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Ne rien lâcher, par Louis-Joseph Delanglade

Que l’intervention militaire française en Centrafrique ne soit pas une promenade de santé ne doit pas étonner. Paris semble en effet avoir sous-estimé la complexité de la situation – absence totale d’Etat, antagonismes ethno-religieux, flambée islamo-terroriste, craintes et/ou convoitises de certains pays frontaliers – et, partant, les difficultés auxquelles allaient se heurter son corps expéditionnaire, lequel semble pour l‘instant embourbé dans des opérations de police limitées à la capitale Bangui.

 

Voici pourtant que deux événements viennent de survenir qui pourraient (le conditionnel reste de mise) permettre une avancée dans la résolution du problème. Sur le plan politique, la démission de M. Djotodja et sur le plan militaire la possible, voire probable, implication de l’« Europe ». 

 

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Le limogeage par un panel de dirigeants africains (ceux de la CEEAC, regroupant notamment Gabon, Cameroun, Congo et, surtout, Tchad – tous proches de la France) cornaqués par M. Deby a provoqué de bien compréhensibles scènes de liesse et de désordre. Ce limogeage voulu (à raison) de longue date par la France prouve et que celle-ci reste déterminante et que la réalpolitique reste de mise. Mais rien ne dit à ce jour que ce pari politique sera gagnant.

 

Quant au « bataillon européen » d’un millier d’hommes (?), même si les choses peuvent aller très vite (réunions des 20 et 28 janvier), rien n’est encore fait car tout passe par une décision à l’unanimité, ce qui, au vu de certaines critiques intra-européennes, n’est pas forcément acquis. La bonne question est en tout cas de se demander à quoi il servira. On parle déjà de force de police à Bangui, soulageant ainsi des troupes françaises certainement plus capables de nettoyer le reste du pays, toujours contrôlé par les miliciens de l’islamiste Séléka.

 

Pour les « humanistes », la finalité de Sangaris ne saurait être autre que l’établissement d’un Etat de droit, fraternel et démocratique – lequel n’a jamais existé, là comme ailleurs, que dans leurs rêves. Pour les « politiques », il s’agit, de façon plus pragmatique, de permettre à ce pays d’accéder à une certaine stabilité, bénéfique autant pour lui que pour nous. Ceux-ci privilégient les objectifs militaires et politiques. Ceux-là, comme M. Guetta (France Inter, jeudi 9), souhaitent une mise sous tutelle de l’Onu, en s’appuyant sur le fâcheux précédent du Kosovo…

 

Un univers sépare ces deux démarches. La seule réalité qui compte étant celle du terrain, le seul mot d’ordre doit être, pour la France, de ne rien lâcher. Tout recul, toute dérobade, par rapport à nos objectifs, serait certainement catastrophique et sonnerait le glas de notre - toujours d’actualité – « politique africaine », avec les conséquences que cela aurait pour nos intérêts dans la région.

Commentaires

  • Il ne nous reste pas tant que ça de zones d'influence réelle pour que nous ne défendions pas nos intérêts africains par la force.
    Et disons-le tout net, une opération comme Sangaris n'est pas un si lourd investissement si nous voulons rester parmi les pays à qui on téléphone. En plus, ça maintien les compagnies de combat à niveau, et pour une fois nous avons secouru des chrétiens.
    D'accord ces "salopards" n'ont pas suivi la fiche, normalement ils n'auraient pas dû se défendre mais tendre l'autre joue.
    Ah, ces Africains, toujours à discuter le magistère !
    Ne rien lâcher. Ne rien lâcher !

  • D'accord avec Catoneo et Louis-Joseph Delanglade. Excellente note !

  • Seuls les imbéciles peuvent croire que ce qui se passe à l’autre bout du monde ne nous concerne pas. À l’ère de la globalisation qui, d’une certaine façon, a déjà aboli l’espace et le temps, tous les grands événements qui se produisent en un endroit ou l’autre du globe nous affectent également.

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