Prévision de la guerre civile espagnole...
Bainville écrit les lignes suivantes dans L'Action française du 16 janvier 1936, juste avant les élections espagnoles.
Il lui reste 24 jours à vivre; la Guerre civile qu'il "annonce" commencera 6 mois et 2 jours plus tard, avec le "Soulèvement national" du 18 juillet.
Jusqu'au bout, jusqu'aux derniers instants, il aura gardé ses facultés et sa lucidité, ainsi que son engagement à "servir", par sa plume...
"...Un bloc de droite d'un côté, un bloc de gauche de l'autre, les partis du centre écrasés entre ces deux blocs, Gil Robles en face de Largo Caballero, les radicaux de Lerroux réduits à l'état de fossiles, le canapé républicain conservateur de Miguel Maura encore rétréci; tel est l'aspect sous lequel se présentent les prochaines élections d'Espagne. Le journal La République s'en alarme à Paris. Tout cela, dit-il, ne peut finir que de deux manières. Ou bien un dictateur de la réaction, ou bien un dictateur de la révolution, et aucun des termes de l'alternative ne vaut mieux que l'autre pour la France qui n'a pas besoin de ces exemples à ses portes. Etant donné ce qu'on sait de leur caractère et de leur tempérament, il est peu probable que les espagnols subissent sans révoltes une dictature bolchéviste qui appliquerait les procédés de l'insurrection socialiste et communiste dans les Asturies (en 1934, ndlr). Il y aurait pour la guerre civile de grandes probabilités....
...Supposons maintenant qu'il existe à Paris un gouvernement de Front populaire, un vrai. Il serait conduit à prendre parti dans les affaire d'Espagne en faveur de ses frères de Révolution..."