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Rechercher : Rémi Hugues. histoire & action française. Rétrospective : 2018 année Maurras

  • Société • L'honneur du peuple français en Corse ... selon Natacha Polony

     

    Par Natacha Polony           

    Ce qui est affirmé ici, à notre avis avec raison, c'est que les villageois corses qui ont manifesté devant les médias leur refus de voir s'installer dans leur île des comportements qu'ils jugent inacceptables ont fait preuve de citoyenneté [Figarovox, 19.08]. Ceci ne vaut pas de notre part soutien à l'indépendantisme corse et pas davantage aux activistes qui le prônent. Naturellement ! Mais nous ne voulons pas confondre les plans. Natacha Polony nous paraît en l'occurrence avoir raison de voir dans la réaction corse la manifestation d'un esprit citoyen que, soit dit en passant, on aimerait bien retrouver chez nos compatriotes continentaux. Les Corses ne sont guère animés par cet esprit exclusivement et sottement compassionnel que politiques et médias ont imposé aux Français en général. Et c'est tant mieux. Peut-être ouvrent-ils là une voie salutaire.  LFAR

     

    805164319.jpgLe voile s'est posé sur nos mots, bien avant que de s'inviter sur nos plages. L'altercation qui, depuis une petite crique de Corse, est venue mêler ses remous à ceux d'un été déjà tempétueux est plus intéressante encore par les mots employés pour la relater. Ainsi, la très grande majorité des commentateurs, reprenant tout simplement une dépêche de l'Agence France-Presse, a d'abord parlé de « tensions en Corse après une rixe entre communautés corse et maghrébine ».

    N'importe quel jeune journaliste sait - ou devrait savoir - ceci : les faits n'existent pas. Il n'existe que le récit de ces faits, et les mots pour le dire valent en eux-mêmes interprétation. Encore faut-il percevoir les nuances du vocabulaire français et comprendre qu'elles sont parfois porteuses d'idéologie. Mais non. Aucun commentateur n'a semblé gêné par cette phrase reprise comme une évidence. Si ladite rixe avait eu lieu à Saint-Raphaël ou au Lavandou, aurait-on parlé de heurts entre « communautés provençale et maghrébine » ; à La Baule ou à Paimpol, de heurts entre « communautés bretonne et maghrébine » ?

    Ce mot de « communauté » employé le plus souvent comme une facilité de langage, pour s'épargner une phrase plus précise, envahit la parole médiatique jusqu'à l'absurde. Et, ce faisant, s'impose ce que justement l'islam politique cherchait à nous faire accepter : l'idée que la France serait composée d'entités diverses pouvant faire valoir leur égale légitimité à suivre leurs coutumes propres et à revendiquer des droits. Il n'y a plus de citoyens de confession musulmane, mais une « communauté musulmane » (forcément solidaire ?). Il n'y a plus de citoyens de confession catholique, mais une « communauté catholique ». Plus de Maghrébins ou de Français d'origine maghrébine mais une « communauté maghrébine ». Plus de peuple corse, partie intégrante du peuple Français, mais une « communauté corse ». Et bientôt plus de peuple français mais une « communauté française ». Toutes, donc, à égalité sur un territoire neutre régi par le droit réduit à la seule expression des libertés individuelles.

    C'est précisément contre cela que se sont élevés des Corses sans doute moins complexés que les Français de métropole, parce que moins oublieux de ce qu'ils sont. Déjà, l'hiver dernier, des habitants d'Ajaccio avaient manifesté dans le quartier dont étaient originaires de jeunes gens ayant monté un guet-apens contre des pompiers. Parce qu'en Corse, on ne tolère pas que les pompiers, qui risquent leur vie pour autrui, se fassent caillasser (comme cela arrive très régulièrement dans toute la France, dans l'indifférence du pouvoir et l'impuissance des citoyens). Pas plus qu'on ne tolère que des petits caïds prétendent interdire l'accès d'une plage pour que leurs femmes puissent se baigner sans risquer le regard forcément concupiscent d'un « infidèle » extérieur à la tribu.

    Et c'est d'ailleurs bien le sens de cette privatisation, comme du fameux burkini, comme de ces longues abayas noires ou brunes qui fleurissent dans certains quartiers : les femmes appartiennent au clan, et le regard des autres hommes les salit parce qu'il ne saurait y avoir de mélange. Et plus ces signes visibles seront nombreux et banalisés, plus l'espace public appartiendra à la « communauté ». Curieux que cela ne choque pas les habituels adeptes du « métissage » et du « mélange ». On en a même vu, comme Edwy Plenel, proclamer le droit au burkini en ressortant les photos des baigneuses des années 1910, comme si tout à coup le contrôle patriarcal du corps des femmes façon Léon Daudet leur semblait un modèle.

    Certes, il y eut parmi les manifestants corses quelques excités adeptes des vociférations racistes, et quelle belle occasion pour certains de prétendre que cette manifestation dans son ensemble était de caractère « islamophobe » et de poser la question d'un « racisme corse » quasi congénital (puisque dans ce sens-là, tous les amalgames sont permis). On est moins pressé de s'interroger sur ce qui pousse des délinquants d'origine nord-africaine à cibler systématiquement des victimes d'origine chinoise pour les agresser et les voler, et dernièrement tuer, à Paris et dans sa proche banlieue. Les victimes et les coupables, cette fois, n'ont pas le bon profil.

    Oui, les mots sont politiques, et de ne plus connaître leur sens, on impose sans même y penser un modèle politique. Ainsi de la une du Monde daté du 19 août, où l'on peut lire ce titre: « Burkini: les musulmanes doivent-elles devenir invisibles ? » Un titre qui induit - et l'on craint que ce ne soit parfaitement volontaire - que les « musulmanes » dans leur ensemble ont besoin d'un burkini ou de la version de ville, le hidjab, pour être « visibles ». Une « visibilité » qui apparaît dès lors comme légitime en elle-même, puisque c'est la supposée invisibilité qui doit être débattue. En un titre, c'est la logique même de l'islam politique et de sa conquête de l'espace public par l'instrumentalisation des droits individuels si chers au libéralisme anglo-saxon qui est avalisée sans le moindre recul.

    Les villageois corses qui ont affirmé devant les médias leur refus de voir s'installer dans leur île des comportements qu'ils jugent inacceptables ont usé de mots simples, sans tourner autour du pot. Les mots qui viennent quand on est sûr de soi, de son histoire, de son identité. Les mots de ceux qui refusent d'être réduits au silence. Que cela plaise ou non, cette réaction relève de la citoyenneté. Gageons qu'elle soit largement partagée par le peuple français.   

    Natacha Polony           

  • Jean-Louis Harouel : « Les femmes qui portent le burkini sont des militantes »

     

    Par Alexandre Devecchio           

    ANALYSE - Jean-Louis Harouel démontre ici [Figarovox, 16.08] que l'interdiction du burkini sur certaines plages est parfaitement conforme au droit. Mais qu'au delà, le port du vêtement islamique traduit une volonté politique d'imposer une culture et des modes de vie contraires à notre histoire et nos valeurs. Nous partageons pleinement cette analyse.  LFAR

     

    Jean-Louis-Harouel-678x381.pngLa justice a validé ce week-end l'arrêté municipal interdisant le port du burkini à Cannes. Des associations « anti-islamophobie » réclamant en urgence la suspension de l'arrêté municipal cannois du 28 juillet se sont vues déboutées par le tribunal administratif de Nice. Cette décision est-elle surprenante ? Vous semble-t-elle conforme au droit français ?

    Cette décision n'est aucunement surprenante car parfaitement conforme à la jurisprudence du Conseil d'État, sachant que celle-ci n'a pas été statique à travers le temps mais a évolué en fonction du contexte politique et social. Dans des périodes relativement apaisées, cette jurisprudence était résolument libérale et faisait passer les libertés avant les soucis de l'ordre public, comme en témoigne le célèbre arrêt Benjamin de 1933. Cependant, dans la seconde moitié des années 1930, les passions politiques s'exacerbant et l'ordre public étant sans cesse plus menacé, intervient en 1936 le tournant de l'arrêt Bucard, par lequel le Conseil d'État a abandonné cette jurisprudence libérale pour faire prévaloir les impératifs de l'ordre public. Et il faudra attendre 1953 pour que s'opère avec l'arrêt Naud un retour au libéralisme de la jurisprudence Benjamin.

    Aujourd'hui, dans le contexte d'un affrontement de civilisations donnant lieu à un conflit armé ayant fait en un an des centaines de victimes sur le territoire national, il est logique que reviennent au premier plan les exigences de l'ordre public, et le juge des référés a d'ailleurs invoqué « le contexte de l'état d'urgence et des récents attentats » pour justifier sa décision en la fondant sur « un risque de troubles à l'ordre public ».

    Le juge note en outre que « sont respectées les dispositions de l'article 1er de la Constitution (« La France est une République laïque »), qui interdisent à quiconque de se prévaloir de ses croyances religieuses pour s'affranchir des règles communes régissant les relations entre collectivités publiques et particuliers. »

    Certes, mais en l'occurrence, il ne s'agit pas d'un service public, mais d'une plage…

    Le fait d'administrer et gérer au bénéfice des usagers une portion du domaine public affectée à l'usage du public constitue une activité exercée dans l'intérêt général, et relève donc de la notion de service public.

    Est-ce un premier pas vers l'interdiction de tous les signes religieux dans l'espace public ? N'est-ce pas une vision de la laïcité excessive ? Cette dernière sert-elle de cache-sexe à un combat plus spécifique contre l'islam politique ?

    L'islam est, par nature, politique. On ne saurait trop le rappeler : l'islam est un système total qui mêle le religieux, le politique, le juridique, la civilisation. L'islam est un code de droit qui prétend remplacer le droit du pays d'accueil. Si bien que toute concession faite à l'islam comme religion est un abandon consenti à l'islam comme système politico-juridique ainsi qu'à la civilisation islamique.

    Face à l'islam, la laïcité conçue comme neutralité ne suffit pas. Le cas de figure n'est pas le même qu'avec le catholicisme. Notre laïcité s'est certes construite contre l'Église, mais en accord avec les paroles fondatrices du christianisme : rendre à César et à Dieu ce qui leur revient respectivement. L'islam est au contraire l'anti-laïcité par excellence, si bien que notre État laïque devrait le combattre beaucoup plus durement qu'il n'a combattu le catholicisme.

    Ainsi que je le préconise dans mon récent livre Les droits de l'homme contre le peuple, il faut pour l'islam un régime dérogatoire comme en Suisse où la construction de minarets est interdite alors qu'on peut bien sûr y construire des clochers.

    Cela vient après l'affaire du parc aquatique privatisé pour les salafistes dans les Bouches-du-Rhône. Ce genre de pratique est tolérée dans certaines villes pour la communauté juive par exemple. Que répondez-vous à ceux qui dénoncent le « deux poids, deux mesures » ?

    Peut-on citer le nom de quelqu'un ayant opéré un massacre en France au nom d'une quelconque mouvance du judaïsme ?

    En Corse, la baignade de jeunes filles en burkini a provoqué une violente rixe entre jeunes corses et jeunes d'origine maghrébine. Que cela vous inspire-t-il ?

    C'est un exemple des troubles à l'ordre public que peut entraîner cet étalage sur les plages françaises des pratiques identitaires islamiques. Surtout dans le contexte des récents massacres commis par des islamistes au nom de leur dieu.

    Par ailleurs, il est clair qu'en Corse où la population est restée plus près de son sol, plus ancrée dans ses villages, elle se montre plus réactive face au processus de la conquête islamiste non dite mais bien réelle dont l'Europe occidentale est l'objet. Cependant, même dans l'Hexagone, de plus en plus de gens ont conscience du lien qui existe entre les carnages des terroristes islamistes et le folklore identitaire arabo-musulman qui est le terreau où se nourrit le djihadisme.

    Après l'arrêté de Cannes, pris le 28 juillet, une autre commune des Alpes-Maritimes interdit la baignade en burkini : Villeneuve-Loubet. Cela est-il le signe d'une prise de conscience face au danger de l'islam politique, au-delà de la menace terroriste ?

    On peut l'espérer. Notre pays est actuellement en guerre, et s'il ne veut pas être vaincu dans cette guerre, il doit savoir contre qui et contre quoi il se bat. Pour ne pas perdre une guerre, il faut impérativement nommer l'ennemi. Or, en l'espèce, celui-ci est double : d'une part les djihadistes violents qui massacrent dans notre pays; et d'autre part, les djihadistes « civilisationnels », qui œuvrent inlassablement à rendre toujours plus présents sur notre sol leur civilisation, leurs règles et leur mode de vie.

    À moyen et long terme, le plus grand danger pour les Français est la conquête feutrée de la France par le djihadisme civilisationnel, conquête qui s'opère au nom des droits de l'homme. Les femmes qui portent des vêtements de bain islamiques sont des militantes de la conquête de notre pays par un groupe humain porteur d'une civilisation antagoniste. Cet été, les plages sont la nouvelle partie de notre territoire que visent à s'approprier les islamistes. 

    Jean-Louis Harouel est professeur agrégé de droit à Paris II et auteur de «La grande falsification. L'art contemporain», «Le vrai génie du christianisme» et «Revenir à la nation» (Editions Jean-Cyrille Godefroy). Son dernier ouvrage Les droits de l'homme contre le peuple est paru aux éditions Desclée de Brouwer.  

    picture-2540921-61yhv5dr.jpgEntretien par Alexandre Devecchio

    Journaliste au Figaro et responsable du FigaroVox. Twitter : @AlexDevecchio

              

  • 2017 : sauve qui peut !

     

    par CS

    Dans les rangs des conseillers du chef de l’État et de ses ministres, c’est la débandade. Il s’agit de retrouver un poste avant la fin de mandat de François Hollande et la Bérézina annoncée de la prochaine élection présidentielle.

    L’été a été « meurtrier » pour le président de la République et ses ministres. Entre le 1er juin et le 27 août, pas moins de 48 conseillers ont quitté le navire élyséen et gouvernemental. À titre de comparaison, sur la même période en 2011, à un an d’une échéance identique, seuls 11 d’entre eux avaient choisi de voir si l’herbe était plus verte ailleurs.

    Signe d’une certaine fébrilité, la vague de départs est donc précoce. Les cabinets les plus touchés sont l’Élysée (5), le ministère des Finances (4), Matignon (4), les ministères de l’Aménagement du Territoire (3), de la Ville (3), du Travail (3).Parmi les postes les plus exposés, ceux de conseiller (32), directeur de cabinet (8), directeur de cabinet adjoint (5) et chef de cabinet adjoint (5) ont le plus connu de changements.

    L’augure d’une déroute aux prochaines élections présidentielle et législatives en mai et juin 2017 fait peur à tout ce petit monde. La très grande majorité des sondages en France n’annoncent-ils pas une Bérézina pour le pouvoir et ce, quelle que soit la volonté de François Hollande de se représenter ? « Ces gens fournissent un travail colossal et sacrifient leur vie de famille. C’est légitime qu’ils aient envie de saisir les postes intéressants qui se présentent », relativise un conseiller toujours en poste. De plus, les dernières grandes réformes du quinquennat – en particulier les lois Travail et Biodiversité – ont été adoptées. L’agenda ministériel et parlementaire est, en quelque sorte, en roue libre.

    Fidèle parmi les fidèles

    Où sont donc « recyclés » les conseillers de nos gouvernants ? Aussi bien dans le secteur public que dans le secteur privé. Ainsi, parmi les départs les plus emblématiques, Thierry Lataste (62 ans), le « dir’cab’ » de l’élysée, a été nommé haut-commissaire de la République en Nouvelle-Calédonie en juin dernier. Une très belle fin de carrière pour ce haut fonctionnaire, plusieurs fois préfet, et arrière-petit-neveu de Jean-Joseph Lataste, béatifié par le pape Benoît XVI le 3 juin 2012 ! Benoît Puga (63 ans), chef d’état-major particulier de François Hollande – après avoir été celui de Nicolas Sarkozy – a été promu grand chancelier de la Légion d’honneur, le 1er septembre dernier, succédant à Jean-Louis Georgelin.

    Ces postes prestigieux viennent récompenser et couronner une carrière bien remplie au service de l’État. Jérémie Pellet, Sciences-Po, ENA, conseiller pour le financement de l’économie à Matignon, a rejoint, en juillet dernier, l’Agence française de développement comme directeur général délégué. Beau tremplin pour cet ancien de BNP Paribas âgé de 38 ans. La conseillère Afrique de l’élysée, Hélène Le Gal, qui avait été récusée pour être ambassadrice au Rwanda en 2011, a quitté ses fonctions en septembre. Elle a été nommée ambassadrice de France en Israël.

    Le chef de cabinet du président, Isabelle Sima, 46 ans, a elle aussi fait ses cartons. Cette fidèle d’entre les fidèles, qui avait rencontré le président en Corrèze dès la fin des années 80, a été nommée préfet du Cantal. Enfin Nathalie Iannetta, conseillère sport du président depuis deux ans, ex-journaliste de Canal +, a rejoint la prestigieuse UEFA, l’instance de régulation du football européen, au poste de « chief advisor ».

    Salaires juteux

    D’autres hommes et femmes de l’ombre ont choisi le secteur privé : l’ex-conseillère à l’économie de François Hollande, Laurence Boone, 47 ans (Sciences-Po et London Business School) a ainsi rejoint l’assureur Axa comme chef économiste. Son salaire ? Supérieur à 130 000 euros par an ! Le conseiller aux finances du chef de l’état, Jean-Jacques Barbéris, 36 ans (agrégation d’histoire, ENA), a opté pour l’entreprise Amundi, la société de gestion d’actifs issue du rapprochement de Crédit agricole Asset Management et de Société générale Asset Management.

    Avec, à la clef, un salaire d’environ 400 000 euros par an. Un autre conseiller à l’économie, Julien Pouget, (40 ans, X-Mines) a choisi l’entreprise pétrolière Total, pour un poste à haute responsabilité et un salaire à la hauteur de la tâche qui l’attend. A tout juste 37 ans, Hugo Richard, ancien chef adjoint de cabinet de Jean-Yves Le Drian au ministère de la Défense, est devenu directeur des affaires publiques de la coentreprise Airbus Safran Launchers (aérospatial).

    Aide au retour à l’emploi

    Mais, depuis l’affaire Pérol (lire encadré), ces reconversions dans le privé sont sous surveillance rapprochée. Une commission de déontologie contrôle le pantouflage, notamment le risque qu’un conseiller travaille dans une entreprise dont il avait la responsabilité au sein des cabinets. Un garde-fou imparfait puisque cette commission n’a qu’un rôle consultatif, mais une précaution qui ne facilite pas, pour les conseillers, la « vie d’après ».

    Certaines nominations déclenchent une polémique, comme celle de Philippe Mauguin, directeur de cabinet de Stéphane Le Foll au ministère de l’Agriculture. Nommé à la présidence de l’Institut national de la recherche agronomique, il a dû faire face à la fronde des presque 2 000 chercheurs de l’Institut et d’une partie de la droite parlementaire contre ce « parachutage politique ». Il a même dû passer par les fourches caudines d’un comité d’experts et d’une audition très tendue pour accéder à ce poste. En effet, « faire du cabinet » n’est plus le sésame qu’il représentait au temps où l’État était encore tout-puissant.

    Le moindre interventionnisme de la puissance publique conjugué aux multiples plans d’économie a réduit les postes au sein de la fonction publique… Et avivé la concurrence entre hauts fonctionnaires. Une provision pour les aides au retour à l’emploi de 1,85 M€ a même été constituée dans le budget de l’élysée. Elle est destinée aux agents contractuels qui ne sont pas assurés d’un reclassement dans la  fonction publique. La fin du pantouflage ? Non, quand même pas. 

    Repris du numéro de décembre 2016 de Politique magazine : à commander ici !

  • Cinéma • Assassin's Creed : les héros virtuels dénoncent les élites réelles !

     

    Par Eric Delbecque

    ANALYSE - Eric Delbecque a vu Assassin's Creed, le film dérivé du célèbre jeu vidéo. Derrière l'univers Geeks et les effets spéciaux, il y voit une réflexion sur le monde contemporain. C'est ce qui nous a paru faire l'intérêt de cette critique [Figarovov, 30.12]. Les cinéphiles apprécieront sa valeur à l'écran et, s'il y a lieu, donneront leur avis.  LFAR 

    On ne va pas voir Assassin's Creed parce que l'on est passionné par les films ou les romans historiques… Cela n'a pas de sens de tenter d'y déceler la moindre trace de vraisemblance. Ce qui rendait d'avance hors sujet les invectives de Jean-Luc Mélenchon en novembre 2014 sur le jeu vidéo du même nom (en l'occurrence Assassin's Creed Unity) qui travestissait selon lui la signification de la Révolution française. Malgré les imperfections de la réalisation, on achète sa place d'abord pour le show !

    L'amateur de blockbusters hollywoodien, en particulier ceux de Marvel et DC Comics mettant en scène des super-héros, trouvera son bonheur dans les salles obscures en admirant les combats entre les ninjas en scapulaires (pas très loin de chevaliers Jedis médiévaux) et les nervis des inquisiteurs en armure (une espèce d'Ordre Sith). Michael Fassbender (le Magnéto des X-Men) incarne parfaitement le rôle du marginal Callum Lynch, ainsi que celui de son ancêtre, le membre de la société secrète des Assassins, Aguilar de Nehra.

    L'intrigue ne suit que de très loin l'univers des Geeks (précisons pour les néophytes qu'Assassin's Creed est d'abord et avant tout un jeu vidéo édité par Ubisoft). Une fois encore - c'est désormais fréquent - le synopsis repose sur la dénonciation des élites et la lente construction d'un soft totalitarisme (voir à ce sujet Bienvenue dans le pire des mondes. Le triomphe du totalitarisme) matérialisé ici par les Templiers, l'organisation rivale des Assassins (lesdits Templiers auraient aussi bien pu incarner le camp des «bons», mais les fantasmes qu'ils suscitent sont sans doute à l'origine de leur assignation à résidence du « Mal »).

    Le réalisateur Justin Kurzel nous fait vite comprendre que les élites politiques et économiques semblent appartenir dans leur grande majorité à la société secrète des Templiers. Ces derniers seraient en fait le premier pilier des pouvoirs un partout à la surface de la planète. Ils tiraient déjà les ficelles de l'Inquisition espagnole au XVe siècle! Que cherchent-ils ? À s'emparer de la « Pomme d'Eden », une sphère contenant la clé génétique du libre-arbitre.

    Grâce à un dialogue entre le docteur Alan Rikkin (Jeremy Irons), un templier de haut rang, et un membre de l'organe dirigeant de l'Ordre (appelé « les Aînés »), interprétée par Charlotte Rampling, le spectateur apprend le principal, à savoir que les représentants du Temple poursuivent comme objectif ultime la domestication des masses, qu'ils nomment de façon plus positive et pudique la suppression du « cycle de la violence ». Après avoir compté sur la répression durant des siècles, ils misèrent ensuite sur la diffusion de la société de consommation pour endormir toute tentation de dissidence: il ne s'agit ni plus ni moins que d'une reformulation de l'idée de « fabrique du consentement », une thèse développée par le journaliste et auteur Walter Lippmann, et à la base de la pensée d'Edward Bernays, le rédacteur de Propaganda et le gourou de la communication d'influence et des relations publiques aux États-Unis dès les années cinquante.

    De quoi s'agit-il ? En résumé, puisque la contrainte physique suscite toujours la résistance, il convient de laisser penser aux citoyens qu'ils choisissent librement leurs chaînes… Exactement ce que le capitalisme financier tente de faire en nous faisant croire que la marchandisation intégrale des rapports sociaux et de notre environnement est un incroyable progrès que nous désirons tous !

    Toutefois, Rikkin, grâce aux travaux de sa fille Sophia, brillante chercheuse (Marion Cotillard), veut venir à bout de l'esprit critique, de la capacité même à choisir ses opinions et son parcours de vie. Il a donc capturé des descendants des Assassins de différentes époques pour les placer dans l'Animus, une machine qui permet d'accéder aux souvenirs de leurs ancêtres grâce à la mémoire génétique des individus. Callum Lynch, alors qu'il était condamné à mort pour meurtre, se retrouve enfermé dans une base templière située en Espagne (à la fois prison, citadelle et centre scientifique d'expérimentation), officiellement propriété de la société Abstergo.

    « La vérité n'existe pas »

    Bien évidemment, le film nous parle de la coupure entre l'hyperclasse mondialisée et le reste des populations des nations du globe. Les créateurs d'Assassin's Creed reprennent ici en l'aménageant la légende développée par l'écrivain Vladimir Bartol en 1938 dans le roman Alamut (qui narre l'histoire d'une secte religieuse ismaélite dérivée des chiites). Sur grand écran, les Assassins n'incarnent pas des fanatiques mais des individus apparaissant comme les gardiens du « Credo », c'est-à-dire de la foi en la liberté individuelle, de pensée, de conscience.

    En assistant au serment qu'ils prêtent dès le début du film, on saisit que les mots cachent une autre réalité que leur sens littéral. « La vérité n'existe pas » veut dire : chacun doit exercer sa capacité à raisonner et à refuser les dogmes exigeant la soumission pure et simple. En affirmant « Tout est permis », ils vont au-delà du message nietzschéen (et de son exploration par Dostoïevski pour démontrer les limites de l'amoralisme) afin de dénoncer les lois iniques et la fausse morale. Ce qui constitue objectivement un procès en règle de toute forme d'intégrisme religieux.

    Exploitation facile de la vague des théories du complot, diront certains ? Sans doute. Mais il faut d'abord y discerner le besoin contemporain de véritables héros de la liberté. Par-delà la claire intention commerciale de ce divertissement, à savoir populariser la licence, communiquer autour de la marque « Assassin's Creed » et favoriser les ventes des jeux vidéos, il y a effectivement dans ce film la mise à nue intéressée d'une conviction qui tend à dominer dans les classes populaires et modestes : celle qu'une oligarchie possédante confisque la démocratie à travers la mondialisation.

    Bien sûr, il flotte aussi dans ces deux heures de grand spectacle un goût marqué pour la violence, ou plutôt un désir de combat, de confrontation avec le monde au nom d'un idéal ; faire partie des élus qui peuvent sauver une réalité à la dérive fait immanquablement partie des aspirations puissantes de la jeunesse. Assassin's Creed met le doigt sur ce qui manque à l'Europe: une quête. On sait hélas à quel point cette aspiration peut porter à la violence et à la barbarie lorsqu'elle ne trouve aucune forme de satisfaction (il est utile à cet égard de lire Les nouveaux enfants du siècle d'Alexandre Devecchio).

    Étonnant de voir à quel point la réalité virtuelle, le plus souvent brillant auxiliaire de la dynamique marchande, se dénonce elle-même dans ce divertissement parsemé de quelques symboles forts. Mais qui privilégie aujourd'hui les interprétations symboliques ? Beaucoup préfèrent les lectures littérales qui engendrent les confrontations ou nourrissent de futiles polémiques…  

    Eric Delbecque    

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    Eric Delbecque est Président de l'ACSE, auteur de : Les super-héros pour les nuls (First)        

  • On ne peut pas être de gauche et multiculturaliste : Le culte de la diversité ruine le modèle social

     

    Par Jérôme Blanchet-Gravel*

    C'est là [Causeur, 6.06] un intéressant article - et juste en nombre de points relatifs à l'actualité - qui soulève toutefois quelques objections de fond. En premier lieu, faut-il vraiment invoquer un modèle social, en effet en cours de destruction ? Mais la société ne se définit pas essentiellement par un modèle. Elle est d'abord un fait, dans son essence, et, nous oserons dire, à contre-courant, un fait de nature. Elle ne ressort en vérité d'aucun contrat social, mais de la naissance, de l'Histoire et d'un héritage. Il n'appartient pas à l'Etat de décider de sa nature, mais de la servir, l'ordonner, la pacifier et de servir le Bien Commun, d'en favoriser les progrès, au besoin de le défendre. Que ce que nous appelons la gauche ait de longue date failli à ces missions tient, nous semble-t-il, à son fondement révolutionnaire. Encore faut-il souligner que ce que nous appelons la droite, professe à très peu près la même idéologie, à laquelle elle est, de fait, ralliée et mène la mêeme politique. Boutang se révoltait qu'on empêche l'homme moderne - partant, la société - de vivre naturellement. Le fond du problème que cet article - par ailleurs excellent - méconnaît quelque peu, nous paraît être là. Faut-il donc renoncer aux fondamentaux ?   Lafautearousseau.     

     

    Outre les flambées de violence de plus en plus fréquentes qu’il encourage, le multiculturalisme sonne le glas du modèle social. La plupart de ceux qui y adhèrent ont beau prétendre appartenir à une certaine gauche, il n’en demeure pas moins que cette idéologie contribue à abattre ce qu’il reste encore de l’État comme figure habilitée à prendre soin de la population. Il est devenu presque banal d’affirmer que le multiculturalisme va de pair avec le libéralisme. Mais pourquoi vont-ils si bien ensemble ?

    La réponse est que non seulement la politique antidiscriminatoire a pour effet d’occulter une multitude d’enjeux économiques importants, mais elle favorise la dissolution des solidarités de classe dans des sociétés de plus en plus divisées en fonction d’appartenances tribales. La distance est si grande entre l’État-providence et le multiculturalisme qu’on se demande comment certains politiciens peuvent encore sérieusement les défendre en même temps. En France comme au Québec, au Royaume-Uni comme aux États-Unis, le communautarisme brise la logique du contrat social : il viendra rapidement un temps où la solidarité ne sera encouragée qu’à l’intérieur même des communautés culturelles.

    Des solidarités économiques aux solidarités ethniques

    Il est quand même fascinant d’observer à quel point les gauches occidentales peuvent renier leur héritage en procédant au démantèlement du paradigme social au profit du paradigme identitaire. Je suis loin d’être le premier à constater que la gauche a délaissé une grande partie de son programme économique en ayant fait de la défense des populations immigrées son cheval de bataille. Aux yeux de plusieurs représentants de ce courant, le travailleur ordinaire occidental est devenu le symbole de la « tyrannie de la majorité » tandis que la figure de l’Étranger est devenue celle de la grande rédemption à venir.

    D’ailleurs, dans les années 1960-1970, le fait que la gauche se soit mise à percevoir les minorités comme le nouveau prolétariat ne l’a pas empêché d’abandonner ultérieurement sa propre mythologie pour embrasser des thèses qui se trouvent à mille lieues de la pensée socialiste. La gauche a d’abord recyclé ses thèmes et ensuite plongé tête baissée dans un antiracisme identitaire qui ne pouvait mener qu’au choc des civilisations. Pour tout dire, la gauche a tellement insisté sur la discrimination dont souffriraient les minorités qu’elle a elle-même contribué à les marginaliser selon une prophétie autoréalisatrice, réussissant à convaincre l’élite des prétendues velléités du peuple à leur encontre. Pendant qu’elle s’acharne à parler de xénophobie, la gauche ne se préoccupe plus tellement des inégalités économiques.

     

    Aux États-Unis, l’élection de Donald Trump en novembre 2016 a illustré cette tendance : le désespoir de nombreux déshérités de la classe moyenne a été perçu comme un signe de pur chauvinisme dans une Amérique de plus en plus multiculturelle. Malgré les avertissements de Bernie Sanders, les revendications économiques des Américains « WASP » n’ont jamais été vraiment prises au sérieux par les démocrates. Le sentiment de désillusion exprimé par les principales victimes de la désindustrialisation a été vu comme la frustration d’une ancienne catégorie de privilégiés (« white angry men ») par rapport à l’évolution naturelle de la société américaine. Résultat : la gauche libérale a contribué à élire un puissant démagogue par son rejet de la classe ouvrière.

    Une gauche française à l’américaine ?

    En France, l’essor du multiculturalisme ne pouvait donc logiquement déboucher que sur le développement d’une gauche à l’américaine, c’est-à-dire fondamentalement libérale. Emmanuel Macron l’incarne à merveille, lui qui semble avoir compris pourquoi son époque n’était pas compatible avec une forte intervention de l’État. Pour assurer l’équilibre de la société, les libéraux pensent que la clé réside dans l’autonomie. Le marché, de même que les associations religieuses fanatisées, devraient être libres de s’autogouverner. Il ne reviendrait pas à l’État de guider la société civile et de redistribuer universellement la richesse, mais bien aux communautés de s’assurer du bien-être de leurs membres. La France goûtera un jour à cette médecine si elle persiste à s’américaniser.

    Jean-Claude Michéa a déjà suggéré que la gauche avait intériorisé les principaux codes du libéralisme anglo-saxon sans même le réaliser. Finalement, force est de constater qu’à l’exception de quelques anciens marxistes, elle n’est devenue qu’une référence de l’imaginaire à laquelle on ne renvoie que pour se donner bonne conscience. La gauche n’est qu’un hochet qu’on agite pour plaire, elle n’existe encore que pour diaboliser la nation.   

    Jérôme Blanchet-Gravel
    essayiste

    A lire aussi : Après l’attentat de Londres, l’adieu au communautarisme ? Theresa May décidée à changer le modèle britannique

  • Spectacles • Plaidoyer pour Matt Pokora, qui n’est pas Charlie !

     

    Par Nicolas Gauthier

    Nous non plus n'avons jamais été Charlie. Nous avons dit pourquoi, dès le lendemain matin du sinistre attentat qui a frappé ce journal que nous n'aimons pas et ne doit pas l'être pour de sérieuses raisons. Le sujet est ici plus léger, bon pour un week-end [Boulevard Voltaire, 31.05]. Mais, qui sait ? Matt Pokora a ses raisons et Nicolas Gauthier en cite quelques unes qui ne sont pas nulles. N'hésitant pas à dire sa sympathie, fût-ce en termes crus.  LFAR 

     

    745791051.pngLe journalisme mène décidément à tout. Même à dire du bien de Matt Pokora, idole tatouée et peroxydée des jeunes générations. Pour aller franc, pas un album de ce bonhomme dans ma discothèque, et encore moins dans celle de mes enfants. Et pourtant…

    Eh oui, et pourtant, voilà que ce gandin est en train de faire le buzz lors d’un long et passionnant entretien accordé au Figaro. Avec cette phrase qui fait mouche : « Je sais parfaitement que 90 % de mon public vit en province. » Déjà, voilà qui est politiquement suspect. Histoire d’aggraver son cas, lors du carnage ayant décimé la rédaction de Charlie Hebdo, Matt Pokora est l’une des rares vedettes française à se sentir modérément Charlie.

    Explications du principal intéressé : « Je suis Charlie, mais à ma façon. Pour moi, cela va au-delà de Charlie Hebdo, car des policiers sont morts, des Juifs sont morts. […] Mais pour tout cet événement, je suis Français et citoyen français avec des compatriotes qui se sont fait tuer, avec des policiers, des gens qui travaillent dans un journal que je n’ai jamais acheté. » Voilà qui n’est guère en accord avec la vulgate politico-médiatique d’alors et d’aujourd’hui…

    Et notre auteur d’hymnes de campings, emblématique de cette France donnée pour être « invisible », d’aggraver son cas en affirmant : « Je reste un patriote avant tout. J’ai toujours défendu haut et fort les couleurs de la France. »

    Il est, certes, licite de penser ce que bon semble de l’actuel plus gros vendeur de disques de France ; My Way, son album de reprises de Claude François, s’est écoulé à plus de cinq cent mille exemplaires – au fait, Toto, le vrai titre, c’est « Comme d’habitude », « My Way » n’en étant que la version anglaise, adaptée par Paul Anka et rendue mondialement célèbre par Frank Sinatra. Sans oublier des salles affichant complet sur l’ensemble de nos « territoires », tel qu’on dit maintenant, qu’ils soient urbains ou périphériques.

    Bien sûr, il sera toujours possible de railler ce nouveau phénomène, convoquant au passage esprits donnés pour affûtés et musicologues d’occasion. Moquer celui qui reprend, à son compte et de façon maladroite, les tubes du défunt Cloclo.

    Mais ce serait oublier que le même Cloclo fut tout aussi peu légitime, en son temps, lorsque massacrant les chansons des Beatles et des Supremes. Ce, d’autant plus que Matt Pokora n’est pas plus ridicule aujourd’hui qu’un C. Jérôme ne le fut hier, avec son « Kiss Me », qui était à peu près ce que les Rubettes étaient aux Rolling Stones, ou un Patrick Topaloff à Jim Morrison. Et alors ? 

    Matt Pokora assure que « Charlie, ce n’est pas sa came ». Mais pourquoi ce mépris de classe, ce dénigrement digne du Goût des autres, pour paraphraser le fort pertinent film d’Agnès Jaoui ?

    Il y a plus de trente ans, le fameux « Viens boire un p’tit coup à la maison », du fort bien nommé groupe Licence IV, caracolait alors en tête du Top 50, au grand désarroi de Claude Sérillon. Et c’est, lors d’une soirée télé sur Antenne 2 (comme on disait alors), que le pourtant très gauchiste Maxime Le Forestier calma une assemblée des plus énervées, en rappelant à cette dernière que la chanson à boire faisait elle aussi partie du patrimoine national. Des gosiers assoiffés aux culottes inondées, Matt Pokora ne fait finalement jamais rien d’autre que d’incarner une nouvelle génération de chanteurs à gisquettes. Après Luis Mariano et Benjamin Biolay, Jean Sablon et Julien Doré, Tino Rossi et Maître Gims, Annie Cordy et Izïa Higelin.

    Pour finir, laissons plutôt la parole au principal intéressé. Lequel explique, à propos de son nom de scène, au Figaro que « Matt », c’est pour « Mathieu ». Et que « Pokora » signifie « humilité », en polonais. Le tout en souvenir de ses aïeux paternels, venus de Cracovie dans les années trente pour s’en aller travailler dans les mines de l’est de la France, tandis que la branche maternelle était issue d’une longue lignée de militaires. Ce qui explique peut-être pourquoi l’une de ses bagues fétiches n’est autre qu’une tête de Christ, couronnée de ronces.

    En matière de presse, Charlie n’est pas la came de Pokora, et Pokora n’est pas la mienne ; musicalement s’entend. Mais rien n’empêche pour autant de saluer ce jeune trublion ; surtout lorsqu’à l’évidence il est sévèrement burné. 

     
    Journaliste, écrivain
  • Après l'émotion, il faudra bien prendre conscience de la situation de guerre où nous sommes entrés, sans-doute pour long

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    Il était bien prévisible que l'otage français capturé en Algérie par les islamistes ne tarderait pas à être exécuté. Il a fallu que ce soit chose faite, dans les horribles conditions que l'on sait, que l'on a vues, pour que l'émotion s'empare, fortement cette fois-ci, de l'opinion française et de ceux qui la font. L'onde de choc de telles images et de telles émotions peut s'étendre loin dans l'espace (en Europe notamment), dans le temps (le renouvellement de tels actes est évidemment à prévoir), et dans l'ordre des conséquences : politiques, militaires, sociales et idéologiques. 

    Dans cette situation, le rappel des responsabilités des uns et des autres serait vain si l'on n'en tirait aucunes conséquences idéologiques et politiques. Ces dernières devraient aller de soi.

    Sur le plan extérieur, sans remonter trop loin dans l'histoire récente, il est clair que les interventions américaines en Afghanistan et surtout en Irak, à quoi s'ajoute l'initiative stupide de la France en Libye, ont bouleversé le toujours fragile équilibre proche-oriental et y ont libéré les forces - et les armes - qui nous frappent aujourd'hui. Sans-doute pour longtemps. Savait-on, à Washington et à Paris ce que l'on risquait en touchant, sans autre projet politique sérieux que d'y installer des démocraties paisibles, au monde arabe ? Les avertissements n'avaient pas manqué. Ils étaient justifiés. Mener sa politique, sans suivre aveuglément les Etats-Unis (comme elle l'a fait en 2003, où elle s'est abstenue de participer à la deuxième guerre d'Irak), en éliminer l'idéologie et le moralisme qui la corrompent trop souvent, soutenir, partout où cela sera possible, les hommes et les régimes qui constituent ou pourront reconstituer des zones d'ordre qui ne nous menacent pas, en somme, mener une politique réaliste et non une politique de principes, voilà qui devrait s'imposer à la France. Saura-t-elle opérer cette rupture ? Pour l'instant, elle n'a d'autre choix que de frapper, elle aussi, affaiblir, détruire autant qu'il sera possible, les forces en guerre contre nous, libérées par nos propres inconséquences. Il est probable que nous venons d'entrer dans une période de guerre de longue haleine. Guerre de trente ans, guerre de cent ans ? En tout cas, ce genre de guerre - dite, aujourd'hui, asymétrique - dont il n'est pas possible d'entrevoir le terme ...   

    La menace intérieure est l'autre face de ce conflit, en lien et synergie avec la précédente. Elle est majeure. Le consentement de la France à une immigration massive en provenance des pays d'Islam en est l'élément principal. Certes, comme on nous en rebat suffisamment les oreilles, les immigrés de religion ou de culture musulmane ne doivent pas, individuellement, et même collectivement, être suspectés de terrorisme. La plupart souffrent de la situation actuelle. Ces considérations n'empêchent pas que les politiques d'immigration menées en France ces quarante dernières années, aboutissant à la présence sur notre sol de dix à douze millions d'immigrés de religion ou de culture musulmane, sont directement responsables du climat d'insécurité, de la crise d'identité, et, pour une part non négligeable, des difficultés économiques, qui ont conduit à la démoralisation des Français. Le parti immigrationniste (en fait, ce que nous appelons le Système) - politiques, intellectuels, journalistes, syndicalistes (y compris le patronat), monde de l'Education, nébuleuse des associations, églises, jusqu’au plus haut niveau - ont, à quelques courageuses exceptions près, imposé leur loi politique et morale à la France. Leur responsabilité est terrible. Aujourd'hui s'ajoute au malaise identitaire, la menace terroriste intérieure. Concrète et terrifiante. Issue qu'on le veuille ou non - très minoritaire, il est vrai, mais fanatique, résolue à toutes les extrémités et en lien avec le jihadisme international - de la communauté immigrée. Une politique de l'immigration en rupture radicale avec celle suivie jusqu'à présent, devrait donc s'imposer. Ce n'est pas le lieu d'en décrire le détail. Mais nous devrions y revenir prochainement.

    Quelles seront les suites politiques, idéologiques, électorales, européennes, militaires, du choc - pour l'instant surtout émotionnel - que la France vient de connaître ? Entraînera-il une réaction déterminante, ou sera-t-il récupéré, canalisé par la conjonction des idéologues et des bonnes consciences ? Amplifiera-t-il les réactions qui commencent à poindre aussi, en Europe, comme Louis-Joseph Delanglade l'a indiqué, ici, avant-hier ? Permettra-t-il, comme le suggérait un commentaire reçu, hier, dans notre blog, de "crever l'abcès en liquidant toute cette menace mise à jour une bonne fois" ? L'on peut en douter. Il n'est pas non plus interdit de l'espérer.  u

     

    Lafautearousseau

     

  • De la Monarchie de Louis XIV à la République de Monsieur Hollande

     

    Par Jean-Philippe Chauvin

     

    arton8470-7b8cd.jpgUn jour, le soleil s’est couché et il ne s’est pas relevé… C’était le 1er septembre d’il y a trois siècles : et pourtant, comme il l’avait promis, sa mort physique marque aussi sa « sur-vie » politique, au-delà de son temps et pour la mémoire des siècles, par la reconnaissance que l’Etat est maître du pays, par son administration et son autorité, mais aussi à travers ses monuments, autant Versailles que ce que Napoléon qualifiera des « masses de granit », c’est-à-dire les grands principes qui fondent l’Etat moderne et son fonctionnement. Louis XIV, d’une phrase célèbre prononcée sur son lit de souffrance et de mort, déclare : « Messieurs, je m’en vais, mais l’Etat demeurera toujours », sorte d’explication de texte à la formule rituelle de la Monarchie française « Le roi est mort, vive le roi », qui, après le dernier soupir du monarque, fut prononcée comme une évidence « absolue » au balcon du palais royal. 

    Dans La Croix (samedi 29-dimanche 30 août 2015), Frédéric Mounier écrit joliment que « Louis XIV fait naître la France » pour expliquer qu’il met en place les structures d’un Etat qui, d’une manière ou d’une autre, sera renforcé au fil des règnes et des circonvolutions de l’histoire, sans doute bien au-delà et pas forcément dans le même esprit (au contraire de ce qu’affirme Tocqueville) que celui de son incarnation la plus emblématique, celle-là même qui fit déclarer au roi-soleil, post-mortem et « faussement », « l’Etat c’est moi » ! Mais il est des faux, et celui-ci est de Voltaire dans son « siècle de Louis XIV », qui révèlent mieux la vérité que cette dernière elle-même quand elle n’ose se mirer dans les glaces de son palais ou se parer de grands mots, atours parfois vains du prestige : humilité royale, sans doute, peu compréhensible en nos temps d’egolâtrie républicaine… Evidemment que c’était lui, l’Etat, et il a passé son temps et usé ses énergies à le faire comprendre à tous ceux, féodaux du service d’eux-mêmes, qui oubliaient qu’ils devaient plus à la France qu’elle ne leur devait. Mais Louis XIV n’était « que » l’Etat et son Etat n’était pas encore ce Moloch ou ce Minotaure qu’il devint avec la Révolution et l’Empire, et que Bertrand de Jouvenel a si bien décrit et compris dans son ouvrage « Du pouvoir » publié dans les années 1940. 

    Si l’Etat royal devint plus fort sous et par Louis XIV que jamais il ne l’avait été auparavant, il restait fondateur et non uniformisateur, ce que, à travers sa formule sur la France considérée comme « un agrégat inconstitué de peuples désunis », le Mirabeau de 1789 reconnaissait pour mieux s’en plaindre, tout comme le fameux abbé Grégoire qui ne trouvait pas de mots assez durs pour fustiger cette diversité qui, pourtant, fait aussi la réalité de la France. Avec Louis XIV, la Monarchie devenait fédératrice, elle ordonnait autant qu’elle unifiait symboliquement autour du roi, et de la pluralité foisonnante de la France, elle gardait le côté pluriel mais aiguisait l’épée politique : l’Etat se musclait, il ne s’engraissait pas vainement … 

    Trois siècles après la mort du monarque-Apollon, qu’est devenu cet Etat qui fut sien avant que d’être officiellement « nôtre » par la grâce de la démocratie ? Si le fondateur de la Cinquième République fut, avec quelque raison sans doute, souvent comparé à Louis XIV (en particulier par ses opposants) et caricaturé comme tel par le dessinateur Moisan dans Le Canard enchaîné (qui en fit quelques recueils à succès avec André Ribaud), ses successeurs récents n’en ont guère la stature et font penser à cette phrase terrible du général de Gaulle rapportant sa rencontre cordiale mais vaine avec l’ancien président de la République Albert Lebrun, celui de 1940 : « Au fond, comme chef de l’Etat, deux choses lui avaient manqué : qu’il fût un chef ; qu’il y eût un Etat ». Effectivement, entre les mains des perpétuels présidents-candidats, l’Etat semble laisser filer ses fonctions et ses responsabilités régaliennes pour ne plus être qu’un « Semble-Etat » selon la formule si expressive de Pierre Boutang … 

    C’est quand elle est la plus monarchique que la République a la possibilité d’être grande et efficace, comme une sorte d’hommage du vice à la vertu. Mais la Cinquième République, même en ses plus belles heures gaulliennes, n’est pas la Monarchie et elle vire plutôt à la monocratie quand le président en poste ne pense qu’à sa réélection ou à sa postérité personnelle quand c’est à celle de l’Etat et de la France qu’il faudrait penser et pour laquelle il faudrait agir… La comparaison entre le roi-soleil et l’actuel président fait sourire bien de nos contemporains, et ce n’est pas aux dépens du monarque versaillais… 

    Le blog de Jean-Philippe Chauvin

     

  • Avec Jacques Bainville, déconstruire le premier et le plus sordide des pseudo ”mythes fondateurs” de la Révolution et du

     

    2464260466.jpg"Les ridicules légendes de la Bastille", les "canailles... et les plus sinistres gredins... de mauvaises gens, des criminels capables de tout ", disait Bainville... Ridicules et tragiques légendes, oui, mais annonciatrices et créatrices de la Terreur.

    Il n'y a a jamais eu de "prise" de la Bastille, mais la perfidie d'une poignée d'émeutiers sanguinaires, brutes avinées, assassins et terroristes dans l'âme, lesquels, après avoir promis liberté et vie sauve aux quelques dizaines d'hommes présents dans le lieu n'eurent rien de plus pressé que de les massacrer, de couper leurs têtes et de les promener dans les rues au bout de piques ! Toutes proportions gardées, c'est un peu ce qu'a fait Yassin Salhi avec son patron, à Saint Quentin Fallavier : le décapiter et planter sa tête sur les grilles de l'usine !

    Pourquoi ce rapprochement avec Daech ? Tout simplement parce que, même s'il peut surprendre de prime abord, il n'est nullement hors de propos : comme Daech, qui fait commencer l'Histoire avec Mahomet et détruit tout ce qui précède, la Révolution, et notre actuel Système qui en est l'héritier et la "pratique" au quotidien, fait commencer la France en 1789; et la Révolution a  allègrement détruit entre le quart et le tiers du patrimoine français, crime contre la France mais aussi contre l'Art et l'Humanité, dont on sait qu'ils sont imprescriptibles...

    Et tout cela a commencé avec, et par, la pseudo "prise" de la Bastille, vocabulaire bidon employé pour masquer une horreur et une monstruosité, matrice de la Terreur, comme l'a fort bien montré François Furet, historien véritable et honnête, qui avait pourtant commencé sa trop courte carrière... à l'extrême extrême-gauche ! : Furet écrit que, dès cet épisode du 14 juillet 89, la Terreur est en gestation, "la culture politique qui peut conduire à la Terreur est présente dans la révolution française dès l'été 1789", et la prise de la Bastille inaugure "le spectacle de sang, qui va être inséparable de tous les grands épisodes révolutionnaires"...

    Certes, officiellement, c'est la Fête de la Fédération que l'on célèbre, le 14 juillet, mais l'ambigüité persiste : ce matin, à 7h15 (rubrique "Expliquez-nous", sur France info) Elise Delève l'a bien dit : c'est "la prise de la Bastille" que l'on célèbre. En voilà une, le jour où l'on créera la Légion des Ignares, qui devra être, directement, "Grand-Croix" ! Une ambigüité, donc, malsaine et savamment entretenue par le Système, qui persiste à parler des "valeurs républicaines", alors que Les valeurs républicaines, ça n'existe pas ! : ce court passage, c'est Denis Tillinac qui l'a écrit, mais Chantal Delsol, Eric Zemmour et bien d'autres - et de plus en plus d'autres... - le disent...

    Liberté ? Mais la France est étouffée dans un carcan de plus de 420.000 Lois et règlements, qui font que la fertilité du peuple est étouffée par la stérilité des "gouvernants" (?)...

    Egalité ? Mais l'augmentation des inégalités s'accroit à une vitesse vertigineuse, l'écart des salaires a atteint des records difficilement imaginables il y a seulement quelques décennies, et  - par la démolition de l'Ecole - le Savoir est maintenant réservé à une "élite" du fric, qui peut payer de vraies études à ses enfants, alors que la masse ne reçoit plus qu'un très léger vernis, très largement dévalorisé...

    Fraternité ? Mais comment parler de Fraternité dans un Système héritier de la Révolution qui a perpétré le premier Génocide des Temps modernes - le Génocide vendéen - et qui se dilue aujourd'hui dans le communautarisme ?...

    Les seules "valeurs républicaines" que nous rapporte ce monstrueux "14 juillet 1789", c'est la Terreur, le Totalitarisme, le Génocide...

    Voici le texte de Jacques Bainville (Journal, Tome III, note du 15 juillet 1929) :

    Supposons qu'on apprenne ce soir qu'une bande de communistes, grossie des éléments louches de la population, a donné l'assaut à la prison de la Santé, massacré le directeur et les gardiens, délivré les détenus politiques et les autres. Supposons que cette journée reste dépourvue de sanctions, que, loin de là, on la glorifie et que les pierres de la prison emportée d'assaut soient vendues sur les places publiques comme un joyeux souvenir. Que dirait-on ? Que se passerait-il ?

    D'abord les citoyens prudents commenceraient à penser qu'il ne serait pas maladroit de mettre en sûreté leurs personnes et leurs biens. Tel fut, après 1789, le principe de l'émigration. Mais peut-être y aurait-il aujourd'hui plus de français qu'en 1789 pour accuser l'imprévoyance et la faiblesse du gouvernement et pour les sommer de résister à l'émeute.

    TERREUR GUILLOTINE 1.jpgAujourd'hui le sens primitif du 14 juillet devenu fête nationale est un peu oublié et l'on danse parce que c'est le seul jour de l'année où des bals sont permis dans les rues. Mais reportons-nous au 14 juillet 1789 comme si nous en lisions le récit pour la première fois. Il nous apparaîtra qu'il s'agissait d'un très grave désordre, dont l'équivalent ne saurait être toléré sans péril pour la société, qui a conduit tout droit en effet à la Terreur et au règne de la guillotine, accompagnée des assignats. Et le gouvernement qui a laissé s'accomplir sans résister ces choses déplorables serait digne des plus durs reproches.

    Nous avons connu un vieux légitimiste qui disait, en manière de paradoxe, que Louis XVI était la seule victime de la Révolution dont le sort fût justifié. Quel avait donc été le tort de Louis XVI ? Quand on lit les Mémoires de Saint-Priest, on s'aperçoit que l'erreur du gouvernement de 1789 n' a pas été d'être tyrannique (il n'était même pas autoritaire) ni d'être hésitant, ni d'être fermé aux aspirations du siècle. Son erreur, énorme et funeste, a été de ne pas croire au mal. Elle a été de ne pas croire qu'il y eût de mauvaises gens, des criminels capables de tout le jour où ils ne rencontrent plus d'obstacle.

    Saint-Priest montre Louis XVI dans toutes les circonstances, et jusqu'au 10 août, ou peu s'en faut, convaincu que tout cela s'arrangerait et que ni les émeutiers de la Bastille ni les révolutionnaires n'étaient si méchants qu'on le disait, et d'ailleurs, au moins au début, bien peu de personnes le lui disaient. A la Convention, pendant son procès, Louis XVI répondait encore poliment, comme à des juges impartiaux et intègres. D'ailleurs on peut voir dans les Mémoires de Broussilof, qui viennent d'être présentés au public français par le général Niessel, que Nicolas II avait sur l'espèce humaine exactement les mêmes illusions, les mêmes illusions mortelles.

    Malheur aux peuples dont les chefs ne veulent pas savoir qu'il existe des canailles et restent incrédules quand on leur dit qu'il suffit d'un jour de faiblesse pour lâcher à travers un pays ses plus sinistres gredins !

  • Livres • Crime imaginaire et victimes réelles

     

    Entre blasphème, soldats d'Allah, charia et menace des kalachnikovs, une excellente chronique d'Éric Zemmour pour FigaroVox.

     

    Un an après Charlie, seule une plongée dans le passé du blasphème nous éclaire. Une histoire passionnante où religion et politique sont étroitement mêlées. Hier comme aujourd'hui.

    Le mot avait disparu du langage courant. Il évoquait des temps immémoriaux et obscurs, où le Moyen Âge et le chevalier de La Barre se mêlaient dans une grande confusion historique. Le blasphème nous semblait aussi désuet que la marine à voile mais sans susciter la même nostalgie pour la splendeur des équipages. Il y a un an, l'exécution de dessinateurs blasphémateurs au cri d'Allah akbar nous a ramenés dans un passé que l'on croyait révolu. Aussi efficace qu'une machine à remonter le temps, la kalachnikov des frères Kouachi ressuscitait un univers des «péchés de bouche» et des «serments outrageux» que Voltaire et la République des Jules avaient cru enterrer dans le linceul des «crimes imaginaires». Alors, pour mieux comprendre et combattre ce qui nous tombait dessus, autant plonger dans ce passé qui était fort bien passé. C'est ce que nous propose Jacques de Saint Victor, historien du droit bien connu des lecteurs du supplément littéraire du Figaro. Une plongée passionnante et instructive qui nous ramène aux sources juives du Dieu monothéiste, exclusif et jaloux, et de ces développements complexes en terre chrétienne.

    Notre auteur nous surprend en nous apprenant que, contrairement aux idées reçues, ce n'est pas tant l'Église qui réprima le blasphème que les rois ; le pape tempérait même les ardeurs répressives des rois: «C'est plutôt la politique que la religion qui a rendu la religion intolérante.» Les guerres de religion allaient donner une nouvelle vigueur à cette question, dans un temps où les protestants usaient du blasphème pour scandaliser les catholiques et où le protestantisme fut assimilé au blasphème par les catholiques. Pour sortir des guerres de religion, les politiques inventèrent la monarchie absolue. Que les Lumières et la Révolution remplacèrent par la nation. On n'avait plus besoin de Dieu et de la religion pour fonder la légitimité du pouvoir politique. «La France fut la première nation en Europe à abolir expressément le délit de blasphème en 1791… La première nation à dissocier aussi nettement le droit et la religion.» Les tentatives pour restaurer les anciens interdits (Restauration, second Empire) étaient vouées à l'échec et au ridicule. Mais le ridicule ne tue pas. Notre auteur s'en amuse ou s'en effraie. «Notons que notre exigence actuelle de “respect des religions” ou de “décence” puise sa source dans les plus obscures décisions de justice du second Empire, celles-là mêmes qui poursuivaient Proudhon, Baudelaire et Flaubert!» Nous vivons le temps des grands renversements d'alliance. Les progressistes ont des faiblesses pour le Moyen Âge. Les laïcards, des tendresses pour Allah. «La pénalisation du “discours de la haine” et le respect des convictions intimes étaient brandis par la droite ultracatholique de 1881 pour dénoncer le blasphème ; les voici repris aujourd'hui par les associations antiracistes.»

    À l'époque, c'est Clemenceau, anticlérical et anticolonialiste, qui lançait: «Dieu se défendra bien lui-même ; il n'a pas besoin pour cela de la Chambre des députés.» Aujourd'hui, c'est l'extrême gauche qui explique que la laïcité est un projet colonialiste et raciste, et que l'islam rigoriste n'est que «la rage des victimes de la mondialisation capitaliste».

    Jadis, l'État français combattait tout communautarisme et tout État dans l'État. Aujourd'hui, c'est l'État lui-même qui, avec la loi Pleven, «marque le début juridique du repli communautaire en France en institutionnalisant sans y prendre garde la logique identitaire». À l'ONU, sous la pression des pays musulmans, le conseil des droits de l'homme adopte une résolution en 2009 qui affirme la nécessité de poursuivre «toute forme de diffamation des religions» et le Vatican s'y oppose, voyant le danger pour les chrétiens dans les pays musulmans.

    Dans ce tohu-bohu historique et idéologique, notre auteur tente de raison garder. Il invoque les mânes modérés de Montesquieu ; refuse la confusion faite «entre respect des croyances et respect des sensibilités». Mais il paraît désarmé devant cette «singularité française: depuis le début des années 2000, la nation la plus laïque d'Europe va nourrir, en son sein, des exigences parmi les plus fondamentalistes du continent en matière de blasphème». Il diagnostique fort bien un retour à l'esprit des guerres de religion: «Le blasphème a fini par redevenir un “curseur identitaire” comme il l'avait été au XVIe siècle» ; mais il croit pouvoir établir une égalité entre les menaces venues de l'islam littéraliste et celles issues du christianisme fondamentaliste. Derrière celui-ci, il croit voir l'ombre de «l'ordre moral». Il continue à croire que «la société libérale laïque reste en définitive la seule réponse à ce délit de blasphème» ; mais il oublie que cette société libérale de la IIIe République respectait alors «la morale de nos pères» chère à Jules Ferry, et ne sacrifiait pas aux rites postmodernes de la théorie du genre et du mariage homosexuel. Il invoque avec raison le souvenir glorieux de Clermont-Tonnerre et sa fameuse phrase: «Il faut tout donner aux juifs en tant qu'individus, et rien en tant que nation», en omettant que les Israélites, en échange de leur émancipation religieuse, poursuivaient leur assimilation culturelle à une société chrétienne. Il craint que cette évocation vigoureuse et décomplexée de nos racines chrétiennes ne pousse au «choc des civilisations» en faisant mine de ne pas voir que le fameux choc a déjà fait couler le sang dans les rues de Paris. Il nous avait pourtant lui-même donné les clefs d'explication du retour tonitruant de cette question dans la France du XXIe siècle, en nous montrant que la répression du blasphème fut une des armes utilisées par le pouvoir royal pour affirmer son autorité et sa souveraineté.

    De même aujourd'hui, la répression du blasphème par des soldats d'Allah exprime la volonté d'affirmer sur notre sol, et nos populations, l'émergence d'un pouvoir islamique, fondé sur la charia et appuyé par la menace des kalachnikovs. Les islamo-gauchistes ont déjà choisi d'y faire allégeance. D'autres s'y refusent. Notre auteur, comme nous tous, devra se résoudre à choisir son camp. 

    Eric Zemmour 

    Blasphème de .Jacques de Saint Victor, Gallimard, 122p., 14 €

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  • Droit au blasphème, une nouvelle tartuferie ?, par Olivier Perceval.

    Nous serions enfin libres, car le droit au blasphème est officiellement établi.

    Il est autorisé d’insulter une religion et ses symboles, mais il est interdit d’en insulter les membres. A titre d’exemple, quand Brigitte Bardot, ancienne actrice française, écrit à propos des musulmans qu’ils « détruisent la France », elle est poursuivie par la justice. En revanche, quand l’auteur Michel Houellebecq qualifie l’Islam de « religion stupide », il est acquitté.

    Du coup, il en est de même pour l’Église, Jésus et Marie. Ils peuvent être insultés de la pire manière qui soit, mais les chrétiens en tant que peuple ne peuvent être mis en cause.

    olivier perceval.jpgDétail  : l’Église (ecclésia) est l’assemblée des croyants  ; Jésus en est la tête mystique et Marie en est la mère. Dès lors, à chaque fois qu’ils sont insultés, c’est le peuple des chrétiens qui est insulté solidairement.

    Cela dépasse semble-t-il l’entendement des journalistes et de l’appareil judiciaire…

    Mais sur fond d’affaire Mila.  Il s’agit, au-delà de la liberté d’expression, de prendre en compte le fait musulman en France. Depuis le temps que l’on traîne l’Église catholique dans la boue et que les laïcistes pratiquants dénoncent les protestations timides, voire les poursuites qui n’aboutissent jamais comme autant d’atteintes intolérables à la liberté d‘expression, comparées à la réaction des islamistes au bataclan, il y a une nuance qui ne semble pas effleurer les pourfendeurs des religions. Pour le coup, on pourrait s’écrier  : «  Pas d’amalgame  ». Les menaces de morts contre une adolescente ne sont pas le fait de terroristes, mais d’autres adolescents qui font la loi dans les établissements de l’éducation nationale.

    Mais si le blasphème est autorisé dans notre société dans le cadre de la législation en faveur de la liberté d’expression, il existe néanmoins la notion d’incitation à la haine en fonction de la race  :

    «  La loi loi de 1881 abolit le délit de blasphème. Néanmoins, en juillet 1972, des limites à la liberté d’expression surviennent avec la loi Pleven, du nom du ministre l’ayant portée, qui vient amender la loi de 1881. La loi – et notamment ses articles 24 et 32 – sanctionne le racisme, qui n’est dès lors plus considéré comme une opinion. L’insulte, la diffamation et l’incitation à la haine, à la violence ou à la discrimination fondées sur la race, l’ethnie, la nation ou la religion sont interdites.

    A quoi on ajoutera plus tard l’orientation sexuelle.

    Par exemple si je dis  : «  je n’aime pas les pédés  » je tombe sous le coup de la loi. En gros, c’est une nouvelle forme de blasphème laïque strictement interdite et n’ayant rien à voir avec l’exercice de la liberté d’expression.  Que la rédaction de Charlie Hebdo fasse bien attention, on peut tout dire, mais pas ça. 

    Mais si je dis  : «  la sodomie me fait gerber  » là, en toute logique, j’ai le droit car cela ne vise pas les homosexuels, mais leur seule pratique. 

    Le problème avec la disparition progressive des conventions régissant le lien social, de la hiérarchie des valeurs partagées peu ou prou, d’une certaine verticalité et d’un sens du sacré réduisant à minima les quelques notions de politesse encore existantes, il devient assez fréquent pour les croyants de supporter des propos outranciers et des agissements provocateurs à l’excès.

    Aujourd’hui, avec la multiplication des minorités victimaires, on assiste à la fois à l’autorisation du blasphème et à l’interdiction de critiquer des «  communautés  » tandis que ce qui s’inscrit dans l’histoire, comme l’Islam et la chrétienté peut être battu comme plâtre. (Surtout la chrétienté).

    Il s’agit là d’une belle hypocrisie qui désigne accessoirement les bons et les méchants. Clairement il faut évidemment condamner et réprimer sans ambiguïtés, les violences, meurtres et menaces proférés par les fanatiques se sentant humilié. Mais cela n’empêche pas que l’on puisse se sentir réellement humilié et blessé sans être pour autant fanatique. La loi, au nom de la non-reconnaissance du blasphème ne peut plus constituer un recours, avec le risque que certains en déduisent qu’ils doivent faire justice eux-mêmes.

    Pour couronner le tout, les discussions autour de la proposition de loi dite Aviaremettent une pièce dans le juke box  : Elle est destinée notamment à faire retirer sous 24 h tout propos «  haineux  » sur le net. Or, la haine ne constitue pas en elle-même une infraction dans le droit français au moins. Qui décrétera qu’un blasphème n’est pas un propos haineux  ? Ou à l’inverse qu’un propos haineux n’est pas un blasphème  ?

    Par ailleurs est-ce au nom du droit au blasphème, que les médias et les pouvoirs publics jettent un voile discret sur la profanation des églises et des cimetières qui ont décuplé ces dernières années en France ?

    Est-ce au nom du droit au blasphème que l’on cache au public la violence génocidaire dont sont victime les chrétiens d’Orient notamment  ?

    Ce qui est certain, c’est que ce n’est pas au nom de la liberté d’expression.

    L’analyse objective ne serait-elle pas de conclure que le blasphème d’autrefois (essentiellement contre Dieu donc) est autorisé mais que le nouveau blasphème (contre les minorités émergentes) est lui interdit  ?

    Tartuffe est bien éternel  !…

  • Moyen-Orient V) La souveraineté piétinée !, par Christian Vanneste.

    Depuis la fin de la seconde guerre mondiale, la notion de souveraineté territoriale a connu bien des vicissitudes. Mise à mal par les agressions des pays de l’axe, mais aussi de l’URSS, les invasions et les annexions, la notion paraissait constituer l’un des piliers du nouvel ordre international, du droit dont l’ONU devait être le gardien vigilant. La décolonisation en avait multiplié les bénéficiaires. Au nom du sens de l’histoire, les interventions militaires agressives étaient unilatéralement le fait du bloc soviétique, en Corée, en Hongrie, en Tchécoslovaquie, au Vietnam, en Afghanistan.

    christian vanneste.jpgLa tentative anglo-française en Egypte fut le dernier sursaut d’un Occident, où les Etats-Unis affichaient la défense, le maintien des frontières définies par les traités, mais se refusaient à les franchir : quelques opérations de soutien à des gouvernements alliés, comme au Liban, mais ni en Corée, ni au Vietnam, ni à Cuba, ils ne remettront en cause la souveraineté d’Etats hostiles protégés par Moscou. L’effondrement du bloc soviétique a totalement modifié la stratégie. Les opérations militaires dans des pays dont la souveraineté sera négligée avec ou sans mandat de l’ONU, au nom de l’ingérence humanitaire ou de la lutte contre le terrorisme, seront désormais une pratique occidentale fréquente. La Serbie, l’Irak, l’Afghanistan, la Libye, la Syrie en seront les principales victimes. On pourrait y ajouter les renversements de régimes du Rwanda, puis du « Zaïre », redevenu Congo depuis, réalisés par une armée venue de l’Ouganda et équipée par les Américains. Manifestations populaires, répression présentée comme féroce dans les médias qui minimisent les provocations, révolution… et la cavalerie de la liberté arrive pour terrasser les méchants dictateurs. La répétition à l’identique des événements suscite légitimement un doute sur leur spontanéité.

    Mais, pendant ce temps, la Russie, qui était souvent visée par le processus, à travers ses anciens satellites, ou ses alliés, était sortie de son marasme, et si elle laissa passer la chute de Kadhafi, elle n’accepta pas celle de Bachar Al-Assad, et réagit avec vigueur en Ukraine et en Géorgie. Cette réaction de légitime défense fut sévèrement punie par des sanctions économiques qui handicapent son développement et la poussent à s’appuyer sur la Chine au lieu de se rapprocher de l’Europe dont elle est pourtant le complément.

    La Syrie offre l’exemple caricatural du mépris de la souveraineté érigé en dogme géopolitique. Il y a dans ce pays un Etat toujours représenté officiellement à l’ONU. Celui-ci a été réduit au rang de « régime » par les médias occidentaux, et son Président décrit constamment comme le bourreau de son peuple pour avoir réprimé une révolte qui dès 2011 a pris un tour armé et violent avec le massacre de policiers. Derrière l’écran d’une fantomatique Armée Syrienne Libre et d’une opposition « modérée », la plus grande partie du pays a été jusqu’en 2016 la proie de bandes armées soutenues par l’étranger et composées souvent de combattants venus d’ailleurs. L’armée syrienne qui a subi des pertes considérables et a connu d’épouvantables massacres dans ses rangs, a tenu bon, et a pu reconquérir la plus grande partie du territoire, grâce au soutien d’alliés appelés à la rescousse par le gouvernement légitime, russes et iraniens. Or, encore aujourd’hui, ceux qui, dès le début, ont soutenu les rebelles, c’est-à-dire des islamistes, continuent à se balader en Syrie sans y avoir été invités, et se permettent même de définir les limites de l’Etat syrien sur son propre territoire. La Turquie qui a été l’un des principaux instigateurs de la guerre et qui voulait installer à Damas des Frères musulmans acquis aux intérêts turcs aussi bien sur le plan économique qu’à propos de la question kurde, s’est octroyée une bande frontalière où elle se livre à un nettoyage ethnique et à un remplacement de population qui devraient scandaliser les belles âmes occidentales. Elle s’oppose à la récupération de la zone d’Idlib par Damas, y compris en attaquant l’armée syrienne sur son sol. La reconquête actuelle est vitale pour la Syrie, car elle permet de rétablir le lien autoroutier entre Damas et Alep, le flux sanguin entre le cerveau et le coeur, en somme. Cette situation compromet l’entente paradoxale établie entre la Russie et la Turquie, toujours membre de l’OTAN. Les Etats-Unis en profitent évidemment pour restaurer leur lien privilégié avec Ankara : ils soutiennent la Turquie, proclament que Damas et Moscou n’obtiendront pas de victoire militaire, continuent d’interdire l’est de l’Euphrate et une poche à la frontière jordanienne à l’armée régulière du pays, et exploitent sans vergogne le pétrole syrien, au moment même où celui-ci serait plus utile pour reconstruire le pays et nourrir une population paupérisée par près de dix années de guerre. Bien sûr, ce piratage est justifié par sa destination au profit des Kurdes, que les Américains, après les avoir utilisés contre l’Etat islamique, ont laissés, seuls, en face des Turcs. Mais les Kurdes ne sont en Syrie qu’une des pièces de la désinformation : il n’y a pas de Kurdistan syrien. Les Kurdes sont une minorité disséminée dans une population majoritairement arabe sunnite. Ils ont courageusement combattu contre les islamistes, et le font encore contre ceux que la Turquie utilise comme supplétifs, mais sont objectivement les alliés du régime avec lequel ils ont vécu en bons termes pendant toute la guerre, à Kamichli, par exemple. On mesure en alignant ces faits combien la politique occidentale en Syrie est hypocrite. Au nom de l’ingérence humanitaire, elle prolonge une situation inhumaine. Le rétablissement de l’ordre et de la paix ne peut passer que par la restauration de la souveraineté de l’Etat légitime sur l’ensemble du territoire. Les Syriens qui ont vécu sous sa protection ont mieux vécu que les autres. Quant aux menaces de flux migratoires vers la Turquie puis l’Europe, elle sont sans doute exagérées, et ne seraient d’ailleurs que le retour du boomerang chez les fauteurs de guerre.

    La Russie soutient l’Etat Syrien et sa souveraineté. Les Occidentaux et les Turcs leur portent atteinte : curieux renversement des principes depuis la guerre froide.

  • La France, pays de la préférence étrangère ?, par Christian Vanneste.

    En ce 10 Mai, jour des grandes catastrophes nationales, de l’invasion de 1940 à l’élection de Mitterrand, il n’y a aucune raison d’être joyeux, même si demain le confinement va ouvrir modérément ses fenêtres. Pour un Français qui a encore le sens de l’appartenance nationale, et qui pensait que la seule communauté qui vaille était la nation, riche de son histoire et de son identité, et dotée d’un Etat, certes coûteux et bureaucratique, mais capable de le protéger, et de faire valoir les qualités exceptionnelles du pays, l’épisode du coronavirus aura été une descente aux enfers avant l’heure.

    christian vanneste.jpgNon seulement, l’Etat le plus cher du monde n’aura pas été capable de le protéger contre la maladie, mais il aura au contraire incarné la chienlit dont parlait le Général : imprévoyant, brouillon, menteur, et finalement liberticide tout autant qu’homicide. Des pénuries de matériel sanitaire à la mise en oeuvre chaotique du déconfinement, en passant par la guerre entre les labos et le Professeur Raoult, rien n’aura été épargné pour gangrener, miner, ruiner la confiance que beaucoup de Français plaçait dans l’Etat sauveur. Inefficace et sans doute corrompu, l’Etat est tombé dans les mains d’une oligarchie dont M. Macron est la caricature accomplie : entre le petit monde de ses semblables réunis à la Rotonde, et la planète sans frontières où les mêmes se retrouvent, autour de leurs modes idéologiques, il n’y a plus de place pour le peuple français, les périphériques, les identitaires, les gilets jaunes, les admirateurs de Raoult, espèce en voie de disparition sur le grand marché aux hommes.

    Il fut un temps où le bon sens approuvait l’idée que chaque Etat, prioritairement, devait accorder une attention particulière à ses ressortissants, bref une préférence nationale, parce que dans le fond, c’était son « boulot ». Puis l’idée est devenue suspecte, chargée de relents pétainistes, acoquinée à l’extrême-droite, bref excommuniée, satanisée. Il a fallu qu’on relise Peyrefitte pour savoir que de Gaulle était clairement partisan de l’identité nationale, et de la préférence qui logiquement doit l’accompagner, en France, comme dans les autres pays d’ailleurs. » Que tous les peuples du monde forment des nations et soient protégés par des Etats qui coopèrent entre eux ». Un Etat doit avant tout protéger les siens, et cette protection recouvre aussi la garantie de l’identité : les Français sont « un peuple de race blanche, de culture grecque et latine et de religion chrétienne. » Ces évidences semées dans les conversations du Général avec Peyrefitte à la suite du Conseil des ministres sont à comparer avec les absurdités débitées par celle qui occupe aujourd’hui la fonction d’Alain Peyrefitte au sein de l’Etat, une binationale française récente, qui n’hésitait pas à censurer une question sur l’agitation des banlieues : « Je préfère mettre le holà tout de suite.. Je vois bien le relent qui va très vite arriver. J’entends les dérapages de certains… » On n’insistera pas sur la curiosité linguistique qui consiste à voir une odeur, mais sur l’élimination péremptoire de la question. La même, peu après, annoncera le lancement d’un service « désinfox coronavirus » destiné à sélectionner la bonne information à partir de cinq médias orientés à gauche. L’idéologie « antiraciste » est au pouvoir. Elle ne combat pas le racisme. Elle nie la réalité et veut imposer ses préjugés aux Français. On mesure le nombre de marches descendues d’Alain Peyrefitte à Sibeth Ndiaye…

    Le ministre de la culture a annoncé le retrait de ce service de normalisation idéologique de l’information puis il a laissé sa place au Président qui ne perd aucune occasion d’offrir à nouveau ses talents de comédien, cette fois à ses camarades malheureux du spectacle, les intermittents. Déguisé, comme d’habitude, mais cette fois en moniteur de camp de vacances, en grand frère allumé par on ne sait quoi, il s’est livré à un bavardage présidentiel dont on retiendra surtout que sa préoccupation essentielle se porte sur les « jeunes », pas tous, non, mais ceux, binationaux qui ont du faire un effort particulier lors du confinement et sont privés de cette respiration qui leur permettait d’aller chaque année passer plusieurs mois au pays… Les victimes prioritaires du confinement seraient donc ceux qui sont venus vivre en France, mais préfèrent respirer ailleurs. Que les banlieues aient connu fin Avril des guets-apens contre les pompiers et les policiers est oublié au passage, et même excusé. On comprend pourquoi de nombreux policiers révèlent que des consignes leur sont données de ne pas trop intervenir pour éviter l’embrasement. Quand on compare cette inaction à la fureur procédurière contre les contrevenants bénins au confinement, et plus encore à la répression des gilets jaunes, on se dit qu’il y a deux poids deux mesures. On ne parlera pas encore de préférence étrangère puisque les banlieues sont habitées par beaucoup de Français, entre autres, mais lorsqu’on s’intéresse aux agressions récentes, et à propos desquelles la presse se montre très discrète, à Romans/Isère, à Colombes, à Montereau, à Toulouse, les auteurs un Afghan, un Tchetchène, deux Soudanais, réfugiés de pays où l’islamisme est effervescent et avec lesquels la France n’a guère de liens, ont bénéficié par leur accueil, par la tolérance judiciaire à leur égard, de ce privilège inversé.

    Des faits isolés ? Non ! Des cerises sur un gâteau que s’efforce de faire avaler à un peuple qu’elle méprise une élite dont la trahison est devenue une seconde nature. La France n’a pas fermé ses frontières. Ses voisins l’ont fait pour elle. Elle en a installé entre les départements en interdisant aux Français d’aller de l’un à l’autre et de faire plus de Cent kilomètres hors de leur domicile, mais cela ne s’appliquera pas aux étrangers, ni aux migrants pour aller chercher leur carte afin de percevoir leur allocation de demandeurs d’asile. Et si la maladie survient, « les vieux blancs malades » comme dit Eric Le Boucher, ne doivent pas être prioritaires. Pour une fois l’expression raciste est autorisée, et la discrimination facilitée..

  • Le mal, c’est la haine de soi !, par Christian Vanneste.

    Source : https://www.christianvanneste.fr/

    Le vandalisme a comme d’habitude régné autour des Champs-Elysées hier soir après le match Bayern-PSG. Ce type d’événement est tellement récurrent qu’il n’étonne plus. Il fait désormais partie du paysage national. Il semble normal, presque traditionnel que l’avenue française la plus connue dans le monde entier et dont les images devraient attirer les touristes devienne l’épouvantail au coeur d’un pays infréquentable, où la sécurité n’est plus assurée.

    christian vanneste.jpgPourtant, cet épisode n’est pas anodin. Il condense l’effondrement de notre pays, le désastre total de sa politique. Sur le plan économique, il est essentiel que notre pays attire les touristes et les capitaux. Il est donc primordial que son image soit positive en alliant une sécurité efficace, un dynamisme des activités attractif et une beauté des lieux séduisante. Or, au sein même de ce qu’on appelle le « triangle d’or », des bandes de sauvages ont détruit une douzaine de magasins et une quinzaine de voitures. Que doit penser le Chinois, le Japonais, l’Américain ou n’importe quel Européen de cette voiture qui brûle dans la nuit au milieu d’une foule surexcitée ? Parce qu’un match de football opposait à Lisbonne deux entreprises de spectacle sportif qu’on qualifiera d’internationales, une fois de plus, des scènes d’émeutes, des saccages se sont déroulés à Paris ! A Münich, siège de l’équipe victorieuse, rien de tel : on a fêté la victoire. A Paris, victoire ou défaite, on casse !

    Le ministre de l’intérieur a parlé de sauvagerie, un terme plus fort qu’ « ensauvagement » dont certains avaient déjà cru devoir saluer l’audace. Et il a dit que ces débordements étaient inadmissibles…. Moyennant quoi, ils ont eu lieu. La police était présente en force et n’a pas assuré la protection des biens. Une fois de plus, sur ordre elle a failli à sa mission. Enfin, pas tout-à-fait : 400 verbalisations ont frappé les contrevenants au port du masque. Il est vrai que la répression de cette infraction est sans risque, qu’elle vise des gens peu dangereux, et assure des rentrées ! Certes, 151 personnes ont été placées en garde à vue en raison des violences, des vols et des dégradations, infiniment plus graves, mais parmi elles, il y a 49 mineurs, et on peut penser que la Justice veillera à ce qu’aucun des interpellés ne finisse en prison. Le ministre de la justice est attentif à la surpopulation carcérale et au confort des individus incarcérés auxquels il a réservé sa première visite. Il s’attachera à ce qu’aucun des « supporters » ne soit privé de liberté pour avoir réagi de manière émotionnelle à la déception d’un échec de « son » équipe. Avons-nous des ministres qui agissent ? Non, des commentateurs, d’impuissants spectateurs qui s’adressent chacun à leur public. Celui de l’intérieur parle un peu plus fort que son prédécesseur. Ce n’est pas difficile. L’avocat devenu Garde des Sceaux reprend le thème de la victimisation des coupables. Taubira n’a pas quitté la place Vendôme. Tant que la continuité et la cohérence ne feront pas de la politique pénale la suite logique des missions policières, il y a peu d’amélioration à attendre : le policier qui détient le monopole de la violence légitime doit pouvoir en faire usage sans risquer de se retrouver, lui, devant les tribunaux. Ceux dont il reçoit les ordres doivent avoir le courage de mettre en jeu la vie d’émeutiers violents, d’incendiaires, de casseurs et de voleurs, non celle de manifestants, même un peu excités. Si, dans ce dernier cas, le canon à eau est la meilleure arme, il faudrait que ceux qui s’adonnent à la violence « pour le plaisir » apprennent qu’ils y risquent la vie. Il faut se délivrer du complexe de Malek Oussekine qui paralyse le maintien de l’ordre en France.

    Mais le mal est plus large et plus profond que le domaine du maintien de l’ordre. Pour ce dernier, il y a des solutions adaptées. Par exemple, Mme Thatcher avait mis fin au hooliganisme qui accompagnait les matchs de football au Royaume-Uni avec sa poigne de fer habituelle. Cependant, le défoulement des supporters à travers la castagne d’après-match entre clubs rivaux n’avait rien à voir avec ce qui se passe en France ! Les Britanniques qui détestaient l’équipe adverse continuaient d’aimer le Royaume. Ce n’est pas le cas dans ce que paradoxalement on peut appeler l’archipel français. Les désordres qui entourent les matchs, ou saluent la nouvelles année, ou terminent les manifestations, les agressions que les policiers ou les pompiers subissent dans des quartiers de plus en plus nombreux, ou encore les violences parfois mortelles commises par un ou plusieurs individus pour des raisons futiles, s’inscrivent sur le même tableau : le moindre prétexte est saisi pour faire exploser sa haine envers le pays où l’on vit et dont on est heureux de piétiner la loi et les symboles. L’immigration y tient une place évidente sauf pour les autruches qui choisissent de plonger la tête dans le sable du politiquement correct. Et plus encore la manière suicidaire dont on accueille les migrants, non en leur faisant aimer un pays fort, mais en leur apprenant combien il est légitime de le détester ! Comment voulez-vous que ceux qui, comme M. Macron, insistent sur les prétendus crimes passés de la France puissent la faire aimer et respecter à ceux qu’ils présentent comme des victimes de son histoire ?

    Un peuple qui a perdu sa fierté légitime, y compris pour l’oeuvre accomplie outre-mer, par exemple sur le plan médical, et qui la place maintenant parfois dans le résultat de matchs opposant deux équipes de 11 joueurs sans intérêt véritable pour notre pays, mérite-t-il d’être respecté ? C’est la question essentielle !

  • Refaire une nation, une démocratie et des citoyens !, par Christian Vanneste.

    Beaucoup de bavardages journalistiques évoquent les résultats du premier tour des élections départementales et régionales en faisant l’impasse sur le fait essentiel, l’abstention de plus de deux électeurs sur trois. Que les sortants soient pour la plupart confortés n’a pas beaucoup de sens, même si cela aura des conséquences dans l’année qui vient en vue des présidentielles. 

    christian vanneste.jpgIl arrive que lors d’un référendum, l’abstention soit importante, mais elle n’a pas de signification essentielle : les électeurs qui ne se déplacent pas ne s’intéressent pas à la question posée et laissent le soin aux autres d’y répondre. Il en va différemment de la démocratie représentative. Il est primordial que les “représentants” élus par les électeurs en représentent effectivement le plus grand nombre, sous peine de voir gravement altérée leur représentativité, et donc leur légitimité. Les élections d’hier posent à l’évidence ce problème. Si l’on souligne le score surprise de Xavier Bertrand dans les “Hauts de France”, et si celui-ci prend la parole en matamore pourfendeur du RN comme s’il avait remporté une immense victoire, il faut vite corriger l’illusion d’optique. Il n’y a pas eu de vague en sa faveur. La mer s’est retirée pour celui qui passait pour son principal adversaire. Or ce retrait délivre un enseignement redoutable pour l’avenir de notre pays : un sondage indique que l’abstention a beaucoup varié en fonction de l’âge et de l’orientation politique des électeurs. Globalement, ce sont ceux qui avaient voté pour François Fillon au premier tour de 2017 qui se sont le plus déplacés et, comme on sait, il ne s’agit pas des plus jeunes. En revanche, on peut penser qu’il s’agit des mieux “intégrés” dans notre pays, des plus “homogènes” comme disait Jules  Monnerot. Une démocratie saine correspond à un pays où ce groupe est clairement majoritaire parce qu’il adhère aux valeurs de la société avec des nuances relativement marginales sur les questions économiques, sociales et sociétales qui sont les ressorts des alternances. Telle n’est plus du tout la situation de la France. La majorité des Français n’adhère plus à notre pays tel qu’il devient. Beaucoup de Français se moquent de savoir qui est censé les représenter, et donc les diriger. Les législatives de 2017 avaient annoncé le processus de désengagement civique, mais on a mis cela au compte de l’effacement, dû au quinquennat, de ce scrutin derrière la présidentielle. Les municipales ont connu pour une fois un taux d’abstention phénoménal, mais c’était le covid. Les abstentionnistes d’hier ne sont pas seulement anesthésiés par le matraquage sanitaire dont ils sortent à peine. Ils ne sont pas déjà en vacances. Ils n’ont pas tous été victimes de la calamiteuse distribution des documents électoraux sur laquelle le ministre de l’Intérieur devra rendre des comptes. Non ! Ils sont dégoûtés de la politique et écoeurés par ceux qui veulent les représenter. Les deux derniers chefs de l’Etat, le premier par sa totale inconvenance, le second par son théâtre permanent et fastidieux, ont miné la légitimité de la fonction. Le carnaval des ministres et des parlementaires qui ne tiennent leur légitimité que d’un homme, qui n’en possède plus guère, fatigue les Français. Le coup tenté en lançant cinq ministres dans la course, pour forcer Bertrand au compromis entre les deux tours, a complètement foiré. Le ténor du barreau, joker du dernier remaniement et tête de liste dans le Pas-de-Calais, s’est couvert de ridicule !

    Les médias vont faire comme si rien ne s’était passé, et comme si maintenant on pouvait parler de la présidentielle tranquillement sans considérer que la priorité est de rendre aux Français le désir d’être des citoyens et non les sujets de la macronie. Or l’un des principaux enseignements du 20 Juin est que la macronie n’est qu’un village Potemkine dessiné par les médias, un décor que rien ne prolonge dans le pays. La fanfare médiatique, les projecteurs braqués, ont pu créer l’illusion. La débâcle de la liste présidentielle dans les “Hauts-de-France” n’est pas sociologique comme peut l’être le résultat décevant du RN. Elle est politique : la macronie ne correspond pas à une famille politique. Nombre de ses électeurs de rencontre sont rentrés au bercail en abandonnant leurs élus. La gifle électorale infligée à cinq ministres et non des moindres devrait les conduire à démissionner s’il leur restait un minimum de la dignité imposée au début de la Ve République. Celui qui a fait le meilleur score des sortants est Waucquiez, sans compromission avec LREM, et affichant des positions clairement à droite. Bertrand, qui a refusé tout accord avec LREM et qui en est débarrassé pour le second tour, se voit déjà à l’Elysée et pour cela se présente comme “l’ennemi” de Marine Le Pen, en pensant cette fois au second tour de la présidentielle. Muselier qui au contraire a esquissé un pas-de-deux avec la macronie se fait devancer par Mariani, ex-sarkozyste qui a moins changé d’idées que de parti, contrairement à d’autres.

    Deux questions se profilent donc. La première occupera les médias. Les cartes sont-elles rebattues pour 2022 ? On a vu combien les sondages pouvaient être trompeurs. Est-il si sûr que le duel Macron-Marine aura lieu ? Si les électeurs qui l’avaient rejoint dans le brouillard médiatico-judiciaire de 2017 retournent à leurs familles, le sortant peut très bien en être absent. Si les électeurs du RN sortent de leur léthargie sociologique, Marine Le Pen en sera, mais peut-être face à une “droite” ressuscitée une fois encore malgré ses flottements et ses errements. Mais qui ? Aucun peut-être s’ils sont trop nombreux, or l’histoire a montré que la concurrence était parfois salutaire. Waucquiez requinqué par son succès régional et représentant le courant de droite qui monte dans toute l’Europe ? Bertrand, le candidat de la fausse droite qui plombe le pays depuis si longtemps ? La seconde question est infiniment plus cruciale : est-il possible de reconstruire la nation française, de refaire de notre pays une démocratie avec des citoyens, d’en finir avec l’archipel communautaire et le jeu qu’en tirent les politiciens ?

    Source : https://www.christianvanneste.fr/