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L’Union Européenne parle-t-elle au nom de la France ? par Christian Vanneste

Le Haut Représentant de l’Union Européenne pour les Affaires Etrangères et la Politique de Sécurité, le socialiste espagnol Josep Borrell vient d’appeler « Damas et ses alliés » à arrêter l’escalade de la violence…. L’expression est accusatrice et pointe du doigt le gouvernement syrien. Les citoyens des pays occidentaux ont subi depuis 2011 un tel déluge de désinformations allant toujours dans le même sens qu’ils ne prêtent plus attention à l’incongruité de la formule.

VANNESTE.jpgOn pourrait pourtant décrire la situation de toute autre manière : l’armée syrienne, avec le soutien des alliés présents à ses côtés à la demande du gouvernement légal de Syrie, libère le territoire de la présence de rebelles en grande partie venus de l’étranger. Plus d’escalade, mais au contraire le rétablissement du contrôle du gouvernement sur le territoire dont il a la charge. En opposant les deux points de vue, on mesure la partialité de ‘Union Européenne et de son « haut représentant ». Le voilà donc qui s’immisce dans la politique intérieure d’un pays souverain pour lui interdire de retrouver sa souveraineté sur la totalité de son sol, pour protéger une zone rebelle. De plus, de quels rebelles s’agit-il ? Qui détient le pouvoir dans cette zone d’Idlib ? De gentils membres de l’Armée Syrienne Libre, chevaliers de la démocratie contre le méchant dictateur Bachar Al-Assad ? Pas du tout ! C’est Hayat Tahrir Al-Cham, alias Al-Nosra, alias Al-Qaïda, les auteurs des attentats de New-York en 2001 et de Madrid en 2004 ! Ce sont ces terroristes qui ont pris le dessus dans cette région d’Idlib face aux groupes plus proches des Turcs et inspirés par les Frères musulmans. Les mauvaises langues pourraient penser que le socialiste espagnol nourrit une certaine reconnaissance envers ceux qui avaient fait basculer l’opinion espagnole en faveur de son parti en 2004 à la suite des attentats . Mais ce qui devrait choquer le plus, c’est que cette accusation, cet appel inversent les rôles et détournent l’attention de l’essentiel, de ce qui est vraiment inacceptable. Les Occidentaux, les Européens en particulier, ont eu un rôle peu reluisant dans la mascarade tragique du Printemps arabe, promesse illusoire de démocratie qui masquait le renversement des nationalistes arabes par les islamistes. S’ils ont combattu, bien lentement d’ailleurs l’Etat islamique (dont le chef s’était réfugié dans le secteur d’Idlib), ils ont soutenu les autres, Frères musulmans et même Al-Qaïda, dans le cadre d’une alliance avec la Turquie et les Pays du Golfe. L’opération ayant échoué grâce à l’intervention russe, comme une mouche se cognant sans cesse contre la vitre, l’Union Européenne ne cesse de dénoncer le péril humanitaire, les bombardements chimiques, les victimes civiles, comme si le problème n’était pas celui d’une région soustraite au pouvoir central par des terroristes ! Les Américains, dont la politique en Syrie manque pour le moins de clarté, font très fort : ils ont abandonné aux Turcs une bande de territoire auparavant occupée par leurs « alliés » kurdes, mais réservent à ceux-ci la production pétrolière syrienne entre leurs mains à l’est de l’Euphrate. De la piraterie internationale au détriment d’un Etat qui a besoin de se reconstruire !

La région que l’armée syrienne tente de reconquérir est celle que franchit l’autoroute qui relie Alep au reste de la Syrie « utile ». On mesure à quel point la reconstruction de cette ville où plus de la moitié de la population est restée prisonnière des djihadistes pendant de longs mois est tributaire de la libération de cet axe. Ce devrait être le souci majeur de l’Europe ! Mais celle-ci, une fois de plus plie le genou devant la Turquie d’Erdogan : il pourrait, en cas d’un nouvel afflux de réfugiés syriens fuyant les combats, lâcher les vannes qui retiennent les millions de ceux qui vivent sur le sol turc. L’Europe cède au chantage et n’a rien à refuser au sultan d’Ankara ! Celui qui a fomenté et alimenté la rébellion islamiste en Syrie, qui occupe illégalement une partie de la Syrie et un tiers de Chypre, membre de l’Union Européenne, a reçu 7 milliards d’Euros pour garder ses réfugiés et pour adhérer à l’Union, comme si cette adhésion était encore possible ! Aussi, plus rien ne l’arrête : il vient de signer un accord avec le gouvernement fantoche de Tripoli non seulement en vue d’intervenir militairement en Libye et d’empêcher la réunification du pays par le Maréchal Haftar, mais encore d’assurer la mainmise turque sur les ressources pétrolières de l’est méditerranéen au détriment de la Grèce, de Chypre, de l’Egypte et d’Israël. Une fois de plus cette ingérence turque s’effectue en soutien aux Frères musulmans de Misrata, ce port libyen dont les milices ont été le fer de lance de la chute de Kadhafi et sont la seule force importante de Sarraj. Nos « alliés » musulmans sont aujourd’hui divisés : Turquie et Qatar, proches des Frères musulmans, d’un côté, Arabie Saoudite, Emirats et Egypte de l’autre, avec le soutien de la Russie. Moscou contre Ankara en Libye, comme à Idlib ? Voilà qui est nouveau. Il est clair, en tout cas, que la France, dont les soldats sont engagés au Sahel, a tout intérêt à ce que la Libye soit réunifiée, et que les Frères musulmans, qu’elle avait stupidement appuyés en 2011, soient évincés de ce pays. Ce serait d’ailleurs l’occasion pour notre pays de retrouver sa place dans cette partie du monde où ses errements lui ont fait perdre sa crédibilité.

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