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Rechercher : Rémi Hugues. histoire & action française. Rétrospective : 2018 année Maurras

  • La présidentielle, et après ?

     

    par Hilaire de Crémiers

    Les candidats font comme si tout se jouait dans leurs discours. La question est autrement plus difficile.

     

    Mon bureau 3 Lucs.jpgLa France a devant elle encore deux mois de luttes électorales pour la présidentielle, plus de trois pour les législatives. La violence qui se déchaîne n’en est qu’à ses débuts. Celui qui sera élu à la présidentielle sortira d’un champ de bataille si chaotique et si fumeux qu’il lui sera impossible, malgré toutes les prétentions, de rassembler les Français. C’est à ce moment-là qu’il convient de se placer pour mieux évaluer les conséquences de cette élection.

    Ni les ordonnances ni les référendums ne suffiront à régler les problèmes. Le général de Gaulle qui y eut abondamment recours et qui avait pris soin, de plus, dans la Constitution de 1958, de restreindre le domaine de la loi au profit de la décision réglementaire, avait pourtant à sa disposition une majorité parlementaire : il en avait besoin, ne serait-ce que pour les lois de finances.

    Quelle majorité pour quel président ?

    Même si l’élection présidentielle entraîne les élections législatives, il est à prévoir que, dans les circonstances actuelles, l’effet d’entraînement aura une moindre portée. Et pour cause : les Français régleront leurs comptes. Seul le candidat dit de droite et du centre, s’il en est encore un, pourrait se constituer avec quelque assurance une majorité ; et encore serait-elle friable et incertaine, tant elle aurait accumulé de vindictes et de rancœurs.

    Que faire ? Et comment faire ? « Faire » est, d’après le titre de la plaquette de Fillon et les dires de chacun des candidats, leur préoccupation première. Comme si tous admettaient implicitement que l’inertie était la loi propre du régime. Et de fait ! Tous sont donc dans l’urgence et prétendent agir et vite ; à les entendre, les milliards vont valser dans un sens ou dans l’autre avec beaucoup d’énergie ; rien ne leur fait peur.

    Sur leur tribune, dans leur programme, ils décident de tout : du revenu de chacun, de la feuille de paie, des impôts, des assurances et des mutuelles, du travail, de la formation depuis la petite enfance jusqu’à la vieillesse, de la santé, de la vie, de la fin de vie, de la mort, du nombre de fonctionnaires, du licite et de l’illicite, de ce qu’est la République et de ce qu’elle doit assurer à chaque Français. Ils parlent et, dans leur esprit, c’est déjà fait ; tant qu’il s’agit de discours, il est vrai, c’est si facile de faire ! Certes, à pareil compte, il s’en écrira encore des pages et des pages de lois, d’ordonnances, de décrets, de règlements, de circulaires et d’articles de codes !

    Toutefois, les candidats ont beau développer en ce moment avec lyrisme et conviction leur projet ou leur apparence de projet, celui qui gagnera la présidentielle l’emportera dans de telles conditions qu’une fois élu et les élections législatives passées, il risque fort de se heurter très vite à l’impossibilité pratique de gouverner. Comment s’opérera le report des voix au second tour ? Comment voteront les mêmes électeurs aux législatives de juin ? Hamon le sait-il ? Et Macron, le discoureur qui dit n’importe quoi et que Bayrou rallie ? Et Fillon lui-même ? Et Marine Le Pen ? Qui a conscience du problème ?

    Quoi qu’il en soit, le gagnant sera de toute façon mal élu, n’ayant comme seul appui populaire que la minorité du corps électoral qui l’aura choisi au premier tour. Le choix du second tour sera passionnel et s’effectuera fondamentalement par opposition. Le président ainsi désigné ne sera pas en mesure de donner à l’État un prestige suffisant pour lui permettre d’exercer son autorité. Élu par défaut, par hasard, par humeur, par consigne, par refus, par obstruction, quelle politique pourra-t-il mener ?

    La crise de régime

    Le plus terrible est que tout le monde le sait, au moins en son for intérieur. Mais personne ne veut en tirer les conséquences. Chacun poursuivra son jeu, comme si de rien n’était. Le même régime avec les mêmes protagonistes pour continuer sur la même fatale déclivité, sans qu’aucun « volontarisme », pour reprendre leur jargon, puisse améliorer une mécanique institutionnelle détestable en elle-même. Comme sous la IIIe, comme sous la IVe République, et pour finir comment ?

    Car le drame arrive : à l’intérieur, parce que la nation française éclate, parce que les zones dites de non-droit, c’est-à-dire de trafics en tous genres et de salafisme actif se comptent maintenant par centaines et qu’un rien peut déclencher l’explosion, parce que le pays, en raison de politiques idiotes, s’appauvrit de jour en jour, parce que l’État prélève plus de la moitié de la richesse nationale (57 %) sans plus rendre de services équivalents et qu’il est endetté sans mesure et avec des risques considérables, parce que les ménages normaux et les entreprises qui font vivre le pays sont pressurés, parce que l’École n’éduque ni n’instruit plus, parce que l’esprit public est corrompu et que la France n’intéresse plus ni les dirigeants ni les médias. Qui peut prétendre agir dans un tel cadre ? La crise de régime est là, c’est évident ; elle ne fait que commencer.

    Et le drame est d’autant plus inquiétant que le monde alentour change : les billevesées mondialistes se dissipent. L’Amérique pense d’abord à elle, de même l’Angleterre ; les prochaines élections européennes révèleront les mêmes tendances. L’Europe institutionnelle n’existe plus que comme une superstructure insupportable. Elle vient encore de céder avec le CETA aux pressions des multinationales sous couvert de traité avec le Canada. Au prochain sommet européen, la Grèce sera une fois de plus éreintée. L’euro ne sert plus que l’Allemagne qui le quittera quand il ne la servira plus. Les faits s’imposent, les uns après les autres, durement.

    Il ne sert à rien de mépriser les réactions populaires en les qualifiant de « populismes », mot facile de technocrates installés et d’économistes sûrs de leur expertise qui vivent du système. Nicolas Baverez qui décrit par ailleurs parfaitement le mal économique français, déclare a priori que tout protectionnisme est « inintelligent », tout ça pour fustiger le Front national. Il serait aisé de lui répliquer que tout libre-échangisme décrété de manière absolue peut aussi être parfaitement absurde, quand tous les pays du monde, obéissant à la plus élémentaire règle de survie, cherchent évidemment à protéger leur peuple, leur économie, leur société. Pourquoi la France serait-elle le seul pays au monde à devoir se sacrifier au dogme du libre-échange ?

    Et, plus simplement, le libre-échange est-il un dogme ? Pourquoi ces vaines querelles entre Français, aimant la France, voulant sincèrement le bien commun, sur cette question du protectionnisme et du libéralisme, entendu au sens économique du terme. Colbertisme ou libéralisme à la Say ou à la Bastiat ? C’est une vieille dispute. Elle a son intérêt.

    L’État national n’a pas à trancher ; il fait du Colbert quand c’est nécessaire ; et autant que nécessaire ; la France s’en est bien portée. Et, s’il le faut, il ouvre son commerce et son économie quand il y voit un moyen de progresser, un avantage à se procurer. Bref, il n’est pas idéologue. Il n’est pas prisonnier d’un système ; il ne durcit pas ses positions de principe comme le fait automatiquement tout parti qui simplifie et dialectise. L’État doit être au-dessus ; il transcende. La France ne s’en sortira que quand le chef de l’État sera au-dessus des partis, transcendera tous les clivages pour incarner la France.

    C’est de souveraineté dont la France a besoin et non de partis. Elle aspire à ce pouvoir « régalien » qui lui fait défaut : « La souveraineté, disait Jean Bodin, est le pouvoir de commander et de contraindre sans être commandé ni contraint ». Telle est la première des libertés politiques.  

    Politique magazine mars 2017 -  Consulter ... S'abonner ...

  • Vincent Trémolet de Villers : Quand la folie Macron s'empare du « cercle de la raison »

     

    Ce qu'Alain Minc appelait « le cercle de la raison » s'enthousiasme pour la campagne d'Emmanuel Macron. Le succès du candidat d'En marche ! est pourtant, en tous points, déraisonnable. C'est ce que Vincent Trémolet de Villers expose ici avec finesse et lucidité [Figarovox, 13.03]. Un journaliste et un intellectuel de la jeune génération, de plus en plus présent dans les médias, presse, radios et télévisions, où il exprime souvent, sur des sujets essentiels, des idées que nous partageons ... En la circonstance, Macron c'est sans-doute irrationnel, mais c'est aussi un danger pour la France.    LFAR

     

    « Un fou, c'est celui qui a tout perdu, sauf la raison. » Le phénomène Macron donne curieusement envie de renverser la phrase de Chesterton. Les applaudissements frénétiques, les admirations extatiques de ses partisans laissent penser qu'ils ont perdu la raison, mis leur esprit critique en jachère pour laisser pousser les mille fleurs de la passion. Le paradoxe est que le fondateur d'En marche ! est soutenu par ceux-là mêmes qui se méfiaient des foules qui chavirent, des slogans qui claquent, des facilités médiatiques.

    64402cf4-c30c-45de-8ed4-432bcaae7240.jpgAlain Minc, parrain politique du jeune prodige, avait tracé les contours, au siècle dernier, du « cercle de la raison ». C'était lors d'une autre élection présidentielle et ce fameux cercle entourait Édouard Balladur. Aux impératifs européens, atlantistes avec une teinte timidement progressiste, s'ajoutait le culte des experts, du droit, des chiffres. La politique était une chose trop sérieuse pour la laisser aux bateleurs d'estrade, aux sourires hollywoodiens, aux combinaisons acrobatiques. Précision, constance, distance formaient la trinité de la compétence. Aux foucades des Berlusconi de tous poils, on préférait l'austérité d'un Jacques Delors, politique dévoué et sacrifié à l'intérêt supérieur de la Commission.

    Et puis… Et puis les mêmes, comme emportés par les foules, les flashs qui crépitent, ont troqué leurs costumes sombres pour le tee-shirt coloré du helper d'En marche ! Ceux qui se défiaient du culte de la personnalité soutiennent sans complexe un candidat qui s'expose chaque semaine dans les journaux, se casse la voix, étend les bras en croix et ne renie pas sa « dimension christique ». La politique, pour eux, c'était le « champ du possible » : c'est de la « magie », proclame Emmanuel Macron. Le pouvoir devait se désencombrer des fantasmes qui l’accompagnent : c'est « une mystique », poursuit le fondateur d'En marche ! La démagogie, c'était dire au peuple ce qu'il voulait entendre : « Je vous aime, farouchement », lance le jeune homme à la foule en délire.

    Le cercle de la raison écoute, sagement assis, en rang serré, les discours interminables du n + 1 qui « invite » « celles et ceux » des participants à « cheminer », pour « débloquer » la société et « ensemble », « avancer » vers une société « apaisée », « ouverte » pour que « chacune et chacun » trouvent une place. Selfies, cris du public, l'étrange psychologie des foules en marche ne semblent pas gêner ceux qui fustigeaient, il n'y a pas si longtemps, les tentations populistes des meetings populaires.

    Ces défenseurs ardents de la vie de l'esprit ne se sont pas plus émus devant Révolution, l'ouvrage d'Emmanuel Macron dont la quatrième de couverture donne pour seul texte une photo plein sourire du candidat !

    De la même façon, ces pointes fines des démonstrations chiffrées, des courbes et des clés de répartitions font campagne pour un candidat qui se vante de préférer la vision au projet, l'incarnation aux propositions, l'immaturité à la sagesse et l'inexpérience à l'habitude de l'exercice du pouvoir.

    Quelle majorité à l'Assemblée ? On s'arrangera le moment venu ! Et la proportionnelle, ce n'est plus dangereux, la proportionnelle ? Il faut de tout pour faire un Parlement. Et les réformes, il faut des réformes ? On exonérera 80 % de la population de la taxe d’habitation ! Comment gouverner avec dans le même camp Robert Hue et Alain Madelin, Patrick Braouezec et Renaud Dutreil ? Si tous les gars du monde voulaient se donner la main, vous répondra-t-on.

    Nous ne sommes pas dupes et aucun des soutiens d'Emmanuel Macron ne l'est vraiment. Dans cette affaire, le syndrome du Guépard, « il faut que tout change, pour que rien ne change », joue à plein. Plutôt que de chanter les bonheurs de la globalisation, on l'habillera de tricolore : Jeanne d'Arc annonce Jean Monnet, la culture française n'existe pas, mais le Puy du Fou vaut le déplacement. Comme dans le Canada de Trudeau, tout concourt à l'apparition d’« une humanité réconciliée, délivrée de ses différences profondes, où les identités pourraient circuler librement et sans entraves dans un paradis diversitaire » (Mathieu Bock-Côté). Il arrive toutefois que l'on s'y perde. On songe alors au Soulier de satin : « C'est ce que vous ne comprendrez pas qui est le plus beau, c'est ce qui est le plus long qui est le plus intéressant, et c'est ce que vous ne trouverez pas amusant qui est le plus drôle. » Ne cherchez plus à comprendre: Macron, c'est irrationnel. 

    Vincent Tremolet de Villers           

    Vincent Trémolet de Villers est rédacteur en chef des pages Débats du Figaro et du FigaroVox

  • Quand la Commission européenne s'en prend au « protectionnisme » de M. Macron.

     

    1345578492.2.jpgDimanche soir, toute l'Europe (du moins les gouvernements européens de l'Union et ses institutions) était « macroniste » : l'ancien ministre de l'économie de François Hollande était celui que tous semblaient espérer et tous voyaient en lui le nouveau sauveur de la construction européenne, et le disaient, le clamaient à l'unisson.

    Mais, une fois les lampions précocement éteints, l'Union européenne, comme dégrisée, dénonce la volonté affirmée dans son programme d'une certaine régulation de la mondialisation, ce qui est tout de même fort de café au regard de la situation actuelle, en particulier de l'usine Whirlpool et de la délocalisation spéculative pratiquée par la multinationale états-unienne, opération qui laisse plus de 280 personnes sur le carreau, sans compter les intérimaires et les sous-traitants. 

    Dans son édition du mercredi 10 mai et en ses pages économiques, Le Figaro (sous la plume de Jean-Jacques Mével) évoque de quoi il retourne, sans donner tort à M. Macron dans ce qui s'annonce comme l'un des premiers bras de fer du nouveau président avec Bruxelles et, peut-être, Berlin : « Emmanuel Macron jure qu'il ne soutient ni « la mondialisation naïve », ni le libre-échange à tout va. Et c'est un projet littéralement protectionniste du président élu qui commence à semer le trouble à Bruxelles, à Berlin et dans d'autres capitales du nord de l'UE : réserver les marchés publics du Vieux Continent aux entreprises qui localisent la moitié au moins de leur production sur le sol européen. » Fichtre ! Le grand mot est lancé, celui que M. Hollande vouait l'autre jour aux gémonies : protectionnisme. 

    En fait, ce « protectionnisme » évoqué par Le Figaro n'est pas un protectionnisme national mais bien plutôt un protectionnisme européen, que le journal rebaptise, comme pour enfoncer le clou, « patriotisme économique », formule jadis utilisée par M. de Villepin, aujourd'hui soutien du nouveau président. Mais, européen ou non, c'est toujours un sacrilège économique pour les grands prêtres de la mondialisation, qui voit dans cette proposition de M. Macron « une solution de facilité d'inspiration populiste », selon la formule lâchée, à en croire le quotidien de droite, « au plus haut de la Commission » (Juncker ? Moscovici ?). « C'est surtout le credo libéral que suit rigoureusement la Commission Juncker, en publiant ce mercredi ses « Réflexions sur une reprise en main de la mondialisation » (…).

    « Le document (…) reconnaît que « le revenu réel des classes moyennes a stagné dans l'UE durant la dernière décennie », avec un risque réel que « les inégalités s'accroissent encore, en même temps que la polarisation sociale ». La mondialisation et l'accélération technologique ne sont pas des mutations de tout repos. » 

    Ainsi, la Commission, dans sa grande bonté, « reconnaît » les conséquences sociales ennuyeuses de la mondialisation mais, surtout, pas question de toucher à ce tabou des temps (et des élites, ou supposées telles ?) contemporains : le dogme avant tout, l'idéologie d'abord, et tant pis pour les nouveaux « vaincus de l'intégration mondiale », qui pourront toujours se recycler dans une profession uberisée ou numérisée... Ce cynisme fait froid dans le dos, et il prépare les colères de demain, que cette même Commission qualifiera, avec une moue dégoûtée, de « populismes ». 

    Les dirigeants des institutions de l'Union européenne affirment ainsi que les évolutions en cours, y compris dans leurs aspects les plus socialement injustes, « ne peuvent être ni stoppées, ni inversées », ce qui me semble faire preuve d'un grand fatalisme et d'une absence de volonté (et de courage) dont, pourtant et a contrario, les mêmes n'hésitent pas à faire montre quand il s'agit d'appeler les États (dont, au premier rang, la France) à mener les fameuses « réformes » qui doivent libéraliser un peu plus la vie économique et sociale, au risque de créer de nouveaux déséquilibres et de nouveaux drames sociaux sur nos territoires. 

    Le texte de la Commission poursuit : « Si nous fermons nos frontières, les autres feront de même et tout le monde se retrouvera perdant », argument désormais classique des libre-échangistes et qui semble oublier que, hors d'Europe, la plupart des pays protègent leurs industries et leurs marchés des intrusions qui leur semblent menacer leurs propres populations et souveraineté économique. C'est ce dernier point que, d'ailleurs, souligne le journaliste : « L'idée, inscrite noir sur blanc dans le programme du candidat à l’Élysée, n'est pas nouvelle. L’État chinois et d'autres géants pratiquent le patriotisme économique sans arrière-pensée. Les États-Unis appliquent leur Buy American Act depuis 1933, quand l'instauration de barrières commerciales devait accélérer la sortie de la Dépression. Lors d'un autre passage à vide, un demi-siècle plus tard, le président Reagan a élargi la préférence nationale à l'industrie du transport de masse.(...)

    « La classe politique française, à défaut de maîtriser la mondialisation, se remémore à chaque élection qu'elle pourrait user de la commande publique comme un bras armé, notamment dans les transports et les chantiers d'infrastructure. » Cette proposition, si elle ne peut assurer à elle toute seule une stratégie économique face à la mondialisation, a au moins le mérite de remettre le politique et l’État au cœur du jeu, permettant la préservation des intérêts de l'économie nationale et des salariés français, ce qui n'est tout de même pas négligeable, me semble-t-il ! 

    ecudor.jpgEn tout cas, ce qui est certain, c'est que le nouveau président va devoir batailler ferme pour tenir ce qui n'était jusqu'alors qu'une promesse de campagne : si le protectionnisme européen n'est pas la solution idéale (et les salariés de Whirlpool en sont bien conscients, puisque le pays, la Pologne, qui va accueillir leurs machines et leurs emplois délocalisés appartient à l'Union européenne...), il peut apparaître comme une première protection utile pour maintenir une part du travail en France et garantir des règles sociales un peu plus favorables aux ouvriers français qu'aujourd'hui. 

    A l'inverse, si M. Macron cède aux oukases libre-échangistes de Bruxelles (et de Berlin ?), son quinquennat ne sera que la triste continuation du précédent et il n'aura aucune excuse à mes yeux et à mon cœur de royaliste social. Le test est d'importance : au-delà du président fraîchement élu, il concerne l'avenir économique et, en particulier, industriel de la France pour les décennies à venir. 

    Mais, il faudra sans doute penser plus loin que ce protectionnisme-là, pas totalement satisfaisant, et, dans le même temps, produire et consommer plus local... 

    Le blog de Jean-Philippe Chauvin

  • Fake news : la preuve par Macron !

     

     
    Par Nicolas Gauthier
     
    Intéressante chronique parue dans Boulevard Voltaire le 8 août, où Nicolas Gauthier tourne en dérision le projet d'Emmanuel Macron d'installer des hot spots en Libye. A-t-il raison ? Eventuellement, on en débattra. LFAR
     

    745791051.pngLes journalistes – le dernier venu le sait – lavent plus blanc que blanc ; quitte à devenir transparents, pour paraphraser le défunt Coluche. Ne cherchez pas, ils savent le vrai, le bon, le bien et le beau. Ce sont des vigies morales et ceux qui les tiennent pour vigiles de la brigade des mœurs démocratiques ne sont rien que de mauvais coucheurs.

    Ainsi entendent-ils redresser à la fois les torts et les informations. Logique : eux, ils savent. Et nous, non ; moi y compris, qui pourtant fait partie de cette aimable confrérie. D’où inlassable traque à ces « fake news », naguère surnommées « bobards », ici ou là dénichées sur les réseaux sociaux. D’où, encore, ces « Décodex », rubriques consistant à « décoder » les « news » plus ou moins « fake ». Autant dire qu’il y a du travail sur la planche et que les premiers à décoder à plein tube sont généralement ces mêmes journalistes.

    À leur décharge, il convient de reconnaître que l’exemple peut venir de haut. Emmanuel Macron, par exemple, qui, pour lutter contre l’immigration de masse venue du sud de la Méditerranée, annonce : « L’idée est d’ouvrir des “hotspots” [déjà, rien que ce vocable… NDLR] en Libye afin d’éviter aux gens de prendre des risques fous alors qu’ils ne sont pas tous éligibles à l’asile. Je compte faire cela dès cet été. »

    Inutile d’attendre la fin de ce dernier pour constater que la bise est venue avant terme par la voix de Gérard Collomb, ministre de l’Intérieur, qui s’empresse de préciser : « Ce type d’initiatives ne peut pas actuellement être envisagé en Libye, compte tenu de la situation du pays. »

    Il s’agissait donc d’une « fake news » sur laquelle, par révérence peut-être, les médias ne se sont pas rués, alors qu’elle était « fakissime ». Ouvrir une antenne française pour réfugiés en Libye ? Pourquoi pas inaugurer une succursale de Pôle emploi à Kaboul pour y développer l’industrie locale du strip-tease ?

    Si l’on y réfléchit mieux, le silence de ces mêmes médias, à l’exception notoire de notre confrère Marianne, n’a rien d’anodin, la caste journalistique étant le premier grossiste en matière de « fake news ». De charniers roumains à Timișoara, de profanation de cimetière à Carpentras, de bébés égorgés dans les couveuses koweitiennes par la soldatesque irakienne, d’armes de destruction massive dissimulées à Bagdad et dans ses proches environs, de génocides en ex-Yougoslavie, de révolutions colorées en Ukraine et autres printemps arabes. Sans évidemment négliger les parallèles spécieux visant à, aujourd’hui, assimiler les régimes russes, vénézuéliens ou hongrois aux heures les plus sombres d’un stalinisme ou d’un hitlérisme décidément recyclables jusqu’à l’infini et l’au-delà.

    Et c’est là où les nouveaux chevaliers de l’information excellent, puisqu’ils finissent, vingt ans après, par rectifier leurs propres erreurs, tout en nous faisant la morale au passage ; logique, ils incarnent le camp du « bien ». Et s’ils se sont trompés, c’était de bonne foi et pour la bonne cause. Pratique. Quant à leur chasse aux « fake news », elle consiste le plus souvent à pinailler sur les détails tout en négligeant l’essentiel. Tel ou tel journal plus ou moins dissident affirme que deux cent mille migrants vont déferler sur nos côtes avant la rentrée ? Faux ! Car ce sera cent cinquante mille tout au plus… Mais à cinquante mille près, il n’empêche que l’invasion est bel et bien réelle, et que là constitue l’information majeure.

    En l’occurrence, qui publie la « fake news » ? Celui qui exagère ou minimise l’information ? Ou celui qui la nie tout bonnement ? Dans le cas d’Emmanuel Macron, c’est un peu plus sournois. Cette information majeure (la submersion migratoire), il fait mine de la prendre en compte tout en faisant croire qu’il la réglera, tout en sachant bien que ce tour de passe-passe ne saurait longtemps faire illusion, même pas auprès de ses plus proches ministres.

    Ce n’est plus Jupiter, c’est Garcimore.  

    Journaliste, écrivain
  • Caroline Galacteros : « Du bon usage des armes de la France »

     

    Caroline Galacteros a publié ces intéressantes réflexions sur le site de l'ASAF, l'Association de Soutien à l'Armée Française [25.07]. Nous ne pouvons que l'approuver, ayant, nous-mêmes, dans le même esprit, consacré de nombreux articles au sujet crucial dont il est ici question. LFAR  

     

    caroline_galacteros_3a92567ba9213106e7832bf876cd46d7.jpgÊtre un chef. Tout un programme. Mais surtout une exigence première, profonde : protéger les siens, ceux qui dépendent de vous, de vos choix, ceux qui remettent leur vie entre vos mains parce qu'ils ont confiance, vous respectent et savent que vous ne les livrerez pas légèrement à l'adversité et, pour commencer, à l'adversaire.

    Pour un sous-officier ou un officier, il s'agit de protéger ses hommes, de les engager à bon escient et dûment équipés.

    Pour un chef militaire et évidemment pour le premier d'entre eux, il s'agit de protéger nos armées de la pensée comptable et des raisonnements à courte vue de Bercy qui, depuis 30 ans, les met à nu impunément, tout en leur demandant toujours plus. Pour notre chef de l'État, chef des armées ès qualités, c'est encore protéger celles-ci pour leur permettre de remplir leur mission… de protection du peuple français et de la France dans toute l'ampleur et la diversité de ses intérêts matériels et immatériels. 

    La loyauté du chef d'état-major des Armées envers le président de la République est totale et naturelle. Elle n'est pas à géométrie variable ni de nature politicienne, attachée à un homme ou un camp, mais bien plutôt à une fonction incarnée par un individu donné, choisi par les urnes à un moment donné.

    Dans le cas de Pierre de Villiers, c'est la loyauté d'un soldat de grand prestige envers le dépositaire de la souveraineté populaire, quel qu'il soit. C'est cette loyauté qui lui a fait devoir d'informer les représentants du peuple, en l'espèce les membres de la commission des Forces armées de l'Assemblée nationale, de l'état réel de nos armées, et du caractère insoutenable d'une nouvelle salve de coupes budgétaires décidées par des technocrates inconscients du coup ainsi porté à la chair de la patrie pourtant si manifestement en danger. 

    Dangereux coup de rabot 

    Un énième coup de rabot arrivant après des annonces de gel et de surgel de lignes budgétaires, qui pourrait bien sonner le glas, après bientôt trente ans d'efforts financiers endurés sans mot dire, de notre efficacité opérationnelle ; donc in fine de la crédibilité militaire de la France et de celle du président qui l'incarne, notamment à travers la disposition et l'emploi éventuel de « l'outil militaire ».

    Depuis la professionnalisation, nos armées ont subi de plein fouet l'utopie délétère des « dividendes de la paix ». Elles se sont réformées, ont réduit puis réduit encore leurs formats opérationnels. Elles ont vu fondre leurs effectifs, vieillir leurs équipements, s'amoindrir constamment la protection de leurs soldats engagés au loin, tandis que le spectre des menaces et des théâtres de leur projection ne cessait, lui, de s’accroître, désavouant tragiquement des « Livres blancs » iréniques et inconséquents. Tandis aussi que le politique, de plus en plus impuissant ou défaillant au plan intérieur, voyant en cette institution loyale, structurée, dévouée, résiliente et courageuse, un vecteur spectaculaire inespéré et commode de démonstration d'autorité, en usait et abusait. 

    La défausse du politique sur le militaire est allée trop loin, jusqu'à remplacer la définition et la mise en œuvre d'une politique étrangère cohérente et ambitieuse, toujours introuvable. Les résultats de ce double grand écart sont là. Nos armées sont aujourd'hui massivement engagées dans le monde aux avant-postes de la menace islamiste, mais aussi sur le territoire national, où l'on ne peut plus esquiver sans irresponsabilité l'anticipation de leur engagement potentiel en appui de forces de sécurité insuffisantes ou débordées par une éventuelle contestation communautaire intérieure sur fond de déstabilisation islamiste. 

    Préserver l'essentiel 

    On a donc sur-sollicité et sous-financé nos armées et elles se sont vaillamment mais trop longtemps sans doute exécutées, cherchant à « préserver l'essentiel », à trouver la martingale de « la juste suffisance », escomptant qu'on ne les affaiblirait pas jusqu'à devoir avouer qu'elles ne pouvaient plus remplir leur mission de protection de la France et des Français. Ce que précisément a dû reconnaître le général de Villiers, la mort dans l'âme. Un crève-cœur. 

    L'arithmétique budgétaire, c'est sympa, c'est magique…, mais compter des soldats et des équipements comme des choux peut aboutir à bientôt devoir compter des «morts pour la France» bien légèrement consentis. Et qui rendra alors des comptes ?

    Les politiques ? Que nenni !

    Ce seront naturellement les chefs militaires car eux seuls connaissent le prix de la vie et ont conservé l'habitude d'assumer leurs actes et responsabilités. Et sans même parler des hommes, sait-on seulement dans les couloirs de notre ministère des Finances au cœur froid qu'il faut au bas mot dix ans pour retrouver une capacité opérationnelle sacrifiée d'un trait de plume par nos comptables nationaux ? 

    Caprice présidentiel ? 

    Mais au-delà du caprice présidentiel ou de l'autoritarisme confondu avec une démonstration d'autorité, la décision budgétaire du président traduit quelque chose d'infiniment plus grave : l'incompréhension manifeste d'une urgence qui devrait pourtant, toutes affaires cessantes, l'occuper et le préoccuper. La défense est, comme chacun sait, le premier devoir d'un État. Il faut enfin se résoudre à établir des priorités, à structurer une vision stratégique digne de ce nom, et à définir – d'autorité pour le coup – un périmètre du régalien incompressible, sanctuarisé, auquel doivent être affectées les ressources nécessaires à la manifestation d'une crédibilité de la France dans ses projections de puissance et d'influence.

    Sinon, parler de leadership européen, de rang retrouvé, de grandeur et de valeurs n'a aucun sens, au moment même où nos partenaires allemands font une remontée budgétaire sensible en matière de défense, et alors que la menace islamiste et ses manifestations sanglantes, au-delà de reculs territoriaux actuels de l'organisation État islamique, sont en pleine explosion idéologique et numérique. 

    Jupiter donc ? Pourquoi pas, après tout ? On a suffisamment souffert de la normalité pathétique. Mais Jupiter armé d'un foudre en bon état et qui fasse vraiment peur !

    Le successeur de Pierre de Villiers est aussi un soldat de grande valeur, qui mêle bravoure, haut niveau de réflexion doctrinale, humanité et intelligence de situation. Gageons qu'il ne sera pas plus docile que son courageux prédécesseur qui se retire dans l'honneur, mais qu'il saura saisir l'opportunité de cette grave crise de confiance et de commandement pour convaincre notre jeune président qu'il est de son devoir, mais aussi de son intérêt, de protéger nos armées qui ne demandent qu'à être justement considérées et traitées pour servir et obéir avec cœur et panache.  •

    Caroline Galacteros 

    A lire aussi dans Lafautearousseau ...

    Un mauvais coup porté à la France

  • VENDEE • Retour sur un anniversaire : Liberté, Egalité, Fraternité qu'ils disaient ! par Bernard PASCAUD*

    Vitrail commémorant le massacre du Luc-sur-Boulogne le 28 février 1794  

     

    2920517656.jpgLe massacre des Lucs-sur-Boulogne - le 28 février 1794 - est le plus célèbre et le plus important massacre perpétré par les troupes républicaines des colonnes infernales pendant la guerre de Vendée.

    Le 17 janvier 1794, la Convention avait ordonné la destruction définitive de la Vendée « afin que pendant un an, nul homme, nul animal ne trouve sa subsistance sur ce sol » dira le député Fayau. Le général Rossignol s'écrie

    « il faut faire de ce pays un désert, et le peupler de bons Républicains ».

    De cette phrase naîtra pour certains l'idée de dépopulation de la Vendée. Les preuves formelles de crimes contre l'humanité existent affirme Renée Casin, ce sont les ordres de la Convention et les rapports des généraux assassins. Elle cite le rapport de Westerman à la Convention :

    « Il n'y a plus de Vendée, citoyens républicains. Elle est morte sous notre sabre, libre, avec ses femmes et ses enfants. Je viens de l'enterrer dans les marais et les bois de Savenay suivant les ordres que vous m'aviez donnés. J'ai écrasé des enfants sous les pieds des chevaux, massacré des femmes, qui au moins pour celles là, n'enfanteront plus de brigands. Je n'ai pas de prisonniers à me reprocher, j'ai tout exterminé…Les routes sont semées de cadavres. Il y en a tant que par endroits ils font pyramide. On fusille sans cesse à Savenay, car à chaque instant il arrive des brigands qui prétendent se rendre prisonniers…Nous ne faisons pas de prisonnier. : Il faudrait leur donner le pain de la liberté, or la liberté n'est pas révolutionnaire. » **

    Et Turreau de Garambouville, ancien officier des troupes royales, ayant caché sa particule et une partie de son nom à la révolution, qui réside à Cholet, divise ses 2 armées de 6 divisions en 2 colonnes (24 colonnes) qui vont balayer le pays. Les ordres qu'ils donnent sont :

    « Tous les brigands qui seront trouvés les armes à la main, ou convaincus de les avoir prises seront passés au fil de la baïonnette. On agira de même avec les femmes, filles et enfants qui seront dans ce cas. Les personnes seulement suspectes ne seront pas plus épargnées. Tous les villages, métairies, bois, genêts et généralement tout ce qui peut être brûlé sera livré aux flammes. Sous 15 jours, il n'existera plus en Vendée ni maisons, ni armes, ni vivres, ni habitants… Je sais qu'il peut y avoir quelques patriotes dans ce pays. C'est égal, nous devons tout sacrifier »

    Ainsi 24 colonnes marchant en même temps et dans chaque sens, devront lorsqu'elles de rencontreront, avoir fait de la Vendée :

    « un désert de terres brûlées, de chaumières détruites, de châteaux en ruines, de corps mutilés que survoleront des corbeaux et que dévoreront les loups » indiquera encore Fayau.

    Turreau prend le commandement de l'armée basée à Bressuire et devant aller d'est en ouest alors que le général Haxo est à la tête de la seconde qui viendra à sa rencontre. Les colonnes sont au départ sous les ordres des généraux Grignon, Huché, Dufour, Caffin, Amey, Charlery, Beaufranchet, Chalbos, Grammont, Cordelier, Commaire et Dalliac. Puis, au fil des maladies, des disgrâces et des remaniements, on voit ensuite se joindre à la campagne de destruction les généraux Joba, Carpentier, Duval, Cortez, Robert, Bard, Dutruy, et le chef de bataillon Prévignaud. Elles ont commencé leur œuvre le 21 janvier 1794, jour du premier anniversaire de la décapitation de Louis XVI. Elles la poursuivent jusqu'en mai 1794, quasiment quatre mois de feu et de mort…

    Turreau finit baron d'empire, et son nom est gravé sous l'Arc de Iriomphe … pour combien de temps encore ? Comme on est incapable d'expliquer et de justifier le crime, on préfère le nier et le banaliser. Le mémoricide vient achever le génocide.

    Outre les viols systématiques des femmes, ce qui n'est sans doute qu'un misérable détail parmi toutes leurs forfaitures, « ces soldats de la liberté » dépeçaient les femmes enceintes, pour en extraire les bébés avec des baïonnettes, et les planter sur des lances, qu'ils exhibaient ainsi, à cheval, comme des trophées... Les femmes ainsi avortées, servaient alors de mangeoires pour les chevaux : on substituait le bébé par du foin tout simplement... Les avorteurs d'aujourd'hui ont d'illustres ancêtres... La liste des « exactions » est longue comme un jour sans pain... On parle de dépecer encore des cadavres afin d'en extraire la peau pour en faire des pantalons sans couture... ou bien d'en extraire la graisse humaine pour la réutiliser. Aujourd'hui, les eugénistes utilisant les fœtus avortés pour en faire des substituts de goût ont d'illustres prédécesseurs. Quant aux méthodes d'extermination globale, bienvenue dans le monde moderne... Tout ce qui a été utilisé au XXIème siècle a été tenté... au XVIIIe par les révolutionnaires : la poudre est chère, donc, fusiller coûte cher et comme on tue tout le monde, il est impossible de demander de la faire rembourser par la famille comme le feront les communistes chinois. Comme en France, on n'a pas de poudre, mais on a des idées on essaie tout. D'abord, la méthode manuelle, le sabre et la baïonnette ; mais malgré l'ardeur et le zèle des suppôts de la Révolution, le rendement est minable, comme pour la guillotine... Alors, on fait intervenir les cerveaux du pays pour imaginer un avenir radieux et rentable aux fils de la Veuve... On essaie la poudre explosive, mais la maîtrise technologique n'est pas encore là : on est loin des charniers à canon de la Grande Guerre. On essaie alors le gaz, résultat identique, malgré le zèle des physiciens de la Révolution, le savoir-faire technique manque pour rentabiliser ces armes. D'autres profiteront de l'expérience… On tente aussi le poison, sans succès encore. Puisque la physique est incapable de servir, on applique le bon sens : ce sont les « noyades » de Nantes, où l'on coule des navires entiers pour noyer un maximum de personnes en même temps. Mais on perd le côté festif de la Révolution. Car on est là pour extraire le Christ de la Vendée et rayer la Vendée. Alors, on ajoute l'ignominie à la barbarie : ce sont alors les « mariés » de la Loire, où l'on associe par couple des vendéens, on les dénude, tête-bêche, et on les attache. On associe tout ce qui peut être le plus choquant : une sœur et un prêtre que l'on noie ensemble pour faire la fête ! Voilà le VRAI visage de la Révolution... le VRAI visage de la République... C'est ce visage qui surgit quand il s'agit de sauver la République...

    Oui notre pays est malheureusement divisé. Et cette division passe au plus profond de son âme ; elle date de cette époque ! La France ne trouvera pas la paix tant qu'elle ne reconnaitra pas cette faute capitale commise contre Dieu et ses propres enfants.

     

    * Président de la Restauration Nationale

    ** Les catholiques et la révolution française de Renée Casin page 100.

     

  • Notre hypohèse est que le ”coup d'Etat” de Valls échouera et qu'il ne sortira pas la France de la crise

     manuel-valls-valls-premier-ministre-1280.jpg

    On nous excusera de parler de coup d'Etat. Le terme est excessif et n'est que repris d'un titre du Figaro. Excessif et néanmoins en partie fondé : il est vraisemblable que Manuel Valls a imposé le limogeage d'Arnaud Montebourg à François Hollande, lequel, selon son habitude, et même selon sa nature, eût sans-doute préféré temporiser. Temporiser, biaiser, mentir, comme toujours. Mais Valls ne lui a sans-doute pas laissé le choix; De Gaulle eût dit : il lui a mis le marché en mains. ("C'est lui ou moi"). Et le départ du Premier Ministre, c'eût été pire ! Coup d'Etat évident, provocation nette, aussi, vis à vis du parti socialiste, de son idéologie, de ses courants, de son électorat et ... de ses élus à l'avenir, aujourd'hui, plus qu'incertain. En dévoilant clairement, brutalement, sa ligne dite social-libérale, en nommant à la succession d'Arnaud Montebourg, Emmanuel Macron, jeune surdoué notoirement plus libéral que socialiste, en se rendant à Jouy en Josas à l'université d'été du Medef, pour y déclarer combien il aime le monde de l'Entreprise, Valls n'a certes commis aucun crime. Sauf celui de rompre avec l'orthodoxie socialiste et avec le mythe de l'unité du parti.  En fait, il a imposé la ligne qu'il avait défendue lors de la primaire socialiste. Primaire qu'il avait largement perdue; primaire, d'ailleurs, qui n'a cessé de se prolonger depuis l'élection de François Hollande à la présidence de la République; primaire qui en est la trame, qui empoisonnera son quinquennat (?) jusqu'à la fin. Fin dont, aujourd'hui, nul ne peut plus prévoir la date. Nous l'avons dit : c'est le retour, désormais, du plein régime des partis; des tractations et des majorités introuvables; des gouvernements éphémères. A Gauche, d'ailleurs, comme à Droite. Et c'est l'une des raisons, politique, celle-là, pour lesquelles notre hypothèse est que Manuel Valls échouera et ne sortira pas la France de la crise. 

    Une autre raison essentielle est l'extrême fragilité de notre économie. Non pas, nécessairement, à cause de la situation interne des entreprises, encore moins de leur incompétence. Mais bien plutôt à raison des boulets dont l'économie française prise dans son ensemble, doit supporter l'impossible charge. Il s'agit donc d'une fragilité plus systémique que conjoncturelle. De cette fragilité, les paramètres sont connus : le lourd service de la dette et ses aléas, nos dirigeants vivant dans l'angoisse perpétuelle, toujours dissimulée, d'une attaque des marchés et de l'augmentation des taux d'intérêt, laquelle ferait aussitôt exploser budgets et prévisions de réduction de dépenses; le coût global d'un chômage exceptionnellement élevé, en hausse récurrente, supporté par la collectivité nationale; le taux des prélèvements obligatoires, fondamentalement trop important en France pour permettre un véritable retour à la croissance; le déficit devenu chronique de notre commerce extérieur (- 70 milliards en France / + 200 milliards en Allemagne !) qui manifeste, en la matière, le dramatique décrochage de la France; sans-doute, aussi, rarement avancé, difficilement chiffrable sans contestation, le coût de l'immigration massive, certainement très lourd, très probablement supérieur au service de la dette ... De fait, les grands secteurs économiques sont tous en crise : production industrielle, commerce, bâtiment, tourisme... C'est pourquoi, là encore, notre hypothèse est que l'actuel et quelque peu pathétique recours du gouvernement Valls au patronat et aux entreprises pour sortir le pays de la crise, échouera, n'atteindra pas l'objectif. A soi seules, les entreprises n'en ont plus les moyens. Leur concours sera de faible effet.

    C'est que la crise dont nous parlons n'est plus seulement politique ni économique. Elle est structurelle et sociale. Les tenants de l'économique d'abord, qui primerait tout, selon nous ont tort. Il n'y a pas de santé économique possible sans le substrat de la santé politique et sociale. Sans un niveau éducatif, culturel et professionnel suffisant, sans cohésion sociale, sans un minimum d'accord et de cohérence dans l'ordre moral, sans confiance dans son pays, sans conscience d'appartenance à une communauté, une identité stable et définie, sans une jeunesse au travail, sans un Etat qui assume cet ensemble, le fasse sien et, en quelque sorte, le dynamise, il n'y a pas de retour à la santé possible pour l'économie non plus.

    C'est, nous le savons bien, ce qui accroît la difficulté et repousse assez loin les limites du problème français. Mais faut-il se cacher les réalités, au risque de ne résoudre vraiment jamais rien ? Remettre en question les fondements mortels de notre régime politique, remettre en cause ce que, par extension, nous nommons aussi le Système, n'est pas dans la vocation de Manuel Valls, ni de son gouvernement. Et c'est pourquoi notre hypothèse est que Manuel Valls échouera, qu'il ne sortira pas la France de la crise.

    Il y faudra d'autres idées, d'autres principes d'autres moyens et d'autres circonstances.

    Lafautearousseau

  • A propos de Donald Trump : un populiste seul contre tous ? L'analyse d'Alain de Benoist

     

    Alors que la campagne présidentielle américaine a maintenant dégagé, à l'issue des primaires,  les deux personnalités qui vont s'affronter cet automne, Alain de Benoist a donné à Boulevard Voltaire [13.05] l'analyse qui suit s'agissant du très controversé Donald Trump. L'élection américaine ne sera pas sans conséquences pour nous, Français et Européens. Au vrai, elle nous concerne aussi ...  LFAR    

     

    alain-de-benoist-1280x660.jpgLe ticket présidentiel se profile aux États-Unis : ce serait donc Donald Trump contre Hillary Clinton. Le premier est voué aux gémonies par nos médias dominants, tout en étant porté au pinacle par une certaine droite française. Qu’est-ce que cela vous inspire ?

    Je suis extrêmement réservé sur Donald Trump, qui me fait l’impression d’un milliardaire paranoïaque mâtiné de Docteur Folamour en puissance. Je comprends très bien qu’on puisse jubiler à l’entendre se moquer sans complexe du politically correct, mais il faut aussi reconnaître qu’au cours de sa campagne, il a dit tout et n’importe quoi. Il veut construire un mur à la frontière du Mexique (« Personne ne construit de murs mieux que moi : c’est mon métier »), supprimer la Sécurité sociale, soutenir l’industrie du pétrole, envoyer les troupes au sol en Syrie tout en relançant la tension avec l’Iran (« On s’est aliéné notre meilleur allié, Israël, et on a capitulé devant l’Iran »), éventuellement même faire usage de l’arme atomique en Europe. En fait, il ne connaît strictement rien des affaires internationales et n’a pas la moindre idée de ce qu’est la politique (le parallèle qu’on a pu faire avec Ronald Reagan est trompeur : lorsque Reagan fut élu président des États-Unis, il était déjà gouverneur de la Californie depuis près de quinze ans), objection qu’il balaie au prétexte qu’il a l’« expérience d’un gagneur » (« Si je suis riche, ce n’est pas par hasard »). En fait, s’il devait entrer à la Maison-Blanche, personne ne peut dire ce qu’il ferait.

    Mais il faut distinguer le personnage Trump et le phénomène Trump, ce dernier étant beaucoup plus intéressant. L’électorat de Trump est en effet un électorat populaire, celui de l’Amérique profonde, des rednecks aux blue collars, un électorat qui n’avait jusqu’ici pas les moyens de se faire entendre. C’est en misant sur le peuple que « The Donald » a pu déjouer tous les pronostics et s’imposer à quinze autres républicains, depuis des candidats de l’establishment comme Jeb Bush ou Marco Rubio jusqu’au grand délirant évangélique Ted Cruz.

    Les jeux ne sont pas faits pour autant, car aux États-Unis, contrairement à ce que l’on croit souvent, ce ne sont pas les partis politiques qui organisent les primaires, mais les États, de façon à ce que soient ensuite désignés par les grands partis des candidats compatibles avec les intérêts de leurs gouverneurs. Il ne faut pas oublier non plus que les candidats n’ont pas l’habitude de présenter des « programmes », mais seulement des « positions » sur des sujets variés leur permettant d’obtenir des « soutiens » de telle ou telle « communauté ».

    Des deux candidats, quel serait le meilleur, ou le moins pire, pour l’Europe ?

    Difficile de répondre. Il y a toujours eu en Europe des gouvernements pro-américains, mais il n’y a jamais eu aux États-Unis de gouvernement pro-européen. Newt Gingrich, alors chef de la majorité républicaine à la Chambre des représentants, disait en 1995 que « seule l’Amérique peut mener le monde ». Outre-Atlantique, c’est une conviction partagée par tout un chacun : qu’ils soient interventionnistes ou isolationnistes, les Américains veulent avant tout perpétuer leur hégémonie. Trump n’échappe pas plus à la règle que la très hystérique sorcière néo-conservatrice Hillary Clinton, la seule différence étant que la seconde est apparemment plus interventionniste que le premier – encore que Trump ne se cache pas d’être lui aussi « pour l’agressivité en politique étrangère ».

    Dans le registre populiste, le démocrate Bernie Sanders apparaît comme l’héritier d’une autre tradition, celle du New Deal. Simple feu de paille, ou faudra-t-il compter avec ses idées et, surtout, ses électeurs ?

    Il est sûr que, comparé à l’épouvantail déplumé et à la poupée Barbie ayant dépassé la date de péremption, Bernie Sanders fait au moins figure humaine. Bien qu’il n’ait pas réussi à surclasser Hillary Clinton, les résultats qu’il a obtenus n’en sont pas moins remarquables. Âgé de 74 ans, n’hésitant pas à se présenter comme « socialiste » (ce qui équivalait jusqu’ici aux États-Unis à s’afficher comme un partisan du goulag !), il obtient ses meilleurs résultats auprès des jeunes et dans la classe ouvrière blanche.

    Ce succès relatif, ajouté à celui de Donald Trump, fait que la prochaine élection présidentielle ne va ressembler à aucune de celles qui l’ont précédée. Dans le passé, les partis démocrate et républicain présentaient régulièrement des candidats de l’establishment, qui n’avaient aucune peine à l’emporter sur les « indépendants ». Cette fois-ci, et dans les deux camps, la contestation est venue de l’intérieur. Cela signifie que la vague de populisme qui ne cesse d’enfler en Europe touche maintenant les États-Unis (juste retour des choses quand on se souvient qu’un parti populiste y avait été fondé dès 1876). Le peuple américain a supporté l’establishment aussi longtemps qu’il pouvait encore croire au « rêve américain ». Mais il n’y croit plus, comme l’ont montré à droite, en 2009, l’émergence du Tea Party, et à gauche, en 2011, celle du mouvement Occupy Wall Street. C’est pourquoi il mise sur Trump, qui assure être en mesure de relancer ce « rêve », ou sur Sanders, qui dénonce la captation de la richesse nationale par 1 % de la population et appelle à plus de justice sociale.

    La plupart des néo-conservateurs républicains ont déjà fait savoir qu’ils voteraient pour Clinton. Paul Ryan, président républicain de la Chambre des représentants, ne votera pas non plus pour Trump, suivant en cela l’exemple du clan Bush. À l’inverse, il n’est pas exclu que certains partisans de Sanders préfèrent, pour des raisons de classe, voter pour Trump plutôt que pour sa concurrente. Les deux grands partis, qui se croyaient protégés par un processus d’investiture biaisé, se retrouvent ainsi secoués de l’intérieur comme ils l’ont rarement été, le plus affecté étant le Parti républicain. Il serait naïf de croire que cela restera sans conséquences pour un système bipartisan désormais menacé de voler en éclats. 

    Intellectuel, philosophe et politologue
     
     

    Entretien réalisé par Nicolas Gauthier

  • Un chef de l’Etat, un vrai !

     

    par Hilaire de Crémiers

     

    1258035644.2.jpgPléthore de candidats à la candidature : à droite, à gauche, bientôt au centre et jusque dans le résidu qui subsiste du parti écologiste où, déjà, trois candidats se sont déclarés.

    Et voilà Macron qui arrive dans l’arène, après Montebourg, son prédécesseur à l’Économie. Il est donc tant de gens qui s’imaginent qu’ils sont faits pour être un jour, l’un ou l’autre, chef de l’État ! Mettons à part ceux qui se présentent comme des témoins de leurs convictions et qui comptent les faire valoir à cette occasion, tel Frédéric Poisson à droite.

    Tout le reste a, paraît-il, des « idées », et affirme unanimement que la solution se trouvera au bout « d’un débat d’idées ». Ils le pensent aujourd’hui, mais s’ils perdent demain, alors ? Croit-on que pour cela ils changeront d’idées ? Quelle hypocrisie ! Ah, « ces débats » dont ils se gargarisent tous ! Comme si, pour remplir la fonction de chef de l’État, il fallait passer un concours ; et encore un concours de « débatteurs », comme on dit pour essayer de parler français ! Ces prétendus « débats » qui n’en sont pas tant ils sont complètement formalisés, vont devenir l’actualité française pendant neuf mois !

    Chacun y va donc de son livre, son programme, ses « idées », ses « réformes », la présentation de ses « cent premiers jours », comme s’il y était. Quand ce n’est pas la même chose, ça se ressemble, puisqu’il s’agit de faire face aux mêmes échéances et aux mêmes nécessités. Car la France est malade, tout le monde le sait. Malade de quoi ?

    De son État impotent et prépotent, de ses finances obérées, de son économie étouffée sous des charges accablantes, de son chômage endémique, de ses fonctions régaliennes dont la justice, l’ordre intérieur, les finances, la défense même et la diplomatie, sont détournées de leur finalité, de son éducation dite nationale qui n’a plus rien de national et qui est devenue un immense « foutoir », de son administration pléthorique et inefficace autant que tatillonne, de ses innombrables gabegies qui alimentent le système clientéliste dont vivent les apparatchiks, enfin, et maintenant surtout, d’une insécurité permanente due à une folle politique d’immigration et à une non moins folle politique de la ville qui font que des quartiers entiers échappent pratiquement à tout contrôle et que n’importe quoi peut survenir à tout instant.

    Les gens avertis le prédisent et le Premier ministre l’a, lui-même, annoncé : les attentats n’ont fait que commencer. Qu’une tension extérieure s’ajoute à la tension intérieure, un drame… et qu’arrive-t-il ? Dans un tel cadre, il n’y a que Hollande qui se croit un chef d’État et qui va encore pérorer, de jour en jour, pour nous le faire accroire.

    Et les autres ? Et Macron qui vitupère le système mais qui en fait partie ? Peuvent-ils l’être davantage ? Et chacun de s’illusionner et de donner ses recettes. « Il n’y a qu’à », « faut qu’on », tout y passe en quarante recettes et cinquante points, sauf que l’essentiel n’est jamais abordé. Puisque à aucun moment ces candidats, qui ne vivent que dans l’espoir d’être élus, ne remettent en doute le régime dont ils attendent tout par principe et qui est la cause véritable et proportionné de tous ces maux qu’ils détaillent en vain. Ils prétendent remédier aux conséquences. Comme toujours ! Conséquences inéluctables « d’une cause qu’ils chérissent ». Alors, au vrai, « tout changer pour que rien ne change » ? Quelle inutilité ! Que d’énergie et d’argent gaspillés ! Tout ça pour être au second tour devant Marine Le Pen, car c’est ce à quoi se résument toutes ces superbes stratégies.

    A l’heure où tout est bousculé dans le monde, comme le Brexit en a donné l’exemple, où les prochains référendums italien et hongrois risquent de bouleverser la donne européenne, où l’élection présidentielle aux États-Unis révèle de nouvelles lignes de force, où les tensions se multiplient sur la planète et où la sécurité et l’avenir même des Français sont en jeu, est-il permis de se payer le luxe de tels concours de beautés, de tels psychodrames partisans, de telles violences politiciennes qui ajoutent encore à la division de la nation ? Tout éclate, tout est éclaté.

    Il y aurait incontestablement mieux à faire. La France a des atouts ; elle aurait une politique à mener, comme le montre encore le dossier de ce numéro de Politique magazine. Elle n’aurait besoin que d’un vrai chef d’État. Dans l’état actuel des choses, rien ne permet hic et nunc d’en dire plus. Mais les circonstances pourraient amener la France à s’en choisir un hors des contraintes des partis. Tout est possible. Il ne faut pas désespérer.  n 

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  • Derrière l'antiracisme de Cantona, le racisme anti-Français

     

    Un point de vue d'Aymeric Patricot          

    « Deschamps a un nom très français. Peut-être qu'il est le seul en France à avoir un nom vraiment français. » a déclaré Eric Cantona à propos du sélectionneur de l'équipe de France de football. Aymeric Patricot analyse l'inconscient anti-blanc et anti-Français contenu dans de telles affirmations. Une tribune dans Figarovox [30.05], une réflexion, une argumentation,  avec lesquelles l'on est d'emblée en empathie.  LFAR  

     

    IMG_2223.jpgDans le genre très en vogue des accusations croisées de racisme, l'affaire qui oppose aujourd'hui Eric Cantona et Didier Deschamps est un cas d'école. Non seulement on y voit un accusateur progressivement placé en position d'accusé à mesure que ses propos, faciles et bas, sont placés sous les projecteurs, mais on y découvre aussi combien certaines formes d'antiracisme relèvent d'un racisme certes apparemment inoffensif, puisque sanctifié par la doxa, mais néanmoins virulent.

    Je ne m'étendrai pas sur les compétences effectives de Benzema et de Ben Arfa, que je suis incapable d'évaluer. Qu'ils aient été écartés de la sélection nationale sur des critères ethniques, comme le suggère Cantona, semble en tout cas improbable, du moins si l'on en juge par le passé de Deschamps lui-même. De toute façon, là ne me paraît pas constituer la dimension la plus brûlante de l'affaire.

    Non, ce qui me sidère est qu'Eric Cantona, après avoir lancé ses accusations de manière irresponsable - on sait comme l'étiquette de racisme est infâmante - puisse se permettre, pour appuyer ses allégations, de dauber sur les origines de Deschamps lui-même. On assiste alors à un discours effrayant de bêtise et de mépris de la part d'un homme qui se présente pourtant comme un antiraciste convaincu.

    Qu'on en juge: «Deschamps a un nom très français. Peut-être qu'il est le seul en France à avoir un nom vraiment français. Personne dans sa famille n'est mélangé avec quelqu'un, vous savez. Comme les Mormons en Amérique.»

    Tout d'abord, ce que monsieur Cantona sous-entend, plutôt que «français», c'est «franco-français» puisqu'il utilise plus loin dans sa déclaration le mot français pour désigner Ben Arfa. Sans la rendre tout à fait explicite, Eric Cantona établit donc une distinction, parmi les Français, entre ceux qui ont au moins une origine extra-européenne et ceux qui n'en ont pas, avalisant une notion, celle de Français de souche, qu'il serait sans doute le premier à dénoncer dans la bouche d'un autre.

    Ensuite, on sent tout ce que les origines franco-françaises sont méprisables à ses yeux. La remarque sur le fait que Deschamps soit le seul à détenir un nom français est d'une ironie outrée, presque absurde, mais sous-entend bel et bien l'idée que Deschamps serait le dernier d'une race vouée à disparaître et qu'il y a quelque chose d'honteux dans cette position. Il est également permis de se demander si cette saillie n'est pas inspirée à Cantona par un jeu de mot implicite sur ces «champs» dont serait issu Deschamps, c'est-à-dire ces campagnes symbolisant, dans l'imaginaire collectif, la source fantasmée du peuple français blanc.

    La réflexion, enfin et surtout, sur le fait que la famille du sélectionneur français ne se soit jamais mélangée. Ce serait donc une tare, aux yeux de Cantona, que de ne pas avoir eu la chance, un jour ou un autre, de croiser la route sexuelle et procréatrice d'un membre d'une autre communauté. Pour le dire autrement, selon Cantona, il existerait une hiérarchie entre les métisses et les «races non mêlées». A ce propos, il ne s'agit pas bien sûr de critiquer la notion de métissage. Simplement, jeter l'opprobre sur ceux qui ne seraient pas encore assez métissés me paraît à la fois imbécile et dangereux. Se permet-on d'ironiser sur le fait que d'autres que les Blancs, eux non plus, ne se métissent pas forcément?

    On devine que l'insulte «consanguin» a dû venir aux lèvres de Cantona, celle-là même qui avait fleuri sur certaines banderoles dans un stade de football à propos des Chtis. La consanguinité est récemment devenue l'un des clichés courant sur les Blancs. Certes, Cantona préfère faire référence aux Mormons «qui se reproduisent entre eux», mais cette curieuse comparaison ne cherche pas moins à dénoncer le caractère sectaire et dégénéré de la famille Deschamps, ainsi que son ancrage dans un christianisme perçu comme mortifère.

    Passons sur l'absurdité de telles attaques puisque «Eric Cantona» ne sonne pas moins français, en tout cas pas moins européen, que «Didier Deschamps». En fait, du haut du couple qu'il forme avec Rachida Brakni, Eric Cantona s'estime sans doute en position de pouvoir distribuer les bons points de diversité raciale, se réservant le droit d'insulter ceux qui, malgré eux, ne disposent pas dans leurs veines de suffisamment de sangs mêlés. C'est, par une inversion courante des critères raciaux du fascisme, la race métisse élevée au rang des races maîtresses. C'est aussi, tout simplement, et avec l'effarante bonne conscience de celui qui se croit incarner l'homme de demain, un excellent témoignage de ce que peut être, précisément, la haine raciale.

    Espérons donc que Didier Deschamps maintiendra sa plainte et que le procès, s'il se tient, ne se contentera pas de juger l'éventuelle calomnie mais se prononcera bien sur le deuxième aspect de l'affaire, moins commenté mais plus grave à mes yeux: le racisme caractérisé de celui qui se fait une profession de dénoncer les racistes. D'autant que les prétendues justifications de Cantona, deux jours plus tard, n'ont fait que révéler un peu plus la laideur de sa pensée - s'il en y a une. 

    Aymeric Patricot           

    Professeur et écrivain, Aymeric Patricot a récemment publié «Les petits Blancs» (Point seuil) et «Les vies enchantées - enquête sur le bonheur» (Plein jour).

    A lire aussi ...

    Lettre ouverte à Eric Cantona [François Davin - Lafautearousseau - 28.05]

  • Des primaires pour rien

     

    par Hilaire de Crémiers

    La multiplication des votations n’est pas du tout une preuve de réalisme démocratique. Tout cela n’est que trompe-l’œil au profit des appareils et des apparatchiks.

     

    2771589182.jpgComment peut-on faire croire aux Français qu’ils choisissent leur président de la République ? Contrairement à l’esprit même des institutions de la Ve République, il n’y a plus de lien direct entre le peuple déclaré souverain et le chef de l’État. Les partis politiques officiels ont réussi à capter entièrement à leur profit cette élection essentielle, capitale au sens étymologique du terme, celle qui concerne le chef, la tête. Ils en contrôlent désormais intégralement le déroulé et donc le résultat.

    Déjà les appareils politiciens avaient réussi à mettre la main sur l’ensemble des élections, jusqu’aux plus locales, et à aménager le système électoral à leur convenance ; ils s’en étaient tout simplement attribué les moyens légaux, politiques et financiers, s’autofinançant eux-mêmes par de tels procédés sur les caisses publiques. Il y a encore quelques décennies, beaucoup de villages, de bourgs, de cantons et un certain nombre de circonscriptions avaient des représentants non apparentés, hors système partisan, sui generis, issus en tant que tels de leur terroir.

    C’est devenu quasi impossible. La querelle partisane s’est immiscée jusqu’au fond du dernier hameau. Les élections locales sont devenues elles-mêmes des champs clos de guerre civile. Les législatives sont totalement verrouillées par le système des investitures qui donnent lieu aux plus sordides marchandages, aux plus sinistres règlements de compte. La dégradation de l’esprit public est la conséquence inéluctable de tels usages et de telles conceptions.

    L’État livré aux partis

    Maintenant, depuis plus d’une décennie, c’est la plus haute fonction de l’État qui n’échappe plus à l’emprise totalitaire des partis. Ils ont imposé la réforme constitutionnelle qui a réduit le septennat en quinquennat. Le peuple français, en fait, ne le demandait pas. C’était supprimer la durée, la dimension sacrée, radicalement différente, dans cette haute institution dont les racines, y compris constitutionnelles, conçues dans les débuts de la IIIe République et renouvelées dans la Ve, sont fondamentalement régaliennes, autrement dit royales.

    Ignorer, mépriser ce caractère relève de la crétinerie politicienne et d’un petit esprit de médiocrité bourgeoise qui est le propre de nos dirigeants actuels. Copier les États-Unis sur ce sujet était, une fois de plus, une sottise ; d’autant plus que nos institutions sont historiquement, socialement et politiquement différentes. Ne serait-ce qu’au regard de la particularité fédérale des États-Unis. Ah ! cette mauvaise manie des prétendues élites françaises de vouloir toujours copier l’étranger ! Que de bêtises commises depuis plus de deux siècles !
    Eh bien, ça continue ! On organise des primaires en s’imaginant imiter encore les Yankees. Ce n’est qu’une singerie supplémentaire qui casse définitivement la clef de voûte de ce qui reste debout de la maison France. Ni un De Gaulle ni un Mitterrand ne se seraient prêtés à pareil jeu. C’est n’avoir aucun sens de l’État, de l’État français spécifiquement.

    La gauche s’est livrée la première à cet essai pour l’élection de 2012. À défaut de Strauss-Kahn, le résultat fut Hollande. Chacun savait, y compris à gauche, que l’homme n’était absolument pas à la hauteur de la fonction : la preuve en a été, depuis lors, suradministrée. Monsieur 4 % est en passe de devenir Monsieur 1 % et, comme rien n’arrête le délire narcissique du pouvoir, le bonhomme laisse encore croire qu’il est candidat à sa propre succession.

    Jusqu’à quand ? Le livre « Un président ne devrait pas dire ça » révèle la goujaterie, l’incroyable légèreté, la suffisance idiote, le cynisme vulgaire de ce petit potentat socialo-bourgeois qui n’aime parler que de lui. Très loin de Mitterrand qui, du moins, comme le montre la publication de ses lettres à sa maîtresse Anne Pingeot, avait dans son cynisme prédateur une hauteur de vue, un goût de la beauté qui le rachetaient de ses mensonges et de ses bassesses. On sait maintenant que Mitterrand méprisait Hollande. À juste titre. Ce qui n’empêche pas Hollande de se peindre en Mitterrand !

    Un jeu de dupes

    Et, maintenant, voici la droite ou la prétendue droite qui s’est mise, elle aussi, aux primaires, tant les ambitions y sont nombreuses. Que dire de ces ridicules prestations où personne ne va au fond du problème français et où chacun se contente d’ajouter ou soustraire des milliards à des budgets fictifs dont il n’a pour l’instant aucune maîtrise ? Tout le monde a remarqué le style différent de Jean-Frédéric Poisson qui osait exprimer les vraies questions. Eh bien, il n’a pas fallu longtemps pour qu’une manœuvre ignoble tente de l’éliminer : il prenait des voix, pardi !

    En réalité, que va-t-il se passer ? Au soir du 27 novembre, sera désigné un candidat dit de la droite et du centre : vraisemblablement Alain Juppé ou, peut-être, Sarkozy s’il remonte la pente. Auront lieu en janvier les primaires de la gauche : ce sera un spectacle aussi ridicule. Et, finalement, aussi vain, même si un Macron arrive à percer…mais sur quels thèmes de libéralo-gaucho-libertarisme ?

    Alors se déroulera fin avril-début mai la véritable élection présidentielle en deux tours, après ces deux premiers tours des primaires. Tout sera alors faussé, si rien ne change d’ici là. Il est plus que probable – tous les sondages le montrent – que le candidat de gauche, quel qu’il soit, sera éliminé. Resteront au deuxième tour, le candidat dit de droite et Marine Le Pen, qualifiée d’extrême droite par les médias pour lui nuire, mais le corps électoral, sauf les bobos et… les évêques, n’est plus sensible à ce genre d’arguments archi-usés.

    Dans ce cas de figure, comme en 2002, la gauche de gouvernement et l’extrême gauche mélenchonienne, écologiste et communiste seront sommées de se rendre aux urnes pour voter en faveur du candidat républicain. Même s’il est possible que les reports de voix ne s’effectuent pas comme prévu, si le candidat de droite est élu au second tour, il le sera, une fois de plus, grâce à la gauche.

    Et qui lui fera immédiatement savoir. On sait ce qu’il en a coûté au Chirac de 2002 ! Aucun des beaux discours des primaires ne correspondra à l’actualité du moment. Aux législatives, le FN arrivera peut-être à avoir quelques dizaines d’élus, insuffisants pour peser. Le gouvernement sera de centre droit et centre gauche comme aux plus mauvais jours de la IIIe et la IVe République. La France qui est en fait à droite, maintenant plus que jamais, ne sera pas représentée. Telle est la mécanique du système.

    Conclusion : alors qu’une grande majorité du peuple français aspire à un gouvernement fort, digne de ce nom, capable de redresser le pays, la France se paiera une sorte de faux président de droite qui devra tout à la gauche. Comment prétendre diriger avec un système pareil ? Faudra-t-il un écroulement pour que le peuple français comprenne à quel point il est dupé ? 

    Article repris du numéro de novembre de Politique magazine. A commander ici !

  • L'injonction légitime de Philippe de Villiers au monde politico-médiatique

    Source Boulevard Voltaire

     

    Philippe de Villiers est ancien ministre, député et président de la Vendée. Il est également le fondateur du Puy du Fou, et l’auteur d'un nouveau livre, Le moment est venu de dire ce que j’ai vu, ouvrage qui revient sur trente ans de vie politique. Mais c'est l'engagement actuel de Philippe de Villiers qui compte désormais. Ce qu'il réalise à tous égards de merveilleux au Puy du Fou. Ses grands récits historiques. Sa réflexion et sa parole sur la France. Engagement qui se situe hors du Système et résolument contre lui. « A la maurrassienne » aurait dit Boutang. LFAR   

     

    Ce livre dénonce un monde politique putréfié… Avez-vous admiré un seul homme politique ? 

    Tous ceux qui ont dit la vérité sont partis, de gré ou de force. Seuls les menteurs sont restés. 

    Ceux qui n’ont cessé de répéter qu’avec plus de musulmans il y aurait moins d’islamistes, avec moins de frontières plus de sécurité, avec plus d’Europe plus de prospérité… Ceux qui prétendent aujourd’hui qu’Assad est le danger numéro un parce qu’ils sont vendus au Qatar et à l’Arabie saoudite… 

    J’ai admiré des gens dans ma vie, qui avaient une colonne vertébrale et donc une pensée, une logique, une droiture. Pas dans la classe politique française. 

    J’ai quitté la vie politique parce que je considérais alors que la parole métapolitique était plus efficace. Je ne supportais plus le protocole compassionnel qui régit la vie politique : qui pleure le plus est le mieux élu… Les hommes politiques sont devenus des visiteurs de crash, des sous-stars du show-biz qui ne vivent que du mensonge et de la dissimulation.  

    Avec le temps, je me suis dit que j’avais un message à faire passer aux jeunes pour les encourager à devenir une génération de dissidents. 

    Comment devient-on un dissident ? 

    Un jour, Soljenitsyne m’a dit : « Vous, les Européens, êtes dans une éclipse de l’intelligence. Vous allez souffrir. Le gouffre est profond. Vous êtes malades. Vous avez la maladie du vide », mais il a également ajouté : « Le gouffre s’ouvrira à la lumière, de petites lucioles dans la nuit vacilleront au loin […] Aujourd’hui, les dissidents sont à l’Est, ils vont passer à l’Ouest. »  

    Les dissidents sont ceux qui marchent à tâtons dans la France effondrée sur elle-même et submergée de l’extérieur : ils cherchent les murs porteurs. 

    Les hommes politiques refusent de trouver des solutions parce qu’ils sont vendus au mondialisme qui nécessite la destruction de tous les attachements vitaux.  

    La dénonciation de la mondialisation est un sujet important de votre livre…  

    Derrière les mensonges, j’ai vu la haute trahison. Cette conjonction inouïe entre les intérêts de certains et l’idéologie des autres. D’un côté la recherche d’un marché planétaire sans frontière, de l’autre l’idéologie d’un homme nomade, désaffilié, désexué, atomisé. 

    Depuis Mai 68, le « no frontière » des libéraux s’est associé au « no limite » des libertaires pour desceller toutes les pierres angulaires.  

    C’est, par exemple Giscard, fil spirituel de Cohn-Bendit, qui a organisé le chassé-croisé destructeur entre l’avortement de masse et l’immigration de masse. Un jour, mon ami Jérôme Lejeune m’a dit : « Ne lâchez pas sur l’avortement, c’est la vie qui commande tout. » L’avortement a servi de passeport à toutes les transgressions qui ont peu à peu permis la déshumanisation du monde par l’effacement planifié du visage de l’homme.  

    Les élites mondialisées que je dénonce ont abattu tous les murs porteurs de la France.  

    Lorsque j’aborde la question de l’Europe, je m’arrête sur la pensée de Jean Monnet : son but n’était pas de créer une superpuissance mais de déconstruire les nations pour offrir l’Europe au marché planétaire de masse. 

    Pour faire advenir le consommateur compulsif recherché par les marchés américains, il fallait tout détruire : la famille, la nation, les frontières… Il faut maintenant reconstruire, entièrement. 

    La réponse doit être radicale, et se concentrer sur deux réalités : la famille et la patrie charnelle, qui sont nos attachements vitaux. 

    Par où commencer cette reconstruction ? 

    Il y a aujourd’hui deux mots interdits que sont la patrie et la nation.  

    La patrie est la terre des pères, la paternité. La nation, c’est la naissance, la maternité… 

    Comment êtres frères sans père ni mère ? 

    Le drame que subit la France est double : ils ont attaqué la famille, et la famille des familles qu’est la nation. Cette dernière est un héritage, il faut le réaffirmer : la nation se reçoit, elle ne se choisit pas ! 

    Il faut affronter ces élites mondialisées qui n’ont cessé de détruire le peuple réel, la communauté nationale, la haute mémoire, la famille et finalement la France.  

    Vous avez vous-même quitté la politique dégoûté… Que faire, concrètement ? 

    Ils veulent fabriquer des atomes urbains et manipulables, à nous de former des générations de tempéraments autonomes, s’exercer à l’insurrection de l’esprit ! 

    Il faut multiplier les isolats de la résistance, créer des écoles hors contrat, lancer des associations indépendantes qui développent des pensées droites et assurent la transmission, la réaffiliation et l’enracinement. 

    Il faut défendre le caractère sacré de la vie, la filiation comme repère, la nation comme héritage, les frontières comme ancrage et le rêve français comme fenêtre sur le monde.  

    Nous sommes revenus au temps des catacombes et chacun doit veiller à sa petite luciole, pour que la flamme ne s’éteigne surtout pas. Ceux qui n’ont plus d’espoir sont ceux qui n’ont plus de solution. 

    Quand je vois ce qu’est devenu le Puy du Fou qui était exactement créé dans cet esprit d’indépendance, je réalise que c’est faisable ! Cette dissidence-là finira par faire exploser le système. 

    Un mot pour la fin ? 

    J’ai été un homme politique, je ne le suis plus et ma parole est libre. J’ai écrit avec une plume de feu, n’en pouvant plus de voir la France mourir.  

    Je suis heureux là où je suis aujourd’hui, je n’ai pas besoin de notoriété mais il faut comprendre ce livre comme un appel aux avilisseurs de tous bords : reprenez-vous, ne touchez plus à la France, cessez de la massacrer ! 

    J’ai quitté la vie électorale mais la passion de la France, aujourd’hui souffrance, ne m’a jamais quitté. 

    Ce livre n’est pas une démonstration, c’est un battement de cœur.  

    Propos recueillis par Charlotte d’Ornellas

     

    Le moment est venu de dire ce que j’ai vu

     

  • Jacques Myard : « Oui, il y a un risque de guerre civile en Corse et ailleurs »

     

    L'attaque violente d'un camion de pompiers à Ajaccio a provoqué de fortes tensions sur l'Île de Beauté. Pour Jacques Myard*, dans Le Figaro, la crise corse préfigure des évènements similaires partout en France. Nous trouvons son analyse de la situation parfaitement juste et équilibrée. Simplement nous ne croyons en la capacité de la République, en sa forme actuelle, ni pour ce sursaut de l'autorité que Jacques Myard réclame à juste titre, ni pour régler ensuite les problèmes de fond qu'il analyse pourtant avec pertinence. Le régime des partis, qui a miné les Institutions de la Vème République, l'idéologie droit-de-l'hommiste et laïcarde, la négation de nos racines au profit de prétendues valeurs abstraites et universalistes, nous paraissent, en effet, par essence incapables de vraiment répondre aux défis que Jacques Myard, avec beaucoup de lucidité, voit monter en France. Les Corses sont une communauté organique, ce qui fait leur force. La France doit se donner les moyens d'en redevenir une si elle a la volonté de survivre. Ce qui ne nous paraît pas être au programme du Système, droite et gauche confondues. LFAR    

     

    Ukraine-gardons-notre-calme-reclame-Jacques-Myard.jpgAprès l'agression de pompiers dans le quartier des Jardins de l'Empereur à Ajaccio, la Corse a connu plusieurs jours de tension...

    Jacques Myard : Les violences en Corse ne sont malheureusement pas une surprise. Les caillassages et les agressions contre les pompiers et les forces de l'ordre se produisent dans toutes les banlieues de France et sont presque devenus une accoutumance à laquelle on ne peut pas s'habituer. Les réactions de la population d'Ajaccio montrent à l'évidence que le ras-le-bol est atteint . La population a voulu réagir face à la défaillance de l'État en se faisant justice elle-même. Dans un cas comme dans l'autre, aucun responsable politique ne peut admettre ce qui s'est passé. Il n'en demeure pas moins que nous devons dépasser la réaction épidermique que l'on peut avoir face à ces évènements.

    N'y-a-t-il pas également une dérive nationaliste ?

    Il y a une spécificité corse : c'est une évidence et personne ne le nie. De tous temps, les Corses ont toujours réagi face à ce qu'ils estimaient inadmissible. C'est la richesse de la nation française. Cependant, c'est parce qu'il y a eu faillite de l'État en matière de maintien de l'ordre et de sécurité que la population s'est révoltée. En voulant se faire justice eux-mêmes, les Corses n'ont fait que pallier l'absence de l'Etat. C'est un phénomène qui à mon sens risque de se répéter partout en France. Il y a une véritable colère face à la montée de cette « injustice » ou de cette « ajustice », c'est à dire l'absence de sanction face à des caïds qui de manière répétée font régner leurs lois. Il y a en France des zones de non droit. Face à cette situation, il est particulièrement osé de parler de racisme ordinaire. Il s'agit d'une polémique alibi qui masque de la part de ceux qui emploient ces termes une cécité totale sur les phénomènes qui sont en train de naître en France.

    Que faut-il faire ?

    L'alternative est très simple, l'Etat assure la première de ses missions, la sécurité de citoyens ou il s'installe dans la démission et il sera vite remplacé par la justice populaire. La sécurité plus encore que la politique a horreur du vide, alors l'heure n'est plus aux condamnations morales mais à la nécessité absolue de la tolérance zéro face aux caïds des banlieues. Le gouvernement et plus particulièrement la garde des Sceaux au lieu de fustiger le racisme des Français, véritable alibi de leur propre faillite, devrait se souvenir de la phrase prémonitoire d'un noble de la cour au Roi à la veille de la révolution : « Sire ce peuple est terrible ». Ils l'apprendront à leurs dépens ! La crise corse est prémonitoire et pourrait se propager sur le continent.

    Manuel Valls a récemment évoqué le risque de « guerre civile »...

    Il est évident que si il n'y a pas un sursaut de l'autorité, nous allons vers des évènements graves partout car nous savons bien qu'aujourd'hui les Français en ont assez de cette insécurité grandissante. De la même manière, ils ne peuvent pas admettre que des Français viennent assassiner d'autres Français à cause de leur religion. Il faut pour maintenir la paix civile être extrêmement ferme. Si on laisse dériver le communautarisme, oui il y a un risque fort de guerre civile en France ... Nous sommes ouverts sur le monde et la France subit directement toutes les dérives de la planète, notamment ce qui se passe au Proche et Moyen-Orient. C'est une évidence. Le nier, c'est jouer la politique de l'autruche. 

    Jacques Myard est député-maire de Maisons-Laffitte (Yvelines). Il est également président du Cercle Nation et République.

    Entretien réalisé par Alexandre Devecchio  [28.12.2015]          

     

  • Hollande a fait son choix

     

    Un  point de vue de Dominique Jamet

    En tout cas une analyse qui donne à réfléchir. Et même à se poser la question de fond, celle qui sous-tend le débat politique français depuis des mois : comment un tel Système où même les situations les plus graves ne réduisent pas à leur néant les calculs politiciens, les combines électorales, les ambitions et les égos, mais, au contraire, les motivent et les exacerbent, susciterait-il la confiance et l'adhésion des Français ? Le fossé entre peuple et Système continuera de se creuser. Par la force des choses et des événements, viendra alors le temps des échéances. Des échéances plus décisives que celle de la réélection ou non de Monsieur François Hollande. LFAR 

     

    3312863504.jpgIl a longuement hésité. Pesé le pour et le contre. Pris des avis de sens contraire. Entendu les arguments des uns et des autres. Souri complaisamment aux uns comme aux autres. Laissé croire à ses interlocuteurs, quels qu’ils fussent, ce qu’ils avaient envie de croire. D’un côté, il y avait un marqueur traditionnel de la gauche. De l’autre, la possibilité d’une manœuvre politicienne fructueuse. Entre la fidélité aux grands principes, au risque de paraître manquer de détermination face au terrorisme, et l’éventuel avantage électoral qu’il pourrait tirer d’une posture de fermeté, François Hollande a balancé, au point que même deux des ministres les plus directement intéressés, Bernard Cazeneuve et Christiane Taubira, ont pu s’y tromper et que la dernière nommée a entrepris la tournée des dupes qui l’a menée à Alger et au bord de la rupture. Puis le Président a tranché – on sait dans quel sens.

    Est-ce parce qu’il s’était solennellement engagé devant le Congrès à priver de leur citoyenneté française les terroristes bénéficiant d’une double nationalité ? François Hollande n’est pas de ceux qui font obligatoirement ce qu’ils ont dit et un éventuel manquement à sa parole n’aurait fait que s’ajouter à la liste de ses promesses non tenues et de ses reniements plus ou moins assumés.

    Est-ce parce qu’il y a quoi que ce soit à attendre d’une mesure qui non seulement ne s’appliquera qu’à un nombre extrêmement réduit d’individus mais ne fera ni chaud ni froid à des gens qui s’excluent sciemment, par la pensée et par leurs actes, de la communauté nationale ? Évidemment non.

    Tout simplement, dans le contexte actuel, le Président ne pouvait ignorer que la déchéance de nationalité des criminels djihadistes était devenue un symbole, que l’opposition à l’affût s’apprêtait à exploiter toute reculade sur ce terrain et que l’opinion aurait suivi. D’où ce choix spectaculaire qui, après l’instauration de l’état d’urgence et la reprise du contrôle de nos frontières, entérine le ralliement du chef de l’État et de son gouvernement à des solutions qu’ils n’étaient pas les derniers à dénoncer, il y a six semaines, comme d’extrême droite et, il y a encore huit jours, comme typiquement de droite.

    François Hollande n’ignorait naturellement pas qu’il allait faire hurler ceux des socialistes qui sont encore de gauche et ceux qui se situent encore plus à gauche que les frondeurs. Mais peu lui chaut, désormais, de heurter ou de désespérer Benoît Hamon, Martine Aubry, Christian Paul, Cécile Duflot ou Jean-Luc Mélenchon alors qu’il lui importe beaucoup, au contraire, de caresser dans le sens du poil et de séduire Jean-Pierre Raffarin, Xavier Bertrand, Christian Estrosi, Jean-Louis Borloo, François Bayrou et jusqu’à Alain Juppé.

    À court terme, la droite et même le Front national sont pris au piège. Il serait désormais absurde et contre-productif que, dans ce vaste secteur de l’opinion, on aille rejeter une révision constitutionnelle faisant entrer dans notre droit des mesures que l’on réclamait à cor et à cri. Si peu de temps après que les électeurs socialistes ont permis aux « Républicains » de triompher dans le Nord et le Midi, nous allons donc les voir voler au secours de la gauche – un rendu pour un prêté – ou se déjuger et passer pour préférer les vieux clivages à l’intérêt national. L’inflexion en faveur de laquelle Manuel Valls et Ségolène Royal ont bataillé est un petit caillou de plus sur le grand chemin de la recomposition.

    À plus longue échéance – une échéance de dix-sept mois -, le Président, visant déjà le second tour, considère que l’essentiel des voix de toute la gauche lui est acquis et lui reviendra, bon gré mal gré, fût-ce en grognant, fût-ce la rage au cœur et la bave aux lèvres, face à Marine Le Pen, et que le réservoir de voix qui lui assurera la victoire finale se situe à droite et sera partie prenante dans la majorité de demain.

    En tout cas, cet épisode devrait fermer définitivement la bouche à ceux qui douteraient encore de sa volonté. De se présenter. 

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      Journaliste et écrivain - Boulevard Voltaire

     

  • Médias • Grand journal, Petit journal : requiem pour « l'esprit Canal »

     

    Pour Théophane Le Méné, le départ de Yann Barthès du Petit journal marque le déclin de la gauche canal dont les rires forcés ne font plus illusion. [Figarovox, 10.05]. De cette caste, il trace ici un remarquable et féroce portrait. Celui d'une engeance calculatrice, doctorale, artificielle et vulgaire ... sur le déclin.  LFAR

     

    1554643691.2.pngJusqu'il y a peu, le concept était rodé, minuté. Il portait le nom de Grand journal et déclinait ses conjugaisons comme l'hydre aligne les têtes. Sous la baguette d'un présentateur en vogue, quelques chroniqueurs plus ou moins connus y allaient de leur partition pour dérouler le fil du talk-show, une articulation de reportages, de sketchs, d'interviews politiques, d'un moment culturo-littéraire et d'une multitude de bonnes blagues qui n'étranglaient, en tout état de cause, pas ceux qui dînaient derrière leur poste. Le sourire bright, le teint bronzé et la verve éloquente, quelques beaux esprits se posaient en arbitre des élégances, refaisaient le monde et les faces, sous les applaudissements d'un public trié sur le volet, à l'affût des petites lumières habilement dispersées qui leur dictaient d'applaudir ou de huer, selon que l'invité était puissant ou misérable. On y retrouvait des noms connus du showbiz germanopratin, des actrices ayant échoué dans l'érotisme qui gémissaient désormais sur des cartes météo et quelques normaliens moins portés sur la phénoménologie que soucieux d'apparaître en phénomène télégénique.

    A tout seigneur, tout honneur. Aucune demi-mesure dans le traitement des sujets ou des invités. Il y avait ce qui était bon et juste et le reste. Il y avait les respectables avec qui l'on s'émouvait, s'amusait, et plaisantait. Il y avait les infréquentables, les factieux, les intolérants. Pour ceux-là, pas de quartier. On ne les invitait pas pour qu'ils puissent s'exprimer mais pour les railler, tourner en ridicule leur cause, réduire ad hitlerum leurs idées. Etrillés sur place, les malheureux n'avaient d'autres choix que de subir les assauts de questions et les apostrophes énoncées en certitudes sans pouvoir y répondre ni invoquer, pour le geste, les droits de la défense que même la sainte Inquisition garantissait. Entre deux gaudrioles subtilement placées pour annoncer l'hallali, les babines pavloviennes se déchaînaient pour se partager les restes : c'était la curée.

    A côté de ces attaques en meutes, il y avait les reportages et les chroniques qui reprenaient, de « manière caustique, détournée ou décalée », l'actualité. Primus inter pares, Le Petit journal, présenté par le flamboyant Yann Barthès. D'abord partie intégrante du Grand journal, la chronique était devenue depuis peu une émission à part entière et succédait à la grand-messe, comme une dernière salve, un dernier tour de piste, où, durant 15 minutes encore, il s'agissait de moquer toujours plus ceux qui ne nous ressemblaient pas. Le scénario était impitoyable. On riait des physiques ingrats, on mettait en exergue les bourdes, les impairs ou même les bégaiements des politiques. Les interviews se résumaient à des questions délibérément indiscrètes ou tout simplement idiotes, comme pour marquer le niveau de celui qui est interrogé. On glissait des micros dans les meetings, dans les manifestations, et on guettait la phrase choc, celle qui, retirée de son contexte, apparaît évidemment comme stupide ou inadmissible. Et on se gargarisait d'une dignité que les autres n'avaient pas, on se plaisait et on se complaisait, on s'aimait de ne pas aimer ce qui, à nos yeux, n'était pas aimable.

    Qui étaient alors ces nouveaux maîtres du paysage audiovisuel français ? Qu'incarnaient-ils sinon la subversion assumée du véritable journalisme, du traitement consciencieux de l'information au profit d'un ersatz fondé sur le divertissement, comme pour esquiver la réalité ? Les témoignages de deux enfants prodigues revenus à la maison du bon sens sont, sur ces questions, éloquents. Ollivier Pourriol, philosophe et écrivain fut, un an durant, l'intello de service. Pour un salaire de 10 000 euros par mois, il avait la lourde charge de placer quelques laïus culturels au cours de l'émission. Jamais pourtant il ne trouva sa place et fut très rapidement réduit au silence. De cette expérience malheureuse, le philosophe en a tiré un livre [1] où l'on découvre avec effarement l'envers du décor : ces livres qu'on lui conseille de ne pas lire sinon la première page, la dernière et la page 100, pour faire illusion ; les discussions, l'air de ne pas y toucher, sur l'argent (« Ce que tu trouves trop aujourd'hui, tu trouveras ça normal quand tu auras passé toutes tes soirées coincé entre Copé et Rihanna ») ; le mépris de l'intelligence (« Sois plus dans l'humeur. Sois moins cérébral. Essaye d'être un peu moins intelligent »)… N'en jetez plus. Solweig Lizlow, la miss Météo du Grand journal durant la saison 2011/2012, garde elle aussi un souvenir amer de cette expérience. Dès le départ, son rôle est clair : jouer « une pouffe décérébrée » pour « séduire les 7-13 ans et les cadres sup' ». Sur ses anciens collègues, l'estocade est fulgurante : « J'ai dû cohabiter chaque jour avec des gens hautains et dédaigneux de la classe sociale qu'ils jugeaient inférieur à eux ».

    L'argent, la bêtise, l'ignorance, le mépris, l'entre-soi, tout un programme sur fond de lutte des classes. On se souvient d'un Nicolas Dupont-Aignan excédé par les simagrées narquoises de ses interlocuteurs, alors qu'il évoquait la souffrance des Français, qui n'hésita pas à tancer Michel Denisot sur le montant de son salaire. Embarras général et tentatives de couper court à la question furent ses seules réponses. En fait d'ignorance, faut-il aussi rappeler cette photo de Yann Barthès pris en flagrant délit de « quenelle », lui qui quelques jours avant dénonçait le geste haut et fort ? « L'esprit Canal +, qui sévit désormais partout, offre à Dieudonné du temps de cerveau disponible », remarquait très justement Alain Finkielkraut alors qu'il dénonçait l'enfantement de l'humoriste controversé par cette société du spectacle, de la vacuité, du ricanement et de la bouffonnerie. Que dire encore de la propension ahurissante de ces comédiens professionnels à dénoncer un conformisme dont ils sont l'exemple achevé

    C'était l'émission culte, le monument de la télévision française, l'impertinente séquence cathodique et glamour devant laquelle bon nombre de Français se retrouvaient tous les soirs. Une engeance qui régnait un peu partout comme une mélodie trop écoutée dont on n'arrive plus à se défaire. Mais jusqu'à quand ? « Tout le monde regarde [cette émission] pour savoir pourquoi tout le monde regarde », expliquait Ollivier Pourriol pour justifier les audiences de la chaîne. Depuis plusieurs mois, celles-ci sont en berne. Bolloré a racheté Canal +, la gauche morale déprime et même les rires forcés ne font plus illusion. Yann Barthès s'en va pour rejoindre la chaîne dont il fallait se moquer parce que l'un de ses patrons avait confié à des annonceurs qu'elle vendait du temps de cerveau disponible.  •

    Théophane Le Méné