Régis de Castelnau : « Nous avons une minorité, extrêmement minoritaire, qui est en train d’imposer un carcan liberticide à ce pays ».
Régis de Castelnau revient sur le débat à l’Assemblée nationale de jeudi soir sur le passe sanitaire. Pour lui, « il y a une bascule autoritaire et liberticide inquiétante, mais ce n’est pas une dictature ». Pour autant, il dénonce le carcan imposé aux Français.
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Avec la mise en place du passe sanitaire, peut-on parler d’une dictature ?
Non, une dictature est un régime où je ne pourrais pas dire ce que je vais dire là. Il y a une dérive autoritaire très sérieuse, très inquiétante, mais une dictature, ce n’est pas cela. Quand j’allais en Amérique latine pendant les années de plomb, je ressentais physiquement l’existence de la dictature. Aujourd’hui, la France est une démocratie très abîmée mais ce n’est pas une dictature. Peut-elle le devenir ? On peut se poser la question.
Le passe sanitaire prévoit de licencier un salarié non vacciné, l’interdiction pour les personnes non vaccinées de se rendre à l’hôpital ou dans les EHPAD. Il y a une violence incroyable qui s’abat sur le pays, une division entre les vaccinés et les non-vaccinés. Que se passe-t-il, à l’Assemblée ?
Les députés sont des godillots, des larbins. Ils avaient voté contre l’obligation du passe sanitaire pour rentrer à l’hôpital, M. Véran est arrivé et les députés sont revenus sur leur vote.
Je suis favorable à la vaccination à titre personnel et je suis vacciné, j’y suis aussi favorable à titre collectif car nous sommes confrontés à une pandémie et c’est un des moyens de lutter contre elle. L’État doit trancher et prendre des mesures. Le problème est qu’ils ont, une fois de plus, révélé la conception qu’ils ont de l’exercice du pouvoir : la lutte contre la pandémie n’est qu’un prétexte pour mettre en place un système coercitif qui a des caractéristiques totalitaires. Surveiller et punir : ils veulent mettre en place le moyen de surveiller la population et le moyen de la punir. Durant le premier confinement, il y a eu un million d’amendes pour non-respect du confinement, contre 10.000 en Grande-Bretagne. Cela témoigne bien d’une conception de la question du pouvoir.
On constate qu’il y a un problème de quantité de vaccins, les mesures sont très difficiles à appliquer car les gens n’ont pas le temps de se faire vacciner. On veut mettre en place un système coercitif. Le licenciement si vous n’êtes pas vaccinés, les amendes pour les restaurateurs, l’interdiction de toute vie sociale : cela revient à encadrer et surveiller le peuple. Il y aura la question du passe sanitaire, puis celle du test PCR supplémentaire ; il y aura toujours de nouvelles conditions.
De plus, deux amendements ont été rejetés : celui de Mme Ménard demandant la fin de ces mesures à la fin de la pandémie et celui de Joachim Son-Forget excluant les bureaux de vote des mesures.
Jean Castex dit que nous ne sommes pas en dictature car la dictature, c’est la minorité qui exerce son pouvoir contre la majorité. Or, on voit qu’Emmanuel Macron a été élu entre 12 et 16 % du corps électoral, quelle est cette minorité d’extrême centre qui prend en main le pays ?
La dictature, c’est quand un clan décide de la loi : c’est ce qu’il se passe. On a un Parlement croupion, élu à la suite d’un coup d’État à dimension judiciaire, qui ne représente plus le pays et qui vote en cadence tous les textes demandés par le président de la République. Et comme les contre-pouvoirs ne fonctionnent plus – le Conseil constitutionnel et le Conseil d’État sont alignés -, on a un vrai problème. Les définitions de la dictature d’Emmanuel Macron ou de Jean Castex ne sont pas les miennes. Nous avons une minorité qui est en train d’imposer un carcan liberticide au pays.
Le régime est en bascule autoritaire inquiétante car s’il faut le passe sanitaire pour rentrer au bureau de vote, cela veut dire qu’on va rétablir une espèce de suffrage censitaire. Cela fera progresser le vote électronique. Ces gens-là sont prêts à tout, notre pays est en danger. Nous sommes dans une forme de coup d’État permanent depuis l’arrivée illégitime d’Emmanuel Macron au pouvoir en 2017. On peut dire merci à la magistrature qui l’a favorisée. Ceux qui ont fait cela en 2017 sont tout à fait prêts à recommencer pour le maintenir au pouvoir. La mise en examen des amis de Jean-Luc Mélenchon en est un signe.