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  • Théâtre • Paris : Avant-scène théâtral

     

    par Bruno Stéphane-Chambon

    Des spectacles rares, parfois confidentiels, peuvent devenir des succès de par leur qualité, et l’engouement qu’ils suscitent. Tout d’abord les représentations sont fréquentées par un « Happy Few» puis, pour le plaisir d’un public de plus en plus nombreux renaissent sur les lieux de leur création ou partent en tournée à la rencontre de nouveaux spectateurs.

    C’est ainsi que nous vous informons que Michael Lonsdale revient au Poche-Montparnasse toujours dans : Péguy/Lonsdale entre ciel et terre. Ce montage poétique, mis en scène par Pierre Fesquet, permet au grand acteur qu’est Michael Lonsdale, dans une recherche toute en intériorité, de nous livrer les extraits de l’œuvre ou de lettres écrites par le grand poète orléanais, juste avant son départ pour le front. Une poésie de la terre qui rejoint la poésie mystique, merveilleusement accompagnée à l’accordéon par Thierry Bretonnet qui sait tirer de cet instrument des sonorités rares et bouleversantes.

    Théâtre de Poche Montparnasse
    75, boulevard du Montparnasse Paris 6ème
    Tél : 01 45 44 50 21
    www.theatredepoche-montparnasse.com
    Tous les lundis à 19h du 2 novembre au 25 janvier 2016 !
    Places : 24 €

    Dans ce même théâtre, débute une nouvelle saison avec entre autres :

    Robert Le Diable
    Hommage à Robert Desnos, conçu par et interprété par Marion Bierry, avec Vincent Heden, Sandrine Molaro et Alexandre Bierry.
    Jusqu’au 18 janvier, les lundis à 20h30
    Places : 24 €

    Le Monte Plat d’Harold Pinter, Prix Nobel de littérature, mise en scène de Christophe Gand Avec Jacques Boudet et Maxime Lombard
    A partir du 10 novembre au 10 janvier, du mardi au samedi à 19h, le dimanche à 17h30
    Deux tueurs à gages, attendent l’arrivée de leur prochaine victime.
    Place : 16 €

    Madame Bovary de Gustave Flaubert, Adaptation Paul Emond
    Mise en scène Sandrine MOLARO & Gilles-Vincent KAPPS
    Avec Gilles-Vincent Kapps, Félix Kysyl ou Paul Granier, Sandrine Molaro et David Talbot
    À partir du 12 novembre, du mardi au samedi à 19h, le dimanche 17h30
    L’épopée d’Emma Bovary interprétée et chantée par quatre comédiens.
    Place : 35 €

    L’autre de Florian Zeller
    Mise en scène de Thibault Ameline, avec Jeoffrey Bourdenet, Benjamin Jungers et Carolina Jurczak
    A partir du 1er décembre, du mardi au samedi à 21h, le dimanche à 15h
    Oscar Wilde disait: « Etre un couple, c’est ne faire qu’un. Oui, mais lequel ? »
    Et si c’était l’autre ?


    DAMIEN LUCE

    DamienLuce

     

    Pianiste, compositeur, romancier, dramaturge, comédien, Damien Luce est un personnage protéiforme de grand talent. Au-delà de ses interprétations pianistiques de compositeurs méconnus, il joue aussi Schumann, Mozart ou Chopin. En tant que comédien, il a abordé les plus grands auteurs, Racine, Claudel, Marivaux, Anouilh, Jules Romains, Edward Albee…

    Son activité théâtrale est dense, on se souvient de sa version clownesque de Cyrano de Bergerac, mais il a aussi monté un spectacle raffiné et de goût consacré à Claude Debussy. Cette dernière pièce nous plonge dans l’intimité du compositeur avec un monologue inspiré par la correspondance de Debussy, entrecoupé de musique pour piano. Cette pièce a donné lieu au troisième livre de Damien Luce La Fille de Debussy, qui nous entraîne dans l’univers romantique d’une jeune fille pas comme les autres, qui fut la joie d’un compositeur de génie. (Editions Héloïse d’Ormesson).

    En compagnie de son frère Renan, il décide de monter un duo musical et en confie la mise en scène à Isabelle Nanty. Evocation et voyage dans le temps à la rencontre des voix des grands noms de la chanson française et des mélodies des comédies musicales américaines

    Mais voyage aussi car ce spectacle part en tournée sous le titre de Bobines.

    Avec leur chariot de Thespis, ils parcourront la Suisse, le Belgique dans les provinces du Brabant et de l’Hainaut, mais aussi les beaux départements des Alpes Maritimes, du Gard, de la Drôme, de la Loire, du Tarn et Garonne, de l’Orne, du Finistère, de la Meuse et de la Moselle, de l’Aisne, avec un passage dans le Nord, dans la Cité de la dentelle, Caudry.

    L’Ile de France est à l’honneur avec Sarcelles, Montgeron, Marly-le-Roi et Versailles.

    L’arrivée du grand Tour se déroulera au Café de la Danse à Paris.

    Tous les lieux et dates sont consultables sur le site de l’artiste : www.damienluce.com

     

    Lou Volt dans les doigts dans la prise

     

    LouVolt

     

    Les auteurs des sketchs : Xavier Thibault (Grand orchestre du Splendid) et Eric Toulis (Les Escrocs). Mise en scène d’Yves Carlevaris et Costumes de Françoise Sauvillé.

    Dans un tout autre genre, mais non le moindre, ce spectacle de cabaret, proche des récitals des chansonniers d’hier et d’aujourd’hui, contient tous les ingrédients de ce type de soirée bien parisienne et impertinente. Seule en scène, Lou Volt, qui s’est déjà produite en solo plus de trois cent fois à l’Olympia et au Casino de Paris, s’amuse à créer une émission en duplex depuis Las Vegas, qui lui permet d’être accompagné en virtuel par l’orchestre du Splendid à laquelle elle appartient depuis de nombreuses années en tant que chanteuse. Ce groupe français, créé en 1977 par Xavier Thibault, fils de l’acteur Jean-Marc Thibault, se veut être le successeur de Ray Ventura et ses collégiens. Il est connu pour avoir repris les succès de Duke Ellington, parodier avec humour de grands noms de la chanson française tels que Charles Trenet ou Joe Dassin ou encore reprendre les classiques des années 40 comme Qu’est-ce qu’on attend pour être heureux ?

    On se souvient aussi de leurs créations endiablées dont la fameuse Salsa du Démon. Avec une trentaine de musiciens dont moult saxophonistes et trompettistes le groupe est toujours sur la route notamment avec la tournée « Âge tendre et tête de bois ».

    Lou Volt, durant ce récital, nous offre de nombreux sketchs et chansons satiriques, loufoques, coquines et parfois salées. Yves Carlevaris, metteur en scène chevronné, à la formation classique mais aussi, très impliqué dans le Music Hall et les spectacles de chansonniers, il fut aussi Directeur du Théâtre de Dix Heures, impose à l’actrice, un rythme soutenu, ponctué de ruptures drolatiques. L’actrice, dotée d’un réel talent et d’un métier qu’elle maîtrise à perfection, joue sans discontinuer dans un feu d’artifice électrique. Si les textes, paraissent un peu osés et sont émaillés d’expressions parfois graveleuses, il ne faut pas s’en offusquer, car ce répertoire, se révèle en filigrane, fortement moraliste et à contrecourant. Tout y passe : le ridicule de la famille recomposée, l’omniprésence de l’ex, la ringardise du porno et l’inanité des personnages politiques, avec en final une diatribe redoutable sur la télévision et l’information, sources d’abrutissement et de cécité face à la vie réelle. Un spectacle jubilatoire, insolent mais plein d’humour et d’énergie.

    Théâtre L’Archipel
    17 Boulevard de Strasbourg – Paris 10ème
    Tel : 01 73 54 79 79
    billetterie@larchipel.net
    Le jeudi, vendredi et samedi à 19h30 en Salle Bleue
    Places : 12 €/ 17 € / 22 €
    Jusqu’au 2 janvier 2016 

  • Culture & Langue française • Sans circonflexes et sans complexes

     

    L’orthographe « rectifiée », une faute grave, c'est ce qu'affirme Elisabeth Lévy, dans cette chronique de Causeur que nous avons aimée [8.02]. Son style, ses formules dont elle a le don, son expression simple et directe, et, bien-sûr, sa clairvoyance sur le fond. Ce n'est pas toujours le cas, mais, ici, accord total ! LFAR

     

    sipa-1311899-jpg_1191852.JPGCurieux, ces « rectifications orthographiques » que leurs promoteurs vantent en expliquant qu’elles ne changeront rien et que, de surcroît, elles sont facultatives. De fait, les réformateurs eux-mêmes ne semblent pas très fiers de leur dernière victoire. On dirait que cette réforme, personne ne l’a vraiment voulue, en tout cas pas au sommet de l’Etat. Elle est arrivée toute seule, devenant opérationnelle vingt-six ans après sa conception par la grâce des tuyaux administratifs et la volonté de technocrates inconnus (une parution au JO du 6 décembre 1990, transcrite dans le Bulletin officiel de l’Education nationale du 26 novembre 2015 et finalement intégrée par les éditeurs pour la rentrée 2016).

    Simplification, rationalisation, adaptation : toutes les raisons invoquées par les saccageurs de la langue française s’inscrivent dans ce triptyque et elles sont toutes mauvaises. Il est tout de même effrayant que, s’agissant de cette chose précieuse, raffinée et, il est vrai un brin rigide mais avec tant de charme, qu’est notre langue, on n’invoque jamais l’argument de la beauté – on changerait l’orthographe d’un mot pour qu’il soit plus aimable à l’œil. Non, il faut simplifier, parce que des règles fantasques mais implacables, empilées en strates désordonnées depuis des siècles, sont devenues étrangères à beaucoup de Français, notamment parmi les jeunes. Que la maîtrise de codes complexes, truffés d’arbitraires et hérissés de cas particuliers, permette d’apprendre à penser, c’est une idée qui, paraît-il, n’est pas de notre temps. La moderne attitude, c’est d’assumer son ignorance.

    En somme, adaptons le niveau de langue à celui que nous sommes capables d’enseigner. On ne sait plus écrire « oignon » ? Qu’à cela ne tienne, virez-moi ce « i » trompeur et inutile. Quant aux « chapeaux de gendarme », ne sont-ils pas un discret signe de distinction, un ultime vestige de la prétendue supériorité de la culture sur l’ignorance ? Le circonflexe, c’est, la plupart du temps, une bonne manière qui ne sert à rien, sinon à rappeler un passé révolu : l’archétype du truc réac et nauséabond.

    Avant le langage SMS pour tous…

    Dans cette perspective, beaucoup trouvent que cette réforme ne va pas assez loin. Sur le site de l’Obs, André Crevel, « linguiste et grammairien » plaide aussi pour la suppression des doubles consonnes « quand cela n’a aucun impact sur la prononciation » : « ”Honnête” deviendrait “honête”, “supprimer” se transformerait en “suprimer”. On pourrait également remettre en question les “lettres grecques”. Par exemple, les “h” muet, vestige du grec, ne sont parfois pas utiles (“hippopotame” deviendrait “ipopotame”). » Ne nous arrêtons-pas en si bon chemin : éradiquons aussi les apostrophes, énervantes, les tirets, ambigus, et le point-virgule, bien trop indécis, le fourbe.

    De toute façon, comme l’a souligné Alain Finkielkraut au cours de l’émission « L’esprit de l’escalier », aucune réforme ne rattrapera les fautes réelles d’élèves qui conjuguent les substantifs (les pomment). À moins, bien sûr, de passer au langage SMS pour tous, ce qui nous permettra de réduire considérablement nos dépenses d’enseignement.

    … voila venu le temps de l’orthographe à la carte !

    Mais le plus comique, ou le plus sidérant, de l’affaire, c’est que cette réforme soit présentée comme facultative. L’orthographe à la carte, il fallait l’inventer. C’est comme pour le mariage, chacun fait ce qui lui plaît. Qu’est-ce que ça peut te faire que d’autres écrivent « nénufar », puisque tu pourras continuer à écrire « nénuphar » si ça te chante. Au final, au prétexte inavoué de faire disparaître d’antiques distinctions, on en crée une, de taille, entre ceux qui continueront à parsemer leurs textes de clins d’œil au passé et les enfants du nouveau perpétuel.

    Heureusement, les Français sont plus amusants et plus futés que ce que croient les réformateurs qui veulent leur simplifier la vie. Les gens ne veulent pas qu’on adapte l’orthographe aux fautes de leurs enfants, ils veulent qu’on leur apprenne à ne pas faire de fautes. La révolte qui gronde pour les circonflexes évoque furieusement celle qui s’est levée contre la réforme des collèges. On ne veut pas de votre égalité à deux balles, on ne veut pas de votre monde simplifié, sans complexes et sans complexité. Donc sans beauté ni intérêt. 

    Elisabeth Lévy

    est fondatrice et directrice de la rédaction de Causeur.

  • Alerte rouge sur le monde ... entre réalisme et illusions

     

    Après de longues vacances, la matinale de France Inter, est de retour, avec Patrick Cohen entouré des clercs de son équipe, habiles à dire le dogme. Celui du politiquement correct, bien-sûr. Pourquoi nous y intéressons-nous ? Tout simplement parce qu'elle est en France la première du genre et touche près de quatre millions d'auditeurs.

    Bernard Guetta aussi est de retour, dans un contexte mondial qui n'est pas rose du tout et met à la peine son optimisme messianique natif. Ainsi, depuis quelques lustres, s'est-il habitué à osciller entre réalisme contrit et illusions persistantes. Et c'est ce qu'il fait avec talent dans la chronique qui suit, d'hier jeudi. Fondamentalement, on le verra, les situations dictent son réalisme. Et ses remarques ne manquent pas d'intérêt. Ses illusions ? La démocratie à l'occidentale dans le monde entier, la marche inéluctable des peuples vers elle à travers leurs révolutions obligées, l'Union (européenne), réputée elle aussi irréversible et, in fine, la prétendue communauté internationale, la gouvernance de l'ONU, l'unité du monde, dans la paix et la prospérité, naturellement partagées.

    Réaliste Guetta l'est plus qu'Alain Minc, Hollande, Merkel ou Macron, quand il analyse la crise chinoise et les répercussions intérieures et extérieures, pas seulement économiques, mais aussi politiques, et géopolitiques, très graves et très profondes qu'elle peut avoir. Il a raison de signaler le risque que se rouvrent les plaies toujours à vif de l’histoire asiatique. Peu de politiques ou d'observateurs seront capables d'envisager l'avenir dans cette dimension, ne connaissant plus l'Histoire.

    Il est réaliste lorsqu'il souligne les actuelles difficultés de la Russie qui sont patentes. Mais il redevient idéologue lorsqu'il oublie de noter que les Etats-Unis et l'Europe les ont stupidement aggravées par leur politique systématiquement hostile à la Russie. Les sanctions que nous lui avons appliquées, nous autres Français et Européens, à l'instigation pressante des Américains, sont retombées comme en boomerang sur nos industries et nos agriculteurs. Elles nous ont nui probablement plus qu'aux Russes... « La seule arme dont [la Russie disposerait] est son pouvoir de nuisance sur la scène internationale qu’elle exerce aussi bien en Syrie qu’en Ukraine. » Mais comment accepter sans discuter une proposition aussi dogmatique - qui n'est, en fait, que polémique ? Que dire de notre politique en Syrie ? Et de notre interventionnisme actif dans les pays jadis sous domination russe ?      

    Réaliste, Bernard Guetta l'est encore lorsqu'il constate l'interminable chaos dans lequel le Proche-Orient s'enfonce toujours plus. Il néglige le fait que nous avons grandement contribué à l'y installer, par nos interventions désastreuses et ratées en Irak, en Afghanistan, en Libye .. Et par le mythe largement formé en Europe des printemps arabes, que nous aurions stupidement voulu appliquer à la Syrie, après qu'il n'ait été ailleurs qu'une illusion. On en voit, partout, les résultats.  

    Parmi ces derniers, l'invasion massive de l'Europe par ceux qui fuient misère et chaos. Oh ! Guetta ne peut manquer de constater le phénomène, qui bouscule ce havre de paix qu'est l'Union. Cette chère Union qui n'en est pas une, où chacun - chacun pour soi - hérisse partout des murs, des barbelés et des contrôles.   

    Alors, on verra comment Bernard Guetta guette les lueurs d'espoir. « L’Onu vient d’imposer un accord de paix au Soudan du Sud, la diplomatie tente de reprendre la main en Syrie, l’Europe pourrait bien sortir renforcée des épreuves qu’elle accumule. »  Etc.

    La vérité est toute simple : l'ordre du monde n'est pas ce que croit Bernard Guetta. Voilà tout.   Lafautearousseau 

     

     

    Si vous préférez lire ... 

    Alerte rouge sur le monde

    « On n’aime pas dire cela. Si vacillante soit-elle, il est infiniment plus utile au débat public de montrer la lumière au bout du tunnel que son inquiétante obscurité mais tous les voyants du monde, les faits sont là, sont au rouge.

    Dans l’ordre de gravité, il y a d’abord la crise chinoise. On peut vouloir la relativiser pour ne pas alimenter la panique des marchés. François Hollande, Angela Merkel et bien s’autres s’y emploient mais cette crise va s’approfondir, lentement mais sûrement, parce que la spectaculaire phase de croissance de la Chine a pris fin et que son régime de parti unique ne dispose d’aucune soupape de sécurité, ni sociale ni politique, pour canaliser le mécontentement puis la colère qui en découleront. Au-delà même des problèmes intérieurs qui s’annoncent, la déconfiture de la deuxième économie du monde aura des répercussions sur les cinq continents et le pouvoir chinois pourrait bien avoir, un jour, à tenter de se survivre en jouant du nationalisme et rouvrant les plaies toujours à vif de l’histoire asiatique.

    La Russie, deuxième sujet d’inquiétude, n’est pas en bien meilleure forme. Le pays le plus étendu du monde n’en finit plus de voir sa bourse et sa  monnaie dégringoler car les sanctions occidentales prises après l’annexion de la Crimée ont accentué de profondes difficultés structurelles liées au manque d’investissements et à une totale dépendance au cours des matières premières dont la crise chinoise va maintenant accélérer la baisse. La Russie ne sait pas où elle va, ne sait pas ce qu’elle veut, et la seule arme dont elle dispose est son pouvoir de nuisance sur la scène internationale qu’elle exerce aussi bien en Syrie qu’en Ukraine. 

    Ensanglanté, troisième problème, par les crimes du régime syrien et ceux de l’Etat islamique, le Proche-Orient paraît toujours plus s’enfoncer dans un interminable chaos. On le sait. Inutile de s’étendre sur ce chapitre mais la nouveauté, quatrième problème, est que les ricochets de ces conflits ont maintenant atteint l’Europe. Parce qu’ils n’ont plus d’autre moyen d’échapper à la mort et que rien ne les arrêtera donc, des centaines de milliers de réfugiés, hommes, femmes et enfants, se bousculent aux portes de ce havre de paix qu’est l’Union. 

    En coordonnant ses efforts, l’Union européenne pourrait parfaitement bien relever ce défi mais force est de constater qu’il met à l’épreuve la solidarité de ses Etats, révèle la lourdeur de ses processus de décision et nourrit ses nouvelles extrêmes-droites, promptes à dénoncer des terroristes en puissance dans ces malheureux qui, pourtant, fuient la terreur. 

    Tout cela ne veut bien sûr pas dire que l’apocalypse soit pour demain. La sagesse, après tout, a fini par prévaloir dans les négociations grecque et iranienne. L’Onu vient d’imposer un accord de paix au Soudan du Sud, la diplomatie tente de reprendre la main en Syrie, l’Europe pourrait bien sortir renforcée des épreuves qu’elle accumule mais, pour l’heure, non, il y a peu de lumière au bout du tunnel. » 

     

  • Dominique Jamet : Les feux de la détresse

     

    Ces feux de la détresse - peut-être, en effet, les derniers - sur lesquels Dominique Jamet attire ici l'attention avec force et raison,  ce sont ceux de nos éleveurs, de nos paysans, de nos campagnes et de nos villages. De la France charnelle. A l'inverse des Grecs qui sont au moins coresponsables de leur sort et n'ont jamais vécu que d'endettement - la Grèce a fait six fois défaut depuis son indépendance - nos agriculteurs sont surtout victimes. Victimes d'un monde, d'une idéologie, de la domination d'une concurrence qui les broie. Il n'est pas sûr qu'ils en voient la cause profonde. Et Dominique Jamet a bien raison de la dire : il n'est plus temps de pleurer les aides de l'Etat ou de l'Europe. S'ils ont une certaine responsabilité dans leur situation, elle est là : nos agriculteurs se sont habitués à vivre des aides et des subventions auxquelles on les a drogués. Ils les veulent et les réclament. A moins qu'ils ne sollicitent les grandes surfaces pour qu'elles diminuent leurs marges. Quelle naïveté ! Nous pensons ici que tant que l'on ne touchera pas au dogme du libre-échangisme globalisé, tant qu'on ne fixera aucune règle aux importations massives, de n'importe quoi, en provenance de n'importe où, notre production sera menacée d'extinction. En particulier en matière agricole. Nous pensons même qu'en cette matière, le principe de subsidiarité devrait être rendu partout impératif et que la circulation transcontinentale ou intracontinentale intense et systématique des produits alimentaires - en particulier - devrait être l'exception. Ce serait sans-doute la sagesse si les politiques le décidaient. Ce serait le retour à la qualité des produits, la limitation de la malbouffe, ce serait sauver de la désertification la campagne française et ce pourrait être un nouvel essor du monde paysan, avec le gisement d'emplois qu'il pourrait créer si on lui en assurait les conditions. Merci à Dominique Jamet d'avoir soulevé le problème de notre agriculture et de nos éleveurs dans sa pleine dimension.  LFAR

                    

    3312863504.jpgLa prison pour dette ? On pouvait croire que cette peine archaïque, abolie chez nous depuis plus d’un siècle, appartenait à des temps définitivement révolus. On se trompait. La conséquence immédiate la plus évidente de la conférence européenne qui s’est conclue lundi dernier à l’insatisfaction générale, celle des créanciers comme celle du débiteur, n’est rien d’autre que le placement de la Grèce sous écrou, pour cause d’insolvabilité.

    La Grèce en prison, qu’est-ce à dire, et où diable se situerait cette prison? Entendons-nous. Il n’est question ici ni de la Bastille ni de la tour de Londres ni du château d’If où Edmond Dantès, futur comte de Monte-Cristo, perdit la liberté et crut bien perdre la raison. La prison dont il s’agit est une prison ultra-moderne, une prison immatérielle, une prison sans barreaux, ou plutôt dont les barreaux sont remplacés par des règlements, des interdits, des clauses obligatoires, des sanctions automatiques… Une prison, quand même, dont les onze millions de détenus, placés sous bracelet électronique, ont perdu la maîtrise de leur monnaie, de leur budget, de leurs lois, de leur destin. Indépendante depuis 1822, la Grèce a été mise sous protectorat en juillet 2015, pour une durée indéterminée, par ceux-là mêmes qui, osant se réclamer de l’idéal européen quand leur seule religion est l’euro, prétendent n’agir que pour son bien. Le feuilleton grec a-t-il pour autant trouvé son épilogue ? Qui dit prison dit geôliers, verrous, chiens policiers et surveillance permanente, mais aussi mutinerie ou évasion. À suivre…

    Pendant que nous n’avions d’yeux que sur la tragédie qui était à l’affiche du théâtre de la Monnaie de Bruxelles, un autre drame, un drame économique, un drame social, un drame humain se déroulait sur notre territoire. Aux dires du ministre de l’Agriculture français, Stéphane Le Foll, ce sont entre 20 et 25.000 éleveurs de bovins et de porcs, 10 % des effectifs de la profession, qui sont actuellement au bord de ce gouffre qu’est le dépôt de bilan. 25.000 exploitations victimes de l’embargo russe, de la concurrence allemande et polonaise, des pratiques commerciales de la grande distribution, soit au total, avec les familles et l’environnement, entre 80.000 et 100.000 personnes mortellement touchées. Un coup de couteau de plus dans le tissu de la ruralité, une étape de plus vers la mort annoncée de nos villages, de nos bourgs, de toute cette France charnelle sur laquelle se sont abattus tous les corbeaux de la mondialisation.

    Mais, dira-t-on, si ces agriculteurs sont menacés de faillite, l’État ne pourrait-il, substituant son aide à celles de la politique agricole commune, au cas par cas, au coup par coup, et le temps qu’il faudra, compenser leurs pertes par des subventions ? Eh bien non, de telles pratiques lui sont interdites par les règles qui régissent l’Union européenne.

    Fort bien, mais une solution alternative pourrait être la limitation quantitative ou la taxation des importations de viande et de lait en provenance des pays étrangers dont la concurrence nous menace ? Cette défense naturelle est incompatible avec la libre circulation des marchandises à l’intérieur de l’espace européen.

    Soit, mais est-il impossible au gouvernement de contraindre les colosses de la grande distribution, quitte à réduire leurs marges, à acheter les produits nationaux à des prix qui assurent leur rentabilité aux producteurs ? Ce serait une atteinte aux sacro-saints fondements d’une libre économie de marché.

    « Achetez français », implore François Hollande, de passage en Lozère. Mais ni le Président ni l’État ni le gouvernement ne sont plus maîtres chez eux. Ils sont les spectateurs lointains de nos naufrages. Quant aux malheureux qui coulent, ils sont réduits à déverser du fumier devant les préfectures et les grandes surfaces ou à allumer sur les routes des barrages de pneus. Dérisoires et pathétiques protestations. Ce sont les derniers feux de la détresse.

    L’asphyxie ou la noyade, c’est la perspective qui s’ouvre à la Grèce. La révolte, le suicide ou l’abandon, c’est le choix qui reste à nos éleveurs.

    Quant à ceux qui nous gouvernent… dans quel monde vivent-ils, et quel monde nous fabriquent-ils ? 

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    Journaliste et écrivain - Boulevard Voltaire

     

  • L’Action Française aujourd’hui, un entretien avec Stéphane Blanchonnet

     

    Par Stéphane Blanchonnet 
     
    Propos recueillis par Maximilien Friche
    pour Mauvaise nouvelle, le 26.02.2017
     

    659173882.jpgStéphane, vous êtes président du Comité directeur de l'Action française, vous êtes également reconnu au sein du mouvement comme une référence doctrinale. Ma première question vient de mon propre étonnement. L'Action française existe encore ? Plus de cent après, le mouvement qui fut la première force politique française, est encore très actif. Qu’est-ce qui fait la vitalité de ce mouvement, qu’est-ce qui fait qu’il ne meurt pas ? Comment se réactualise ses combats politiques ?

    Votre question révèle un double malentendu. D'une part, l'AF si elle a été une école de pensée influente, ayant compté dans ses rangs des figures intellectuelles majeures (Bernanos, Brasillach ou Dumezil ont appartenu à l'AF, Proust, Gide ou Malraux en furent proches un moment), dotée de moyens relativement importants (comme son journal quotidien, entre 1908 et 1944), elle n'a jamais été numériquement « la première force politique » (si on la compare au Parti communiste par exemple) et, d'autre part, elle n'a jamais cessé d'exister, notamment après 1945. Elle a même été une force militante notable au moment des combats de l'Algérie française dans les années 60, ou de la résistance au gauchisme à l'université, dans les années 70. Aujourd'hui par le nombre de ses sections (plusieurs dizaines, dans la plupart des grandes villes du pays), le dynamisme de ses jeunes militants et le rayonnement de ses idées (une figure politique comme Marion Maréchal-Le Pen l'a reconnu l'an passé en répondant à notre invitation pour un colloque ; plus récemment Steve Bannon, un des proches conseillers de Donald Trump citait Maurras et sa distinction « pays réel, pays légal »), elle reste une force qui compte.

    Nos combats sont les mêmes depuis l'origine : nous sommes nationalistes, c'est-à-dire que nous défendons la nation française avant tout (son identité, sa souveraineté, son rayonnement) et monarchistes (« nationalistes intégraux » dans notre vocabulaire) car nous pensons que l'ADN politique de la France est la monarchie : les constitutions depuis 1789 tirent leur force ou leur faiblesse de leur plus ou moins grande correspondance avec cette identité politique fondamentale de la France. Aujourd'hui les combats pour la civilisation et même pour la nature humaine (menacée par la théorie du genre ou le transhumanisme) viennent s'ajouter à nos combats politiques traditionnels.

    L’Action française est un mouvement royaliste, vous sentez-vous néanmoins légitime d’agir dans une campagne pour la présidence de la république ? Comment cherchez-vous à agir ? En nourrissant le débat d’idées, en faisant campagne pour un candidat ? Quel serait le candidat le plus proche de l’AF ?

    SB : L'AF est royaliste parce que nationaliste. Elle a d'abord été républicaine, à sa fondation. Puis Maurras a convaincu les autres membres du groupe de la nécessité de restaurer l'outil capétien pour servir l'intérêt général. Mais il est évident pour nous qu'en attendant cette restauration (à laquelle nous travaillons), nous ne sommes pas indifférents à la situation du pays, encore moins quand les périls sont extrêmes. Aujourd'hui la France doit retrouver sa souveraineté, sortir de l'UE, sortir de l'OTAN ; elle doit ressaisir et assumer son identité, notamment son identité catholique ; elle doit enfin chercher les moyens d'inverser les flux migratoires par la suppression des « pompes aspirantes » et un partenariat de développement ambitieux avec les pays sources de l'immigration. Les candidats qui ont conscience de ces nécessités et les affirment comme nous sont ceux que nous pouvons soutenir. Nous allons dans les jours qui viennent faire connaître plus précisément notre position.

    Un monarque peut-il sortir de l’élection présidentielle ?

    Pourquoi pas ! Nous aimons dire à la suite de Maurras : « par tous les moyens, même légaux ! » D'ailleurs, Maurras propose parmi les modèles du coup censé restaurer la monarchie, celui du 2 décembre 1851, qui vit le prince-président, Louis-Napoléon Bonaparte, renverser la Seconde République depuis son bureau de l’Élysée où il avait été porté par les urnes trois ans plus tôt !

    Votre mouvement est nationaliste. La référence à cette notion républicaine de nation fait d’ailleurs sourire. N’auriez-vous pas troqué l’esprit contre-révolutionnaire, l’amour de la patrie, contre le service d’une France qui n’est plus qu’un avatar idéologique, un instrument de la Révolution (je pense, vous l’aurez compris à la critique que fit jean de Viguerie de votre mouvement dans son excellent livre Les deux patries*) ?

    Le mot « natio, nationis » peut déjà signifier « peuple » en latin classique. Par ailleurs, comme le montrent tous les historiens le sentiment national en France est très ancien. Nous avons l'un des plus vieux États du monde et cet État monarchique a produit le sentiment national. Certains le font remonter à Bouvines (XIIIe siècle), d'autres à la Guerre de Cent ans (XIVe-XVe siècles). La nation n'a rien de spécifiquement républicain même s'il était très à la mode de se gargariser de ce mot entre 1789 et 1799 ! Je serais plus réservé que vous sur les thèses de Jean de Viguerie, par ailleurs estimable spécialiste du XVIIIe siècle, et plus encore sur l'utilisation qui en est faite dans certains milieux. Sur la nation, je lui préfère Marie-Madeleine Martin.

    Aujourd’hui les mouvements identitaires fleurissent sur le territoire, comme symbole d’une civilisation qui refuse de mourir, d’être réduite à un sanctuaire, vous sentez-vous proches de ces mouvements ? L’AF n’a-t-elle pas un rôle fédérateur à jouer ?

    Il faut distinguer le thème identitaire et la mouvance identitaire. La conjonction du déracinement (causé par la République jacobine puis par la société du spectacle et la globalisation) et de l'immigration de masse font du thème identitaire un sujet incontournable pour le nationalisme contemporain. En revanche, il n'est pas nécessaire d'appartenir à la mouvance identitaire pour le comprendre. Cela ne veut pas dire que nous ne pouvons pas entretenir avec elle de bons rapports, mais que nous connaissons aussi nos différences. L'AF défend le « politique d'abord » et n'adhère pas à l'idée d'un communautarisme blanc (c'est cela d'ailleurs « réduire la civilisation à un sanctuaire »). La nationalité française ne peut se définir seulement par la race ou, à l'inverse, par le contrat social républicain (ou l'adhésion aux Lumières). Elle est essentiellement liée à la langue, à l’État, à la civilisation catholique et à la monarchie. 

    * Les deux patries

    Mauvaise nouvelle

  • Le patriotisme selon saint Macron ou selon Charette ?

     

    Par Floris de Bonneville 

    Parue sur Boulevard Voltaire le 3 avril, cette chronique oppose opportunément et de façon fort juste, à propos de Macron, la patrie abstraite, idéologique, indéfinie, des révolutionnaires, à la patrie charnelle, historique, concrète, nécessairement délimitée, des hommes et des penseurs de la Tradition. Combien de fois, dans nos veillées, nos réunions, nos articles, les royalistes que nous sommes, avons-nous récité, cité, repris, le magnifique discours que Charette avait tenu un jour à ses hommes au cours des guerres de Vendée ! C'est ce discours que Floris de Bonneville oppose ici à l'idéologie multiculturaliste d'Emmanuel Macron. Dans son récent grand article du Monde, qui nous dit que « Pierre Boutang reprend le pouvoir », Jean Birnbaum relève que « le mouvement royaliste [...] a lui-même plus d’influence sur les droites qu’on ne le croit. » Il a raison, sauf que cette influence ne se limite pas aux droites, touche aussi maints penseurs dits de gauche, comme il en donne, d'ailleurs, lui-même des exemples. C'est dans cette direction que la France devra tourner ses regards pour s'en sortir !  Lafautearousseau 

     

    Floris de ....pngLe discours d’Emmanuel Macron à Marseille restera dans les annales politiques comme une anthologie de médiocrité absolue. Où l’on voit que la bête de scène compte sur l’inaudibilité par des auditeurs admiratifs de ce bout-à-bout de mots magiques qui ont fait la force, jusqu’à présent, du candidat. Car, ne nous y trompons pas, Macron est un jeune homme intelligent et opportuniste qui n’a d’ambition que pour sa carrière. S’il est élu président de la République (le summum d’une vie pour le commun des mortels), dès la fin de son mandat, il reprendra du service auprès de ses obligés de la finance. Et ce langage indescriptible, où les mots savants se suivent dans un brouillamini savant, le sert auprès des plus faibles de nos concitoyens qui ne réalisent pas qu’ils sont l’objet d’une OPA qui va lui permettre d’atteindre son but, si on ne réussit pas à l’éliminer avant le 23 avril.

    Prenons l’exemple d’une évocation du patriotisme en face d’une masse de Marseillais de toutes origines qu’il a savamment identifiés un à un : « Être patriote, ce n’est pas la gauche qui s’est rétrécie sur ses utopies. Être patriote, ce n’est pas la droite qui se perd dans ses avanies et l’esprit de revanche. Être patriote, ce n’est pas le FN, le repli et la haine qui conduira à la guerre civile. Être patriote, c’est vouloir une France forte, ouverte dans l’Europe et regardant le monde. »

    Tout auditeur intelligent pourrait penser : mais ce gars-là se moque de nous ! Pour qui se prend-il ? Pour le Bon Dieu, pour le centre de la France, ni gauche, ni droite… Macron, c’est une succession d’utopies… de gauche essentiellement. Macron, c’est le communautarisme qui peut conduire à la guerre civile. Être patriote, c’est être Français. Point final. Ce n’est pas être Européen. 

    L’Europe n’a jamais été une patrie. Être patriote, c’est aimer d’abord sa famille, puis ses amis, puis ses voisins, puis son pays. 

    Mais être patriote, c’est surtout ce qu’en a écrit François Athanase Charette de La Contrie, ce héros vendéen cher à Philippe de Villiers et à nos cœurs. Une ode au patriotisme dont Macron n’aurait pas pu en écrire une ligne. 

    « Notre patrie à nous, c’est nos villages, nos autels, nos tombeaux, tout ce que nos mères ont aimé avant nous. Notre patrie, c’est notre foi, notre terre, notre roi. Leur patrie à eux*, qu’est-ce que c’est ? Vous le comprenez, vous ? Ils veulent détruire les coutumes, l’ordre, la tradition. Alors qu’est-ce que cette patrie narguante du passé, sans fidélité et sans amour. Cette patrie de billebaude et d’irreligion ? Beau discours, n’est-ce pas ? Pour eux la patrie semble n’être qu’une idée : pour nous, elle est une terre… Ils l’ont dans le cerveau, nous nous l’avons sous les pieds : c’est plus solide. Et il est vieux comme le diable leur monde qu’ils disent nouveau et qu’ils veulent fonder en l’absence de Dieu… Vieux comme le diable… On nous dit que nous sommes les suppôts des vieilles superstitions… Faut rire. Mais en face de ces démons qui renaissent de siècle en siècle, nous sommes une jeunesse. Messieurs, nous sommes la jeunesse de Dieu, la jeunesse de fidélité ! Et cette jeunesse veut préserver, pour elle et pour ses fils, la créance humaine, la liberté de l’homme intérieur… »

    Charette, bien sûr, c’est l’anti-Macron absolu, celui qui a donné sa vie pour Dieu et son roi. Saint Macron est à mille lieues d’être patriote. Un gourou sans foi ni loi que nous avons trois semaines pour éloigner du second tour.

    Alors, oui, en avant, marche !   

    *  Les guillotineurs 

    Journaliste
    Ancien directeur des rédactions de l’Agence Gamma
     
  • Livres & Politique • Eric Zemmour : « Le livre de trop »

     

    Par Eric Zemmour    

    « On comprend ce que la gauche ­reproche le plus à François Hollande : dire ouvertement ce qu'elle cache depuis des lustres et interdit aux autres de dire. » Figarovox libelle ainsi son introduction à cette chronique [28.10]. Mais Zemmour constate aussi « ce qu'est devenue la Ve République décadente : un régime d'impuissance ». Il pointe la soumission des hommes qui prétendent le diriger à « la force de l'idéologie dominante ». Sa conclusion - qui contredit quelque peu son « gaullo-bonapartisme » - est la suivante : « De Gaulle a perdu, qui croyait que les institutions s'imposaient aux hommes. Gramsci avait raison, qui pensait que l'action politique passe d'abord par la conquête idéologique et culturelle. » Dans l'actualité Zemmour a raison. D'ailleurs, sans rien vouloir enlever aux mérites novateurs de Gramsci, cette proposition était déjà formulée par Renan*  à la fin du XIXe siècle et reprise par Maurras au début du XXe dans sa préface à l'Avenir de l'Intelligence** : « Rien n'est possible sans la réforme intellectuelle et morale de quelques uns » Et c'était bel et bien pour que le Politique d'abord pût s'appliquer que l'A.F. voulait construire une contre-encyclopédie. Les deux options, nous semble-t-il, ne sont pas aussi opposées que Zemmour le marque ici. C'est affaire de circonstances et des réalités du moment. Ce qui nous paraît certain c'est que tôt ou tard, reconquête idéologique et culturelle ou pas, sans la restauration du Politique - des Institutions - dans son plein exercice, rien ou presque ne peut s'accomplir.  Lafautearousseau

     

    picture-1649413-612mqxqb.jpgOn nous dit : c'est le livre de trop ! On nous dit : c'est inamissible ! On nous dit : ce n'est pas un homme d'Etat ! On nous dit : un président ne devrait pas dire ça ! D'ailleurs, les auteurs de l'ouvrage ont repris la formule pour accrocher le lecteur. Et ça marche. Les magistrats protestent avec véhémence ; les ministres et les élus socialistes protestent mezza voce. Personne ne défend François Hollande. Mais on ne sait pas vraiment de quoi on l'accuse. De passer autant de temps avec les journalistes ? Mais il a bâti sa carrière en inspirant des articles aux journalistes, qui en retour, le mettaient en lumière. D'être sarcastique, cynique, méchant parfois. Mais il l'a toujours été, comme Chirac avant lui. Et Mitterrand ? D'être désinvolte, sans souci de sa fonction ? Mais Sarkozy avait déjà désacralisé ce qu'il appelait « le job ». D'avoir insulté les magistrats ? Mais les juges ont-ils le droit de répliquer aussi vertement sans outrager le chef de l'Etat ?

    Finalement, on comprend ce que la gauche reproche le plus à son ancien/futur candidat : dire ouvertement ce qu'elle cache depuis des lustres et interdit aux autres de dire : qu'il y a trop d'immigrés, que les profs ne peuvent s'en sortir face aux flux incessants, que l'islam pose un grave problème à la France, que tout cela finira par une « partition ». Que le pouvoir est une tragi-comédie, que la guerre est un jeu vidéo, où on tue des « terroristes » sans se salir les mains. Curieusement, on ne lui reproche pas l'essentiel : tout voir et ne rien dire publiquement ; tout savoir et ne rien faire. Hollande s'avère le meilleur commentateur de son impuissance.

    Un président ne devrait pas dire ça... (Stock) restera comme un remarquable témoignage de ce qu'est devenue la Ve République décadente : un régime d'impuissance. Comme la IVe, mais pour d'autres raisons. Pas à cause du Parlement, mais à cause de l'Europe, de la mondialisation, de la religion des droits de l'homme et de ses grands prêtres médiatiques et judiciaires. Il faut rattacher cet ouvrage à un autre livre, sorti quasi en même temps, et qui conte, sous la plume acérée et brillante de Patrick Buisson (La Cause du peuple, Perrin), le précédent quinquennat, celui de Nicolas Sarkozy.

    La coïncidence des temps est aussi une concordance des leçons. La même lucidité, le même cynisme, la même gouaille. Et finalement, la même impuissance. Chacun des deux derniers présidents dit exactement ce que son camp veut entendre ; mais aucun des deux n'agit vraiment. En lisant ces deux livres, on constate la force de l'idéologie dominante, qui inhibe deux hommes intelligents et lucides. De Gaulle a perdu, qui croyait que les institutions s'imposaient aux hommes. Gramsci avait raison, qui pensait que l'action politique passe d'abord par la conquête idéologique et culturelle. 

    Eric Zemmour  

    Un président ne devrait pas dire ça... (Stock)    

    La Cause du peuple (Perrin)

    *   Renan : la réforme intellectuelle et morale (1871)

    ** Maurras : L'avenir de l'Intelligence (1905)  

    Lire en ligne ...

    L'Avenir de l'intelligence - Charles Maurras 

    et sur Lafautearousseau ... 

    « En disant le réel, Hollande a appuyé sur le bouton, tout va sauter…»

  • DE L’HUILE SUR LE FEU... par François Marcilhac

     

    500021990.jpgComme un marronnier dans la presse, la question du « droit du sol », stupidement opposé au « droit du sang » — la France connaît les deux — revient à intervalles réguliers dans le débat politique à la faveur des raz-de-marée migratoires que subit le pays sur son sol non seulement métropolitain, mais aussi ultra-marin.  

    Sarkozy, qui n’est pas à une indécence prêt, y est même allé de son petit couplet, à la faveur du déplacement de Manuel Valls, le 13 juin dernier, à Mayotte, notre 101e département. Les Mahorais auraient souhaité que le Premier ministre prononçât des paroles fortes sur la question des clandestins. Les pouvoirs publics les estiment en effet à 70 000, soit un tiers de la population, essentiellement des Comoriens qui, contrairement aux Mahorais, ont choisi l’indépendance en 1975. C’est ainsi que Mamoudzou, la capitale de l’île, est devenue la première maternité de France, l’indépendance ne s’étant pas traduite pour les Comoriens par une élévation de leur niveau de vie... Mais peut-être le refus de traiter la question des clandestins n’a-t-elle pour seul objectif, partagé par une droite qui fit tout pour exclure en 1975 Mayotte-la-Française de la communauté nationale, de créer une situation irréversible de submersion de la population de souche, justifiant à terme le largage d’une île où les Mahorais seraient devenus minoritaires... On sait que les Comores n’ont jamais renoncé à l’annexion de Mayotte. 

    Quoi qu’il en soit, Valls n’a pas répondu à l’attente des Mahorais. Et ne s’est même que fort peu intéressé à la question des clandestins sur une île, rappelons-le, conservée à la France grâce à l’Action française et à la détermination de Pierre Pujo — ce qu’Olivier Stirn, le ministre de Giscard chargé à l’époque de brader nos territoires ultra-marins, reconnut publiquement. Faut-il s’en étonner quand le gouvernement accepte l’arrivée en métropole chaque année de dizaines de milliers de clandestins dont aucun, ou presque, n’est reconduit à la frontière ? Quand il est prêt à encourager l’appel d’air que constituerait, par dérogation au Règlement Dublin II, la répartition entre les différents Etats membres de l’Union, à la demande du président de la Commission européenne, des migrants qui atteignent, toujours plus nombreux, l’ « Eldorado » européen via la Méditerranée et l’Italie ? Quand, une fois arrivés en Europe, Schengen leur permet d’y voyager librement et de s’installer là où les prestations sont les plus avantageuses, avant d’y être — c’est du moins le cas en France — naturalisés par brassées ? Quand, enfin, nos politiques, de droite comme de gauche, font du droit du sol un sacro-saint « principe républicain », alors qu’il remonte à un arrêt du Parlement de Paris de 1515, voire à l’édit du 3 juillet 1315 de Louis X le Hutin ? Encore faut-il qu’il y ait un « sol », c’est-à-dire un Etat souverain, maître de ses frontières, ce qui n’est plus le cas de la France. Dès lors le « droit du sol » est devenu le droit d’être envahi. Remettre en cause, au moins pour mieux l’encadrer, ce qui n’est pas un dogme, mais une pratique historique correspondant à une période de maîtrise des flux migratoires, est devenu une nécessité vitale. 

    Ce n’est pas la provocation du recteur de la mosquée de Paris et président du Conseil français du culte musulman, Dalil Boubakeur, appelant sur Europe 1 le lundi 15 juin à « utiliser des églises vides pour servir au culte musulman », c’est-à-dire au grand remplacement d’un culte par un autre, qui favorisera le « vivre ensemble » si cher à nos élites. Nos églises devraient-elles faire les frais des dissensions internes à l’ « islam de France » et de la peur de Dalil Boubakeur de se voir dépasser par les fondamentalistes ? Il avait déjà appelé le 5 avril dernier, au cours du rassemblement annuel des musulmans de France, organisé chaque année lors des fêtes pascales, à doubler le nombre des mosquées. A-t-il cette fois cherché, pour montrer son intransigeance, à saborder la première réunion, organisé ce même jour, de l’instance de dialogue avec l’islam de France voulue par Manuel Valls ? Selon ce dernier, « l’islam suscite encore des incompréhensions, des a priori, du rejet chez une partie de nos concitoyens, des amalgames. [...] Il faut donc [...] faire jaillir au grand jour ce qu’est la réalité de l’islam de France. » Il n’est pas certain que par sa provocation Dalil Boubakeur ait aidé Valls à lever les « incompréhensions » et à « faire jaillir au grand jour ce qu’est la réalité de l’islam de France », du moins dans le sens souhaité par le Premier ministre. « Les églises ne sont pas des bâtiments multi-usage », a rappelé l’évêque de Pontoise, Mgr Lalanne, également représentant de la Conférence des évêques de France, qui s’est dit, sur RTL, ce même lundi, « totalement opposé » à ce projet. Et de rappeler que « les églises sont des lieux sacrés, qui [...] ne peuvent être utilisées à un autre dessein qu’à l’expression de la foi chrétienne. [...] on ne doit pas jouer avec les symboles. » Il est dommage que Dalid Boubakeur n’apparaisse plus comme cet interlocuteur dans lequel Pierre Pujo, voyait un « grand musulman français » (L’AF du 12 février 1995) préconisant « un islam modéré, respectueux des mœurs et des traditions françaises » (L’AF du 6 novembre 2003). Dans nos propres colonnes (L’AF du 12 juin 1997), le recteur souhaitait, après avoir évoqué le sacrifice des musulmans français lors des deux conflits mondiaux, « gagner l’estime et la sympathie » de nos lecteurs et « améliorer une situation psychologique actuellement défavorable aux musulmans de France » en rappelant que, « dans l’Islam, l’amour de la Patrie est un élément de la foi ». Dans son commentaire de la Charte du culte musulman en France de 1994, n’avait-il pas du reste souligné « l’attachement tout maurrassien des musulmans à la France » avant de se réclamer (Le Point du jeudi 20 avril 2006) d’ « un amour de la patrie aussi fort que celui de Maurras ou de Barrès » ? 

    Un islam français acculturé, c’est-à-dire respectueux de l’identité nationale, qui est indéfectiblement chrétienne, est non seulement possible mais nécessaire. Encore faut-il que ses représentants les plus écoutés ne jettent pas de l’huile sur le feu des passions identitaires en justifiant, par des provocations inutiles, des craintes qu’il est facile d’instrumentaliser en ces temps troublés.  

    PS : Le fait que la mosquée de Paris ait par la suite envoyé un communiqué de presse aux médias, dans lequel le président du CFCM revient sur ses propos, ne change rien au nôtre.

     

    François Marcilhac - L’Action Française 2000

     

  • Jean-Pierre Chevènement et son « rassemblement souverainiste »… Une illusion démocratique, par François Teutsch

     

    Nous sommes d'accord avec la réflexion de François Teutsch, qui, selon son habitude, ne s'en tient pas à la surface des choses. Toutefois, si nous ne nions pas que la gauche conserve toujours un fond internationaliste,  nous ne sommes pas sûrs du tout que le vieux Che y soit lui-même enclin. D'autre part, si une question fondamentale, par delà l'inaptitude des partis et toute politique politicienne, peut être qu'est-ce que l'homme ? nous trouverons plus prudent de qualifier l'homme en question et de parler de l'homme français ou européen, le reliant ainsi à son héritage. « D’un côté la France, de l’autre la République » nous paraît signaler en effet la véritable opposition des temps actuels. LFAR 

     

    57893b06c2abfa69f965a0ea10ca5721.jpegJean-Pierre Chevènement s’est appliqué à lui-même sa célèbre formule « Un ministre, ça ferme sa gueule ou ça démissionne » en quittant son parti, le Mouvement républicain et citoyen, après que sa motion eut recueilli seulement 16 % des voix au dernier congrès . Il affirme vouloir désormais retrouver sa liberté d’action et d’expression et plaide pour un vaste rassemblement souverainiste allant « du Front de gauche à Dupont-Aignan ». Indignation du premier, sourire ironique du second… L’idée peut paraître séduisante. Elle se heurte à un certain nombre de difficultés.

    Souverainiste, Chevènement l’a toujours été. Farouche partisan du « non » aux traités européens, favorable à une politique monétaire permettant l’évolution du taux de change, il n’a jamais ménagé ses critiques à l’encontre du monstre bruxellois. C’est une des lignes de clivage du monde politique français, mais également de l’ancien maire de Belfort avec le PS qu’il a quitté il y a fort longtemps, lui reprochant sa soumission à l’ultralibéralisme et à la finance internationale. Vue sous cet angle, sa proposition n’est pas aberrante. Ce rejet est partagé par de nombreux responsables politiques, dans tous les partis, sauf peut-être chez les diverses formations centristes. Même au PS, dont on se souvient qu’il s’est divisé lors du référendum de 2005. Mais c’est là s’arrêter à l’écume des choses.

    Ce qui rassemble Nicolas Dupont-Aignan, Christian Vanneste, Jacques Myard, Jean-Pierre Chevènement ou Jean-Luc Mélenchon, c’est un rejet commun de la technostructure européenne qui étouffe nos libertés et nous impose le dogme de la concurrence pure et parfaite, du libre-échange en toutes choses, de la financiarisation de l’économie. Il manque une personne à cette liste : Marine Le Pen. Elle aussi partage cette détestation. Mais le « Che » ne semble pas le savoir. Pourtant, Florian Philippot vient du MRC, même si son ancien patron affirme ne pas s’en souvenir. Premier obstacle : l’oubli du premier parti, et sûrement du premier parti souverainiste de France.

    Second obstacle : on ne fait pas une politique uniquement sur un rejet commun. Certes, cela peut constituer une intéressante base de travail. Mais après ? Une telle coalition ne durera que le temps des cerises. Car si Chevènement n’est pas dépourvu de qualités, si ses propos ont souvent été frappés au coin du bon sens – notamment comme ministre de l’Intérieur du gouvernement Jospin, en dépit de la régularisation en masse des immigrés clandestins -, il n’en demeure pas moins un homme de gauche. Il existe deux souverainismes. Celui de droite, fondé sur l’indépendance nationale et le patriotisme. Celui de gauche, fondé sur la mythologie républicaine et le jacobinisme le plus pur. Auquel il faut ajouter une tentation permanente – presque congénitale – à l’internationalisme anticapitaliste et à un laïcisme forcené. D’un côté la France, de l’autre la République. La différence est fondamentale, malgré les protestations de républicanisme de tous les partis, du FN au Front de gauche.

    Troisième obstacle, et non des moindres : la question des valeurs. Si le relativisme moral a envahi la société (et les partis dits de droite n’y ont pas échappé), quelques idéalistes, dont votre serviteur, persistent à penser que la matrice philosophique de la droite reste marquée, parfois à son corps défendant, par une vision de l’homme conforme à sa nature, et une conception de la société aux antipodes de « l’homme nouveau » promu par la gauche historique. Or, la question politique essentielle est là : qu’est-ce que l’homme ? Aucune politique au sens noble du terme ne peut échapper à cette question, dès lors que son objet est d’organiser la société et de tendre vers le bien commun.

    À ce jour, aucun parti politique français ne répond à cette question. Peu se la posent. C’est pourtant par là qu’il faut commencer. Une alliance des souverainistes de droite et de gauche ? Une illusion démocratique !

     

    , avocat - Boulevard Voltaire
     
  • Riposte laïque : « En disant le réel, Hollande a appuyé sur le bouton, tout va sauter…»

     

    Par Marcus Graven

    Une recension - fût-elle partielle - qui en dit long à la fois sur le réalisme privé de François Hollande et sa duplicité publique. Il faut lire ces citations qui font douter de l'équilibre mental du président de la République. Ou font conclure à un suicide politique. Cet article publié par Riposte laïque [13.10] offre ici une sélection époustouflante de citations extraordinaires et livre en conclusion de fort justes réflexions. Lafautearousseau ne peut que s'y associer. « Et si le roi est fou ? » est une très ancienne question-objection faite aux royalistes. Ils en ont l'habitude. On voit ici qu'elle ne devrait plus leur être réservée ...  LFAR 

     

    images.pngUn Président ne devrait pas dire ça…, le livre d’entretiens de Hollande avec deux journalistes du Monde, Fabrice Lhomme et Gérard Davet, fait quelques remous que la caste va tenter de faire disparaître le plus rapidement possible.

    Hollande n’est pas encore qualifié de déséquilibré, mais cela ne devrait pas tarder. Pour l’instant, ses « amis » parlent de suicide politique.

    Pourtant, les propos de Hollande devraient être loués, puisque pour la première fois, un homme politique dit la réalité.

    Que dit le petit François ?

    Sur la justice : « Cette institution est une institution de lâcheté… Parce que c’est quand même ça, tous ces procureurs, tous ces hauts magistrats, on se planque, on joue les vertueux… On n’aime pas le politique. La justice n’aime pas le politique… ».

    Sur la crise identitaire : « Quand on lit Finkielkraut, Zemmour, Houellebecq, qu’est-ce que ça charrie ? Toujours la même chose, la chrétienté, l’histoire, l’identité face à un monde arabo-musulman qui vient… C’est ça qui fait que les gens basculent, ce n’est pas parce qu’ils ont perdu 3 % de pouvoir d’achat - qu’ils n’ont pas perdu d’ailleurs ! - ou parce qu’ils sont chômeurs. Il y a des choses qui les taraudent, ils arrivent dans un train, ils voient des barbus, des gens qui lisent le Coran, des femmes voilées…»

    « L’insécurité culturelle » n’est pas un sentiment.

    Sur l’intégration: « Il y a à la fois des choses qui marchent très bien et l’accumulation de bombes potentielles liées à une immigration qui continue. Parce que ça continue. »

    Sur l’équipe de France de football : elle est en proie à une « communautarisation, une segmentation, une ethnicisation ». « Il n’y a pas d’attachement à cette équipe de France. Il y a les gars des cités, sans références, sans valeurs, partis trop tôt de la France. »

    Sur les footballeurs : « Ils sont passés de gosses mal éduqués à vedettes richissimes, sans préparation. Ils ne sont pas préparés psychologiquement à savoir ce qu’est le bien, le mal. » « La Fédération, c’est pas tellement des entraînements qu’elle devrait organiser, ce sont des formations. C’est de la musculation de cerveau. »

    Sur Benzema : « Moralement, ce n’est pas un exemple »

    Sur l’immigration : « Je suis convaincu que, quand on interroge les Français, ils sont majoritairement sur sa position (celle de Nadine Morano). (…) Ils pensent : “ On est plutôt des Blancs, il y a plus de Blancs que d’autres. ” »

    « Je pense qu’il y a trop d’arrivées, d’immigration qui ne devrait pas être là. »

    « On ne peut pas continuer à avoir des migrants qui arrivent sans contrôle, dans le contexte en plus des attentats. »

    Sur les classes remplies de gamins issus de l’Afrique noire et du Maghreb : « C’est Sisyphe ! On les fait parler français, et puis arrive un autre groupe, et il faut tout recommencer. Ça ne s’arrête jamais (…). Donc, il faut à un moment que ça s’arrête. »

    Sur l’islam: « Qu’il y ait un problème avec l’islam, c’est vrai. Nul n’en doute. »

    Sur les zones de non-droit : « Comment peut-on éviter la partition ? Car c’est quand même ça qui est en train de se produire : la partition. »

    Sur les écolos : « Des cyniques et des emmerdeurs »

    Sur les frondeurs : « Une agrégations de gens intelligents peut faire une foule idiote »

    Pour toutes les bonnes âmes de gauche, du centre, de droite, pour tous les politicards, pour tous les journaleux, la parole « libérée » de Hollande est un vent mauvais.

    Elle met en lumière leurs mensonges permanents, leur volonté de tromper le peuple français.

    Elle est l’aveu qu’une fois à l’abri des regards, derrière les murs du pouvoir, la caste connaît très bien la situation dramatique du pays.

    Elle prouve que la prétendue fachosphère a des analyses pertinentes de la situation, que sa dénonciation du discours hypocrite des gouvernants et de leurs domestiques médiatiques est juste, que sa critique de la magistrature est fondée.

    Elle dit que la vertu proclamée des élites est un masque, que de refuser sciemment le réel est la seule possibilité de se maintenir au pouvoir pour ces « petits hommes », tous bâtis sur le même modèle, tous clamant les mêmes bobards : pas de « zone de non-droit », « l’islam n’est pas le problème », « les migrants sont une chance pour la France ».

    Et quand l’un d’eux, comme Hollande, dit le réel (sans peut-être le vouloir), ils resserrent les rangs, regardent ailleurs, apportent un démenti.

    Mais le barrage commence à céder, le bourrage de crâne perd en puissance, la désinformation s’écaille.

    Espérons que les Français iront jusqu’au réveil complet. 

    Merci à Yves BOULON de nous avoir signalé ce texte.

  • Graines d'éducation chrétienne (12), par Jeunesse si tu savais et Poussières d'étoiles.

    En contact avec les mouvements Jeunesse si tu savais et Poussières d'étoiles; voici les liens de leur page FB, de leurs sites officiels et de leur chaîne youtube :

     

    JEUNESSE SI TU SAVAIS

    https://www.facebook.com/jeunessesitusavais/

    https://www.jeunesse-si-tu-savais.fr/

     

    POUSSIERES D'ETOILES

    https://www.poussieresdetoiles.fm/

    https://www.youtube.com/channel/UCvYtt4Ws_Uc4Cj0LeLCoEJQ/videos

     

    Et voici le douzième article (aussi en vidéo/audio) qu'ils nous ont adressé, en attendant la suite...

    GRAINES D’EDUCATION CHRETIENNE

    L’éducation pour les jeunes suffit-elle ?

    https://www.poussieresdetoiles.fm/uploads/newscast/0/0/58/eee6d54f-019b-441b-bc2e-42d7ab4d081a.mp3

    Avant,

    dans la première moitié du XXe siècle on transmettait une instruction et une éducation qui allaient de soi. Il y avait des rails, on suivait simplement ces rails donnés par la société, donnés par l’Eglise, etc.

    Dans les années 60,

    il y a eu le concile dans l’Eglise et les réformes qui s’en sont suivies ; il y a eu la Révolution de Mai 68 ensuite, une révolution culturelle. Et souvent l’association de ces deux nouveaux états d’esprit a conduit à une remise en cause de toute autorité par la « contestation », par « des contestataires ». Dès lors l’éducation n’allait plus de soi, l’autorité n’allait plus de soi. Ceux qui suivaient ainsi cet esprit de Mai 68, cet esprit du monde dans leur manière d’éduquer voyaient tout bouleverser : des enfants, se révoltant contre leurs parents, ne sachant plus où ils devaient aller – comme un tram fou sortant de ses rails; des parents ne sachant pas quoi faire non plus, baissant les bras face à cette situation. Les enfants s’engageant aussi dans les voies de la musique extrême, du cannabis et de la drogue, de la fièvre du samedi soir, etc. Mais à cette même époque il y a eu une prise de conscience dans un certain nombre de milieux notamment chrétiens, évangéliques et aussi catholiques (que l’on a appelé pour les cathos la « Génération Jean-Paul II »). Ils ont sécrété des anticorps face à ces virus du monde. Ainsi leurs enfants ont pu être initiés à la prière, à des communautés nouvelles, aux JMJ, et bien d’autres richesses spirituelles ou morales qui leur ont permis de vivre autonomes face à cette influence de l’esprit de Mai 68 et du monde.

    Aujourd’hui,

    dans les années 2000 on voit les enfants de ces jeunes - qui avaient été « vaccinés » contre cet esprit du monde - qui depuis ont fondé des familles chrétiennes, subir, malgré tout, de plein fouet les 50 ans de cet esprit de Mai 68. Avec la libération sexuelle, le fait de ne plus se marier, d’avoir des relations multiples, etc. Une culture audio-visuelle venant des USA, avec aussi tout ce que propose cette musique anglo-saxonne moderne ainsi que musiques technos et musiques extrêmes et les influences qu’elles ont sur la jeunesse : « sex, drugs and rock’n roll » et tout ce qui va avec : violence, addictions,… Toute une dégradation de la vie humaine où l’on ne parcourt plus le chemin des joies naturelles - comme un sentier enneigé en hiver ou un lever de soleil dans la montagne - dons gratuits de la nature (ou de Dieu si on est croyant), mais on s’enfonce plutôt dans les nuits noires des discothèques et des paradis artificiels – qui rapportent beaucoup à certains dans une société de consommation où l’argent est roi et n’a pas d’odeur. Beaucoup de jeunes de ces familles « vaccinées » ou de ces familles chrétiennes conscientes sont eux-mêmes aujourd’hui sous l’effet de cet esprit du monde.

    Que faire ?

    Certaines familles arrivent-t-elles malgré tout à échapper à cette spirale infernale ? Oui. Mais elles sont très minoritaires. Comment font-elles ? On s’aperçoit que ces parents-là sont engagés dans l’action caritative, dans l’action associative, dans l’action de leur paroisse. Quand ils sont très actifs, ils entraînent toute leur famille. Les enfants sont impatients eux aussi, par exemple, d’aller aider les SDF dont ils entendent les récits par leurs parents, d’aller à des camps de jeunes auxquels leurs parents participaient en tant qu’animateurs. Ils ont hâte de prendre part à une chorale ou à du scoutisme quand leurs parents sont actifs eux-mêmes. Un témoignage de vie vaut mieux qu’un long discours. A l’adolescence particulièrement les jeunes soit se révoltent contre les parents et le monde adulte, soit sont admiratifs des fruits portés et du rayonnement de leurs parents, et souhaitent les imiter. On ne peut plus aujourd’hui simplement envoyer les enfants à un camp de jeunes, ou à la préparation de la confirmation ou la communion, en se contentant de l’office du dimanche, du culte ou de la messe (et encore si les parents ne s’en abstiennent pas eux-mêmes)… Il faut être précurseur,

    il faut devenir témoin

    des actions que l’on mène dans le sens du bien, dans le sens de Dieu. Les parents seront ainsi premiers de cordée - de la cordée qu’est la famille – en emmenant toute la famille dans des lieux privilégiés pour des sessions, des rassemblements. Ensuite les jeunes iront d’eux-mêmes puisqu’ils y auront pris goût. Ils auront découvert là des copains, dans ce creuset de l’amitié qui est si indispensable aux jeunes. « Si tu savais le Don de Dieu », ils sauront ce qu’est ce « don de Dieu », ils auront fait l’expérience de ce qu’on peut recueillir de joies, de grâces et de chemin de vérité.

    « La foi qui n’agit point, est-ce une foi sincère ? »

    (Racine). Il faut être aujourd’hui actif et non pas simplement des chrétiens passifs qui regardent passer les choses et qui ouvrent tout juste un tiroir de vie chrétienne le dimanche entre 11 heures et midi. Et vite refermé. Il faut que sa pratique soit ancrée dans la vie de tous les jours, dans ses loisirs, dans ses vacances. Il faut être acteur de la foi, acteur de la vie chrétienne. Il est important de devenir témoin de la foi, témoin de la vie chrétienne, témoin de la charité pour pouvoir entraîner ses enfants, auxquels on n’a pas simplement à donner un savoir, mais à transmettre un témoignage, un témoignage enthousiasmant, un témoignage de joie,
    un témoignage rayonnant qui éclairera leur chemin de jeunesse et de toute leur vie.

  • Culture et ESS, quoi de neuf Docteur ?, par Philippe Kaminski.

    Le Labo de l’ESS vient de publier un rapport portant sur les « voies d’action pour développer l’économie culturelle sociale et solidaire ». Conçue en temps de paix, cette étude semble quelque peu tomber à plat aujourd’hui, alors que les arts ne semblent plus considérés comme essentiels en cette période de pandémie. Explications.

    Actualité de l’économie sociale

    Le Labo de l’ESS vient de publier un nouveau cahier sur la culture. Fruit de discussions menées au cours de ces derniers mois, il paraît, manque de chance, en plein confinement. Il s’intitule Voies d’action pour développer l’économie culturelle sociale et solidaire et je vous invite à le consulter.

    Manque de chance, en effet, malgré une préface remodelée en dernière minute pour coller à l’actualité ; il est certain que nous ne l’aurions pas lu et commenté de la même façon s’il nous était parvenu en janvier. Les professions de la culture comptent en effet parmi les secteurs les plus sinistrés qui soient par la pandémie, avec les lieux de spectacle fermés, les festivals annulés, les répétitions impossibles ; mais en plus, à ce choc matériel et financier s’ajoute une sorte de rétrogradation morale. Cette culture qui n’avait cessé de revendiquer sa place parmi les activités essentielles pour la société, au point qu’on avait fini par l’admettre, s’est vue dans l’urgence reléguée au purgatoire du superflu, en compagnie des restaurants, des jeux du stade et des voyages.

    Le saltimbanque avait pourtant bien expliqué qu’il était là pour donner son sens au monde. Et ce monde lui a signifié que face à une situation grave, il avait déclaré la guerre, et donc n’avait plus besoin de sens. Exit donc le saltimbanque. Les héros sont désormais l’infirmière, le livreur de fruits et légumes et l’éboueur. Je pense qu’au « jour d’après », la pente sera difficile à remonter.

    Les économistes, ou tout au moins certains, savent combien il est dangereux et artificiel de chercher à distinguer, entre les biens offerts à la consommation, ceux qui sont essentiels et ceux qui ne le sont pas. Que les curés le fassent, c’est leur rôle. Il n’y a plus guère de curés, et nous en payons le prix, car ce sont les politiques qui font ce boulot à leur place, et ils ne sont pas doués par ça. Nous aurons certainement droit, le moment venu, à de belles déclarations sur l’utilité irremplaçable de la culture. Mais qu’est-ce que cela pèsera face au mur des réalités ? La rue de Valois, combien de divisions, face à Bercy ?

    Le rapport du Labo a été conçu en temps de paix, pour des lecteurs ayant un préjugé favorable. Ce sont d’autres arguments, sur un autre ton, qu’il faudra asséner lors des batailles de sortie de crise.

     

    Voyons-en tout de même le détail. On y trouve quatre thématiques : trouver, aménager et partager de nouveaux lieux, accompagner et former les entrepreneurs, développer l’intercoopération, enfin adapter les outils de financement existants. Tout cela est sympathique et de bon aloi, en effet. Un document presque semblable aurait pu être pondu par une Chambre des Métiers, et pas seulement pour l’artisanat d’Art ; aux intitulés près, on aurait pu écrire la même chose pour la boulangerie ou la plomberie. Soutenir, développer, pérenniser, sont des verbes bienfaisants, et applicables à tous les métiers.

    Deux formulations m’ont quelque peu irrité. Une prémisse d’abord : l’insistance à situer l’Économie Sociale comme étant « entre » l’économie publique et l’économie de marché, cumulant les qualités de ces deux dernières après en avoir éliminé les défauts. Un aboutissement ensuite : dans la grande majorité des propositions énoncées, la conclusion est qu’il faut du financement, et pour cela, on va demander une rallonge au ministère de la Culture.

    Je pense m’être souvent exprimé, dans ces mêmes colonnes, sur ma conception tripolaire de l’économie. D’abord, l’Économie Sociale n’a pas à être opposée à l’économie de marché, puisqu’elle est marchande à 80 %. Elle doit être en revanche distinguée de l’économie capitaliste, ou plus précisément de l’économie actionnariale (car toute économie utilise du capital). Et elle ne se situe pas entre les deux autres, ce qui ne veut rien dire, mais au troisième sommet d’un triangle, car elle possède des caractères propres qui rendent son fonctionnement, non pas intermédiaire entre le public et l’actionnarial, mais radicalement différent tant de l’un que de l’autre. D’autre part, chacune de ces économies a ses qualités comme ses carences, et il ne s’agit pas de les opposer, mais de les composer ; et la Culture est sans doute, avec la Santé, le secteur où l’optimum tant économique que social requiert le plus une hybridation harmonieuse des trois modèles.

    Il y a des activités, quasi-régaliennes, où l’économie culturelle ne peut être que publique. Il y en a d’autres où le privé lucratif, soit directement soit par le biais du mécénat, répond parfaitement aux besoins de la population. Et il en est quantité d’autres où c’est le privé non lucratif qui se montre le plus efficace, le plus innovant, le plus authentiquement culturel.

    Que ce privé non lucratif soit soutenu par les pouvoirs publics est légitime. Mais si ce soutien prend la forme d’un financement prépondérant, la situation devient perverse. L’Économie Sociale y perd son autonomie, sur le court terme par le contrôle de l’utilisation des subventions (ce qui est la moindre des choses), et sur le long terme par l’impossibilité de se constituer, par l’incorporation continue de ses réserves impartageables, ces « biens de main morte » qui lui assurent puissance et stabilité. Moins l’État mettra son nez dans les affaires de l’Économie Sociale, moins il cherchera à l’instrumenter, et mieux l’intérêt général s’en portera.

     

    Pour la petite structure qu’est le Labo, cette réflexion sur la culture, qui en est dans sa quatrième année, est une opération importante qui mobilise une part significative de ses moyens. Ceci pour quels résultats ? Il est difficile, à chaque publication, de marquer une réelle progression sur les acquis antérieurs. Le début fut brillant, les ambitions ont été placées très haut, le moment de l’essoufflement est sans doute arrivé.

    Dans le dernier cahier, qui cherche-t-on à sensibiliser, un administratif (local, régional, ministériel) ou un artiste, un technicien du spectacle, un passionné d’art ou de patrimoine ? Tout, dans le vocabulaire, dans la construction intellectuelle, penche pour le premier de la liste et lui seul. N’eût été le coronavirus, on pourrait penser que le sujet est épuisé pour un certain temps.

    Ce ne sera bien sûr pas le cas. Toutes les hypothèses sont ouvertes. Le bilan au sortir de la tempête risque d’être catastrophique. Craignons le pire, mais ne fermons pas la porte au meilleur…

    Philippe KAMINSKI

  • Par-delà l'affaire Benalla, réflexion sur les vrais problèmes sécuritaires de la France

     

    Par  Xavier Raufer 

    2293089609.14.jpg« Sujet stratégique, à la rentrée ! » écrit Xavier Raufer en présentant cette intéressante réflexion sur les véritables et immenses problèmes de la France en matière de sécurité. [Boulevard Voltaire, 20.07]. Ce n'est pas que dans l'affaire Benalla, Emmanuel Macron fuirait ses responsabilités, feindrait d'ignorer les faits, comme le colportent à contre-temps des images inconséquentes traînant sur des réseaux sociaux politiquement incompétents ; ce qui inquiète Xavier Raufer, c'est cette grave ignorance de ce qu’est la sécurité, cet amateurisme d'État, que révèle cette affaire, en cette matière cruciale, et c'est la faiblesse des équipes et des hommes, en charge du gouvernement du pays. En l'occurrence, de sa sécurité.   LFAR

     

    xavier-raufer-810x456.jpgGrave, car symptomatique : l’affaire de l’élyséenne mouche du coche Benalla trahit une grave ignorance de ce qu’est la sécurité ; de comment on l’obtient et la maintient, par une cruciale sélection des hommes et prévision de toute chausse-trape possible.

    Or, là, choisissant d’abord, laissant batifoler ensuite, un zigoto qui est clairement à la sécurité ce que M. Hanouna est à France Culture, la présidence Macron a tout faux.

    Côté terrorisme, le quinquennat Macron avait cependant pas mal commencé. Un Président saisissant vite et bien les enjeux, un appareil resserré et proactif. D’où plus de détection de terroristes avant l’acte. Rassurés, nos partenaires internationaux en sécurité voyaient la France sortie de l’impuissance de la triade Hollande-Taubira-Cazeneuve.

    Restait la sécurité intérieure, ni M. Collomb ni Mme Belloubet n’étant exactement de ces cruciaux généraux de terrain qui optimisent le plan du chef dans la bataille, tel Lannes et sa géniale progression en échelle à Austerlitz. Mais bon, avis général favorable.

    Avis décisif, insistons, car à l’ère des chocs stratégiques brutaux, le champ terreur-crime-fraudes-trafics est affaire d’échanges rapides et pointus, entre gens de confiance. Or, début juillet – avant même l’épisode Benalla -, une rafale de loupés judiciaires et policiers replonge la France dans les affres sécuritaires de l’ère Mitterrand-Hollande.

    L’évasion de Redoine Faïd. Toute la France savait que Faïd s’évaderait. Du neuf-trois au plateau de Creil, les caïds attendaient qu’il « s’arrache ». Les avocats – défense, partie civile – vivaient dans cette hantise. Les gardiens de prison bombardaient leurs supérieurs de fébriles alertes… Faïd va s’évader ! Or, « trop facilement », disent des experts, Faïd s’évade. Nouvelle si dingue que, quand un gardien prévient – sur son portable à lui – le commissaire du coin, celui-ci croit à une blague !

    Partout au monde, un ministre ou directeur coupable du désastre était viré illico. Car tous auraient dû savoir – mais ignoraient – qu’un « gros » braqueur n’est pas un truand anodin. Il marche à 100 % à l’adrénaline. Braquage, évasion l’enivrent plus que la meilleure cocaïne. Pour and co., une sensation si intense qu’ils la recherchent à tout prix. Ainsi, renvoyer aux calendes son transfert de prison est une incroyable ânerie, à sanctionner brutalement ; car, symptôme d’un désordre grave de l’État, une telle évasion humilie durablement le pays en cause. Là, Mme Belloubet, hagarde Georgina Dufoix, nous rejoue vingt-sept ans après « responsable mais pas coupable ».

    Ajoutons-y une police épuisée et dépressive, des policiers lynchés partout en France, devant l’école de leurs enfants, chez eux ou au supermarché, par des voyous ivres d’impunité, prenant les « keufs » pour des « bouffons ».

    Pire : Nantes embrasé après la mort, non d’un gamin innocent, mais d’un truand recherché pour « vol en bande organisée », la Justice et le Premier ministre donnant le pénible sentiment qu’ils s’excusent d’exister et sacrifient un flic de base.

    Moscou, Washington et Pékin, via Londres et Bruxelles : réaction des pros de la sécurité, Macron frime à l’étranger mais, chez lui, il n’y arrive pas. De fait, dans la France de l’été 2018, police et Justice sont à la dérive :

    Police : un ministre de l’Intérieur fatigué et un ministère rigide, incapables de vraies réformes face aux défis nouveaux – tels que concevoir une doctrine et une pratique pour les hybrides terreur-crime, problème majeur de demain.

    Justice : nul parquet spécifique ne traite ensemble – car le réel est là – terrorisme et crime organisé ; nulle coordination nationale des JIRS (juridictions inter-régionales spécialisées), cruciales juridictions traquant chacune dans son coin le crime organisé, celle de Marseille coupée de celle de Lille, etc.

    Ainsi émerge l’avenir du quinquennat Macron : la première marche, SNCF-CGT, quasi franchie ; la seconde, des dispositifs sociaux (le « pognon de dingue ») plus ardue. La troisième à présent inaccessible : la sécurité intérieure, domaine où la coordination serrée du renseignement et de la lutte antiterroriste à l’Élysée ne suffit pas.

    Car la France a un seul problème criminel – énorme : ces quartiers hors contrôle qui s’embrasent quand on touche à un voyou, demain à un hybride-terroriste ; quartiers où déferle la cocaïne qui inonde la France ; quartiers d’où sont issus l’évadé Redouane Faïd et Redouane Lakdim, l’assassin du colonel Beltrame. Quartiers où, depuis un-demi siècle, une « politique de la ville » mi-Bisounours mi-corruption enracine le crime, la terreur et les trafics. Quartiers où la République a disparu – et ne semble pas près de revenir – puisqu’au lieu du mirifique plan Borloo, rien de sérieux n’est énoncé.

    Voici la troisième marche du Président Macron – une reconquête, plutôt. Tâche exténuante dont M. Collomb et Mme Belloubet sont incapables. Mais qui d’autre ? Car M. Macron est le Président le plus isolé de la Ve République. Et vouloir tirer un Davout, un Soult ou un Ney de la pitoyable République en marche est une blague – pour le coup, une vraie.   

    Xavier Raufer 

    Docteur en géopolitique et criminologue.

    Il enseigne dans les universités Panthéon-Assas (Paris II), George Mason (Washington DC) et Université de Sciences politiques et de droit (Pékin)

  • Affaire Floyd-Traoré : une globalisation des combats, par Lucas Dubois Jandot.

    Une fresque à la mémoire de George Floyd, tué par un policier américain le 25 mai 2020, a été réalisée à Minneapolis aux États-Unis. ©Lorie Shaull / Flickr

    Source : https://www.billetdefrance.fr/

    Depuis le plan Marshall et l’importation de la culture étasunienne en France les esprits français se sont fondus dans une culture américanisée, à tel point que ceux-ci semblent dorénavant névrosés des tares touchant leurs frères de l’Ouest. La police française à l’instar de la police américaine serait touchée d’un racisme ordinaire dans ses procédures d’interpellation. Le peuple français, prenant exemple sur le peuple américain, semble prêt à toutes les humiliations et à toutes les bassesses pour s’excuser de crimes qui lui sont étrangers. La globalisation des esprits s’est, depuis lors, métamorphosée en globalisation des combats.

    L’essence de la globalisation des combats : la globalisation des esprits

    Depuis environ un siècle les cultures mondiales se sont appauvries au profit d’une culture globalisée à tendance américaine. Tout le monde porte des jeans, des sneakers et des tee-shirts mettant à mal les ponchos, les babouches et les coiffes bigoudènes. La tradition se perd et nous devenons tous semblables en apparence. Mais bien plus que nos apparences, nos esprits sont métamorphosés. Le monde entier s’importe dans nos quotidiens laissant au « Fabriqué en France » une place anecdotique. Le matin nous nous levons de notre lit Ikea (Suède) pour boire notre café de marque Columbia (Colombie) avant d’entrer dans notre voiture Volkswagen (Allemagne). Après avoir travaillé durant notre journée à Zara (Espagnol) nous pouvons enfin souffler un peu en allant manger au restaurant thaï du coin avant de rentrer chez nous et d’allumer la télévision pour regarder Netflix (Américain). Nos esprits sont globalisés, internationalisés et désormais c’est à nos engagements de suivre ce chemin.

    La disparition du cadre spatio-temporel, moteur de la globalisation des combats

    Mais avant de pouvoir combattre pour des causes mondialisées ou globalisées, encore faut-il détruire ce qui nous rattache à notre lieu de vie, à savoir l’espace et le temps. L’espace n’existe plus. L’espace d’une part ne doit plus exister, et comme nous avons pu le constater avec la globalisation des esprits c’est chose faite. A fortiori, l’Union Européenne possède un espace Schengen, sans frontières, ce qui nous permet à nous autres européens d’abstraire intellectuellement l’idée même de frontière. Quand vous pouvez de chez vous commander un colis depuis la Chine (Aliexpress) ou depuis les États-Unis (Amazon) et que vous pouvez communiquer avec n’importe qui dans le monde au travers de réseaux sociaux internationaux (Facebook, Twitter,…) une illusion se propage, celle de l’interconnexion quasi absolue des esprits. Ainsi les vérités régionales deviennent des vérités internationales dans un amalgame terrible. Si la police américaine est raciste, la police française ne peut que l’être. Les coupables sont nommés par des problématiques spatiales (vox populi internationale) quand les victimes sont nommées par des problématiques temporelles.

    L’Histoire n’existe plus

    L’Histoire, d’autre part, ne doit également plus exister. Dans une génération où l’Histoire est devenue une sous matière, la réflexion historique n’a plus sa place. La jeunesse et certains partisans politiques choisissent dans l’Histoire ce qu’ils souhaitent être vrai ou pensent être vrai en lui enlevant sa complexité. La contextualisation semble être devenue l’apanage d’une vie milieu conservateur dans un monde où des « historiens branchés » refondent l’Histoire au fil de leur idéologie. Paraissent ainsi des livres entiers sur l’histoire de la culture LGBT+ ou anticolonialiste dans des périodes historiques ignorant l’existence de ces concepts contemporains. Des figures historiques sont considérées comme racistes, homophobes et sexistes a posteriori quand des films tels qu’ « Autant en emporte le vent » deviennent des éléments de propagation de la haine pour certains esprits malades n’y voyant pas le reflet passé d’une époque révolue mais ayant réellement existé. Plus haut, l’État, honteux d’une Histoire qu’il ne considère plus, laisse une grande place à l’Histoire des civilisations extérieures et enlève chaque année de nos programmes historiques  de grands personnages fondateurs de la manière de penser propre à la France. Il est à rappeler que sans connaître ce qu’est et était son propre pays, nous ne pouvons apprécier ce qu’est ou fut celui des autres.

    L’avenir de la globalisation des combats : Vivre ou mourir

    Au vu des actuelles évolutions politiques tendant vers un renforcement des coalitions et des gouvernements souverainistes (États-Unis, Brésil, Chine, Hongrie, Pologne, Italie, Royaume-Uni,…), la globalisation des combats n’aura que peu à sa place dans nos sociétés actuelles et futures. Les esprits s’en retournent chez eux, la globalisation se rompt.

    Mais les combats d’aujourd’hui ne sont hélas pas encore éteints et tant que des braises fumeront, les pompiers pyromanes crieront au feu avant de créer de nouveau une étincelle. En effet, tout une partie de la classe politique française préfère tolérer des débordements illégaux et violents de peur d’être assimilés à des racistes ou par pur clientélisme. Ils laissent ainsi perdurer la haine et le ressentiment illusoire d’une partie de la population française envers l’autre (blancs contre noirs, société civile contre la police,…). Notre seule espérance en cet instant ne peut donc être que celle-ci : que les braises soient vite éteintes.

  • Thomas Sowell: quand la « justice sociale » égare la société. La lutte contre les ”discriminations” peut être toxique, p

    Source : https://www.causeur.fr/

    Dans Discrimination and disparities, l’économiste Thomas Sowell analyse le discours dominant sur les discriminations et la « justice sociale ». Il affirme qu’il produit des ravages dans l’éducation ou dans la délinquance.

    Thomas Sowell est un économiste américain de la Hoover Institution à l’Université de Stanford(1) qui se décrit lui-même comme un conservateur noir.

    Il a placé son livre Discrimination and disparities sous le patronage de Patrick Moynihan – « Vous avez le droit d’avoir votre propre opinion, mais pas vos propres faits. » – et  de Fernand Braudel  – « Dans aucune société, toutes les régions ou parties de la population ne se sont développées également » (2) – patronage qui dit tout de son ambition.

     

    2.jpgLes bons côtés de la discrimination

    Avant qu’il prenne une connotation négative, discriminer consistait à discerner les différences et à choisir en conséquence. Cela revient, pour un employeur, par exemple, à juger d’après les informations dont il dispose sur les individus ou d’après des informations empiriques connues sur le groupe auquel ces derniers appartiennent. L’entrepreneur a tendance à jouer la sécurité, à défaut d’informations individuelles sécurisantes. Aussi, souvent, décide-t-il d’après les informations qu’il a sur le groupe. Il évalue son coût et se tromper peut être extrêmement pénalisant.

    Quelles que soient les capacités et les opportunités, ceux qui n’essaient pas ont peu de chances de réussir. On ne peut pas faire comme si les bonnes choses se produisaient de manière automatique et comme si les mauvaises étaient la faute des autres!

    Aujourd’hui les leaders intellectuels expliquent ces disparités entre groupes et entre individus par l’injustice sociale alors qu’au début du 20ème siècle, ils en tiraient des conclusions génétiques. Dans les deux cas, sans souci pour les preuves empiriques. Pourtant, les conditions familiales, la géographie et la démographie comptent aussi dans le destin des hommes. 

    C’est avec la seconde moitié du 20ème siècle qu’est apparue l’idée selon laquelle, sauf intention maligne, la situation des Noirs et des Blancs aux États-Unis aurait dû être en tous points identique, idée confirmée par l’arrêt de la Cour suprême Brown v. Board of Education en 1954. Les écoles ségréguées furent déclarées inconstitutionnelles car intrinsèquement inégalitaires. Pourtant, en 1954, les lycées Dunbar, entièrement fréquentés par des Noirs envoyaient un pourcentage de ses diplômés dans le Supérieur plus grand que toutes les écoles blanches de Washington. La croisade pour les écoles non ségréguées a provoqué la suppression des lycées Dunbar qui avaient pourtant si bien marché pendant 85 ans. Elles devinrent des écoles de ghettos et envoyèrent, en 1993, moins d’étudiants dans le Supérieur qu’en 1933. À la fin du 20ème siècle, le succès est un peu revenu dans de nombreux ghettos grâce aux Charter Schools qui sélectionnaient, par loterie, des élèves dont les parents avaient à cœur l’éducation de leurs enfants. 

    Croyances

    On a trop tendance à supposer que la cause d’une disparité est localisée là où cette disparité a été mesurée. C’est ce qu’a supposé la Cour suprême avec l’introduction de la notion d’impact disproportionné (disparate impact). C’est aux employeurs qu’est revenue la charge de la preuve, sans qu’aucune plainte ne soit requise. Aussi, beaucoup d’entreprises ont préféré trouver des accords et éviter tout procès, même si elles ne sont coupables de rien. Il n’est pas venu à l’esprit des juges que ce qui est arrivé avant puisse avoir eu un impact disproportionné sur ce que sont devenues les personnes, leurs aptitudes, leurs valeurs, les habitudes qu’elles amènent sur leur lieu de travail.

    Les modes verbales ont des conséquences non verbales. Elles créent une équivalence entre des conditions socio-économiques et la violence ; elles excusent le non-respect des lois et les désordres sociaux dont les principales victimes sont les personnes les plus démunies, du fait des répercussions à court et à long terme.

    On dit ainsi que des gens ont été privés d’opportunités ou de droits d’après leur situation quand ils ont simplement échoué par rapport à ce qui était requis d’eux. En Malaisie, les Chinois qui ont des revenus supérieurs aux Malais sont dit « privilégiés » alors qu’ils pâtissent de la politique préférentielle en faveur des Malais à l’université et dans les emplois privés et publics. Si l’on accorde un peu de sens aux mots, ce sont les Malais qui sont privilégiés. « Quand les croyances sont ancrées dans une représentation sociale protégée par une redéfinition des mots, les preuves empiriques deviennent des finasseries superflues » (p. 123).  

    Une autre manigance consiste à déformer les propos des autres jusqu’à leur faire dire parfois le contraire de ce qu’ils ont dit. Ce n’est pas toujours parce que les gens mentent mais parce qu’ils ne cherchent pas à vérifier ce qu’ils propagent. Lorsque ce sont des enseignants, le pire tort est celui qu’ils font à leurs étudiants en leur donnant un très mauvais exemple. 

    Argumentaire déresponsabilisant

    Thomas Sowell trouve très décourageant que des erreurs simples et évidentes soient admises dans les cercles intellectuels quand elles sont en faveur de la « justice sociale », au sens d’une égalité de situation, qui fait croire que si l’on éliminait les biais raciaux, sexistes ou autres, on aboutirait à des résultats égaux. Élaborée par les intellectuels, cette idée se diffuse bien au-delà de leur cercle et fournit un argumentaire déresponsabilisant et vindicatif à ceux qui échouent. Quelles que soient les capacités et les opportunités, ceux qui n’essaient pas ont peu de chances de réussir. On ne peut pas faire comme si les bonnes choses se produisaient de manière automatique et comme si les mauvaises étaient la faute des autres. Les empêchements qui offensent notre morale n’ont pas forcément plus de poids que ceux qui sont moralement neutres. 

    Aux États-Unis, l’intégration raciale, conçue comme un prérequis de l’égalité est devenu un but en soi. Qu’une politique cherche à prévenir les décisions biaisées fermant arbitrairement des opportunités à certains est un but compréhensible. Mais une politique qui cherche une identité des résultats implique la préemption des décisions des gens au sujet de leur propre vie.

    Le dogme sous-jacent à l’idée de « justice sociale » est : 

    1) les différents groupes occuperaient les mêmes positions en l’absence de traitement biaisé ; 

    2) la cause des écarts doit être recherchée là où les statistiques indiquant ces écarts ont été collectées ; 

    3) le gouvernement produirait par son intervention des résultats supérieurs. Cette idéologie ne s’embarrasse pas de preuves et balaie les faits qui montrent pourtant que ce qu’elle prône n’existe nulle part.

    Cette vision de la « justice sociale » est un obstacle à la mobilisation des forces pour améliorer le sort des plus démunis. Thomas Sowell regrette que l’histoire elle-même soit trop souvent enseignée sous la bannière de la « justice sociale » : « Mais que peut espérer gagner une société avec des bébés qui entrent dans le monde comme les héritiers de griefs préemballés contre d’autres bébés nés dans la même société le même jour ? » (p. 222). Nous ne pouvons, écrit Thomas Sowell, avoir une certaine influence que sur le présent et l’avenir, que l’on peut rendre pire avec des restitutions symboliques sur ce qui est arrivé à ceux qui sont morts. Si nous devons chercher à améliorer le monde, c’est en concentrant nos efforts là où nous avons quelque chance d’améliorer la vie des gens.

    DISCRIMINATION AND DISPARITIES Revised and Enlarged Edition, Thomas Sowell, Basic Books, mars 2019, 308 p.

    http://www.micheletribalat.fr/446554439