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Rechercher : Rémi Hugues. histoire & action française. Rétrospective : 2018 année Maurras

  • Pourquoi Israël soutient les islamistes syriens

                                 

    Par Antoine de Lacoste 

     

    2966618915.2.pngDepuis le début de la guerre en Syrie, Israël soutient directement plusieurs groupes islamistes syriens. Armes, argent, médicaments ont été fournis en quantité importante aux djihadistes, en particulier le long de la frontière commune aux deux pays, sur le plateau du Golan.

    Une rumeur démentie par Tel Aviv avait couru un temps : des blessés islamistes étaient soignés dans des hôpitaux israéliens. Un incident sérieux avait finalement permis la confirmation de cette information : des islamistes avaient commis des exactions dans un village druze avant de se replier, pourchassés par des habitants druzes venus en renfort.

    Cette population, très à part et très soudée, vit notamment sur un territoire à cheval sur la Syrie et l'Etat hébreu. Tous les hommes sont armés et ce sont de redoutables combattants des montagnes. L'armée française en a un cuisant souvenir lors de la révolte druze de 1925.

    Dans leur chasse aux islamistes, les Druzes ont constaté avec stupeur que leurs ennemis s'enfuyaient vers la frontière, où des ambulances israéliennes les attendaient pour emmener les blessés. L'affaire s'est mal finie pour les islamistes : les ambulances ont été interceptées et les blessés exécutés par les Druzes. L'armée israélienne n'est pas intervenue, afin de ne pas s'aliéner une population avec qui elle entretient de bonnes relations.

    Les faits étant avérés, il faut s'interroger sur les raisons de ce soutien, qui n'est paradoxal qu'en apparence, et il y en a deux.

    La première raison était le souhait de voir tomber Bachar. Les Assad sont de vieux ennemis d'Israël et la chute de leur régime aurait été l'aboutissement d'une haine tenace. De plus, cela aurait engendré le chaos dans ce pays honni :  la politique sioniste est en effet largement orientée vers la déstabilisation des régimes qui lui sont hostiles afin d'assurer sa sécurité. C'était d'ailleurs un des buts de guerre de Bush en Irak qui a parfaitement réussi puisque l'Irak n'existe plus. Ce n'était pas le souhait des Américains à qui avaient échappé quelques subtilités orientales, mais c'était bien celui des Israéliens.

    La prochaine cible sera l'Iran comme Donald Trump l'a très clairement déclaré récemment pour bien marquer la persistance du lien entre Washington et Tel Aviv.

    Mais depuis l'intervention russe, Israël sait que son pari est perdu et qu'Assad ne va pas tomber demain. Alors pourquoi continuer ?

    Pour une raison très simple :  établir une zone tampon sur le plateau du Golan afin d'éviter le retour de l'armée syrienne le long de sa frontière. La quasi-totalité de cette frontière est ainsi aux mains des islamistes qui, sans le soutien de l'Etat hébreu, auraient été vaincus depuis longtemps.

    Aussi, dès que l'armée syrienne tente de lancer une offensive, l'aviation israélienne n'hésite pas à intervenir pour sauver ses protégés, sous le prétexte de réagir à des provocations syriennes.

    Au delà des Syriens, c'est aussi une façon de tenir à distance le Hezbollah qu'Israël doit déjà supporter sur sa frontière libanaise (son offensive de 2006 s'était brisée sur la défense acharnée des chiites) et n'a pas l'intention de voir se promener en plus sur le Golan.

    Il va tout de même arriver un moment où les islamistes seront vaincus en Syrie et celle-ci n'acceptera pas qu'une portion de son territoire soit à nouveau annexée par Israël via des djihadistes.

    La diplomatie russe sera nécessaire.                                                

  • Qui sont les gugusses ? par Louis-Joseph Delanglade

     

    Sachant ce qu’ont donné les interventions « occidentales » en Irak  et en Libye notamment, il n’est pas surprenant mais plaisant d’entendre les réactions du microcosme politique et médiatique parisien au bref voyage effectué à Damas par quatre parlementaires français. M. Assad étant considéré comme un pestiféré, la condamnation a été sans appel, MM. Valls (« une faute morale ») et Hollande (« une rencontre […] avec un dictateur ») se retrouvant une fois de plus d’accord avec M. Sarkozy (« quatre gugusses »). Pourtant, tranchant avec la ridicule désinvolture de l’un et la pitoyable moraline des autres, les propos de M. Assad, rapportés par l’agence Sana, sont marqués au coin du bon sens :« la lutte anti-terroriste exige une véritable volonté politique et une ferme conviction que ce danger menace tout le monde […] la Syrie a toujours favorisé la coopération entre les pays car elle constitue le meilleur moyen de freiner l’expansion du terrorisme ».  

    En bon petit soldat de la bien-pensance, M. Guetta explique doctement (France Inter, vendredi 27), après une présentation intelligente de la situation, pourquoi il faut persévérer dans une politique d’hostilité au régime de M. Assad. Il a bien évidemment raison de souligner que la Syrie est devenue un enjeu stratégique dans la lutte opposant chiites et sunnites. Mais il veut croire que M. Assad n’est plus qu’une sorte de jouet entre les mains de l’Iran et du Hezbollah. C’est oublier un peu vite que son régime garde la confiance de nombreux sunnites et de toutes les minorités (les alaouites, les chrétiens, les druzes, les kurdes) et qu’il représente, qu’on le veuille ou pas, la réalité du pouvoir politique établi à Damas. En fait, quand il évoque un « compromis » entre sunnites et chiites, M. Guetta veut surtout continuer à croire que serait possible une sorte de troisième voie - ouverte par une prétendue opposition éclairée et démocratique - ce qui relève davantage du fantasme (à l’image des délires de M. Lévy) que du réalisme politique. 

     

    M. Védrine, rappelant l’évidence (« c’est une guerre civile, avec des arguments pour et contre, dans tous les sens ») avait prévenu (RFI, août 2013) qu’« il n’y a pas de bonne solution ». Dès lors, et n’en déplaise à M. Guetta, mais aussi à MM. Valls, Hollande et Sarkozy, il faut choisir le moindre mal. Il est évident que nous n’aurions rien à gagner à la disparition du régime alaouite au profit d’un régime ouvertement sunnite qui déséquilibrerait un peu plus la région et pourrait constituer un allié supplémentaire des diverses factions de l’islamo-terrorisme. Or, comme le dit fort justement M. Girard (Le Figaro, vendredi 27), « la position française est intenable car elle ne prend pas en compte la notion d'ennemi principal »: notre ennemi principal, c’est quand même bien celui contre lequel nous dirigeons nos frappes aériennes, celui que, jusque sur notre sol, nous considérons comme une menace justifiant le déploiement de milliers de soldats. 

    Ceux qui, croyant benoîtement au mythe des printemps arabes, ont fait de M. Assad l’ennemi qu’il n’est pas, ceux-là en vérité sont des gugusses. 

  • Crise de Régime ? par Louis-Joseph Delanglade

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    Le reproche essentiel que lon peut faire à M. Hollande est davoir accepté de participer à l’émission de TF1, « En direct avec les Français », imitant ainsi ses deux prédécesseurs (MM. Chirac et Sarkozy) qui, chacun à sa façon, avaient voulu ce qui constitue à l’évidence une dévalorisation de la fonction de Chef de lEtat. Pour « échanger » avec quatre Français(e)s plus ou moins en désarroi et répondre à quelques journalistes incisifs, voire impudents, devant une assistance comparable à celle des émissions dites « people », un sous-secrétaire dEtat, à la rigueur un ministre, eût davantage convenu. 

    Sexprimant sur les ondes de RTL vendredi matin, M. Fillon trouve la formule juste au sujet de ce quil faut bien appeler la prestation de M. Hollande : « Un homme de bonne volonté complètement dépassé par les événements ». Il semble évident que le mandat de M. Hollande est en passe - sauf retournement, pour le moins improbable, de la situation - de tourner au fiasco.  La responsabilité de lhomme ne fait aucun doute. Plutôt que de promettre, comme lavait fait si imprudemment son prédécesseur pour labsence de résultats que lon sait, il est allé au-delà en adoptant délibérément en 2012 une tonalité prédictive, bien conforme au fond à son idéologie socialiste (« Les résultats seront au rendez-vous. Ils le seront parce quils doivent l’être » vient-il encore de dire). 

     Cependant, il faut le reconnaître, la personne même de M. Hollande nest quun facteur aggravant. On ne peut pas raisonnablement penser que, sans remise en cause des fondamentaux économiques et politiques, quelquun dautre aurait, à sa place, fait mieux. Tant que la France retardera les réformes structurelles socio-économiques qui simposent, tant quelle acceptera de rester inféodée à lUnion européenne dans les domaines régaliens de la monnaie et des frontières, tant que lEtat restera la proie des féodalités partisanes et financières, rien ne changera, sauf de mal en pis. 

    Et ce qui risque bien de changer ce sont dabord les institutions. De gauche à droite, un nombre croissant de politiciens souhaitent implicitement ou explicitement une « évolution » institutionnelle. Les extrêmes et le centre réclament un maximum de proportionnelle - dont les effets dévastateurs sur la stabilité politique sont garantis. Le Front de Gauche évoque ouvertement une VIe République, bien entendu « parlementaire » et « démocratique » (on sait ce que cela signifie). Bien plus révélateur encore de cet air du temps : MM. Bayrou, Juppé et Valls, dans le plus pur esprit du centre mou façon IVe, nen finissent pas de se faire des courbettes. 

    Dailleurs, lançant un ballon dessai, M. Boutih, député socialiste de lEssonne parle sur RMC de « crise de régime ». La rétrogradation du Chef de lEtat au rang de super-Premier ministre par la réforme du quinquennat se révèle effectivement mortifère pour la Ve République. Lentreprise de déconstruction de notre monarchie ré

  • MEDAS • Pas d’accord, Élisabeth ! Par Christian Tarente

     

    Les chroniques d’Élisabeth Lévy dans Causeur sont l’une de ces oasis où l’on apprécie de pouvoir se rafraîchir l’esprit quand on a subi un trop-plein d’insanités médiatiques. Quand l’une d’elles, comme celle mise en ligne sur causeur.fr le 6 mai, révèle un point de désaccord, on a d’autant plus envie de lui répondre que le sujet est effectivement crucial.

    La chronique est intitulée : La dernière tentation des chrétiens : majorité culturelle ou minorité opprimée, il faut choisir. « Les cathos se sentent méprisés, mal-aimés, maltraités, ils en ont marre d’être les seuls dont on puisse se payer la tête sans risques… » écrit, à fort juste titre, Elisabeth Lévy. Cependant, explique-t-elle, ils sont dans une contradiction. Ils sont devenus, de fait, une « minorité religieuse », une parmi les autres, même si elle demeure la plus importante. Mais en même temps, ils sont une « majorité culturelle ». Élisabeth Lévy ne précise pas vraiment le contenu de ce concept, mais on comprend qu’elle estime qu’une majorité de Français, même non pratiquants, même non croyants, se réfèrent plus ou moins consciemment à un ensemble de valeurs culturelles globalement catholiques.

    Les catholiques, minorité religieuse, majorité culturelle : on peut discuter de ce que recouvrent exactement ces vocables, mais on est porté à adhérer à un constat qui, notamment, ressort des données statistiques dont nous disposons.

    Cependant, Elisabeth Lévy ajoute que, pour les « cathos », cette contradiction est aussi un piège. Et qu’ils ne sont pas loin de tomber dedans, surtout depuis qu’avec les manifs pour tous, ils ont « goûté aux joies de la pride… Dans la foulée, ils ont adopté les codes et les armes idéologiques de toute minorité qui se constitue en communauté agressée. » Mais en se présentant comme une minorité persécutée, elle risque de perdre les bénéfices de son majorat culturel. « On ne peut pas éternellement jouer sur deux tableaux : entre les délices de la posture minoritaire et les privilèges ingrats de l’ancienneté », les catholiques doivent choisir, conclut Elisabeth Lévy.

    Eh bien, non, chère Elisabeth Lévy. Si nous ne pouvons pas choisir, c’est parce que le choix ne se pose pas en ces termes. Il y a une faille dans votre raisonnement. Une faille précisément contenue dans le concept de « majorité culturelle », qui paraît, dans votre esprit, relever du pur quantitatif, de la simple statistique. Or ce que représente le catholicisme en France, et pour la France, est d’un tout autre ordre. Il ne s’agit pas du tout de savoir combien de Français se réfèrent, par leurs valeurs, à une culture globalement catholique.

    Ce qui est en cause, c’est la manière dont la réalité française – celle-là même dont vous n’avez cessé de montrer à quel point vous la ressentiez – s’est historiquement constituée. On peut toujours discuter du rôle effectif joué par le baptême de Clovis, mais ce qu’il symbolise a abouti à ce résultat toujours effectif, cette réalité mystérieuse mais tangible, indiscutable, que l’être français est la condition même de notre vivre ensemble. Et que son enracinement profond va chercher la vie dans le terreau chrétien.

    Or, c’est justement cela qui est nié par la « cathophobie », souvent primaire, parfois secondaire et rarement supérieure, qui tient aujourd’hui le haut du pavé. Y résister est nécessaire si on ne veut pas passer à côté de ce qui fait l’essence même de la France. A cet égard, les théories, naguère défendues par certains chrétiens, de « l’enfouissement » ont fait la preuve de leur nocivité. Ce sont elles qui se sont révélées « doublement catastrophiques » : en nous imposant le silence, elles nous ont fait fondre comme neige au soleil. Résister au multiculturalisme passe obligatoirement, en France, par la défense du catholicisme. Bien des incroyants l’ont d’ailleurs compris. 

    Le texte d’Elisabeth Lévy est à lire ici : http://www.causeur.fr/chretiens-islam-manif-pour-tous-32694.html

     

     - Politique magaine

  • Ces présidents qui nous coûtent TRÈS cher !

     

    Par Aristide Leucate

    La restauration du roi en France s’élèverait à un budget de 40 millions d’euros par an (75 % moins cher qu’un monarque républicain !). Sans compter ce que nous coûte - plus grave encore - l'impéritie politique systémique de la République en elle-même ... LFAR
     

    1418638966.jpgC’est incontestablement un marronnier. Tout comme les rapports censés les alimenter, ils sont parfaitement inutiles mais bougrement instructifs. Mediapart vient, ainsi, de mettre la main sur un rapport confidentiel établi conjointement par la Cour des comptes et le Conseil d’État, remis à François Hollande en 2014, portant sur le coût des anciens présidents de la République et des anciens Premiers ministres.

    Entre autres choses, on y apprend que Valéry Giscard d’Estaing serait celui qui coûterait le plus cher aux Français (environ 2,5 millions d’euros par an), devant Nicolas Sarkozy (2,2 millions) et Jacques Chirac (1,5 million). De la même façon, il en coûterait annuellement aux contribuables 97.000 euros pour Villepin, 102.000 euros pour Juppé (candidat à la primaire), 89.000 euros pour Jean-Pierre Raffarin, actuel sénateur, 75.000 euros pour le député Jean-Marc Ayrault (Le Figaro, 10 février 2016).

    Et, tranquillement, le rapport continue d’enfiler les chiffres extravagants de dépenses somptuaires à destination de ce qu’il faut bien appeler des « privilégiés » dont le statut, non moins extravagant, repose (en attendant l’arrêt imminent de la section du contentieux du Conseil d’État sur cette question) sur une « lettre » du 8 janvier 1985 adressée, à l’époque, à « Monsieur Valéry Giscard d’Estaing, ancien président de la République » et signée de la main du Premier ministre d’alors, un certain Laurent Fabius.

    En 2014, Matignon aurait dépensé 89.000 euros pour renouveler les berlines de François Fillon, Édouard Balladur et Michel Rocard ! Depuis 2012, 26 lignes de téléphone portable auraient été mises gracieusement à disposition de Nicolas Sarkozy quand 10.571 euros sont affectés aux seuls abonnements à la presse de Valéry Giscard d’Estaing ! Démentiel.

    À cette aune, il aisé de comprendre, d’une part, pourquoi, dans un contexte économique et social éminemment pénible pour nos concitoyens, les politiques sont frappés d’un discrédit sans appel, d’autre part, pourquoi ces derniers sont devenus tout simplement incapables de ressentir et de connaître ce que vit le commun des mortels. 

    L’esprit de caste entretient le sentiment d’impunité, l’endogamie, l’arrogance cynique. Les citoyens ne sont rien moins que les faire-valoir ancillaires d’une ploutocratie devenue l’autre nom de la démocratie représentative. Un mirage. Une imposture. 

    Tous pourris ? Voire. En tous les cas, force est de constater que le régime républicain, au-delà de ses tares intrinsèques, pourrait bien apparaître comme la variable d’ajustement d’une économie de temps de crise. En 2012, Herman Matthijs, professeur d’administration et de finances publiques à l’université de Gand, publiait un rapport sur le coût des chefs d’État européens. La présidence de la République française en ressortait comme la plus onéreuse d’Europe (111,7 millions d’euros), lorsque la Couronne britannique coûterait « seulement » 38,2 millions (0,79 euro par sujet britannique contre 4,52 euros par contribuable français assujetti à l’impôt sur le revenu), soit un peu plus que la République fédérale d’Allemagne (30,7 millions d’euros).

    En faisant la moyenne de l’ensemble des monarchies européennes, la restauration du roi en France s’élèverait, grosso modo, à un budget de 40 millions d’euros par an (75 % moins cher qu’un monarque républicain !). En 2012, l’Inspection générale de l’administration évaluait le montant des dépenses engagées par l’État à l’occasion de l’élection présidentielle et des élections législatives à 437 millions d’euros (rapport sénatorial, 28 octobre 2015). La présidentielle à venir promet d’atteindre des sommets stratosphériques. 

    Docteur en droit, journaliste et essayiste
     
  • Les choses au clair

     

    par Louis-Joseph Delanglade

    Les élections régionales auront obligé la plupart des maîtres à penser, notamment dans les médias, à monter au front. Dans ce domaine, la palme revient incontestablement à notre chaîne radiophonique nationale, France Inter pour la nommer, dont la quasi totalité des journalistes, présentateurs et intervenants - jusqu’aux prétendus humoristes - auront entre les deux tours fait circuler la rhubarbe et le séné. On se contentera ici de l’essentiel, ce fameux « sept-neuf » (presque six millions d’auditeurs !) avec en maître de cérémonie M. Cohen. On a le privilège d’y entendre officier du lundi au vendredi les deux Grands Prêtres, MM. Legrand et Guetta : celui-ci pour l’Extérieur (« Géopolitique »), celui-là pour l’Intérieur (« L’édito politique »). Tous deux cultivés et intelligents, parfois brillants, mais qui restent des militants politiques utilisant l’antenne pour distiller leur idéologie et leurs utopies gauchardes. 

    Il fallait donc pour chacun des deux apporter sa pierre au concert de critiques en tout genre qui ont été formulées contre le Front National. M. Legrand a donc choisi de dénoncer « la plaie identitaire », bel exemple d’incohérence intellectuelle pour celui qui, après les attentats de janvier et de novembre, ne s’est pas privé de proclamer que les victimes avaient été choisies pour ce qu’elles étaient et représentaient. Mais, s’il admet une identité de la France, c’est « l’identité choisie d’une somme d’individus solidaires et libres ». Pour lui, « la Nation n’est que le cadre politique, historique et géographique d’une communauté qui a décidé de s’organiser autour d’une langue, de règles, de valeurs ». On ne saurait pousser plus loin les dérives d’une approche uniquement « existentialiste » qui nie les évidences les plus élémentaires et ne s’appuie au fond que sur le bon vouloir de chacun. M. Legrand est le digne héritier des utopistes et des aristocrates dévoyés du XVIIIe siècle : « sa » France est celle des bobos hors sol qui n’ont que mépris pour le pays réel.

    M. Guetta, quant à lui, a choisi de transposer la situation française au niveau européen : « Il y a désormais, d’un côté, [l] les nouvelles forces d’extrême-droite et, de l’autre, les gauches et les droites » : comme L.R. et P.S. en France, droites et gauches européennes ont en commun l’essentiel, à savoir une approche favorable, malgré quelques nuances, de l’Union européenne, de l’immigration et de la mondialisation, ce qui les différencie de ceux qui se complaisent dans la « négation de la réalité ». Beau tour de passe-passe intellectuel. Est-ce nier la réalité que de constater la nocivité de l’Union partout où elle s’est substituée aux Etats, de rejeter une immigration débridée et agressive, de vouloir se protéger des méfaits d’une mondialisation dévastatrice ? M. Guetta n’envisage au niveau européen d’autre recours que l’union des gauches et des droites dans des « majorités de compromis » : retour à la case magouille. Paradoxe : le même Guetta brosse un tableau sans complaisance d’un « monde en état de panique » : Russie, Turquie, Proche-Orient, Inde, Catalogne, Ecosse, etc., partout communautés, peuples et nations exaltent leur identité et leurs spécificités. Et c’est dans ce contexte que nous devrions baisser la garde ? 

    On le savait, mais il n’est pas mauvais de le répéter : existe toujours ce parti de l’étranger, « Anti-France » de fait, où se retrouvent tous ceux qui nous dénient le droit à une identité historique plus que millénaire et qui souhaitent que la France se dissolve dans un Euroland quelconque. Merci à MM. Legrand et Guetta d’avoir, une fois de plus, su mettre les choses au clair. 

  • De la double nationalité

     

    Par Louis-Joseph Delanglade

    Publié le 25.01.2016 - Actualisé le 2.08.2016

     

    Si l’on en croit Le Monde, les « Français » seraient plus de cinq millions à posséder une autre nationalité. C’est quand même beaucoup quand on mesure tous les conflits d’intérêts que peut générer un jour ou l’autre une telle situation, la France ne reconnaissant pas juridiquement ce qu’elle considère comme un simple état de fait. Cela dit, hormis état de guerre avec un pays dont de nombreux Français seraient aussi les « nationaux », les risques sont forcément limités à des cas individuels et des situations particulières. Cependant, la double nationalité (et parfois la multinationalité) constitue aussi une anomalie, voire une contradiction flagrante, pour une république qui fait de l’égalité la pierre angulaire de sa raison d’être : si certains « Français » ont des comptes en Suisse, d’autres bénéficient d’une immatriculation auprès de consulats étrangers. Cela rend d’ailleurs possible un véritable détournement : ainsi, aujourd’hui, les trois pays du Maghreb francophone constituent souvent, pour des délinquants ou des terroristes, une base de repli commode. 

    Il se trouve que les plus nombreux, et de loin, des binationaux, sont justement originaires du Maghreb (deux tiers de « bi(s) » dans une « communauté » elle-même largement majoritaire dans l’ensemble de la population d’origine immigrée). Si la mesure de déchéance prônée par l’exécutif est d’abord voulue comme un symbole, provoquant des cris d’orfraie dans la quasi totalité de l’intelligentsia de gauche, c’est bien parce qu’en fait elle concernerait justement ce type de « population ». Pour mettre tout le monde d’accord et être efficace, on pourrait tout simplement, au lieu de la déchéance, appliquer les lois de la guerre : tout Français qui prend les armes contre son pays doit être condamné au pire. 

    Reste la question de fond. Pour M. Legrand (France Inter, 5 janvier), la déchéance proposée « [rompt] la tradition républicaine selon laquelle on ne divise pas la citoyenneté ». Il n’a pas tort, dans la mesure où en France nationalité et citoyenneté se confondent. Dans la réalité, de nombreux Français se reconnaissent aussi dans une autre filiation, en fait culturelle : c’est, bien entendu, le cas de beaucoup de « provinciaux », Français issus des provinces de France et qui cultivent légitimement leur double héritage (on peut prendre comme exemple la « nacioun gardiano » des Camarguais). Toutefois, on l’a dit, cela peut poser problème, un jour ou l’autre, à des étrangers devenus Français et conservant, durant une ou plusieurs générations au moins le souvenir d’autre chose où le culturel côtoie le national : dans certains cas, il faut bien choisir. Une sorte de prévalence doit donc exister. « La nationalité            française est d'abord une allégeance » affirme avec raison M. Zemmour (RTL, 12 janvier). Or, une double allégeance est inadmissible : en ce sens certaines des conventions bilatérales signées par la France sont inacceptables (par exemple que des « jeunes » prétendument « français » puissent accomplir un service militaire en Algérie ou en Israël).  

    Quand les choses ne sont pas simples, c’est au politique de trancher, et s’il le faut dans le vif. Sinon, ce sont les circonstances qui imposeront leur logique. 

  • Chronique du pays réel ... Dans le train de banlieue

     

    par Amaury Grandgil

    Un excellent billet, tout à fait dans notre ligne politique et sociétale, qu'Amaury Grandgil a publié sur son blog mesterressaintes et sur Causeur [20.07]. Par surcroît, le vocabulaire (titre) est maurrassien. Nous avons aimé.  LFAR

     

    amaurygil.jpgPlutôt que de disserter savamment et doctement sur l’islamisme et ses conséquences, de l’évoquer sur le ton de la conversation mondaine, feutrée et policée, j’ai eu envie d’en parler de manière plus directe en faisant la chronique du pays réel en 2016. Dans un train de banlieue de Paris-Montparnasse à Versailles-Chantiers sans rien de particulier ni de remarquable en fin d’après-midi…

    Une jeune femme voilée avec sa mère qui elle ne l’est pas et un bébé sont accroupies par terre, la poussette en travers du passage sur la plateforme du wagon. La plus jeune tapote constamment son portable tout en parlant entre ses dents à sa mère et à la cantonade. La plus jeune a un visage de madone, pâle et délicat, la mère a des traits fins en contradiction avec leurs attitudes. Elles boivent nerveusement au goulot d’un pack de jus de fruits toutes les dix secondes.

    Toutes deux sont très agressives, fébriles au dernier degré. Elles lancent sans cesse piques et railleries, pour la plupart infantiles, sur les « Françaises » autour d’elles. Elles leurs reprochent entre autres de se protéger du soleil avec un chapeau de paille et non avec un voile.

    « Ma sœur tu finiras en enfer »

    Intelligemment, les injuriées ne réagissent pas mais pâlissent de colère à vue d’œil. Les mains se crispent sur la lanière des sacs à main. Une gamine apparemment « issue de la diversité » se fait sermonner, elle porte un de ces shorts très courts à la mode : « Ma sœur tu finiras en enfer, je ne te juge pas mais Allah ne va pas aimer te voir indécente comme ça. »

    C’est la jeune femme voilée transpirant à grosses gouttes sous ses lourds vêtements, sans doute plus décents selon son jugement, qui lui dit cela…

    Elles engueulent un voyageur qui râle un peu car obligé de les enjamber, un type en « cycliste » violet et « ticheurte » vert pomme. Il est de suite traité de raciste. Le pauvre ne sait pas quoi répondre, rougit puis s’enfuit presque.

     

    Elles me voient lire le journal dans lequel je me suis abstrait depuis le début du voyage pour les décourager de me provoquer. Bien sûr, il parle de la tuerie de Nice. Elles lancent prenant à témoin le reste du wagon dont un « lascar » avachi sur un strapontin qui s’en fout comme l’an 40 et les regarde avec un mépris appuyé : « De toute façon, c’est la faute des juifs les attentats, ils les organisent pour que les gens ils soient racistes contre les musulmans parce que ce sont les juifs qui dirigent la France… »

    Je suis resté jusqu’à Versailles sans changer de wagon pour voir jusqu’où elles iraient dans l’abjection plus ou moins consciente, elles vont loin, très loin dans la haine. Elles sont loin d’être les seuls dans leur cas, leur haine se banalise, métastase progressivement toute la société. Elle n’a besoin de personne. Elle naît de trop de lâcheté, de compromis, de fuites des responsabilités…

    Et dans le même temps je ne pouvais m’empêcher de penser que c’était deux pauvres femmes complètement égarées, voulant que le monde brûle dans la guerre, le sang et les larmes pour se consoler de leurs frustrations. C’est ainsi que sont engendrés les totalitarismes, non ? Ces deux femmes à la limite du pathologique, personne n’aurait pu les raisonner. Car il est bien trop tard pour cela…   

    Amaury Grandgil

    blog mesterressaintes.hautetfort.com

  • Trump : l'immense claque donnée à la cléricature médiatique et à l'odieuse caste du politiquement correct

     

    Mur-bleu gds.jpgC'est une défaite à plate couture ; un désastre en rase campagne ; une « pile » monumentale (on nous pardonnera la familiarité) : tous, journalistes de la presse écrite ou parlée et télévisuelle, hommes politiques et grandes consciences auto-proclamées, donneurs de leçons et dicteurs de conduite, pleins de morgue, de mépris, d'arrogance avant le vote, sont renvoyés, Grosjean comme devant, à leur nullité, leur cuistrerie, leur vacuité abyssale. Ils ont bonne mine, eux qui n'ont pas su voir arriver ce qui est arrivé et qui, pire, nous imposaient depuis de longs mois, à coups de savantes démonstrations cérébrales et abstraites qu'il « fallait » Hillary et que, de toute façon, c'était fait, c'était plié : Hillary avait gagné.

    Eh bien, non, c'est « Donald » qui a gagné et, en tout cas,  eux, maintenant, ils ont perdu, et bien perdu. Et, franchement, les entendre parler à la radio, les voir à la télé, tous avec des intonations consternées et des mines déconfites, oui, c'était réjouissant.

    Il est impossible, évidemment, de répertorier tous les cas intéressants de ce Waterloo du politiquement correct ; on s'arrêtera seulement, ici, sur deux cas un peu plus particuliers :

    1. Ce mercredi 9 novembre, jour de l'annonce des résultats, à 6 h 02 heure française, Gérard Araud - ambassadeur de France aux Etats-Unis, tout de même... - a décidé de communiquer ce qu’il pensait de la manière dont l’élection présidentielle américaine se présentait ; alors qu'un devoir de stricte maîtrise de leurs déclarations s'impose aux diplomates, il s’est permis cette sortie, retweetée plus de 2 000 fois mais rapidement effacée de son compte :

    « Après le Brexit et cette élection, tout est désormais possible. Un monde s’effondre devant nos yeux. Un vertige. »

    Scandaleux, non ? On espère que cet énergumène sera promptement remplacé à Washington, et même - pour faute professionnelle - rayé des cadres d'une Administration, qui demande plus de prudence, et de courtoisie vis-à-vis des personnes élues dans le pays où l'on est censé représenter les intérêts de la France. Il est vrai que, la veille des résultats, les conseillers de François Hollande n’ont préparé qu’une seule lettre de félicitations adressée à... Hillary Clinton ! Et que le message de félicitation de 4% au nouveau président fut à la limite de l'incorrection, et en tout cas tout entier discourtois...

    2. Plus intéressant est ce mea culpa d'un journaliste du New York Times, entendu sur France info : atterré, il admettait cependant - en substance - que ni lui ni ses confrères n'avaient vu venir la déferlante populaire « pro-Trump » ; qu'ils ne savaient plus expliquer ni comprendre leur société, celle dans laquelle pourtant ils vivaient. La tristesse et le désarroi de ce journaliste étaient touchants : au moins était-il intellectuellement honnête, et capable de reconnaître qu'il s'était trompé ; et, surtout, de le dire clairement. Pensez-vous que l'on pourra attendre pareille franchise - fût-elle désarmante - aux JT de France 2, TF1 et autres BFM-TV ? Sur France info et sur France inter ? Dans le Monde, L'Obs et les autres ?

    Comme dirait Bainville, « c'est douteux ».

    Il nous reste l'essentiel :

    la claque, l'immense, la tonitruante, la cataclysmique claque envoyée à toute cette caste politico/médiatique ;

    et - après le Brexit - ce message - terrible pour elle - du retour du peuple, des nations, des frontières ; cette volonté franchement assumée de maîtriser l'immigration; ce refus du politiquement correct; et, surtout, surtout, la fin annoncée de l'emprise de cette caste politico-médiatique - qu'elle a pu croire définitive - sur des opinions publiques qui s'en libèrent et s'en affranchissent de plus en plus... 

  • Les raisons de la colère

     

    par Hilaire de Crémiers

     

    2771589182.jpgLes policiers sont mécontents. Il y a de quoi. Ils sont devenus les cibles prioritaires de toute la voyoucratie qui règne impunément dans ce que l’on ose appeler « les zones sensibles » ou « les quartiers de non-droit ». Quoiqu’il soit interdit de le préciser, ces territoires sont déjà, de fait, totalement ou partiellement islamisés. L’islam et l’islamisme y font la loi.

    Le ministre de l’Intérieur et le garde des Sceaux ont eu beau dire que la notion de territoires de non-droit dans la République n’existait pas, chacun sait qu’une telle affirmation relève de la pétition de principe. Il ne devrait pas y en avoir « en théorie » ; « en pratique » des enclaves de plus en plus vastes du territoire national ne sont plus accessibles aux autorités, aux services et aux forces représentant, d’une manière ou d’une autre, la puissance publique. C’est vrai dans toutes les grandes agglomérations. Maintenant, de moindres villes de province sont atteintes du même mal. Ce sont des centaines de Molenbeek qui gangrènent le pays.

    Les maires le savent parfaitement ; les responsables des services publics aussi , pareillement les médecins, les personnels hospitaliers, éducatifs, pénitentiaires constamment en danger et, en tout premier lieu, les agents des forces de l’ordre ainsi que les pompiers qui se font agresser, caillasser, tirer comme des lapins et qui sont reçus dans lesdits quartiers à coups de cocktails molotov, voire à coups de mortier. Laurent Obertone, dans son dernier roman d’anticipation Guérilla, Le jour où tout s’embrasa (Ring), décrit un scénario, devenu terriblement plausible, de guerre civile. Interrogez les gens de terrain, tous conviennent du même diagnostic.

    D’ailleurs, Messieurs Cazeneuve, Urvoas, Valls, Hollande et autres Excellences qui tiennent des discours d’apparence si simple et d’allure si martiale et à qui peuvent se joindre les Juppé et compagnie, n’ont qu’à se rendre eux-mêmes à pied et sans escorte dans ces beaux territoires de leur République apaisée et exemplaire ! La vérité ? Pas un citoyen qui ne la sache : la vie politique française est hors de la réalité.

    La réalité, c’est, le 8 octobre, quatre policiers qui sont attaqués aux cocktails molotov à Viry-Châtillon. Deux ont été brûlés volontairement dans leur voiture ; c’était une tentative d’assassinat. Cazeneuve, le ministre responsable des forces de l’ordre, a parlé de « sauvageons », comme naguère Chevènement ! Ces policiers étaient chargés de surveiller (!) une caméra de vidéo-surveillance (!) que lesdits « sauvageons » s’acharnaient à détruire. Rien ne s’est passé après l’évènement. Rien ! Les autorités politiques sont tellement dépassées qu’elles font donner par les hiérarchies policières des ordres idiots.

    Les ripostes de la puissance publique et de l’autorité judiciaire sont nulles. C’est tous les jours les mêmes schémas, les mêmes discours creux, les mêmes tâches inutilement dangereuses, la même stupide politique. Faut-il rappeler ce qui s’est passé à Magnanville, le 13 juin dernier ? Un policier et sa femme, policière, sauvagement assassinés à coups de couteaux sous l’œil de leur enfant par un islamiste, Larossi Abballa, qui se réclamait de l’État islamique ? Après ? Rien ou presque rien. Une citation à l’ordre de la nation à titre posthume, comme d’habitude !

    Comment ne pas comprendre les policiers ? Et les gendarmes ? et les militaires maintenant réquisitionnés ? Les policiers ont manifesté fin octobre tous les soirs dans les grandes villes. Ce qu’ils visaient : la place Beauvau, la place Vendôme, les palais de justice. Ils ont parfaitement compris. C’est là que se trouvent, en effet, les vraies causes de l’incurie criminelle qui livre la France aux voyous, aux assassins et aux islamistes.

    Ils visaient également l’Élysée. Mais Jean-Marc Falcone, le directeur général de la Police nationale, qui s’est fait siffler par ses troupes, les a, dès lors, menacés de sanction. Les syndicats de police qui essayent de reprendre la main, ont été reçus le 26 octobre par le président de la République. Comme à l’accoutumée, il les a gratifiés de bonnes paroles. Urvoas, de son côté, revoit les règles aberrantes de détention des terroristes islamistes, pendant que Cazeneuve multiplie les petits « Calais » !

    A quoi tout cela sert-il ? Il y a en France, d’abord, un problème d’autorité. L’État n’est plus représenté comme il convient. La population attend que soit restauré le principe d’autorité. Refaire l’État est pour tout esprit politique l’urgence absolue. 

  • Questions autour du Charles De Gaulle, par Guillaume Priou*

     

    Sans doute, cet article pose des questions et peut susciter le débat...

    Le Charles De Gaulle rentre de quatre mois de mission en océan Indien, plus précisément dans le golfe Persique d’où ses avions ont participé aux opérations en Irak. La France est en guerre dans cette partie du monde où elle déploie régulièrement son porte-avions, son aviation bombarde quotidiennement les positions de l’État islamique au côté de l’aéronavale américaine : la question ne se pose pas de savoir s’il fallait y envoyer le fleuron de la Royale. Ne pas le faire aurait été équivalent à décider de son désarmement sine die.

    Mais au-delà de cette intuition initiale, le retour du groupe aéronaval à son port d’attache est l’occasion de dresser un bilan en demi-teinte. Du côté obscur, vient tout d’abord le discours de François Hollande annonçant le départ du porte-avions dans ces vœux aux armées, à bord du Charles De Gaulle, tout imprégné de ce fameux « esprit du 11 janvier ». Alors qu’un tel déploiement nécessite des semaines de préparation, le président nous a laissé entendre qu’il s’était fâché tout rouge et ordonné l’appareillage immédiat de 2 800 marins… Les terroristes allaient voir ce qu’ils allaient voir !

    Et c’est la seconde et principale ombre au tableau : l’État islamique n’a rien vu d’autre qu’un motif supplémentaire de tourner en dérision l’engagement militaire de la France au côté des Américains : la cyber-attaque de TV5 monde, qui fait explicitement allusion au Charles De Gaulle, n’est-elle pas aussi spectaculaire que la mise en œuvre d’un porte-avions nucléaire ? En attendant, les bombardements de la coalition permettent à peine de stopper la progression des djihadistes sur le terrain, mais à quel prix ! Le porte-avions rentre à Toulon mais la bannière noire du calife continue de flotter sur Mossoul.

    Heureusement, il y quand même quelques motifs de se réjouir de cette mission « Arromanches » qui se résument en ceci : la France appartient toujours au club restreint des puissances militaires capables d’agir au loin. Et pour cela, il arrive encore qu’elle soit prise au sérieux dans les dossiers stratégiques.

    Par les Américains d’abord, qui ont ouvert leurs états-majors à l’occasion de ce déploiement pour intégrer le groupe aéronaval français dans leur dispositif militaire, ce qui est tout de même plus efficace pour coordonner des opérations aériennes complexes… Si la participation du Charles De Gaulle allège modestement l’effort de guerre américain, c’est surtout un gage de confiance de l’oncle Sam, et la preuve d’une convergence d’intérêt avec lui, ce qui est souvent le cas dans les dossiers sécuritaires.

    On peut se demander aussi si la présence du porte-avions aura pesé sur les négociations avec l’Iran à propos du nucléaire, négociations qui ont connu un quasi dénouement pendant la présence du Charles de Gaulle dans le golfe Persique. En soi, certainement pas directement, mais que le plus virulent des négociateurs dispose d’une telle capacité militaire lui donne tout de même un peu de poids. Pourvu que ça dure, pourvu surtout que la diplomatie française sache l’utiliser…

    Enfin, l’indépendance militaire de la France, dont le porte-avions est le symbole plutôt que la garantie, a permis concomitamment à ce déploiement, de finaliser la vente de Rafale aux pays qui cherchent un avion moderne indépendant de la technologie américaine. Espérons seulement que l’industrie de défense de la France soit toujours au service de son indépendance stratégique et non l’inverse, ce dont on peut malheureusement commencer à douter. 

      - Politique magazine

  • Culture • Le lexique franco-« jeunes » (sic) enfin disponible dans les écoles les plus proches

     

    Une excellente et instructive chronique de Gabriel Robin*

     

    Gabriel Robin.jpegAh, le langage des « jeunes » ! Une barrière à la compréhension intergénérationnelle souvent infranchissable. Récemment, les dictionnaires Petit Robert et Larousse se sont renouvelés en incluant des anglicismes stupides et des mots d’argot comme « bolos ». Ils restent néanmoins en retard par rapport à l’évolution constante de l’argot des « jeunes ».

    L’Express révélait hier, dans sa rubrique « Insolite », l’existence d’un lexique franco-« jeunes » officieux à l’usage des professeurs d’un établissement scolaire parisien. C’est une utilisatrice du réseau social Twitter qui en a révélé l’existence. Le document, intitulé « Lexique top secret pour M. Dufduf », était affiché dans la salle destinée aux réunions privées des professeurs. Dans ce lexique, plusieurs mots argotiques, ou étrangers, trouvent une traduction en français courant (déduction faite des nombreuses fautes d’orthographe).

    Parmi les mots mentionnés, de nombreux mots étrangers : sheitan (diable), miskine (le pauvre), bismila (au nom de dieu), nardinomouk (insulte pour une mère), starfoullah (pardon dieu), psartek (respect). D’autres mots renvoient au vocabulaire du rap, des fameux quartiers dits « populaires » : zoulette (péripatéticienne), balek (s’en foutre royalement), zonz (prison), biff (argent), rodave (être pris en flagrant délit), crew (groupe, block, bâtiment de la cité). Pour le journaliste de la rubrique « Insolite de L’Express, cette liste de définitions permettrait d’« enrichir le vocabulaire des adultes » et représenterait le langage des « jeunes ». Mais de quels « jeunes » parlons-nous ? La jeunesse de France dans son ensemble aurait donc fait de l’arabe vulgaire sa première langue et d’un sabir islamo-racaille mondialisé son langage de tous les jours ?

    Cette information témoigne de la profonde décadence dans laquelle est plongée la France. La déculturation du pays est une réalité observable. Première victime ? La langue française qui est dénaturée, trahie, violée et méthodiquement remplacée par un jargon débilitant. Le niveau d’enseignement donné à l’école baisse considérablement, ainsi que la compétence générale d’une partie de moins en moins négligeable du corps enseignant.

    À la source de nos maux : une classe politique folle qui a laissé venir une immigration de masse sans se soucier des conséquences : l’abandon progressif de l’exigence à l’école, le relativisme culturel. L’école, conformément aux souhaits des idéologues qui nous gouvernent, s’est adaptée aux nouvelles catégories de la population présentes sur notre territoire, alors qu’elle aurait dû demander à ces nouvelles catégories de s’adapter à elle. Elle est devenue bêtement « multiculturelle » avant que d’être totalement déculturée car déracinée. Face à l’immigration de masse, nos dirigeants ont toujours répondu qu’elle était une « chance ». Ils n’ont jamais prévenu les Français que cette immigration de masse pourrait poser des « difficultés » et qu’elle nécessitait des aménagements, des sacrifices auxquels la population n’aurait pas forcément consenti si elle avait été informée.

    « Dès qu’elle est proférée, la langue entre au service d’un pouvoir », disait Roland Barthes. En l’espèce, ce pouvoir prospère sur la disparition de notre civilisation et entend la remplacer par un néant. C’est un pouvoir injuste en lutte contre tout ce qui est beau et élève l’esprit. 

    * Boulevard Voltaire

    Juriste
  • Inquiétante fin de règne en Algérie

     

    par Louis-Joseph Delanglade

     

    Pas besoin d’être grand clerc pour comprendre que la stabilité de l’Algérie est d’autant plus précaire qu’elle tient à un mort en sursis, M. Bouteflika, quasi octogénaire dans son fauteuil roulant et déjà victime de quelques attaques cérébrales. On peut bien sûr penser que le régime se survivra une fois de plus dans un nouvel équilibre entre l’armée et l’ex-parti unique d’un côté, les islamistes de l’autre - à ceux-ci l’emprise sur la société, à ceux-là la réalité du pouvoir. Mais pour combien de temps ? 

    Outre que rien n’est certain, il semble avéré qu’une lutte féroce est en cours. Certains voient un signe dans le récent limogeage du général Médiène, dit Toufik, lequel, à la tête du Département du renseignement et de la sécurité, a toujours été, pendant un quart de siècle, l’ennemi irréductible des islamistes. C’est l’avis de M. Pons dont L.F.A.R. du 22-XII-2015 a reproduit l’article intitulé « Bouteflika veut livrer l’Algérie aux islamistes ». D’autres analysent plutôt l’éviction de Toufik comme une preuve de la mainmise de fait sur le pouvoir de M. Saïd Bouteflika, frère de l’actuel président. Mais les velléités dynastiques de Saïd (le terme de « régence » a même été employé à son propos), en l’opposant à l’armée, en font un allié objectif des islamistes…  

    Il faut aussi prendre en compte l’existence d’une caste de profiteurs du système, lesquels, même s’ils ne constituent pas stricto sensu une oligarchie pourraient le devenir puisqu’ils visent à rien de moins qu’à une appropriation des richesses du pays par un petit groupe d'hommes d’affaires. Là où cela se complique, c’est que « le programme économique des islamistes est assez compatible avec l'idée que se font les oligarques de la gestion de l’Etat » (M. Boucetta, L’expression*). 

    Si les islamistes semblent donc en position de force pour la suite, on ne peut exclure un autre scénario, celui du chaos et de la guerre civile, d’autant que la population algérienne est la première victime de la cure d’austérité qu’impose l’effondrement des cours du pétrole et la persistance d’un prix très bas. L’explosion des déficits qui en est résultée rend de plus en plus difficile, si ce n’est impossible, d’acheter la paix sociale en puisant dans les milliards de l’or noir. 

    Dans tous les cas de figure, il faut s’attendre à des jours mauvais, avec risque de contagion non négligeable, d’abord vers la Tunisie, qui reste le maillon faible de l’ancienne A.F.N. et, n’en doutons pas, exportation vers la France à travers les Algériens, bi-nationaux ou pas. Le roi Hassan II aimait à souligner qu’on n’échappe pas à la Géographie. Rappelons donc que Marseille est à 750 km d’Alger. Rappelons surtout qu’on évalue à plusieurs millions (parfois jusqu’à cinq ou six selon les études citées par Réflexion*) les personnes d’origine algérienne en France. 

    Si l’on en juge par le laxisme récurrent des autorités françaises face aux manifestations « algériennes », à preuve les drapeaux déployés, sur la voie publique (voies de circulation bloquées à l’occasion de mariages; manifestations et saccage du centre-ville de Marseille à l’occasion de matches de foot-ball, etc.) il est impossible que nous soyons épargnés par des troubles graves qui secoueraient l’Algérie. Quant à notre diplomatie, elle semble inexistante, en tout cas apparemment incapable d’agir ès qualités, c’est-à-dire de manoeuvrer, en Algérie même pour déterminer une politique enfin favorable aux deux pays. 

    Les perspectives sont donc très inquiétantes. Euphémisme ?  

    * Quotidien algérien

     

  • TV : Asko et la police au Front

     

    par Nicolas Julhiet

    Claude Askolovitch a proposé une bien étrange chronique, samedi 9 janvier, sur I-Télé – chaîne pour laquelle il officie en tant qu’éditorialiste le week-end. Intitulée Quand les défenseurs de la République votent FN, son billet d’humeur est un commentaire d’une récente étude du Cevipof, le centre de recherches politiques de Sciences Po : « L’enquête électorale française ».

    Asko, comme il est surnommé, démarre sa chronique avec la voix calme qu’on lui connaît. Ce qui ne l’empêche pas d’instaurer un climat d’insécurité émotionnelle dès les premiers mots, avec une introduction tétanisante : « Une information qui devrait faire la une des journaux depuis plusieurs semaines ». Piqué par la curiosité que suscite une telle formule, alors que des événements tragiques se déroulent chaque jour – Cop21, affaire Benzema, Stallone aux Golden globes -, le téléspectateur reste figé, presque inquiet. La goutte de sueur perle le long du visage, la main tremble sur la télécommande, la jambe est saisie de spasmes involontaires : la tension est maximale.

    Conscient de l’effet d’anxiété dans lequel plonge ceux qui l’écoutent devant leur téléviseur, Asko maintient un suspens presque hitchcockien : « Ce que révèle cette étude est absolument une catastrophe, c’est beaucoup trop gênant pour tous les partis de pouvoir et sans doute, aussi, pour le système médiatique pour qu’on en tire toutes les conclusions ». Effet garanti. Nul doute que, chez certains, la nervosité a atteint le seuil de tolérance : « Mais il va lâcher le morceau, bon sang ! ».

    C’est à ce moment précis qu’Asko révèle l’information capitale de ces dernières semaines : « Le Front national est un parti républicain, le plus républicain des partis puisque ceux qui défendent la République et qui payent parfois de leur vie, votent pour le Front national. » Stupeur générale face au syllogisme. Ô temps suspends ton vol ! De fait, on n’entend même plus le « tic » des aiguilles des horloges. L’éditorialiste, qui mesure parfaitement ses effets, porte alors l’estocade : « 51,5 % des militaires et policiers ont annoncé voter pour les listes de Marine Le Pen aux régionales. Quand on sort les retraités de l’échantillon, cela donne sept policiers sur dix. » Rendez-vous compte, les forces de l’ordre donnent leur faveur à un parti qui prône l’ordre et la sécurité. Mais dans quel monde vit-on ?

    Pour que les gens comprennent bien de quoi il en retourne, Asko explicite. Par exemple, lorsqu’un individu entre dans un commissariat de quartier, la plupart des fonctionnaires de police à qui il a affaire sont des électeurs de l’extrême-droite. Ainsi, le gardien de la paix enregistrant le dépôt de plainte du quidam est probablement un électeur du Front national…

    Cette étude est publiée au moment même où le pouvoir socialiste n’a de cesse de saluer le travail de la police et de l’armée, en première ligne contre le terrorisme. Un fait qui pousse l’éditorialiste a anticipé les conséquences futures : «[cette] situation politique est insupportable pour tous les détenteurs du pouvoir. Pourquoi ? Parce qu’ils ne peuvent rien faire contre cela ». Hollande et Valls peuvent visiter tous les commissariats de France, la dynamique électorale se maintiendrait, chez les forces de l’ordre, en faveur du FN.

    En conclusion, Asko prévient : si Marine Le Pen remporte la présidentielle, en 2017, il n’y aura pas de révolution dans l’administration, l’Etat suivrait. « Elle peut donc prendre le pouvoir demain, il ne se passera rien ». Prédire le pire pour l’éviter ? 

  • Enfumages et paradis fiscaux

    Crocodile panaméen géant  © Copyright dr

    Par Peroncel-Hugoz  

    Très perplexe devant les « Papiers de Panama », notre confrère plante ses crocs cette semaine dans ce qu’il estime être « les vrais centres mondiaux de la finance douteuse ».

     

    peroncel-hugoz 2.jpgDepuis plus d’un quart de siècle, l’opinion mondiale ( et singulièrement en Occident où, selon une idée reçue bien ancrée, « la presse est la plus libre du monde »), est régulièrement abreuvée d’annonces tonitruantes, de la part de ses plus hauts dirigeants politiques, proclamant la fin « immédiate » ou « prochaine », « progressive » ou « définitive » des paradis fiscaux et autres lieux où l’on cache des fortunes bien ou mal acquises, de l’argent demandant une bonne lessive pour être présentable et autres faits du même acabit … 

    La plus péremptoire, la plus spectaculaire de ces déclarations a sans doute été, le 23 septembre 2009, celle du président Nicolas Sarkozy, claironnant, quelques mois après le Sommet G20 de Londres qui avait, dit-on, planché « sérieusement » sur le sujet : « les paradis fiscaux, le secret bancaire, la fraude organisée, c’est TER-MI-NÉ ! ». Il n’y eut guère alors, à travers la planète, à part peut-être quelques obscurs journalistes, que deux institutions en vue pour proclamer haut et clair leur scepticisme : le Comité catholique contre la faim et l’ONG anglo-saxonne OXFAM qui passent toutes deux pour échapper aux influences de Washington et Londres. 

    Tout récemment nous avons eu droit aux « révélations » contenues dans les Papiers panaméens qui, si elles sont exactes, même partiellement, réduisent en miettes les propos sarkozyens de 2009. Les grands quotidiens européens y sont allés alors, une nouvelle fois, de leurs listes exotiques, de leurs cartes des cinq continents, égrenant les endroits où se cachent l’ « argent sale », l’ « argent détourné », l’ « argent fuyant les taxes », etc.  Une fois de plus ont défilé devant nos yeux blasés les noms déjà archiconnus en la matière des Iles anglo-normandes, du Sultanat de Bruneï, des Principautés du Liechtensteïn, d’Andorre ou de Monaco, des Antilles hollandaises, de l’archipel de Vanuatu, que sais-je encore ? 

    Une fois de plus le brave peuple, érigé à son corps défendant en « opinion mondiale », est grugé car tous ces noms sonores jetés en pâture au public, coupables ou non, ne sont que très-très-très faiblement détenteurs des trésors cachés. Les milieux bancaires internationaux vraiment informés — et donc toujours muets — savent eux, de toute éternité, qu’on amuse ainsi la galerie tandis que les trois principaux centres mondiaux de l’argent malpropre ou propre, dissimulé ou placé secrètement sont, par ordre d’importance : 

    —  La City de Londres

    —  Le minuscule Etat américain du Delaware

    —  Des banques israéliennes 

    Rassurez-vous, le prochain G20, ce printemps, promet de s’attaquer enfin pour de bon aux « paradis fiscaux » et d’en publier une liste « complète et définitive » … Je doute fort que les trois « centres » cités supra figurent sur la nouvelle liste promise …

    Encore un mot quand même : s’il y a des « paradis fiscaux », c’est qu’il y a aussi des « enfers fiscaux » … dont les lois confiscatoires sont en partie responsables de l’existence de « refuges », de « tax-haven », comme disent eux-mêmes les Anglo-américains. Vous voulez savoir ce que sont des lois confiscatoires ? Eh ! bien, consultez le code des impôts de la République française ou, pis, celui du Royaume de Danemark ! Vous serez édifiés. Quant au code fiscal marocain, il figure, lui, parmi les plus bénins, les plus libéraux des cinq continents.  

    Peroncel-Hugoz

    Repris du journal en ligne marocain le 360 du 22.04.2016