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« Greffage de couilles », « bruit de chiottes » : petit dictionnaire de la grossièreté en politique

 

Excusez, chers lecteurs, les grossièretés en titre. Elles ne sont pas de nous, mais de nos élites politiques. Elles les dépeignent. Elles disent leur niveau. Théophane Le Méné s'est étonné de cette vulgarité des politiques [Figarovox, 09.03]. Et il le fait dans ce langage parfois curieux qui est le sien... Pour lui, la gouaille a quelque chose de si spontané, de si simple et de si vrai qu'elle ne sied pas à une classe politique calculatrice, doctorale et artificielle.   LFAR

 

Mené.pngPolitique, si tu parles vrai, agis vrai en mode greffage de couilles

Jean-Luc Mélenchon a « craché sa race » pour pouvoir « ramasser du fric » lorsqu'il travaillait comme journaliste pigiste pour nourrir sa famille. Najat Vallaud-Belkacem, interrogée sur les rumeurs de départ de Manuel Valls, les qualifie de « bruits de chiottes ». Nathalie Kosciusko-Morizet, au détour d'un portrait dans le journal Le Monde, illustre son courage et sa ténacité en expliquant « être en mode greffage de couilles ». Florilège de cette dernière semaine politique où l'on parle dru et cru, comme si le discours politique devait désormais se retenir de toute retenue et se doper à la testostérone. Certes, la dérive langagière de nos représentants politiques ne date pas d'hier et de nombreux dictionnaires compilent l'histoire des outrances politiques sur plusieurs siècles. Mais d'autrefois, quelle finesse, quel verbe, quelle verve - tant et si bien que nous ne permettrions plus qu'un autre nous les serve.

Peut-être faut-il le comprendre, sous la pression des questions, des joutes oratoires et avec une certaine dose d'énervement et de lassitude, ce qui est refoulé devient expression de foule. Les réseaux sociaux, l'omniprésence des caméras, la vitesse de l'information ne permettent plus à ceux qui incarnent la représentation d'échapper à leurs fonctions et alors tout explose. Mais il manque à ce vocabulaire que l'on retrouve dans les rues, dans les bistros, dans les manifestations et dans les foires, ce petit quelque chose que tout un chacun accepte avec une certaine complaisance ; ce petit quelque chose où la grossièreté rend hommage à la bienséance sous l'œil de la bienveillance : un mot de Cambronne, Rimbaud interrompant la récitation d'Auguste Creissels en clamant « merde », par exemple.

C'est que la gouaille a quelque chose de si spontané, de si simple et de si vrai qu'elle ne sied pas à une classe politique calculatrice, doctorale et artificielle. Certes, la langue de bois exaspère ; mais elle reflète si bien ceux qui en usent et en abusent que nous avons fini par l'accepter comme la psyché de ces derniers. C'est ainsi que l'on constate avec quelle précaution les élites discourent lorsqu'il s'agit de se conformer à un discours dominant. Et c'est ainsi aussi que l'on note avec quelle trivialité ils traitent des questions de ceux qui n'ont pas le privilège d'être dans le camp du bien. Faudrait-il le formuler autrement que l'on conviendra qu'à l'instar d'un double discours sur le fond, il existe un double discours sur la forme. Et qu'il est évident que le technocrate de Bruxelles peut se fendre des pires grivoiseries, il ne pansera ni l'âme de l'agriculteur, ni celle du chasseur. Qu'un ministre de l'Education peut bien s'essayer aux expressions populaires, elle ne le sera pas plus en rejetant les populistes. Qu'une polytechnicienne peut évoquer les bourses, s'il faut faire une analogie, ce sera avec les grandes places financières.

L'incroyable force du logos est de désigner à la fois le discours et la raison. Lorsque l'on se plaît à écumer les bars et à s'immiscer dans les conversations de bistro, on pardonne volontiers la gauloiserie car il y a une métaphysique entre ce qui est dit et ce qui est pensé. C'est le peuple qui parle. Mais que ceux de la haute se mettent à user d'un langage qui n'est pas le leur tout en vouant aux gémonies les discussions de comptoir, cela sonne faux. Et les béotiens ne sont pas des chevreaux à qui l'on montre patte blanche de telle façon.   

Théophane Le Méné

Commentaires

  • La grossiéreté et pire sa cousine la vulgarité ont remplacé l'esprit et l'humour qui faisaient notre réputation. Les femmes pour copier et occuper un statut d'homme se croient obligées d'en rajouter. La trés bourgeoise NKM est grossière comme une duchesse et la poseuse Belkacem est vulgaire tout comme Sarkozy .et bien d'autres ... "Dommage "(pour parodier Talleyrand) "que de si grandes personnes soient si mal élevées " hélas ils donnent en tous points l'exemple et représentent notre République etceci n'est rien comparê à leurs fautes de connaissances en matiëre de protocole!

  • HONTE A LA PARITE ET HONTE NOUS QUI AVONS FAIT EN SORTE QUE LES HOMMES ET LES FEMMES TROUVENT LEUR CHEMIN DANS LA LIBERTE ET LA QUALITE

  • Reçu de SOS Education
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    « Madame la ministre,

    Mes élèves à moi apprennent à dire "wesh", "nique", "encule", "salope" dès le primaire.
    Mes élèves à moi grandissent très souvent dans des familles où les parents ne parlent pas français, et où le summum de la réussite consiste à passer manager chez KFC.
    Mes élèves à moi n'écoutent pas Boris Vian et Desproges, ignorent l'existence de Bach et Mahler. Mes élèves à moi n'ont droit qu'à Booba, La Fouine, Orelsan et Gradur.
    Mes élèves à moi doivent passer dix minutes sur chaque vers de Du Bellay pour espérer comprendre quelque chose. Parce que leur référentiel principal, c'est Nabila et Touche pas à mon poste.
    Mes élèves à moi poussent dans un environnement où les filles doivent dès la 6eme s'habiller et se comporter en bonhommes, ou se voiler, si elles veulent avoir la paix. Mes élèves à moi découvrent le porno bien avant d'avoir la chance de rencontrer Balzac.

    Nos élèves, madame la ministre, comprennent que s'ils veulent s'en sortir, accéder aux postes que leurs talents et un travail acharné leur feraient mériter, ils doivent d'abord se défaire de leur codes vestimentaires et langagiers, découvrir les pronoms relatifs, atteindre le pluriel et le passé simple, se reposer sur le subjonctif. Ils savent, croyez-moi, madame, que si je m'escrime à leur faire répéter dix fois une phrase avec la bonne syntaxe et le ton juste, c'est parce que je refuse que nos lâchetés et nos faiblesses fassent d'eux ce que la société imagine et entretient : des racailles, des jeunes privés d'avenir car privés d'exigences, de langue, de style, de beauté, de sens, enfin.

    Nous luttons quotidiennement au milieu de nos gosses de REP et REP+ contre les "salope !", "sale chien !", "tu m'fous les seum !". Nous luttons pour leur donner une noble vision d'eux-mêmes quand tout pousse au contraire à faire d'eux des êtres hagards, décérébrés, violents. Nous tentons de leur transmettre le Verbe, dans un monde qui ne leur offre qu'Hanouna et Ribéry. Nous ne passons pas nos journées à jouer les thuriféraires de la pensée unique, rue de Grenelle, nous. Nous ne nous faisons pas de courbettes entre deux numéros de cirque à l'Assemblée Nationale. Nous avons les pieds dans la boue, une boue qui nous donne quelquefois la nausée, tant nous sommes seuls, et isolés, et décriés, tant notre tâche paraît ridicule et vaine.

    Quand donc, à la radio, madame la ministre, vous lâchez votre "bruit de chiottes", en bonne petite bourge qui ne voudrait pas avoir trop l'air d'être loin du petit peuple, qui ne voudrait surtout pas faire le jeu de cet abominable élitisme dont tout le monde sait que notre société crève, n'est-ce pas, quand donc vous vous soulagez verbalement, ce n'est pas tant votre fonction que vous abîmez : c'est notre travail auprès des élèves, nos mois d'épuisement et leur espoir, nos années de travail et leurs efforts, nos séances passées à essayer de leur dire que ce n'est pas parce que ce monde-ci est laid qu'il faut lui ressembler.

    Vous avez réussi, en quelques mois, à démontrer avec éclat votre conformisme, votre arrogance, votre paresse intellectuelle. Nous n'ignorions rien de tout cela. Désormais, nous savons que vous êtes aussi vulgaire. On ne vous mettra pas de 0/20, puisque vous avez aussi décidé que l'évaluation, c'était mal, péché, Sheitan, vilainpasbeau. Vous aurez simplement gagné le mépris absolu de milliers d'enseignants qui bien souvent, eux aussi, quand ils sont un peu à bout, aimeraient en lâcher une bonne grosse bien vulgaire, en classe, mais se retiennent, par souci d'exemplarité. »

    Je crois que l'on ne saurait mieux dire... n'hésitez pas à faire suivre ce message à vos amis !

    Claire Polin
    Présidente de SOS Éducation

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