Crise et changement d'attitude(s) : d'accord avec... Patrice de Plunkett
Face à l'abjection de notre société - pire, d'après lui, que celle de la pire époque de la décadence romaine... - Pierre Boutang disait qu'il nous fallait changer, et changer de tout : d'attitude, de comportement, de mentalités, d'esprit... et il en appelait à la metanoïa....
La crise va-telle nous y aider ? Et, même, nous y obliger ? C'est ce que pense Patrice de Plunkett, dans la courte note qu'il publie sur son Blog, le mercredi 13 avril et que nous reproduisons ici.
Alors : crise, finalement, bénéfique ? Bienheureuse crise ?...
Changer de société ? Le pétrole cher va nous y obliger
...en condamnant l'empire de la consommation-gaspillage :
Le litre de super à la pompe était à 1,53 euros la semaine dernière ; de l'aveu du PDG de Total, il atteindra "sans aucun doute" la barre des deux euros. Et ce n'est pas seulement un problème de crise et de spéculation ! Ce qui se profile est radical : c'est le pic-de-pétrole, l'annonce de la raréfaction de l'énergie. Ce choc dans l'infrastructure ébranle toute la superstructure. L'économiste Chalmin adopte un nouveau langage : l'essence chère, dit-il, "va nous permettre de changer notre relation à la voiture : cela va nous obliger à réagir...". Selon lui, les entreprises vont devoir renoncer à "la dictature du tout-camion". Voilà un début.
Mais l'impact ira plus loin : le carburant cher, c'est (entre autres) la fin de la grande distribution et du tourisme aérien de masse. C'est aussi la fin du libre-échangisme, donc la panique à la Commission européenne ; c'est la fin des délocalisations... Tous les piliers du capitalisme tardif vont tomber. Puisque les ressources naturelles sont limitées, les exploiter sans limites n'avait aucun sens : il va falloir redimensionner les besoins de l'humanité en énergie, donc quitter l'utopie d'une société de gavage à consommation illimitée ; ce qui veut dire : changer d'idéal de vie. Ce qu'aucun laïus n'aurait pu obtenir, le choc du réel nous y contraint.
L'événement devrait dire quelque chose aux chrétiens. L'écologie chrétienne n'est pas une demi-écologie : elle ne consiste pas à fuir dans les théories pieuses mais à analyser les faits, qui ne sentent pas l'encens. Ils sentent plutôt le seau de pétrole vide.