Feuilleton : "Qui n 'a pas lutté n'a pas vécu"... : Léon Daudet ! (153)
(retrouvez l'intégralité des textes et documents de ce sujet, sous sa forme de Feuilleton ou bien sous sa forme d'Album)
Aujourd'hui : Les Berthas tirent sur Paris (I)...
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ndlr : ce sujet a été réalisé à partir d'extraits tirés des dix livres de souvenirs suivants de Léon Daudet : Paris vécu (rive droite), Paris vécu (rive gauche), Député de Paris, Fantômes et vivants, Devant la douleur, Au temps de Judas, l'Entre-deux guerres, Salons et Journaux, La pluie de sang, Vers le Roi...
Nos plus récents canons de 420 ! - Carte postale de propagande allemande, 1914.
Le surnom populaire de "Berta" ou "Grosse Berta", qui est resté dans l'Histoire, vient du prénom de Bertha Kruppp von Bohlen und Halbach, fille du propriétaire des usines Krupp d'Essen, durant la Première Guerre mondiale. Ce prénom avait été donné à un obusier géant allemand de 432 mm., destiné à détruire les fortifications. C'est à tort que l'on confond - nous dit Michel Mourre - la Grosse Berta avec les pièces qui bombardèrent Paris en 1918, et qui étaient, en fait, des "Max le long" : en effet, les "grosses Berthas " ne portaient qu'à quinze kilomètres, alors que l'autre canon Krupp, le "Max le long", tirait à des distances variant entre 90 et 120 kilomètres ! D'où la très grande imprécision de ses tirs...
De Paris Vécu, 2ème série, Rive gauche :
1 : Pages 33/34 :
"...C'était le temps où les Berthas -canons à longue portée - des Allemands tiraient sur Paris.
De quart d'heure en quart d'heure, suivant deux lignes de direction différentes, une bombe éclatait, avec un fracas terrible et plus ou moins de résultat.
Les journaux avaient ordre de dissimuler les points de chute afin que les Boches ne pussent rectifier leur tir.
Les jardins publics, et notamment le Luxembourg étaient devenus déserts.
Un projectile avait écornillé le bassin, un autre était tombé rue de Médicis, un autre rue Michelet et les carrefours étaient, comme dit Tacite, agrandis par le silence entre les "poums" : Vasta silentio..."
2 : Page 39 :
"...Deux jours après la catastrophe de l'église Saint-Gervais (vendredi saint 1918) effondrée par un obus allemand, j'assistais à la messe de Pâques à Saint-Sulpice.
L'officiant en était à l'élévation.
Un coup de tonnerre, mais d'un tonnerre d'artillerie, déchira soudain l'air, ébranlant la voûte.
L'assistance entière tressaillit, comme sous une aura de panique.
Le prêtre, lui, n'avait pas bougé, pas même oscillé, pas même cillé dans son geste sacré. Impavidum ferient...
On apprit ensuite que la bombe était tombée à peu de distance, rue Michelet.
Deux heures après, pendant notre déjeuner de Pâques, chez ma mère, la foudre boche tombait de nouveau rue de Rennes, avec un épouvantable fracas..."