Au Cinéma : Le Tigre et le Président, par Guilhem de Tarlé
A l’affiche : Le Tigre et le Président, un film de Jean-Marc Peyrefitte, avec Jacques Gamblin (le Président Paul Deschanel), André Dussolier (Le Tigre, Georges Clémenceau), Christian Hecq (le Président du Conseil, Alexandre Millerand), Astrid Whettnall (Germaine, Mme Paul Deschanel).
Que sait-on de Paul Deschanel ?
Le synopsis du film dit que Clémenceau a perdu l’élection présidentielle de janvier 1920 « face à l’inconnu Paul Deschanel »… Ce qualificatif « inconnu » paraît osé à propos du Président de la Chambre des députés (depuis 1912). Il était le candidat de la droite, nationaliste et catholique, majoritaire au Palais Bourbon (Chambre « bleu horizon » élue au lendemain de la guerre).
En outre, il était membre de l’Académie française depuis 1899.
Néanmoins, c’est vrai que l’on ne sait rien de lui, ou pas grand-chose. Le réalisateur mentionne 3 seules biographies dont l’une viendrait d’être rééditée.
Contre Clémenceau, négociateur du Traité de Versailles, le film ne dit rien du paradoxe qui fait élire par un Bloc national, partisan d’une application stricte dudit traité, un candidat qui veut le suspendre tant il pressent qu’il sera la cause d’une prochaine guerre. Il n’explique en rien, non plus, hormis peut-être ses qualités d’orateur et son don de la répartie, l’élection de cet « original » qui veut « multiplier par deux le nombre des bulletins de vote » en accordant le droit de vote aux femmes, et qui veut aussi abolir la peine de mort.
Au lieu de cela, on voit Deschanel passer sans transition d’une attitude brillante au Congrès, au « burnout » (selon mon épouse) du Président qui veut « renverser la table » dans un discours alors que le système le « balade » d’inaugurations en inaugurations… « les seules décisions que vous aurez à prendre lui a dit son prédécesseur, le président Raymond Poincaré, seront de choisir les couleurs des chrysanthèmes ».
Bref, un film qui aurait pu être une leçon d’Histoire, mais qui se complaît trop dans la caricature, même si on peut savoir gré au réalisateur d’avoir traité équitablement les deux protagonistes.
PS : mon épouse a un regard davantage bienveillant que le mien.