Contre la PMA : la valse hésitation de l'Episcopat...

Manifestement, il y a du flottement dans l'épiscopat français, et, à l'occasion de la PMA et de la prochaine manifestation du 6 octobre à Paris, on entend le meilleur comme le pire... 

Le président de la Conférence des évêques, Monseigneur Eric de Moulins-Beaufort (photo ci dessus), avait d'abord commencé par appeler carrément à manifester : il avait même déclaré que c'était "le devoir" des catholiques que de le faire.

Puis, oppositions internes obligent, et - dit-on - désir de ne pas se "fâcher" avec Macron (!), le porte-parole de la CEF, Thierry Magnin, a pratiquement dit le contraire, en déclarant que l'Eglise n'a pas à "dire" s'il faut manifester le 6 octobre contre le projet de loi bioéthique" !

Qui a dit "ordre plus contre-ordre égale désordre ?

Cette cacophonie au sommet de la hiérarchie catholique ne présage rien de bon...

Certes, on savait que le remplacement de Monseigneur Vingt-Trois - impeccable durant la crise du Mariage pour tous... - par un Monseigneur Pontier, tout acquis aux thèses pro-migrantes et tout entier soumis aux autorités du Pays légal, signifiait une remise au pas de cette Eglise qui semblait avoir des velléités de... redevenir elle-même : quelle arrogance, au pays de la Nouvelle religion républicaine !

Mais on avait vu arriver une personnalité comme l'archevêque de Paris, Monseigneur Aupetit, qui semble faire l'unanimité et qui renvoie une image enthousiasmante de l'institution, surtout par son attitude à l'occasion de l'incendie de Notre-Dame.

Et puis Monseigneur Pontier, malade, fut remplacé par Eric de Moulins-Beaufort, qui semblait, dirons-nous, plus énergique...

Energique, il le fut donc, dans un premier temps, en appelant à manifester, ce 6 octobre.

Puis vint le communiqué alambiqué à l'extrême de son porte-parole :

"Notre posture est la suivante: il appartient à la CEF d'avoir une parole claire, nette et précise sur le projet de loi..." (qui prévoit notamment l'extension de la PMA pour toutes les femmes, ndlr)....Par contre il ne nous appartient pas d'appeler à manifester ni de jeter l'opprobre sur ceux qui iront" (Thierry Magnin, ci-contre, au Parisien).

On aurait presque envie de lui dire, en reprenant une chanson très triviale : "Tu veux, ou tu veux pas ?..."

En somme, et pour résumer : résultat des courses et état des lieux :

- on a d'un côté des citoyens - catholiques ou non - inquiets du projet de loi bioéthique a qui il a été dit qu'ils avaient "le devoir" de manifester aux côtés des opposants à ce texte;

- mais, de l'autre côté, une autre voix, très proche de la première, qui dit : "Se manifester, oui. Aller manifester le 6 octobre, ce n'est pas à nous de le dire. Il n'y a pas que la rue pour s'exprimer... Manifester le 6 octobre est une possibilité mais en tout cas ce n'est pas celle qu'Eric de Moulins-Beaufort et moi-même nous choisirons. Mais chaque évêque est libre... Aujourd'hui il nous semble beaucoup plus important de faire une recherche sur le fond que d'utiliser un moyen politique, la manifestation, qui peut diviser" (Thierry Magnin).

Qui a tapé sur les doigts de Monseigneur de Moulins-Beaufort ? Simplement ses frères évêques (on en a si peu d'excellents, en France !...) ou, carrément, l'Elysée ?

PS : une fois cette note rédigée, deux prises de position d'importance ont été portées à la connaissance du public :

1. Monseigneur Aupetit (ci-contre) a publié un entretien dans Famille chrétienne (n° 2175 semaine du 21 au 27 septembre) dans lequel il réaffirme et maintient sa position (il n'est pas une girouette, lui...) : "Nous ne nous mobilisons pas seulement pour l'immédiat mais pour l'avenir... L'Histoire montre que ce sont les résistant qui transforment le monde, la masse des moutons indifférents ou résignés ne change rien..."

2. Plusieurs voix se sont élevées, en opposition radicale à la PMA : du philosphe Bertrand Vergely ("Gravissime... On veut nous faire croire que l'impossible est possible !") au docteur Raphaël Nogier : "Deux femmes voulant avoir un enfant ; qu'est-ce que cela a à voir avec la médecine ? Elles ne sont pas malades, elles ne sont pas infertiles. Je n'ai pas fait médecine pour fabriquer des orphelins !"; ou à Aude Mirkovic, auteur de PMA, un enjeu de société : "Cette loi nous concerne tous ! On ne peut pas laisser passer une loi sur la privation légale du père sans réagir. Ecrivez à votre député !"

3. Enfin, hier, dimanche, France info a donné la parole à Jean-François Mattéi, ancien ministre de la santé, qui a rappelé ceci : "les psychiatres et pédo-psychiatres nous disent qu'ils ne peuvent pas toujours nous dire quel rôle joue exactement le père, mais qu'ils peuvent nous dire les conséquences catastrophiques du manque de père..."