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Droitisation de la France et de l’Europe : vraiment ?, par Arnaud Florac.

Dominique Reynié, patron du think tank politique Fondapol, réputé de sensibilité plutôt libérale, vient d’accorder un entretien au Point. Il y aborde le rapport rédigé par l’un de ses chercheurs, Victor Delage, sur la « droitisation » du vieux monde occidental.

4.jpegCe mouvement, que d’autres, comme Mathieu Bock-Côté, qualifient de « dextrogyre », est solidement documenté et s’appuie sur plusieurs facteurs. Tout d’abord, rappelle Dominique Reynié, la population vieillit et les demandes conservatrices s’accroissent mécaniquement, même dans la génération qui a connu (et parfois aimé) 68. Ensuite, la gauche s’est effondrée. Enfin, et surtout, dans tous les pays d’Europe, il semble que le réel ait fini par triompher. Du , qui fédère tous les partis politiques autour du « zéro demandeur d’asile », à l’Italie, dont la coalition de va jusqu’à la Lega, jadis infréquentable, la plupart des États européens ont compris qu’à force d’importer le tiers-monde, on finissait par devenir le tiers-monde.
 
Et la , alors ? Là aussi, le constat de Dominique Reynié est juste et percutant. La droitisation a également touché notre pays, mais n’y sont pour rien et ne proposent rien de solide pour incarner ce mouvement. Vous me direz qu’on s’en doutait, mais ça fait toujours plaisir d’avoir raison. Concernant le , l’étude de Fondapol remonte jusqu’aux élections de 1988 au cours desquelles Jean-Marie Le Pen réalisa un score (fondateur) de 14,4 % au premier tour, et finit par livrer un constat, là aussi évident, quand on y réfléchit bien : la surprise ne serait pas la présence mais l’absence de au second tour de la présidentielle.
 
On peut y ajouter une autre surprise, qui ne serait pas la défaite mais la victoire de Marine Le Pen à cette élection présidentielle qui n’attend qu’elle. Face à LREM en lambeaux (bo), face à un Xavier Bertrand qui peine à convaincre malgré une candidature précoce et certaines propositions courageuses, elle est la seule qui ait posé depuis longtemps un diagnostic juste, que l’on disait autrefois outrancier, et que l’on trouverait presque fade aujourd’hui, sur le brasier français. La demande d’autorité, de et d’harmonie sociale est proportionnelle à la démission régalienne, à l’anarchie judiciaire et au chaos ethnique que nos concitoyens ont sous les yeux.
 
Pourtant (et Fondapol ne se prononce pas sur ce point précis), on voit mal comment le RN pourrait aujourd’hui remporter l’élection présidentielle. Des victoires aux régionales sont possibles, mais le mouvement dextrogyre n’a pas encore touché (ou « impacté », pour employer les mots du jour) les corps historiques qui verrouillent l’opinion française : hauts fonctionnaires, juges, médias, enseignants, administration territoriale sont encore tristement au « sinistrogyre » fixe. Et tant que l’opinion ne sentira pas que ses mandarins l’autorisent tacitement à voter pour le RN, quelque chose ne passera pas.
 
Saluons, cependant, cette étude complète qui fait état d’une mutation profonde de notre vieux continent. Tandis que les États-Unis, qui seront finalement passés directement de la barbarie à la décadence en moins de 300 ans, agonisent, nous sommes peut-être en train de nous réveiller. Est-ce un spasme avant la mort ou un début de rémission ? Je ne suis pas médecin.
 

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