Vers le krach du siècle, l’explosion du Système et l’hyper-inflation, par Marc Rousset
L’arbre qui cache la forêt en matière de crise systémique, c’est ce que l’on peut lire, voir ou écouter tous les jours dans les médias lorsqu’ils traitent des problèmes de l’inflation, des taux des banques centrales, de la situation des banques, des taux de croissance. Nous ferons un bref rappel de ces questions avant de nous intéresser au problème fondamental de l’hyper-endettement et à différentes annonces de crise systémique à venir par plusieurs économistes de renommée internationale.
Christine Lagarde, une pure juriste sans formation économique, très habile politicienne, d’origine normande au sens propre et figuré, ne se « mouille » pas trop en nous promettant une « instabilité » accrue avec des « chocs répétés » dans les années à venir. Afin de combattre l’inflation en Europe, la BCE va de nouveau augmenter très probablement les taux d’intérêt de 0,50 % en mai, après les avoir déjà augmentés de 3,50 % depuis juillet 2022. Selon Isabel Schnabel, membre du directoire de la BCE, « il est clair que de nouvelles hausses de taux sont nécessaires, mais l’ampleur de ces hausses dépendra des données à venir ».
Les investisseurs gardent un œil inquiet concernant les perspectives économiques aux États-Unis et en Europe, suite aux incertitudes sur les banques, l’inflation et la croissance à venir. Aux États-Unis la croissance s’est effondrée au premier trimestre 2023 en passant de 2,6 % à seulement 1,1 %. En France, la croissance au premier trimestre n’a été que de 0,2 % tandis que l ‘Allemagne stagne, échappant de peu à la récession. Les pertes latentes dans les actifs des banques et des assureurs, essentiellement sous forme de baisse du prix des obligations car il y a très peu de cadavres boursiers jusqu’à ce jour, suite aux augmentations des taux d’intérêt, sont aussi très préoccupantes ; rien que pour les compagnies d’assurance en France, elles s’élèvent à 438 milliards d’euros.
Aux États-Unis, les taux d’intérêt étant plus élevés qu’en Europe, il est probable que la Fed augmentera les taux de 0, 25 % seulement en mai, pour les porter à 5 – 5,25 %, tout en annonçant la fin de la hausse des taux, afin de rassurer les investisseurs et le Système. Les taux pourraient même ensuite rebaisser en cas de menace de trop grande dépréciation des obligations à l’actif des bilans, ce qui pose de graves problèmes aux banques régionales américaines, ou en cas de forte récession de l’économie américaine. Il faut entre 18 et 24 mois pour connaître les effets d’une hausse des taux sur l’économie.
Les banques inquiètent davantage aux États-Unis qu’en Europe. La banque américaine First Republic, 14e banque du pays, est au bord du précipice, avec des retraits de plus de 100 milliards de dépôts pour ne laisser plus que 75 milliards dans les coffres, malgré une aide de 30 milliards d’un pool de grandes banques américaines menées par JP Morgan. L’action a encore plongé vendredi de 43 % pour finir à 3,51 dollars, soit une valorisation de la banque à 654 millions de dollars, alors qu’elle valait plus de 40 milliards en novembre 2021 ; la situation de cette banque est désespérée ; le problème de son sauvetage par la FDIC, l’agence américaine en charge de garantir les dépôts bancaires est posé, avec un dilemme : va-t-elle sauver tous les dépôts, y compris ceux au-delà de 250 000 dollars, comme cela été pratiqué pour SVB et Signature Bank, alors qu’elle n’en a pas le droit ! Mais si la FDIC ne rembourse pas finalement tous les dépôts sans exception aucune, cela pourrait très rapidement déclencher une panique bancaire aux États-Unis pour les banques moyennes et petites ! Sur le plan macro-économique, la hausse des taux d’intérêt ainsi que ces trois récentes faillites bancaires ont conduit à un durcissement des conditions des prêts bancaires, ce qui fragilise l’économie américaine.
Selon Warren Buffet, « les faillites bancaires ne sont pas terminées ». La garantie des dépôts par le gouvernement américain au-delà de 250 000 dollars est très probable en cas de panique, mais elle n’est pas officielle et garantie. Le rétablissement souhaité par Biden d’une surveillance accrue pour les petites banques dont les actifs atteignent entre 100 milliards et 250 milliards de dollars, suite à l’erreur de Donald Trump qui les a exemptées des règles et ratios financiers de Bâle, contrairement aux banques importantes, va dans le bon sens.
Le sentiment dominant sur les marchés est que les cygnes noirs en matière bancaire vont momentanément regagner leurs tanières, d’autant plus que les banques centrales sauront s’arrêter ou revenir en arrière pour les taux d’intérêts, malgré l’inflation, si cela devait engendrer de trop nombreuses faillites bancaires. Le secteur bancaire européen a connu cependant encore, ce vendredi 28 avril, des regains de tensions avec la banque britannique Natwest qui a fait état d’une baisse de 20 milliards de livres (22,7 milliards d’euros) de ses dépôts au premier trimestre. Le Système n’a pas les moyens aux États-Unis, comme en Europe, de couvrir l’ensemble des dépôts en cas de panique totale et de perte de confiance.
Le danger de l’explosion du système bancaire est donc toujours là, mais en apparence sous contrôle car les banques centrales veillent comme le lait sur le feu, avec des réactions immédiates et très rapides, ce qui fut le cas pour Crédit Suisse. Mais le problème de l’hyper-endettement, lui, peut devenir très rapidement hors de contrôle, tel un tsunami qui ravagerait tout sur son passage, toutes les banques s’écroulant alors, les unes après les autres, comme un château de cartes !
JP Morgan considère comme « cataclysmique » à juste titre la combinaison de la hausse des taux, de la crise des dettes publiques et de l’hyper-endettement tous agents confondus. Financer en 2023 un nouveau plafond de la dette publique américaine actuellement à 31 400 milliards de dollars qui représente 121 % du PIB, ce n’est pas la même chose à 5,1 % qu’à 1 %. En France, comme l’a souligné Villeroy de Galhau, le Président de la Banque de France, toute augmentation de taux d’intérêt de 1 % représente au bout de 10 ans, une charge supplémentaire d’intérêts de 39 milliards d’euros. Pour un taux normal historique à long terme de 6 %, cela représenterait donc environ 240 milliards d’euros de charges d’intérêt à terme, au bout de 10 ans, soit environ 80 % du des recettes du budget régalien de l’État (environ 300 milliards d’euros). Autant dire que la messe est déjà dite, que ce serait l’explosion et la faillite assurée pour la France ! À fin 2022, l’endettement de la France représentait 111,6 % du PIB.
La dette de l’État italien est encore plus pharaonique (135 % du PIB) que la dette française. Le montant d’intérêts que l’Italie doit verser chaque année atteint 3,5 % du PIB. Le taux italien d’emprunt à 10 ans est déjà à 4,27 % ! Ce taux n’est donc déjà plus supportable pour les finances du pays, sauf si la BCE continue à acheter la dette italienne dont elle détient actuellement 31 % du stock.
Bruno Le Maire et tous les gouvernements européens affichent sans vergogne une baisse en trompe-l’œil de la dette publique. L’endettement diminue en pourcentage du PIB grâce à l’inflation qui gonfle le PIB d’une façon artificielle, tandis que les déficits s’accroissent pour de bon en raison des boucliers énergétiques. Macron est resté ferme pour les retraites car sans cette réforme qui marque l’esprit des investisseurs, la note de la France aurait été encore plus dégradée, ce qui aurait signifié un taux d’emprunt encore plus élevé. Cela n’a pas empêché cependant l’agence Fitch, suite aux manifestations et au mécontentement social, de dégrader la note de la France à « AA – » avec « appréciation pessimiste ».
La France avec un déficit de – 6,1 % du PIB au quatrième trimestre 2022, 53,5 % du PIB de dépenses publiques, 44,4 % du PIB de prélèvements obligatoires, n’est pas un pays sérieux depuis 40 ans ! Pour l’instant, le taux à 10 ans payé par la France est de 3,03 %, avec des projections à 3,4 % pour 2027, si les vents sont très favorables, ce qui n’est pas du tout certain ! De plus selon le FMI, la France est le seul pays incapable réduire régulièrement son déficit public pour le faire passer sous la barre des 3 %. La France devrait théoriquement atteindre en 2028, un taux d’endettement de 115 % du PIB. Dans le cadre d’une réforme de la zone euro, l’Allemagne exige des règles de désendettement strict (une réduction d’un point de PIB par an) que la France, structurellement insouciante et gaspilleuse, est incapable de mettre en œuvre, ne faisant rien pour combattre l’immigration ruineuse et suicidaire, ni pour diminuer le nombre de ses 2 millions de fonctionnaires en trop.
Selon l’économiste américain Peter Schiff, la plus grande crise financière de mémoire d’homme se précipite vers nous ; sauve qui peut car un Méga-Krach avec une inflation à 2 chiffres se profile à l’horizon. Le choc sera d’une plus grande envergure qu’en 2008. Au moment de l’effondrement des « subprimes » en 2007, les décideurs affirmaient également qu’il n’y avait pas lieu de s’inquiéter. L’argent n’est plus en sécurité dans une banque car soit votre banque fera faillite et vous perdrez votre argent, soit votre banque ne fera pas faillite parce que votre gouvernement se portera garant pour elle. Dans ce cas, votre argent perdra son pouvoir d’achat. Quoi qu’il en soit, vous devriez mettre votre argent à l’abri dès maintenant. Mais ne le placez pas sous votre matelas, car il y perdra également son pouvoir d’achat. Vous devriez donc, toujours selon Peter Schiff, le convertir en actifs durables ou en or physique.
L’analyste suisse internationalement reconnu Egon von Greyerz estime aussi qu’un méga krach est inévitable. Les banques centrales ont pris l’habitude de faire face à chaque crise en imprimant de l’argent. L’émission incontrôlée d’argent et l’accumulation de montagnes de dettes, à des niveaux jamais atteints auparavant, se terminera inévitablement par un énorme effondrement. Les actifs des marchés financiers perdront jusqu’à 70 % de leur valeur et certains deviendront même totalement sans valeur.
Selon Jacques Attali, une immense crise financière menace. À moins d’agir vite, elle frappera probablement au cours d’un été, à partir de cette année 2023 incluse. Et si, par procrastination générale, elle est reportée, elle n’en sera, plus tard, que plus sévère. Nous avons tout pour la dominer vraiment, à condition de comprendre que c’est tout notre modèle de développement qui est en cause. La crise se déclenchera, comme beaucoup d’autres avant elle, dans la deuxième quinzaine d’un mois d’août : comme en 1857, en 1971, en 1982 et en 1993, sans pouvoir prédire l’année exacte.
Dans une interview accordée à CNBC, Patrick Carroll, PDG de la société d’investissement immobilier Carroll, prédit que le marché immobilier se retournera d’une façon désastreuse dans les prochaines années, car d’énormes quantités de dettes hypothécaires commerciales arrivent à échéance. La Banque Morgan Stanley alerte aussi sur l’immobilier commercial aux États-Unis en disant que ce sera pire que lors de la grande crise financière de 2008. Les économistes de Morgan Stanley sonnent l’alarme à propos du risque que représente l’immobilier commercial, entrevoyant des difficultés à venir en matière de refinancement.
Quant au journaliste financier américain John Rubino, il prévoit l’éclatement de la bulle des milliers de milliards de dollars des produits dérivés. On assistera soit à des faillites massives, soit à un gonflement mondial supplémentaire des monnaies ; c’est aussi simple que ça ! 2023 sera une année passionnante car il nous sera possible de savoir dans quel type de crise nous nous trouvons. Si nous continuons à augmenter les taux d’intérêt, nous aurons une dépression déflationniste, comme dans les années 1930. Sinon nous aurons une hyperinflation comme sous la République de Weimar, en cherchant à sortir de nos problèmes de dettes par l’inflation.
L’économiste américain Michael T Snyder estime aussi qu’on ne peut pas ignorer les signes avant-coureurs de la tempête qui se prépare. Ces dernières années, les investisseurs ont été gâtés par les banques centrales. Les marchés ont été inondés d’argent liquide et c’est de cette façon que des indices comme le Dax, Nasdaq et le S&P 500 ont constamment atteint de nouveaux sommets, alors que les crises ne manquent pas. Un sondage CNBC a révélé que les Américains « n’ont jamais évalué les perspectives économiques de manière aussi négative ». Ceci est effrayant car même à l’époque de la crise financière de 2008/2009, les Américains étaient beaucoup plus optimistes quant à l’état de l’économie.
Selon Ray Diallo, le fondateur de Bridgewater Associates, les niveaux d’endettement sont devenus insoutenables. Les dettes augmenteront tellement que les banques centrales devront les acheter. Les taux d’intérêt sont suffisamment élevés pour lutter contre l’inflation et fournir aux prêteurs des rendements réels adéquats, mais ils sont insupportablement élevés pour les emprunteurs-débiteurs. Le système devra donc subir de grandes restructurations sous le poids de la dette. Nous allons tout droit vers une contraction économique.
L’économiste le plus pessimiste et alarmiste est Harry Dent, fondateur de HS Dent Investment Management et auteur de plusieurs livres à succès. Le plus grand krach de notre vie « va se produire entre aujourd’hui et la mi-juin 2023. Il ne s’agira pas en fait d’une correction importante, mais d’un krach majeur que vous n’avez jamais vu de votre vivant ». Le plus grand krach qui se prépare est celui qui aurait dû avoir lieu en 2008-2009, notant que le S&P 500 avait chuté de 57 % à l’époque. Environ un an et demi après le début de ce krach, les banques centrales sont intervenues et ont commencé à imprimer de l’argent à des rythmes sans précédent. Cette récession n’a donc pas vraiment réussi à éliminer la plus grande bulle d’endettement de l’histoire. Plus précisément Dent s’attend à un effondrement de 86 % pour le S&P 500 et de 92 % pour le Nasdaq. Il anticipe aussi une chute du Bitcoin à 95 % pour atteindre les 4000 $ par BTC.
Ma vision défendue depuis plus de 5 ans sur Boulevard Voltaire et Riposte Laïque est très proche de ce que disent tous les économistes cités ci-dessus. Nous pensons pour notre part comme Jacques Attali que tout peut arriver à partir d’août 2023, sans pouvoir dire si ce sera 2023, 2024 ou 2025. Il ne faudra pas cependant attendre les calendes grecques ; il suffira d’un gros cygne noir quelconque, d’un événement politique, économique, financier, bancaire, géopolitique, social imprévisible pour mettre le feu aux poudres.
Il semble que pour l’instant les cygnes noirs économiques et bancaires aient regagné leurs tanières, mais la crise à venir est latente et inéluctable. J’ai la certitude absolue que le quinquennat Macron se terminera dans le chaos économique, social, sociétal et économique, avec une révolution conservatrice possible à la clé, soit par les votes, soit par la rue. La France vit sur un baril de poudre et ne l’aura pas volé, suite à notre lâcheté qui consiste à nier le réel pour tous les problèmes, à ne pas réagir dans la rue par millions sur les Champs-Elysées et dans toutes les grandes villes françaises lorsque l’on assassine nos enfants au Bataclan, lorsque l’on voit notre pays se faire envahir tous les ans par 500 000 extra-européens de plus ! Pour les retraites à 62 ans et travailler moins longtemps que la plupart des autres pays européens, il y a par contre beaucoup de monde dans la rue ! Les réalités, comme le cours de l’or, finissent toujours par se venger un jour !
Je crois, sur le plan économique et monétaire, à l’explosion inéluctable de la zone euro, aux très fortes dévaluations successives à venir après un retour forcé au franc, bref au schéma final République de Weimar pour la France, avec les billets que l’on utilisait en 1923 pour tapisser les murs en Allemagne ! Seuls l’or et les actifs réels détenus en dehors du Système bancaire apporteront une garantie efficace et certaine aux Français lors du méga-krach à venir. Il n’est pas étonnant que les économistes et conseillers de gestion recommandent de plus en plus l’or physique pour diversifier les investissements des particuliers. La banque suisse UBS prévoit que l’or, malgré les hausses d’intérêt et des replis techniques passagers, atteindra bientôt les 2100 $ l’once !
Marc Rousset