L'aventure France en feuilleton : Aujourd'hui (37), les Cimbres et les Teutons (3)...
Nous sommes maintenant en 102, les barbares sont de nouveau là, et cette fois ils ne partiront plus. Le choc décisif est maintenant inéluctable et imminent.
A partir de là, mais ils ne le savent pas, tout est joué d'avance; les barbares sont perdus et la victoire de Marius est certaine. Encore faut-il la concrétiser, car dans les esprits le défaitisme fait des ravages; et si Marius et Marthe ne doutent pas une seconde du succès final, ils sont bien les seuls.
Depuis onze ans les populations du sud de l'Europe vivent dans l'angoisse et la terreur; dans la certitude que tout est perdu et que les barbares vont ravager les dernières terres qu'ils n'ont pas encore réduites en cendres.
C'est avec cette armée démoralisée que Marius (et Marthe...) vont remporter la bataille décisive, et ce faisant sauver Rome, et la Civilisation.
Le combat aura lieu en Provence, dans cette Provincia avant-poste de Rome, où fleurissait alors la Massalie. Les Grecs étaient depuis toujours alliés aux Romains, et encore plus face aux Cimbres et aux Teutons. Sauver Rome c'était sauver Marseille et son empire, et réciproquement. C'est la raison pour laquelle toute la population, grecs et romains confondus, seconda le Consul Caïus Marius; et c'est dans ce soutien unanime qu'il faut voir l'une des clés de sa réussite.
Suivons maintenant, sur le terrain, le plan de Marius et le piège dans lequel il a attiré les barbares. Et nous verrons comment la toponymie des lieux a bien gardé, deux mille ans après, le souvenir de ce gigantesque affrontement qui a eu lieu chez nous...
Pendant leur présence en Espagne, Marius a minutieusement repéré le terrain, et choisi l'endroit où il veut leur livrer bataille : ce sera près d'Aix. Encore faut-il empêcher les barbares de suivre le littoral, qui est le chemin le plus court. Marius va donc les forcer à remonter le long du Rhône.
A hauteur de Fos, dans cette zone marécageuse facilement franchissable où divaguait le fleuve, il crée un canal pour "ammener le Rhône jusqu'à la mer", comme le dit Plutarque : ce seront les Fosses Mariennes (Fossae Marianae), dont le nom de Fos est directement issu.
Tout comme, juste à côté, l'étang de Berre est le Marthicum, l'étang de Marthe, donnant son nom à Martigues.
Les barbares, ne se doutant de rien, remontent donc cet obstacle liquide : barbares à gauche du Rhône, Romains à droite; les adversaires s'observent, s'épient. A hauteur d'Ernaginum (près de Saint Rémy), le général fait attaquer une petite partie de l'arrière garde barbare, qui s'était égarée; ses soldats, pour la première fois depuis des années, mettent en pièce des barbares : résultat dérisoire d'un strict point de vue militaire, mais incalculable pour le moral : les légionnaires viennent d'apprendre que les barbares ne sont pas invincibles, qu'on peut les dominer, et que leur général peut les mener à la victoire !
Ils rentrent dans leur campement en hurlant Morti sunt ! Morti sunt ! en parlant des barbares qu'ils ont tués : c'est l'origine du nom de l'actuel quartier des Mortissons, à Saint Rémy...
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