De la peste au coronavirus, par Gérard Leclerc
L’épidémie de coronavirus domine toute l’actualité, même en France. Tous les moyens d’information sont mobilisés pour nous donner le maximum de renseignements sur la maladie et les stratégies propres à s’en prémunir. Mais il n’y a pas que les États à être en cause. Tout le corps social se doit de réagir.
Impossible d’échapper à l’épidémie de coronavirus qui a explosé en Chine et dont on redoute qu’elle s’étende à l’ensemble du pays et au-delà de ses frontières. Mais que dire d’un tel fléau, sinon qu’on est obligé de faire confiance aux autorités médicales compétentes pour en limiter les effets ? L’on souhaite aussi que les autorités politiques soient à la hauteur de l’enjeu en organisant les forces disponibles et en prenant les mesures nécessaires en faveur du bon ordre des populations menacées. Et à propos de la Chine, on se demande d’emblée si le régime communiste, en vertu de la centralisation qu’il impose et de l’encadrement rigoureux qui est le sien, se trouve à même de faire face. Nos éditorialistes sont circonspects, plus que Donald Trump qui félicite du travail accompli. La poigne de fer du président Xi Jinping n’est pas seule en cause. Les structures provinciales ont-elles tardé à transmettre de mauvaises nouvelles à l’empereur rouge, se demande Le Figaro. Le Monde s’inquiète d’un système rigidifié qui réduit comme une peau de chagrin l’espace alloué à la critique et à la contestation.
Aussi loin que remontent nos souvenirs historiques, il apparaît que le rôle de l’autorité centrale ou locale est capital dans la maîtrise d’une épidémie. Il y a longtemps que l’utilisation de l’armée s’est avérée indispensable pour garantir un cordon sanitaire. Mais on se doit aussi de s’interroger sur l’attitude des populations elles-mêmes, sur les chaînes d’entraide qui se constituent de proche en proche. Nos amis marseillais font toujours mémoire de la belle figure de Mgr de Belsunce. Lors de la Grande peste de Marseille en 1720, il fut héroïque, non seulement par son dévouement auprès des malades, mais aussi pour son rôle de pasteur sachant galvaniser le peuple qui lui était confié par des gestes spectaculaires. Albert Camus s’en est souvenu dans son fameux roman intitulé précisément La peste. Plus tard, au XIXe siècle, son successeur, Mgr de Mazenod (canonisé par Jean-Paul II), se montra aussi exemplaire en luttant contre le typhus.
De tels exemples valent-ils pour aujourd’hui ? Sans doute, parce que face à pareille menace, les individus ne sont pas des atomes séparés. Ils se doivent un mutuel secours et ont besoin de figures ou de personnalités proches pour défier le fléau qui s’abat sur la cité.