait à regarder cela en face au lieu de nous présenter la captivité comme une longue séance de méditation, une forme de retraite spirituelle où l’on vit au bon air et où l’on mange et on boit bien. Quant à ses ravisseurs, qu’elle présente comme un groupe d’opposition, ils seront ravis de voir leur propre otage les exonérer de tous leurs crimes. Les autres otages apprécieront aussi le discours de Mme Petronin : si être enlevé est l’équivalent d’une séance de médiation prolongé, pourquoi dépenser des fortunes pour sauver des otages à qui l’on offre une occasion exceptionnelle de goûter au lâcher-prise, si on en croit le discours de cette dame ? Cerise sur le gâteau, alors qu’elle devrait s’interroger sur le fait que sa volonté d’aider n’a abouti qu’à ajouter sa pierre à elle aux malheurs du monde, elle trouve judicieux d’expliquer encore qu’elle va repartir. 

    Je n’achète pas cette émotion factice

    Une telle inconscience est sidérante, mais ce n’est pas le pire. Ce qui est vraiment choquant, c’est de soutenir Al Quaïda en refusant de les qualifier de jihadistes. Or cette femme n’ignore aucun des méfaits des groupes terroristes au Mali. Cette phrase-là est impardonnable. Dommage que l’on essaie de nous vendre de l’émotion préfabriquée autour de cette femme, et que nombre de médias fassent semblant de ne pas entendre le discours gênant de cet otage. Un otage qui gagnerait à se taire ou à apprendre à dire simplement « merci » et « pardon ».

    Ceci étant dit, quand on est otage, on n’est pas sauvé en fonction de son mérite, mais parce que le pays a un devoir envers ses citoyens. Et c’est toujours un honneur de le remplir. Dommage que ce ne soit pas la beauté de ce geste qui soit mise en avant.

     

    Céline Pina

     

    Silence coupable de Céline Pina, avril 2016, 18,90€

    Source : https://www.causeur.fr/

  • Entre ensauvagement et extermination, le conflit « socialisé » de Georg Simmel, par Louis Soubiale.

    La multi-conflictualité, sinon l’omni-conflictualité des sociétés contemporaines, est-elle le propre de la modernité, voire de la postmodernité ?

    7.pngSi le conflit et la violence ne sont, certes, pas l’apanage de ladite modernité, il est un fait observable que, jamais dans l’histoire, un groupe humain socialement organisé n’aura autant baigné dans ce climat de haute inflammabilité polémogène qu’on qualifiera d’ensauvagement, tant il paraît renouer avec une certaine barbarie des mœurs pré-civilisationnelle. Au vrai, nos sociétés soi-disant policées sont diversement criblées de zones de conflits, quand elles ne sont pas scarifiées par des lignes de fracture plus ou moins profondes, rendues incoercibles par la propension mortifère à ne plus « faire communauté ». Le commun a été évacué au bénéfice indu d’un particulier surdéterminé, un corporatisme scissipare s’étant substitué au corps social, selon un processus dynamique qui n’épargne guère le plus haut niveau de l’État. C’est ainsi que la police, « soutenue » par son ministère de l’Intérieur, s’oppose frontalement à la justice et à son garde des Sceaux, tandis que l’actualité est quotidiennement émaillée de « faits divers » plus ou moins sanglants. Cette discordance n’est nullement faite pour garantir la sérénité et la stabilité du « droit gouvernement de plusieurs ménages » selon la formule de Jean Bodin. La conflictualité jaillit de ces incertitudes systémiques et itératives engendrant des bouleversements en cascades qui, de proche en proche, finissent par entamer, jusqu’à l’irréversible corrosion, les fondements de tout ce qui peut « faire société » : l’autorité, l’ordre public, les bonnes mœurs, la morale civique, l’instruction, l’excellence, la confiance publique… Mais ces incertitudes sont elles-mêmes le fruit de ces multiples courants déconstructeurs à l’œuvre depuis deux générations et qui, pour reprendre le mot de Julien Freund, précipitent la société dans une « dissidence avec elle-même ». La disharmonie qu’elle provoque plonge la société dans un état d’anomie systémique, l’antagonisme des valeurs (Max Weber) se conjuguant à l’illisibilité d’une conduite sociale commune, le tout débouchant sur la confusion, le chaos et la violence – de moins en moins contenue.

    Pourtant, à lire Georg Simmel (1858-1918), l’un des pères de la sociologie, cette conflictualité endémique n’aurait rien de particulièrement « anormale », dans la mesure où, précisément, le conflit participe activement d’un mouvement qu’il dénomme « socialisation », laquelle s’entend comme le topos « où il y a action réciproque de plusieurs individus ». Aux premières pages du célèbre chapitre IV de sa Sociologie (1908), il note que « si toute interaction entre les hommes est une socialisation, alors le conflit, qui est l’une des formes de socialisation les plus actives qu’il est logiquement impossible de réduire à un seul élément, doit absolument être considéré comme une socialisation » (Le Conflit). À la différence des pacifistes qui vouent leur existence au triomphe inconditionnel de la paix, Simmel tient pour acquis et inévitable la propension humaine au conflit. Les animosités « directement productives sociologiquement », confèreraient une forme au corps social. Le conflit serait donc autant une nécessité vitale qu’un déterminisme socio-psychique : « De même que pour avoir une forme, le cosmos a besoin ‘‘d’amour et de haine’’, de forces attractives et de forces répulsives, la société a besoin d’un certain rapport quantitatif d’harmonie et de dissonance, d’association et de compétition, de sympathie et d’antipathie pour accéder à une forme définie. » Et si l’homme est mu par des élans incontestables et sincères de sympathie et de compassion, il n’est pas contradictoire qu’il soit, dans le même temps, poussé par des pulsions d’hostilité qui se manifestent graduellement selon l’objet du dissentiment et l’intensité de l’antagonisme (aversion, dissension, dissidence, violence, guerre…). Si la tension mène à la dissociation et à la division, elle n’en est pas moins facteur d’unification. Le conflit, selon Simmel, « est en fait un mouvement de protection contre le dualisme qui sépare, et une voie qui mènera à une sorte d’unité, quelle qu’elle soit, même si elle passe par la destruction de l’une des parties ». C’est dire, ajoute Simmel dans un registre schumpétérien, que « les relations conflictuelles ne produisent pas une forme sociale à elles seules, mais toujours en corrélation avec des énergies créatrices d’unité ».

    Si l’unité jaillit d’une inéluctable et obligatoire dualité originelle, il n’en reste pas moins que tout conflit, par essence provisoire, doit déboucher sur sa propre fin – à la fois son terme et la réalisation de son objectif – quitte à renaître plus tard. Les acteurs du conflit doivent veiller à ne pas réduire à néant « l’élément créateur d’unité ». L’affrontement devient, en effet, un « cas-limite », assimilé au « meurtre crapuleux », lorsqu’il n’est plus question « d’épargner la victime, d’imposer une limite à la violence ». Pour Simmel, le conflit, loin de toute haine exterminatrice, est un « moment de la socialisation, même si celui-ci n’a qu’un effet de frein ». Nos sociétés Orange mécanique se situent-elles encore dans ce moment ?

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    Source : https://www.politiquemagazine.fr/

  • Sur le blog ami du Courrier Royal : « La Royauté est-elle de gauche ? ».

    « La Monarchie est-elle de gauche ? » : cette question m’a été posée il y a peu par un interlocuteur inquiet d’entendre le vieux royaliste que je suis parler de justice sociale, et il croyait y discerner une dérive gauchiste qui, je le garantis ici une fois de plus, n’existe pas, ni en théorie ni en pratique.

    Mais cette question mérite néanmoins réponse et nécessite quelques rappels pour éviter tout malentendu. Avant toute chose, rappelons que les engagements royalistes n’engagent pas, strictement, la Monarchie elle-même, cette dernière étant le régime à atteindre et dont les applications concrètes dépendent aussi, au-delà des fondements et des valeurs qu’elle incarne, du moment et des hommes. En cela, déjà, la question des étiquettes applicables au régime politique apparaît comme hasardeuse, et la République elle-même le prouve chaque jour : si la Monarchie était installée aujourd’hui dans notre pays, comme pour la République contemporaine, la question même d’une quelconque étiquette partisane ne se poserait pas, alors qu’elle peut légitimement se poser pour les royalistes (et les royalismes) eux-mêmes, tout comme elle se pose pour les partisans de la République.

    En fait, ce sont surtout les adversaires de la Monarchie qui sont les plus pressés à lui apposer une étiquette, par facilité plus que par discernement. Quels sont alors les arguments qui en feraient, ainsi, un régime « de gauche » ? D’abord la propension des rois de France, selon certains, à vouloir évoquer la raison d’État comme la justice (terme auquel le roi Louis XVI, en 1784, accolera le qualificatif de « sociale » dans un sens anti-féodal…) plutôt que la seule liberté économique, et à s’en prendre aux grandes fortunes, comme n’hésiteront pas à le faire, de façon parfois brutale, Charles VII avec Jacques Cœur et Louis XIV avec Nicolas Fouquet. Ensuite, l’intervention directe de l’État royal (certains diraient « l’interventionnisme ») dans l’économie par la fondation et le soutien à de grandes entreprises considérées comme stratégiques pour l’action de l’État et le prestige (et la puissance) de la France, comme du temps de Louis XIV et de son ministre Colbert.

    Enfin, les efforts de la Monarchie de l’après-Révolution pour limiter la « liberté économique » par quelques lois rétablissant des droits sociaux pour le monde ouvrier comme pour le monde artisan au détriment du « libéralisme sans frein » adoubé par la Révolution de 1789 et légalisé par les lois d’Allarde et Le Chapelier de 1791 : ainsi, le roi Louis XVIII rétablit le repos du dimanche dès 1814, pour le plus grand bonheur des travailleurs auxquels l’empereur Napoléon avait refusé ce même repos sur toute la journée, dans une logique franklinienne (« le temps, c’est de l’argent ».) dont il était le serviteur zélé… Sans oublier les textes sociaux du comte de Chambord (« Lettre sur les ouvriers », 1865) et du comte de Paris comme « Le Prolétariat » publié en 1937, qui ont valu à leurs auteurs des qualificatifs parfois peu aimables de la part de politiciens républicains libéraux, jusqu’à traiter le dernier nommé de « prince rouge ».

    Et demain ? Une instauration royale en France ne pourra négliger la question sociale : si elle se contentait de n’être que « morale » ou de « restaurer » une forme institutionnelle juste bonne à « inaugurer les chrysanthèmes », elle se priverait d’un enracinement social qui, dans l’histoire, fut longtemps sa marque de fabrique et son « assurance-vie », et qui pourrait lui donner aussi un rôle particulier dans une mondialisation qui a besoin d’un modèle social fort et susceptible de présenter une alternative à un libéralisme devenu trop souvent synonyme de démesure et d’injustices sociales. Le royaliste Maurice Pujo, au début du XXe siècle, expliquait que la Monarchie serait populaire ou, sinon, qu’elle ne serait pas, tout simplement : en disant cela, il ne faisait pas acte de gauchisme, mais rappelait l’obligation de justice de la Monarchie « ré-instaurée » à l’égard du monde du travail et du pays réel, celle qui en fait « le régime le plus social possible sans être politiquement socialiste »…

    A bien y regarder, ce qui ferait de la Monarchie selon ses adversaires un régime « de gauche », c’est son aspect social, aussi imprécis que soit ce qualificatif : mais être favorable à la justice sociale et à la justice tout court (symbolisée par la main  de justice, attribut du roi qui lui est remis lors de la cérémonie du sacre) ; considérer qu’elle est un élément majeur de l’équilibre et de l’harmonie des société et que le bien commun et celui de l’État valent plus que les seuls profits de quelques uns ; pratiquer le « politique d’abord » au lieu de céder aux sirènes du « tout-économique » ;… Non, ce n’est pas « de gauche », et, historiquement, c’est même éminemment royal ! Le méconnaître serait oublier le sens et la portée de la Monarchie en France qui s’est construite contre, ou au-delà, des féodalismes de toute forme, remplaçant le suzerain par le souverain.

     

    Jean-Philippe Chauvin

    Sources : https://le-courrier-royal.com/

    https://www.facebook.com/lecourrierroyal

  • L’antiracisme a réinventé le racisme !, par Christian Vanneste.

    La révolution est physiquement un tour de cadran. Les choses sont renversées, la tête en bas puis reviennent à leur place, mais elles n’ont plus la même tête. C’est ainsi que les Blancs avaient tendance à regarder les Noirs de haut, comme des sauvages ou des enfants, corvéables à merci, dressables à volonté. Même avec humour ou avec bienveillance, le racisme était latent et en fait inconscient de Tintin au Congo jusqu’à Banania. 

    christian vanneste.jpgPuis les éveilleurs de conscience sont venus dire aux chrétiens voués au repentir que ce n’était pas bien, qu’il fallait enfin pratiquer cette égalité qu’on proclamait sans la réaliser. L’humanisme portait l’unité du genre humain et réduisait les couleurs à de simples apparences. Les sciences, de la biologie à l’ethnologie montraient l’inanité d’une hiérarchie des races. Le racisme, chargé des relents de l’esclavage, des discriminations encore présentes ici et là, et de la récente abomination nazie, était rejeté avec horreur et devenait le péché originel, le père de tous les crimes, tandis que l’antiracisme devenait le dogme officiel.

    Son succès rayonnait au point que ses frontières s’estompaient : au départ, la race était clairement le groupe humain distinct physiquement et transmettant ses particularités par voie héréditaire. Son existence est indéniable même si ses contours deviennent plus flous au fur et à mesure du brassage des populations, mais il était entendu que la question ne portait pas sur l’existence des races mais sur leur inégalité. Puis, l’on a voulu interdire le mot, honni, sacrilège permanent pour l’idéologie humaniste. Puis on a voulu diluer la signification du racisme pour désigner désormais toute distinction, toute hiérarchie entre les “humains”. C’est ainsi que les différences culturelles, acquises, transmises ont peu à peu joui de la sanctuarisation propre aux races : on ne pouvait plus parler de l’inégalité des religions, ni de celle des nationalités. Or, il ne s’agit plus ici de tirer de l’apparence physique des conséquences psychologiques ou intellectuelles contestables, mais d’établir des différences entre des pensées et des comportements qui peuvent légitimement susciter des jugements de valeur. Le Christ, Bouddha ou Mahomet, ce n’est pas la même chose.  Quant à la discrimination juridique entre les citoyens et les étrangers, elle n’a strictement rien à voir avec le racisme. Elle est le fondement même de la Cité qui ne rassemble que ses citoyens et non ceux des autres cités. Sans cette distinction, la politique n’a plus aucun sens.

    Mais la révolution n’était pas encore accomplie. Elle termine sa course en rétablissant le racisme, en inversant toutefois ses données initiales. Cela a commencé avec la perversité de la discrimination positive : afin de compenser les inégalités dues au racisme passé ou latent, il fallait donner plus à ceux réputés victimes d’une inégalité. Il ne fallait plus se contenter d’une égalité juridique, formelle, mais rééquilibrer les inégalités supposées par des inégalités compensatrices. De même, il fallait limiter les libertés de penser, de s’exprimer ou d’agir en criminalisant toute pensée ou action incluant des inégalités. Haro sur la vieille dame blanche et chrétienne souhaitant la compagnie d’une semblable. La Halde ou le Défenseur du droit veillent ! A part dans le domaine confus de la sexualité, l'”autrisme”avait le vent en poupe. L’Autre était préférable, voire supérieur, le Même voué au déclassement. Les indigènes des colonies avaient toutes les qualités et ceux de la métropole, selon certains libérés en 1944 par ceux qu’ils exploitaient, n’avaient plus qu’à raser les murs.

    En douce, l’inversion s’était opérée. La race reprenait des couleurs avec un nouveau racisme, on n’ose pas dire repeint à neuf, appelé racialisme. La race n’était plus une entité biologique mais une donnée sociologique, un produit de la société et de la culture qui racisent. Désormais la race assumait sa fierté, stigmatisait sans vergogne la blancheur de l’autre devenue une faute originelle, inexpiable, condamnée à s’agenouiller, à renier son identité, ses gloires passées, à déboulonner les statues de ses grands hommes, à remplacer les noms de ceux-ci par ceux de “racisés” pour baptiser les rues. Il devenait interdit à un blanc de jouer le rôle d’un noir, offensant pour ce dernier qu’un acteur se noircisse le visage. De même il était bien venu qu’un personnage de l’histoire ou de la littérature, quel que soit son profil, soit interprété par un racisé. Des exigences nouvelles faisaient surface réclamant la présence de la “diversité” sur les chaînes audiovisuelles, dans la publicité, au mépris du simple mérite ou des statistiques. L’apartheid, la séparation raciale institutionnelle pointait son nez à l’Université avec des réunions entre soi, interdites aux Blancs, ou avec leur présence muette tolérée. Bref, le racisme était revenu, jusqu’à notre “président” toujours à l’affût d’une expression à la mode parlant du “privilège” blanc…. L’antiracisme avait conduit à exacerber une guerre des races d’autant plus pernicieuse qu’elle ne s’appuyait plus sur une science déficiente mais sur un délire idéologique venu d’Outre-Atlantique.

    Les révolutions sont des armes de destruction massives pour les civilisations. Il est grand temps que le bon sens, celui de Gaston Kelman ou de Malika Sorel-Sutter, nous délivre de celle que nous subissons.

    Source : https://www.christianvanneste.fr/