Navigateurs (I) : Giovanni da Verrazzano
Giovanni da Verrazzano (1485-1528), explorateur Italien au service du roi de France, François Premier, est né aux environs de 1485 probablement au sud de Florence en Toscane.
Fils d'une riche famille florentine, il bénéficia sans doute d’une solide formation; il se destina à une carrière maritime alors qu'un de ses frères était banquier. Jeune homme, il passa plusieurs années au Caire comme agent commercial, et c’est sans doute en Méditerranée orientale qu’il apprit la navigation....
1. Premier voyage :
François premier, pressé par un groupe d'hommes d'affaires puissants, des Dieppois comme l'armateur Jean Ango, des Rouennais ou des Lyonnais, ambitionne d'ouvrir au négoce de son pays des voies vers les épices et les soieries d'Orient, qui ne soient pas placées sous le monopole de fait des Portugais ou des Espagnols.
Des marchands italiens de Lyon servirent d’intermédiaires pour la venue de Verrazzano, qui se mit au service du roi de France, sans doute vers 1522.
Quatre navires furent mis en chantier et, en quelques mois, vers le milieu de 1523, la petite armada était prête à prendre la mer.
Giovanni de Verrazzano organisa ainsi le premier voyage en Amérique sous le patronage officiel de la France, afin d'y "découvrir de nouvelles terres" ainsi que "d'atteindre le Cathay" (accès donnant sur l'océan Pacifique), au travers du continent nouvellement découvert, l'Amérique du Nord.
Parti de Dieppe vers la fin de 1523, il longea la côte hispano-portugaise, et après des avaries survenues sur trois bateaux, Verrazzano traversa l'Atlantique à bord de la petite caravelle "La Dauphine", en compagnie d'une cinquantaine d'hommes.
Il accosta dans une zone correspondant à la Caroline du Nord actuelle, près de "Cape Fear", le 7 mars 1524, et après un bref arrêt, l’expédition descendit d’abord vers le sud, mais, prudent, Verrazzano décida de faire demi-tour et de se diriger vers le nord pour éviter d’éventuelles mauvaises rencontres avec les Espagnols qui s’étaient installés dans la Floride actuelle.
Un peu plus au Nord, dans ce qui est actuellement la Caroline du Nord, il crut apercevoir l'océan Pacifique derrière une étroite bande de terre. Il ne s'agissait en réalité que du lagon de "Pamlico Sound", long de cent trente kilomètres et dont la largeur atteint par endroits quarante huit kilomètres, séparé de l'Atlantique par les "Outer Banks", une barrière d'îles sablonneuses.
Cette erreur conduisit les dessinateurs de cartes et mappemondes, à commencer par le Vicomte de Maggiolo en 1527 et le frère de Giovanni, Girolamo da Verrazano, en 1529, à représenter l'Amérique du Nord quasiment coupée en deux parties reliées par un isthme. Cette interprétation erronée mit un siècle à être corrigée....
Verrazzano fut également à l'origine du mot Arcadia (Arcadie) qu'il donna au Maryland et à la Virginie. Il écrivit avoir donné le nom d'Arcadia "en raison de la beauté de ses arbres". Sans doute voulait-il faire allusion à cette Arcadie mythique de la Grèce antique dont les poètes avaient chanté le charme et le bonheur. 80 ans plus tard, Samuel de Champlain en fixa l’orthographe actuelle, en laissant tomber le "r"; de plus, l'Arcadia de Verrazano, devenue Acadie, s’était déplacé au Nord, pour finalement désigner la Nouvelle Écosse.
Plus loin, au nord, Verrazano découvrit l'estuaire de l'Hudson, la baie de l'actuelle New York.
De nos jours, le pont Verrazano rappelle cette visite.
Le navigateur baptisa cet endroit "Terre d'Angoulême" en l'honneur du roi de France François 1er, ex-duc d'Angoulême.
Il prolongea son voyage en direction du Maine, puis de Terre-Neuve, donna à cette région le nom de Nouvelle-Gaulle (c'est à dire Nouvelle-France) et rentra en France par la route des pêcheurs bretons et normands.
Il était de retour le 8 juillet 1524.
Dès la fin de l'année 1524, Verrazano avait quasiment réuni les fonds nécessaires pour repartir à la belle saison suivante. Mais la conjoncture politique changea brutalement : la France essuyait des défaites militaires telles que l'exploration du monde était, désormais, reléguée à l'arrière-plan des priorités du souverain.
On réquisitionna même les navires et les équipages de Verrazzano...
2. Second voyage (1526-1528) :
Ce second - et dernier - voyage, toujours sous le patronage du roi, fut conçu en 1526, ainsi qu’en fait foi un contrat conclu cette année-là par Chabot, l’amiral de France, avec Verrazzano et d’autres spéculateurs pour la mise en disponibilité de trois vaisseaux. Outre le commerce, le voyage avait aussi pour but la recherche de l’introuvable passage vers l’Asie, mais cette fois au sud de la région explorée lors du premier voyage.
Sans motif apparent, le départ de ce voyage fut retardé de près de deux ans.
Verrazano partit néanmoins au printemps 1528 pour la Floride, les Lucayes (îles Bahamas) et les Petites Antilles.
Dans une de ces îles, probablement la Guadeloupe, Verrazano partit en reconnaissance sur un rivage, fut fait prisonnier par les Caraïbes, qui le massacrèrent et le mangèrent sur la plage, face à son navire au mouillage... sous les yeux de son équipage. Gerolamo aurait assisté à la mort atroce de son frère.
Le navire de Verrazzano, "La Flamengue", revint en 1530 : des documents font part du déchargement, à Fécamp, d'une cargaison de bois du Brésil qui se trouvait à bord du navire du navigateur, que Verrazano avait peut-être visité alors qu'il était encore en vie.
Quant à François 1er, empêtré dans ses guerres contre l'empereur Charles Quint, il se détournera des explorations pendant 10 ans avant de reporter ses espoirs sur Jacques Cartier....