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Lire Jacques Bainville (XXXII) : Iéna

(Comme tous les textes publiés dans cette catégorie, celui-ci, aussitôt paru, est incorporé à notre album Maîtres et témoins...(II) : Jacques Bainville. - 127 photos)

 

iena1.jpgHenri Houssaye, au moment où il est mort, mettait la dernière main à un livre qui devait être intitulé Iéna. Comme il sentait que la vie l'abandonnait, il dit un jour à notre confrère Louis Madelin ce joli mot mélancolique : "Je n'irai même pas jusqu'à Berlin !" Louis Madelin y est allé à sa place et tous ses lecteurs y vont de bon coeur avec lui, car Iéna, Auerstadt, l'anéantissement de la Prusse, ce sont quelques unes des meilleures pages de notre épopée nationale. De toutes les victoires françaises, Iéna est une de celles dont nous aimons le mieux nous souvenir, surtout depuis que nous avons eu Sedan.

Iéna avait été le Sedan prussien. Seulement Sedan n'a pas eu de revanche, tandis qu'Iéna en a eu trois, en 1814, en 1815 et en 1870. Cela donne à réfléchir sur la qualité des victoires napoléoniennes.

(Illustration : Le soir d'Iéna, par Jean-Baptiste-Edouard Detaille, 1848/1912)

Vous connaissez le mot de Bonald, dur mais juste, dans sa concision : "Toutes les victoires de Napoléon sont au Muséum." Et il faut entendre par là qu'Austerlitz, Wagram, Iéna, la Moskowa sont de très belles choses du point de vue de l'art militaire, des sujets de tableau de premier ordre, des motifs à littérature épique incomparables, et enfin des souvenirs propres à exalter notre fierté nationale et notre confiance en nous-mêmes. Mais quant au résultat, quant à l'utilité : néant, et même moins et pire que le néant, car le compte de toutes ces brillantes batailles s'est soldé par une perte et un déficit cruels pour la France : deux invasions pour l'oncle, une pour le neveu. Voilà une famille qui a coûté cher à la France.

Ce qui est prodigieux, c'est qu'après Iéna on pouvait croire qu'il n'y avait plus de Prusse. Les Prussiens eux-même le croyaient et ils acceptaient, avec une résignation qui étonne encore l'histoire, leur conquête par les Français. Berlin, et particulièrement à Berlin, les Berlinoises, accueillaient avec un véritable plaisir nos soldats. Le redoutable État fondé par les Hohenzollern, porté à un haut degré de puissance par Frédéric II, était à peu près rayé de la carte d'Europe. Ce qui a fait dire à Henri Heine son mot célèbre : "Napoléon n'avait qu'à siffler et la Prusse n'existait plus."

Nous ne savons pas si Napoléon a pensé à donner ce coup de sifflet qui nous eût été joliment utile, mais en tout cas, huit ans plus tard, la Prusse existait encore si bien que ses armées entraient en France et campaient devant Paris.

C'est que, en fait de coup de sifflet, Iéna en avait été un fameux pour les Prussiens : un coup de sifflet qui les avait réveillés. À leur résignation et à leur torpeur des premiers jours avait succédé chez eux, sous l'influence de quelques hommes énergiques à l'esprit organisateur, une véritable fièvre de patriotisme et de revanche. Si bien qu'aujourd'hui encore, les Prussiens - Bismarck avait coutume de le dire bien haut - considèrent Iéna, non plus comme une honte mais comme l'origine de leur relèvement national. La gloire d'Iéna a été pour nous. Le fruit a été pour eux.

Il faudrait faire tout un cours d'histoire pour démontrer comment Napoléon, tout en rossant les Allemands, fut leur bienfaiteur et acheva dans l'ordre politique ce que Rousseau avait commencé dans l'ordre des idées en donnant conscience d'elle-même à l'Allemagne. Napoléon - Napolium, comme on dit encore là-bas - se regardait bien plus comme un Empereur d'Occident que comme le chef de la nation française. Aussi rendit-il à l'Allemagne  de nombreux services, et, notamment, celui de commencer son unité; ce qui prépara non seulement la perte de Napoléon, mais la nôtre. C'est ce qu'a très bien dit, dans une page de ses Mémoires, le brave Marbot, dont le métier était d'être soldat et non pas diplomate : "Quoique je fusse encore bien jeune à cette époque, je pensais que Napoléon commettait une grande faute en réduisant le nombre des petites principautés de l'Allemagne. En effet, dans les anciennes guerres contre la France, les huit cents princes des corps germaniques ne pouvaient agir ensemble... Au premier revers, les trente-deux souverains, s'étant entendus, se réunirent contre la France, et leur coalition avec la Russie renversa l'Empereur Napoléon, qui fut ainsi puni pour n'avoir pas suivi l'ancienne politique des rois de France."

Iéna est une magnifique victoire et le livre d'Henry Houssaye et de Madelin un beau livre. Mais quand, après avoir lu ces pages d'épopée, on relit ces quelques lignes, d'un si solide bon sens, du brave Marbot, cela douche joliment l'enthousiasme...

L'Action française, 5 juillet 1912. 

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"...Iéna avait été le Sedan prussien. Seulement Sedan n'a pas eu de revanche, tandis qu'Iéna en a eu trois, en 1814, en 1815 et en 1870...

...À leur résignation et à leur torpeur des premiers jours avait succédé chez eux, sous l'influence de quelques hommes énergiques à l'esprit organisateur, une véritable fièvre de patriotisme et de revanche. Si bien qu'aujourd'hui encore, les Prussiens - Bismarck avait coutume de le dire bien haut - considèrent Iéna, non plus comme une honte mais comme l'origine de leur relèvement national. La gloire d'Iéna a été pour nous. Le fruit a été pour eux..." 

Commentaires

  • Précisément,la suite des victoires Napoléoniennes n'eut
    aucun interet stratégique pour la France de toujours.

    J'ai remarqué que les célébrations Napoléoniennes servaient à masquer le chant du signe de la royauté de France,a savoir les victoires contre l'Angleterre entre 1778 et 1783 en Amérique
    et en Inde.

    La redécouverte de cette épopée méconnue est fondamentale pour faire découvrir à beaucoup la réalité royale dans l'histoire de France.

    Napoléon était un obsédé sexuel brillant mais cynique
    et stérile au sens politique du terme.

    Il a permis a l'Angleterre d'achever la France du 18eme

    Pour les obsessions voir les confidences de sa 1ere femme concernant sa relation avec sa très jolie soeur Pauline....

    Il est le véritable "fondateur" de l'Allemagne prussienne
    avec les magnifiques résultats que l'on connait....

  • Prendre la peine de connaitre notre propre histoire n'est en aucune maniere faire preuve d'un esprit "revanchard".

    Ne confondez pas Napoleon III et Napoleon 1er.

    Nous avons toutes les raisons d'avoir un grand respect
    pour N3 alors que pour N1er c'est autre chose.

    Si N3 etait un monarque,il n'etait pas dans la continuité royale.

    Napoleon 1er a jeté les bases de la future Allemagne prussienne en federant pour la 1ere fois les quelques 350 villes etats...

    N1er constituait une fuite en avant des républicains maçonniques pour éviter a tout prix un retour de la continuité royale de France apres 8 années d'horreurs & d'absurdités (1792/1795/1799).

    La manipulation va durer 15 ans (1800/1814/1815).

    Le retour a la continuité va durer de 1814 à 1870 comprenant une phase mixte(1848/1852) avec le futur Napoleon 3 d'abord président de la 2eme republique avant de devenir empereur de 1852 a 1870.
    Periode heureuse de l'histoire de France.

    Puis ce fut la 3eme republique de 1870 a 1940 dont on connait le parcours particulierement "vertueux".

    Puisque vous parlez de Sedan,parlons en:
    Cette 3eme republique fut preparée par les freres Gambetta et Thiers qui ne savaient plus comment se débarrasser du poison monarchique representé par N3 avec une France redevenue la 1ere puissance d'Europe.

    Pour comprendre Sedan,il faut etudier Bazaine,un autre frere.

    Apres la victoire française de Mars la Tour (16 Aout 1870) ,15 km au sud de Metz,le repli de Bazaine vers Metz fut une manoeuvre incomprehensible/injustifiable pour un general de son experience.

    Les mouvements de troupes ordonnées par Bazaine ne s'expliquent que par une volonté d'echouer.
    C'est la trahison de Metz qui explique Sedan.

    Il existe de nombreux témoignages de soldats et d'officiers survivants pour en attester,alors que notre armée etait la 1ere d'Europe.

    Tout etait lié a la depeche d'Ems de Juin 1870 ,provocation gratuite inventée par le frere Bismarck pour déclencher
    une guerre que ni Guillaume 1er ni Napoleon 3 ne voulaient.

    Cette depeche fut conforme aux souhaits des freres Thiers et Gambetta qui ne voyaient pas d'autre moyen pour faire revenir la republique .
    Une guerre puis une suite de trahisons pendant cette guerre pour sortir N3 une bonne fois pour toutes.

    Nous sommes dans le meme scenario que la declaration du frere Brunswick en 1792 pour piéger le Roi Louis XVI qui déclara a la lecture de cette declaration "nous sommes perdus"

    NB;Sur ces sujets beaucoup d'intox sur wikipedia

  • http://www.youtube.com/watch?v=8hcC3w3D_A8&feature=share

    Presentation de l'historien Henri Guillemin
    sur le "grand Napoléon 1er".

    Voir et ecouter a la minute 16.26....Edifiant

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