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Les habillements de guerre, par Jeanne Estérelle.

Celle qui se fit appeler Jeanne la Pucelle construisit son genre avec tant de vigueur que « lorsqu’elle vint vers le roi, fut examinée par des femmes pour savoir ce qu’il en était d’elle, si elle était un homme ou une femme, et si elle était corrompue ou vierge ; elle fut trouvée vierge et pucelle. » Jeanne rit ! A quel degré est descendu l’université !

​Jeanne riait, au témoignage de Guillaume Manchon, quand , le 24 mai, elle traça une croix, en guise de signature, sur la cédule qui la contraignait à ne plus porter « ni armes, ni habit d’homme, ni les cheveux rasés. » N’avait-elle pas dit : « L’habit, c’est peu : la moindre chose. » ? L’ancien recteur de l’université de Paris ne trouva pourtant pas d’autre moyen de la livrer « à combustion » le 30 mai 1431.

Les cendres n’ont pas réduit le mystère qui avait émerveillé Christine de Pisan :

​Voici femme, simple bergère,

​Plus preux qu’onc homme fut à Rome

​La pluie de cendres qui a enseveli Rouen , le 26 septembre dernier, a rappelé  ce mystère aux français et les a averti qu’ils suivraient , à rebours, Jeanne dans son enfermement. Confinés par la République, méditons ce mystère, tel qu’il a inspiré l’Action Française, dans toutes ses composantes.

.​Comme poète, Charles Maurras n’a pas été insensible «  à la jeune fille vêtue en chevalier  » mais, en dépit des élans lyriques nés de son Gai Savoir, cette «  image historique  » prend une valeur expérimentale et il s’attache exclusivement à «  la méthode par laquelle Jeanne d’Arc sauva notre pays. »Il compare donc le XXsiècle au XV : «  La ressemblance des situations historiques fait coïncider les conduites.  » L’empirisme organisateur est ainsi confirmé par les choix de la «  libératrice : «  politique d’abord, enseigne la pratique de Jeanne d’Arc  ». Ce mot d’ordre n’a jamais varié à l’Action Française.Mais laissons-nous interpeler par le signe chronologique qui nous a été donné, relisons attentivement ce qui précède l’énoncé de cette certitude :« Rien ne se fait dans la cité des hommes sans une règle étendue à toutes les fonctions.  Il en est de plus hautes que la fonction politique, mais, dans la suite du temps, elle est la première.  » Troublé par une lecture positiviste de Saint Augustin, Maurras crée une troisième cité , «  humaine  ». Il rejette ainsi le conflit permanent de la civitas terrena et de la Civitas Dei dans lequel s’inscrit le combat de Jeanne d’Arc. Il réfute implicitement la vision mystique de l’histoire brossée par Saint Augustin. L’intervention victorieuse de Jeanne la Pucelle ne saurait être providentielle.

​Le signe avant-coureur du confinement nous incite cependant à revenir d’urgence de cette conception rationaliste de l’histoire. Maurras n’a pu la maintenir que par le charme trompeur de son Art intellectuel : «  CE QUI EST, EST. CE QUI A ETE, A ETE.Il n’y a rien de plus inviolable que les mérites et l’honneur d’un noble passé. Heureux qui appuie là-dessus les forces, les espoirs, les desseins du noble avenir ! »Dans cette conclusion majestueuse disparait le mystère de la personne de Jeanne à laquelle le roi donne, à Tours, «  harnais tout propre pour son corps  », selon le dessein de Dieu.

​Léon Daudet, assoiffé de ce dessein, en vertu de sa foi, a vécu et rédigé «  l’histoire de notre journal quotidien, l’Action Française, fondé le 21 mars 1908  » en compagnie de Jeanne. L’épopée des Camelots du Roi qui ont imposé «  au gouvernement de la République le culte de la Sainte de la Patrie »se confond presque avec la mission ininterrompue de Jeanne. Il écrit ainsi, à propos de la dernière conférence de l’A.F. au grand cirque de Reims, avant la guerre : « Jeanne d’Arc, sûrement, s’en était mêlée.  »

​Jeanne la Pucelle communique, d’ailleurs, à Léon Daudet sa vertu prophétique. «  Un soir de printemps de 1911  », à Paris, il est saisi par l’intuition fulgurante de la guerre, à «  la hauteur du monument de Jeanne d’Arc  ». Il confesse :  » Il m’apparut aussitôt, dans une de ces clartés soudaines déflagrant au centre de l’esprit, que ce long cortège, mû par une idée forte, allait à une destinée terrible et grande, à diverses sortes de victoires.  » Un phénomène identique se reproduit, en juin 1914, «  pour la fête conjointe de la Saint-Philippe et de Jeanne d’Arc  » à Barbentane  : «  Je ne sais ce qui me prit, ni quel sombre pressentiment se saisit de ma parole… j’annonçai, sans ménagement, la guerre imminente, une effroyable consommation d’hommes et d’efforts, par la faute de l’imprévoyante démocratie.  »

​Fort de cette expérience, le célèbre polémiste connait «  une assomption de l’esprit par des Universaux mystiques »qui le conduit à concevoir une synthèse historique d’inspiration théologique : «  Jusqu’à Saint Thomas il y a une ascension constante… A partir de Saint Thomas la descente commence, lente d’abord puis interrompue, au XVsiècle, par la mission et le supplice de Jeanne d’Arc, où se conjoignent le sublime surnaturel et l’horrible d’ici-bas  ». Daudet précise même : «   Depuis l’époque de Jeanne d’Arc, il y a une sorte de malédiction sur la Sorbonne. »Nous en sommes témoins !

​Léon Daudet a discerné la femme, prophétesse, sous l’armure de chevalier, et s’est laissé éclairer par cette libératrice intérieure à laquelle il a reconnu une supériorité éminente :«  Au point de vue spirituel, c’est, là encore, la femme qui mène. La Sainte est plus efficace et d’un rayon plus étendu que le Saint. Jeanne d’Arc dépasse le Curé d’Ars.  »

​Dans son combat contre les dogmes prétendument scientifiques, l’Evolution, la fatalité héréditaire, les localisations cérébrales, l’hystérie, Daudet s’est placé dans le rayonnement, dans le  «  resplendissementpsychique  » de Jeanne. La qualité héroïque qu’il lui attribue dans sa méthode psychoplastique s’oppose à la représentation de Charles Maurras qui l’apparente «  aux types les plus nets de l’Homme français »puisque son aisance «  tient à ce qu’entre elle et la vérité religieuse, politique, humaine, il n’y avait aucune interposition de personne héréditaire, aucun écran d’origine trouble. »L’héroïsme de Jeanne ne doit rien à la mémoire ancestrale dont les éléments composent le moi : «  La flamme du soi l’animait toute et la guidait.  » Daudet salue en elle «  une âme libre d’entraves et demeurée telle qu’au sortir de l’animation par son créateur.  » Dieu est psychoplastie pour celui qui a voulu renouveler la psychologie sous l’auréole de Jeanne d’Arc !

​Jeanne qui réclamait des habillements de guerre aux habitants de Riom, le 9 novembre 1429, a visiblement voulu habiller la pensée des maîtres de l’Action Française. Le futur prisonnier de Riom, Charles Maurras, n’a vu dans l’armure de Jeanne que la confirmation de sa propre méthode, l’empirisme organisateur.

​Léon Daudet a, en revanche, découvert en Jeanne la Pucelle la synthèse du chevalier et de la Dame, comme Christine de Pisan :

​Hé ! Quel honneur au féminin

​Sexe que Dieu aime…

​La méditation de Daudet a revêtu une dimension théologique, historique et psychologique qui arme, aujourd’hui, les français d’un nouveau mot d’ordre : mystique d’abord  !

Faisons nôtre son enthousiasme : «  Il n’y a rien, ici-bas, depuis le Sacrifice de la Passion, de plus beau, de plus pur, de plus miraculeux que l’histoire de Jeanne d’Arc, qui semble une suite des Évangiles, où le Divin palpite dans l’Humain !  »

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