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Maîtres et témoins...(II) : Jacques Bainville.

La voie déclive.....

La voie déclive.....

De "La Troisième République", Chapitre XIV et dernier, La voie déclive, pages 315/316/317 et dernière :

"...Nous arrêtons ce récit aux portes de l'avenir inconnu. Le régime existe toujours. L'aspect extérieur en demeure intact. La marche en est devenue moins régulière puisqu'avec une fréquence croissante il doit suspendre le gouvernement de la majorité, le jeu des partis, c'est-à-dire le sytème parlementaire lui-même et faire appel à de petits dictateurs empiriques, selon l'expression qu'Auguste Comte avait employée dans des temps plus anciens. Cependant le besoin de porter remède aux abus est ressenti partout, exactement comme il l'était avant 1789. Comme alors aussi, toutes les réformes qui sont suggérées rencontrent de l'opposition et il n'y a pas deux groupes dans la nation pour désirer les mêmes. Tout le monde en veut; personne n'en accepte aucune. Car il n'en est pas qui ne touche à quelque situation acquise et nulle situation acquise ne consent à se sacrifier.
A la vérité, si les dificultés ont grandi, si la guerre et les suites de la guerre ont contribué à les mûrir, elles sont venues avec le développement de la démocratie, refoulée d'abord, contenue ensuite, débordante enfin et qui, justifiant le précepte cornélien que "le pire des états est l'état populaire", ne peut plus être atténuée que par des calmants d'un effet provisoire. Sans nous piquer, au terme de cette narration, de la moindre originalité, nous transcrirons, après tant d'autres, les passages éternels de l'introduction de Tite-Live à son histoire de la République romaine :

"Je sais que la plupart des lecteurs prendront peu de plaisir à voir les origines, impatients d'arriver à ces derniers temsp où les forces d'un peuple depuis longtemps souverain se détruisent elles-mêmes... Que chacun pour sa part s'applique fortement à connaître quelles furent les moeurs, quelle fut la vie à Rome, par quels hommes, par quels moyens, dans la paix et dans la guerre, cet empire a été fondé et accru. Qu'on suive alors le mouvement insensible par lequel, dans le relâchement de la discipline, les moeurs déclinèrent d'abord, puis tombèrent plus bas chaque jour, enfin se précipitèrent vers leur chute, jusqu'à ce qu'on en vînt à ces temps où nous ne pouvons souffrir ni nos vices ni leurs remèdes."