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Débats avec nos lecteurs : Southbeach pose une bonne question....

            C'est avec plaisir qu'on a vu débouler Southbeach, dans les Commentaires,il ya quelques temps. Comme tous les commentateurs,il vient apporter lui aussi, à son tour, quelque chose au Blog, et le faire vivre, avec ses réflexions, suggestions, propositions; et avec son style qui bouscule un peu, et c'est tant mieux !...

           Comme tous les autres, Southbeach est le bienvenu. Il n'hésite pas à s'emparer de la paroile, et il a bien raison. Surtout que c'est pour écrire, dans son dernier commentaire, quelque chose qui va loin, qui fait réflechir, et sur quoi nous allons revenir bientôt.

            Il dit : "Je suis d'accord bien entendu avec Jaco et DC en tant que royaliste moi aussi, à la restriction près que dorénavant le régime politique se différencie du mode de gouvernement : le Roi ne gouverne plus!!"

            Cette réflexion en suscite plusieurs, sur lesquelles nous avons déjà commencé à réfléchir. On dira :

            1 : c'est vrai pour les monarchies européennes. Pour ne parler que des deux plus grandes, et les plus proches de nous, il y a belle lurette que les rois d'Angleterre -depuis la Carta magna - ne gouvernent plus; et les rois d'Espagne transigent avec les Cortès depuis la Renaissance, depuis quE l'Espagne n'a plus de dynastie nationale (Hbasbourg de 1500 à 1700, Bourbons, depuis...).

            2 : mais cela ne l'est pas pour la France ; jusqu'en 1789, le Roi a gouverné. Et de 1815/1815 à 1848 aussi. Depuis, comme il n'y a plus de Roi, on ne peut plus rien affirmer....

            3 : on se souvient que le précédent Comte de Paris (le grand'père du prince Jean) avait répondu à un jopurnaliste que la Constitution de la Vème Républiquelui convenait parfaitement, parce que de Gaulle l'avait faite pour lui.... La monarchie française, qui était différente de la monarchie anglaise et espagnole, pourra-t-elle être autre chose que différente d'elles si, comme nous le proposons, le Prince Jean arrive aux affaires ?.... 

            On le voit, la réflexion de Southbeach lève un lièvre de taille, et va très loin. Merci à lui d'avoir ouvert le débat !.....           

Commentaires

  • Bonjour à toutes et à tous,
    je vous remercie de mettre en avant les propos que je tiens sur ce blog. Blog où les échanges entre nous sont de bon niveau et où la réflexion intellectuelle fait place aux cancans et aux faits divers qui nourrissent nos intellects au quotidien, à mon grand désespoir. Bien entendu, je me tiens à la disposition de tous et notamment du ou des modérateurs de ce site pour que nous échangions sur certains points d'ordre technique. Il faut faire connaître ce blog et ne pas hésiter à en parler autour de soi.
    En outre, il y a derrière nos pseudos respectifs, des hommes et des femmes de qualité dont les échanges, les remarques les points de vue laissent augurer un haut niveau de technicité dans leur domaine. A mon avis, il serait bon d'ouvrir les débats économiques, politiques, sociaux si nous voulons VRAIMENT changer de régime; ce que nous attendons tous. Tous ces débats sont à l'ordre du jour, dans une Société française qui est à la dérive. Il faut saisir le bon moment pour changer et les prémisses d'un changement radical semblent pointer... ne les laissons pas une nouvelle fois nous échapper!!
    Quant au Régime politique où le Chef de l'Etat gouverne... n'effrayons pas nos concitoyens et écoutons leurs réflexions au simple détour d'une question : " et si on votait pour le retour d'un Roi..." quelle est leur réponse ? ... Néanmoins, et c'est purement à titre personnel, je suis TOUT A FAIT d'accord, pour notre Nation, sur le point 3 abordé par le modérateur; sur les 2 autres aussi bien entendu à titre historique...
    bonne journée à toutes et à tous.

  • Le même journaliste avait aussi objecté au Comte de Paris que, dans les monarchies européennes, les princes et les rois disposaient de beaucoup moins de pouvoirs que le président de la République française. Le Prince lui avait répondu, comme vous le faites, que les traditions étaient différentes et qu'en réalité, les Français n'accepteraient plus que le Chef de l'Etat soit une potiche. C'était en 1987, à Amboise, devant la presse du monde entier.
    Mais l'on pourrait aussi prendre le problème posé par southbeach a contrario.
    Je veux dire : se poser la question de savoir dans quelle mesure les pouvoirs politiques en place gouvernent vraiment, aujourd'hui. En particulier le Chef de l'Etat français.
    Dans Le Promeneur du Champ de Mars, François Mitterrand dit à Benamou : "Vous savez, je suis le dernier des grands présidents". Illusion sur lui-même ? Illusion sur ses prédécesseurs immédiats, depuis l'avènement de la Vème République ? Sans-doute.
    Mais la dégradation des pouvoirs du Chef de l'Etat depuis la mise en place de nos actuelles Institutions tient aussi à des facteurs objectifs. Par exemple :
    1. Les différents abandons de souveraineté dits "européens", au profit des organismes technocratiques de Bruxelles,
    2. Le creusement de la dette dite "souveraine" qui place l'Etat dans une situation de dépendance toujours plus grande vis à vis des marchés financiers mondiaux,
    3. Le quinquennat qui affaiblit singulièrement la fonction présidentielle,
    4. La prééminence grandissante des médias, des "associations", du pouvoir de la rue, sur la fonction politique ... De sorte que tout homme politique tremble devant le moindre journaliste ...
    L'on pourrait développer les exemples et pousser loin l'analyse de ce qui est, en fait, une décadence du Politique ... Et concerne principalement, mais pas seulement, la France.

  • Reboul, je ne peux que souscrire à votre démonstration. Il ne nous reste qu'une chose à faire : AGIR!!!!!!!!!

  • L’affaiblissement du politique, de manière générale, en France, comme dans d’autres pays européens, corrélé à l’abandon de pans de souveraineté laissés aux mains de commissaires européens ou d’institutions européennes, dans le cadre de traités successifs signés par les différents Etats, bien souvent aux dépens des nations concernées et même, contre la volonté des dites nations (Traité de Lisbonne faisant suite au vote négatif du référendum de 2005), avec entre autre pour conséquence, la signature d’un chèque en blanc à l’organisation d’une Europe des financiers, à savoir ultra-libérale, au seul plus grand bénéfice des marchés, et au détriment d’une réelle coopération inter étatique, est un fait indiscutable et déplorable.
    Cependant, ce qu’un traité a instauré, un autre peut le défaire, il suffit d’une volonté, d’une légitimité, et d’une indépendance politique, pour cela. L’Europe n’est pas un Etat et encore moins une Nation, la souveraineté réside toujours et au moins, en droit, dans les Etats. Rien n’est fatidique, et contrairement, à ce que l’on nous assène quotidiennement dans beaucoup de domaines, assurément il est possible de faire autrement, et certainement, nous avons le choix.
    Quant au débat ouvert sur « le roi ne gouverne plus », je vous invite, à cette occasion, à lire l’article rédigé dans le bimensuel Royaliste « qu’est-ce-qu’un roi ? ».
    Le mot gouverner est à mon sens ambigü, car il peut s’agir de différentes manières d’exercer une forme de pouvoir qui ne peuvent toutes résider dans la main du roi, au risque de compromettre précisément sa fonction.
    Ainsi, gouverner peut être administrer, comme le fait le gouvernement par décret.
    Ce peut être aussi décider, commander, et dans ce cas, il est des domaines qui sont nécessairement « réservés » au Roi, de par sa fonction, mais aussi, pour les mêmes raisons, partagés avec le « gouvernement ».
    Ce peut être aussi arbitrer, fédérer, concilier, représenter, ce qui implique une médiation, qui plus que gouverner, relève de l’art de gouverner, ce qui est autre chose.
    Voilà quelques réflexions, pour enrichir, je l’espère, le débat.

  • DC merci pour cette contribution qui me permet de vous rejoindre sur tous les points que vous soulevez! Et c'est avec l'Art de gouverner que je souscris pleinement à vos propos sur l'Europe qui demeure un désastre démocratique et en termes d'abandon de souveraineté!!

  • De Gaulle ne pensait pas, comme Sarkozy, que le Chef de l'Etat devait "gouverner" la France dans le détail. Son idée, que je crois juste, pour ma part, était qu'il devait "surplomber" la vie politique, donner les grandes impulsions, tracer les voies du Pays pour le long terme, être celui qui a le souci, la vision de son avenir, rendre les grands arbitrages ... Il se voulait "en charge de l'essentiel". Le reste était du domaine du Premier Ministre, qui n'était, dans son esprit, que le premier de ses ministres, et de la compétence de "son" gouvernement.
    On mesure, en se référant, ainsi, aux origines de notre actuelle Constitution, à quel point nous nous en sommes éloignés. Il faut croire que ce que les institutions de la Vème république avaient de "monarchique" ou, si l'on préfère, de "royal", ne pouvait survivre durablement à l'absence d'un Roi véritable.
    Selon moi, ces conceptions pourraient définir assez bien ce que pourrait être un pouvoir royal dans la France d'après-demain, si, toutefois, elle venait à souhaiter sortir de son abaissement et de son délitement.
    En établissant l'article 16, qu'il a été le seul à utiliser, De Gaulle mettait même en pratique cette notion très "maurrassienne" selon laquelle, dans des circonstances graves, le Chef de l'Etat doit pouvoir, si la vie du pays l'exige, se muer temporairement en une sorte de "Dictateur"... DC concèdera peut-être que cette fonction était pleinement légale, aussi, dans la république romaine. La Res Publica ..
    Il fallait, en effet, que la France dispose de tous les moyens de gouvernement qui garantissent son existence.
    Reste la situation de la société actuelle, du monde moderne, de la France moderne, qui rend, à mes yeux, l'idée d'un Pouvoir seulement consensuel et paisible, terriblement insuffisante et, en un un sens, presque indigne.
    De ce monde des financiers, des marchands, des consommateurs massifiés, il n'y a, en effet, rien à conserver et il me semble difficile de concevoir un Prince qui s'en accommoderait.
    Sans-doute, celui-ci devra-t-il être un Prince moderne, mais, aussi, un Prince affronté au monde moderne. Et "premier serviteur de la légitimité révolutionnaire"...
    Oublier cette dimension, en faisant comme si notre monde vivait une situation "normale", ce serait, selon moi, négliger l'essentiel.

  • Quand plus rien ne se passe tout redevient possible. Les impostures en cacade finiront par lasser le spectateur, qui partira chercher ailleurs (c'est à dire chez nous) des réflexions neuves et des réserves d'imaginaire non pollué.
    Ce qui achève de pourrir, sous le soleil des années deux mille, ce sont les certitudes bétonnées nées du "triomphe des démocraties" de l'après guerre.
    La Vème république a ouvert les esprits à une autre logique politique. On distingue bien, comme l'a très justement fait remarquer REBOUL, les perpectives ouvertes par le général De Gaulle : le peuple s'est montré instinctivement favorable à la stature non partisane qu'il voulait donner à la fonction présidentielle. On en apperçoit aussi les limites: l'habit taillé pour un chef d'état hors du commun, laisse des faux plis sur le dos de ses succésseurs.
    REBOUL a également raison d'évoquer la nécessité d'un prince "affronté" au monde moderne, afin de transcender ce qui est l'essence même de la monarchie et au delà de tout pouvoir authentiquement souverain (quel que soit son habillage institutionnel).

  • Deux remarques, pour contribuer à cet intéressant débat.
    1: il n'est que trop vrai que les Institutions de la Vème République sont peu à peu détruites par le Système, qui les dénature inexorablement, un peu comme un corps qui rejetterait un autre corps qu'il reconnaît étranger; vouloir plaquer, comme l'a fait de Gaulle, les Institutions de la Vème sur le Système, c'est comme une greffe qui ne prend pas.... parce qu'elle ne peut pas prendre !
    2 : puisque Reboul évoque la "désolante pourriture" de notre société, rappelons la phrase de Boutang, dans sa conférence : "...la puissance de l'Argent chez nous telle que la démocratie l'a établie est quelque chose de particulièrement abject; nous sommes plus abjects que ne l'étaient les Romains au pire moment, au moment les plus décadents et les plus effroyables...."; il en appelle à la métanoïa grecque : "changer de vie, changer d'esprit, changer de tout..."

  • Se référer non pas à la Vème République telle qu'elle
    fonctionne aujourd'hui, mais à ses principes fondateurs, est
    certainement une bonne chose, en tout cas une base
    crédible d'un point de vue constitutionnel, pour asseoir une
    monarchie parlementaire.

    Là, où à mon avis, il faut être vigilant c'est sur la nature du
    régime, "présidentiel" ou "parlementaire". Tous les régimes
    de type présidentiel ont échoué en France, qu'il s'agisse de
    la monarchie en 1791, ou du 1er et second Empire. Il est
    donc nécessaire que le gouvernement demeure
    responsable devant l'assemblée nationale et que le Chef
    de l'Etat puisse également pouvoir dissoudre l'assemblée
    pour de nouvelles élections s'il l'estime nécessaire. Par
    ailleurs, il serait souhaitable que les ministres des
    domaines où le Roi se trouve garant de par sa fonction
    (justice, intérieur, défense, affaires étrangères) soient
    directement nommés par lui et également responsables
    devant lui.
    Ce qui me semble également très important par rapport
    au gouvernement, c'est la fonction de fédérateur, de
    médiateur et d'arbitrage du Roi, mais aussi vis à vis du
    Parlement.

  • Intéressants échanges qui font avancer notre débat!!! A poursuivre tout en approfondissant le raisonnement de façon à le rendre réaliste et immédiatement possible!!!! On aurait alors LA solution de rechange que nous attendons...

  • Rendre le raisonnement réaliste nécessite de transposer un
    certain nombre de principes tels que ceux exposés et
    formulés par les uns et les autres, par une traduction
    juridique constitutionnelle, sans prétendre rédiger une
    constitution toute faite, mais au moins y dégager ses
    caractéristiques fondamentales.

    S'il est possible de puiser dans la Vème République,
    beaucoup d'éléments, notamment dans la partie relative
    au pouvoir exécutif, la difficulté réside en effet dans le fait
    qu'il n'existe pas à proprement parler de "modèle" dans
    les monarchies parlementaires actuelles, qui ressemblerait
    à une Vème République devenue monarchie parlementaire.

    Cependant, il existe de nombreux aspects dans les
    constitutions des monarchies parlementaires actuelles qui
    mériteraient d'être examinés. Pour n'en citer que quelques
    uns, il se trouve qu'aux Pays-Bas et au Danemark, il
    revient à la Reine de présider le Conseil d'Etat, il en va de
    même, pour la présidence du conseil des ministres, de
    même qu'en Belgique, le Roi a un rôle important dans la
    formation du gouvernement, qu'il ne promulgue pas
    seulement les lois, mais les sanctionne également, alors
    qu'en Espagne, le Roi est incontestablement le chef des
    armées, ce qui revient à dire qu'une monarchie
    parlementaire transposée selon la Vème République, serait
    un condensé de tout ce qui permet au Roi d'exercer
    pleinement sa fonction royale.

    Aussi serait-il utile d'approfondir les modalités du
    processus de décision à toutes les étapes de la décision,
    en effet, beaucoup de points ne sont pas nécessairement
    ou explicitement écrits dans les constitutions, car ils
    relèvent de l'usage ou des circonstances, ainsi en est-il de
    la fixation de l'ordre du jour du conseil des ministres, des
    nominations en conseil des ministres ...

    De même, d'un point de vue "technique", ce qui permet de
    distinguer réellement les rôles et prérogatives au sein de
    l'exécutif, entre le Chef de l'Etat et le 1er ministre, ou les
    ministres, c'est le fameux contreseing, obligatoire ou non,
    au bas d'une décision, soit que le Chef de l'Etat décide
    seul, donc sans contreseing, soit qu'il "co-décide" ou
    "authentifie" avec le contreseing du 1er ministre ou de l'un
    des ministres, dès lors qu'il s'agit d'un domaine relevant
    de la responsabilité du gouvernement devant le parlement.

  • Le débat s'approfondit et c'est excellent...et quels riches échanges!!! persévérons....

  • Pour faire évoluer les choses, il n’y a rien à attendre des formes d’action politique que l’on a connues jusqu’à présent. Outre que les partis sont dominés par une classe de gérontocrates aux ambitions médiocres, à l’inculture politique criante, ceux-là même qui voudraient les remplacer ne peuvent que se heurter au fait que, dans les sociétés actuelles, où la marge de manoeuvre des gouvernements se réduit un peu plus tous les jours sous l’emprise des marchés financiers, le pouvoir de décision n’est plus exercé, principalement, par des hommes dotés d’une quelconque légitimité démocratique.

    Ce ne sont pas les défauts des hommes politiques qui expliquent leur nullité, mais le fait que ces hommes sont pris dans des contraintes de structure, dans un mouvement
    général qui leur fait pratiquement obligation d'être nuls. La négation du primat du politique, la place prise par l'instance médiatique, la façon dont l'argent comme équivalent universel entraîne l'affaiblissement et la neutralisation des convictions, les contraignent à recourir à un langage gestionnaire qui ne se transforme que trop souvent en langue de bois. Ce sont de moins en moins des hommes politiques, de plus en plus de simples techniciens de leur profession.

    "Se battre pour la monarchie écrit Evola, n'aurait aucun sens si celle-ci devait n'être rien d'autre qu'une espèce de bibelot décoratif, quelque chose qui se superposerait au système existant en la laissant tel quel".

    "De ce monde des financiers, des marchands, des consommateurs massifiés, il n'y a, en effet, rien à conserver et il me semble difficile de concevoir un Prince qui s'en accommoderait", rappelle Reboul.

    La monarchie est d'abord un principe ce par quoi elle s'oppose aussi bien aux démocraties qu'aux dictatures, mais la république couronnée ne diffère guère de la démocratie libérale, car elle n'est qu'un simulacre de royauté.

  • Mon cher Thulé,

    Ne mélangeons pas tout, monarchie, démocratie, dictature, république couronnée, royauté. Essayons de faire la part des choses.

    Tout d'abord la monarchie n'est pas nécessairement la royauté, ce peut être une dictature ou l'Empire, deux formes de la monarchie que nous rejetons.

    Ce peut être aussi la monarchie élective, telle la Vème République, on y trouve des principes intéressants, du moins à ses origines et d'un point de vue constitutionnel, tels: l'arbitrage et l'indépendance du Chef de l'Etat vis à vis des partis politiques, le rapport direct entre le Chef de l'Etat et la nation, la durée et la continuité (du moins pour
    le septennat), l'affirmation du pouvoir exécutif par rapport au pouvoir législatif, le rôle du Conseil d'Etat et du Conseil constitutionnel...
    Mais, bien entendu, la royauté que nous appelons de nos voeux ne pourra s'exercer, par définition, que dans le cadre de la monarchie héréditaire.

    Si celle-ci s'oppose de fait, à la dictature, elle ne saurait s'opposer à la démocratie comme vous semblez le suggérer. Car démocratie et monarchie héréditaire ne sauraient être incompatibles, bien au contraire.
    Je comprends que la fonction royale telle qu'elle est exercée en Suède, par exemple, ne soit pas votre "modèle", dans la mesure où le rôle politique du Roi est effacé. Mais la France n'est pas la Suède et le Roi peut très bien y exercer pleinement son rôle politique, comme un rouage essentiel et indispensable de la vie démocratique.

    Il peut même être la personne par laquelle il est possible d'envisager des réformes institutionnelles soumises à l'approbation des Français, pour transformer de manière positive notre représentation démocratique, je pense en particulier au Sénat.

    Il est à coup sûr celui avec qui les partis politiques et tous les groupes composants la nation doivent compter, car il entretient en toute indépendance et légitimité, un contact direct avec le peuple français, toute opinion confondue.
    Il est en effet au service de tous et sa parole ne saurait être suspectée d'esprit partisan. Mais si le Roi "ne saurait mal faire", il a lui aussi besoin du consentement des Français dans le respect de leurs volontés.

  • L'on peut toujours tirer les plans sur la comète d'une monarchie qui, à vue humaine, n'a pourtant pas grande chance, aujourd'hui, de se dégager, comme par miracle, du système constitutionnel et politique en place.
    Cela fait rêver, cela met en valeur une certaine "faisabilité" de nos conceptions royalistes communes. Il n'est donc pas mauvais d'y réfléchir
    Mais, je crois qu'il faut modérer le zèle juridico-constitutionnaliste.
    Les constitutions valent surtout par leur succès. Et rien de ce que l'on croit "écrit dans le marbre" ne survit aux épreuves et aux échecs lorsqu'ils se présentent.
    Combien de savantes constructions juridico-politiques ont-elles été "essayées" depuis 1789 ? Leur nombre est tel, leurs échecs ont été si retentissants, et, même, si dramatiques, qu'on devrait être conduit à, au moins, un peu de prudence, de circonspection et de modestie, lorsqu'on se livre aux délices de l'exercice en question.
    Si l'on observe l'Histoire sur 15 siècles, il n'y a qu'une constitution qui ait, malgré les tribulations, j'en conviens, réussi à construire un grand pays et une haute civilisation. Et c'est celle de l'ancienne France.

  • Il est vrai que la Constitution ne règle pas tout et qu'il
    dépend surtout de la manière dont celle-ci est mise en
    oeuvre et pratiquée.

    Cependant, la constitution de l'ancienne France bien
    qu'ayant effectivement duré dans le temps, devait
    s'adapter aux évolutions de la société. Or, il est clair que
    le passage de la fin du XVIIIème siècle au XIXème siècle,
    rien qu'en terme de progrès techniques, créait en
    quelques années un bouleversement tel, sans
    comparaison avec l'évolution sur les siècles antérieurs,
    que Louis XVI lui-même, était conscient bien avant 1789,
    de la nécessité de réformer les structures de l'ancienne
    France.
    C'est précisément les parlements de l'ancienne France qui
    ont fait échec au roi.

    Je souhaite donc bien du courage à Reboul s'il pense
    ré-instaurer la royauté en France, en s'appuyant sur la
    constitution de l'ancienne France. Même le comte de
    Chambord avec une majorité royaliste à l'assemblée n'a
    pu y parvenir, avec le résultat que l'on connaît.

    Mais si Reboul, pense que c'est rêver que de partir de
    l'existant, précisément pour le transformer, et par contre
    réaliste de remettre en oeuvre la constitution de l'ancienne
    France, rien ne lui interdit de rêver.

  • Je n'ai rien écrit ni pensé de ce que dit DC.
    Cependant, l'ancienne France ne s'est pas contentée de "durer". Elle a construit.
    Si les constitutions doivent se juger à leurs résultats, et je ne vois pas à quoi d'autre on devrait les juger, celles qui ont succédé à l'Ancien Régime se sont toutes achevées sur des bilans catastrophiques. Inutile d'en faire l'histoire ou le relevé.
    On ne restaure ni ré-instaure jamais rien. Mais je ne vois pas par quel stragème l'"existant", c'est à dire ce que j'appelleriai, pour faire bref, le "Système" évoluerait spontanément ou consensuellement vers un Etat digne de ce nom.
    Voyez donc l'évolution suivie, la pente descendue par les institutions de la Vème république depuis 40 ans....
    Le "Système" n'est capable de rien d'autre.

  • C'est bien pour cela que le moment venu, l'héritier de la couronne de France peut très bien présenter aux Français son projet politique et constitutionnel, et par là même, sa candidature à la magistrature suprême, en annonçant dans la foulée son intention de recourir au référendum pour la mise en place du nouveau régime, une fois élu.

    Il ne s'agit pas d'un stratagème, mais d'un retour aux sources, celles de l'élection d'Hugues Capet, cette fois devant le peuple français.

    Il n'y a pas d'autre solution réaliste, et si d'aventure certains songeaient à un coup d'Etat de plus, dans l'histoire de notre pays, ce serait certainement la pire des choses.

  • "Plus libéral de gauche que moi tu meurs".....Spécimen rare ? Non puisque les têtes couronnées d'Europe correspondent toutes, aujourd'hui au profil rassurant (pour l'idéologie dominante) que met en avant DC : de braves sociaux libéraux, caricatures de souverains qui sont là pour amuser la galerie et pour faire essayer de faire oublier aux citoyens que le destin des peuples d'Europe, se décide outre atlantique, aux sièges des grandes multinationales.

    On ne comprend rien, en effet, à ce que fut, dans l'histoire et la mythologie collective des peuples de l'Europe, la signification de la personne et de l'instition royales, si l'on oublie qu'elles étaient indisolublement liées au sacré.

    Quand une société s'atomise et rend ses enfants étrangers les uns aux autres, il est normal qu'elle tente par tous les moyens de retouver son unité.

    Et quel plus éclatant symbole d'une communauté nationale qu'une famille donnée par l'histoire pour prendre en charge le destin d'un peuple, une famille rendue incontestable par des siècles de service. et dont la situation ne dépend plus des factions qui l'ont hissée à cette place.

    Et si vous estimez que l'élection d'Hugues Capet par ses pairs, est comparable à celle des chefs d'état de la Vème république, alors, je ne peux plus rien pour vous

  • Le propos de Thulé est surprenant.

    Que vient faire le libéralisme, la gauche, et la caricature
    des souverains d'Europe dans notre débat.

    D'une part les rois en Europe quoique vous en pensiez, ne
    sont pas inutiles à leur pays et valent mieux que l'élection
    d'un président, leur légitimité n'est d'ailleurs pas remise en
    cause, bien que certains s'y emploient. Ils sont à tout
    moment un recours, et rien ne vous dit que si l'un de ces
    pays venait à envisager son retrait de la zone euro
    pour les raisons déjà évoquées, ils n'interviendraient pas
    dans ce processus.

    D'autre part, il me semble que nous parlons de la France.
    Vous évoquez le lien au sacré. Mis à part, qu'il ne s'agit
    pas d'un retour à la monarchie de droit divin, rien
    n'empêche ce lien d'exister. Si vous faites allusion au
    sacre, il ne confère pas des droits, mais seulement des
    devoirs. Dans le domaine politique, la laîcité est la règle,
    ce qui n'empêche pas, bien au contraire, d'avoir ses
    convictions religieuses, ni d'agir en Prince chrétien.
    Enfin, il ne s'agit pas de comparer l'élection d'Hugues
    Capet avec celle des présidents de la Vème République,
    cela n'a aucun sens, il s'agit seulement de dire que c'est
    par un lien direct entre le roi et le peuple que
    s'exprimerait, le moment venu, le consentement des
    Français, à la prise de fonction du futur roi selon les
    termes que celui-ci aura établis et proposés.

    Mais peut-être avez-vous d'autres suggestions crédibles à
    faire ?

  • Si je saisis bien votre propos, vous proposez une monarchie élue par le peuple, après une campagne électorale sans doute, sans hérédité de la charge et par là même tributaire des factions ?
    Si votre réponse est oui ce sera sans moi.

  • Prévoyez-vous ce type d'élection dans le cadre normal par exemple en 2012 avec plusieurs candidats en présence, le prince étant un candidat parmis d'autres, ou pensez-vous qu'il faille des conditions particulières : délitement de l'état, circonstances insurectionnelles blocage du pays par une grève générale interminable etc..Ce qui s'apparenterait fortement à des conditions propices à un coup d'état, comme en 1958 ?

  • Pas du tout, il ne s'agit pas d'une monarchie élue par le
    peuple, mais approuvée par le peuple. Les Espagnols ont
    bien approuvé par référendum leurs nouvelles institutions,
    les Français peuvent tout autant faire de même, pour le
    projet institutionnel que l'héritier de la couronne leur
    soumettrait le moment venu.

    Il s'agit bien entendu d'une monarchie héréditaire, et non
    élective, précisément pour les raisons que vous avez
    invoquées.

    Il est clair qu'hormis une crise politique et institutionnelle
    grave, où l'héritier de la couronne, pourrait en ces
    circonstances, se présenter spontanément comme un
    recours, la seule possibilité actuelle d'accéder à la
    magistrature suprême est de se présenter à l'élection
    présidentielle, non pas en faisant campagne sur une
    politique ou un programme électoral à mener le temps
    d'une législature mais sur un nouveau projet institutionnel,
    à la fois sur le plan constitutionnel, mais aussi judiciaire,
    diplomatique, territorial, européen et pourquoi pas sur la
    proposition d'ouverture d'Etats généraux au niveau
    économique et social. Il s'agirait de la présentation d'un
    nouveau projet structurel, à la fois défini dans ses
    principes et ouvert sur ses modalités.

    Le débat ne porterait pas sur les mesures à prendre sur la
    durée d'un mandat, cela reviendra au pouvoir législatif,
    mais sur une perspective à long terme, que seul l'héritier
    serait en mesure de proposer, précisément parce qu'il
    serait en capacité de se mettre au service des Français
    dans la durée, précisément dans le cadre de
    nouvelles institutions qu'il ferait adopter par référendum.

    Il n'y aurait pas à proprement parler de campagne
    électorale, au sens où on l'entend actuellement, mais une
    question posée, voulez-vous maintenir le système actuel,
    (et non la politique ou la majorité politique actuelle) ou
    voulez-vous changer le système actuel ?

    Nous serions dans une autre dimension. Ai-je été plus clair
    sur ma manière de présenter mes arguments ?

  • Le Général de Gaulle ne s'est pas emparé du pouvoir par la
    force, il était un recours disponible et les circonstances ont
    fait que les autorités en place, dépassées par les
    événements l'ont appelé, ce qui n'est pas tout à fait la
    même chose qu'un coup d'Etat. Il s'agit plutôt d'une
    remise de pouvoir provisoire d'une autorité à une autre, et
    d'un cas de force majeure, plutôt que d'une action
    délibérée pour s'emparer du pouvoir coûte que coûte et
    quel qu'en soient les moyens.

    Une élection présidentielle où l'héritier de la couronne se
    trouvait en présence d'autres candidats, ne serait pas une
    élection tout à fait comme les autres, car précisément, il
    ne serait pas un candidat parmi d'autres, mais un candidat
    unique pour le projet qu'il représente, c'est pourquoi l'on
    ne débattrait pas d'un programme mais d'un changement
    ou non de système, ce qui n'est pas tout à fait la même
    chose.

  • Lire " Une élection présidentielle où l'héritier de la couronne se
    trouverait en présence d'autres candidats" et non se trouvait.

  • En dehors de circonstances exceptionnelles ou le prince serait perçu comme un recours possible, il ferait l'unanimité contre lui. Pensez vous que la classe politique serait d'accord pour renoncer définitivement à la magistrature suprême? Personnellement j'ai comme un doute...

  • Thulé a évidemment raison.
    De Gaulle n'a pas pris le pouvoir par la force en 1958 ? Soyons réalistes : le processus légal qui l'y a ramené ne s'est réalisé que sous le coup de la menace d'un coup d'état militaire. De Gaulle a joué des deux en même temps. De sorte qu'historiquement l'origine démocratique des Institutions de la Vème république est pour le moins ambigüe. Ce qui ne les a pas empêchées de recueillir le consentement populaire par la suite.

  • Il ne s'agit pas de savoir si la classe politique serait ou non d'accord pour renoncer définitivement à la magistrature suprême, mais si les Français souhaitent ou non, que celle-ci soit exercée dans la durée, par l'héritier de la couronne de France, selon des modalités qui leur seraient proposées et qu'eux-mêmes approuveraient par référendum.

    Ce qui compte, ceux sont les liens établis entre la Maison de France et les Français, pour renouer au XXIème siècle, le pacte millénaire, selon les exigences et les besoins de notre époque. Il est sûr que cela ne se fait pas en un jour ni sans réflexions, rencontres et discussions avec les Français.

    Quant aux généraux, nous ne sommes pas en situation de guerre civile. En 1958, la menace d'un coup d'état militaire a sans doute facilité le retour du Général de Gaulle, mais ce n'est pas lui qui en est à l'origine, ni lui qui l'a fomenté.
    Le retour du Général de Gaulle s'est fait par les formes légales.

  • Il y a tout de même dans votre raisonnement une dangereuse équivoque ; si l'habilitation par le suffrage n'est qu'un échafaudage destiné à permettre à la légitimité royale intemporelle d'apparaître, pourquoi pas? Il ne s'agit alors que d'un artifice utile et provisoire destiné à apaiser le légalisme de certains demi-habiles. Si au contraire la légitimité prend sa source dans ce vote, alors, l'élément essentiel de la monarchie disparaît, et la royauté devient une imposture. En effet, la nature du suffrage est d'être instantané, et il devient donc impossible de fonder la pérennité d'un souverain dynastique, car aucune acte de valonté populaire ne peut être définitif. Ce que le vote a fait, il peut le défaire et il suffit de le solliciter et de le préparer. C'est le légalisme qui a été à l'origine de l'effondrement de la monarchie de juillet, alors que les cinq fils de Louis-Philippe disposaient de commandements militaires largement suffisants pour mater l'émeute. Non, cher DC, ce n'est pas cela, la royauté.

  • La légitimité, à mon avis, émane historiquement de quatre
    sources : les services rendus à la nation, l'histoire et la
    dynastie, le consentement populaire, et le sacré.

    La royauté selon Antiquus, est comme quelque chose
    d'abstrait, hors du temps, qui aurait toujours existé et qui
    s'imposerait au peuple malgré lui, pour son bien. Idéaliser
    est une chose, mais la réalité est tout autre.

    Les Capétiens ont bien succédé aux Carolingiens,
    eux-mêmes aux Mérovingiens. Il ne s'agissait pas toujours
    d'absence de descendance, mais de problème de légitimité.

    Le principe héréditaire, est acté dans la Constitution qui
    fixe l'ordre de succession au trône, quand le Roi meurt,
    son fils lui succède et ainsi de suite.

    C'est donc, un changement de constitution imposé ou
    approuvé en faveur d'un système électif du Chef de l'Etat,
    que certains nommeront abusivement république, qui
    abolit la royauté.

    Lorsque ce changement se produit, ce qui est une rupture,
    et quoiqu'en pense Antiquus, c'est que le souverain n'a
    plus de légitimité au yeux du peuple, ou qu'il est victime
    d'un coup d'Etat. Dans tous les cas, il y a effectivement
    deux solutions, faire appel à l'armée pour rétablir l'ordre
    au risque de faire verser le sang, ou abdiquer. La tradition
    de nos rois, leur conscience de chrétien, n'est pas de faire
    verser le sang des Français pour se maintenir coûte que
    coûte au pouvoir, ce qui est tout à fait contraire à notre
    royauté, qui s'est toujours inscrite dans ce pacte millénaire,
    au service des Français.

    Antiquus est extraordinaire, il voudrait une royauté où il
    serait fait totalement abstraction du peuple, c'est
    complètement surréaliste ou dictatorial. La royauté est au
    service de la nation et de l'Etat, elle n'est pas là pour
    elle-même, mais pour le pays. S'il y a divorce avec
    celui-ci, il faut en analyser les raisons profondes, plutôt
    que de songer à vouloir faire le bonheur des gens contre
    eux-mêmes!

    Voyez en Espagne, même si la France n'est pas l'Espagne,
    on disait les Espagnols plus Juan Carlistes que royalistes,
    à savoir qu'à la succession de Juan Carlos, l'avenir de la
    monarchie espagnole serait compromis, croyez-vous qu'il
    en sera ainsi ? Et que les Espagnols contesteront la
    succession du Prince Felipe, prévue par la Constitution
    approuvée en 1978 ?

  • Je souhaiterais préciser une chose à la réflexion, si Antiquus veut dire que la royauté existe en elle-même, au sens qu'actuellement, il existe bien une dynastie capétienne dans notre pays, même si celle-ci n'est pas régnante, effectivement, il a raison. Mais pour que celle-ci s'exerce, elle ne doit pas revêtir qu'un des aspects de la légitimité (l'histoire et la dynastie) mais également d'autres, cités précédemment .

  • Quatre sources de la légitimité selon DC. Il me semble que les deux premières et la quatrième citées par DC n'en font qu'une, que l'on peut appeler la tradition, qui d'ailleurs ne fut jamais « actée » dans une Constitution puisque l'Ancien Régime ne connaissait de Constitution que coutumière. Reste la troisième, le consentement populaire. Je me garderais bien de dire que cette source n'est pas nécessaire. Bien au contraire, le peuple français a pendant 8 siècles partagé à l'égard des rois capétiens la fidélité que le dernier Condé exprimait par la maxime « Ubi lilia, ibi Patria ». Cela dit le consentement populaire, durant toute cette période, ne s'est nullement exprimé par un vote qui eût investi le pouvoir royal. Il existait bien une représentation, mais celle-ci n'avait pas pour but de constituer le pouvoir, mais de négocier avec lui. Oui, cher DC, le pouvoir n'est pas abstrait ni hors du temps, mais IL A TOUJOURS EXISTE. Oui, cher DC, le pouvoir, quel qu'il soit, s'impose au peuple malgré lui. Ce n'est pas du tout irréaliste, mais une simple constatation valable pour toutes les sociétés. Lisez Bertrand de Jouvenel qui l'a abondamment montré.
    Alors effectivement, lorsqu'il y a rupture, il y a une perte de légitimité, c'est vrai, mais c'est a posteriori qu'on la constate, lorsque des rapports de force qui n'ont rien à voir avec le suffrage du peuple ont détruit l'ancien ordre. Citons la pression de la rue sur les assemblées, les factions armées, les manipulations et les assassinats qui furent le véritable moteur de la révolution dès ses débuts. Et si l'ancienne monarchie s'est effondrée, c'est pour n'avoir pas voulu se défendre et rechercher des soutiens, et nullement pour se conformer à cette prétendue «  tradition de nos rois, leur conscience de chrétien » de ne pas «  faire verser le sang des Français pour se maintenir coûte que coûte au pouvoir », mais par incertitude de soi. Je rappellerai à DC qu'à plusieurs reprises, les rois ont su faire couler le sang des séditieux (voyez etienne Marcel), même si une fois la paix revenue, ils savaient pardonner, ce qui est justement un attribut d'un pouvoir indépendant du suffrage. La monarchie était chrétienne, mais pas non-violente et heureusement! Laissez-moi vous dire aussi, cher DC, que les lois fondamentales du Royaume interdisaient totalement l'abdication, ce que vous semblez ignorer.

    Bien, tout cela est parfait mais me direz-vous, la monarchie a été renversée et le pouvoir a été reconstruit sur d'autres bases. D'accord, mais vous êtes royaliste comme moi, donc vous voulez replacer le principe dynastique dans l'ordre social et politique, ce qui signifie, que vous le vouliez ou non, une nouvelle rupture avec les principes de 1789. Bien sûr une monarchie ne pourrait prospérer que si les français l'acceptaient, mais le consentement du peuple n'est pas préexistant, ni à la dynastie, ni à la nation.
    PS. Je ne sais pas ce qui va se passer en Espagne

  • Une nouvelle rupture, certes, mais certainement pas pour
    revenir à l'Ancien Régime. Si vous examinez ce que vous
    appelez les principes de 1789, vous remarquerez que bien
    des bastilles restent encore à abolir et que l'ordre
    ultra libéral va à l'encontre de certains de ces principes.
    Qu'en est-il de la nuit du 4 août 1789, de nos jours ?!

    C'est donc bien le mouvement de 1789 qu'il faut reprendre
    à la base, et remettre à plat, mais cette fois dans le cadre
    d'une révolution royale et démocratique (élaborée avec, et
    approuvée par, le peuple), c'est donc tout l'inverse.

    Pour votre conclusion, je suis d'accord pour dire que le
    consentement du peuple n'est pas historiquement
    préexistant, ni à la nation, ni à la dynastie historique
    actuelle qui existe de fait et de droit, mais cependant il est
    indispensable, pour que celle-ci soit effectivement
    régnante. Sinon, elle se limite à servir le pays sans y être
    à la tête.

    Pour ce qui est du roi Louis XVI, vous voudrez bien
    admettre qu'il a toujours refusé de faire verser le sang
    des Français tandis que d'autres s'en sont chargés.

  • Terminons d'abord avec Louis XVI. Oui, il a refusé de faire couler le sang, écoutant en cela les exécrables conseils de Mgr de Juigné. S'il existe un Purgatoire, j'espère que cet archevêque y sera condamné à entendre pendant cent mille ans les pleurs et les cris des victimes de la révolution, dont il porte, par sa vanité, une indubitable responsabilité. Le roi a payé de sa tête son aveuglement. Sa politique ne doit pas pour autant être prise en exemple.
    Pour le reste, je vous remercie de vos précisions, qui rapprochent quelque peu nos points de vue. Cependant, plusieurs équivoques subsistent à propos de 1789.
    Lorsque le Comte de Chambord disait: "je vous propose de reprendre le mouvement de 1789", il n'entendait pas par là qu'il adhérait aux "immortels principes", mais au contraire qu'il proposait de reprendre le fil des réformes esquissées au moment où la révolution était intervenue, pour les interrompre.
    Il ne s'agit évidemment pas de rétablir l'Ancien Régime, et je suis un peu surpris que l'on prenne la peine d'enfoncer des portes ouvertes.
    Cependant il faut bel et bien renverser les principes de 1789 en ce qu'ils ont entendu créer une nation de toutes pièces sans tenir compte de l'Histoire, et faire de la volonté rationelle la source de toute autorité.
    Enfin, l'ordre ultra-libéral (mais les termes me paraissent antinomiques) est au contraire dans le droit fil des principes de 89, puisqu'il méprise la longue durée, se nourrit de la destruction des héritages et ne connaît que des individus atomisés.

  • Pour Sorel comme pour Proudhon, le combat pour la justice sociale que vous appelez de vos voeux, comme autant de Bastilles restant à conquérir, était d'abord une affaire de valeur et de réforme morale.

    Les grèves et les mouvements sociaux que vous soutenez, ont désormais un caractère purement catégoriel, qui ne remet en cause ni la capitalisme, ni la condition salariale bien au contraire.

    Vouloir rejeter la libéralisme économique tout en conservant le libéralisme politique, c'est à dire adhérer à l'idée qu'il existe une manière purement technique de régler les problèmes sociaux, consiste à mettre un sparadrap social sur la tumeur libérale.

    Qu'on puisse aujourd'hui passer sans heurt de la direction du parti socialiste à celle du FMI (et retour?) en est un symbole étourdissant.
    Symbole de la mondialisation et de l'immense mépris que réservent aux "gens de peu" ceux qui vivent dans la bulle du paraître médiatique.

    Non mon cher DC, la France n'a pas commencé en 1789. Mais ce n'est pas une raison pour désespérer.

  • Un débat sur la déclaration de 1789 s'impose.
    Je partage les principes de cette déclaration, elle date de
    1789, mais depuis d'autres principes tout aussi intéressants
    ont vu le jour, et il en est encore à formuler. Par ailleurs,
    beaucoup de principes de 1789 restent encore inappliqués
    ou détournés des intentions de leurs auteurs.

    Cette déclaration a été rédigée par des monarchiens qui
    n'étaient ni révolutionnaires, au sens idéologique où vous
    l'entendez ni opposés au principe monarchique.

    Si celle-ci avait été réellement respectée, il n'y aurait eu ni
    guerre civile, ni terreur. Cette déclaration ne peut être
    accusée de tous les maux.

    Je crois deviner que la Charte de 1814 vous inspire
    davantage que celle de 1830 de la monarchie de juillet,
    nous sommes en 2010, dans ce qui reste de la Vème
    République, renoncer aux principes de 1789, c'est
    effectivement nier les droits individuels et ce n'est pas
    acceptable. Dire que ces droits seuls suffisent à faire
    exister une nation, une société, ne l'est pas davantage.

    C'est aussi le débat de la souveraineté, en ce qui me
    concerne, elle réside autant dans le peuple que dans le
    souverain, de différentes manières et dans un échange
    permanent, vaste débat.

  • " Le but de toute association politique, lit-on à l’art. 2 de la Déclaration de 1789, est la conservation des droits naturels et imprescriptibles de l’homme ". Au sein de la société, l’homme ne se définit pas d’emblée comme citoyen, mais d’abord comme membre de la " société civile " (ou sphère privée), celle-ci se définissant elle-même comme la part de la
    société qui peut à bon droit être soustraite à la vie politique (ou sphère publique).

    C’est pourquoi la théorie des droits donne la priorité aux droits privés de l’individu. Au départ, la théorie des droits de l’homme semble s’élever seulement contre une forme politique particulière, en l’occurrence le despotisme. Mais en fait, c’est contre toute forme de politique que se déploie sa critique. L’idée-clé est celle d’une opposition de principe, toujours latente, entre l’individu et la communauté ou la collectivité à laquelle il appartient. L’individu serait toujours menacé par ce qui excède son être individuel, en sorte que c’est seulement en affirmant ses prérogatives d’individu qu’il se prémunirait contre cette menace. Dans cette optique, ni la société, ni la famille, ni les pouvoirs publics, ni les relations sociales, ni même la culture ne sont perçus comme pouvant aussi constituer une protection. D’où la nécessité de garantir aux actions individuelles une sphère inviolable et "sacrée".

    Parallèlement, la théorie des droits de l’homme crée une nouveauté radicale : une liberté indépendante de toute participation aux affaires politiques, une liberté de l’individu séparée de la liberté de la communauté politique à laquelle il appartient, idée qui aurait été considérée dans l’Antiquité "comme absurde, immorale et indigne d’un homme libre" . Enfin, si les droits sont illimités dans leur principe, les devoirs, eux, ne peuvent être que limités — à la fois parce qu’étant liés à la vie sociale, ils ne peuvent pas être la
    contrepartie de droits inhérents à la nature humaine, et parce qu’il serait contradictoire, du point de vue de la théorie des droits, d’imaginer des devoirs illimités envers des entités conçues comme potentiellement toujours menaçantes pour l’individu. Dans cette optique, certaines questions sont délibérément laissées de côté, par exemple la question de savoir si et dans quelles circonstances une collectivité peut avoir des droits par rapport aux individus qui la composent. Dans le meilleur des cas, toute restriction des droits par le pouvoir politique ne peut que recevoir le statut d’exception.

    Il n’est pas question, bien entendu, d’abandonner le langage des droits pour légitimer le despotisme. Il s’agit tout au contraire de montrer que la nécessaire lutte contre toutes les formes de tyrannie et d’oppression est une question fondamentalement politique qui, comme telle, doit être résolue politiquement. Il s’agit, en d’autres termes, d’abandonner la sphère juridique et le champ de la philosophie morale pour affirmer que le pouvoir de l’autorité politique doit être limité, non parce que les individus jouissent par nature de droits illimités, mais parce qu’une société où règne le despotisme est une mauvaise société politique, que la légitimité de la résistance à l’oppression ne dérive pas d’un droit inné, mais de la nécessité pour l’autorité politique de respecter la liberté des individus, bref que les hommes doivent être libres, non parce qu’ils "en ont le droit", mais parce qu’une société où les libertés fondamentales sont respectées est politiquement meilleure et en outre moralement préférable, qu’une société où elles ne le sont pas.

  • A cette critique de Sébasto, j'ajouterai que l'idéologie de 1789 ne se contente pas de nier le politique, mais également le groupe, auquel elle n'accorde pas d'existence véritable, même et surtout quand il est intermediaire, comme la famille. Non seulement le groupe n'est pas pris en compte, mais il doit être réduit progressivement et la conception révolutionnaire de la liberté s'exerce avant tout contre lui. Reprenant les propos de DC, je dirai que cette condamnation à mort du collectif par 1789 n'est pas acceptable.
    Cette réduction de l'humanité à l'individu s'accompagne évidemment d'un impératif messianique visant à unifier l'humain dans l'abolition des frontières et des différences afin d'aboutir enfin à un "homme" conforme au modèle rationaliste et mathématique des Lumières. C'est ainsi que la Législative déclare à la fois la guerre à l'Autriche et à la Prusse et la paix à leurs peuples. Il y a là la source de tout le totalitarisme de l'Etat moderne et de la destruction de la diversité du monde et CELA N'EST PAS ACCEPTABLE.

  • Antiquus et Sébasto exposent que la Déclaration des Droits de l’homme et du citoyen du 26 août 1789 se caractérise essentiellement par l’individualisme, en citant son article 2 qui énumère les droits naturels et imprescriptibles de l’homme, que sont la liberté, la propriété, la sûreté, la résistance à l'oppression.

    Tout d'abord cette déclaration ne se limite pas à son article 2, mais il est vrai que les rédacteurs et auteurs de cette déclaration ont centré leurs propos sur les droits des individus.

    Ceci ne signifie pas pour autant, et il faudrait faire parler les historiens à ce sujet, que leur intention était de nier les devoirs et droits collectifs, alors qu'ils étaient eux-mêmes attachés au principe monarchique. Ce n'est tout de même pas Robespierre, Marat, Hébert et j'en passe, qui ont rédigé ce texte comme alibi de leurs exactions. D'ailleurs, s'ils s'étaient appuyés sur cette déclaration, il n'y aurait pas eu les crimes de la révolution.

    De nos jours, et c'est quand même cela notre sujet, il existe dans notre bloc de constitutionnalité d'autres textes qui traitent des droits et des devoirs collectifs, ainsi le préambule de la constitution du 27 octobre 1946.

    Vous ne trouverez pas de royalistes approuvant la déclaration de 1789, pour nier l'existence du collectif, de ses devoirs et de ses droits, et opposer ainsi l'individu d'un côté, et le collectif de l'autre, ceci est contraire à l'idée que je me fais d'être royaliste. Au coeur de notre attachement à la royauté, se trouve un principe bien plus important que tout autre, l'unité, ou tout au moins converger vers une harmonie sociale.

    Arrêtons de stigmatiser 1789 comme la cause de tout ce que nous dénonçons. 1789 fait partie de notre histoire, comme 1814, comme 1830, comme 1946, comme 1958.
    Il s'agit de faire le lien entre tout cela.

    Pour ce qui concerne la France d'avant 1789, qui bien sûr ne commence pas en 1789, nous pouvons retenir, la constitution d'un territoire sur plusieurs siècles, auquel nous sommes attachés, la royauté et le principe monarchique, la constitution d'une nation, notre langue, les caractéristiques de nos différentes régions, nos terroirs, notre indépendance nationale face aux empires etc...

    La royauté en 2010 a besoin de tous ces apports pour en associer d'autres, conformes aux besoins de notre temps.

    1789 n'est pas l'alpha et l'oméga, nous sommes d'accord, bon et après, que fait-on?



    L

  • D'abord, cher DC, une première observation. Votre royalisme ne fait pas de doute et personne ne le conteste. L'attitude que vous proposez: tout concilier, assumer le passé de la France dans sa globalité, n'est pas nécessairement antipathique. Cette posture fut toute sa vie celle de Barrès ; c'est aujourd'hui en Russie celle de Poutine. Je me demande seulement si les français sont capables de ce genre de syncrétisme et, pour tout dire, j'en doute fort. Notre pays s'est scindé en deux identités inconciliables et chaque fois qu'on a voulu l'union nationale, c'était pour duper ou se faire duper.
    Au demeurant, et c'est là le plus tragique, 1789 ne fut que la continuation d'éléments plus anciens et puise sa source dans Descartes et Condillac, dans Occam et au-delà, dans Platon et Socrate. Le détricotage nous mène loin.

  • Cher Antiquus,

    Je vous remercie de cette réponse et considérant vos
    appréhensions, je dirais que c'est aux royalistes quelque soit
    leur vision des choses, de montrer l'exemple aux autres
    Français, en puisant aux sources de notre histoire millénaire
    tout ce qui peut rassembler et nous faire progresser.

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