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Boualem Sansal : «L'affaire Sarah Halimi nous offre l'occasion solennelle d'affirmer que l'islamisme ne passera pas en France».

Boualem Sansal, à paris en 2018. François BOUCHON/Le Figaro

 L'écrivain Boualem Sansal nous a fait parvenir un texte qui devait être lu par Jacques Tarnéro lors de la manifestation en hommage à Sarah Halimi au Trocadéro. Nous le publions en exclusivité.

Chèr(e)s ami(e)s, qui êtes rassemblé(e)s au Trocadéro

D'Alger où je suis confiné depuis le début de la pandémie, je vous salue et vous adresse un court message. J'ai demandé à mon ami Jacques Tarnéro de le lire pour moi, je sais qu'il y mettra le ton que j'aurais pris si je m'exprimais de vive voix devant vous.

Nous sommes réunis pour Sarah Halimi, pour lui dire, in memoriam notre affection, pour dire notre soutien à sa famille et pour dénoncer toutes celles et tous ceux qui à un titre ou à un autre ont permis qu'un jour, en France, à Paris, un islamiste pénètre dans l'appartement d'une femme, sa voisine en l'occurrence, de confession juive, l'a torturé longuement et l'a défenestré au cri d'«Allah Akbar» et se trouve aujourd'hui libre (ndlr : Kobili Traoré ne peut être emprisonné, mais est actuellement interné en hôpital psychiatrique), libre de poursuivre sa misérable existence, honoré et félicité comme on s'en doute par les siens pour avoir accompli un commandement fondateur prononcé par Allah contre les juifs et les chrétiens, maintes fois rappelé dans son livre sacré, le Coran.

La colère et la honte nous broient le cœur plus que jamais auparavant. Il y a eu d'autres crimes, contre des juifs et des chrétiens, ils nous ont profondément touchés mais nous avons pu retrouver un semblant de sérénité car tous ces crimes ont vu leurs auteurs le payer d'une manière ou une autre, pourchassés et abattus par les forces de l'ordre, tels Merah, Coulibany, Anzorov, ou arrêtés et lourdement condamnés par la justice, tels le sinistre Fofana et sa bande de barbares. Le crime contre Sarah Halimi, lui, reste impuni, la justice française en a décidé ainsi. L'assassin est officiellement autorisé à poursuivre son œuvre de haine et de mort.

 

« Affirmons en cette occasion solennelle que l'islamisme ne passera pas en France, ni aujourd'hui, ni demain, ni jamais, quels que soient les habits derrière lesquels il se cache parfois pour nous tromper. »

Boualem Sansal

 

J'en viens à la deuxième partie de mon message. Je souhaite que ce rassemblement soit pour nous l'occasion d'affirmer notre volonté absolue de ne plus jamais nous laisser cantonner dans le rôle de la victime, qui subit, qui déplore, qui se plaint, qui va fouiller le Coran, les hadiths et la jurisprudence islamique pour trouver quelques arguments à signaler aux islamistes qui les amèneraient à reconsidérer leur lecture de leurs livres sacrés et de bien vouloir aussi tenir compte de ce que la France est une démocratie laïque, réellement tolérante et pacifique qui permet aux islamistes d'y vivre en toute sécurité, sans être jamais inquiétés. Agir de la sorte c'est reconnaître à ces assassins le statut de soldats d'Allah, quelle gloire, auxquels il faudrait presque appliquer les conventions de Genève, c'est en appeler à leur clémence, à les prier d'essayer de contextualiser les commandements coraniques, à tenir compte des lois de la République et des valeurs millénaires de la France.

L'affaire Sarah Halimi nous met aujourd'hui devant l'obligation morale de refuser ce statut que les islamistes et leurs avocats nous imposent et de nous poser en vainqueurs en toutes circonstances, qui refusent toute discussion sur leurs lois, leurs valeurs et leur mode vie. Affirmons en cette occasion solennelle que l'islamisme ne passera pas en France, ni aujourd'hui, ni demain, ni jamais, quels que soient les habits derrière lesquels il se cache parfois pour nous tromper.

 

© Boualem Sansal

Romancier et Essayiste algérien, Boualem Sansal est le lauréat de plusieurs prix littéraires, dont le Grand prix du roman de l’Académie française 2015 pour son roman 2084 : la fin du monde.

Après Le Train d’Erlingen ou la Métamorphose de Dieu publié en 2018, année où  il reçoit le prix international de la laïcité de l’Association française Comité Laïcité République, Il publie en 2020 Abraham ou La Cinquième alliance, éd. Gallimard, coll. “Blanche”.

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Source : https://www.lefigaro.fr/vox/

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