Au cinéma : Trois amies, par Guilhem de Tarlé
Mostra de Venise 2024 : Trois amies, un film français d’Emmanuel Mouret, avec Vincent Macaigne (Victor Harzouian), India Hair (Joan Belair, la compagne de Victor), Camille Cottin (Alice), Grégoire Ludig (Éric, le mari d’Alice), et Sara Forestier (Rebecca Maillard, la maîtresse d’Éric).
Après Mademoiselle de Jonquières (2018), Les Choses qu’on dit – les choses qu’on fait (2020), et malgré Chronique d’une liaison passagère (2022), le nom du réalisateur, Emmanuel Mouret, me pousse au cinéma les yeux fermés, et je me réjouis de les avoir rouverts devant ces Trois amies, même si je trouve ce titre relativement nul, indigne de la qualité de l’œuvre qu’il recouvre.
Je me réjouis surtout de les avoir rouverts sur Joan qui, à elle seule – et avec son sourire – avec son « bel air » -, vaut le déplacement. Comme Victor a raison qui ne cesse de lui dire qu’elle est jolie et qu’il l’aime !
India Hair, finalement, et bien davantage évidemment que le réalisateur, me fera courir au cinéma.
Trois amies… Comme ce titre ne l’indique pas, Mouret ne nous parle pas d’amitié mais d’amours, et nous invite à réfléchir sur l’amour.
Qu’est-ce que l’amour ? s’interrogent, chacune à leur façon, Joan et Alice, dans un film magnifique avec des vues splendides de Lyon et un excellent accompagnement musical.
Qu’est-ce que l’amour ? Malgré la présence de leur enfant, Joan veut quitter Victor, dont elle est la « compagne », car elle croit qu’elle ne l’aime pas assez…
« Avec le temps
Avec le temps, va, tout s'en va… »
chantait très justement Léo Ferré : « Avec le temps tout s’évanouit ».
Que reste-t-il en effet des sentiments de Joan et de son attirance pour Victor, bref du sable, finalement bien mouvant, sur lequel elle a fondé son couple ?
Joan n’a pas lu le second livre d’Anne-Dauphine Julliand, « Une Journée particulière », selon lequel « s’aimer toute une vie relève d’une décision sans cesse renouvelée (…) aimer est un choix, un apprentissage de chaque jour ».
Il faut, autrement dit, fonder l’union sur le roc de la durée, à savoir la promesse, l’engagement initial, la volonté d’aimer « pour toute notre vie – oui, pour toute notre vie »… et c’est, à sa manière, le choix d’Alice.
« On ne se marie pas » disait un ancien vicaire de La Ciotat, « on ne se marie pas parce que l’on s’aime, mais on se marie pour s’aimer ».