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Humeur: Méritée, une bonne baffe n'a jamais fait de mal à un ado ou à un enfant, bien au contraire...(2/2)

          Il est malgré tout amusant et réconfortant de voir que les choses ont évolué, et rapidement. Au tout début les journalistes avaient fixé le cadre: le méchant professeur (incarnation du mal absolu) et le gentil petit (l'ange exempt de toute tâche).

             C'est cette "version" qui a prévalu, sur les antennes, disons pendant une demi-journée. Très vite -et c'est là que se mêlent l'amusant et le réconfortant- on a entendu des premières voix discordantes, devenant de plus en plus plus nombreuses, et mettant en pièce l'angélisme du tableau de base. Des parents d'élèves entre autres ont déclaré, avec un bon sens qui les honore, que s'il y avait bien eu baffe il y avait eu malgré tout et d'abord insolence caractérisée et inadmissible. Du coup est venue une réaction des autorités du Ministère qui, s'étant laissé déborder au début, on continué leur "suivisme" mais dans l'autre sens, et ont demandé que le gamin écope malgré tout d'un renvoi (de trois jours...). Histoire de ré-équilibrer un peu, mais trop peu et trop tard, une situation que l'on avait laissé se créer et se dégrader en se laissant surprendre et, comme d'habitude, en "n'osant pas".....

             Quelle peut être la morale de cette lamentable histoire? On peut en tirer de nombreux enseignements, entre autre celui-ci: les Français doivent savoir que, dans les écoles, on a entassé des élèves qui n'ont ni les moyens ni l'envie de s'y trouver, qui n'y sont pas heureux parce qu'ils ne peuvent pas s'y épanouir, et qui seraient mieux à leur place en apprentissage. Et que l'on maintient ces élèves "en classe" à grands frais, en stérilisant une quantité d'argent considérable, soustraite par exemple à la Recherche, qui en manque tant. Et, plutôt que de leur transmettre une Culture et de les préparer à la vraie vie, on les maintient dans un assistanat dé-responsabilisant pendant plusieurs années. Bref, on fabrique non seulement des "crétins" comme le dit Brighelli -dont on peut contester au moins le titre, mais il s'agit d'un pamphlet....- mais aussi et surtout des mutants. Et l'École, ainsi dénaturée par la double action de ces élèves qui ne devraient pas y être et de ces théories malfaisantes, aboutit à son exact contraire: au lieu de former, elle dé-forme; au lieu d'éduquer elle des-éduque, et tout cela à coups de milliards allègrement gaspillés!....

              Sortons maintenant du fait divers, prenons du recul et allons respirer sur les sommets, un peu plus haut que là où se situent ces enfants mal-élevés (au sens non seulement très pratique mais aussi au sens presque philosophique du terme...); ces enfants et leurs parents coupables, et leurs éducateurs dés-éducants, leurs formateurs dé-formants....Et puisque Georges Steiner publie cette semaine un excellent entretien dans "Le Point" (3) nous lui emprunterons notre conclusion, et profiterons une fois de plus de sa sagesse pour élever le débat. Il a tout dit des rapports du maître et de l'élève lorsqu'il évoque ce souvenir: "Je dois au lycée français tout ce que je suis devenu. Je me souviens d'une rentrée des classes à Janson-de-Sailly. Le professeur est entré dans la classe et il nous a dit : « Messieurs, c'est vous ou moi. » Voilà toute ma pédagogie".....   (fin).

(3): "Le Point" du 24/01/2008 (n°1845), Propos recueillis par Elisabeth Lévy (Il connaît Homère et Shakespeare par coeur, il écrit et enseigne en quatre langues. A 78 ans, George Steiner, l'un des derniers grands humanistes européens, ébauche, sous la forme de courts essais, quelques-uns des livres qu'il n'a pas écrits. Lumineux.)

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