Feuilleton : "Qui n 'a pas lutté n'a pas vécu"... : Léon Daudet ! (182)
(retrouvez l'intégralité des textes et documents de ce sujet, sous sa forme de Feuilleton ou bien sous sa forme d'Album)
Aujourd'hui : Dans le bureau de Poincaré, la Citation est lue...
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ndlr : ce sujet a été réalisé à partir d'extraits tirés des dix livres de souvenirs suivants de Léon Daudet : Paris vécu (rive droite), Paris vécu (rive gauche), Député de Paris, Fantômes et vivants, Devant la douleur, Au temps de Judas, l'Entre-deux guerres, Salons et Journaux, La pluie de sang, Vers le Roi...
Fontenoy (Aisne), Mémorial de la Défense du Port de Fontenoy
Sitôt connu l'assassinat, Maurras, Daudet et Lucien Moreau exigèrent - et obtinrent - d'être reçu par Raymond Poincaré, président du Conseil.
1. Maurras raconte l'entrevue ("L'Action française racontée par elle-même", page 185) :
"...Il n'était pas plus de dix heures et demie du soir que Léon Daudet, Lucien Moreau et moi entrâmes chez le président du Conseil.
Il était en habit. Cérémonieusement, il présenta ses condoléances forcées mais glacées... c'est pourquoi je pris le parti de lui lire, comme un procès-verbal de gendarmerie, la glorieuse citation de guerre...
Le récit de l'exploit de Port Fontenoy eut un effet magique sur M. Poincaré.
Sa voix changea d'expression, la qualité du martyr lui fit comprendre la nature du crime comme dans un éclair de lumière supérieure.
Il parla en homme de coeur, il se déclara - ce qu'il nous parut - fermement résolu à pourvoir au châtiment... Mais autant en emportèrent les vents des factions !..."
2. La citation de Marius Plateau, dans "Député de Paris", pages 160/161 :
"Maurras, Pujo et moi, à l'occasion de cette tragédie alors ténébreuse, rendîmes visite à Poincaré, à Maunoury et à Colrat. Le premier manifesta quelque émotion - chose rarissime chez lui - quand nous lui lûmes la citation de Plateau, que voici :
"Le sergent Marius Plateau, 22ème Compagnie du 355ème Régiment, à Vaux-sous-Fontenoy - le 6ème bataillon du 355ème (commandant Mermet) déjà très éprouvé (il lui reste 4 officiers et 500 hommes) - est appelé à venir à l'aide d'unités voisines.
Il faut offrir une cible aux mitrailleuses allemandes pour détourner leur feu et permettre ainsi au bataillon de franchir une zone battue, pour tourner la position ennemie.
À la tête de ses hommes, qu'il enlève par son commandement énergique et entraînant, qu'il galvanise par l'exemple de son ardeur, le sergent Marius Plateau quitte le fossé d'une lisière de bois, fait irruption sur un glacis, sa chaîne de tirailleurs en plein champ, face à l'ennemi, et attire l'acharnement du feu.
Frappé d'une balle à la tête, l'héroïque sergent est laissé pour mort sur le terrain.
Trente de ses hommes sont tués ou blessés; grâce au sacrifice de ces braves, le bataillon passe.
Défilé aux vues de l'ennemi, il se masse pour l'assaut.
Les Allemands, attaqués à revers, sur leur flanc droit, sont chassés à la baïonnette, de l'éperon nord de Port-Fontenoy, position tactique de haute importance.
L'ennemi laissant sur le terrain 50 morts, le bataillon ramenait 20 prisonniers valides, 2 mitrailleuses et un important butin."