L'oeuvre (?!) de Buren restaurée à grands frais...et pendant ce temps là le (vrai) Patrimoine fout le camp.....
On l'a appris il y a peu avec tristesse et consternation: la ministre s'est donc couchée devant les prétentions de celui qui a défiguré le palais Royal. Christine Albanel a cédé devant les diktats et les oukases du conformisme ambiant, et s'est empressée de déclarer qu'on allait très vite et très bien (et pour très cher....) restaurer les colonnes de Buren.
Une belle occasion de redonner tout son lustre à l'un des monuments majeurs de Paris est donc perdue, pour l'instant du moins (restons résolument optimistes: rien n'est éternel, le laid et l'idiot non plus....).
Mais on apprenait presqu'aussitôt -et là ce n'est plus la tristesse mais la colère qui prévaut...- qu'un rapport officiel, envoyé au Parlement, indiquait que le nombre de monuments "en mauvais état" et "en péril" est passé de 32% en 2002 à 41% en 2007 (avec une aggravation importante -de 28% à 33%- pour les monuments appartenant à l'Etat (1). Qu'est-ce que cela signifie? Dans le meilleur des cas, que la République gère mal notre Patrimoine. Dans le pire, qu'elle s'en fiche....
On se souvient, il y a de cela quelques semaines à peine, que Jacques Julliard évoquait le chiffre de 35 milliards déversés en quatre ou cinq ans pour les banlieues, ("avec une efficacité douteuse", ajoutait-il perfidement....). Quand on sait que la France est la première destination touristique au monde, et que le Tourisme est la première activité économique mondiale, on reste pensif lorsqu'on considère la "politique" (?!) de la république en ce qui concerne notre Patrimoine. Témoignage éclatant de notre Culture et de notre Civilisation, cet extraordinaire "capital transmis" est évidemment d'abord, et avant tout, un témoignage moral et spirituel, la trace qu'ont laissé nos ancêtres dans leur recherche du Vrai, du Beau et du Bien. Mais ce capital que le monde entier nous envie est aussi de fait, et ce n'est nullement incompatible, une extraordinaire source d'activité, donc de revenus, d'emplois, de développement. Du moins pourrait l'être, et devrait pour cela être exploité beaucoup plus et beaucoup mieux. Alors qu'on le laisse, pour une large part, en déshérence, et que l'on gaspille tant et tant de milliards par ailleurs.
Cela doit-il étonner? La révolution nous a privé d'une part non négligeable de notre Patrimoine, puisqu'elle a démoli, dispersé, vendu entre le quart et le tiers de celui-ci (2). C'est logique: n'a-t-elle pas voulu "du passé faire table rase", nous couper de nos racines et, en assassinant le Roi -comme nous venons de le commémorer il y a huit jours- tourner le dos à nos origines et faire de notre pays et de notre peuple un pays dénaturé, un peuple différent. Comment et pourquoi aimer, garder, entretenir des témoins architecturaux des siècles passés, alors que l'on veut précisément abolir et renier ces siècles passés?...
"La civilisation est d’abord un capital....Capitalisation et tradition – tradition c’est transmission – deux termes inséparables de l’idée de civilisation", dit Jacques Bainville. Voilà en quoi une politique peut ruiner une civilisation, en refusant ses racines et son histoire, ou au contraire la perpétuer et l’épanouir, en la préservant de la barbarie. Justement, qui a parlé de "politique de civilisation"?.....
(1): 65% des monuments en périls se situent dans des communes de moins de 2.000 habitants, démunies de financement et de compétences. Le besoin de travaux est passé de 7 milliards à près de 11 mds. A titre d'exemple, le seul renouvellement des toitures des monuments historiques revient à 50 millions d'euros par an.
(2): Accomplissant, au passage, un crime esthétique et culturel non seulement contre la France mais aussi contre la Beauté, qui appartient à toute l'Humanité: et l'on sait que ces crimes-là sont imprescriptibles..... Voir la note "Propos de Président amnésique" dans la Catégorie "Ainsi va le monde.....".