Au Cinéma : La Baie des Anges, par Guilhem de Tarlé
Art et Essai : La Baie des anges, un film français (1963) de Jacques Demy, avec Jeanne Moreau (Jackie Demaistre) et Claude Mann (Jean Fournier), sur une bande sonore de Michel Legrand.
La Baie des anges… Ce n’est pas la promotion touristique des plages de galets qui s’allongent sur 30 kilomètres de la Promenade des Anglais, à Nice, jusqu’au Cap d’Antibes. Ce n’est pas davantage un documentaire ichtyologique sur les poissons dits « anges de mer » qui peuplent les fonds marins de ladite baie. Observons toutefois que ces anges sont des requins, ce qui nous ramène aux deux « héros » de l’histoire.
« Mais vos enfants, Seigneur, ils ne sont pas des anges »…
psalmodiait le poète assassiné, et ce long-métrage nous plonge dans l’addiction du jeu. Un film stressant, où l’on ressent la boule au ventre, à la voir courir sur la roulette comme si les plaquettes de milliers de francs en jeu étaient les nôtres (impossible, vu les montants !)… J’avoue, en ce sens, avoir découvert un monde que j’ignore, me semble-t-il particulièrement bien rendu par la collaboration de Jacques Demy et Michel Legrand.
En revanche, à côté de ces jeux de hasard, celui de l’amour m’a paru très factice avec des scènes, notamment la colère de Jean, surjouées. Jeanne Moreau n’est en rien tentante. La fin est sans doute morale, elle n’est pas crédible, et je l’aurais préférée à la Brassens :
« Le comble enfin, misérable salope,
Comme il n’restait plus rien dans le garde-manger
T’as couru sans vergogne, et pour une escalope
Te jeter dans le lit du boucher ».