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Dans notre Éphéméride de ce jour : de Versailles à... Versailles !

1632 : De Versailles à Versailles...

           

Louis XIII achète la Seigneurie de Versailles à Jean-François de Gondi, archevêque de Paris.

Il y construira un petit château que Louis XIV, venu à Versailles pour la première fois en 1651 (il avait 13 ans !...) ne voudra jamais démolir (ci dessous).

À côté des immenses travaux d'agrandissement et d'embellissement qu'il fera réaliser, il chargera ses architectes d'envelopper le château de son père, d'où le nom d'Enveloppe...

Pour comprendre ce qu'a voulu faire Louis XIV à Versailles, et de Versailles, Voir notre Album : Racines (IV) : Versailles, le Palais-temple du soleil... 

En 1685 le chroniqueur Dangeau affirme que plus de 35.000 personnes travaillent sur le chantier du château et des jardins de Versailles; un chantier comparable à celui, non moins gigantesque de l'Hôtel des Invalides ("la plus grande pensée de mon règne..."), lancé presque au même moment.

Le Roi dut passer outre de nombreuses critiques.

Le lieu, surtout, paraissait mal choisi. "Versailles, lieu ingrat, dit cette mauvaise langue de Saint-Simon, triste, sans vue, sans bois, sans eaux, sans terre, parce que tout est sable mouvant et marécage, sans air, par conséquent qui n'est pas bon...

Les architectes objectèrent à Louis XIV que le château de Louis XIII n'était pas solide. Il leur répondit : "Je vois où l'on en veut venir : si le château est mauvais, il faudra bien l'abattre; mais je vous déclare que ce sera pour le rebâtir tel qu'il est". Le château ne fut donc pas abattu, et les deux édifices furent tellement liés ensemble qu'ils ne font qu'un même corps, et cependant tellement distincts que la vue de l'un ne laisse pas soupçonner l'existence de l'autre. Placés, à proprement parler, dos à dos, les deux édifices n'ont ainsi, chacun, qu'une façade !

VERSAILLES DE LOUIS XIII 1.jpg
 
 

Le tout premier château de Louis XIII, le château vieux (ci dessus), fut bâti dès 1623: c'est "un rendez-vous de chasse, un petit château de gentilhomme" en brique, pierre et ardoise, "petit château de cartes" pour Saint-Simon. Louis XIII s'y plaît tant qu'il charge Philibert Le Roy, son "ingénieur et architecte", de le rebâtir. Ce sont les bâtiments qui entourent la Cour de marbre.

Dès 1668, Le Vau est chargé de commencer l'Enveloppe, qui consiste bien en un second bâtiment, et ses façades de pierre blanche encerclent le premier château, lui servant d'écrin du côté des jardins. Cette construction, dont la terrasse centrale est inspirée des villas baroques italiennes, sera poursuivie par François d'Orbay à la mort de Le Vau en 1670. Elle abrite les Grands Appartements

Saint-Simon, toujours là et toujours mauvaise langue, condamne et s'étrangle, péremptoire, mais en vain : "le beau et le vilain, le vaste et l'étranglé furent cousus ensemble ".

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On aura une vue d'ensemble des Versailles - évidemment non exhaustive - en cliquant sur les trois liens suivants :

 • http://www.chateauversailles.fr/

 

http://www.chateauversailles.fr/l-histoire/versailles-au-cours-des-siecles/construction-du-chateau/antoine-coysevox-1640-1720

 

et, pour les amateurs de sculpture : http://www.sculpturesversailles.fr/

           

Mais pourquoi, disent certains, parler tant de Versailles (en particulier) et des Monuments (en général) ? Ne s'agit-il pas, en fin de compte, de vieilles pierres ? Ne leur accorde-t-on pas trop d'importance, en général, et surtout dans ce Bloget ceds Éphémérides, en particulier ?...

Certes, on pourrait se contenter de répondre par le trait d'esprit célèbre de Guitry :

 

        "On nous dit que nos Rois dépensaient sans compter, 

        Qu'ils prenaient notre argent sans prendre nos conseils, 

      Mais quand ils construisaient de semblables merveilles 

     Ne nous mettaient-ils pas notre argent de côté ?"

 

Ou répondre encore que Versailles, en l'occurrence, est l'un des exemples-types de cette politique de civilisation que tout État digne de ce nom doit se fixer et promouvoir.  Et que, de plus, Versailles fut un véritable laboratoire de ce qui se faisait de mieux dans le domaine des Arts appliqués : les techniques les plus innovantes y furent testées, et l'édification du Palais marque le triomphe simultané des Arts, de l'Industrie, de la Technique, domaines dans lesquels la France innove, progresse et gagne, comme on dit aujourd'hui, l'authentique politique de civilisation de Louis XIV rejoignant l'économie la plus saine et la plus bénéfique (voir l'Éphéméride du 15 novembre, sur l'inauguration de la Galerie des Glaces, aux origines de Saint-Gobain et de notre industrie du verre aujourd'hui encore...)

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En 2010 fut proposée - elle dura un an... - une remarquable exposition : Sciences et curiosités à la Cour de Versailles. Elle montra au monde entier comment, à l'époque, la France était à la pointe du progrès et des innovations; comment elle était "la flèche du progrès" (pour reprendre l'expression de Pierre Debray, au Rassemblement royaliste des Baux de Provence;  comment elle "menait" le monde, grâce à l'authentique politique de civilisation promue inlassablement par les monarques :

Mais il ne nous a pas paru inutile d'étoffer la réponse en livrant à la réflexion de celles et ceux qui se posent cette question la méditation de Chateaubriand arrivant aux Pyramides d'Égypte. On verra que l'auteur réfléchit sur les tombeaux, mais sa pensée peut s'appliquer évidemment à toutes les oeuvres d'art humaines, religieuses ou profanes, palais ou églises et, plus généralement à tout ce qui peut être qualifié de monument.

Voici comment Chateaubriand justifie l'idée même du monument, et répond assez finement, nous semble-t-il, à l'objection moderne que l'on entend parfois (Itinéraire de Paris à Jérusalem et de Jérusalem à Paris, La Pléiade, page 1142/1143) :

 

"...J'avoue pourtant qu'au premier aspect des Pyramides, je n'ai senti que de l'admiration. Je sais que la philosophie peut gémir ou sourire en pensant que le plus grand monument sorti de la main des hommes est un tombeau. Mais pourquoi ne voir dans la pyramide de Chéops qu'un amas de pierre et un squelette ? Ce n'est point par le sentiment de son néant que l'homme a élevé un tel sépulcre, c'est par l'instinct de son immortalité : ce sépulcre n'est point la borne qui annonce la fin d'une carrière d'un jour, c'est la borne qui marque l'entrée d'une vie sans terme; c'est une espèce de porte éternelle bâtie sur les confins de l'éternité. "Tous ces peuples (d'Égypte), dit Diodore de Sicile, regardant la durée de la vie comme un temps très court, et de peu d'importance, font au contraire beaucoup d'attention à la longue mémoire que la vertu laisse après elle : c'est pourquoi ils appellent les maisons des vivants des hôtelleries par lesquelles on ne fait que passer; mais ils donnent le nom de demeures éternelles aux tombeaux des morts, d'où l'on ne sort plus. Ainsi les rois ont été indifférents sur la construction de leurs palais; et ils se sont épuisés dans la construction de leurs tombeaux."

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On voudrait aujourd'hui que tous les monuments eussent une utilité physique, et l'on ne songe pas qu'il y a pour les peuples une utilité morale d'un ordre fort supérieur, vers laquelle tendaient les législations de l'Antiquité. La vue d'un tombeau n'apprend-elle donc rien ? Si elle enseigne quelque chose, pourquoi se plaindre qu'un roi ait voulu rendre la leçon perpétuelle ? Les grands monuments font une partie essentielle de la gloire de toute société humaine. À moins de soutenir qu'il est égal pour une nation de laisser ou de ne pas laisser un nom dans l'histoire, on ne peut condamner ces édifices qui portent la mémoire d'un peuple au-delà de sa propre existence, et le font vivre contemporain des générations qui viennent s'établir dans ses champs abandonnés. Qu'importe alors que ces édifices aient été des amphithéâtres ou des sépulcres ? Tout est tombeau chez un peuple qui n'est plus.  Quand l'homme a passé, les monuments de sa vie sont encore plus vains que ceux de sa mort. Son mausolée est au moins utile à ses cendres; mais ses palais gardent-ils quelque chose de ses plaisirs ?

Sans doute, à le prendre à la rigueur, une petite fosse suffit à tous, et six pieds de terre, comme le disait Mathieu Molé, feront toujours raison du plus grand homme du monde; Dieu peut être adoré sous un arbre, comme sous le dôme de Saint-Pierre; on peut vivre dans une chaumière comme au Louvre : le vice de ce raisonnement est de transporter un ordre de choses dans un autre. D'ailleurs un peuple n'est pas plus heureux quand il vit ignorant des arts, que quand il laisse des témoins éclatants de son génie. On ne croit plus à ces société de bergers qui passent leurs jours dans l'innocence, en promenant leur doux loisir au fond des forêts. On sait que ces honnêtes bergers se font la guerre entre eux pour manger les moutons de leurs voisins. Leurs grottes ne sont ni tapissées de vignes, ni embaumées du parfum des fleurs; on y est étouffé par la fumée, et suffoqué par l'odeur des laitages. En poésie et en philosophie, un petit peuple à demi barbare peut goûter tous les biens; mais l'impitoyable histoire le soumet aux calamités du reste des hommes. Ceux qui crient tant contre la gloire ne seraient-ils pas un peu amoureux de la renommée ?

Pour moi, loin de regarder comme un insensé le roi qui fit bâtir la grande pyramide, je le tiens au contraire pour un monarque d'un esprit magnanime. L'idée de vaincre le temps par un tombeau, de forcer les générations, les moeurs, les lois, les âges, à se briser aux pieds d'un cercueil, ne saurait être sortie d'une âme vulgaire. Si c'est là de l'orgueil, c'est du moins un grand orgueil. Une vanité comme celle de la grande Pyramide, qui dure depuis trois ou quatre mille ans, pourrait bien, à la longue, se faire compter pour quelque chose..."

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Enfin, pour ceux qui souhaiteraient en savoir encore un peu plus sur Versailles, voici une sorte de récapitulation générale avec notre Éphéméride du 28 Avril :
 
 
 

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