Remplacer le président de la République...
par Jean-Philippe Chauvin
Ainsi, selon un sondage de ce début d’année, 74 % des Français ne veulent ni de M. Sarkozy ni de l’actuel président M. Hollande : pourtant, il y a quelques (mal)chances que l’un des deux soit élu ou réélu en 2017… Bienvenue en république d’Absurdie ! Le pays légal a tendance à se reproduire sans discontinuer, dans une tendance (presque) dynastique qui rappelle néanmoins plus l’empire romain que la monarchie capétienne : peut-on s’en satisfaire ?
Ma réponse est non, évidemment non ! Certes, je ne suis pas de ceux qui pensent qu’un échec politique doit forcément entraîner une mise à la retraite d’office comme je ne suis pas partisan d’une sorte de jeunisme qui voudrait que tous ceux qui ont dépassé la soixantaine devraient se taire définitivement et laisser la place à de jeunes loups aux dents encore plus longues que leurs prédécesseurs. Mais il me semble que les hommes politiques qui aspirent à exercer la magistrature suprême de l’Etat doivent entendre les doléances des citoyens et savoir, au moins pour un temps, s’extraire de leur bulle médiatique pour revenir aux réalités du moment sans négliger les perspectives de l’avenir.
Bien sûr, MM. Sarkozy et Hollande n’écouteront qu’eux-mêmes, persuadés de leur irremplaçable particularité, et, peut-être sinon sans doute, l’un des deux se trouvera confirmé dans cette impression par le verdict du second tour de l’élection présidentielle. Cela changera-t-il pour autant ce désagréable sentiment populaire que le vainqueur n’est là que par défaut, que par le « chantage au pire », comme on a pu le voir, dès 2002 à cette même élection, ou ces semaines dernières lors des élections régionales où les électeurs socialistes se trouvèrent acculés à mener campagne pour des listes de droite qu’ils n’aimaient pas vraiment ?
Les Français sont attachés à l’élection du président de la République au suffrage universel direct, c’est indéniable, mais ils en constatent pourtant de plus en plus les effets pervers sans pouvoir, pour l’heure, imaginer autre chose que cette magistrature suprême élective. Le royaliste que je suis le constate et le regrette, mais ne se contente pas de cette constatation et de ce regret : la proposition monarchique me semble le meilleur moyen de neutraliser les petits jeux de clientèles et de féodalités partisanes en arrachant la magistrature suprême à l’élection, fût-elle populaire chez nos concitoyens. Certains y verront un sacrifice de leur possibilité de choix qui, pourtant, est de moins en moins une liberté et un choix réel, si ce n’est entre deux « moins pires » (sic !), et qui ouvre plus à la frustration et à désillusion qu’à la joie et l’espérance…
D’autre part, laisser au hasard et à l’hérédité non choisie le soin de désigner le Chef de l’Etat permet l’indépendance de celui-ci et cette possibilité d’arbitrage au-dessus des partis et au-delà des différences et des diversités politiques sans pour autant les nier ou les écraser. Une possibilité d’arbitrage mais aussi de décentralisation (voire de fédéralisation) sans mettre en danger, pour la France, l’unité entre ses multiples parties historiques (et je ne parle pas de la caricature de régions créée par la récente réforme territoriale), le monarque incarnant cette unité à la fois historique et contemporaine, et « centrant » l’Etat sans pour autant centraliser tous les pouvoirs politiques dans le sein parisien.
Et les électeurs là-dedans ? Dans une Monarchie active et arbitrale telle que je la souhaite, il n’est pas impossible de leur donner le pouvoir concret, par le suffrage universel direct, de désigner, au-delà des députés et des élus régionaux, les présidents d’assemblée et, pourquoi pas, le premier ministre lui-même sur un programme gouvernemental qu’il lui appartiendra de mettre en œuvre ou, plutôt, sur une ligne d’objectifs qu’il lui reviendra de suivre ou de faire valider par le recours (alors plus fréquent) au référendum. Le roi, quant à lui Chef de l’Etat, fixerait le cap politique à long terme (en particulier dans les domaines sociaux et environnementaux) et aurait charge de représenter l’Etat à l’intérieur comme à l’extérieur, de mener la diplomatie française dans le monde et de négocier (et garantir) la parole de la France au sein des institutions internationales : en somme, à lui l’autorité et l’arbitrage ; aux ministres, députés et élus locaux, la gestion des affaires économiques dans leur cadre d’exercice et de pouvoir ; aux citoyens, les libertés d’expression et de désignation de leurs pouvoirs politiques de proximité et centraux, ainsi que la « démocratie directe » au sein de leurs cadres politiques et sociaux locaux et nationaux, voire européens… C’était, à peu de choses près, l’esprit du programme monarchique du marquis de La Tour du Pin, dès la fin du XIXème siècle : « l’autorité au sommet, les libertés à la base », pourrait-on dire. Un programme toujours d’actualité et de nécessité, ne serait-ce que pour rendre à nos concitoyens le goût de la politique et de l’action, contre le fatalisme et l’indifférence… •
Commentaires
J'apprécie...Je suis (presque) totalement d'accord, particulièrement sur la fonction d'arbitrage du Roi. Le Comte de Paris, grand-père du Duc de Vendôme, la proposait nettement. Mais: "monarchie active", il me semble que cette expression doit être précisée. Par ailleurs, "le roi fixerait le cap politique à long terme"; je crains que ce soit lui donner une responsabilité dangereuse. N'Est-ce pas au pouvoir exécutif élu à fixer ce cap politique à long terme"? Le Roi, quant à lui, pourrait le garantir par sa présence symbolique au-dessus des partis...Peut-être pourrait-il donner son assentiment sur un projet très largement consensuel ou....se taire dans tout autre cas...Hugues NOEL...
On ne peut être que d'accord avec cette vision du pouvoir royal en France. Mais...mais qui va donner aux gens de France l'envie de changer de gouvernance. Nous sommes pour la majorité des pleutres, râleurs c'est certain, mais incompétents en politique; alors nous craquons en bagarre de rue. Un roi et un royaume nous sauverait de la perte de notre pays qui se dessine jours après jours, devant nos yeux; et nous ne sommes pas capables de réagir, subissant la gestion de l'UE qui rêve sur un nuage loin du pragmatisme du terrain.
L'illustration de ce billet (n°22-mars 2007) me fait regretter la disparition des Epées, mensuel monarchiste de haut niveau, non inféodé.
Pour ce qui est du fonds, je crois que le roi revenu doit se cantonner à protéger le domaine strictement régalien en plus de sa fonction d'incarnation de la nation et de point fixe moral.
Le domaine public se chargera du reste, s'il n'est pas diminué pour libérer les énergies à la base. Plus d'Etat en haut, moins d'Etat en bas.
C'est pourquoi je ne chargerais pas la barque avec l'environnement et le code du travail, comme le fait monsieur Chauvin.
L'article de Monsieur Chauvin est rafraîchissant et offre une bouffée d'air pur à respirer. Pendant plus de dix siècles, la France fut un royaume. Aujourd'hui, la question peut se poser pour beaucoup d'entre nous : et si la France devenait à nouveau le Royaume de France qui a su unir pendant si longtemps ses habitants sur l'essentiel plutôt que de prolonger la République Française qui conduit aux divisions même et surtout à son sommet ? Il y a beaucoup de leçons à tirer des évènements survenus depuis la Révolution. Les royalistes de cœur ont beaucoup appris. Il faut assurément un Roi à la France mais il faut que l'institution royale soit protégée. Protégée contre elle-même et contre tout ce qui peut la menacer de l'extérieur dans sa stabilité et sa durabilité. Il faut se garder d'aborder trop vite la question royale en termes de répartition des pouvoirs de façon directive. La question est sujette à d'amples débats et polémiques sans fin, caractéristiques de notre pays. La question préliminaire est de savoir si pour les français, l'institution royale est acceptable comme alternative à celle d'une présidence de la république dont le titulaire est élu au suffrage universel pour un mandat limité dans le temps. Ensuite, il est essentiel de faire en sorte que l'institution royale soit parfaitement conforme et cohérente avec la démocratie. Les exemples sont nombreux, en particulier en Europe, de démocraties respectables voire remarquables dans lesquelles coexistent un système parlementaire et démocratique et une une institution royale. Contrairement à ce que beaucoup pensent, notre république n'est pas un modèle indépassable de bonne gouvernance démocratique.
"La proposition monarchique me semble le meilleur moyen de neutraliser les petits jeux de clientèles et de féodalités partisanes ..." : je pense qu'on peut aussi rajouter le moyen du tirage au sort des élus de base. Monarchie arbitrale et tirage au sort, voilà la recette d'un beau renouveau de la vie politique française!
Sur la question du tirage au sort, il y plusieurs sites internet qui permettent de se faire une idée concrète de la proposition
Toutes ces spéculations intellectuelles sont intéressantes et honorent leurs auteurs.
Cependant,notre problème, le plus handicapant pour la France,est bien que nous sommes toujours en république ! Il faut donc obligatoirement "être",c'est à dire voter, pour le moins mauvais,(ce qui ne fut pas fait en 2014),et prendre par conséquent le contre-pied de Gambetta,en son temps, qui conseillait de voter pour le plus bête.
Il faut savoir ce qu'on veut et le faire savoir.
Or les "thèses" sont multiples dans le microcosme et les moyens de propagation étiques !
Donc, il faut un programme institutionnel solide et fondé sur les réalités modernes, et à côté de ça des capitaux pour la communication de masse.
Le temps des petites chapelles est à mon avis terminé, sauf à se foutre ouvertement des jeunes royalistes.
QUELLE SUFFISANCE !!!!
Les jeunes royalistes seront capables par eux-mêmes. A 30 ans, Maurras a bien su reconstruire sur les ruines du vieux royalisme en déclin. Ainsi va la vie. Il en a rallié les éléments actifs et les vieux crabes diviseurs, radoteurs, stériles sont restés dans leur coin. En fait, les grenouilleurs - ou mouches du coche - ne servent à rien.
Belles analyses. Nous savons que la république est assise sur le mensonge. Que ce mensonge a été suivi de nombreux mensonges qui ont aboutis aux grandes guerres. Depuis que de Gaulle a institué le social en sortie de la dernière guerre, tous les gouvernements de la république , la quatre et la cinq n'ont cessé de mettre à mal ce social. Cette fois nos élus de la république transforme la population sans en avertir les gens en aidant contrairement à la laïcité prétendu par eux, à l'implantation d'une religion étrangère..En d'autre termes ils facilitent la colonisation du royaume de France. Oui il convient de déterminer les pouvoirs du futur souverain, de déterminer les objectifs de survie du pays, et surtout d'en convaincre les gens de France les autochtones et ceux qui le veulent.Demain, aujourd'hui, il faut sauver la France, ensuite il conviendra de discuter cuisine politique. Une cinquième république ne servira à rien, sauf si on éjecte tous ceux qui mettent la France à mal, et ils sont nombreux. Mais j'ai peur que nous soyons déjà perdu, par manque d'esprit et de courage. Une solution imposer de suite l'égalité entre les femmes et les hommes partout, parce que c'est contraire à nos républicains et aux religions du dieu externe crée par les hommes.