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Rechercher : Rémi Hugues. histoire & action française. Rétrospective : 2018 année Maurras

  • Espagne : Franco est de retour

     

    Par Javier Portella

    Au plus chaud de la crise catalane - l'été et l'automne derniers - Javier Portella a souvent éclairé nos propres articles sur les événements d'Espagne, de sa compétence, de sa connaissance des dossiers et du terrain, de ses analyses données dans Boulevard Voltaire. Voici qu'il apporte ici un éclairage neuf à ce qu'il appelle avec simplicité « l’affaire de la dépouille du Caudillo ». L'indignation, les rappels de ce qu'il y eut de positif dans l'action passée de Franco sont insuffisants, rabâchage. Javier Portella - notre confrère espagnol - parle du présent, du régime en place, des perspectives d'avenir. [Boulevard Voltaire, 27.08]. N'oublions pas que la France est intéressée à la stabilité et à l'avenir de l'Espagne.    LFAR

     

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    La figure de Franco est, finalement, ce qui importe le moins dans l’affaire de la dépouille du Caudillo qu’un certain Sánchez (socialiste ayant le pouvoir grâce aux voix des communistes et des séparatistes) veut exhumer de son tombeau au Valle de los Caídos. Ce qui importe par-dessus tout, ce n’est même pas la mise en accusation du régime franquiste. Ou si celle-ci importe, c’est pour une autre raison : pour laver le péché originel du régime actuel et pour consacrer l’une des plus grandes falsifications historiques.

    Le péché originel du régime consiste en ceci : le Caudillo est mort dans son lit, personne ne l’a renversé et c’est bien le franquisme qui a lui-même enfanté, tout compte fait, le nouveau régime libéral, aucun des opposants à Franco – réduits à une insignifiante minorité sociale – n’y ayant joué le moindre rôle. Les gens de gauche ne s’en sont pas encore remis. L’amertume et le ressentiment, voire la haine, envers « l’autre Espagne » ont rempli leurs cœurs (tandis que la droite libérale, craignant d’être accusée de franquiste, se faisait toute petite) et ils ont fini par rompre le pacte tacite signé en 1977 entre les deux Espagne : on tourne la page, on enterre la guerre civile, on oublie les massacres commis de part et autre, les uns pardonnent l’assassinat de Lorca ; les autres, celui de Ramiro de Maeztu et de Pedro Muñoz Seca.

    Ah, ne savez-vous pas qui sont ces deux derniers (et grands) auteurs ? Peut-être ne saviez-vous pas, non plus, que des massacres épouvantables ont été commis par les blanches ouailles d’une République dite démocratique et prise d’assaut par les méchants « fascistes » ? C’est normal : depuis quatre-vingts ans, c’est la seule voix des vaincus de la guerre qui a été répandue partout en Europe. Seule leur version des faits a été offerte.

    C’est cette version – cette falsification historique – que la profanation de la tombe de Franco prétend ratifier. En faisant fi du pacte de réconciliation entre les deux Espagne, cette falsification est aujourd’hui, depuis les médias jusqu’à l’enseignement, constamment répandue partout. En Espagne, mais à l’étranger également. C’est ainsi que, le 24 août dernier, l’essayiste Thierry Wolton écrivait, par exemple, dans les colonnes du Figaro : « Que Franco soit responsable de la guerre civile de 1936-1939 pour s’être levé contre un gouvernement républicain démocratiquement élu est une vérité. »

    Non, ce n’est aucune vérité. D’abord, parce que le gouvernement « démocratiquement élu » lors des élections de février 1936 avait vaincu grâce à un truquage électoral suffisamment prouvé par les historiens. Ensuite, et plus essentiellement, parce que l’enjeu, lors du soulèvement de Franco et des autres militaires, ce n’était pas du tout de contrer la démocratie. C’était de barrer la route à la révolution communiste que les socialistes et leurs alliés au pouvoir – leurs proclamations sont explicites – allaient entreprendre après leur premier coup d’essai échoué deux ans auparavant.

    201511201425-full.jpgQuoi qu’il en soit, comment justifier, dira-t-on, la présence de la tombe du chef d’un État nullement démocratique dans un haut lieu comme le monastère du Valle de los Caídos (l’un des rares chefs-d’œuvre, d’ailleurs, d’une modernité dont l’architecture n’en connaît presque pas) ? À ce compte-là, si les monuments ne pouvaient accueillir que les tombes de dirigeants démocratiques, ce sont d’innombrables exhumations qu’il faudrait entreprendre d’urgence. À commencer par la tombe, aux Invalides, d’un certain empereur et en poursuivant, à l’Escurial, par celles des rois d’Espagne, les révolutionnaires français ayant depuis longtemps devancé monsieur Sánchez et s’étant chargés de la besogne pour ce qui est des tombes des rois de France à Saint-Denis.  ■  

    Écrivain et journaliste espagnol

  • Des médecins allemands lancent une Commission d’enquête citoyenne et indépendante sur le COVID-19.

    Source : https://www.nexus.fr/

    Des médecins allemands s’organisent et lancent un appel international afin que des enquêtes indépendantes soient réalisées et que la lumière soit faite sur la gestion de l’épidémie du COVID-19 et ses conséquences collatérales sur la société. Ils soulignent notamment les dangers des vaccins en cours d’élaboration, ou de l’obligation de porter un masque.

    1.jpg◆ Des médecins à l’esprit critique
    L’ACU, la Commission d’enquête extra-parlementaire sur le COVID-19, initiée en Allemagne a pour vocation de réunir un maximum de soutien pour exiger une transparence sur la gestion de l’épidémie du COVID-19. Dans cette vidéo explicative, la démarche est traduite et sous-titrée en plusieurs langues dont le français. Trois personnes s’y expriment : Heiko Schöning, Dr. Bodo Schiffman et Prof. Martin Haditsch. Ils précisent dès le départ que ce qu’ils font « est totalement non partisan ». Leurs positions, leurs affirmations et leurs questions sont très claires. « Nous, les citoyens, devons retrouver notre souveraineté et nous en prenons aussi le droit, parce que nous l’avons »,  puisque « ni les parlements, ni les partis d’opposition, ni les partis au pouvoir n’ont convoqué de commission et que celle-ci n’en est même pas au stade de la planification, il est grand temps que nous prenions les choses en main maintenant. »

    ◆ « Transparence » et « honnêteté » sont exigées
    Un de leur souhait : pas de dogmatisme. « Nous inviterons et entendrons ici des experts de tous les horizons, issus des domaines de la médecine, des affaires sociales, du droit, de l’économie et bien d’autres encore. » Tout le monde, même ceux de la partie « adverse » pourront s’exprimer et tout ce qu’ils diront « sera rendu complètement transparent. Les déclarations des experts seront diffusées en direct, sans montage, vous pouvez les regarder sur internet. » Notamment pour connaître le nombre de victimes collatérales au COVID-19, par exemple parmi les personnes qui n’ont pas pu être opérées depuis le début de cette période chaotique. Pour savoir pourquoi de telles mesures sanitaires privatives de liberté ont été prises alors que « les taux de mortalité ne sont pas plus élevés qu’avec les fortes vagues de grippe » et que « Nous n’avons pas la peste ! ». Pour savoir pourquoi on ne peut pas aller rendre visite à ses parents dans les maisons de retraite. Et pourquoi “on traite de menteurs, de charlatans ou de théoriciens du complot” les médecins et scientifiques qui remettent en cause certaines infos officielles. (Voir notre vidéo tournée avec Le Professeur Perronne)

    ◆ La lutte contre les mesures sanitaires insidieuses
    S’ils ne sont pas contre les mesures d’urgence prises en cas de crise, elles ne doivent pas s’intégrer insidieusement dans la société de manière durable. « Les gouvernements doivent prendre des décisions et, dans les situations d’urgence, comme une pandémie, ils doivent également prendre des mesures qui peuvent, à première vue, restreindre les droits fondamentaux. Mais ils sont également tenus de revoir constamment ces mesures et de les assouplir le plus rapidement possible afin d’éviter les dommages collatéraux ».


    ◆ La supercherie de la vaccination qui se prépare
    Ils se demandent également pourquoi on s’apprête à faire une vaccination de masse alors qu’« il n’y a même plus assez de personnes en Allemagne qui tombent malades pour qu’un vaccin puisse être testé sur elles ». Selon eux, cette vaccination est « sans nécessité médicale » et « dangereuse », car « il s’agit d’une nouvelle forme de vaccination, dite à ARN, qui, contrairement aux vaccinations précédentes, est capable de modifier le matériel génétique. Et peut causer des dommages incalculables aux personnes ». (Vous pourrez lire dans notre prochain magazine papier et numérique  n°129 un article sur ce sujet intitulé « Vaccins OGM : la grande accélération »)

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    ◆ Des responsables à mettre au grand jour
    Pour eux, que les erreurs décisionnelles aient été intentionnelles ou basées sur « l’ignorance, c’est sans importance. Dans tous les cas, « cela disqualifie les décideurs eux-mêmes. (…) Face à la catastrophe, qui ne peut être évaluée du tout à l’heure actuelle, il semble nécessaire (…) d’insister pour que ces décisions soient évaluées objectivement et pour que les décideurs soient tenus responsables si une faute est avérée. »

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    ◆ Un conseil international de la résistance ?
    On se sent en pleine période de résistance : « Nous nous basons sur la Loi fondamentale. Dans la Loi fondamentale, que je tiens ici dans ma main, il y a un article merveilleux, l’article 20, paragraphe 4, “Toute personne a le droit de résister si aucune autre mesure ne permet de remédier à la situation” ». S’ils invoquent ici la loi allemande, chacun d’entre nous pourra se baser sur le texte de son propre pays. Le docteur Schiffman partage les raisons de son engagement : « Ma motivation, ce sont mes grands-parents et mes parents, qui m’ont appris que si j’ai le sentiment que les droits fondamentaux sont restreints, que si la démocratie est restreinte, que si la presse n’est plus une presse libre, mais que vous avez le sentiment qu’il s’agit de propagande, que si les opinions étrangères sont censurées, supprimées, alors vous devez sortir dans la rue, alors vous devez devenir actif, ou vous devez essayer d’informer le public vous-même. »

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    Un soutien fort de 2000 personnes
    Plus de 2000 personnes soutiennent déjà le mouvement, pour la plupart allemandes et du monde médical, mais pas que. Avec les traductions en cours des vidéos et des textes accessibles sur le site, on voit émerger de nouveaux soutiens au niveau international. Pour les francophones, le texte est disponible en français, mais pas encore de soutien officiel en France. L’ACU invite d’ailleurs chacun à participer à sa façon pour améliorer la diffusion de leurs actions, car derrière tout ça, selon eux,  il n’y a « pas de société de médias, pas de riches, pas de fondations“.

     

    Estelle Brattesani

     

    ✰ Magazine NEXUS : 112 pages, 100 % inédit, 100 % indépendant !

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  • Les masques tombent, le roi est nu…., par Christian Vanneste.

    André Tardieu avait dit du gouvernement d’Aristide Briand qu’il menait une politique du chien crevé au fil de l’eau…. On pourrait en dire autant de celle dont les Français sont devenus depuis trois ans les spectateurs alors que la démocratie supposerait qu’ils en soient les acteurs. Simplement, il faudrait mettre la formule au pluriel tant il y a de chiens entraînés par les courants divers. En 2017, après une manipulation électorale réussie, un homme né dans les cabinets de gauche, mais ami de gens très riches, entrait à l’Elysée. Son parti, créé en deux temps trois mouvements, remportait les élections législatives. 

    christian vanneste.jpgL’un et l’autre voulaient chasser les politiciens de l’ancien monde pour remplacer celui-ci par un nouveau monde fait d’unanimité au-delà des partis et des idéologies, rassemblant des hommes et des femmes de gauche et de droite, des représentants de la société civile, compétents dans leur domaine, les uns et les autres emplis d’un enthousiasme réformateur capable de moderniser la France, d’en faire une « startup-nation ».

    Trois ans plus tard, les masques, que « La République en marche » avait pu trouver, alors, pour cacher la réunion des ambitieux et des carriéristes, de gauche, de droite, et de nulle part, qu’aucune conviction, qu’aucune valeur ne réunissaient, sont tombés. En fait, ce qu’il y avait de nouveau dans cette politique, c’était un aveu : la politique est un métier, les idées et les idéologies n’y ont aucune place. C’est une profession qui ne demande aucune compétence particulière. Elle est la voie de la réussite pour ceux qui ont acquis un peu de technique à Sciences po ou a l’ENA, et avant tout la capacité de parler de tout sans rien y connaître, mais avec beaucoup d’assurance. Ensuite, on passe d’un cabinet à un autre, on se constitue un carnet d’adresses qui permet de faire éventuellement un passage en entreprise, sans le moindre savoir lié à l’activité de celle-ci. La participation à un parti politique, la connaissance des arcanes de son appareil est une autre voie. Le mélange des deux, une bonne précaution. Autour d’un gros noyau de socialistes qui détiennent les ministères régaliens de l’Intérieur, de la Justice, de la Défense, des Affaires étrangères et quelques autres comme la santé, la transition écologique, ou encore des postes-clefs comme la présidence de l’Assemblée et celui de porte-parole du gouvernement, quelques « républicains » dont les dents rayent le parquet, à qui on laisse l’enfer de Matignon et l’économie. Le pouvoir est à l’Elysée, l’idéologie, renforcée par des ministres progressistes, comme Mme Schiappa, ou J.B Djebarri, est à gauche. Quelques supplétifs du Modem, quelques hauts fonctionnaires ou quelques personnalités issues de l’entreprise constituent l’élément décoratif. Les difficultés sociales sont pour les recrues venues en apparence de la droite. La constitution des cabinets est supervisée par l’Elysée qui contrôle tout.

    Cette omniprésence présidentielle est-elle la marque d’un visionnaire qui sait où il va ? Non, c’est le signe d’une théâtrocratie narcissique qui, à travers ses virages et ses mirages, parvient avec virtuosité à conduire la France… droit dans le mur. Le flamboyant réformateur qui prétendait faire de notre pays celui d’une économie dynamique qui crée des « licornes », s’impose dans le numérique et l’intelligence artificielle, et qui rayonne donc à l’international, en est à se vouloir souverainiste pour réimplanter en France les usines basiques qui nous ont manqué face à la crise sanitaire. Avec une dette qui passera de 100 à 150%, le poids maintenu d’une fonction publique improductive, inefficace, mais qui entrave en permanence l’action des fonctionnaires opérationnels, et des agents économiques en général, une fiscalité décourageante sauf pour les plus riches, était-ce bien la peine de changer de gouvernement ? On gardera de celui-ci quatre chiens crevés au fil de l’eau : un réformisme économique empêtré dans la protestation des gilets jaunes et des grèves, un progressisme sociétal qui aura un peu plus détruit le modèle familial qui était le vrai socle de notre société, un recul des libertés accentué à l’occasion du confinement, et une politique de l’ordre et de la loi privilégiant les immigrés clandestins ou non. Endettement monstrueux, PMA pour toutes, loi Avia et répression policière à deux vitesses : le bilan est calamiteux. La « majorité » artificielle de 2017 n’a aucune base réelle dans le pays. Elle se disloque à l’Assemblée et s’efface aux élections municipales, où c’est le « sauve-qui-peut » entre un parti qui n’aura gagné aucune bataille, ni celle de Paris, ni celle de Lyon, et se perd dans des alliances de refuge qu’on tolère ici, mais qu’on refuse là et des élus qui veulent ménager leur avenir. Chacun entend continuer sa carrière. Ceux qui avaient des convictions, comme Agnès Thill sont déjà partis.

    La vraie politique démocratique doit reprendre ses droits. Elle suppose une diversité d’idées opposées qui permettent l’alternative et l’alternance claires, c’est-à-dire le choix authentique des électeurs. Elle exige donc des formations politiques fondées sur un socle de valeurs. Que la gauche soit progressiste en apparence, c’est-à-dire décadente en réalité, est logique. Que la droite ne soit pas conservatrice est une absurdité ! C’est donc à la droite de se reconstituer sur cette base si elle veut proposer une relève crédible : c’est ce qu’elle n’a pas fait depuis bien longtemps, en préférant les marchandages et les compromissions.

  • École de la République, école totalitaire, par Pierre Van Ommeslaeghe.

    Les déclarations du ministre de l’Éducation nationale au Sénat le 18 juin ont provoqué quelques remous. En effet il a déclaré, en réponse à un sénateur : « Cela rejoint une logique de vision complète du temps de l’enfant […]. Je suis de plus e plus favorable à une vision où l’emploi du temps de l’enfant serait vu pas seulement sur les heures de cours, mais aussi à ce qui se passe dans sa vie le mercredi et le week-end, sans qu’on arrive à un Big Brother éducatif, mais simplement à une attention à ce qui se passe »

    2.jpgQue M. Blanquer se sente obligé de faire référence à Big Brother, la figure totalitaire imaginée par Orwell dans 1984 est un signe inquiétant, même si c’est pour s’en écarter. C’est qu’il a bien conscience que c’est vers cela que son plan mène de manière évidente. Il ne s’agit pas d’une maladresse, comme certains commentateurs le lui ont concédé, L’ensemble de l’intervention du ministre le montre. Le sujet était la lutte contre la radicalisation islamiste, dans le cadre de la commission d’enquête sénatoriale qui traite ce sujet. Pour faire face au prosélytisme islamique dans l’éducation, l’axe principal des mesures est le contrôle de ce qui se fait dans les écoles hors contrat et dans l’enseignement à la maison. Et il est vrai que des écoles musulmanes se développent en France, ce qui représente incontestablement un problème. Il est vrai également que le contrôle de l’État sur la qualité de l’enseignement dispensé dans ces cadres est légitime. Mais derrière le prétexte de la lutte contre l’islamisme (qui serait plus crédible s’il nommait correctement le danger, le salafisme, et luttait réellement contre lui en fermant ses mosquées et en rompant les relations privilégiées qu’il entretient avec les pays qui en sont les foyers), c’est bien à la mise en place d’un Big Brother éducatif que travaille l’État.

    Dans sa déclaration liminaire, donc préparée, le ministre a déclaré «  Le temps de l’enfant ne doit pas être vu de manière saucissonnée, mais il doit être vu de manière globale. C’est pour ça d’ailleurs que notre ministère est désormais un ministère de l’Éducation nationale ET de la jeunesse  ». Comprenez que l’action du ministère concerne le jeune dans sa globalité, pas seulement (pas essentiellement ?) l’enseignement. La lutte contre l’islamisme vient donc en soutien d’un projet plus global pour contrôler la jeunesse. Projet visiblement prioritaire puisque le «  plan mercredi  » du ministère a été finalisé pendant le confinement, période pendant laquelle les enseignants auraient aimé que les services du ministère travaillent plutôt à les soutenir de manière concrète. De la même façon, les «  vacances apprenantes  » prennent prétexte de la crise sanitaire pour accentuer ce contrôle des enfants.

    N’allons pas croire que ces dispositifs sont du simple soutien scolaire. Qu’il s’agirait de s’assurer que l’instruction soit donnée aux enfants, de façon à lutter contre l’obscurantisme par la diffusion du savoir. Le ministre parle bien de savoirs au début de son intervention, mais c’est pour dire qu’il ne faut pas les séparer des valeurs de la République. Fameuses valeurs dont on nous rebat les oreilles sans nous dire ce qu’elles sont (à part la laïcité sur laquelle nous reviendrons). Ces valeurs, il faut les inculquer à la jeunesse à l’occasion des cours, mais aussi dans des projets éducatifs dans les écoles, mais aussi le mercredi, les week-ends et les vacances scolaires, dans les écoles publiques, privées sous contrat, privées hors contrat, à domicile. Exagérons-nous  ? Laissons parler M. Blanquer  : «  Nous allons dévoiler tout prochainement un nouveau vade-mecum […] consacré au respect du principe de laïcité dans les accueils collectifs de mineurs. […] il participe à notre volonté de faire vivre et de partager les valeurs de la République à l’occasion de tous les temps éducatifs.  » Il s’agit bien d’un encadrement général et permanent de la jeunesse. Pour s’en assurer, le ministère, outre l’ouverture des écoles pendant les vacances, va agréer des associations pour attester de leur conformité idéologique. On affiche bien entendu la lutte contre des associations qui pratiqueraient, sous couvert de soutien scolaire ou d’activités éducatives, un prosélytisme islamique. Mais nous ne sommes pas certains que les mouvements de scoutisme traditionnel, par exemple, recevront cet agrément.

    Pour lutter contre le totalitarisme islamique, se met donc en place un totalitarisme républicain. Quel progrès  ! N’allons pas croire que la cellule familiale restera préservée très longtemps de ce totalitarisme. Sur le ton de l’évidence le ministre affirme la liberté des familles à choisir l’éducation qu’elles veulent pour leurs enfants. Mais c’est pour dire immédiatement que cette liberté n’est pas un absolu, qu’au-dessus du droit des familles, il y a le droit de l’enfant à une éducation. Distinction monstrueuse au nom de laquelle l’État pourra se substituer aux parents, pour imposer, au besoin par la force, sa vision du monde.

    Quelle vision  ? Quelques indications ressortent dans cette intervention, concernant la laïcité. Dans une tirade sur l’amour de la France qu’il faut inculquer aux enfants (cet amour de la France est pour M. Blanquer un amour de la République), il affirme  : «  Nous sommes une société laïque, sécularisée, et nous en sommes fiers  ». La laïcité ne concerne donc pas seulement l’État dans son rapport aux religions, ce qui est sa définition légale et communément partagée. C’est toute la société qui doit être laïque, et cette laïcité est une sécularisation, c’est-à-dire une absence de toute religiosité. Il s’agit donc très explicitement pour lui d’éradiquer toute transcendance de l’esprit des enfants. L’éducation de M. Blanquer est un prosélytisme athée.

    Cette conception totalitaire de l’éducation n’est pas spécifique à M. Blanquer mais est intrinsèque à la République. Nous le montrerons dans un prochain article.

    Audition de Jean-Michel BLANQUER, ministre de l’éducation nationale et de la jeunesse – Jean-Michel BLANQUER

  • Accord de Bruxelles : une bombe à retardement !, par Jacques Myard.

    Source : https://www.bvoltaire.fr/

    Après des nuits et des jours d’affrontements, de chamailleries et même d’invectives, un accord entre les 27 membres de l’ est arrivé aux forceps, le 21 juillet. Soulagé à l’évidence, crie victoire et essaie de présenter cet accord comme une étape historique de l’évolution fédérale de l’, évolution qu’il appelle rituellement de ses vœux, dans des discours empreints d’un lyrisme incantatoire.

    1.jpgLes caractéristiques de ce fameux accord sont simples :
    – 750 milliards d’euros doivent être injectés dans l’économie des États membres : 390 milliards de subventions, 360 milliards de prêts remboursables.
    – À ce titre, les 750 milliards seront empruntés par l’Union européenne sur les marchés ; cet emprunt serait la première marche d’une mutualisation de la dette par l’Europe.

    Cela mérite une analyse point par point.

    1) L’Union européenne a-t-elle le droit d’emprunter sur les marchés ?
    Rien n’est moins certain. L’Union européenne a des ressources propres définies et les emprunts n’y figurent pas ; la Commission l’a elle-même rappelé lors de la présentation de son projet de budget 2020. Les articles 122 et 124 combinés aux articles 310, 311 du traité de fonctionnement de l’Union européenne (TFUE) et 5 du traité sur l’Union européenne (compétences d’attribution à l’Union européenne) ne laissent guère de doute sur l’interdiction d’emprunter.
    Il n’est pas impossible que des actions judiciaires soient introduites devant des juridictions nationales constitutionnelles comme la Cour constitutionnelle fédérale de Karlsruhe.
    À suivre…

    2) Il existe un silence singulier – véritable omerta – sur la garantie des États apportée à cet emprunt. Or, elle existe, ce qui signifie que les États membres seront appelés en garantie dans le cas où un État membre est défaillant.

    3) Il est prévu que la France reçoive 40 milliards d’euros de subventions. Mais quand recevra-t-elle ce pactole ? Mystère, cela est lié au lancement de l’emprunt de 750 milliards qui prendra encore du temps avant d’être effectif.
    De plus, si la France reçoit dans plusieurs mois 40 milliards d’euros une fois qu’elle aura expliqué à la Commission ses réformes, elle continuera à abonder le budget de l’Union européenne à hauteur de 17 %, soit 66,3 milliards, pour financer les subventions… belle opération !

    4) Selon les dires de Thierry Breton, les subventions seront ancrées dans les semestres européens, cela signifie qu’à chaque versement, l’État qui peut bénéficier de ces subventions devra s’expliquer sur ses réformes, sous le regard de tous les États… En d’autres termes, les États devront donner des garanties de réformes. Bonjour les tensions…

    5) Toujours selon M. Breton, les États n’auront pas à payer le remboursement de cet emprunt de 750 milliards qui le sera par de nouvelles ressources propres :
    – une taxe carbone aux frontières de l’Union européenne ;
    – une taxe numérique.

    C’est à mourir de rire ! M. Breton tire des plans sur la comète ; rien ne peut prédire que ces taxes existeront un jour, elles sont plus qu’hypothétiques et suscitent des oppositions rédhibitoires des États, notamment de l’Irlande qui préside l’Eurogroupe et de l’Allemagne qui redoute de mettre en péril ses exportations de voitures.

    6) Dans son service après-vente sur cet accord, le ministre Bruno Le Maire a émis la proposition que l’Union européenne devait désormais prendre ses décisions à la majorité : bravo pour l’amateurisme, la boîte de Pandore est ouverte !

    C’est sans nul doute la meilleure proposition pour défendre les intérêts de la France, et notamment la politique agricole commune (PAC) qui suscite l’euphorie de nos chers partenaires qui ne rêvent que de la dézinguer ! Ils n’ont de cesse de vouloir réduire son budget, elle enregistre, d’ailleurs, une première baisse de 10 % pour la période 2021-2027. Bravo Emmanuel Macron !

    7) Les pays dits frugaux, pour avaliser cet accord « historique », ont obtenu, ainsi que l’Allemagne (sic), l’augmentation de leurs rabais budgétaires, qui passent de 47 à 54 milliards d’euros : c’est un comble !

    8) Cet accord est le produit de l’idéologie fédérale d’Emmanuel Macron.
    Il a tout lâché pour l’obtenir afin d’afficher ce qu’il présente comme une avancée fédérale de l’Europe. C’est une fuite en avant ! Il est, en effet, illusoire de croire qu’il constitue le commencement d’un budget fédéral pour l’euro, ce n’est pas sérieux.
    Il ne constitue pas un outil crédible. Pire : il va diviser les États européens dans des discussions sans fin sur les conditions de remboursement des prêts et les modalités d’utilisation des subventions.

    9) Oui à la solidarité :
    Un accord entre États pour lever un emprunt et aider les pays en difficulté aurait été plus rapide et efficace qu’une mutualisation de la dette. Mieux encore : le rétablissement des avances des banques centrales – du système des banques centrales – aux États pour investir serait immédiat et constituerait une dette perpétuelle inscrite dans les comptes des banques centrales… jamais remboursée !
    Le système des avances a permis à la France de se reconstruire ; il est certes contraire au traité de Maastricht, mais il a fait ses preuves économiques !

    10) La leçon de ce marathon bruxellois est très simple : Macron l’idéologue voulait donner l’illusion de créer une dette mutualisée, fédérale. En réalité, il a obtenu la mise en place d’une bombe à retardement, cet accord réserve de nombreuses surprises et va créer de nombreuses tensions entre les pays membres de l’Union européenne.

    Prétendre que c’est la matrice d’une Europe nouvelle révèle naïveté ou plutôt volonté de manipulation !

  • Défendre Éric Dupond-Moretti…, par Philippe Bilger.

    Source : https://www.bvoltaire.fr/

    Il me semble que le garde des Sceaux, depuis qu’il a été nommé, justifie ma modeste apologie.

    Je laisse de côté l’aigreur de la présidente de la commission des lois de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, elle-même avocat : « Il a tout faux depuis le début, il ne tiendra pas longtemps. Autant que je me prépare » (Le Canard enchaîné).

    5.jpgRevenons à l’essentiel.

    D’abord défendre contre lui-même mais, paradoxalement, contre la tentation d’une normalité qui le ferait se perdre. Je le dis d’autant plus volontiers que je confirme totalement mon billet du 25 juillet qui visait à dénoncer ses pourfendeurs lui reprochant de ne plus être assez avocat.

    Aujourd’hui, je ne voudrais pas que, pour s’être glissé avec tant d’apparente facilité dans une posture ministérielle, il oublie ce qui a toujours fait sa singularité et qui est irremplaçable. Si l’appareil officiel de la Justice peut être comparé à « un magasin de porcelaine », que lui-même ne répudie pas « l’éléphant » dont la force et la liberté ont créé ses succès au barreau et qui serait utile et bienfaisant dans un monde ouaté où le conformisme et l’administration doivent être secoués. J’ai cru deviner qu’il répugnait, avec son nouveau rôle, à profiter encore des vertus du professionnel redoutable d’hier : ce serait dommage.

    Ensuite défendre Éric Dupond-Moretti contre les avocats. Il n’est que trop naturel qu’il ait un lien privilégié avec cet univers qu’il a honoré. Il s’est fait remettre un rapport par Dominique Perben que Nicole Belloubet avait missionné pour une réflexion sur « l’avenir de la profession d’avocat ». Aucune des treize propositions qui vont lui être soumises « pour sortir les avocats de la crise » n’est sans intérêt, mais mon inquiétude porte sur le fait que l’augmentation des droits et des garanties dont le barreau devrait bénéficier ne va pas manquer de rendre encore plus complexe et plus lente la procédure pénale et, donc, aller à l’encontre de la simplicité souhaitée par le ministre.

    Défendre aussi Éric Dupond-Moretti contre une certaine magistrature. Celle qui n’est vantée qu’à cause de ses excellentes relations avec les avocats et moins pour la fermeté de son action que pour l’habileté de son entregent.

    Une grande part du monde judiciaire n’a pas accueilli Éric Dupond-Moretti les bras et l’esprit ouverts mais, s’il a tenté de la rassurer, il ne faudrait pas que, dans ses futures entreprises, il soit plus enclin à favoriser la première que la seconde.

    Défendre, enfin, Éric Dupond-Moretti contre le risque de la diversion et peut-être d’une dispersion.

    Pourquoi a-t-il éprouvé le besoin de se rendre devant les écologistes, dont la pensée judiciaire est rien moins que cohérente, pour justifier des propos qu’il avait proférés et dont la pertinence était indiscutable ? Je conçois que, se sentant contraint dans l’expansion de ses qualités de base comme ministre de la Justice, il s’abandonne au plaisir de les extérioriser devant des assemblées où il se fait brillamment l’avocat de sa propre cause.

    Ces diversions qu’il s’octroie pourraient laisser penser à une fuite de l’essentiel alors qu’au contraire, l’impatience est vive, et les citoyens curieux, à l’égard de la « série d’annonces pour les prochaines semaines » dont on sait qu’elles vont principalement concerner les modalités des enquêtes préliminaires, la détention provisoire et le régime des fadettes. J’apprécie tout particulièrement que « son obsession soit de simplifier les relations entre le justiciable et la justice ». Cette ambition ne pourra être satisfaite que par une révolution considérant comme prioritaires les attentes du citoyen et l’obligation, pour la magistrature, de s’imposer des devoirs à l’égard de la société, et non pas seulement la dette qu’aurait celle-ci à l’égard des magistrats.

    J’ai lu que le garde des Sceaux avait aussi l’intention de se pencher sur les bonnes pratiques, ici ou là, afin de les généraliser et de faire travailler des commissions sur certains thèmes comme par exemple la détention provisoire ou le futur de la Justice.

    Cette volonté aboutira à d’heureux résultats opératoires seulement si la pratique des commissions fait qu’un pluralisme est institué et organisé et que ne sont pas d’emblée réunies des personnalités accordées entre elles et, donc, programmées pour remettre un rapport conforme à la pensée connue ou anticipée du ministre. Si ces commissions échappent à cette perversion fréquente, elles pourront non seulement être utiles mais voir leurs propositions les plus pertinentes devenir vite effectives.

    On aura noté que je n’aurai pas l’outrecuidance de prétendre défendre Éric Dupond-Moretti contre sa philosophie pénale qui n’est pas forcément la mienne ni celle de beaucoup de citoyens. Je ne me fais aucune illusion.

    Si je partage le constat de Xavier Bertrand« La sécurité restera l’immense faillite du quinquennat » – et son exigence d’un « changement immédiat de politique pénale », je me doute que le garde des Sceaux sera probablement sur une autre ligne, mais peu importe. On a tout de même le droit d’espérer.

    Il faut défendre Éric Dupond-Moretti contre ce qui pourrait le détourner du meilleur de lui-même : redonner, dans la Justice, sa place au peuple et s’inspirer d’un humanisme qui ne serait pas mou ni complaisant à l’égard des délinquants et des criminels.

     

    Philippe Bilger

    Magistrat honoraire et président de l'Institut de la parole
  • Macron ou le monde à l’envers !, par Christian Vanneste.

    Il paraît que Macron a honte… Il y a de quoi, mais c’est l’image de la France que donne cet élu d’un heureux hasard quelque peu “organisé” qui devrait rendre honteux tous les Français. Le pays, aujourd’hui se résume aux discours prononcés par un histrion narcissique et à une réalité de plus en plus ubuesque, un pays chaotique, une “gouvernance” absurde qu’une immense majorité subit avec calme dans une discipline résignée.

    christian vanneste.jpgA Marseille, la police, Préfet en tête, vérifie le port du masque et la possession d’une attestation autorisant la sortie, ce qu’en d’autres temps on appelait l'”ausweis”. On verbalise les distraits à tour de bras. Dans un quartier connu pour son trafic de drogue, le Préfet est rayonnant : les trafiquants ne sont pas venus avec leur attestation. Ils reviendront plus tard, quand l’opération sera finie. Ce haut-fonctionnaire ne semble pas avoir conscience de l’inversion des priorités et des personnes : le trafic est manifestement une habitude plus ou moins tolérée, le port du masque naguère présenté au sommet de l’Etat comme inutile voire dangereux est une obligation cruciale qui justifie un contrôle sévère et une répression sans faille. Que le premier soit le fait de délinquants, et le second de tous les citoyens, lui échappe totalement, à moins que la difficulté dans un cas et la facilité dans l’autre rassurent un homme dont toute la carrière est fondée sur le principe du “pas de vague”. Quant à l’assignation à résidence de tous les citoyens, sauf ceux qui peuvent transformer leur quartier en poudrière si on s’avisait de les contrôler de trop près, son caractère liberticide est une idée étrangère à un homme heureux de faire respecter la loi à ceux qui ne souhaitent nullement l’enfreindre. Pour les autres c’est plus risqué !

    A Paris, des policiers emportés par leur zèle “masqueur” ont interpellé un récalcitrant qui s’est réfugié dans son local professionnel. Ils ont pénétré, à trois, dans l’immeuble et l’ont roué de coups sous les yeux avides d’une caméra. Un collègue les a rejoints et n’a pas hésité à jeter une grenade à l’intérieur. En matière de bavure, c’est évidemment un sommet. Mais c’est surtout un signe effrayant de l’absurdité dans laquelle est tombé notre pays : quatre policiers en examen et deux en prison. C’est le monde à l’envers, et c’est le résultat “logique” d’un pays qui ne tourne plus rond, que les Allemands ont osé appeler “l’Absurdistan”. Première justification brandie par les policiers : la peur ! Et oui, la peur a changé de camp. A force d’être agressés et molestés quand ils sont en infériorité numérique, de ne pouvoir utiliser leurs armes que de manière exceptionnelle, de se trouver très facilement en proie à des enquêtes de l’IGPN, voire à des poursuites judiciaires menées par des juges qui n’aiment guère la police, les policiers ont peur. C’est ce sentiment, et cette situation qui les privent d’une autorité nécessaire à l’exercice de leur métier. Les images de policiers battant en retraite sous les projectiles de manifestants, ou fuyant en voiture sous les pierres un quartier sensible, celles des commissariats bombardés par des tirs de mortier d’artifice, le souvenir du couple de policiers abattu devant leur enfant par un terroriste islamiste, ont par trop affaibli la sanctuarisation des lieux et des personnes qui sont investis de l’autorité publique. Celle-ci exige la distance nécessaire au respect. Le contact physique abolit cette distance et favorise la suspicion de bavure, et la bavure elle-même. L’emploi des armes, létales contre des incendiaires, ou à impulsion électrique pour les rebelles, l’utilisation systématique des canons à eau devraient limiter au minimum les brutalités qui résultent du contact. La dissuasion jouerait rapidement, en espérant bien sûr que la Justice suive.

    Or, faute du courage de faire respecter la loi et l’ordre par la force systématique, et non la brutalité arbitraire, le pouvoir a tenté de faire passer une loi à nouveau liberticide, interdisant aux journalistes de prendre des images des policiers en action. Ne rien changer aux comportements, mais interdire de les filmer, c’était une facilité grossière que l’exécutif espérait obtenir dans le nuage obsédant du Covid, et grâce à une Assemblée soumise. Non seulement la tentative n’est pas passée inaperçue, mais elle s’est transformée en boomerang. On touchait une nouvelle fois à la liberté de la presse, et ceci dans un pays dont le président joue au donneur de leçon à l’encontre des “illibéraux”. Pris la main dans le sac, le gouvernement a voulu s’en tirer en faisant réécrire l’article le plus litigieux du texte par une “commission indépendante” ! A force de faire voter n’importe quoi par des députés inexpérimentés et dociles, l’exécutif oubliait que dans une démocratie parlementaire, il revient en priorité aux parlementaires d’élaborer la loi, fût-ce à partir des projets gouvernementaux. A nouveau, le monde à l’envers ! Là-dessus, vint la bavure : des policiers devant une caméra se sont acharnés sur un producteur noir. Tous les ingrédients étaient réunis pour un scandale à l’américaine : le racisme supposé, la profession médiatique de la victime, et devant une caméra qui fournit le meilleur argument contre l’article 24 de la loi sur la Sécurité Globale ! Du coup les manifestations ont fait un tabac, et comme d’habitude des incidents en fin de journée avec des policiers fuyant sous les projectiles, une image obsédante du macronisme de plus en plus difficile à récupérer pour s’ériger en défenseur de l’ordre républicain.

    Source : https://www.christianvanneste.fr/

  • La grande désolation qui vient, par Radu Portocala.

    On nous promet un monde nouveau, forgé sur l'enclume de la pandémie. Nos bienfaiteurs seront nos bourreaux.

    Depuis l’arrivée de la maladie qui a bouleversé le monde, certains ont acquis la certitude qu’elle avait été créée à dessein et répandue dans un but malveillant. Ce sont, nous préviennent les vérificateurs de la pensée, des complotistes, des conspirationnistes qu’il ne faut pas écouter, leurs propos étant nuisibles.

    3.jpgSoit. Mais on a au moins le droit de dire que la crise qu’a provoquée cette maladie et sa gestion aux effets dévastateurs a offert une formidable opportunité aux partisans de quelques vieilles et inquiétantes idées, présentées immédiatement comme seul rempart possible contre les catastrophes sans nombre qui guettent l’humanité ?

    Beaucoup de ces idées se retrouvent dans un projet dont le nom fait penser à un roman de science-fiction : The Great Reset (la grande réinitialisation ou la grande remise à zéro). Le monde et les humains seraient donc, pour les instigateurs de ce chambardement, semblables à un jeu vidéo bloqué : c’est ennuyeux, certes, mais il suffit d’appuyer sur la touche « reset » pour commencer une nouvelle partie.

    Au cœur de ce prétendu recommencement se trouve le Nouvel ordre mondial, lubie qui, pendant des décennies, a agité conjointement les esprits soviétiques et américains – chose jamais bien définie, impliquant, sinon un gouvernement mondial, au moins la soumission des États à un centre de pouvoir auto-désigné qui les transcende. S’y ajoute la globalisation, si chère à Emmanuel Macron, consubstantielle au Nouvel ordre, et qui n’est que l’internationalisme des socialistes passé au tamis du faux libéralisme dont on observe partout les échecs et les méfaits. Un ersatz, donc, qui transformerait le monde en une vaste coopérative, où tout serait grand-ouvert et dont on ne sait pas qui le dirigerait. Et, bien entendu, la lutte contre le réchauffement climatique ne pouvait manquer à cette construction.

    Les apologètes du Great Reset – le prince Charles et Klaus Schwab, ce dernier étant le père du Forum de Davos – sont enthousiastes. Pour l’un, la maladie a été « une occasion en or », pour l’autre elle « nous a donné une chance ». Les deux pensent à un changement radical du monde. « Il s’agit, selon M. Schwab, de [le] rendre moins clivant, moins polluant, moins destructeur, plus inclusif, plus équitable et plus juste que celui dans lequel nous vivions à l’ère pré-pandémique. » Un monde, en somme, comme un slogan bien-pensant. Le monde nouveau d’Emmanuel Macron qui, en l’annonçant dès 2017, a eu une fulgurante intuition, ou peut-être commençait-il à appliquer un plan. Dans ce cas, on peut imaginer que le programme de « réinitialisation » n’est pas la conséquence de la maladie, mais qu’il était préparé de longue date, et que le fléau est utilisé comme prétexte pour justifier son lancement.

    Il faut tout réorganiser

    Plus rien ne doit demeurer comme avant : ni la politique, ni l’économie, ni la société. « Sacrifier la vie pour sauver la vie » risque, bientôt, de devenir le cri de guerre des nouveaux apôtres d’une humanité saine, propre, frugale, éternellement repentante et, surtout, soumise. Cette guerre qu’ils mènent à l’ancien monde, afin de le transformer, de l’adapter à leurs fantasmes, caprices et intérêts. George Soros est du nombre, bien sûr, ainsi qu’Al Gore, la désormais incontournable Greta Thunberg, ou Bill Gates. Ils s’appliqueront tous, sans doute, à nous réinitialiser, à nous mettre au pas, à nous rééduquer.

    Klaus Schwab prévient, et ses injonctions ne sont pas très éloignées de la menace : « Le monde doit agir ensemble et rapidement, afin de réorganiser tous les aspects de nos sociétés et de nos économies, de l’éducation aux contrats sociaux et aux conditions de travail. Chaque pays, des États-Unis à la Chine, doit participer, et chaque industrie, du pétrole et du gaz à la technologie, doit être transformée. »

    Que veulent, en fin de compte, tous ces grands bienfaiteurs ? Sauver le monde de l’humain néfaste, nous mettre à l’abri de nous-mêmes. Ils sont bons, alors que nous sommes coupables de tous les maux. À partir de ce postulat se développent la pensée et l’action de tout dictateur. Quelques personnages que la fortune politique ou financière a mis sur le devant de la scène viennent dire que le monde va mal, prétendent avoir la solution à toutes les défaillances, et s’arrogent les fonctions de guérisseurs. Soit nous les suivons, clament-ils, soit nous continuons nos activités destructrices et nous périrons sous les décombres. Cependant, ce deuxième choix ne nous est pas vraiment laissé ; nous devons accepter leur Bien, fût-il insupportable comme tout ce qui est total.

    La maladie a été « une occasion en or », elle « nous a donné une chance »

    Ce qu’ils proposent, c’est une révolution, avec tout ce que cela peut avoir de radical. Au nom de ce qui pourrait passer pour une chimère, mais qui n’est que la somme des intérêts d’un groupe qui a su devenir influent, les derniers vestiges du monde ancien, déclaré suicidaire, doivent disparaître, afin qu’un despotisme aseptisé et hautement profitable s’installe. La mort elle-même devra s’incliner devant la suprême volonté de ces porteurs d’un triste espoir.

    La maladie, nous dit Klaus Schwab, a été une chance. De son point de vue, la chose est indéniable, car il a été enfin possible de vérifier jusqu’à quel point les sociétés, soumises à la peur, sont prêtes à sacrifier leur liberté sur l’autel de la survie. Les menaces de mort par réchauffement ont, bien sûr, fait plier quelques-uns, mais ils ne sont pas assez nombreux ; deux degrés de plus d’ici quatre-vingts ans, malgré les anticipations apocalyptiques, ne troublent que les militants. Mais un fléau qui est déjà parmi nous, qui a fait des morts, est très convaincant, surtout quand la plupart des gouvernements, par l’absurdité de leurs mesures, arrivent à créer l’impression que la fin du monde est là, devant nos portes. MM. Schwab, Soros, Gates et leurs amis savent comment nous éviter ce funeste destin. Ils ont aussi la certitude que d’autres maladies impitoyables vont nous frapper. Ils se proposent, donc, du haut de leur sagesse, de régenter le monde, de le transformer en un vaste sanatorium écologique. En somme, ils veulent s’assurer que, pour notre bien, la vie devienne véritablement invivable.

     

    Illustration : Le fringant professeur Klaus Schwab, 82 ans, manifeste toute sa joie à l’idée de réinitialiser le monde.

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    Source : https://www.politiquemagazine.fr/

  • Petite sociologie du manifestant black-bloc, par Bertrand Alliot.

    Une bonne vieille manif’ est bien plus exaltante qu’une séance de paintball ou de laser-game…

    Les bonnes vieilles manifs sont en train de se réinventer. Quel que soit l’objet de la protestation, elles s’accompagnent dorénavant d’actes spectaculaires de vandalisme et de violences inouïes envers les forces de l’ordre. Les vitrines sont défoncées, les voitures incendiées et les policiers poursuivis comme des cerfs lors des chasses à courre.

    Ces exactions sont le fait d’hommes jeunes, des racailles de banlieues ou des petits blancs de la classe moyenne ou supérieure, transformés en black-blocs. Débordant d’énergie, les jeunes mâles ont besoin d’occupation au risque de se transformer en machine à détruire.

    L’État et les contribuables français rasent gratis pour occuper une frange de la jeunesse européenne désœuvrée et en manque de sensation forte

    C’est ce qu’avait compris le sociologue Gaston Bouthoul. Pour lui, lorsqu’on constatait un « surplus d’hommes jeunes » (une portion significative d’entre eux étant « inoccupés » par l’activité économique), la situation devenait « explosive » et donc favorable au déclenchement de conflits armés.

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    Aujourd’hui, certains mâles dans la force de l’âge sont au chômage ou demeurent passifs devant des écrans d’ordinateur en ne comprenant pas toujours (et avec raison) l’utilité de leur travail. Ils connaissent véritablement un désœuvrement « physique ». Il y a bien des exutoires comme les terrains de sport, mais le jeu, s’il fatigue les corps, ne répond pas au besoin d’aventure. Le paintball et le laser-game peuvent les plonger dans des situations exaltantes de combat. Mais se faire peinturlurer ou dégommer au rayon laser ne dégage pas ce parfum de réalité qui seul peut faire monter l’adrénaline. La quête de sensations fortes qui ne s’arrête jamais mène ainsi certains énergumènes à fréquenter de manière assidue les défilés.

    Masculinité toxique

    Dans les manifs, le fait que tout soit si réel est une source incomparable de contentement. Il y a de vrais gens qui marchent, des cortèges bariolés dans lesquels on peut se faufiler. Il y a, sur le parcours, des boutiques et des voitures si rutilantes qu’elles font des cibles parfaites. Et bien sûr, il y a de vrais flics payés par l’État et armés jusqu’aux dents, des types des RG qui trainent leurs guêtres, des médias relayant des images et des sirènes hurlantes.

    Les jeunes têtes brûlées se retrouvent plongées dans l’atmosphère des jeux vidéos qu’elles apprécient tant. Les ressorts de l’action restent les mêmes : dans un décor époustouflant, il faut récolter des objets ou des pièces d’or (détruire ou saccager des boutiques ou du mobilier urbain) et combattre des ennemis avec des mitrailleuses (combattre les flics). C’est ainsi que par palier, on avance dans le jeu. Qu’on soit racaille ou petit bourgeois on adapte les règles. Entre deux combats, des boutiques de marques ou des signes ostensibles du capitalisme seront à collecter. Chaque joueur à son univers de prédilection…

    Quand c’est gratuit, c’est meilleur

    Mais, c’est sans conteste la gratuité qui rend ce passe-temps si exaltant. Au paintball ou le laser-game, vous devez vous acquitter d’une entrée. Débourser des euros, c’est acheter la mise en scène, le décor de carton-pâte et finalement payer le prix d’une certaine frustration. L’accès libre aux manifs est au contraire un label de qualité. Ce sont les vrais préfets de police et ministres de l’Intérieur que vous pourrez faire rougir de honte ou de colère. Tout est si authentique que les manifs de France attirent les Antifas des quatre coins d’Europe… L’État et les contribuables français rasent gratis pour occuper une frange de la jeunesse européenne désœuvrée et en manque de sensation forte.

    Sans l’ombre d’un doute, la comédie se poursuivra si le maître du jeu ne durcit pas les règles. Les CRS qui ressemblent à des Robocops sont d’une affligeante passivité. C’est bien eux que les images nous montrent en train de reculer ou de fuir. Sont-ce des fillettes, des incompétents ou obéissent-ils à des ordres aussi aberrants que « pas de blessé ni de mort » ? La réponse est évidente. L’activité des casseurs et des agresseurs est devenue un amusement parce qu’elle est « sans conséquence ». Dans les jeux vidéos, les joueurs se voyant toujours offrir de nouvelles « vies », revivent indéfiniment l’aventure en passant des nuits sans sommeil. Les autorités risquent de vivre un jour sans fin si elles régalent ainsi les joueurs d’opportunités. Pour que cesse cette désolante tradition de casse et de chasse aux flics, le mot d’ordre doit être limpide : passer à l’attaque et user de la violence légitime pour neutraliser les belligérants. Question d’honneur et de crédibilité, ces jeunes hommes doivent être châtiés sans ménagement car, depuis la nuit des temps, aucun ordre ne peut régner sans que des menaces substantielles (de douleur ou de possible mort) ne planent au-dessus des violents fauteurs de troubles. Dans le cas contraire, les défilés resteront des terrains de jeux toujours plus stimulants que tout ce que les industries du loisir et du divertissement ne seront jamais capables d’offrir.

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    Bertrand Alliot

     

     

     

     

    Source : https://www.causeur.fr/

  • La conversion écologique n’appelle pas à une sacralisation de la nature, par Guillaume de Prémare.

    L’écologie contemporaine présente parfois les aspects d’une nouvelle religion. L’ampleur des enjeux n’appelle pas à sacraliser la nature, mais à mieux contempler et protéger la création comme œuvre de Dieu, y compris dans sa dimension économique et sociale.

    4.jpgLa prise de conscience écologique constitue un fait majeur des deux dernières décennies. Certaines idées écologiques simples sont entrées dans le sens commun en raison des dégâts environnementaux causés par la société de production-consommation. Cependant, l’idée écologique connaît aujourd’hui une certaine usure. Peu à peu, se creuse une fracture entre ceux qui ont fait de l’écologie « la mère de toute les causes » et ceux qui désormais s’inquiètent des conséquences concrètes d’une « révolution verte », alors même que la crise économique et sociale nous place sous le nez les nécessités de court terme. Par ailleurs, les écologistes alimentent des angoisses de nature apocalyptique qui, à la longue, provoquent un certain rejet. Et pourtant, il y a bel et bien une urgence écologique et une aspiration à retrouver un rapport plus ajusté à la nature.

     

    Une conversion intérieure

    Dans son encyclique Laudato si’, le pape François nous avait en quelque sorte prévenus : « Il ne sera pas possible […] de s’engager dans de grandes choses seulement avec des doctrines, sans une mystique qui nous anime, sans “les mobiles intérieurs qui poussent, motivent, encouragent et donnent sens à l’action personnelle et communautaire” » (n. 216). C’est pourquoi François appelait à déployer la dimension spirituelle de la question écologique. Pour lui, « la crise écologique est un appel à une profonde conversion intérieure ». En ce sens, la « conversion écologique implique de laisser jaillir toutes les conséquences de [la] rencontre avec Jésus-Christ sur les relations avec le monde qui [nous] entoure ». Il s’agit de « vivre la vocation de protecteurs de l’œuvre de Dieu », laquelle « est une part essentielle d’une existence vertueuse » (n. 217). 

     

    Pourquoi appréhender la question écologique dans sa dimension religieuse ? Il suffit d’interroger les notions de Salut et de sacré. D’une certaine manière, l’écologisme contemporain les intègre.

     

    C’est ainsi que le pape propose « une relation saine avec la création comme dimension de la conversion intégrale de la personne » (n. 218). Il ne s’agit donc pas d’adhérer à une nouvelle religion écologique mais de vivre de manière intégrale la vocation chrétienne en attribuant une portée spirituelle et morale, non seulement à la contemplation de la création comme œuvre de Dieu, mais aussi à sa protection active, incluant la dimension économique et sociale de l’enjeu. Et pour le pape François, « la conversion écologique requise pour créer un dynamisme de changement durable est aussi une conversion communautaire » (n. 219).

    Le christianisme a désacralisé la nature

    Dès lors, pourquoi appréhender la question écologique dans sa dimension religieuse ? Il suffit d’interroger les notions de Salut et de sacré. D’une certaine manière, l’écologisme contemporain les intègre. Le Salut est très présent puisqu’en réponse à la perspective d’une apocalypse environnementale est proposée l’ambition de « sauver la planète ». Par ailleurs, la terre et les éléments naturels se voient réattribuer la dimension sacrée immanente que l’on retrouve dans les religions « naturelles ». Dans la révélation chrétienne, le Salut est autre chose que « sauver la planète », même si saint Paul enseigne aux Romains (8, 18-23) que l’ensemble de la création est associé au Salut. Cependant, il ne s’agit pas d’attribuer à l’univers créé et aux éléments naturels une valeur d’éternité à laquelle on pourrait attacher un caractère sacré.

     

    Il existe une tendance à tenir pour sacrées les ressources et à les rendre ainsi en quelque sorte intouchables. Pour le christianisme, elles sont créées pour s’en servir.

     

    Au contraire, le christianisme a en quelque sorte désacralisé la nature. Si l’on prend l’exemple des ressources naturelles, on comprend l’enjeu concret de ces considérations. Il existe une tendance, dans la militance écologiste, à tenir pour sacrées les ressources et à les rendre ainsi en quelque sorte intouchables. Pour le christianisme, elles sont créées pour s’en servir. Un chrétien peut affirmer qu’il est dans l’ordre des choses que l’homme fasse usage de la terre et de ses ressources. Il peut même accepter que cet usage provoque une certaine usure et que les ressources diminuent dans des proportions raisonnables. Il affirme dans le même temps que l’homme porte la grave responsabilité d’en faire une bonne gestion, de ne pas gâter ni dilapider les dons reçus de Dieu.

    Une réponse adaptée à l’ampleur des défis

    La militance écologiste, quant à elle, tout au moins dans ses formes dominantes, tend à absolutiser la terre et ses ressources. Elle promeut implicitement une forme de nouvelle spiritualité écologique, laquelle pourrait réunir tous les hommes autour d’une œuvre commune de salut de la planète. Ce salut porterait un absolu tel que les hommes pourraient y trouver le moteur intérieur pour vivre en harmonie avec la nature dans une fraternité universelle. Cette ambition porte en germe l’aspiration à une religion universelle écolo-humanitaire.

    Dans ce contexte, le christianisme, qui peut être tenté de courir derrière cette mystique pour muer en segment chrétien de la religion universelle écolo-humanitaire, gagnerait au contraire à cultiver davantage encore la spécificité de son rapport traditionnel à la création et au Salut. C’est ce que lui propose Laudato si’ : approfondir encore son approche théologique et spirituelle de l’écologie pour proposer une réponse équilibrée et accessible, en termes anthropologiques et spirituels, à l’ampleur et à la complexité des défis écologiques contemporains.

    Source : https://fr.aleteia.org/

  • Régionales: se méfier de l’électeur qui dort, par Roland Hureaux.

    Laurent Wauquiez, réélu président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, célébrant sa victoire au Selcius, à Lyon, 27 juin 2021 © KONRAD K./SIPA Numéro de reportage : 01025716_000018

    Les cartes ne sont pas tant rebattues que ça

    Il serait hasardeux de tirer des conclusions des élections régionales pour les appliquer à la prochaine présidentielle.

    2.jpgLe club des sortants

    Le premier vainqueur des élections régionales et départementales, c’est le club des sortants. Tous les présidents de région sont réélus en métropole, aucune (hors la Réunion) n’a vu sa majorité basculer. Comment s’en étonner ? La région ne sert qu’à distribuer de l’argent aux départements, aux communes, aux entreprises et aux associations. C’est même par elle que transitent les crédits européens (la fameuse «Europe des régions»). Le président de région n’a presque aucun de ces pouvoirs régaliens qui pourraient faire des mécontents : police de la circulation et du stationnement, urbanisme, gestion des innombrables problèmes de proximité [1]. C’est essentiellement le maire et le préfet qui se chargent de ces tâches ingrates. La fiscalité régionale, mêlée aux autres, passe inaperçue.

    Les opposants au système ont compris que, pour effectuer un vrai changement, les élections régionales ne servaient à rien

    Au départ, les régions avaient des compétences stratégiques : aménagement du territoire, action économique (très limitée par les règles anticoncurrentielles de Bruxelles), formation professionnelle, plus les lycées et, de fait, l’enseignement supérieur. Mais les conseils régionaux ont voulu se rapprocher du terrain multipliant, en concurrence avec les conseils départementaux, les petites enveloppes destinées aux communes, finançant ici un cinéma, là le toit d’une église, là un terrain de football, etc. Toutes opérations plus clientélistes que stratégiques. Comment ne pas dire alors merci aux présidents en place ? Il n’était donc pas facile de battre un sortant. Et personne ne l’a fait.

    Au point qu’on s’interroge de plus en plus sur l’utilité d’une structure coûteuse qui fait souvent double emploi avec les départements et l’Etat : on évoque le retour à l’élection indirecte par les entités locales sur un format plus réduit, soit la suppression pure et simple de la région.

    Une abstention logique

    L’autre vainqueur, ce sont les abstentionnistes : près des deux tiers du corps électoral. Elle s’explique aussi.

    Ne nous y trompons pas : le rejet de la classe politique et du système, dans les profondeurs du peuple français, est violent. Les ténors issus des Républicains, brillamment réélus, Bertrand, Pécresse, Wauquiez auraient tort d’imaginer que les électeurs, assagis, seraient revenus au bercail du « cercle de raison », à un centre droit à l’identité plus incertaine que jamais.

    Ceux qui sont allés voter, les raisonnables et les obéissants (on les dit plus instruits, les fameuses CSP +, mais ils comprennent aussi beaucoup de personnes âgées de niveau modeste) ont voté comme on votait il y a cinquante ans : gauche /droite. Habitués à ce monde, ils sont moins portés aux ruptures. Mais, dans un autre contexte, par exemple lors d’un second tour de présidentielle serré entre des options antinomiques, comme ce fut le cas récemment aux Etats-Unis, il ne faut pas exclure que cette masse qui semble aujourd’hui assoupie (et comprend le plupart des jeunes) se réveille, et cela pour «casser la baraque», faisant le choix de la rupture, surtout si le candidat des forces dominantes reste Macron dont l’élection a montré l’usure.

    Une telle rupture supposerait qu’il y ait une figure de référence. Mais Marine Le Pen sort elle aussi affaiblie de ces régionales, malgré la mise en avant de ralliés crédibles comme Garraud, Mariani, Juvin. Son recul général ne s’explique pas seulement par l’abstention. Ont aussi joué une campagne peu imaginative, axée sur le seul thème de la sécurité (dont la demande qui ressort des sondages n’est que l’expression d’un malaise beaucoup plus profond), les efforts de dédiabolisation (sur l’Europe, sur le covid etc.) qui laissent de moins en moins espérer d’elle une vraie rupture, une politique interne qui a conduit à mettre à l’écart un peu partout les militants éprouvés au bénéfice de jeunes apparatchiks sans attaches locales, entrainant la désorganisation de beaucoup de fédérations. Mais comme disait Sieyès, en politique, on ne supprime que ce qu’on remplace et pour le moment, M. Le Pen n’est pas remplacée.

    La gauche, depuis longtemps à la remorque d’un mondialisme honni, est, malgré les gesticulations pathétiques de Mélenchon, encore moins en mesure d’offrir une alternative. La stagnation générale de notre paysage politique qui ressort de ces élections est en décalage total avec l’immense malaise qui est celui de la France d’aujourd’hui. Dans un tel contexte, toute initiative qui pourrait faire bouger les lignes est désormais bienvenue.

     

    [1] Il est d’autant plus paradoxal que tant de candidats aient fait campagne sur la sécurité sur laquelle la Région n’a aucune prise.

     

    est essayiste.
     
  • DES DIFFERENCES ENTRE HOMME ET FEMME # H/F (63), par Jeunesse si tu savais et Poussières d'étoiles.

    JEUNESSE SI TU SAVAIS

    https://www.facebook.com/jeunessesitusavais/

    https://www.jeunesse-si-tu-savais.fr/

     

    POUSSIERES D'ETOILES

    https://www.poussieresdetoiles.fm/

    Ouvrez le lien du site à l'aide du moteur de recherche GOOGLE CHROME.

    https://www.youtube.com/channel/UCvYtt4Ws_Uc4Cj0LeLCoEJQ/videos

     

    Et voici le soixante troisième article (aussi en vidéo/audio) qu'ils nous ont adressé, en attendant la suite...

    A VOIR LA NOUVELLE VIDEO... Dans le domaine de l’Amour il est important aussi de connaître les différences qu’il y a entre homme et femme. Il y a des différences et de la complémentarité, cela permet dialogue et harmonie.

    https://www.poussieresdetoiles.fm/uploads/newscast/0/0/63/1d509ac7-3852-48c3-b275-ae92e381004b.mp3

    Dans le domaine de l’Amour il est important aussi de connaître les différences qu’il y a entre homme et femme. Il y a des différences et de la complémentarité, cela permet dialogue et harmonie.

    L’EGALITE H/F

    telle qu’on la prône aujourd’hui, c’est la fille qui a des pantalons, le garçon les cheveux longs, comme le dit la chanson. Mais dans la nature humaine (comme dans toute la Création d’ailleurs) il y a aussi une inégalité qui est protectrice et naturelle issue de la complémentarité. On a trop tendance, dans la société d’aujourd’hui, à vouloir tout niveler, à mettre tout avec un signe = alors que quand il y a un signe = avec un trait dessus ça veut dire différent de, cela ne veut dire que l’un doit dominer l’autre. Il y a au contraire une complémentarité inscrite dans la nature même : cette union des deux est destinée à devenir communion et à porter du fruit et donc à accueillir la vie. Déjà dans la Bible il est dit « Dieu créa l'homme à son image, il le créa à l'image de Dieu, il créa l'homme et la femme » (Gen. 1.27) ; « C'est pourquoi l'homme quittera son père et sa mère, et s'attachera à sa femme, et ils deviendront une seule chair » (Gen. 2.22). « Que l’homme ne sépare pas ce que Dieu a uni » (Marc 10.9). Et de cette union, qui devient communion, naît un troisième, naissent des troisièmes, ce sont les enfants. On n’est pas comme pour certains, depuis Mai 68, dans un combat, dans une lutte des sexes, mais au contraire dès les origines - inscrit par Dieu (pour les croyants) ou par la Nature (pour ceux qui ne croient pas) - dans l’union et la complémentarité. Avec comme moteur l’Amour et comme fruit la Vie. Il convient aussi de connaître la psychologie différente de l’homme de la femme. Un homme croit qu’il dit du moment qu’il fait, la femme à l’opposé ne voit pas ce qu’il fait car elle n’écoute que ce qu’il dit. L’homme est d’abord l’action, la femme la parole. L’homme c’est « les copains d’abord », pas la mairie, la femme paraît quelquefois aux yeux de l’homme un pot de colle, elle veut posséder, elle veut vite se fixer. L’homme est éducateur du corps, il ouvre à une progressivité vers la vie conjugale puisqu’il est très attaché à cela, il va ainsi permettre à la femme de découvrir ce chemin. Par contre la femme est éducatrice du cœur, il y a une dimension sentimentale d’abord et pas charnelle. Elle va du sentiment amoureux (1) à la sensualité et la tendresse (2) pour aboutir bien plus tard au sexe et à l’union des corps (3). Alors que l’homme souvent c’est du (3) vers le (1). Il y a là aussi une complémentarité pour que l’un fasse découvrir à l’autre ce qui est important et que chacun comprenne aussi ce que l’autre attend. L’un attend d’abord le sentiment et le cœur, l’autre attend de réaliser aussi cette union par le corps. L’homme sera souvent touché par un coup de foudre où le physique est déterminant, tandis que pour la femme cela sera plus souterrain, et plus progressif. Pour l’homme c’est souvent plus tard qu’il pense à construire quelque chose de stable et qu’il est sûr de ses sentiments ; il est moins mûr que la femme au même âge. Et pour la femme par contre ce qui la déterminera sera souvent 80 % d’admiration, surtout si l’homme ne répond pas aux critères du prince charmant. Il y bien des différences entre l’un et l’autre que l’on voit décrites en détail dans le livre « Les hommes vienne de Mars et les femmes de Vénus ». C’est un ouvrage que chacun devrait avoir dans sa bibliothèque pour mieux comprendre l’autre sexe, respecter les différences et ainsi mieux se compléter en comprenant le langage de l’autre. L’homme devrait apprendre le vénusien pour mieux comprendre les femmes, et la femme le martien pour mieux comprendre les hommes. Car vénusien et martien sont des langages inscrits dans nos gènes. C’est un peu comme en Chine, le chinois s’écrit de la même façon partout, mais le même mot sera prononcé différemment entre un habitant de Pékin (qui parle mandarin) et un autre de Canton (qui parle cantonnais), si bien qu’ils n’arrivent absolument pas à se comprendre à moins d’apprendre la prononciation de l’autre et ce pourtant avec la même langue écrite… Il y a aussi des distinctions à faire entre d’un côté le désir - qu’on appelle aussi Éros- et le don – qu’on appelle Agapé. L’addition des deux donne de la créativité. Le désir vient d’abord de l’attrait du corps qui aboutit au désir du cœur et ensuite à l’Amour et là c’est tout l’être qui est concerné. A partir de ce besoin d’union des corps, de cette attraction naît une rencontre qui permet de donner reconnaissance et confiance à l’autre. Le couple plus l’Amour c’est une union de deux qui va devenir création, une communion de trois et plus. Vers les enfants, mais pas seulement les enfants, aussi vers les autres et même pour ceux qui sont croyants vers un absolu que certains pourront appeler Dieu, parce que Dieu est Amour pour les croyants, et il est le début et la fin (l’alpha et l’oméga), il est un absolu. Et pour ceux qui ne sont pas croyants c’est aussi une inspiration à aller vers cet absolu de l’Amour, auquel chaque homme semble aspirer. On existe par un autre, du don de soi naît cette joie. « Il y a plus de bonheur à donner qu’à recevoir » (Actes 20 : 35). On reçoit ainsi beaucoup de joies. On devient un être de communion : de deux on ne fait plus qu’un, on transmet la vie, on accueille des enfants, dans cet Amour, et on accueille aussi les autres ; on devient un être de plénitude.

  • L’Afghanistan ou le fiasco américain, par Christian Vanneste.

    S’il fallait trouver une seule intervention militaire américaine couronnée de succès depuis 1945 on serait bien en peine. En dehors des coups d’Etat soutenus par les Etats-Unis mais pratiqués par des autochtones, la plupart des actions menées directement par Washington ont été des fiascos au mieux achevés par des compromis.

    christian vanneste.jpgOn notera les exceptions grandioses de Panama et de la Grenade, ou encore l’écrasement de la Serbie au profit des musulmans de Bosnie et du Kosovo. Partout ailleurs, l’énormité des moyens employés n’évita ni l’enlisement, ni la victoire politique de l’adversaire, ni parfois le désastre. Lorsque l’Administration américaine croit avoir emporté la partie, elle s’empresse de quitter le terrain sans assurer le service après guerre. L’Irak est évidemment la parfaite illustration de cette inefficacité puisque pour la quatrième fois Obama, après les deux Bush, tente de vaincre l’ennemi dans le pays. Le pouvoir à Bagdad est désormais chiite, proche de l’Iran et donc de celui qui règne aussi à Damas que les Américains combattent. “Tout ça pour ça ?”serait-on tenté de dire ! La première puissance du monde, forte de son dollar et de son armée, encaisse les coups, en organise sans doute plus d’un, et paraît régner sur la pétaudière mondiale à laquelle elle n’est pas étrangère, avec un manque de cohérence et de réussite qui ne l’empêche pas de distribuer les leçons de morale, aux Russes notamment, qui sont revenus jouer dans la cour réservée à l’Oncle Sam.

    L’Afghanistan est venu cette semaine confirmer ce triste diagnostic. Ce pays est très original : il ne supporte pas les invasions. Les Anglais en ont fait les frais lorsque leurs troupes aventurées au-delà de la passe de Kyber ont été anéanties à deux reprises au XIXe siècle (Gandamak et Maïwand). Soumis en définitive, l’Afghanistan acceptait de dépendre du Royaume-Uni pour sa politique extérieure, mais les Afghans demeuraient maîtres chez eux. Les Soviétiques ont vécu une  expérience cruelle lorsqu’ils ont voulu imposer un régime marxiste à Kaboul et pousser une pointe vers le Pakistan et les mers chaudes. Après le renversement du roi Zaher Shah en 1973, ils accompagnèrent une série de coups d’Etat qui les conduisit à envahir le pays en 1979. Les divisions politiques n’étaient rien auprès des rivalités tribales et des identités religieuses. Aidés par le voisin pakistanais, l’argent du Golfe et les armes américaines, les combattants défirent l’armée russe, qui quitta le pays en 1989, et prirent Kaboul en 1992. Les Américains détournèrent leurs regards de ce pays dénué d’intérêt. Les Tadjiks de Massoud, majoritaires dans le Nord-Est, avaient joué un rôle essentiel dans la résistance. Ils durent battre en retraite face aux moujahiddins pachtounes, la première ethnie du pays. Ce fut d’abord Hekmatyar, le boucher de Kaboul, puis les Talibans du Mollah Omar qui prirent la capitale en 1996. Madeleine Albright montra sa perspicacité en jugeant l’événement positif ! L’Afghanistan était partagé entre des chefs de guerre tribaux qui régnaient sur leur région, Ousbek, Hazara, Tadjik et les Talibans, salafistes pachtounes qui imposèrent la charia et la terreur partout ailleurs. Ce sont eux qui détruisirent les Bouddhas de Bamiyân. En 2001, Ben Laden et son organisation Al Qaïda, hébergés par les Talibans faisaient assassiner Massoud et lançaient des terroristes 2 jours plus tard contre quatre cibles remarquables des Etats-Unis, un certain 11 Septembre. Le réveil de l’Aigle fut violent : les Américains foncèrent sur l’Afghanistan, délogèrent les Talibans, avec l’aide de leurs adversaires locaux et celle de leurs alliés, notamment de l’Otan. L’Afghanistan subissait une nouvelle occupation, amicale, bien sûr (!) : 48 pays y participaient avec un pic de 150 000 soldats de la FIAS ( Force internationale d’Assistance et de Sécurité) en Juin 2011. 88 militaires français devaient y laisser la vie.

    Mais Washington regardait alors vers Bagdad et détournait ses moyens vers cet objectif inutile sans avoir résolu le problème Afghan. La “république” mise en place, des élections avaient été organisées. La fraude y fut colossale. Le pouvoir qui en sortit se révéla champion de la corruption et dès 2004, l’Afghanistan se situait à la première place pour la culture du pavot, à l’origine de l’opium et de l’héroïne. Cette semaine, les dirigeants afghans venaient tendre pour la troisième fois la sébile auprès des donateurs européens, américains et japonais. 13,6 milliards d’Euros ont donc été promis à l’Afghanistan pour son développement, et à la plus grande satisfaction des paradis fiscaux chez qui ça finira par arriver. Quand l’Europe, même désargentée, aime, elle ne compte pas. Mme Moghérini, pour l’UE, montra encore une fois son grand coeur en jurant que l’aide européenne n’avait rien à voir avec le rapatriement des migrants afghans qui se font passer pour des réfugiés en Europe. M. Kerry susurra qu’il faudrait sans doute négocier avec les Talibans, faisant une croix sur le 11 Septembre et la raison de l’intervention occidentale. Mais, les Talibans pachtounes contrôlent un bon tiers du pays et viennent d’occuper Kunduz d’où on a eu le plus grand mal à les déloger.

    Quand cessera-t-on de suivre bêtement ce prétendu gendarme du monde qui laisse le désordre s’installer partout où il passe ? Que la France fait-elle encore dans la galère américaine ?

    Source : https://www.christianvanneste.fr/

  • Validation du passe sanitaire : des circonstances (trop) exceptionnelles ?, par Jean Bouër.

    La Constitution est bonne fille, et le Conseil d'État bon garçon. Fermement appuyé sur l'idée que nous sommes en guerre, il justifie toutes les mesures extraordinaires inventées par un gouvernement enivré par la liberté qu'il se donne, qu'on mesure à celles qu'il nous ôte.

    Le 26 juillet dernier, dans le cadre d’un référé, le Conseil d’État refusa de suspendre le décret 2021-955 du 19 juillet 2021 du Premier ministre qui rendait obligatoire le passe sanitaire dans certains établissements accueillant au moins 50 personnes. Le raisonnement de la plus haute juridiction de l’ordre administratif s’appuie sur un considérant (le septième) qui combine deux jurisprudences classiques relatives aux compétences de l’administration. Ce recours à un raisonnement étoffé permet de justifier une extension du passe sanitaire à des situations que la loi du 31 mai 2021 relative à la gestion de la sortie de crise sanitaire n’envisageait pas, puisque ce justificatif n’était exigé que dans les cas où des établissements et des rassemblements devaient accueillir un grand nombre de personnes. En effet, le décret du 19 juillet 2021 constituait le premier texte à rendre obligatoire le passe sanitaire à des situations où le public est d’une taille bien plus modeste (à partir de 50 personnes), ce qui constituait un démenti cinglant aux annonces initiales qui ne l’envisageaient que dans des contextes de foule… Cette exigence avait suscité des inquiétudes de la part de certaines associations, notamment sportives, qui craignaient de faire fuir des personnes ne souhaitant absolument pas présenter ce sésame des temps modernes…

    Le premier de ces raisonnements est relatif au pouvoir de police générale du Premier ministre. Dans le sillage de l’arrêt Labonne de 1919 (CE, 8 août 1919, Rec. 737), ce dernier se voit reconnaître un pouvoir de police générale sur tout le territoire (dans cet arrêt, le titulaire était initialement le président de la République au regard des lois constitutionnelles de 1875, même si, dans les faits, c’est le président du conseil qui exerçait ses compétences). Au niveau national, l’autorité qui gère l’ordre public est donc le Premier ministre. Le second de ces raisonnements est la théorie des « circonstances exceptionnelles » (CE, 28 juin 1918, Heyriès, Rec. 651 ; CE, 28 février 1919, Dames Dol et Laurent, Rec. 208) : en vertu de cette théorie, l’administration peut, dans certaines conditions (guerre, éruption d’un volcan, etc.), s’affranchir de certaines conditions relatives à la légalité de ces actes (conditions de fond ou de forme). Autrement dit, le respect de la légalité peut être relativisé dans certaines circonstances (exemple : en temps d’invasion militaire, la situation d’un maire de commune qui institue des taxes, alors que seule la loi peut le faire). Dans le cadre de ces « circonstances exceptionnelles », le Conseil d’État inclut une « épidémie avérée » ; en l’espèce, le Conseil d’État s’appuie sur différentes données pour constater « une dégradation de la situation sanitaire », mais qui « pourraient se révéler encore plus préoccupantes » au regard de la progression du variant, le tout sur fond de population encore vaccinée à moitié (dans le huitième considérant)… Ou comment le contexte dramatique (?) actuel a permis, sans peine, de caractériser cette « épidémie avérée ».

    Critique de la déraison pure…

    En combinant ces jurisprudences, on en arrive donc à renforcer les pouvoirs de police générale du Premier ministre, mais en justifiant des restrictions étendues, nullement envisagées par l’arrêt Labonne qui avait seulement validé la création du permis de conduire… En effet, au nom de ces « circonstances exceptionnelles », il devient alors possible de justifier des restrictions générales et étendues dans des situations de la vie quotidienne. Une restriction caractérise normalement l’exercice du pouvoir de police : en soi, au nom de l’ordre public, on peut limiter ou réguler certaines activités qui, par exemple, échappent à tout cadre normatif. Or, dans le cas présent, il ne s’agit plus d’adopter des règles dans un domaine où pouvait encore régner un flou juridique (dans l’arrêt Labonne de 1919, avant l’adoption du décret du mars 1899 portant réglementation sur la circulation des automobiles, il n’y avait aucune contrainte pour conduire une voiture) mais de restreindre des libertés élémentaires, comme la liberté d’aller et venir exercée dans un cadre on ne peut plus général : celui de nos déplacements quotidiens, comme le fait d’aller dans un cinéma ou de se rendre dans une salle de sport (rappelons que l’obligation du permis de conduire répondait au développement de l’usage d’un engin motorisé sur la voie publique).

    Cette fois-ci, le pouvoir de police générale ne permet plus seulement d’encadrer : il en vient à interdire drastiquement des actions de la vie quotidienne dès lors qu’une condition n’est pas remplie (la présentation du fameux passe). Les différents usagers qui se sont vu imposer un passe sanitaire à l’entrée de certains établissements de loisir avant l’entrée en vigueur de la loi relative à la gestion de la crise sanitaire pour laquelle le Conseil constitutionnel n’avait pas rendu ce 5 août une décision en auront ainsi fait les frais… Or, au regard des circonstances actuelles, mais aussi en tenant compte de la proportionnalité qui doit s’imposer aux mesures de police conformément à la jurisprudence Benjamin (CE, 19 mai 1933, Rec. 541), n’aurait-il pas fallu se limiter au simple respect des gestes barrières et à l’exigence du port du masque, comme on le fit précédemment, au lieu de demander un passe sanitaire ? Un peu comme dans les transports… En outre, à la différence de décisions où les « circonstances exceptionnelles » étaient retenues parce que le législateur n’était pas en mesure d’adopter une loi en raison, par exemple, d’une guerre (CE, 16 avril 1948, Laugier, Rec. 161), on pouvait simplement attendre, étant donné qu’il n’y avait pas de difficulté à ce qu’il statuât, ce qu’il fit d’ailleurs estivalement le 25 juillet dernier. Le législateur n’était donc pas empêché. En tout cas, pas par les vacances…

    La question est donc simple – et elle n’est pas que juridique : au nom d’une situation particulière due à l’énième rebondissement d’une pandémie, faut-il soumettre à autorisation une partie de notre quotidien ? Il ne s’agit plus de donner un cadre à une activité particulière et bien spécifiée (conduire une voiture, donc un engin motorisé, sur la voie publique), comme c’était le cas avec le permis de conduire. On mesure à quel point, dans une crise donnée, le cumul de deux jurisprudences peut être explosif. Telle une charge virale…

    Illustration : Jean Castex, un homme à la hauteur des circonstances exceptionnelles.

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    Source : https://www.politiquemagazine.fr/

  • Toutes les vies n’ont pas le même poids !, par Christian Vanneste.

    Le relativisme délétère qui envahit notre société « progressiste » est l’un des signes du sens antinomique pris désormais par le mot « progrès ». Celui-ci, en dehors des découvertes scientifiques et des innovations techniques, mais pas nécessairement de leur application ou de leurs conséquences, doit être systématiquement traduit par « décadence ». Le flou et les incertitudes qui entourent désormais le respect de la vie illustrent cette inversion.

    christian vanneste.jpgLe « progrès » consistait à mieux protéger la vie, à la prolonger, à interdire à la Justice des Etats de l’ôter aux individus, à espérer que l’amélioration des conditions d’existence diminuerait les risques liées à la violence, à la famine ou aux maladies. Certains imaginaient même l’instauration d’une paix perpétuelle et universelle grâce aux organisations internationales et à la fin des blocs antagonistes.

    Nous en sommes bien loin. La vie des individus est toujours sacralisée dans les discours, mais il s’agit de certains individus, dans certaines circonstances tandis que la réalité multiplie en fait les atteintes à une valeur de plus en plus relative. Notre pays offre actuellement une série d’exemples qui montrent que la vie d’une personne ne tire sa valeur que de trois critères extérieurs : la médiatisation, l’émotion et l’idéologie. La réflexion cohérente n’y a aucune part.

    Deux policiers ont fait l’objet d’une tentative d’assassinat après avoir été roués de coups parce qu’ils surveillaient un bâtiment susceptible de servir à des trafics. Dans un pays où la peine de mort a été abolie même pour les pires des salauds, il est donc devenu possible de tuer des policiers soit pour protéger une action illicite soit par fanatisme religieux, comme lors de l’assassinat d’un couple de policiers à Magnanville le 13 Juin 2016. Le système de défense des auteurs de l’agression d’Herblay va reposer sur le fait qu’ils croyaient avoir affaire à des concurrents et non à des policiers, ce qui paraît douteux, mais qui témoigne d’un curieux respect de la vie qui considère pratiquement justifiée l’exécution lors de règlements de comptes. La peine de mort a été retirée à l’Etat, mais elle se porte très bien dans une société parallèle qui échappe justement à celui-ci. Par ailleurs, la comparaison entre l’ampleur de la médiatisation des prétendues victimes de violences policières et l’oubli rapide qui suit la mort de membres des forces de l’ordre laisse pantois. Plaintes, procédures en cascade, défilés, rassemblements d’un côté, et hommage officiel suivi d’un long silence de l’autre. Et que dire de l’indifférence qui entoure les trop nombreux suicides de policiers ?

    Les Français se sont réjouis de la libération de Mme Pétronin. Certes, elle n’a pas été la seule otage libérée, mais deux aspects de cette libération auraient du conduire l’Etat et son chef à être plus discrets qu’ils ne l’ont déjà été, en s’abstenant notamment d’une déclaration officielle qui était attendue à l’aéroport, comme si quelque chose les gênait dans cette affaire. Le Président de la République ne pouvait être absent lors de l’arrivée de l’ex-otage en France pour bénéficier de la médiatisation, et de l’émotion positive qui accompagnaient ce retour, mais il lui était difficile d’en faire trop, alors que cette femme clame son allégeance à l’islam, récemment évoqué pour séparatisme, refuse de voir dans des geôliers, qui l’ont bien traitée, des djihadistes, et que par ailleurs 200 de ces derniers ont été relâchés en échange de sa liberté. Il s’agit de ceux que les soldats français combattent au Mali, de ceux qui les tuent. Là encore, d’un côté, émotion collective, médiatisation considérable pour une détention finalement moins pénible qu’on le craignait, rançon pour une vie qui n’était pas menacée, et de l’autre, hommage d’un jour pour ceux dont les noms tombent vite dans l’oubli. Il s’en est fallu de peu que le rappeur Médine (Crucifions les laïcards comme à Golgotha) se produise au Bataclan là où 90 « laïcards » avaient été assassinés. Devant les protestations, il est allé au Zénith… où sans doute on n’accepterait pas un chanteur parlant de crucifier les « croyants »… même pour rire.

    Médiatisation, émotion, idéologie : c’est encore ce trio infernal qui couvre l’absurdité de l’attitude de notre société par rapport à la vie à sa naissance. Dans le temps où l’on facilite la création artificielle de la vie pour réaliser des désirs que la nature ne pourrait satisfaire, on accroît la possibilité de mettre un terme à des vies, à des personnes potentielles, en permettant l’avortement jusqu’à 14 semaines de grossesse, voire à la naissance pour « détresse psychosociale » de la mère. En France, on sacralise la vie d’un coupable, mais on autorise le meurtre d’un innocent, on manifeste pour la mort d’un délinquant, mais pas pour celle d’un policier, on se mobilise pour une otage qui attire les médias, mais on ne célèbre guère les soldats qui luttent contre les ravisseurs. Et ce serait le progrès ?

    Source : http://www.christianvanneste.fr/