Hideuse mais héroïque : la fin des "Suisses"...
Ce 10 août 1792, devant les Tuileries, il y a là, pour défendre le Roi, neuf cents Suisses, commandés par Messieurs de Maillardoz, de Dürler et Bachmann (celui-ci sera guillotiné trois semaines après, le 3 septembre), et des gardes nationaux (au total, environ 2.500 hommes...); il y a aussi Bonchamps, La Rochejaquelein, Charette, Du Pont de Nemours (qui s'expatriera définitivement, dégoûté par la tournure des évènements, aux États-Unis), Précy (celui qui est célébré dans le chant La ligue noire...
Il y a aussi, mais en spectateur, le jeune Bonaparte (ci dessous, en uniforme de "lieutenant en second"). Le 20 juin précédent, Bonaparte avait été témoin, avec son ami Bourrienne, de l’invasion des Tuileries.
Cette émeute de gens "déguenillés et burlesquement armés, vociférant et hurlant les plus grossières provocations", raconte Bourrienne l'avait dégoûté, et son indignation fut forte lorsqu’il vit Louis XVI à la fenêtre du château contraint de porter le bonnet...
De rage, il se serait écrié : "Che coglione ! Il fallait balayer toute cette canaille avec du canon et le reste courrait encore !", toujours selon Bourrienne, qui relate la chose dans ses Mémoires.
"...Bonaparte a gagné dès les premières heures la Place du Carrousel où le reçoit le citoyen Fauvlet, marchand de meubles et parent de son camarade Bourrienne - écrit Jean-Albert Sorel, dans ses Scènes et Tableaux du Consulat et de l'Empire.
Il voit de là les cohortes descendant le faubourg Saint-Antoine, qui gagnent les abords du château.
Il entend les piétinements désordonnés des sectionnaires, dont les voix avinées, éraillées, discordantes ne parviennent pas à scander la marche chaotique.
Son tempérament militaire, son goût inné, instinctif, de l'ordre se révoltent... Que n'a-t-il été chargé, lui, de nettoyer la rue ?
Il montrerait à ces incapables comment on se sert des canons..."