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Le legs d'Action française (IX/X) : Le catholique pro-soviétique Pierre Debray converti au royalisme

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(Conférence de Gérard Leclerc, donnée au Camp Maxime Réal Del Sarte - 2019)

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Figure étonnante que celle dc Pierre Debray. C’est après un débat singulier avec Boutang qu’il arrive à l’Action française. L’an dernier, j’avais fait une conférence sur lui, qui a été reproduite dans le numéro spécial que lui a consacré la Nouvelle Revue universelle cet été. On peut s’y reporter. En deux mots, quand même, il est né en 1922 et mort en 1999 : cadet de six ans de Boutang, il est mort un an après lui. Nous fêterons son centenaire en 2022. C’est un bleu de Vendée, de tradition républicaine, élevé par un grand-père anarcho-syndicaliste : il se réclamera toujours de cette tradition, notamment de Proudhon et, d’une certaine façon, de Georges Sorel. Dans le sillage du catholicisme de gauche, Pierre Debray se trouve entraîné après la guerre dans une collaboration avec le Parti communiste qui va aller très loin. Il fait partie des cadres de ce que l’on appelait à l’époque les structures parallèles du Parti communiste. Non seulement il collabore à la presse communisante, mais il est secrétaire de France URSS et membre du bureau du Mouvement de la paix. Il se rend en URSS et en revient en publiant un livre glorifiant Staline : Un catholique retour de l’URSS. C’était au moment du procès Kravchenko, un Russe d’abord communiste, qui a fui l’URSS et dénoncé en Occident les crimes du stalinisme dans un ouvrage au titre célèbre : J’ai choisi la liberté. Ce qui provoque une gigantesque polémique, les communistes étant évidemment vent debout contre lui. Cela donne un procès retentissant où tous les ténors du Parti communiste viennent témoigner – et Pierre Debray avec eux – pour soutenir Staline contre Kravchenko. Vous le voyez, les choses sont quand même allées très loin !

En même temps – ce qui va se passer là est quand même assez stupéfiant –, Pierre Boutang et Pierre Debray entament un dialogue qui va aboutir à la conversion totale de Debray à Maurras et à l’Action française. Il y entre en 1954, peu de temps avant que Boutang ne quitte la maison pour fonder La Nation française. Alors le vieux Maurice Pujo, à trois ans de sa mort, comprend que l’Action française ne pouvait pas se passer d’un intellectuel de haut niveau. Il impose donc la nomination de ce nouveau converti dans le rôle de successeur intellectuel de Boutang.

Pour l’Action française, c’est une sorte de prise de guerre. Debray est une personnalité intellectuelle de premier ordre, il est déjà très connu. Il permet au mouvement d’élargir son cercle, son milieu social et intellectuel, et de faire entrer en son sein un personnage qui défie les normes courantes. Il va apporter beaucoup au mouvement et au journal, notamment la perspicacité de son regard sur l’évolution de la société industrielle. A la différence d’un Boutang, très centré, je l’ai dit, sur sa dimension philosophique, Debray, historien et sociologue, va se vouer, avec un grand sens pédagogique, à appliquer aux réalités nouvelles la méthode de l’empirisme organisateur, qui répond directement au matérialisme dialectique avec lequel il a frayé pendant plusieurs années.

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