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  • Une leçon du Covid-19 : le mondialisme est mort !, par Christian Vanneste.

    Et si dans la guerre des civilisations, le vainqueur était l’Extrême-Orient ? L’idée que le monde convergeait vers une civilisation universelle et pourquoi pas un jour vers un gouvernement planétaire, vers la fin de l’Histoire avec l’avènement d’une démocratie éclairée fondée davantage sur le règne conjoint du droit et du marché que sur celui de la volonté populaire, avait séduit au lendemain de l’effondrement du bloc soviétique. La liberté s’était montrée plus forte que le centralisme étatique, miné par ses contradictions et écrasé par son propre poids.

    christian vanneste.jpgCette interprétation des événements réjouissait la caste qui domine en Occident et qui se croit la maîtresse du monde lorsqu’elle se réunit à Davos ou ailleurs. Elle n’avait pas suffisamment perçu que les identités civilisationnelles avaient été les auteurs de l’estocade portée à l’empire soviétique : le catholicisme d’un pape polonais, la résistance des islamistes afghans… Le terrorisme islamiste qui a pris son essor ensuite a incarné, depuis, la guerre des civilisations : sous des formes diverses, la présence de l’islam signifiait guerre et violence, entre musulmans, à la frontière des pays où cette religion est dominante et à l’encontre des majorités ou des minorités auxquelles l’islam est confronté à l’intérieur d’un même Etat. La France a été particulièrement touchée par cette réalité qui remet en cause la politique d’immigration assimilatrice qu’elle pratiquait depuis la fin du XIXe siècle. L’oligarchie qui règne dans notre pays sous l’apparence de la démocratie a toujours voulu minimiser la question. Les intérêts électoraux des uns, économiques des autres sacrifiaient volontiers l’identité nationale dans la perspective illusoire d’un effacement des frontières et d’une fusion de l’humanité. Le mondialisme des échanges, le relativisme des idées, le cosmopolitisme des hommes étaient pour la techno-structure dirigeante en Occident des évidences qui s’imposeraient à tous y compris aux musulmans. Le populisme n’était à ses yeux qu’un mouvement stupidement rétrograde.

    Paradoxalement, c’est la mondialisation qui a tué le mondialisme comme la centralisation avait tué le communisme. Le Covid-19 joue en effet ici le rôle destructeur qu’avait joué la résistance afghane à l’encontre de l’URSS : il pointe les contradictions, souligne les faiblesses cachées de ce qui apparaissait fort, et précipite les fractures. Et cette fois, l’opposition ne se situe pas entre l’islam resurgi du passé grâce au djihadisme, au pétrole, à la démographie et l’Occident, mais entre celui-ci et l’Extrême-Orient, entre le monde chinois et le Japon d’une part, les pays les plus riches et les plus développés du monde occidental, d’autre part. La pandémie est venue de Chine, ce qui n’est pas nouveau, mais elle y a été contenue, et n’a guère atteint les autres pays qui composent cette famille civilisationnelle. La discipline des comportements imposée par un régime totalitaire mais aussi volontairement acceptée dans les Etats apparemment libéraux a limité les effets de la contagion et a endigué sa propagation. Le holisme qui prévaut dans ces pays s’est montré plus efficace que l’individualisme forcené qui l’emporte chez nous. Il suffit de comparer les foules denses et masquées des immenses conurbations asiatiques au spectacle délirant que Paris a offert hier encore sur le bord de la Seine : une masse compacte de joyeux drilles se trémoussant sans distance ni protection sans penser ni aux autres, ni au lendemain, ni encore moins au pays. Ce dernier ne sort pas d’une gestion désastreuse de la crise où ont alterné l’impréparation et la pénurie, puis le confinement rigide et aveugle, puis une libération illusoire que l’on peine aujourd’hui à démentir. L’Occident se perd entre démagogie confondue avec la démocratie, et pédagogie timorée : elles ne peuvent inciter à une discipline, à un ordre légitimes et consentis dès lors que l’idéologie sourdement dominante invite à l’épanouissement individuel et sans frontière. Le visage sympathique de l’hédonisme ne peut brutalement laisser la place à la rigueur confucéenne. La décadence est souriante : elle correspond à ce bonheur de vivre dont Talleyrand parlait à propos des dernières années de l’Ancien Régime… pour les homme de son rang tout au moins. Que Paris-Plage ait lieu quand le Festival d’Avignon est supprimé, qu’on préfère dans notre pays le divertissement vain à la culture, est un signe qui ne trompe pas sur ce qu’est devenue la France. Dieu merci, Philippe de Villiers a sauvé le Puy-du-Fou !

    Le Covid-19 est venu de Chine avec des travailleurs ou des touristes Chinois, comme viennent aussi les produits chinois. L’inconscience occidentale particulièrement aveugle en France a minimisé son arrivée, puis surtout a fait oublier que beaucoup des armes nécessaires pour le combattre n’étaient plus fabriquées chez nous, que nous étions même devenus incapables de les produire. Devant la pénurie, les égoïsmes nationaux se sont légitimement réveillés. Des Etats se sont souvenus que leur première mission était la protection du peuple qu’ils ont en charge. L’Europe sans frontières, le monde sans murs et avec des ponts, se sont estompés chez la plupart des dirigeants responsables. L’idée que l’individu n’a pas que des droits mais aussi des devoirs envers la collectivité qui l’a nourri devrait s’imposer à nouveau. Et cette idée n’est pas plus étrangère à Socrate qu’à Confucius, malgré leurs énormes différences par ailleurs.

  • L’Afro-futurisme, nouvelle mythologie, par Frederic de Natal.

    Source : https://www.politiquemagazine.fr/

    Afrique. L’Afrique a besoin de rêver. En s’appropriant les codes culturels de l’Occident (super-héros, luttes sociales et urbanisme utopique), l’afro-futurisme tente une synthèse qui exalte l’Afrique et gomme le colonialisme.

    frédéric de natal.jpgIl y a des milliers d’années de cela, cinq tribus africaines se sont affrontées pour la possession d’une météorite dans laquelle se trouvait un métal précieux, le vibranium. Un jour, un des guerriers décida de manger une herbe altérée par cette pierre de l’espace et acquit ainsi de superpouvoirs. Transformé, il réussira à unifier quatre des cinq tribus en une seule nation scientifiquement avancée. Nous sommes en 1966, le Wakanda est né, sorti tout droit de l’imagination de l’écrivain et éditeur Stan Lee, qui inventa tous les super-héros Marvel, ou presque. Les États-Unis sont à ce moment (déjà ?) en proie à une crise identitaire et raciale et les afro-américains ont leur groupe terroriste, les panthères noires. Les Américains découvrent alors dans leurs librairies un nouveau héros, noir, roi d’un pays qui se révèle être l’un des plus avancés de son temps sur le plan technologique. L’afro-futurisme tente de s’imposer alors comme la culture de l’avenir.

    La sortie du film Black Panther a permis le retour inattendu d’une vague littéraire et artistique que l’on croyait enterrée dans les livres d’histoire, les vieux Marvel et les sixties. Cette production à succès a remis au goût du jour ce courant qui se veut à l’intersection des cultures africaine et afro-américaine, mélangeant, avec une esthétique baroque, science-fiction et réalité économique et sociale du continent noir, à laquelle on a ajouté un zeste d’afrocentrisme. Longtemps ignoré par un Occident qui a imposé son modèle durant des décennies au continent africain, l’afro-futurisme est devenu une véritable tendance. Un moyen pour l’Afrique de se réapproprier son passé et son histoire, de s’affranchir de son passé colonial, à travers un concept qui dessine désormais un certain nombre d’enjeux et d’avantages non négligeables pour ce continent émergent. « Un courant qui choisit de se tourner vers le futur afin de corriger les erreurs du passé », affirme l’écrivain antillais Anthony Joseph.

    Affirmer son indépendance culturelle

    Le symbole de cet afrofuturisme se trouve sans nul doute en Côte d’Ivoire. À l’heure du « miracle ivoirien », son président Félix Houphoüet-Boigny voyait les choses en grand. Ce sera la fameuse Pyramide (aujourd’hui délabrée) dans le quartier d’affaires d’Abidjan. Un édifice datant de 1968 et que l’on peut même apercevoir dans une courte scène qui nous présente la capitale du Wakanda, avec ses rues sans voitures, où les piétons circulent au milieu d’échoppes qui cohabitent avec des immeubles plus futuristes comme ceux que l’on aperçoit dans le film Blade Runner. Il n’y a qu’un pas entre l’utopie cinématographique et la réalité. L’afro-futurisme a des adeptes au Nigeria. En 2007, ce pays de l’Afrique de l’Ouest a lancé le projet Eko Atlantic à Lagos. Il s’agit pour la ville de régler son problème de surpopulation en créant une île artificielle de 820 hectares devant la marina de Victoria Island et de la transformer en mégalopole attractive sur le modèle avant-gardiste et informatisé de Dubaï. Le Nigéria n’est pas le seul pays à rêver. Un projet d’urbanisme similaire a été présenté au Burkina Faso, une « smart city » en marge de Ouagadougou-la-belle, une ville connectée qui porterait le nom de Yennenga, comme la princesse mossi du même nom.

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    Le jeu video camerounais “Aurion”

    L’Afrique en devenir entend concurrencer architecturalement ses alter ego européens, mais aussi dans d’autres domaines artistiques variés. Dans les années 1990, le free jazzman Herman Poole Blount (1914-1993) affirmait avec sérieux qu’il était originaire de Saturne et se produisait en « pharaon de l’Espace », nous rappelle avec une certaine ironie l’hebdomadaire Jeune Afrique. Sun Ra, de son nom de scène, était sans contexte une modèle de l’afro-futurisme musical qui intégrait dans ses compositions des références psychédéliques et mythologiques africaines. Aujourd’hui, « Caleb Rimtobaye veut rendre les Africains maîtres de leur destin » nous précise Jeune Afrique qui voit en ce musicien tchadien le nouveau maître de la bande-son électronique noire. Habillé d’un costume qui semble sorti tout droit d’un univers située entre Star Wars et Le cinquième élément, il a fondé le groupe AfrotroniX qui puise ses origines dans la rythmique mandingue et moderne afro-américaine. Un style qui inspire désormais des chanteuses comme Beyoncé ou Rihanna et que l’on retrouve dans la mode africaine qui y puise également ses propres influences. Le cinéma africain n’est pas en reste. Deux ans avant la sortie du blockbuster Black Panther, il y a eu la série Jongo, l’histoire d’un noir sud-africain devenu le héros des townships, doté de superpouvoirs grâce à une pierre bleue qui n’est pas sans rappeler le vibranium du Wakanda. La série s’est voulue avant tout urbaine et cosmopolite, avec dans le rôle du méchant le blanc machiavélique de service, lui-même doté de pouvoirs maléfiques. Et, dans la série des jeux vidéos qui contribuent allègrement à renforcer aujourd’hui le mythe afro-futuriste, Aurion. Créé au Cameroun, Aurion est le héros d’un fantasy-game à l’africaine, préambule à une nouvelle génération noire qui entend être indépendante des grandes sociétés occidentales et démontrer au monde qu’il faut désormais compter avec elle dans ce type d’industrie.

    Une dérive marketing ?

    Certains afro-futuristes, loin d’être majoritaires, déplorent pourtant que le courant ne soit devenu qu’une vulgaire expression marketing, comme l’auteur de science-fiction d’origine nigériane Nnedi Okorafor. Cette prophète de l’afro-futurisme 2.0, installée aux États-Unis (et peut-être un peu éloignée de la scène africaine) regrette que le thème, peu prisé des grands romanciers, architectes ou artistes africains ou de sa diaspora, ne soit plus aujourd’hui qu’une source de travail afro-américain. Selon la revue Usbek et Rica, « l’afro-futurisme se transforme en une mode pour hipsters ». Le film Black Panther n’a d’ailleurs pas échappé lui-même à la critique, accusé de « diffuser une version épurée, dépolitisée et commercialisable de ce courant à la fois philosophique et esthétique qu’est l’afro-futurisme » et d’être « porteur d’un nationalisme conservateur » trahissant la culture noire en la dévoyant. On ne peut pas plaire à tout le monde !

  • Séparatisme : une loi pour éviter le combat culturel, par Natacha Polony.

    "Il est devenu si difficile de faire comprendre le fondement même de la République, à savoir qu’elle ne reconnaît que les individus, et non les communautés, ce qui est le plus grand gage de liberté, il est devenu si difficile de ne pas adhérer à une vision anglo-saxonne de l’ordre social, dans laquelle les identités sont portées en bandoulière et chacun est assigné à ce qu’il est, qu’il est désormais malvenu de s’inquiéter du communautarisme."

    Une loi peut-elle mettre fin au renoncement ? Une loi peut-elle empêcher la lâcheté, la haine de soi, l’inculture crasse ? Le « séparatisme » contre lequel entend s’élever le chef de l’État, si tant est que cette notion floue suffise à définir ce qui se joue en France depuis maintenant plusieurs décennies, n’est pas le seul mal qui nous ronge. L’attentat contre les anciens locaux de Charlie Hebdo en a offert une tragique illustration.

    Certes, travailler sur le financement des mosquées et la formation des imams est pour le moins légitime. Il est insultant pour les Français de confession musulmane d’être guidés dans leur foi par des hommes n’ayant aucune notion de ce qu’est la France et n’en pratiquant qu’approximativement la langue. Mais on voit combien le concept est inconfortable. Il est devenu si difficile de faire comprendre le fondement même de la République, à savoir qu’elle ne reconnaît que les individus, et non les communautés, ce qui est le plus grand gage de liberté, il est devenu si difficile de ne pas adhérer à une vision anglo-saxonne de l’ordre social, dans laquelle les identités sont portées en bandoulière et chacun est assigné à ce qu’il est, qu’il est désormais malvenu de s’inquiéter du communautarisme.

    L’attaque au hachoir perpétrée par un jeune homme accueilli en France comme mineur isolé nous rappelle pourtant à une autre réalité. Un garçon arrivé du Pakistan, vivant des aides sociales après avoir détourné les règles d’accueil et horrifié par ce qu’il découvre de la société française, aidé en cela par ses liens avec son pays d’origine, où l’on éprouve le besoin d’organiser des manifestations contre quelques dessins parus dans un petit journal à l’autre bout du monde. Il est un juge qui a estimé que, malgré les doutes sérieux sur l’âge de ce garçon, il ne fallait pas chercher à savoir par des analyses osseuses s’il était véritablement mineur. Un juge, donc, qui trouve normal que la loi soit régulièrement violée, ce qui  vide de son sens un principe essentiel, celui de la protection des enfants. Un juge qui considère qu’il est sain de maintenir un jeune homme dans la force de l’âge dans un statut qui le fait dépendre d’allocations et ne lui permet visiblement pas de s’insérer et de peu à peu comprendre notre pays. Et l’on comprend comment l’interruption de ce statut déstabilise un individu déraciné et sans perspectives. Ou comment la posture compassionnelle se révèle comme la meilleure manière de broyer les individus.

    Combat culturel

    Mais cette attaque nous raconte également l’état de la société française, ses fragilités, ses fractures. Immédiatement a ressurgi l’argument de l’huile sur le feu. Quel besoin, après tout, de republier ces caricatures ? Une provocation qui fait des victimes innocentes. Et revoilà cette logique perverse : respecter « les musulmans », ce serait croire qu’ils sont tous choqués par des dessins insignifiants et que, implicitement, ils comprennent la violence qu’ils suscitent. Extraordinaire renversement et hypocrisie magistrale. Hélas, cette hypocrisie fracture la société française et interdit que l’appel à la défense de nos libertés soit autre chose qu’un vœu pieux. La liberté de rire, de penser, de n’être pas enfermé dans une communauté, dans une identité supposée, n’est fondée que sur l’idée de la raison universelle, qui définit notre humanité commune. Voilà des années que cet idéal émancipateur est caricaturé, sali, présenté comme une oppression  pour les « minorités », notamment par des gens qui n’aspirent qu’à faire de ces minorités des majorités oppressives.

    Ce que nous avons à affronter est une conjonction de phénomènes. D’abord, une stratégie de déstabilisation par l’islamisme, dont les financeurs sont ces pays du Golfe promoteurs du wahhabisme avec lesquels nous sommes alliés, une stratégie qui tend à « réislamiser » les populations immigrées et issues de l’immigration. Mais également une importation, par le biais de la globalisation culturelle, du communautarisme anglo-saxon, fondé sur la cohabitation pacifique, côte à côte et non ensemble, de « communautés » ne partageant qu’un espace géographique et – grande différence avec la France, qui explique pourquoi ce modèle aboutit chez nous au délitement – un sentiment national hypertrophié. On pourrait ajouter un troisième phénomène : la dégradation de l’idéal d’émancipation en une forme d’individualisme qui détruit la notion de peuple, au sens politique de ce terme, le « démos », seule communauté reconnue en République. Mais qui, au fond, se soucie encore de transmettre les notions de démos, de citoyen, de laïcité et d’émancipation ?

    Aucune loi n’offrira de réponse à ce qui relève avant tout d’un combat culturel. Bien sûr, un préalable serait d’arrêter toute forme de complaisance avec les promoteurs du wahhabisme. Un autre serait de promouvoir notre modèle aux yeux mêmes de ceux qui aspirent à venir chez nous. Mais dans une France où la logique identitaire nourrit les haines et les frustrations, où des bigots s’allient à des hypocrites pour interdire toute remise en cause de leur emprise sur leurs ouailles, avec le soutien actif de gentils militants du « respect », c’est l’idée même de liberté qui disparaît.

    Source : https://www.marianne.net/

  • L’identité de la France n’est pas une question !, par Christian Vanneste.

    L’Express ne recule devant rien pour satisfaire sa dévotion au monarque. Il offre à ses lecteurs une confession de celui-ci présentée comme un événement, histoire de lui permettre de communiquer au coeur de la trêve des confiseurs et malgré son covid bénin.

    christian vanneste.jpgLa courtisanerie n’ayant pas de limite, on va jusqu’à célébrer le complet hors-sujet d’un chef de l’Etat qui, après trois ans n’a encore rien compris ni à sa fonction, ni à son rôle. Le voilà qui se complaît dans une analyse du peuple qu’il est censé conduire et représenter aux yeux du monde, qu’il se vautre dans une critique de la société comme s’il n’en faisait pas partie au point d’être pour une part responsable de ce qu’elle est. Pascal Praud, dans un total contre-sens, lui prête même l’intention de sortir de l’ambiguïté du “en même temps” alors que jamais la contradiction interne de cet accident de l’histoire n’a été aussi évidente. Que celui qui s’est constamment référé aux minorités, à la repentance historique de notre pays, et à la nécessité de dépasser le cadre étroit d’une nation de Gaulois réfractaires en allant vers l’Europe sous les applaudissements des milliardaires les plus mondialistes, se pose la question de l’identité française, atteint les sommets soit de l’hypocrisie soit de l’inconscience. Le personnage se dévoile en faisant à nouveau allusion à “l’homme blanc et à ses privilèges” : ainsi donc celui qui se demande ce que c’est qu’être français en se donnant l’apparence de la profondeur n’est qu’un esprit superficiel soumis aux modes américaines importées en France sans la moindre raison !

    L’homme qui doit diriger la France n’a pas à s’interroger sur ce que sont les Français. Un Chef d’Etat n’est pas un sociologue. De Gaulle ne se posait pas cette question, il avait une réponse à une autre question : il se faisait une certaine idée de la France, une idée dont il voulait que les Français soient dignes, en faisant en sorte qu’ils aient le courage de la maintenir. Pour lui, la France ne pouvait pas être soumise. Elle se devait à elle-même d’être grande. Que les Français ne soient qu’une minorité à le vouloir était ainsi sans importance. C’était à lui de refaire le peuple, la nation, autour de la Libération et de la victoire. “Ce drôle de peuple, querelleur et ambitieux “? Cette curieuse formule a tous les défauts : elle prête à un peuple une psychologie caricaturale qui a l’immense mérite de justifier les difficultés du gouvernement. Le peuple français n’est pas plus sujet à la dispute qu’un autre comme le montre l’immense majorité des Français qui obéissent avec discipline à la dictature sanitaire et à ses errements. Mais, aujourd’hui, à force d’être sans cesse obligé de battre sa coulpe sur le passé, il manque singulièrement d’ambitions. La faute à qui ?

    On se pose cette question absurde de savoir ce que c’est qu’être français parce qu’on ignore ce qu’est la France. La France est une histoire, un fleuve, qui a accueilli des affluents, à condition que ceux-ci le renforcent et ne modifient pas la nature de ses eaux. La France est un Etat, construit autour du pouvoir royal, qui s’est étendu par de nombreux moyens, en assimilant les nouveaux venus au sein d’une même identité marquée d’abord par la langue et la religion, le catholicisme. Elle a constamment préservé son indépendance et sa souveraineté en luttant contre l’Empire ou contre l’Angleterre, et au besoin en s’alliant aux protestants ou au Grand Turc. La révolution ratée dont certains font son acte de naissance, par un singulier contre-sens, a introduit dans son cours ce qui correspond aux rapides ou aux cascades qui ont jalonné son histoire moderne, avec une succession de régimes et de constitutions, et de réformes constitutionnelles qui ont altéré son identité au lieu de la confirmer, ce qui aurait été obtenu avec la monarchie constitutionnelle de 1790. En dernier lieu, les portes ouvertes à une immigration déraisonnable ont conduit les politiciens à évoquer le séparatisme d’une partie de la population. Tout le problème est là : une population sur un territoire n’est pas un peuple, et encore moins une nation. Il lui faut pour cela partager un même héritage et un même projet, un même destin en somme. Le droit du sol, les nationalités multiples pour un même individu, la référence privilégiée à des traditions religieuses étrangères à l’histoire de France sont incompatibles avec cette idée. Etre français, ce n’est pas habiter en France, c’est vouloir être français en en voulant aussi les conséquences : assumer avec fierté le poids d’un héritage où les heures sombres ne sont pas les plus longues, servir les intérêts du pays sans tenir compte de toute autre appartenance.

    Source : https://www.christianvanneste.fr/

  • L’insurrection vient désormais de l’Ouest, par Radu Portocala.

    Le communisme soviétique a si bien infiltré l’université américaine que la plus inquiétante des subversions est désormais l’impitoyable gauchisme américain.

    Il y a quatre ans, lorsque Donald Trump est devenu président des États-Unis, élu par une majorité d’Américains et non à la faveur d’un coup d’État, plusieurs grandes maisons de couture ont annoncé avec fracas leur refus d’habiller Melania Trump. Même sans connaître ce monde tellement à part, il semble possible d’affirmer qu’une telle décision est sans précédent.

    6.jpgIl semble aussi que les mêmes maisons se montrent moins héroïques lorsqu’il s’agit de vendre leurs créations aux femmes et aux maîtresses de certains dirigeants qui, dans leurs pays, décapitent, pendent, torturent et mutilent quiconque leur déplaît.

    Il y a peu de semaines, Donald Trump, encore président des États-Unis, s’est vu exclure de ce qu’il est convenu d’appeler « les réseaux sociaux ». Sa présence sur ces réseaux offensait l’odorat politiquement correct de quelques patrons qui, par ailleurs, sont moins regardants aux messages et activités sanguinaires d’un certain nombre de leurs abonnés.

    Entre ces deux épisodes, inquiétants bien plus que lamentables, un grand nombre de politiciens et presque toute la presse à travers le monde se sont acharnés contre le président américain, le décrivant comme une espèce d’idiot monstrueux et hautement dangereux, une réincarnation d’Hitler, une menace contre le bien-être de l’humanité. Jamais on n’avait dit autant de mal d’un chef d’État dans l’exercice de ses fonctions. Nul ne donnait, certes, des exemples précis de ses méfaits ; on se contentait de haïr le personnage, et cette haine était devenue une sorte de devoir mondial. Quant à ses électeurs et sympathisants, il fallait les prendre pour des arriérés qu’il convenait de regarder avec compassion, mais aussi avec circonspection.

    L’ultra-gauche au pouvoir

    Le succès de cette campagne a été tellement rapide, tellement complet, qu’il est permis de se demander si la gauche américaine, désireuse de discréditer définitivement ses adversaires de droite, aurait pu faire un pari plus heureux que de miser sur Trump. François Mitterrand, au début de son premier mandat, n’a-t-il pas « poussé » Jean-Marie Le Pen dans le seul but d’entraver la droite ? Et peut-on prétendre que son plan n’a pas réussi au-delà de toute espérance ? Cependant, que la victoire de Donald Trump en 2016 ait été le résultat d’une stratégie machiavélique ou un simple hasard électoral, n’a pas beaucoup d’importance. Il a été un repoussoir et un accélérateur ; les conséquences ne se laisseront pas attendre trop longtemps.

    Durant le mandat de Trump, l’ultra-gauche américaine, loin de s’affaiblir, a trouvé une nouvelle vigueur. L’enlèvement de statues, l’effacement de noms, le nettoyage de l’histoire, l’épuration des bibliothèques, la censure – tout cela a pris un effroyable essor. Ce sont, nous expliquait-on, des réactions normales à la dictature de Trump, alors que c’étaient, chaque fois, de nouvelles victoires de la terrible menace qu’est le politiquement correct. C’est, d’ailleurs, le politiquement correct et pas Biden qui a gagné l’élection de novembre ; c’est l’ultra-gauche qui est au pouvoir aux États-Unis, pas un président insignifiant.

    Depuis la naissance du monde soviétique, l’Amérique s’est donné pour mission de combattre le communisme. Cela lui a coûté fort cher et n’a servi à rien. Pendant qu’elle créait des radios de propagande et finançait diverses publications, les agents d’influence communistes s’infiltraient dans son monde universitaire et faisaient des prosélytes avec une efficacité à laquelle Radio Free Europe, par exemple, ne pouvait même pas rêver. Ceux que l’Amérique combattait à l’extérieur, étaient en train de la ronger de l’intérieur. Y ont grandement contribué les exilés marxistes de L’École de Francfort, puis les tenants de la French Theory.

    L’idéologie soviétique a pris le pouvoir aux USA

    Installée sur les campus américains, ayant gagné une grande partie du monde intellectuel, l’ultra-gauche est devenue, avec le temps, vindicative et insurrectionnelle. Sa présence, son influence, aujourd’hui, à travers les diktats impitoyables du politiquement correct, est effrayante. Trump n’a pas eu à combattre un adversaire, mais une idéologie qui était déjà, avant lui, proche du pouvoir, ainsi que les innombrables révolutions qui s’en revendiquent. Il n’a sans doute pas compris à quel point le front est vaste et les racines du mal profondes – et l’eût-il compris, les moyens, tant politiques que personnels, de s’engager dans cette lutte lui faisaient défaut. Le renouvellement de son mandat n’aurait rien changé ; en réaction à sa supposée tyrannie, et avec le soutien du monde entier, la subversion se serait davantage étendue et durcie. Depuis plus de trois décennies, l’Amérique est en train de se vaincre elle-même. Il est rarement possible d’empêcher le suicide des hommes ; contre ceux des pays, nul ne peut rien.

    Avec Biden-Harris – et, probablement, dans quatre ans, avec Harris –, la descente des États-Unis dans l’abysse révolutionnaire va s’accélérer et se radicaliser. Le mouvement qui se rend responsable de la décomposition intellectuelle, morale, politique n’agit plus en arrière-plan. Il est, enfin, au pouvoir, acclamé par les foules immenses de progressistes bien-pensants. Déjà contagieux depuis assez longtemps, il le deviendra encore plus, car il est normal de suivre l’exemple du pays qui a eu le courage et la force de sortir de la dictature pour « retrouver la démocratie » – comme l’a claironné une grande partie de la presse.

    Par quels nouveaux délires se traduira – aux États-Unis et en Europe – cette prétendue renaissance ? Combien de statues tomberont dans la poussière, combien de livres et d’auteurs seront inscrits sur la liste noire, quels seront les mots qui s’ajouteront à ceux qui, déjà, ne doivent plus être prononcés ? Par ses discours présidentiels, par les premiers décrets qu’il a signés, Biden s’est empressé de montrer sa fidélité au Monde nouveau et à ses révolutions insensées. L’Union soviétique, dont nous nous méfiions autrefois, a réussi à infester l’Amérique. Aujourd’hui, l’Union soviétique n’est plus. Le foyer révolutionnaire s’est déplacé. Nous apprendrons peut-être un jour qu’il est devenu désormais prudent de nous méfier de cette Amérique qui a repris le rôle d’exportateur d’une idéologie néfaste.

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    Source : https://www.politiquemagazine.fr/

  • Quand un pays coche toutes les cases de la dictature…, par Christian Vanneste.

    Qu’est-ce qu’un pays qui, comme on dit, cocherait toutes les cases de la dictature ? On parle bien de dictature, non de totalitarisme pour lequel il faudrait un parti unique animé par une idéologie envahissante. Une dictature, c’est d’abord un pouvoir personnel, une direction de l’Etat assurée par une seule personne dont tout dépend.

    christian vanneste.jpgDepuis plus d’un an, la France vit au rythme du “Jacques a dit”, un jeu où Jacques se prénomme Emmanuel : ” Allez au théâtre”, puis deux jours plus tard “confinez-vous”, puis “ne vous confinez plus”. Les changements d’avis dépendent non de l’intérêt de la population mais de l’inspiration d’un chef malgré tout soucieux de sa popularité. Les dictateurs modernes souhaitent être populaires. Ce ne sont pas des tyrans. C’est pourquoi leur communication écrase par sa présence et sa densité l’opposition. Si une angoisse particulière obsède l’opinion publique, celle-ci devient très réceptive aux messages du grand protecteur.

    La stratégie de la peur dont parle Michel Maffesoli est une arme puissante mais peu visible dans les mains du dictateur : elle n’interdit pas, elle suscite l’autocensure, l’enfermement volontaire, le déguisement permanent. Les médias aux ordres relaient la grande peur, celle de la pandémie, mais plus encore celle dont l’objet, horreur des bien-pensants, a été repoussé à coups de LBD et noyé sous le gaz lacrymogène, puis confiné et masqué grâce à la divine surprise du covid : l’épouvantable populisme, le peuple qui au lieu de se soumettre et d’applaudir commence à siffler le “conducator” comme sur n’importe quelle place de Bucarest.  Quoi de plus pratique qu’un “Etat d’urgence” appuyé sur une menace qui justifie que les citoyens se terrent chez eux, ne se réunissent plus, ne se rassemblent plus, ne circulent plus beaucoup, et ne parlent qu’avec un bâillon sur la bouche, réel contre le covid et virtuel pour éviter de se retrouver devant des juges au nom des lois qui se sont multipliées pour étrangler la libre parole ?

    Une dictature, c’est aussi une absence de séparation des pouvoirs. L’Assemblée nationale est en France une chambre d’enregistrement des décisions présidentielles : les lois sont les oukases de l’Elysée votés par une majorité soumise, une majorité qui doit son existence au chef plus qu’à des électeurs, et oublie totalement le rôle de contrôle de l’exécutif que détient le Parlement. Quant à la justice, la récente condamnation de Sarkozy, enfin touché par le chasseur qui multiplie ses tirs contre lui, elle paraît suffisamment disproportionnée pour qu’on s’interroge. L’ancien président doit bien avoir quelque chose à se reprocher parmi les nombreuses casseroles qu’on fait teinter à ses basques, mais celle qui a permis le tir au but est bien légère, une intention non réalisée découverte dans le cadre d’une autre enquête. Depuis 2017, le PNF créé par Hollande, dont la rapidité et la débauche de moyens seraient bienvenues contre la criminalité quotidienne qui touche les “gens qui ne sont rien”, se révèle une machine très efficace pour éliminer les obstacles à l’élection ou la réélection de Macron ? Le nombre des affaires touchant ses proches qui n’avancent guère, la morgue avec laquelle le prince a fait d’un ministre mis en examen le président de l’Assemblée Nationale, sont des indices troublants sur l’état de notre démocratie. Un président, élu dans des conditions douteuses et qui prépare sa réélection à l’identique, ne correspond pas à l’idée d’une démocratie où le peuple choisit et où l’alternance est possible.

    Le covid altère les sensations olfactives des individus. Il rend sourd aussi, sourd à l’étranglement progressif des  libertés de s’exprimer, de manifester, de s’opposer. Les étrangleuses, ce sont les lois, celle sur la manipulation de l’information (Fake news), destinée à ne permettre que celle du pouvoir, celle contre les contenus haineux sur internet, heureusement censurée en grande partie, mais sans conséquence puisque les réseaux sociaux pratiquent une justice privée qui pourchasse les hérétiques, celle sur la sécurité globale, enfin. Les libertés de se déplacer, de travailler, de se récréer, de prescrire pour les médecins sont étouffées. Les fichages, en revanche, se multiplient. La scandaleuse dissolution de Génération identitaire par décret coche aussi une case de la dictature. Comme dans la célèbre affaire Callas, pas de preuve, des demi-preuves, des quarts de preuve : une milice sans armes, des déclarations de membres mais non mandatés par lui, l’obole d’un extrémiste néo-zélandais. Il fallait éliminer ceux qui osent montrer la défaillance gravissime du pouvoir face à l’immigration massive et illégale, et à l’impunité des bandes dans les quartiers perdus de la République. La dissolution d’un mouvement qui n’a nullement transgressé les lois de la République, mais a voulu être plus “national” que la nation, plus patriote en somme, est-il condamnable ?

    Là, effectivement on découvre qu’une case de la dictature n’est pas cochée. En général, les dictatures sont nationalistes. Le pouvoir en France ne l’est pas. Il est même le contraire. Le président aime disqualifier un peuple qu’il n’aime pas, les Gaulois réfractaires, procureurs de son action, mais en revanche le voici qui vient une fois de plus salir l’action de la France et de son armée en Algérie, à propos de l’exécution d’un rebelle lors de la Bataille d’Alger quand les “paras” luttaient contre des terroristes qui n’hésitaient pas à frapper les foules innocentes. Cela fait suite à une logique de repentance indigne d’un Chef de l’Etat qui devrait au contraire cultiver la fierté nationale. Non seulement la France n’a aucune dette envers un pays qu’elle a créé et équipé, mais cette autoflagellation stupide ne peut que susciter une rancune et un mépris aussi dangereux qu’infondés chez les immigrés d’origine algérienne, et ainsi empêcher leur intégration.

    La dictature du “parti de l’étranger”, c’est assez rare… Encore que l’Histoire en offre des exemples…

    Source : https://www.christianvanneste.fr/

  • Haro sur les reliques ! Quand la République abroge le délit de blasphème en Alsace-Lorraine, par Jean Bouër.

    Il y avait une législation sur le blasphème, en France, jusqu'en 2016. On la supprima, parce que trop chrétienne, trop religieuse, trop respectueuse.

    C’était il y a 6 ans. Alors que la France était sous l’émotion des attaques contre Charlie Hebdo, beaucoup s’interrogeaient sur les causes des attentats, mais aussi sur les réactions à retenir face à ceux qui attaquaient la presse au nom de caricatures religieuses. La réponse était claire : puisque l’on meurt au nom de caricatures du prophète, il faut donc admettre le blasphème.

    C’est ainsi que fut proposée une démarche que nul n’avait vraiment envisagée auparavant : supprimer dans le droit local alsacien-mosellan un délit de blasphème remontant à la présence allemande après l’annexion de 1870. Ce délit, figurant à l’article 126 du Code pénal applicable dans les départements du Bas-Rhin, du Haut-Rhin et de la Moselle, prévoyait tout simplement que « celui qui aura causé un scandale en blasphémant publiquement contre Dieu par des propos outrageants, ou aura publiquement outragé un des cultes chrétiens ou une communauté religieuse établie sur le territoire de la Confédération et reconnue comme corporation, ou les institutions ou cérémonies de ces cultes, ou qui, dans une église ou un autre lieu consacré à des assemblées religieuses, aura commis des actes injurieux et scandaleux, sera puni d’un emprisonnement de trois ans au plus ». Haro donc sur le délit de blasphème, pourtant adopté dans une société chrétienne éloignée de l’islam. Un délit qui, visiblement, ne gênait personne. Sauf des esprits chagrins pour qui la lutte contre l’islamisme devait aussi passer par la mise à l’écart du vernis encore chrétien de nos sociétés. Au nom de « l’esprit Charlie », des politiques, des juristes et même des religieux s’empressèrent d’exhumer la relique, vestige de cette présence germanique et d’un substrat relativement chrétien. Comme si pour s’interroger sur l’horreur, il fallait blasphémer davantage. Les dieux du blasphème ont toujours soif ! C’est ainsi que fut proposée l’abrogation de ce délit qui, pourtant, ne conduisait plus à des condamnations pénales. En 2016, juste après le massacre du Bataclan, les partisans de la suppression de ce délit revinrent à la charge. Un amendement fut donc déposé, puis adopté le 9 juin 2016. Si le ministère de la Justice rappela en janvier 2016 l’inapplicabilité de ce délit dans une réponse à une question écrite posée par député, c’est une loi « hollandienne », la loi Égalité et Citoyenneté du 27 janvier 2017, qui procéda à son abrogation. Le délit fut donc retiré d’une législation particulariste, fruit des heureuses retrouvailles de 1918. Pour faciliter le retour à la mère-patrie des Alsaciens et des Lorrains, la République comprit intelligemment qu’on ne pouvait faire table rase du passé ou envoyer paître des cultes ayant pignon sur rue. Pas question de supprimer le régime concordataire dont bénéficiaient les catholiques, les juifs et les protestants. Au passage, en Alsace, y compris après Vatican II, l’Église catholique n’a jamais demandé la suppression du traitement des évêques et des prêtres, alors même qu’elle s’est complu à abandonner le délit de blasphème… Cela est d’autant plus étrange que, même dans les déconstructives années 1970, voire au moment de l’arrivée de la gauche au pouvoir en 1981, personne ne songea à remettre en cause ce vestige d’une époque antérieure. Sauf les modernes qui, eux, ne comprennent rien.

    La sottise des modernes ne comprend rien à l’ordre symbolique

    Le procès a été instruit à charge contre le délit. Mais si au lieu d’en faire un accusé, on l’entendait au moins comme témoin ? Une sanction pénale n’est pas une mise à mort. Au passage, le délit n’est pas l’infraction la plus élevée, ni la plus grave du droit pénal. Ce qui prouve que même les anciens n’entendaient pas faire du blasphème un crime au sens pénal. En revanche, l’injure à Dieu devait être pour eux un interdit minimal et structurant de toute bonne société sachant se respecter. Pour Alsaciens et Lorrains, le refus du blasphème participait de cette préséance reconnue à Dieu. Parce que c’est comme ça. Point barre. Et parce que c’était aussi comme ça, en France, il y a encore quelques décennies. Si on creuse davantage, on pourra rappeler que le blasphème refusé par le catholicisme n’est pas la mise à mort de l’infidèle pratiquée par Daesh et ses affidés… Au passage, personne n’a tué au nom d’un blasphème commis contre Dieu dans le monde chrétien. De la part des catholiques traditionnels, Charlie Hebdo n’a essuyé, au plus, que des procès et des critiques, mais pas d’agressions physiques ni d’appels au meurtre ! Des prières dites avec le chapelet, pas des ceintures d’explosifs… Le catho qui n’aime pas Charlie ne tue pas son prochain et le soin qu’il prend à accorder à Dieu l’honneur qui Lui est dû lui fait même tendre la joue droite. De cela, il n’en fut pas question lors de l’attentat contre Charlie et des attaques du Bataclan. Une occasion perdue dans le redressement de l’intelligence.

    Plaidoyer pour le maintien du délit de blasphème

    On pourra toujours invoquer l’argument de la désuétude pour supprimer ce qui est suranné. Mais, dans ce cas, l’argument peut jouer en faveur du maintien d’une disposition. Si le dispositif était aussi inopérant et inoffensif, pourquoi l’avoir supprimé à grands frais, quitte à conforter les musulmans dans l’idée que la France est de moins en moins religieuse ? Qui plus est, quand ledit délit n’a tué, ni affecté personne, mais seulement effrayé des Occidentaux traînant une bien piètre conscience de leur héritage. On aurait tout simplement pu couper la poire en deux : ne pas supprimer ce délit, mais reconnaître qu’il est inapplicable comme c’était le cas depuis des décennies. C’est par ailleurs le compromis que la réponse précitée du ministère de la Justice de janvier 2016 sembla esquisser quand il affirma que ce délit « ne peut […] plus être appliqué par les juridictions françaises dans les départements de la Moselle, du Bas-Rhin et du Haut-Rhin ». Nul besoin donc d’un grand pas de clerc.

    Enfin, il faut s’interroger sur ce qu’est le droit dans nos démocraties libérales. Le droit, ce ne sont pas seulement des procédures ou même des sanctions. Les actuelles logiques transactionnelles ou individualistes ont brouillé la perception de ce qu’il devrait être. Le droit, ce n’est pas seulement le procureur qui requiert, le juge qui condamne ou le policier qui menotte et incarcère. C’est aussi une force symbolique qui participe à la cohésion de la société. Comment concevoir une société sans ce minimum de croyances ? Le symbole passe par les mots, fussent-ils apparemment désuets ou inadaptés, donc par des survivances qui échappent au commun des mortels. Le langage – au sens propre du terme comme au sens juridique – ne saurait être le fruit de transactions momentanées. Il est aussi constitutif d’un éthos qui dépasse les individus. Le droit ne peut donc être un instrument utilitaire destiné à se ployer aux caprices et aux lubies du moment. Il peut aussi porter ces héritages dont nos contemporains ne parviennent toujours pas à se défaire, même quand le mot « Dieu » leur semble étranger. Et qui peuvent être leur planche de salut quand tout flanche et qu’ils ne croient plus en rien. Nos sociétés vivent de ces multiples héritages que personne ne remet en cause et qui permettent au lien social de se maintenir. Il y avait donc nécessité à conserver ce délit de blasphème dans notre législation qui, au demeurant, ne gênait en rien le reste de la France. Que de sottise ! Arrêtons tout cela, nom de Dieu 

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    Source : https://www.politiquemagazine.fr/

  • La sinistre Comédie ou Mahomet trop al Dante, par Daniel Cunin.

    L’Enfer de Dante censuré… à son tour ! Dans une nouvelle traduction néerlandaise du chef-d’œuvre du poète italien Dante Alighieri, non seulement le style a été adapté, mais certains passages ont été carrément supprimés, pour être « en conformité avec notre époque ». Ainsi de Mahomet, qui a quasiment totalement disparu…

    Toujours plus confinés, on ne sort plus guère. Heureusement, les Plats Pays littéraires nous offrent bien des occasions de sortir hors de nos gonds. On a eu les racistes anti-Rijneveld, les islamo-turco-erdoğanos anti-Gül, nous voici à présent en compagnie des néerlando-traductos pro-Mahomet qui éradiquent les passages qui ne leur paraissent « plus conformes avec notre époque » ! On sait que le cosmos est illimité, mais de là à imaginer que la bêtise devançait à ce point la NASA…

    On vient en effet, en terre néerlandophone, d’assister à un nouveau triomphe de cette bêtise. Dans « Mahomet », un article de 2006 (repris dans Littérature et politique, 2014), Philippe Sollers le redoutait :

    « Je note d’ailleurs que le pape actuel, Benoît XVI, vient de reparler de Dante avec une grande admiration, ce qui n’est peut-être pas raisonnable quand on sait que Dante, dans sa Divine Comédie, place Mahomet en Enfer. Vérifiez, c’est au chant XXVIII, dans le huitième cercle et la neuvième fosse qui accueillent, dans leurs supplices affreux, les semeurs de scandale et de schisme. Le pauvre Mahomet (Maometto) se présente comme un tonneau crevé, ombre éventrée ‘‘du menton jusqu’au trou qui pète’’ (c’est Dante qui parle, pas moi). Ses boyaux lui pendent entre les jambes, et on voit ses poumons et même ‘‘le sac qui fait la merde avec ce qu’on avale’’). Il s’ouvre sans cesse la poitrine, il se plaint d’être déchiré. Même sort pour Ali, gendre de Mahomet et quatrième calife. Ce Dante, impudemment célébré à Rome, est d’un sadisme effrayant et, compte tenu de l’œcuménisme officiel, il serait peut-être temps de le mettre à l’Index, voire d’expurger son livre. Une immense manifestation pour exiger qu’on le brûle solennellement me paraît inévitable. »

    De quoi s’agit-il au juste sous les cieux batavo-flamands ? Mahomet, Muḥammad, Mohammed, autrement dit Abū al-Qāsim Muḥammad ibn ʿAbd Allāh ibn ʿAbd al-Muṭṭalib ibn Hāshim ne doit plus figurer sous son nom dans L’Enfer de Dante. Il s’agit, pour l’obscur éditeur Blossom Books (Utrecht), de rendre les classiques « accessibles et agréables aux nouveaux lecteurs, notamment les plus jeunes. Il serait dommage que ceux-ci soient rebutés par le passage en question ». Lies Lavrijsen, la traductrice anversoise de l’œuvre du début du XIVe siècle, se justifie : « Mahomet n’a pas complètement disparu du texte ; j’ai supprimé trois vers dans lesquels il parle à Dante et dit entre autres qui il est, c’est tout. » Relevons que le livre annonce qu’elle raconte L’Enfer, plutôt qu’elle ne le traduit.

    Citons les vers 22-36 du chant XXVIII dans la traduction de Jacqueline Risset :

    « Jamais tonneau fuyant par sa barre ou sa douve
    ne fut troué comme je vis une ombre,
    ouverte du menton jusqu’au trou qui pète.

    Ses boyaux pendaient entre ses jambes ;
    on voyait les poumons, et le sac affreux
    qui fabrique la merde avec ce qu’on avale.

    Tandis que je m’attache tout entier à le voir,
    il me regarde et s’ouvre la poitrine avec les mains,
    disant : “Vois comme je me déchire :

    vois Mahomet comme il est estropié.
    Ali devant moi s’en va en pleurant,
    la face fendue du menton à la houppe :

    et tous les autres que tu vois ici
    furent de leur vivant semeurs de scandale
    et de schisme : et pour cette faute ils sont fendus.” »

    Voici plus de deux siècles, Rivarol a trébuché sur ce même passage. S’il ne sucre pas le nom Mahomet, il s’abstient de traduire un ou deux vers trop littéralement, mais, offusqué, ne peut s’empêcher de les mentionner dans une note :

    « On est un peu scandalisé de voir Mahomet et son gendre Ali traités si misérablement. […] Le poète continue de proportionner et d’approprier la peine au délit. Seulement, seulement, dans le supplice de Mahomet, on est fâché de le voir passer du terrible à l’atroce et au dégoûtant. Son cœur palpitant à découvert, n’est déjà que trop fort : mais comment rendre il tristo sacco che merda fa di quel che si trangugia ? Il faut laisser digérer cette phrase aux amateurs du mot à mot. »

    On se demande jusqu’où les bégueules de tout poil vont aller. On leur conseille de se retrousser les manches, car bien du travail les attend, ainsi que l’annonçait voici quinze ans Philippe Sollers :

    « Ce poète italien fanatique n’est pas le seul à caricaturer honteusement le Prophète. Dostoïevski, déjà, émettait l’hypothèse infecte d’une probable épilepsie de Mahomet. L’athée Nietzsche va encore plus loin : “Les quatre grands hommes qui, dans tous les temps, furent les plus assoiffés d’action, ont été des épileptiques (Alexandre, César, Mahomet, Napoléon)”. Il ose même comparer Mahomet à saint Paul : “Avec saint Paul, le prêtre voulut encore une fois le pouvoir. Il ne pouvait se servir que d’idées, d’enseignements, de symboles qui tyrannisent les foules, qui forment les troupeaux. Qu’est-ce que Mahomet emprunta plus tard au christianisme ? L’invention de saint Paul, son moyen de tyrannie sacerdotale, pour former des troupeaux : la foi en l’immortalité, c’est-à-dire la doctrine du Jugement.” […] C’est toute la culture occidentale qui doit être revue, scrutée, épurée, rectifiée. Il est intolérable, par exemple, qu’on continue à diffuser L’Enlèvement au sérail de ce musicien équivoque et sourdement lubrique, Mozart. Je pourrais, bien entendu, multiplier les exemples. »

    En cette année où l’on commémore la disparition de Napoléon, gageons que certains béjaunes ne vont pas manquer de s’activer. Il est étonnant que le centième anniversaire de la parution de La Négresse du Sacré-Cœur, roman montmartrois d’André Salmon, ne soit pas passé, l’an dernier, sous les fourches caudines des nouveaux censeurs.

    Daniel CUNIN

    Traducteur et animateur du blog Flandres-Hollande

    Source : https://www.profession-spectacle.com/

  • Jean Messiha : “Le choix de Benzema et celui de Youssoupha pour l’hymne participent d’une logique antinationale dans le

    Jean Messiha réagit au retour en équipe de France du footballeur Karim Benzema et au choix controversé du rappeur Youssoupha, qui interprètera l’hymne de l’équipe pour l’Euro 2021.

    https://soundcloud.com/bvoltaire/jean-messiha-24006776

    Depuis hier, vous parcourez les plateaux télé. Vous étiez chez Cyril Hanouna pour dénoncer d’une part, le clip de l’équipe de France pour l’Euro et d’autre part, le retour du footballeur Karim Benzema en équipe de France. Qu’est-ce qui vous gêne dans l’arrivée de Karim Benzema en équipe de France ?

    Au-delà d’être une équipe sportive, l’équipe de France est une institution qui incarne en principe la France. On parle d’ailleurs de sélection nationale ou d’équipe nationale. Le mot national n’est pas décoratif, mais il porte une composante de la nation qui est vécue de l’intérieur par ceux qui jouent en son nom. L’équipe nationale doit être nationale. Elle doit comporter en son sein des gens qui véritablement incarnent la France. Lorsque je dis incarnent la France, ce n’est pas nécessairement un argument ethnique ou racial. Il y a toujours eu des gens de toutes les couleurs dans l’équipe de France, mais ces gens chantaient la Marseillaise à pleins poumons et jouaient en ayant vraiment le sentiment de jouer pour un pays et d’être l’excroissance vivante et sportive de toute une nation qu’ils avaient derrière eux.

    Aujourd’hui, malheureusement, l’équipe de France est devenue un club comme un autre. De plus en plus de joueurs de l’équipe de France ne sont que des mercenaires. C’est une sorte d’américanisation du sport où l’on distribue des nationalités françaises à des athlètes au prétexte de leur performance sportive pour qu’ils ramènent des coupes à la maison, mais qui en réalité n’éprouvent aucune allégeance et respect. À la limite, l’allégeance est un peu comme une conviction religieuse et ne se jauge pas. En revanche, on peut au moins considérer qu’un joueur qui joue dans l’équipe de France doit respecter et son équipe et la France. Permettez-moi de dire que dans le cas de Benzema entre ses déclarations « je suis algérien », son refus de chanter la Marseillaise  et ce crachat qu’il a commis après une Marseillaise jouée au piano en 2015, le moins que l’on puisse dire, c’est que le respect n’est même pas là.

     

    On serait tenté de vous répondre que le pardon existe. Peut-être que Benzema a changé et qu’au prochain match de l’équipe de France, il chantera la Marseillaise comme tout le monde…

    Je vous fiche mon billet qu’il ne la chantera pas. C’est un double affront. Lorsqu’on voit le tweet par lequel il annonce son arrivée dans l’équipe de France, c’est un tweet qui se termine par « AlHamdullilah ».

    Vous comprenez que nous n’avons pas à faire à un identitaire français, mais plutôt à un identitaire arabo musulman. Imaginez si un joueur algérien ou tunisien d’origine européenne annonçait son arrivée dans la sélection nationale de l’Algérie ou de la en finissant son tweet par « je rends grâce à la Sainte Trinité ». Qu’en penserions-nous ?

     

    Le clip de l’équipe de France pour l’Euro a été chanté par le rappeur Youssoupha. Ce dernier s’est fait connaître pour avoir menacé de , le journaliste Éric Zemmour.

    J’allais commencer mon propos en disant que l’affaire de Karim Benzema et celle de Youssoupha sont liées. Elles participent de la même logique anti nationale qui anime, depuis au moins une quarantaine d’années, nos élites dirigeantes qui se retrouvent de plus en plus dans le sport.

    Il y a 10 ou 15 ans, on disait que le sport était le dernier rempart de ce que pouvait représenter la France. L’équipe de France était la seule qui pouvait faire descendre dans la rue, des millions de personnes lorsqu’elle gagnait. Il est vrai que les manifestations sportives internationales dans lesquelles la France participait étaient susceptibles de galvaniser une nation, quelles que soient les origines professionnelles, sociales, ethniques et religieuses. Je crois que c’est de moins en moins vrai et qu’une logique anti nationale est en train de percer dans le sport. Aujourd’hui, l’équipe de France est une entreprise. On recrute et on fait des entretiens d’embauche sur la base des seules compétences. Le rappeur Youssoupha est anti-français. Je ne comprends pas le choix de la Fédération Française de foot. Ce matin, j’étais sur le plateau de CNEWS de qui a fait intervenir le rappeur qui a chanté hier pour la de la . Ce rappeur est patriotique, loue les vertus de la France, aime la France et est reconnaissant pour la France.  Il a eu un parcours absolument extraordinaire. Pourquoi, ne mettons jamais sur un piédestal cette immigration assimilée et amoureuse de la France ?

    En réalité c’est «  dis-moi qui honore, je te dirais qui tu es ». En honorant les immigrations les plus haineuses de la France comme les , les Rokhaya Diallo, les Youssoupha etc, les élites anti nationales montrent ce qu’elles sont en réalité, des élites qui ne sont plus françaises et même anti françaises.

     

    Jean Messiha

    Directeur et fondateur de l'institut Appolon
     
  • La peur dicte la réaction disciplinaire du ministère des armées, par Ber­trand Soubelet.

    Nous repro­dui­sons  ici la réac­tion du Géné­ral Sou­blet sur les mesures dis­ci­pli­naires dépla­cées et ridi­cules  du minis­tère à l’encontre des géné­raux signa­taires de la tri­bune parue dans Valeurs Actuelles (NDLR)

    Déci­dé­ment le ridi­cule ne décou­rage pas nos gouvernants.

    Il y a quelques jours à peine la ministre des Armées a convo­qué en Conseil de dis­ci­pline plu­sieurs géné­raux en deuxième sec­tion, c’est à dire dans une posi­tion sta­tu­taire qui n’est pas celle de l’activité.

    Motif : avoir signé la tri­bune publiée par Valeurs actuelles le 21 avril dernier

    Objec­tif : les sanctionner.

    Cette réac­tion poli­tique au mes­sage d’a­mour pour la France de tous ces mili­taires est véri­ta­ble­ment typique d’un petit monde pari­sien tota­le­ment décon­nec­té de la réalité.

    On attend de nos diri­geants un peu de hau­teur de vues et la com­pré­hen­sion des enjeux aux­quels nous devons col­lec­ti­ve­ment faire face.

    Au lieu de posi­ti­ver et de rebon­dir intel­li­gem­ment à cette inquié­tude mani­fes­tée dans la tri­bune et par­ta­gée par une majo­ri­té de Fran­çais voi­là une réponse bien étri­quée et comme on dit dans nos rangs : « garde à vous ! Je ne veux voir qu’une seule tête !

    Appli­ca­tion de l’ar­ticle 1 : le chef a tou­jours raison »

    Mais où est le chef ?

    Je parle du chef des Armées qui est res­té bien silen­cieux depuis cet épisode.

    Il a char­gé la ministre des Armées d’exé­cu­ter les basses œuvres.

    Mais au fond qu’y a t‑il dans cette lettre de si particulier ?

    Que des mili­taires de tous grades s’a­dressent col­lec­ti­ve­ment au Pré­sident de la Répu­blique et à l’en­semble de l’exé­cu­tif ? Quel affront ! Quelle outrecuidance !

    Il se trouve que ces mili­taires et anciens mili­taires sont aus­si des citoyens.

    Comme les autres. Avec des attentes, des inquié­tudes, une concep­tion de leur pays, de leur patrie.

    Et tout cela est respectable.

    En réa­li­té les signa­taires n’ont rien dit de plus que ce que j’a­vais décla­ré en 2013 devant une com­mis­sion d’in­for­ma­tion de l’As­sem­blée Natio­nale et écrit maintes fois depuis, rien de dif­fé­rent de ce qu’a­vait aus­si affir­mé Patrick Cal­var alors direc­teur géné­ral de la sécu­ri­té inté­rieure devant l’As­sem­blée Natio­nale en 2015 en évo­quant une crainte de guerre civile ; rien de dif­fé­rent non plus de la décla­ra­tion de Gérard Col­lomb sur les marches de Beau­vau par­lant de Fran­çais « ne vivant plus côte à côte mais face à face ».

    Qu’est-ce que l’exé­cu­tif veut prou­ver en convo­quant en Conseil de dis­ci­pline ces ser­vi­teurs de l’E­tat qui pour la plu­part ont ris­qué leur vie pour notre pays ?

    Faire un exemple ?

    Pour à nou­veau mon­trer que les mili­taires sont des citoyens de seconde zone à qui on demande d’al­ler se faire trouer la peau et de la fermer ?

    Aggra­ver les frac­tures dans notre pays ?

    Car plus de 70% des Fran­çais approuvent le conte­nu de cette lettre et par­tagent ces inquiétudes.

    Ou alors confir­mer l’au­tisme dont ils font preuve depuis des années devant la dégra­da­tion de la socié­té fran­çaise, mala­die par­ta­gée par l’en­semble de la caste politique.

    Pire j’ai la convic­tion que c’est la peur qui dicte cette réac­tion dis­ci­pli­naire d’un autre âge, peur de celles et ceux qui placent au-des­sus de tout : les prin­cipes, la droi­ture, l’hon­neur et la défense de toutes les valeurs qui fondent notre pays et dont les poli­tiques ne sont plus repré­sen­ta­tifs depuis bien longtemps.

    Réveillez-vous mon­sieur le Pré­sident, mes­dames et mes­sieurs les ministres nous ne sommes plus au XIXème siècle.

    Les mili­taires ne sont pas un danger.

    Ils n’ont qu’un seul défaut. Ils aiment la France.

    Nous avons plus que jamais besoin de bien­veillance, de gran­deur et d’au­dace et hélas pour la France vous n’en faites pas preuve.

    Les Fran­çais vous diront clai­re­ment ce qu’ils pensent de vous en 2022.

    Source : https://www.actionfrancaise.net/

  • Europe : suicide annoncé ?, par Christian Vanneste.

    Deux lectures s’imposent aujourd’hui pour comprendre le paysage chaotique qu’offre la politique internationale : les deux derniers livres d’Alexandre del Valle : “Les vrais ennemis de l’Occident” et “La stratégie de l’intimidation”. 

    christian vanneste.jpgEn effet, il n’y a pas de jour qui passe sans qu’un événement ne survienne pour fournir un prétexte à la diabolisation de la Russie tandis que la plupart des médias cherchent à tout prix à justifier l’immigration et à exonérer l’islam de toute culpabilité dans la genèse des attentats islamistes. La convergence de ces deux axes de l’information, la densité et l’ampleur de la désinformation en ce sens ne peut que susciter l’interrogation voire la suspicion. Celle-ci devient une quasi-certitude lorsque s’y ajoute la véritable chasse à toute résistance identitaire nationale ou religieuse dès lors qu’elle se développe en Occident. Dans ces trois cas, le déséquilibre est tellement visible qu’il soulève une exigence de compréhension.

    Pourquoi la Russie favorable à l’intégration dans sa famille civilisationnelle, occidentale et chrétienne, et même à un rapprochement avec l’OTAN, jusqu’en 2003 est-elle présentée comme l’ennemi prioritaire, censé commettre des assassinats ciblés contre ses traîtres et ses opposants ? Pourquoi, dans le même temps, le rôle néfaste de l’Arabie Saoudite, du Qatar, du Koweit et de la Turquie est-il minimisé ? La Russie ne menace nullement d’envahir l’Europe de l’Ouest, pas plus la Pologne ou les Etats Baltes que la France, et cependant les Etats-Unis, l’Otan qui réunit la majorité des Etats européens et la Turquie, concentrent à la frontière russe des bases et des moyens dont on perçoit mal à quelle urgence ils répondent. Ni l’Union Européenne, ni l’organisation atlantique n’ont renoncé à étendre leur espace jusqu’à la lisière de la Russie elle-même, à travers l’Ukraine. L’iniquité dans le traitement des informations saute aux yeux de n’importe quel observateur objectif : l’annexion de la Crimée est présentée comme un crime, alors que l’histoire et la volonté des habitants la légitiment totalement. L’appui de la Russie au gouvernement légal de la Syrie en vue de lui permettre de rétablir sa souveraineté sur l’ensemble de son territoire subit la critique parfois appuyée d’actions militaires dénuées de la moindre légitimité de la part des Occidentaux. La Turquie occupe plus d’un tiers de Chypre, une partie de la Syrie, les Américains interdisent à l’armée syrienne de passer l’Euphrate ou de s’approcher de la frontière jordanienne au mépris de la souveraineté de ce pays : des soldats syriens, mais aussi des Russes ont été victimes de cette ingérence inacceptable, de la part d’un pays qui osait encore récemment parler d'”Etats-voyous” à propos de ses adversaires. L’allié saoudien dont on sait le peu de respect pour nos “droits de l’homme”, et sa totale intolérance religieuse, a plongé son voisin yéménite dans le désastre humanitaire, mais l’Arabie est notre “amie… C’est pourtant de sa pensée, le wahhabisme, et de son infinie richesse pétrolière qu’est venue la vraie menace qui pèse sur l’Europe, l’islamisme désormais “rechargé” au salafisme. Le danger se présente par quatre voies : d’abord, la démographie de l’immigration musulmane ; ensuite, la croissance d’une forme virulente de l’islam qui empêche l’assimilation et renforce un communautarisme sécessionniste chez les immigrés ; en troisième lieu, le terrorisme qui trouvera dans l’expansion de l’islam une extension des vocations et du terreau nourricier ; enfin, le risque militaire, soit par le biais d’Etats puissants, comme le Pakistan, soit par la multiplication des djihadistes, de leurs réseaux et de leurs groupes armés.

    Face à ces périls, l’aveuglement obstiné semble répondre à un mot d’ordre. “Daesh” serait l’unique ennemi ! Non ! Ce n’est qu’une des têtes de l’hydre. En Syrie, seuls les Russes semblent l’avoir compris. Cette tête n’est d’ailleurs pas coupée, puisque les Occidentaux paraissent plus attachés à s’en prendre aux Syriens et aux Russes qui, passant l’Euphrate, réoccuperaient les champs pétrolifères dont la Syrie est actuellement spoliée, qu’à éradiquer définitivement l’Etat islamique. En Afghanistan, les cousins talibans reprennent progressivement le contrôle du pays, avec le soutien de “notre allié” pakistanais, ce pays où les Chrétiens sont discriminés. Les attentats que subit l’Europe sont un des moyens d’intimidation. La signature importe peu. Avant l’Etat islamique, c’était Al Qaïda, et après, le nom changera une fois encore. La peur agit : il est toujours facile de caricaturer un pape. Désormais, s’en prendre à Mahomet est suicidaire. Le refus de l’amalgame, pourtant légitimé par les textes permet aux réseaux apparemment modérés de tirer profit du rejet moralisateur de “l’islamophobie”. Et, c’est ainsi que les Frères Musulmans prospèrent à l’ombre du pouvoir, en Turquie, au coeur de la guerre civile, en Syrie ou en Libye, et dans les mosquées et les écoles en France même.

    La menace n’a pas du tout la même intensité aux Etats-Unis et en Europe. Pour l’Europe, elle est mortelle, en raison de la démographie et de la proximité géographique. Que les Américains poursuivent une politique égoïste qui vise à faire imploser l’Europe, à couper celle-ci de la Russie tellement complémentaire, à continuer leur alliance purement économique avec des pays qui sont à l’opposé de leurs valeurs, cela peut se concevoir. Que l’Europe se laisse entraîner dans cette politique suicidaire, jusqu’à condamner les nations européennes qui tentent de résister, relève d’une stupidité criminelle !

    Source : https://www.christianvanneste.fr/

  • La Tradition, seul recours, par Jean Viansson-Ponté.

    Jour après jour, l’actualité et les commentaires nous font vivre un effondrement en gros et en détail de la société française dont les manifestations tragiques ou burlesques se multiplient.

    1.jpgPêle-mêle : une gamine donne des leçons hallucinées au monde pour « sauver la planète » pendant que les flux migratoires incontrôlés contribuent à alimenter les déséquilibres démographiques, économiques, culturels et le communautarisme; le sapin de Noël est un arbre mort dont la vue ne peut être imposée aux enfants ; les réunions communautaires non-inclusives (!) semblent normales à l’Université ; l’impunité des délits, l’indulgence pour certains crimes va de pair avec la répression sans failles de manifestations souvent paisibles ; la loi est amendée ou contredite par des superstructures judiciaires nommées, tels les Parlements d’Ancien régime… Les exemples de cet effondrement sont légion (c’est son nom).

    Comment en sommes-nous arrivés là ? Quelles pistes pour sortir de ce cycle infernal ? Le mérite du Recours à la tradition que nous propose Michel Michel est la clarté. À une certaine altitude, cet ouvrage déroule une critique du modernisme et de ses ravages et met en lumière les bienfaits de la tradition chrétienne, pierre angulaire de la civilisation occidentale.

    Les Modernes sont aujourd’hui héritiers d’une tradition dans le désordre, « en pièces détachées ». Dès lors, nous dit Michel Michel, « la Tradition catholique attaquée suppose non pas d’être défendue, mais comprise » afin de ne pas confondre « l’esprit du monde avec les signes des temps ». C’est la Tradition, « qui nous fait connaître les hommes d’avant, les hommes d’ailleurs et l’homme de toujours », qui permet de ne pas être totalement assujetti à l’esprit du temps. De discerner les ressorts d’un combat spirituel.

    L’auteur remarque que cette sécularisation qui rompt avec la Tradition concerne essentiellement le christianisme latin occidental, avec ses prolongements canadien et australien, alors qu’ailleurs dans le monde le fait religieux ne se porte pas si mal : Hindouisme, Islam, Orthodoxie, Sionisme, Évangélisme (… et phénomènes sectaires) ne sont pas érodés par le Modernisme.

    Et dans l’aire européenne, en France notamment, ce sont les structures religieuses « contrôlées par l’appareil ecclésiastique », celles qui ont fait le plus d’efforts pour s’adapter, qui périclitent. Alors que les mouvements charismatiques, traditionalistes ou les nouvelles fondations ont une belle vitalité et irriguent souvent les structures diocésaines (baptêmes, ordinations, démographie).

    Mort du “Progrès” et angélisme

    Or le déclin du mythe du Progrès (cf. le pessimisme écologique, l’évolution des scientifiques eux-mêmes, ou des créations comme Matrix) permet de repenser le religieux. « L’Avenir avait remplacé le Ciel en guise d’Espérance, c’est fini ». L’idée selon laquelle la dimension religieuse ne serait pas consubstantielle à l’homme était sans précédent, propre au XIXe siècle, à partir d’un parallèle entre les âges de l’homme, de l’enfance à la maturité (on oublie la vieillesse et… la suite) et les stades de l’humanité. D’où une dévalorisation de la tradition à la lumière du Progrès.

    La sécularisation est un phénomène spécifique post-chrétien. Dans la société chrétienne, l’autonomie des secteurs de l’activité et du savoir laissait au religieux la vocation de relier les dimensions de la vie. Aujourd’hui le religieux est relégué à la sphère privée. Les idéologies du XXe siècle, marxisme et national-socialisme, qui avaient voulu en récupérer les fonctions sociales et psychologiques sans répondre au désir d’éternité, sont sorties de l’Histoire en quelques décennies. Seul subsiste le libéralisme, et le capitalisme s’est développé « comme un parasite sur le christianisme ».

    Dans une société qui nie la légitimité de toute loi non fondée sur le contrat, l’Église se trouve en difficulté devant le monde moderne – issu lui-même de la chrétienté. Devant ces « idées chrétiennes devenues folles », selon le mot attribué à Chesterton, comment christianiser une société post-chrétienne… sinon par un recours et un retour aux principes transcendants ? Et comment comprendre à partir de quelle dérive la foi chrétienne aboutit à l’idéologie du monde moderne ?

    Cela suppose de comprendre que l’on est moins dans une négation du spirituel que face à une forme d’angélisme, qui s’est développée et se développe. La tentation angélique est de croire que ce que l’on espère est déjà là, et amène à nier « l’ordre naturel du monde, l’entropie de l’Histoire, la nécessité de la justice – et de la guerre pour la rétablir ».

    Dans l’ordre surnaturel, le Messie, l’homme nouveau, le travail de Charité, tout est nouveau. « Mon royaume n’est pas de ce monde ». Dans l’ordre naturel, César, l’Histoire, le devoir de justice, rien de nouveau. « Le bon grain pousse avec l’ivraie ». « Vouloir étendre prématurément l’unité du genre humain au-delà de la société surnaturelle qu’est l’Église n’est qu’une hérésie du christianisme ».

    En écho au titre de ce livre, Le recours à la tradition, il faut pour l’institution ecclésiale et pour chaque homme considérer la réflexion et l’action en discernant l’ordre surnaturel et l’ordre naturel. Ce qui relève de la Cité de Dieu et ce qui bâtit la cité des hommes. La confusion, elle, détruit.

    Vouloir résumer ce livre documenté, argumenté, fourmillant de citations qui jalonnent le récit, des textes sacrés et de Saint Augustin à René Guénon, de Maurras (belle explication de pays légal/pays réel) à Chesterton, en passant par Jung, Joseph de Maistre ou, au hasard, Max Weber, est une véritable gageure. Il faut aller puiser à cette source, riche et tonique.

    Michel Michel, Le recours à la traditionL’Harmattan, 2021, 288 p., 29 €.

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    Source : https://www.politiquemagazine.fr/

  • Choquer, est-ce nécessaire ?, par Philippe Bilger.

    Mon titre n'a rien à voir avec la vie sociale, amicale ou familiale, l'urbanité souhaitable ou non de tous les jours.

    Mais tout avec le journalisme. On n'en a jamais plus parlé que depuis la décision si contestée du CSA qui a contraint CNews à se séparer d'Eric Zemmour dont on mesurera ainsi, par contraste, l'incroyable impact.

    4.jpgLors de l'entretien passionnant qu'EZ a eu dans la matinée du 8 avec Pascal Praud, on a pu remarquer l'extrême intelligence du premier qui a su expliciter certains de ses pensées, provocations et propos abrupts grâce au questionnement du second. Ce qui apparaissait immédiatement comme scandaleux ou incongru a pu être développé, expliqué et peut-être compris même en demeurant sans doute désapprouvé par quelques-uns.

    Une interrogation a fait qu'EZ, qui se voyait reprocher de choquer, loin de s'en défendre s'en est félicité en soutenant que dans le débat médiatique il convenait de le faire.

    J'entends bien que, comme il l'a repris de Mai 68, "tout est politique" mais il me semble cependant qu'on a le droit, sous le pavillon général du journalisme, de distinguer plusieurs familles.

    Je ne crois pas qu'on puisse soutenir que dans le domaine de l'information tout soit politisé au point de ne laisser place qu'à l'engagement et à la partialité. J'admets volontiers qu'il faut laisser de côté le principe de l'objectivité pour le remplacer autant que possible par l'exigence de l'honnêteté intellectuelle.

    J'ai déjà entendu des questionnements et des interventions dans l'espace médiatique qui ne permettaient pas de deviner de quel bord était l'animateur. Je défie quiconque de me dire les opinions politiques de Patrick Roger qui inspire et anime la matinale de Sud Radio. Dans son exercice professionnel rien ne vient contredire ce qu'appellent une information et un questionnement à la fois compétents et pugnaces. Aucune immixtion partisane et nul déséquilibre du temps de parole.

    Quand EZ renvoie Léa Salamé et Laurent Ruquier dans leur camp en soulignant que France 2 fait de la politique et que bien sûr la radio publique qu'est France Inter n'a jamais attiré l'attention du CSA pour l'unique raison que la seule absence de pluralisme acceptable est celle de gauche, d'une gauche orientée, subtile, diffuse, univoque, très bien-pensante, d'un conformisme accablant, il a absolument raison.

    À partir d'un tel terreau, il faudrait du génie aux journalistes concernés pour sortir leur épingle du jeu. C'est le contraire qui se produit.

    Tout fait signe et sens par exemple chez Léa Salamé, la componction, le visage venant ajouter ou non une légère réprobation, le questionnement basique précisément parce qu'il s'est installé dans un seul registre et que loin de couvrir toute la palette intellectuelle et politique, jamais il ne surprend, pas plus elle-même que la personne qu'elle questionne. La seule manière de dissimuler le caractère simpliste et hémiplégique de l'entretien serait d'en faire un feu d'artifice : on en est loin.

    Ce n'est pas dire qu'elle n'a pas une très bonne réputation dans son univers. Comme certains autres. Mais il suffit de les voir et de les entendre la curiosité en éveil, pour deviner que le médiatique est comme le judiciaire : ceux dont on parle peu, qu'on ne vante jamais, sont souvent les meilleurs. Par exemple Marion Mourgue au Grand Jury LCI éclabousse par ses interrogations brèves, courtoises, débarrassées de tout ce qu'un Adrien Gindre notamment charrie comme préjugés.

    Il n'y a pas que des Mozart assassinés. Il y a aussi des journalistes trop bons pour l'espace où ils gravitent.

    Tous ceux qui sont venus au secours d'EZ ont avec pertinence protesté : tous les éditorialistes sont engagés. Mais tous les éditorialistes ne seront pas candidats à l'élection présidentielle.

    Alors que signifie EZ quand il affirme qu'il faut choquer ?

    D'abord rien ne serait pire que de se battre systématiquement contre tous les consensus : il en est de nécessaires et d'honorables. D'évidents. Les contester reviendrait à attirer l'attention sur la structure caractérielle du journaliste ou du débatteur plutôt qu'à favoriser une lumière de bon aloi. Je me souviens d'Emmanuel Carrère il y a deux ou trois ans : il avait dressé une liste de l'éthiquement et politiquement correct et avait conclu qu'il partageait la plupart des assertions. L'esprit singulier, original doit se garder de se dilapider dans des combats heureusement perdus d'avance. Il y a des paradoxes idiots ou absurdes.

    On peut, il est vrai, sur un autre plan, avoir peur de choquer, de surprendre, de blesser alors qu'on sent qu'on aurait à s'exprimer et que le débat en serait enrichi. Mais on n'ose pas. En face, c'est trop compact, trop solide. On n'a pas assez de courage. Être minoritaire effraie.

    Si EZ vise cette obligation de choquer, il a raison. Mais il me semble qu'il va plus loin. Comme s'il n'était pas loin d'aspirer à une permanente provocation. Comme s'il convenait par principe de chercher à déranger, à troubler, presque à indigner. Je choque donc je suis ? Je n'irais pas jusque-là. Chez lui il y a un mélange d'absolue sincérité et d'intrépidité extrémiste qui a des effets percutants. Quand il propose de rétablir la loi de 1803 sur les prénoms français, il affirme ce qu'il pense mais en même temps, pensant ce qu'il pense, il va choquer. Il n'en est pas triste mais je doute qu'il s'en réjouisse par masochisme.

    Cette obsession de choquer, chez lui, révèle d'abord une envie d'être identifié comme celui par lequel la tiède coulée des conformismes, des préjugés, des idées toute faites jamais questionnées sera combattue et il l'espère vaincue.

    Je ne voudrais pas que l'hypertrophie du politique dans l'espace médiatique apparaisse comme une excuse.

    Quel que soit le journalisme, intelligence, talent, modestie, écoute, volonté de savoir, belle oralité et politesse sont les dispositions capitales.

  • Météo et prédictions apocalyptiques, par Ber­nard Le Breton.

    Il n’y a pas que le virus pour ter­ro­ri­ser les peuples.

    Une rétros­pec­tive qui donne à réflé­chir, non ?

    • 1967 Salt Lake Tri­bune : pré­vi­sions de famine pour 1975, il est trop tard.
    • 1969 NYT : À moins d’a­voir beau­coup de chance, le monde entier dis­pa­raî­tra dans un nuage de vapeur bleue dans 20 ans. La situa­tion s’ag­gra­ve­ra si nous ne chan­geons pas notre comportement.
    • 1970 Bos­ton Globe : Un scien­ti­fique pré­dit une nou­velle ère gla­ciaire pour le 21e siècle, selon James P. Lodge, scien­ti­fique au Natio­nal Cen­ter for Atmos­phe­ric Research.
    • 1971 Washing­ton Post : Un nou­vel âge gla­ciaire désas­treux arrive, déclare SI Rasool à la NASA.
    • 1972 Lettre de l’U­ni­ver­si­té Brown au pré­sident Nixon : Aver­tis­se­ment de refroi­dis­se­ment global
    • 1974 The Guar­dian : Les satel­lites spa­tiaux montrent que l’ère gla­ciaire approche à grands pas
    • 1974 Time Maga­zine : Ano­ther Ice Age « Des signes révé­la­teurs par­tout. Depuis les années 1940, la tem­pé­ra­ture moyenne mon­diale a chu­té de 2,7 degrés F. »
    • 1976 NYT The Cool­down : Le cli­ma­to­logue de l’U­ni­ver­si­té du Wis­con­sin Ste­phen Schnei­der déplore la « sourde oreille dont ils ont reçu ses avertissements ».
    • 1988 Agence France Press : Les Mal­dives seront com­plè­te­ment sous l’eau dans 30 ans.
    • 1989 Asso­cia­ted Press : Un res­pon­sable de l’O­NU dit que la mon­tée des mers « effa­ce­ra les nations » d’i­ci l’an 2000.
    • Salon 1989 : L’Au­to­route de la Côte Ouest de New York sera sous l’eau en 2019, selon Jim Han­sen, le scien­ti­fique qui a don­né une confé­rence au Congrès en 1988 sur l’ef­fet de serre.
    • 2000 The Inde­pendent : « Les chutes de neige appar­tiennent au pas­sé. Nos enfants ne sau­ront pas ce qu’est la neige », déclare le prin­ci­pal cher­cheur en climatologie.
    • 2004 The Guar­dian : Le Penta­gone dit à Bush que le chan­ge­ment cli­ma­tique nous détrui­ra. « La Grande-Bre­tagne sera sibé­rienne dans moins de 20 ans », a décla­ré le Penta­gone à Bush.
    • 2008 Asso­ciate Press : un scien­ti­fique de la NASA dit que nous sommes frits. Dans 5 à 10 ans, l’Arc­tique sera libre de glace
    • 2008 Al Gore : Al Gore pré­vient que l’Arc­tique sera libre de glace en 2013.
    • 2009 The Inde­pendent : Le prince Charles dit qu’il ne reste que 96 mois pour sau­ver le monde. « Le prix du capi­ta­lisme est trop élevé. »
    • 2009 The Inde­pendent : Gor­don Brown déclare : « Nous avons moins de 50 jours pour sau­ver notre pla­nète de la catastrophe. »
    • 2013 The Guar­dian : L’Arc­tique sera libre de glace dans deux ans. « Libé­rer une impul­sion de 50 giga­tonnes de méthane » désta­bi­li­se­ra la planète.
    • 2013 The Guar­dian : L’US Navy pré­dit l’Arc­tique libre de glace en 2016. Le dépar­te­ment d’o­céa­no­gra­phie de l’US Navy uti­lise une modé­li­sa­tion com­plexe pour rendre ses pré­vi­sions plus pré­cises que d’autres.
    • 2014 John Ker­ry : « Nous avons 500 jours pour évi­ter le chaos cli­ma­tique », ont dis­cu­té le secré­taire d’É­tat John Ker­ry et le ministre fran­çais des Affaires étran­gères Laurent Fabius lors d’une réunion conjointe.

    Source : https://www.actionfrancaise.net/

  • Sur le site officiel de l'Action française : objectif souveraineté, l’éditorial de François Marcilhac.

    « Le Bien Commun »

    Alors que la crise sani­taire n’en finit pas, il peut paraître étrange que la prin­ci­pale pré­oc­cu­pa­tion de nos hommes poli­tiques soit déjà la pro­chaine pré­si­den­tielle, et les légis­la­tives qui s’ensuivront. Il est vrai que, quin­quen­nat oblige, la pre­mière aura lieu dans qua­torze mois seule­ment – autant dire, demain. Et qu’en répu­blique, rien n’est plus impor­tant que les élec­tions !

     françois marcilhac.jpgC’est-à-dire les pro­chaines pré­bendes. Telle est la rai­son pour laquelle les régio­nales et les dépar­te­men­tales n’ont pas été repous­sées à plus tard que juin : il ne fal­lait pas que les dif­fé­rentes élec­tions risquent de s’entrechoquer en matière de comptes de cam­pagne. Quant à repous­ser les élec­tions locales après la pré­si­den­tielle, Macron y a bien pen­sé, pour pro­fi­ter, en cas de nou­velle vic­toire, de la dyna­mique majo­ri­taire qui lui aurait alors don­né, outre l’Élysée et l’Assemblée, les dépar­te­ments et les régions et donc, à terme, le Sénat. Mais la ficelle était un peu grosse. Comme l’est cette ten­ta­tive, dont nous ne savons ce qu’elle devien­dra à l’heure où nous écri­vons, d’instaurer pour la pro­chaine pré­si­den­tielle le vote élec­tro­nique par anti­ci­pa­tion. Les bobos, vivier élec­to­ral se par­ta­geant entre Macron et les Verts, pour­raient, après avoir fait leur devoir civique dès le jeu­di, par­tir en week-end prin­ta­nier dès le ven­dre­di soir dans leur SUV hybride – conscience éco­lo oblige.

    Les médias jouent éga­le­ment leur par­ti­tion, dic­tant à l’opinion publique, à tra­vers son­dages et émis­sions poli­tiques ciblés, un second tour Le Pen-Macron que ce der­nier pense d’ores et déjà sans risque majeur, même si l’écart avec sa concur­rente se rétré­ci­rait cer­tai­ne­ment quelque peu. Voi­là̀ ce qu’est deve­nue cette ren­contre d’un homme et d’un peuple qu’était cen­sée être l’élection du pré­sident de la répu­blique au suf­frage uni­ver­sel lors de son ins­tau­ra­tion par réfé­ren­dum. Et qu’elle ne fut jamais puisque, dès décembre 1965, lors de sa pre­mière occur­rence, le bal­lot­tage de De Gaulle signi­fia l’échec de sa ten­ta­tive. Alors qu’il pen­sait pou­voir se tar­guer devant les Fran­çais de ce qu’il consi­dé­rait comme sa double légi­ti­mi­té his­to­rique (1940 et 1958) pour appa­raître au-des­sus de la mêlée, le jeu des par­tis reprit immé­dia­te­ment le des­sus. Et ce fut la droite qui vain­quit, sans gloire, une gauche sou­te­nue par une extrême droite atlan­tiste. Le sché­ma vou­lu par le géné­ral De Gaulle n’avait de chance de jouer qu’en cas de can­di­da­ture hors par­ti : on par­la à l’époque du comte de Paris, Hen­ri VI : le dia­logue entre les deux hommes, d’une hau­teur de vue dont seraient bien inca­pables nos poli­ti­ciens actuels, fait regret­ter que l’entreprise, si De Gaulle y pen­sa vrai­ment, n’ait pas été tentée1. Lais­sant par manque de volon­té poli­tique le comte de Paris dans l’ombre, De Gaulle pré­fé­ra se repré­sen­ter. Et, la nature reve­nant au galop, la répu­blique retour­na très rapi­de­ment à ce qu’elle est fon­da­men­ta­le­ment : une com­pé­ti­tion peu relui­sante d’intérêts pri­vés, voire étran­gers, aux dépens du peuple français.

    De ce point de vue, 2022 ne recè­le­ra aucune sur­prise. Quel qu’en soit le vain­queur, et nous ne pou­vons évi­dem­ment qu’espérer la défaite de Macron, cette nou­velle édi­tion ne chan­ge­ra rien à la donne. Même s’il est ani­mé des meilleures volon­tés du monde – et espé­rons qu’il le soit –, le nou­veau chef de l’Etat ren­con­tre­ra bien vite les limites inhé­rentes à un régime qui ne pose pas les condi­tions de l’indépendance du pou­voir. Outre qu’il devra pro­ba­ble­ment sa vic­toire à quelque oli­gar­chie, il devra éga­le­ment comp­ter avec tous les inté­rêts pri­vés et étran­gers – sou­vent les mêmes – qui sème­ront sur la voie qu’il se sera fixée les pires embûches, sans comp­ter que l’Europe se pré­vau­dra de sa supé­rio­ri­té désor­mais ins­ti­tu­tion­nelle pour lui inter­dire d’agir dans l’intérêt de la France. Car il faut bien mesu­rer qu’aujourd’hui, et le vou­drait-il – ce n’est en tout pas le cas de Macron –, le chef de l’Etat n’est plus le chef d’un État sou­ve­rain. C’est pour cette sou­ve­rai­ne­té que nous tra­vaillons, et pour le sou­ve­rain qui en est le garant.

    1 Comte de Paris, Géné­ral De Gaulle, Dia­logue sur la France, Fayard, 1994

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    Source : https://www.actionfrancaise.net/