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Bioéthique : La France confrontée à une culture de mort (23), par François Schwerer. Annexes (5/6)...

L'étude de notre ami François Schwerer s'est donc achevée ce vendredi dernier, 3 février .

Cet ensemble constitue une véritable somme, aussi bien par son importance que par son intérêt.

Nous en avons commencé la publication le vendredi 10 janvier, et l'avons poursuivie du lundi au vendredi inclus, comme nous l'avons fait, par exemple, pour l'étude de Pierre Debray, Une politique pour l'an 2000.

Pour suivre et retrouver ces textes plus commodément, nous avons regroupé la totalité de cette étude, vu son importance, dans une nouvelle Catégorie : François Schwerer - Bioéthique : culture de mort : vous pourrez donc retrouver donc l'ensemble de cette chronique en cliquant sur le lien suivant :

François Schwerer - Bioéthique : culture de mort...

Nous avons redonné chaque jour le plan de l'étude, afin que le lecteur puisse correctement "situer" sa lecture dans cet ensemble; voici maintenant le plan des Annexes et textes divers, que nous publierons jusqu'à vendredi prochain, inclus, date finale de la publication de cet importante contribution :

Annexe 1 : Les lois de bioéthique.

Annexe 2 : Le projet de loi bioéthique : une horreur peut en cacher une autre.

Annexe 3 : La loi de bioéthique est essentiellement une loi discriminatoire.

Annexe 4 : Bioéthique : on a ouvert la boîte de Pandore...

Annexe 5 : La loi de tous les dangers.

Annexe 6 : Sondage IFOP pour les AFC / Prière de Jean-Paul II /Quelques statistiques / Lettre pastorale de l'évêque de Bayonne.

Schwerer.jpg5. La loi de tous les dangers

 

C’est ainsi que le président Macron en a présenté le projet aux Parlementaires du groupe de La République en marche, avant d’ajouter, comme pour se rassurer, « mais il a été très bien préparé ». Tellement bien que, comme l’a fait remarquer un député de l’opposition, Thibault Bazin, « Toutes les portes que vont ouvrir ces changements n’ont pas été identifiées ». Sans compter le fait que la discussion en commission spéciale a montré que de nombreuses questions n’avaient pas été tranchées et ne pouvaient l’être en l’état actuel, faute de données sérieuses sur le sujet. Mais cela ne fait rien. On continue (1).

Cette loi – que Madame Buzyn a, pour sa part, qualifiée de « chance et même privilège (2) pour notre société » – porterait-elle donc autant de danger que l’a dit le président Macron ? Et, si oui, lesquels et pourquoi ?   

(1) : Un exemple de conséquence non mesurée a été administré par le ministre de la santé, Madame Buzyn, lorsqu’au moment de la discussion sur le « diagnostic préimplantatoire », elle n’a pas su comment argumenter et a fini par s’écrier : « Quelles sont les maladies que l’on ne souhaite plus voir vivre ? »

(2) : Les privilèges n’ont-ils pas été abolis une certaine nuit du 4 août ?

 

1/. La destruction de la famille et de son chef

 

En voulant généraliser la procréation médicalement (sic) assistée aux couples de femmes et aux femmes seules, sans aucune raison pathologique, le gouvernement franchit une nouvelle étape dans la destruction de la famille traditionnelle. En effet, ce n’est pas simplement l’enfant que l’on prive de père, ce n’est pas non plus uniquement la femme dont on dévalue la maternité (puisque désormais sera réputée « mère » la compagne de la mère véritable), c’est aussi l’homme que l’on mutile, le père que l’on achève de tuer.

Le journal La Croix donne la parole – dans son numéro du 24 septembre 2019 – aux disciples du psychiatre anglais John Bowlby. Pour eux, « dans la fonction paternelle, seul compte réellement le rôle éducatif du père, qui produit « l’attachement » nécessaire au développement de l’enfant ». Dès lors, explique le psychiatre Antoine Guedeney, « l’important est que l’adulte puisse se rendre disponible dans les moments de stress vécus par l’enfant », que cet adulte soit une ou deux femmes, un ou deux hommes : « De ce point de vue, le fait que les parents soient deux hommes, deux femmes ou un homme et une femme ne présente pas de différence. (…) Il en va de même quand une personne choisit d’avoir un enfant seule ». L’argument principal évoqué pour justifier la PMA ouverte à toutes les femmes est de dire que l’important est l’amour qu’elles portent à leur enfant. Mais comment peut-on croire à cet amour si, par égoïsme pur, elles privent leur enfant d’un père ?

D’autre part, si cette question de la disponibilité à l’enfant est la seule qui compte, il n’y a aucune raison de ne pas ouvrir la GPA aux couples d’hommes et aux hommes seuls, c’est une question d’égalité. Sauf à sous-entendre que l’homme n’est pas capable de se rendre disponible pour son enfant.

Mais ici, on ne situe l’homme que par rapport à la femme (simple fournisseur de gamètes) et par rapport à l’enfant (suspect de ne pouvoir créer ce lien d’attachement entre lui et l’enfant). On ne s’intéresse pas à l’homme en lui-même, ni à son épanouissement personnel, ni à son rôle dans la famille. Le père Stalla-Bourdillon explique bien pourtant cet autre enjeu dans Le Figaro du 23 septembre 2019 : « La future législation fera l’impasse sur un processus d’apprentissage décisif : la conversion de la force (l’homme) en service (le père). Ainsi la paternité n’est pas tant une affaire de biologie ou d’éducation que d’une dynamique de transformation où le « grand » se met au service du « petit », le « fort » au service du « faible » (l’enfant). La paternité n’est donc visible qu’en action et non de manière statique ou attitrée : il y a plus dans un père qu’un géniteur ou qu’un éducateur, il y a un témoin. L’homme devient père en ce qu’il sert le petit enfant que sa femme lui donne et il honore ainsi ce don ». La vision portée par le projet de loi ne fait pas que mutiler le père mais mutile aussi la mère (puisqu’elle n’est pas honorée dans le don qu’elle fait à l’homme et à l’humanité) et mutile encore l’enfant. En effet, celui-ci n’étant pas élevé par un père ne reçoit pas « dans la mémoire de son corps que l’humanisation est le passage de la force dominatrice à la force servante ».

Or la vérité de ce passage de la force dominatrice à la force servante s’appelle l’amour. En dehors de cette vérité, l’amour s’arrête à l’amour de soi et l’on comprend que les psychiatres craignent que les couples de femmes ou les femmes seules ayant accédé à la maternité grâce à la PMA ne se révèlent des mères possessives, castratrices. 

 

2/. L’enfant n’est plus qu’un objet, sans droits, que l’Etat cherche à s’approprier

 

Lorsque l’on ouvre la PMA aux couples de femmes et aux femmes seules, on met en avant la réalisation du désir de maternité de toutes les femmes. Elles doivent pouvoir le satisfaire ; elles acquièrent donc ainsi un droit à l’enfant quoiqu’en puisse prétendre tel ou tel ministre, tel ou tel parlementaire. Mais, dans le même temps, et cela est encore plus grave, elles privent l’enfant du droit de connaître son père. Il en résulte que quand l’enfant devient ainsi objet d’un droit il perd sa qualité de sujet de droits.

Pour justifier l’avortement les tribunaux avaient déjà considéré que l’enfant conçu mais non encore né ne pouvait pas se voir reconnaître tous les droits d’une personne dans la mesure où il n’était qu’une « personne potentielle » ; avec la PMA il n’est même plus une personne, il est devenu un simple objet conçu – fabriqué – pour répondre au désir de maternité d’une femme… et, demain au désir de paternité d’un homme.

Or, cet objet, l’Etat va chercher à se l’approprier. Il est déjà l’objet des sollicitudes de celui-ci comme l’a annoncé le président Macron : dès le troisième mois de sa conception l’Etat accompagnera les parents pendant mille jours. Il fallait combler un vide entre le moment de la conception et celui de l’âge où la scolarité devient obligatoire. C’est en effet encore « un espace que la société n’a pas organisé et a délégué à l’espace privé » a osé déclarer le président. Comme le fait remarquer Guillaume de Prémare, « c’est un renversement sémantique à peine croyable en même temps qu’un aveu : la famille serait en quelque sorte une délégation de service public ! Cela signifie que l’éducation du jeune enfant serait de la responsabilité de l’Etat, une responsabilité simplement déléguée à la famille ! »

Les parents doivent être pris en charge par l’Etat qui les « accompagnera » dans leur cheminement. Il n’est pas encore né, il n’est que « potentiel » mais déjà l’Etat cherche à mettre la main dessus, si toutefois un avortement ne vient pas mettre un terme à l’aventure. Mais, au-delà du troisième mois de grossesse, la femme qui voudra obtenir un avortement thérapeutique devra-t-elle obtenir préalablement le consentement de l’Etat ? Que se passera-t-il si l’Etat le lui refuse ? Devra-t-elle partir à l’étranger ? Et engagera-t-elle alors sa responsabilité ? A l’inverse, si l’Etat considère que la santé de la future mère est menacée, lui imposera-t-il d’avorter ? Et si elle refuse, sera-t-elle privée alors de l’aide de la Sécurité sociale ?

La loi, si elle est votée dans son état actuel, prévoit d’ailleurs déjà un nouveau droit pour l’Etat de disposer des enfants à naître puisque les diagnostics médicaux préimplantatoires seront préconisés par de simples recommandations (sic) publiées par arrêté du ministère de la Santé. Et, le diagnostic in utero sera étendu, sans restriction. Bien entendu, cela ne doit pas conduire à un quelconque eugénisme assure Madame Buzyn, mais les investisseurs étrangers se félicitent déjà de l’émergence d’un nouveau marché qui devrait être lucratif, celui des « enfants parfaits ». Certes, ce marché n’est encore qu’en gestation mais déjà, aux Etats-Unis les étudiantes sont démarchées sur les campus universitaires pour vendre leurs ovules tandis qu’au Danemark la compagnie Cryos permet déjà de sélectionner les « donneurs de sperme ».

Avant d’en arriver au terme de cette évolution, une autre question a été mise au premier plan des discussions : celle des cellules souches embryonnaires. Pour le CCNE, les « cellules souches embryonnaires posent une question éthique différente de celle des embryons préimplantatoires ». Cet avis néglige totalement le fait que pour obtenir ces cellules souches embryonnaires il a d’abord fallu tuer l’embryon. Ce n’est qu’après cette « destruction », comme on dit pudiquement, que l’on ne peut s’intéresser qu’au fait qu’« elles sont incapables de se développer en un nouvel embryon (ce que la loi interdit) et n’ont rien du caractère symbolique de « personne potentielle » attribué à l’embryon ». Le projet de loi a donc pour objet de distinguer, comme l’écrit Damien Mascret dans Le Figaro du 23 septembre 2019, « le régime juridique des recherches portant sur les gamètes destinés à constituer un embryon de celui des embryons destinés à naître ». La loi n’autorise pas encore de faire des expériences sur les corps vivants mais accepte que ces corps soient tués pour que l’on puisse faire des expériences à partir des « matériaux » tirés des cadavres. Il y a donc désormais deux sortes d’embryons : ceux qui sont destinés à produire des naissances et ceux qui sont destinés à produire des connaissances ! 

 

3/. Pourquoi prendre tous ces risques ?

 

Il ne semble pas sûr que, lorsqu’il parlait de la « loi de tous les dangers », le président Macron ait eu en tête toutes ces questions. Il semble plutôt qu’il ait eu le souci d’expliquer à ses troupes qu’il fallait éviter de faire de la provocation de façon à apparaître comme les porteurs d’un projet « apaisé ». Si la discussion devait déraper, on pourrait ainsi accuser les opposants de ne pas respecter le débat démocratique. En digne héritier de François Hollande, il veut que la moindre fausse note soit le fait d’un déficit de pédagogie ou d’un défaut de communication. Le pouvoir est tout puissant. Si le peuple ne suit pas, ce ne peut être qu’une question de forme ; le fond ne peut pas être mis en cause puisque la délégation qu’il a reçue dudit peuple le jour de son élection lui donne un blanc-seing pour mettre en œuvre tout ce qu’il pense bon.

Il n’y a plus de principe intangible auquel l’homme doive se plier. Bien plus, il faut faire disparaître ces idées « datées ». Aujourd’hui « ce n’est pas à Dieu mais à l’humanité de poser des limites », comme l’a expliqué le professeur Frydman. En fait, l’homme s’est fait dieu et Jupiter n’est que le premier des dieux. Et il peut « tonner » ! C’est la loi et la loi peut tout. C’est d’autant plus facile que les députés qui ont été élus, dans la foulée de la victoire présidentielle et « pour donner une majorité » à celui-ci, n’ont été adoubés qu’à condition d’accepter de voter pour les textes soutenus par le parti ; la loi leur interdit de recevoir aucun mandat impératif de leurs électeurs. Certes, en ce qui concerne les questions d’éthique, les Parlementaires sont censés jouir d’une liberté de vote mais à condition de ne pas critiquer le fond du projet comme l’a appris à ses dépens Madame Thill.

La loi est donc celle de tous les dangers. Mais l’enjeu est à la hauteur des dangers encourus puisqu’il s’agit d’extirper de la conscience des Français tout ce qui, peu ou prou, se rattache à la loi de Dieu et de rendre l’Etat tout-puissant. Pour y arriver, il faut donc séduire l’opinion publique, en l’attirant par des arguments mensongers afin de s’identifier à Dieu. Dès lors toute personne qui s’oppose à ce projet est un ennemi du progrès qu’il faut combattre par tous les moyens. Avec ce projet de loi, « ce qui devient sacré, ce n’est plus le sujet de la loi – c’est-à-dire l’homme – mais la loi elle-même, qui réduit l’homme à un objet façonnable à merci » (1).

Tel est l’enjeu de ce texte… « de tous les dangers » !

 

(1) : Guillaume de Prémare, www.aleteia.org, 25 septembre 2019.

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