Sur Valeurs Actuelles, Augustin, ce Gone qui ne se rendra pas, par Nicolas Boutin.
Le jeune Augustin, agressé par des racailles pour avoir défendu deux jeunes femmes. Photo © Facebook/Justice pour Augustin
Source : https://www.valeursactuelles.com/
Agressé vendredi soir alors qu’il tentait de défendre un groupe de jeunes filles face à une bande de racailles, Augustin a promis de se relever. Entouré par ses proches, il compte bien mettre en lumière cette nouvelle agression ultraviolente, en pleine place Bellecour à Lyon.
Dans cette ville où quatre ans plus tôt Marin se faisait lyncher à coup de béquille pour avoir défendu un couple pris à parti parce qu’ils s’embrassaient, les bandes violentes font toujours la loi dans les rues de Lyon. Dans la soirée du vendredi 21 août, c’est un autre gone qui paya les frais de l’ultra- violence. Il s’appelle Augustin, il a 17 et venait comme des milliers d’autres jeunes, de prendre un pot avec ses amis sur la Presqu’île.
Mais alors qu’il rentrait chez lui aux alentours de 23 heures, en compagnie de deux jeunes amies, Augustin est témoin d’un accrochage entre un groupe de jeunes filles et cinq racailles « en survêtement ». Le jeune diplômé du baccalauréat en juin dernier s’approche et tente de calmer les esprits. « Il n’y allait pas pour taper, c’était pour permettre aux filles de partir », nous rapporte son père, Jérôme. L’altercation prend alors une toute autre tournure. Les filles parviennent à fuir dans le Monoprix situé sur la place Bellecour, pendant qu'Augustin fait face à ses quatre agresseurs, de plus en plus véhéments. C’est un cinquième membre de la bande qui viendra « sans qu’il ne l’ait vu venir », mettre le coup qui sonnera définitivement comme l'épisode de Marin.
Cela a duré quelques secondes, la vie d’Augustin bascule. Dents arrachées, mâchoire fracturée, cervicales touchées, il parvient tout de même à se relever et à raccompagner ses deux amies jusqu’au métro, galanterie oblige. Ce n’est qu’après les avoir laissées que le jeune homme appela ses parents pour être pris en charge et accompagné aux urgences.
Une violence quotidienne sur la Presqu’île
Sur la place Bellecour, la vie reprend comme si de rien n’était. Dans le Monoprix, « personne n’est intervenu », déplore sa grande sœur, Claire. Laurent, directeur adjoint de l’enseigne nous confie n’avoir appris cette agression que le lundi suivant dans la presse. « Je ne savais même pas que des jeunes filles s'étaient réfugiés dans le magasin. Elles n’ont pas dû prévenir les agents de sécurité », témoigne-t-il. Il est vrai que les agressions sont légions sur la Presqu’île lyonnaise. « Ce n’est même plus étonnant », admet le responsable qui rapporte « des agressions verbales quotidiennes et des agressions physiques régulières ». « Je ne vois pas d’amélioration, les problèmes sont toujours là », déplore-t-il.
Même son de cloche du côté de la famille d’Augustin : « Avant, quand on attendait le bus à 23 heures à Lyon, il ne se passait rien », se souvient Jérôme, le père. Pour Claire, « il faut désormais prendre ses précautions, passé certaines heures ». La violence ne touche d’ailleurs pas que les jeunes Lyonnais. « On voit de plus en plus de pompiers, d’ambulanciers et de policiers attaqués », s’indigne le père d’Augustin qui ne croit plus dans le gouvernement actuel. « Ce n’est pas avec Dupont-Moretti que nous allons résoudre les problèmes », estime-t-il. Pourtant, les secteurs difficiles sont connus à Lyon : « Il y a des quartiers où l'on ne va plus. Des bandes sont là, vous regardent et c’est encore pire si vous êtes une fille », dépeint Jérôme.
Pas de témoin signalé
Après avoir déposé plainte, dimanche matin dans une gendarmerie du nord de Lyon, le frère d’Augustin, Grégoire, a témoigné de ses mésaventures. Objectif : retrouver les agresseurs et les témoins de la scène, notamment les quatre jeunes femmes qui ne se sont pas fait connaître pour le moment. Du côté de la justice, le dossier doit être transféré « dans les prochains jours », au commissariat du deuxième arrondissement de Lyon, nous communiquent-ils. Sur internet, un témoignage capital d’Alicia, qui n’a pour l’heure pas été authentifié, minimise l’affaire. « On sort de Monoprix, ils nous regardent avec insistance. On commence à marcher, on ne voulait pas trop qu’ils viennent, et commencent à nous suivre. On a dit qu’on était en couple, ils voulaient nous draguer en gros », raconte-t-elle. Mais pour Augustin, ces cinq racailles commençaient surtout à être « tactiles » envers les jeunes femmes, nous rapporte sa sœur.
Qu’est-ce qui a pu motiver ce jeune homme à intervenir ? Alors que l’actualité regorge de faits divers et d’agressions ultraviolentes, Augustin a-t-il senti le potentiel agressif de cette bande ? « Il est toujours là pour aider les autres et ne reste jamais indifférent dans ce genre de situation », nous confie Claire. « C’est bien quand quelqu’un se bouge, mais l’idéal est de bouger en étant plus nombreux, ce n’était pas le cas ce soir-là… », déplore le père de famille. Une attitude héroïque motivée par une personnalité cultivant le don de soi. Amateur de rugby, proche des militants royalistes de l’Action française, il n’hésite pas à se dévouer pour « défendre le vrai ». « Il a horreur du superflu », nous confie sa grande sœur.
S’il a eu « la chance » de ne pas connaître le même sort que Marin, Augustin ne vivra pas une rentrée scolaire ordinaire. Bachelier depuis juin dernier, il devait entamer des études d’ingénieur, « à l’extérieur de Lyon ». Sa rentrée sera donc repoussée le temps de sa convalescence, le jeune homme ne sortant qu'à peine du bloc opératoire, ce lundi soir. « Il risque d’y avoir un contre-coup », prévient sa famille qui l’entoure depuis ce week-end. Augustin reste dans l’attente des résultats de l’IRM qui doit déterminer le niveau de blessures de ses cervicales. Au-delà du choc que représente cette agression pour sa famille, Jérôme note que « les réseaux sociaux arrivent à être plus informatifs que les médias classiques ». La multiplication des soutiens a même permis la diffusion du hashtag #JusticepourAugustin, l’un des plus populaires de la journée du 24 août. « J’espère que cela fera prendre conscience que le monde n’est pas rose et qu’il faut agir », lance Claire, qui tient à toujours rester dans le positif.