L'éditorial de politique magazine.
Le dimanche, c'est sacré ! Pour l'édito de son numéro 70, Politique Magazine a choisi de revenir sur ce sujet ( http://politiquemagazine.fr/ ).
On a parlé en haut lieu, il n'y a pas si longtemps, de politique de civilisation : s'il y a bien un élément essentiel, central et fondamental dans une politique de civilisation, c'est bien ce dimanche de liberté que nous ont légué nos ancêtres. Benoît XVI n'a-t-il pas dit "Sans le dimanche, nous ne pouvons pas vivre"....
A l'heure qu'il est, les assauts du matérialisme multiforme semblent avoir été repoussés, grâce à une mobilisation determinée d'un front du refus, parfois assez inattendu dans sa composition ! Peu importe : seul le résultat compte ! Ne pas baisser la garde, toutefois, et rester mobilisés pour que, si les attaques reprennent, elles soient de nouveau mises en échec.....
L'examen de la proposition de loi du député Richard Mallié, élargissant les dérogations au repos dominical, a été reporté au mois de janvier. Il a été remanié dans un sens beaucoup plus restrictif. Il n'est plus question, comme à l'origine, de permettre sous certaines conditions l'ouverture des magasins le dimanche ni, non plus, comme il a été proposé par la suite, d'expérimenter pendant cinq ans une ouverture des magasins le dimanche dans des zones définies. Le principe du repos dominical est de nouveau affirmé. La permission d'y déroger ne concerne plus que des zones touristiques et les zones dites d'attactivité commerciale exceptionnelles dans les unités urbaines de plus d'un million d'habitants, Paris, Marseille, Lyon et Lille. Les grandes surfaces alimentaires sont exclues du dispositif pour ne pas porter préjudice au commerce de proximité. Le salarié a toujours le droit de refuser; la rémunération doit être doublée et un repos compensateur est exigé.
Si les exceptions peuvent se comprendre - et de toutes façons, il y a d'ores et déjà des millions de cas particuliers dans des quantités de métiers ! -, il n'en reste pas moins qu'il est toujours mauvais de légiferer sur des cas particuliers et surtout pour enfreindre des principes fondamentaux.
Nicolas Sarkozy a plié sur ce sujet et il a bien fait. Il n'y a jamais de mal à reconnaître une erreur.
Et, pour une fois, la représentation parlementaire a joué parfaitement son rôle. Sur ce sujet précis !
Les autres discussions, ces derniers temps, ont relevé du cirque parlementaire et du mauvais cirque : celle sur la réforme de l'audiovisuel en particulier. Ce qui tend à prouver que la réforme constitutionnelle sur les pouvoirs du Parlement, comme il était prévisisble, n'a en rien changé le fond de la question. La représentation nationale est radicalement faussée par le régime des partis. C'est une évidence qui est claire pour la majorité des français et même pour la majorité des hommes politiques quand ils parlent en vérité. Il ne s'agit pas de supprimer la représentation; il s'agit de la rendre réelle et efficace en vue du bien commun. L'affaire du dimanche a, de ce point de vue, donné un bon exemple.
Nicolas Sarkozy avait cru pouvoir y toucher; il privilégiait le travail avant tout. Il appliquait, là aussi, sa formule : travailler plus pour gagner plus. La tradition chrétienne et française était bafouée par cette volonté. Remettre la France au travail, soit, mais pourquoi le dimanche précisément ? Cette aberration déformait le dessein primordial et lui donnait une autre connotation.
Eh bien les évêques ont parlé. Ils ont eu raison de parler. Et de parler fort ! L'homme ne se nourrit pas seulement de pain. Le travail, ni l'argent, ni la consommation ne sont des dieux. Le dimanche, en France, depuis ses origines, est consacré à Dieu. Les évêques français ont fait leur travail de représentants de la plus vieille nation catholique du monde.
Les syndicats, y compris professionnels, ont parlé aussi. Et là, dans cette matière, ils ont parlé juste : ils ont rappelé que les travailleurs avaient droit à leur repos dominical et familial.
Et les parlementaires ? Ceux de l'opposition ont fait leur métier d'opposants, mais, cette fois-ci, ils ont trouvé de vrais arguments, confondant cependant volontiers, selon la mode républicaine, le culturel et le cultuel. Peu importe : ce n'était plus le "non" du parti, mais le "non" des français.
Et puis, bravo aux députés de la majorité qui n'ont pas hésité à affirmer haut et fort leur conviction. Ils ont forcé l'Elysée et Matignon à les recevoir et à tenir compte de ce qu'ils représentaient : le pays profond parlait par eux. Ils ont rempli leur devoir.
Leçon : que la France se retrouve elle-même sur son essentiel et tout ira beaucoup mieux.