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Feuilleton : Chateaubriand, "l'enchanteur" royaliste... (49)

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Anne-Louis Girodet, Portrait de Chateaubriand,
Saint-Malo, musée d’Histoire de la Ville et du Pays Malouin.

(retrouvez l'intégralité des textes et documents de cette visite, sous sa forme de Feuilleton ou bien sous sa forme d'Album)

Aujourd'hui : Sur Saint François d'Assise, et sur Sparte et sur Athènes...

Sur Saint François d'Assise

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"La Saint François m'est, tous les ans, un jour d'examen de conscience. François d'Assise, fondateur des ordres mendiants, fit faire, en vertu de cette institution, un pas considérable à l'Evangile, et qu'on n'a point assez remarqué : il acheva d'introduire le peuple dans la religion; en revêtant le pauvre d'une robe de moine, il força le monde à la charité, il releva le mendiant aux yeux du riche, et dans une milice chrétienne prolétaire il établit le modèle de cette fraternité des hommes que Jésus avait prêchée, fraternité qui sera l'accomplissement de cette partie politique du christianisme non encore développée, et sans laquelle il n'y aura jamais de liberté et de justice complète sur la terre.

Mon patron étendait cette tendresse fraternelle aux animaux mêmes sur lesquels il paraîtrait avoir reconquis par son innocence l'empire que l'homme exerçait sur eux avant sa chute; il leur parlait comme s'ils l'eussent entendus; il leur donnait le nom de frères et de soeurs. Près de Baveno, comme il passait, une multitude d'oiseaux s'assemblèrent autour de lui; il les salua et leur dit: "Mes frères ailés, aimez et louez Dieu, car il vous a vêtus de plumes et vous a donné le pouvoir de voler dans le ciel." Les oiseaux du lac de Rieti le suivaient. Il était dans la joie quand il rencontrait des troupeaux de mouton; il en avait une grande compassion: "Mes frères -leur disait-il- venez à moi." Il rachetait quelquefois avec ses habits une brebis que l'on conduisait au boucher; il se souvenait de l'agneau très doux, illius memor agni mistissimi, immolé pour le salut des hommes. Une cigale habitait une branche de figuier près de sa porte à la Portioncule; il l'appelait; elle venait se reposer sur sa main et il lui disait: "Ma soeur la cigale, chante le dieu ton créateur". Il en usa de même avec un rossignol et fut vaincu
aux concerts par l'oiseau qu'il bénit, et qui s'envola après sa victoire.

Il était obligé de faire reporter au loin dans les bois les petits animaux sauvages qui accouraient à lui et cherchaient un abri dans son sein. Quand il voulait prier le matin, il ordonnait le silence aux hirondelles, et elles se taisaient. Un jeune homme allait vendre à Sienne des tourterelle; le serviteur de Dieu le pria de les lui donner, afin qu'on ne tuât pas ces colombes qui, dans l'Ecriture, sont le symbole de l'innocence et de la candeur. Le saint les emporta dans son couvent de Ravacciano; il planta son bâton à la porte du monastère; le bâton se changea en un grand chêne vert; le saint y laissa aller les tourterelles et leur commanda d'y bâtir leur nid, ce qu'elles firent pendant plusieurs années.... (Mémoires d'Outre-Tombe, La Pléiade, Tome 2, pages 860/861)

 

Sur Sparte et sur Athènes...

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"Sparte et Athènes ont conservé jusque dans leurs ruines leurs différents caractères : celles de la premières sont tristes, graves et solitaires; celles de la seconde sont légères, souriantes, habitées. À l'aspect de la patrie de Lycurgue, toutes les pensées deviennent sérieuses, mâles et profondes; l'âme fortifiée semble s'élever et s'agrandir; devant la ville de Solon, on est comme enchanté par les prestiges du génie; on a l'idée de la perfection de l'homme considéré comme un être intelligent et immortel. Les hauts sentiments de la nature humaine prenaient à Athènes quelque chose d'élégant qu'ils n'avaient point à Sparte. L'amour de la patrie et de la liberté n'étaient point pour les Athéniens un instinct aveugle, mais un sentiment éclairé, fondé sur ce goût du beau dans tous les genres, que le ciel leur avait si libéralement départi; enfin, en passant des ruines de Lacédémone aux ruines d'Athènes, je sentis que j'aurais voulu mourir avec Léonidas, et vivre avec Périclès....

...Je ne connais rien qui soit plus à la gloire des Grecs que ces paroles de Cicéron : "Souvenez-vous, Quintius, que vous commandez à des Grecs qui ont civilisé tous les peuples, en leur enseignant la douceur et l'humanité, et à qui Rome doit les lumières qu'elle possède." Lorsqu'on songe à ce que Rome était au temps de Pompée et de César, à ce que Cicéron était lui-même, on trouve dans ce peu de mots un magnifique éloge." (Itinéraire de Paris à Jérusalem et de Jérusalem à Paris, La Pléiade, pages 856/857)

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