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Je ne me reconnais pas dans le monde qui vient, par Mathieu Bock-Côté.

J’ai 40 ans et je me sens déjà étranger en mon époque. Ce qui l’enthousiasme m’indiffère, ce qui l’excite m’ennuie, ce qui la scandalise me laisse souvent perplexe.

1.jpgInversement, les causes qui me font vibrer sont jugées ringardes au mieux, odieuses, au pire. 

Cela ne date pas d’hier : Milan Kundera se demande dans un de ses livres comment vivre dans une époque avec laquelle on est en désaccord. Cette phrase lue il y a 20 ans me hante encore.

Ce n’est pas un secret, je suis nationaliste, et je ne parviens pas à comprendre qu’on préfère s’éparpiller en querelles artificielles plutôt que se battre pour l’honneur et la liberté de son pays. 

Déclin

Oh, je le comprends intellectuellement, mais comme un symptôme de désagrégation sociale, et je me désole de ceux qui croient s’épanouir en s’enfermant dans des identités toujours plus étroites. 

Je regarde l’histoire occidentale et, si j’en connais les pages sombres, je refuse fondamentalement à maudire notre civilisation. 

Je ne parviens pas à comprendre qu’on veuille remplacer les si beaux mots de père et de mère par parent 1 et parent 2, et qu’on en vienne à soutenir, chez des gens apparemment cultivés, que l’homme et la femme sont de pures constructions artificielles.

Écoutez Les idées mènent le monde, une série balado qui cherche a éclairer, à travers le travail des intellectuels, les grands enjeux de sociétés.

Je comprends intellectuellement comment on peut se rendre là, mais j’y vois le signe d’une pensée coupée des sources les plus profondes de la vie. 

Je ne parviens pas à comprendre qu’on se détourne des œuvres géniales pour lire des tweets par milliers, sinon que j’y vois une expression parmi d’autres de la paresse humaine.

Oui, les temps qui viennent ne seront plus vraiment libres, ni joyeux. 

Habité par le sentiment d’un changement d’époque, et convaincu d’appartenir au monde qui meurt davantage qu’à celui qui naît, je ne résiste pas à la tentation de citer les dernières lignes des Mémoires d’outre-tombe de Chateaubriand : « On dirait que l’ancien monde finit, et que le nouveau commence. Je vois les reflets d’une aurore dont je ne verrai pas se lever le soleil. Il ne me reste qu’à m’asseoir au bord de ma fosse ; après quoi je descendrai hardiment, le crucifix à la main, dans l’éternité. » 

Mélancolie

Mais je n’ai pas la sérénité de ce génial écrivain et je préfère me battre. 

J’aime l’amitié, les grandes passions, les exploits héroïques et les célébrations qui les couronnent, les livres silencieusement médités et les bibliothèques remplies de trésors, les chants tragiques et les chants folkloriques, la beauté des vieilles églises et le patriotisme mélancolique, et je pleure de joie en pensant au jour où nous proclamerons notre indépendance.

L’homme trouve sa grandeur en se battant pour des choses qui le dépassent, et une existence vouée au service d’une cause noble, même si elle semble vaincue au premier regard, vaudra toujours mieux que mille compromissions avec une époque qui avilit l’âme en plus de nous transformer en larves et en robots.

Source : https://www.journaldemontreal.com/

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