Rouen : un point sur la situation... (envoi d'un lecteur, des alentours de Rouen)
Nous avons reçu ce court billet hier après-midi; depuis, il est avéré qu'un premier incendie s'est déclaré avant celui-ci, dans une usine voisine; puis, que l'incendie de cette usine a d'abord démarré à l'extérieur (témoignages de passants et vidéos des caméras de surveillance); l'acte malveillant intentionnel est donc évident : simple "droit commun" ou terrorisme ? On verra... En tout cas, vu la dangerosité des produits manipulés dans l'usine, et l'amiante qui s'y trouvait, il est clair que tout le littoral de la Manche, jusqu'après notre frontière, est gravement "impacté" (comme on dit aujourd'hui dans le jargon), et que l'on a affaire à une véritable catastrophe économique (agriculteurs entre autres) et environnementale...
L'incident n'a pas fait de victimes mais pourrait avoir des répercussions environnementales.
Le spectaculaire incendie dans l'usine Lubrizol de Rouen classée Seveso a mis une partie de la ville à l'arrêt. Si l'incident n'a pas fait de victimes directes et a été maîtrisé jeudi à la mi-journée, plusieurs jours seront probablement nécessaires pour en venir à bout, avec une crainte de pollution de la Seine. Le préfet de Normandie et de Seine-Maritime Pierre-André Durand a en effet évoqué un "risque de pollution" par "débordement des bassins de rétention". Le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner a, de son côté, annoncé la mise en place du plan Polmar pour contrer les risques de pollution du fleuve.
Mais on s'inquiète jusqu'en Belgique et en Hollande, à cause du vent qui a transporté le panache de fumée - certes, en "l'affaiblissant" - jusqu'à ces régions, couvrant une zone évaluée à deux cent kilomètres de long sur dix de large...
L'usine Lubrizol, classée seuil haut Seveso, où travaillent environ 400 employés, fabrique et commercialise des additifs qui servent à enrichir les huiles et carburants mais aussi les peintures industrielles. Face à cette activité critique pour l'environnement et au risque de pollution, le ministère de l'Intérieur a donc annoncé la fermeture d'axes routiers alors que les campus universitaires de Rouen ont fermé leur portes, tout comme les écoles et les crèches, dont les autorités annoncèrent qu'elles ne rouvriraient que le lundi 30 septembre. En revanche, les habitants les plus proches du site ont été assez rapidement autorisés à regagner en soirée leur domicile.
Pas de toxicité aigüe dans l'air
Les transports en commun de l'agglomération de Rouen se sont également progressivement arrêtés ce jeudi-après midi et devraient reprendre vendredi 27 septembre. Une mesure de précaution prise par Transdev Rouen-TCAR pour assurer la sécurité des voyageurs et du personnel. Une décision qui "n'est pas justifiée" selon le préfet de Normandie et de Seine-Maritime. Interrogé lors d'un point presse, il a déclaré qu'il s'agissait d'un "choix des personnels" et qu'il n'y avait "aucun motif à faire valoir un mouvement de retrait".
L'incendie de l'usine classée Seveso a également contraint les éleveurs à rentrer leurs animaux et à laver leurs récoltes pour éviter toute contamination. La toxicité des retombées devraient être connues rapidement et des analyses ont déjà été réalisées. Pierre-André Durand a ainsi expliqué que "par mesure de précaution et à ce stade au vu des premières analyses, il n’est pas mesuré de toxicité aiguë dans l’air. Il est conseillé, dans l’attente de résultats actualisés des mesures de qualité de l'air sur les principales molécules, d’éviter dans l’agglomération de Rouen des déplacements non indispensables".
Une enquête ouverte
Créée en 1954, l'usine Lubrizol a connu plusieurs incidents significatifs sur ses deux sites principaux de Rouen et d'Oudalle, près du Havre. Le 3 septembre 2019 un feu s'était déjà déclaré dans la salle de filtration d'une unité d'Oudalle. En 2013, le site de Rouen avait été victime d'un incident lié à la décomposition chimique d'un bac de dialkyldithiophosphate de zinc se traduisant par l'émission d'un nuage de gaz mercaptans (très odorant).
Le préfet de Normandie et de Seine-Maritime a toutefois affirmé que cette usine "est aux normes telle que nous l'avons vue en 2019", "parfaitement à niveau". Il a cependant reconnu qu' "elle ne l'a pas toujours été" et qu'en 2017, "elle a fait l'objet d'une mise en demeure" en raison de "17 manquements" puis "la mise à niveau a été réalisée", a-t-il assuré. Une enquête pour déterminer l'origine de l'incendie, pour l'heure "inconnue", a été ouverte par le parquet de Rouen qui a débuté "les investigations dès ce jour".