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Rechercher : Rémi Hugues. histoire & action française. Rétrospective : 2018 année Maurras

  • Candide à Sciences-Po

     

    PAR GÉRARD HANNEZO*

    Voici un dialogue voltairien, petit bijou d'esprit et de style, d'ironie et de sagesse satirique qui en dit plus long sur les mœurs politiques et la situation présente, que de longs exposés savants ... LFAR

     

    Candide : Est-il vrai que de grands changements se sont produits en politique ?

    Pangloss : Énormes !

    C. : Où ?

    P: On a signé un accord, pour donner des milliards à une Grèce mise sous contrôle.

    C.: Pourquoi faire ?

    P.: Pour faire comme avant.

    C.: Mais M. Tsipras a pris des engagements : la TVA sera doublée...
    P.: Aucune importance. Personne ne la paie et tout se règlera comme avant, sans facture.

    C.: Et la privatisation des biens publics sous le contrôle d'un fonds officiel ?

    P.: Les directeurs grecs de ce fonds ont été changés tous les ans, car ils étaient achetés chaque année par les investisseurs.

    C.: Il suffira de baser le nouveau fonds au Luxembourg

    P.: Impossible. La fierté grecque en serait atteinte. Le nouveau fonds sera géré à Athènes, comme avant.

    C.: Et les retraites ?

    P. : Elles resteront au niveau des retraites françaises.

    C.: Ce n'est que justice !

    P. : Égalité d'abord ! La logique sera pour plus tard.

    C.: Et les armateurs ?

    P: La Constitution stipule que les armateurs resteront exemptés d'impôts.

    C. : Pourquoi ?

    P.: Les armateurs créent des emplois

    C. : Où ?

    P : En mer !

    C : Et l'Église orthodoxe ?

    P. : Intouchable : elle joue le rôle de notre Sécurité sociale, les Grecs y sont très attachés. Vous ne voudriez tout de même pas qu'on touche à la Sécurité sociale ?

    C.: Et l'utilisation du cadastre pour recouvrir l'impôt foncier ?

    P. : Imminente depuis 1840.

    C.: C'est donc pour bientôt...

     

    C.: Les changements sont-ils plus visibles en France ?

    P. : Énormes changements, l'extrême-droite fait maintenant des scores de vingt-cinq pour cent, alors que les socialistes et les Républicains ne dépassent pas vingt pour cent chacun.

    C.: Quel chambardement !

    P.: Aucun, puisque la loi électorale empêche le Front National d'être représenté.

    C.: Mais les hommes en place ont entendu la volonté populaire...

    P.: Oui, mais ce n'est pas le moment de réaliser les promesses de maîtrise migratoire du candidat Hollande.

    C.: Des « quotas d'immigration » ?

    P.. : Vous nommez trop directement les choses. En France, un problème dont on ne parle pas est un problème plus qu'à moitié résolu.

    C.: Alors quand ?

    R.: Au moment voulu.

    C.: C'est-à-dire ?

    P.: Quand on aura des terroristes à Paris.

    C. : Alors maintenant ? Ils sont venus visiter le Bataclan...

    P: Non. Il faut attendre. Les terroristes ne sont pas encore place de l'Étoile.,

    C.: Que fera alors le Pouvoir ?

    P.: Il appellera au calme républicain et annoncera la mise en place d'une cellule de crise.

    C.: Pourquoi faire ?

    R: Pour étudier l'hypothèse des « quotas d'immigration »...

     

     

    C.: Et que penser des efforts de libéralisation de l'économie ?

    P: La loi du socialiste Macron veut faire ce que voudrait faire un gouvernement de droite.

    C.: Les députés de droite la soutiennent, évidemment ?

    P.: Évidemment non !

    C.: Je ne comprends rien au jeu parlementaire.

    R: Sachez qu'à droite, on attend d'être parvenu au pouvoir pour faire ce que fait l'actuel président de gauche.

    C.: Le président actuel n'est donc plus socialiste ?

    P.: Si. Il dit l'être plus que jamais.

    C.: Je ne comprends rien à la politique.

    Pangloss: Retournez à Sciences-Po, où les candidats de Seine-Saint-Denis rentrent d'ailleurs sur concours spécial.

    Candide : L'avenir est assuré. 

     

    * Ingénieur chimiste, Gérard Hannezo a exercé des activités d'ingénieur d'affaires international, montant des projets industriels en Afrique, notamment en Algérie. Expert à l'ONUDI, structure de l'ONU pour le développement industriel, il fait bénéficier de son expérience une association franco-africaine vouée au codéveloppement, l'AFACO. Il a exposé ses projets dans la Nouvelle Revue universelle n°40. Comme on va le voir ici, il se livre aussi à de tout autres exercices.

    Repris de la Nouvelle Revue universelle n°42 - Automne 2015 - S'abonner !

  • SOCIETE • Dis, qu'as-tu fait, toi que voilà, de ta jeunesse ?

    83 % des « jeunes » n'ont pas confiance en la politique

     

    Une réflexion de Claude Bourrinet, dans Boulevard Voltaire, sous le titre « Une jeunesse rongée par le doute »

    Nous ne savons pas ce que pense Claude Bourrinet sur d'autres sujets, hormis qu'il écrit dans Boulevard Voltaire, site ami. Sur le drame civilisationnel, durable et profond, qu'est la situation de déshérence de la jeunesse française et européenne, nous sommes en tout cas en parfait accord. Nous avons cédé à la tentation, puisque la conclusion de cette chronique emprunte de très beaux vers à Arthur Rimbaud, de prendre pour titre l'interrogation de Verlaine, ses regrets, sur sa propre jeunesse. Nous avons aussi songé aux vers plus gaillards de Villon : « Au temps de ma jeunesse folle auquel j'ai plus qu'autre galé". C'est qu'en effet, nous partageons l'idée selon laquelle la jeunesse actuelle « demande des réponses plus substantielles que la simple politique politicienne.»  LFAR  
     

    Un sondage du cercle de réflexion « Vers le haut » nous apprend que 83 % des « jeunes » n’ont pas confiance en la politique, qu’ils ne se sentent ni représentés, ni défendus, que les trois-quarts d’entre eux trouvent qu’ils n’ont pas accès aux responsabilités politiques, et qu’un sur deux pense qu »il est plus facile de réussir à l’étranger qu’en France.

    Au-delà du constat de démoralisation qu’une telle évaluation des moins de 26 ans révèle, et qui n’est guère une surprise lorsqu’on prend en compte l’état catastrophique dans lequel l’irresponsabilité des dirigeants ont mis le pays depuis une quarantaine d’années, il semble opportun de prendre un peu de hauteur, et de ne pas s’arrêter à la pure information. Les mots sont pipés, en effet. Il est pour le moins aventureux par exemple d’étudier génériquement un échantillon de la population uniquement délimité par un critère générationnel, fraction qui revêt pourtant une grande variété de réalités, tant sociales que communautaires, sans omettre l’atomisation extrême du corps social. De quels jeunes parle-t-on ? D’autant plus que la « jeunesse » est une création toute récente du marché, produite par la société de consommation et de loisir. Jadis, la « jeunesse » n’était que l’antichambre de l’âge mûr, une période, de surcroît, beaucoup moins longue que maintenant. Elle ne prétendait pas à des responsabilités, qui supposent un sens des réalités et quelque chose à perdre autre que sa vie, par exemple une famille ou un patrimoine.

    À supposer qu’on sache, de science sûre, que l’on réussit beaucoup mieux à l’étranger (lequel ?) qu’en France, et dans quelles conditions, il paraît beaucoup plus paradoxal de considérer que la « jeunesse » ne soit pas entendue, au moins par des discours politiques, parfois dans les actes, au moment même où, comme l’enfant-roi, elle est le thème de tous les propos, souvent démagogiques, du pouvoir. Il est vrai que les « djeun’s » en cachent d’autres. Mais il est étrange qu’une société libérale dont le marché, comme le cinéma et les spectacles, sont de facture « jeune », génère une impression de vide aussi marquée.

    Si l’on oublie donc la rhétorique et la vacuité de ce sondage, on retiendra le symptôme. Il est évident que notre époque, si mirifique quant à ses promesses de bonheur, est rongée par le doute et le nihilisme. La « jeunesse », dans son acception la plus saine, essaie de traduire son scepticisme par des messages d’amertume. Il y a, bien sûr, le problème du sous-emploi, qui est comme une épée de Damoclès pendue au-dessus de son avenir. Mais il existe aussi, chez elle, une neurasthénie profonde, une détresse existentielle et spirituelle inquiétante, qui demande des réponses plus substantielles que la simple politique politicienne.

    Oisive jeunesse
    À tout asservie,
    Par délicatesse
    J’ai perdu ma vie.
    Ah! que le temps vienne
    Où les cœurs s’éprennent.
    (Rimbaud) 
     

     
    Professeur de Lettres
  • Le nouvel archevêque de Strasbourg veut-il être lynché par la bien-pensance ?

     

    Par François Teutsch

    Il faut savoir gré à François Teutsch d'avoir fait écho [Boulevard Voltaire, 4.07] aux déclarations courageuses et non-conformes au politiquement et même au moralement correct, du nouvel archevêque de Strasbourg. Certes, elles sont une exception, parmi quelques autres, à la politique générale de l'Eglise en matière migratoire. Une politique que nous réprouvons. Mais l'archevêque de Strasbourg, est tout de même, traditionnellement, une autorité. Quel écho ses paroles auront-elles parmi ses confrères ? Dans la mouvance catholique et au delà ? Attendons les suites.  LFAR  

     

    57893b06c2abfa69f965a0ea10ca5721.jpeg.jpgLe nouvel archevêque de Strasbourg, Mgr Luc Ravel, est fils de général, polytechnicien, et ancien évêque aux armées. Voilà un homme de caractère, qui plaisait aux militaires, et qui détonne dans le milieu habituellement feutré de l’épiscopat français. Pensez donc : le successeur du très politiquement correct Mgr Grallet vient d’effectuer quelques déclarations percutantes aux Dernières Nouvelles d’Alsace. Normal, pour un militaire, direz-vous. Un peu moins pour un évêque.

    À propos de l’avortement, ce grand tabou de la société française qui fait si peur à ses confrères, le nouveau Strasbourgeois n’y va pas par quatre chemins : « L’avortement n’est pas seulement concédé, mais promu. C’est une promotion, et ça, je ne peux pas l’accepter, pas que pour une question de foi, mais parce que j’aime la France. ».

    C’est ce qui s’appelle envoyer du lourd. En deux phrases, trois hérésies : l’avortement est encouragé, ma conviction n’est pas seulement religieuse, et c’est une question de patriotisme. Mais que veut cet homme ? Être lynché par la bien-pensance ? Il est acquis, définitivement, que la question est interdite. Exprimer son opposition à cet acte est mal, un mal objectif, qui ne peut procéder que d’une foi religieuse forcément obscure et antique. Mais pas, au grand jamais, de la raison.

    Quant à lier la chose à l’amour de la patrie, c’est carrément monstrueux. Pourtant, il ose. 

    Mgr-Luc-Ravel-19-novembre-2015_0_730_486.jpgIl ose d’autant plus que, persistant dans la provocation outrancière, Mgr Ravel continue : « Les croyants musulmans le savent très bien que leur fécondité est telle qu’aujourd’hui, comment ils appellent ça ?… Le Grand Remplacement, ils vous le disent de façon très calme, très positive, “Mais de toutes façons, un jour, tout ça sera à nous”. »

    Luc Ravel est-il atteint de folie, de démagogie aiguë, de populisme incoercible ? Présente-t-il les symptômes du masochisme le plus grave ? Avec de tels propos, il pourrait bien se mettre à dos une bonne partie de son presbytérium, de la conférence épiscopale, et peut-être même d’une partie de la curie romaine. Sans compter les journalistes, les politiciens, les responsables d’associations diverses et variées et les artistes – n’oublions pas ces grandes consciences de gauche. Ces paroles pourraient lui coûter fort cher. 

    Pourtant, il ne semble pas invraisemblable à tout homme de bonne volonté que l’avortement soit encouragé plutôt que toléré. Que la question relève de l’anthropologie et non de la foi. Que 220.000 avortements par an aient un effet démographique certain. Que les musulmans ne pratiquent pas – ou très peu – cet acte. Qu’ils aient, par ailleurs, beaucoup plus d’enfants que les ex-chrétiens. Que, logiquement, les deux sujets soient liés, et que le remplacement démographique, qu’il faut assimiler à un suicide français, ne soit pas une chimère.

    Un autre évêque le clame : c’est un Ghanéen, Mgr Turkson, cardinal de la sainte Église. Récemment encore, il expliquait qu’il fallait fermer le robinet de l’immigration à sa source, c’est-à-dire en Afrique. Quelques années auparavant, il avait fait scandale en diffusant une vidéo contraire à l’ordre public officiel aux cardinaux réunis à Rome, une vidéo intitulée Muslim Demographic

    Comme quoi, avec un peu de courage, beaucoup de charité et de foi, un évêque peut dire la vérité sans faux-semblant. Sans jeter l’opprobre sur ses frères en humanité, mais simplement en rappelant une réalité que seuls les Occidentaux refusent de voir. Merci, Monseigneur !   

  • 14 Juillet • Le défilé du 14 Juillet ne saurait masquer l’état de délabrement de notre armée de l’air 

     

    Par Marc Rousset

    Nous retiendrons surtout de cet article les intéressantes données données chiffrées sur l'état de nos armées. Les appréciations politiques peuvent être objet de débat.  LFAR 

     

    f682426fee04086bb84efa58fc9b3d8e.jpeg.jpgL’acteur de théâtre Macron compte faire le beau avec Trump pour le 14 Juillet en lui présentant quelques échantillons de nos forces armées. Mais le rapport présenté à la commission des finances de l’Assemblée nationale le 28 mars 2017 par le député Cornut-Gentille décrit dramatiquement ce qu’il en est quant à l’insuffisance et la vétusté des capacités françaises de transport aérien.

    Macron, malgré ses singeries au bout d’un filin pour être héliporté sur un sous-marin nucléaire, brille pour la communication mais ne passe pas du tout, en réalité, dans le milieu militaire. Macron est un technocrate bancaire allergique au militaire sans aucune conviction patriotique. Macron parle de 2 % du PIB en 2025 pour le budget de la Défense alors qu’il faudrait de façon urgente 3 % du PIB demain matin. Le budget représente aujourd’hui environ 1,6 % du PIB.

    La réalité, c’est que jamais l’effort de Défense n’a été aussi faible depuis plus d’un demi-siècle. Trois exemples illustrent la situation : aucun des avions ravitailleurs, qui ont pourtant plus de cinquante ans, n’a été remplacé ; plus de 50 % des hélicoptères sont indisponibles (par manque d’argent, effort est fait sur les OPEX, mais il n’y a pas assez d’hélicoptères pour l’entraînement en France) ; 15 % des militaires ne reçoivent toujours pas le montant exact de leurs rémunérations plus de six ans après la mise en place du nouveau système informatique LOUVOIS ( LOgiciel Unique à VOcation Interarmées de la Solde).

    La liste exhaustive de nos faiblesses en matière de transport aérien stratégique est trop longue. Selon la Cour des comptes, la France ne peut couvrir au mieux qu’un quart de ses besoins stratégiques. En 2013, année de fortes sollicitations, la capacité est tombée à 7,4 %. L’armée de l’air dispose, par exemple, de deux A340, 22,5 ans d’âge moyen, trois A310, 30,6 ans d’âge moyen, onze C-135 et trois KC-135 (ravitaillement en vol ou 25 tonnes de fret), âge moyen classifié dépassant les cinquante ans. D’où le recours permanent aux flottes étrangères, principalement américaines, notamment pour le soutien OPEX. Il est fait recours aussi d’une façon occulte – ce qui représente un abandon de souveraineté – à plusieurs types d’avion loués à prix d’or à la Russie, à l’Ukraine ou aux États-Unis tels que les Antonov An-124 (100 tonnes), les Boeing 747 de l’US Air Force (70 tonnes) et les Iliouchine II-76 (35 tonnes). 

    En matière de transport aérien tactique, les chiffres sont aussi critiques et lamentables, suite à une usure avancée. Les C-160 Transall, malgré les efforts des mécaniciens de l’armée de l’air, sont à bout de souffle. Il ne restait que 21 Transall C-160 disponibles fin 2016. Le taux de disponibilité de la flotte des C-130, qui était de 72 % en 2011, a chuté en 2016 à 22,5 %. Quant aux CASA, l’acquisition de nouveaux appareils n’a pas permis d’enrayer la baisse du taux de disponibilité, situation préoccupante qui souligne l’hétérogénéité du parc.

    L’A400M dont parlent continuellement les médias a pris un retard considérable suite à de sérieux problèmes techniques. Il faudra attendre au moins 2025 pour disposer des cinquante appareils prévus. Il est loin, le temps du général de Gaulle où la France avait un taux de budget de la Défense de 5,1 % du PIB ! Quarante ans de décadence avec l’UMPS et Macron, Hollande bis, continue sur le même chemin… 

     
    Économiste
  • 2017, c’est demain*

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    Tout, dans la vie politique française, ramène à la présidentielle. C’est toujours à l’aune de ce « grand soir » que se jaugent les enjeux du moment. Ainsi, chacun sait par quel concours de circonstances François Hollande est parvenu à la fonction suprême. Chacun sait également comment, en deux ans à peine, il a mené le pays au bord de la faillite économique et du chaos social. Regrette-t-il en son for intérieur cette funeste ambition, lui qui est aujourd’hui la risée de tout un pays ? Nul ne le sait et peut-être même pas Valérie Trierweiler, l’ex-compagne qui a pourtant des idées précises sur ses pensées les plus intimes. Toujours est-il que l’actuel chef de l’état donne aujourd’hui le change en tentant de se donner une stature internationale. Le voilà à discuter avec Obama des modalités d’une intervention occidentale en Syrie et en Irak contre « l’État islamique ». Mais il a visiblement décidé d’abandonner la conduite des affaires courantes à son Premier ministre, Manuel Valls.

    Les semaines écoulées ont ainsi vu le chef de l’exécutif se battre sur tous les fronts. Ovationné par les patrons du Medef, il est parvenu à faire taire les hués de militants survoltés à l’université d’été du Parti socialiste, à La Rochelle. En pleine affaire Thévenoud – limogé du gouvernement pour irrégularité fiscale –, il a finalement obtenu de l’Assemblée, à une courte majorité, la confiance qu’il lui demandait. à Berlin, il aurait convaincu Angela Merkel – qui n’en reste pas moins sur ses positions – que le gouvernement français allait mener à bien un programme de réformes qualifié « d’impressionnant » par la chancelière allemande. Il court, Valls. Il veut tout contrôler. « L’État, c’est moi », aurait-il confié à son entourage, empruntant la célèbre formule attribuée à Louis XIV face aux parlementaires parisiens qui le défiaient. Et pour cause. On lui prête même l’intention de procéder par ordonnances, au risque de heurter une nouvelle fois son aile gauche qui prise tant les interminables discussions du palais Bourbon. Comme s’il voulait brûler les étapes avant qu’il ne soit trop tard. 2017, c’est demain.

    Quoi qu’il fasse, en effet, Manuel Valls est pris entre le marteau d’une situation économique qui pèse de plus en plus lourd – la France est « malade » dit le ministre de l’économie Emmanuel Macron – et l’enclume d’une majorité parlementaire dangereusement rétrécie et durcie. Les prochaines échéances approchent. La présentation du budget – retardée par « la dégradation imprévue de plusieurs indicateurs », selon Les échos – et les élections sénatoriales, sans même parler des cantonales et des régionales de l’année prochaine, annoncent des lendemains difficiles pour le Premier ministre… à supposer qu’il soit toujours là. Soumis au chantage d’une partie de sa majorité en rébellion ouverte et irrémédiablement aspiré vers le bas dans les sondages par François Hollande, la paralysie le guette. Et 2017, c’est demain.

    Le président de la République ayant annoncé qu’il ne démissionnerait pas, et puisque les députés de la majorité feront vraisemblablement tout pour éviter une dissolution qui leur serait fatale en cas de retour anticipé devant les électeurs, il ne peut pas ne pas penser au coup joué par Jacques Chirac, en 1976 : démissionner, au prétexte qu’il ne dispose pas des moyens nécessaires pour mener sa politique et assumer pleinement ses fonctions de Premier ministre. En bref, reculer pour mieux sauter. À l’instar d’un certain… Nicolas Sarkozy.

    Car, dans notre République où la chose publique est à la merci des ambitieux, 2017, c’est déjà demain.  u

     

    *Source : Politique magazine (Numéro d'octobre - Editorial)

     

  • Cachez ce FN… par Jean-Baptiste d'Albaret*

     

    1771228023.jpgSpectacle proprement sidérant sur les plateaux de télévision ! Les socialistes, affichant la mine revancharde et satisfaite de ceux qui viennent de réaliser, contre toute attente, une performance faramineuse… En découvrant les résultats du premier tour des élections départementales, Manuel Valls, dit-on, en aurait allumé un cigare. Valls, le modeste. Valls dont les coups de menton « stigmatisants » ont fait reculer la bête immonde qui, grâce à lui et à lui seul, ne serait plus en mesure de revendiquer le titre de « premier parti de France ».

    Mais quelle étrange cécité frappe les socialistes ? Quoi qu’il en soit des résultats définitifs des élections départementales, la vérité oblige à dire que le « parti majoritaire » a subi, comme il était prévisible, une très lourde défaite et que seuls des bricolages de boutiquiers et des additions diverses lui ont permis – en apparence – de limiter la casse. Comme l’UMP, d’ailleurs, ce qui autorise Nicolas Sarkozy à revendiquer la première place. Mais ces enfumages de basse politique politicienne ne trompent personne.

    Il ne suffit pas de rendre des résultats électoraux illisibles pour cacher la réalité d’une vague bleu Marine déferlant en première position, au premier tour, sur plus d’une quarantaine de départements, y compris sur des territoires qu’elle n’avait jusqu’à présent jamais atteints. Drôle de « défaite » donc pour un parti qui pourrait remporter une ou deux régions lors des prochaines échéances électorales de fin d’année 2015 et dont les résultats, comme cela devient l’habitude dans notre démocratie fatiguée, ont été scrutés, analysés, interprétés avec les frémissements de voix et les airs soucieux de rigueur.

    Politique magazine l’a dit et redit : la vie politique française est désormais entièrement focalisée sur le Front national. Et pour longtemps. La bouffonne et consternante alternative laissée aux électeurs entre « front républicain » et « ni-ni » – une question de « morale » paraît-il –, contribue évidemment à nourrir le vote FN et à détourner un peu plus les citoyens des partis institutionnels. Comme si ces derniers n’avaient pas d’autre programme que celui de l’empêcher d’accéder au pouvoir. Comme si cette obsession – non dénuée, comme on le sait, de cyniques calculs politiciens – cachait le vide de leurs propres idées.

    A les entendre, ce n’est pas compliqué : il s’agit de sauver la République. Ce qui est aussi, exactement, le programme de Marine Le Pen ! Cherchez l’erreur.

    La vérité, c’est que le décalage entre les préoccupations du pays réel et celles de la classe politique, déconnectées des réalités concrètes, est de plus en plus flagrant. Comme l’explique Eric Zemmour dans le grand entretien qu’il nous a accordé, nos « élites » se caractérisent par leur souci d’évacuer, ou de transformer, la réalité. Ainsi, pérorent-elles sur des avatars et taisent-elles ce qui fâche. Ainsi camouflent-elles les chiffres. Or, le succès du FN vient précisément du fait que ses propositions – quoi qu’on en pense par ailleurs, en gros ou dans le détail – sont étayées par une réalité qu’il n’hésite pas à nommer. Pour lui, un chat est un chat.

    Nos hommes politiques seraient bien inspirés de revenir au réel. En commençant par parler un peu plus de la France et un peu moins de la « République ». Une République qui exhale, comme pourrait le dire le pape François, de très mauvaises odeurs d’arrière-cuisine électorale. 

    * Politique magazineavril 2015

  • Jacques Myard à propos du TAFTA : « L'Europe ne doit plus être à la botte des Etats-Unis »

     

    François Hollande a rencontré Barack Obama, Angela Merkel, Matteo Renzi et David Cameron lundi 25 avril, à Hanovre, sur fond de tensions en Europe au sujet du traité transatlantique. Pour Jacques Myard, l'opacité des négociations est anti-démocratique [Figarovox 25.04]. Il est surtout d'avis - et nous le sommes aussi - que les conditions dans lesquelles ce traité se négocie sont contraires à notre souveraineté et qu'à son stade actuel l'appliquer serait contraire à nos intérêts. Jacques Myard a raison  LFAR

     

    904710507.jpgLe président des Etats-Unis a exprimé le souhait que les négociations concernant le TAFTA soient terminées d'ici la fin de l'année 2016. Que cela vous inspire-t-il ?

    A ce jour, nous n'avons aucune idée précise et tangible de ce que contient ce traité de partenariat transatlantique. Ces négociations s'orchestrent en l'absence totale de transparence.

    En commission des affaires européennes j'avais vivement protesté contre les conditions scandaleuses dans lesquelles les parlementaires français ont la possibilité de consulter l'état des négociations entre les Etats-Unis et la Commission européenne :

    Cette consultation se passe dans une salle sécurisée au secrétariat des Affaires européennes du gouvernement français. Les députés ont l'interdiction de prendre des documents avec clé USB, et demeurent sous la surveillance permanente d'un fonctionnaire, dans un temps limité, et au passage, exclusivement en anglais. Ce ne sont donc plus les États qui mandatent la Commission mais la Commission qui soumet les États à sa botte… elle-même aux ordres de Washington.

    Il n'y a donc aucune nécessité à précipiter les choses, quoiqu'en dise Barack Obama. La France n'a pas à redorer le blason pâlissant d'un président américain en fin de mandat.

    D'autre part nous savons pertinemment que le commerce mondial se développe très bien indépendamment de ce type d'accords ; hors crise, il croit de 7 % par an sans traité de ce type… C'est pourquoi je suis très réticent à accélérer le processus et fort sceptique quant à la nécessité finale d'un tel accord.

    En quoi les élus français pourraient-ils avoir une influence sur les négociations ?

    Je demande à ce que ce traité soit soumis au parlement français, et pas seulement au niveau européen. Il est largement question de la souveraineté de la nation. La Commission est en train de prendre des positions qui outrepassent son mandat.

    Sur la question des clauses d'arbitrage, de la création d'une cour indépendante d'arbitrage public, il est fondamental que l'Etat français se positionne. Pour être au minimum démocratique, cet accord devra impérativement être soumis à ratification ou approbation des parlements nationaux.

    Barack Obama affirme que cet accord permettra un relèvement des normes, et non son abaissement. Cette promesse vous paraît-elle crédible ?

    Les normes sanitaires américaines mettront en péril la qualité des nourritures venant des Etats-Unis en Europe. Notre pays met l'accent sur la qualité de la nourriture, à l'opposé de leurs méthodes de lavage des poulets au chlore ou de bœuf aux hormones…

    D'autre part, si l'accord n'est pas approuvé par une majorité qualifiée du congrès, les États fédérés des Etats-Unis ne l'appliqueront pas. Tant que nous n'aurons pas la garantie que l'accord sera appliqué côté américain, inutile de le signer. La réciprocité est le gage essentiel de la loyauté d'un accord.

    Ce sujet, comme l'extraterritorialité du droit américain doit être abordé franchement avec les Etats-Unis. Ce pays a trop tendance à outrepasser ses compétences juridictionnelles pour imposer des sanctions aux sociétés étrangères, dont françaises, au seul motif qu'elles ont utilisé le dollar…

    François Hollande rencontre Angela Merkel, Barack Obama, David Cameron et Matteo Renzi à Hanovre, pour évoquer les «grands sujets internationaux». Le président a précisé qu'il n'évoquerait pas le sujet du TAFTA car il est «trop impopulaire»…

    Ce sujet est une preuve supplémentaire du fait que M. Hollande refuse d'agir en chef d'Etat. Il ne veut pas se résoudre à parler franchement, droit dans les yeux aux Américains. Il est pourtant devenu plus que nécessaire de poser des limites à leur hubris et à leur volonté de puissance démesurée… 

    Jacques Myard est député-maire de Maisons-Laffitte (Yvelines). Il est également président du Cercle Nation et République.

    Entretien réalisé par Eléonore de Vulpillières

  • ZEMMOUR : QUAND LA RÉALITÉ DE L'ISLAM EN FRANCE SE RÉVÈLE PIRE QUE LES FANTASMES...

     

    Par Eric Zemmour

    [Figaro Magazine - 23-23.09]

    Dès l'origine de Lafautearousseau [02.2007], nous avons considéré qu'il était du devoir impératif des patriotes et royalistes français de signaler les risques immenses que l'immigration massive faisait courir à la France, à notre peuple, jusqu'à son islamisation, jusqu'au terrorisme meurtrier, jusqu'à la perte de notre identité et jusqu'à ce qui est aujourd'hui improprement nommé guerre civile. Nous n'avons cessé de réclamer les mesures énergiques qui s'imposaient, au risque, alors, de ne pas être compris, de paraître excessifs, quand ces mêmes mesures, même si, de fait, elles ne sont pas réellement mises en œuvre, sont, maintenant, universellement proposées, envisagées ... Zemmour réagit ici au récent sondage de l'Institut Montaigne sur la situation réelle de l'Islam en France. Situation qui défie notre nation et que Zemmour commente avec cette rigueur et cette lucidité qui le caractérisent. Et, naturellement, nous sommes d'accord.  LFAR     

     

    ZemmourOK - Copie.jpgIls ont sorti leurs rames. L'Institut Montaigne, le rapporteur Hakim El Karoui et les médias. Tous ont fait assaut de titres lénifiants, d'analyses anesthésiantes, d'optimisme forcé. Tous, en bons libéraux tolérants, étaient persuadés qu'une étude scientifique sur les « musulmans de France » détruirait les « fantasmes sur l'islam ».

    Le résultat est probant : la réalité « scientifique » s'avère pire que les fantasmes.

    Alors, depuis, ils rament. Ancienne plume de Jean-Pierre Raffarin, Hakim El Karaoui a trouvé 46 % de musulmans « sécularisés » qui acceptent les «valeurs de la République » ne revendiquent ni charia ni voile dans la rue. Ce sont les fameux « musulmans modérés » chers à notre langue de bois médiatique, mais ils ne sont qu'une petite moitié, et non la quasi-totalité, comme on nous le serine péremptoirement depuis des années ; et même ceux-là sont modérément musulmans et pratiquent beaucoup plus que leurs concitoyens d'autres confessions. Ce qui n'est pas négligeable, lorsque l'on sait que l'islam n'est pas une simple religion, au sens chrétien du terme, mais un ensemble juridique clés en main dont les prescriptions culturelles elles-mêmes sont des ordres divins.

    C'est ce que comprend et assume la jeune génération ; elle a basculé majoritairement dans un monde où l'Islam constitue une identité et une règle de vie et où le lien avec la France n'est que juridique et l'hostilité à la République affichée. Cette jeune génération gonfle les chiffres des deux autres catégories que notre rapporteur peine à distinguer entre 28 % qu'il juge lui-même « sécessionnistes », puisqu'ils estiment que la charia est supérieure aux lois de la République (!), et 25% qui sont dans l'affirmation d'une « fierté islamique », mais qui respecteraient « la laïcité », nous rassure notre rapporteur. Encore faut-il s'entendre sur les mots : pour eux, la laïcité se limite à la liberté religieuse. Ils rejettent en revanche l'essence même de la « laïcité à la française » qui est la discrétion religieuse dans l'espace public. Logiquement, ils sont une grosse majorité à ne pas digérer l'interdiction du voile à l'école, à exiger le halai partout, à l'école comme au travail, à vouloir imposer leur expression religieuse dans les entreprises comme dans la rue.

    Les femmes sont plus rigoristes que les hommes (encore un mythe « féministe » qui s'envole !) ; et les convertis à l'islam manifestent le zèle de tous les convertis. Ce fondamentalisme islamique est porté par le dynamisme démographique et soutenu par l'argent des monarchies pétrolières. Il n'est pas le produit, comme le croit le rapporteur, d'une « révolte » contre une situation sociale difficile, car il se retrouve dans tous les pays du monde où vit une forte communauté musulmane, du Sénégal à l'Indonésie, en passant, bien sûr par les pays arabes.

    Les chiffres ont donc parlé éloquemment : sur des parcelles nombreuses du territoire français vivent des millions de personnes qui sont en train de faire sécession : ils ont leur religion, leur loi, leur culture, leur mode de vie, leurs héros, leurs idéaux. Un peuple dans le peuple. 

  • Société • Ivan Rioufol : À Nice, la charia ne passera pas

     

    Par Ivan Rioufol      

    Dans ce billet d'humeur qu'on ne peut qu'approuver [Figarovox, 8.06] Ivan Rioufol réagit au récent incident survenu à Nice : une serveuse a été frappée par deux hommes pour avoir servi de l'alcool pendant le ramadan.

     

    2048x1536-fit_une-serveuse-de-bar-place-des-terreaux-de-lyon-le13-avril-2011-cyril-villemain-20-minutes.jpgLes féministes, les démocrates, les républicains, la gauche, la droite ... ont-ils si peu à dire devant les intimidations de l'islam radical qui veut imposer la charia ? Cette fois, c'est une serveuse d'un bar du centre de Nice qui a été violemment agressée par deux hommes, lundi au premier jour du ramadan, parce qu'elle servait de l'alcool. L'un d'eux, en arabe : « Tu devrais avoir honte de servir de l'alcool en période de ramadan (…) Si j'étais Dieu, je t'aurais pendue ». Elle (musulmane, pratiquant aussi le ramadan) : « Tu n'es pas Dieu pour me juger ». Les deux hommes feignent de partir, puis l'un revient et gifle à toute volée la jeune femme qui s'effondre. Elle explique à l'Obs : « Ce n'est pas parce que je sers de l'alcool que je n'accomplis pas mon devoir. Si je le fais c'est parce que je suis serveuse. En Tunisie, j'exerçais le même métier et je n'ai jamais eu le moindre problème. Je ne pensais pas qu'en France, pays de libertés, je puisse être agressée pour ça ». Les indignés ne se bousculaient pas, ce mercredi, pour dénoncer cette violence machiste et obscurantiste, dont l'un des auteurs serait de surcroit un étranger en situation irrégulière. Il est vrai que cette terreur intégriste est déjà le quotidien des cités françaises gagnées par le salafisme et par l'emprise des Frères musulmans. Cela fait des années que la République, désarmée et conciliante avec les minorités, recule devant ce totalitarisme islamiste qui a pour objectif revendiqué de dominer l'Occident droit de l'hommiste, y compris sur son propre sol. Les féministes de salon, qui le 15 mai annonçaient face au sexisme : « Nous ne nous tairons plus », sont de ces innombrables tartuffes qui rampent devant l'islam politique, qui se comporte de plus en plus comme en terrain conquis. Qu'attendent-elles pour déclarer, à la barbe des illuminés : « La charia ne passera pas ! ».

    Ce renoncement à résister au nazislamisme, soutenu par une extrême gauche qui voit dans le musulman le nouveau damné de la terre, est évidemment la pire des solutions pour éviter l'affrontement civilisationnel. A ce compte, en effet, la France millénaire est vouée à disparaître à terme sous un multiculturalisme laissé à la loi du plus fort, du plus brutal. Ce sont ces risques que je décris, dans La guerre civile qui vient (Editions Pierre-Guillaume de Roux, mars 2016). Si les médias audiovisuels maintiennent l'omerta sur mon essai, je constate que Gérald Darmanin, maire LR de Tourcoing (nord), partage pour sa part l'analyse. Il déclare (l'Opinion, lundi) : « Non seulement la guerre civile couve mais, si elle advient, est sera la pire de toute : elle sera religieuse ». Il serait loisible de discuter ce point : je crois cette guerre davantage politique que religieuse, dans la mesure où elle défend un projet de société cohérent défendu par un islamo-gauchisme qui consolide ses alliances. Mais Darmanin à raison, quand il met en garde contre la montée en puissance des exigences communautaires, qui se multiplient dans l'indifférence des politiques. C'est ainsi que vient d'être lancée, sous les encouragements d'Edwy Plenel (Médiapart), Téléramadan, « la revue des musulmans qui en ont marre de s'excuser d'exister ». Ses promoteurs (dont Mouloud Achour, ex-animateur sur Canal +) écrivent : « Nous sommes le Grand Remplacement. Sûrement pas celui que les fous peuvent fantasmer. Nous sommes un grand remplacement naturel (…). Nous sommes le Grand Remplacement d'un système archaïque (…) ». Renaud Camus ne dit pas autre chose. Au fait, Téléramadan prendra-t-elle la défense de la jeune femme humiliée par ces brutes?   

    Ivan Rioufol 

    Ivan Rioufol est éditorialiste au Figaro. Retrouvez ses chroniques sur son blog.

  • Vous avez dit : « autrement » ?

     

    Il paraît que les résultats des élections régionales exigent que l’on fasse désormais de la « politique autrement ». A gauche et à droite, c’est plus qu’une promesse, c’est une certitude : « Plus rien ne sera comme avant », a-t-on répété à satiété, de Jean-Christophe Cambadélis à l’inénarrable Christian Estrosi, élu en PACA avec les voix de ses « adversaires » de la veille, socialistes et écologistes. Drôle d’« autrement » qui consiste à priver des millions de citoyens d’une victoire acquise le plus démocratiquement du monde en vertu d’une intimidation intellectuelle maquillée sans scrupule en « front républicain »…

    Si le procédé possède un air de déjà-vu, la nouveauté réside dans le fait qu’avec 6 millions de voix au premier tour, soit 27% des inscrits, un record historique pour lui, le FN est aujourd’hui le premier parti de France – celui des abstentionnistes étant hors catégorie. On s’en doutait, mais les régionales sont venues confirmer cette réalité désormais incontournable de la vie politique française. C’est le premier enseignement de ces élections.

    Deuxième enseignement : la corrélation entre le vote FN et le chômage, établi au soir du second tour, ne tient pas la route. Elle permet seulement aux commentateurs autorisés d’éviter d’aborder franchement les sujets qui fâchent, en particulier l’immigration qui est aujourd’hui une des principales préoccupations des Français. D’ailleurs, plus qu’un simple témoignage d’adhésion aux thèses frontistes, discordantes selon qu’on est au nord de la France ou au sud, le vote FN est un sursaut du pays réel face à ce qui est ressenti comme une dislocation de la société. Sursaut que l’opposition entre « patriotes » et « mondialistes » ne traduit qu’imparfaitement.

    Troisième enseignement. Dès lors qu’il est en position favorable au premier tour, le mouvement de Marine Le Pen se heurte à un « plafond de verre », c’est-à-dire que sa réserve de voix est insuffisante pour l’emporter au second tour. Ce qui devrait l’amener à se poser la question des alliances car personne ne peut gagner seul contre l’ensemble coalisé des forces politiques et médiatiques.

    Quatrième enseignement qui découle du précédent : le battage idéologique de l’entre-deux tours permet d’illustrer le mot de Jacques Julliard selon lequel la gauche détient en France, à travers les institutions étatiques, politiques et médiatiques, « le monopole de la parole légitime ». Un Laurent Wauquiez l’a compris qui ne s’embarrasse plus de gages à donner au politiquement correct. Mais il est bien isolé au sein de la droite dite « républicaine » où Nicolas Sarkozy tergiverse et ne semble plus savoir à quelle stratégie se vouer.

    Conclusion : le PS, bien que largement minoritaire, n’est écrasé ni par le FN, ni par Les Républicains. Au point qu’une victoire socialiste en 2017 redevient envisageable, et même probable. Pour le candidat de la gauche – mais il faudrait dire du « système » – le tout sera d’arriver jusqu’au second tour où, face à Le Pen quasiment certaine d’y être, il donnera la grosse artillerie de la « République en danger » et de la « politique autrement ». Les véritables gagnants de ce scrutin, Manuel Valls et François Hollande, s’y voient déjà. Ainsi, le piège imaginé par François Mitterrand, non seulement pour diviser la droite mais plus encore pour étouffer toute réaction à l’hégémonie culturelle de la gauche, continue de remplir sa fonction au-delà même de ce qui était imaginable. « Plus le Front national sera fort, plus on sera imbattable », disait Pierre Bérégovoy au début des années 90. C’était il y a presque trente ans… C’était hier. C’est toujours aujourd’hui. 

    Politique magazine - Editorial, janvier 2016

  • « La France va mieux » ... Ah bon ?

     

    par Jean-Philippe CHAUVIN

     

    arton8470-7b8cd.jpgLe président Hollande est un éternel optimiste : « la France va mieux », déclare-t-il à la télévision devant un auditoire restreint et peu réceptif, au moment même où quelques centaines de manifestants s'en prennent à des vitrines et à des voitures sans pouvoir atteindre l’Élysée, centre illusoire d'un Pouvoir qui ne l'est pas moins devenu. 

    Cela prêterait évidemment à sourire si la situation n'était pas si grave : le chômage, dans sa version dure, touche près de 4 millions de personnes directement mais bien plus si l'on s'intéresse aux familles et aux communes affectées ; les paysages de France sont chaque jour un peu plus dévastés, dans les campagnes, sur les littoraux (et cela malgré les lois de protection du littoral qui, parfois, semblent peu appliquées quand de gros enjeux financiers sont en jeu), mais aussi autour et au centre des villes, comme à Rennes, de plus en plus livrée à certains promoteurs immobiliers sans grands scrupules ; l'agriculture française est considérée par les politiques comme un problème quand elle devrait être vue, d'abord, comme une grande chance pour la France, pour se nourrir et aménager les territoires, et non pour remembrer ou « violer la nature » comme le fait le productivisme actuel ; le monde, par une mondialisation incontrôlée, est devenue, en de multiples lieux et jusqu'au cœur de nos vies, une véritable poudrière... 

    Aussi, dire que « la France va mieux » relève de la langue de bois ou de l'aveuglement, ou des deux à la fois, ce qui n'est guère rassurant : en paraphrasant André Pousse, « le déni, à ce point-là, ça devient gênant »... Il est vrai que la campagne présidentielle de 2017 a déjà commencé et que l'actuel locataire de l’Élysée se verrait bien entamer un second bail de cinq ans, quitte à tordre un peu le bras aux réalités en espérant, malgré les mauvais sondages (mais « sondage n'est pas suffrage », dit-on), apparaître comme le recours face à Marine Le Pen, donnée comme forcément qualifiée pour la phase finale de la présidentielle. 

    M. Hollande ment, bien sûr, mais je ne me réjouis ni de ce mensonge ni de la réalité : je souhaite de tout mon cœur que la France aille mieux et que la phrase du président, malheureuse aujourd'hui, devienne une nouvelle réalité. Encore faudrait-il en prendre les moyens et ne pas se perdre en rodomontades idéologiques et ridicules : mais, et c'est le vice de cette République qui se veut la cinquième, la magistrature suprême de son État reste prisonnière des féodalités qui la font et, désormais, la fondent, par le biais d'une compétition présidentielle aux mains des grands partis et des puissances d'argent, adoubées par l'Union européenne malgré nombre de scandales et « d'alertes citoyennes », vite enterrées sous le flux des informations suivantes... 

    En cette année électorale, il faudra bien, en définitive, poser la question, la grande question de l’État et de son sens, de sa magistrature suprême : bien sûr, les royalistes devront se faire entendre dans un concert qui ne leur est pas ouvert, et cela « par tous les moyens, même légaux ». 

    Car il ne se fera rien de grand ni de juste en politique si l'on laisse l'éternel jeu de rôles de la République et de son élection-reine étouffer toute alternative - et toute parole dissidente - à ce qui constitue, encore et toujours, le « désordre établi » : la France mérite mieux, décidément, que la République... Elle mérite et elle nécessite mieux que la République pour que l'on puisse dire, le plus rapidement et le plus heureusement possible : « la France va mieux » !   

    Le blog de Jean-Philippe Chauvin

  • Nous ne sommes pas en Mai 68... [1]

     

    Par Jean-Philippe Chauvin

     

    arton8470-7b8cd.jpg« Le mois de Mai s'annonce couvert », ironisait l'un de mes amis l'autre jeudi quand, au centre de Rennes, les fumées lacrymogènes grisaient l'horizon et faisaient tousser nos voisins, tandis que, devant ou à côté de nous, des lycéens et quelques étudiants s'amusaient à provoquer les forces de l'ordre en une sorte de carnaval plus qu'en une émeute organisée : il est vrai que nous étions en après-midi et loin du lieu des principaux affrontements du midi, ceux-là mêmes qui avaient coûté un œil à un étudiant en géographie... La violence n'était plus, à l'heure où nous arpentions les abords de l'esplanade Charles-de-Gaulle, qu'un vague souvenir et les vitriers étaient déjà à pied d’œuvre alors même que les manifestants mimaient encore cette révolution dont ils n'ont pas, en définitive et pour la grande majorité d'entre eux, une idée claire, voire pas d'idée du tout... « C'est une révolte ? Non, sire, c'est un chahut », pouvait-on murmurer au milieu des clameurs juvéniles rennaises... 

    Comprenez-moi bien : je ne minimise pas ce qui est en train de se passer à travers le pays et principalement dans quelques grands centres urbains et universitaires, mais j'essaye d'en saisir tous les aspects pour mieux le comprendre et, éventuellement, en tirer profit, intellectuellement ou politiquement (ou les deux à la fois). 

    La contestation contre la loi de Mme El Khomry n'est qu'un révélateur ou un symptôme, nullement, à l'heure qu'il est et sous réserve de l'avenir, une révolution : cela ne veut pas dire qu'il n'y aurait pas de (bonnes et mauvaises) raisons aux événements en cours, et que certaines réflexions échangées lors des débats ou des « Nuit debout » ne méritent aucune attention. Mais la confusion qui règne désormais place de la République (tout un symbole !) et dans les rues du pays ne profite guère à la réflexion et au débat... 

    Et pourtant ! Il y aurait tant à dire sur la situation de notre pays, sur l'état du monde, sur la corruption des paysages et de l'environnement, sur ce consommatorisme et ce globalitarisme qui se parent des noms de « société de consommation » et de « mondialisation » ; il y aurait tant à dénoncer et tant à proposer, tant à détruire et tant à refonder, tant à dire et à écrire... 

    Nous ne sommes pas en Mai 68, et je ne sais pas vraiment s'il faut s'en féliciter ou s'en plaindre : d'ailleurs, Mai 68 fût, il faut le dire, une belle occasion manquée et son bilan, tiré de façon magistrale par Jean-Pierre Le Goff dans « Mai 68. L'héritage impossible », n'est guère brillant... Pourtant, « tout était possible », avec les risques du pire et les espérances du meilleur (comme le signalèrent alors les monarchistes Pierre Debray et Gérard Leclerc, mais aussi Maurice Clavel...), et cette période me rappelle la formule du comte de Chambord à propos de l'année 1789, à la fois implicitement dénonciatrice de ce sur quoi elle avait débouché et nostalgique de ce qu'elle aurait pu être et donner : « Avec vous, et quand vous voudrez, nous reprendrons le grand mouvement de 1789 »... Une formule que le royaliste Bernanos ne cessait de rappeler lui-même en fidèle de la légitimité royale incarnée par le comte de Paris, lui-même soucieux de renouer ce fil de la continuité française jadis tranché... 

    Le blog de Jean-Philippe Chauvin

  • Quand la République de Créon est aussi celle de Vinci...

     

    Par Jean-Philippe Chauvin

    Réflexions qui font suite et complètent - dans la même ligne anti-aéroport - notre grain de sel, publié hier lundi*.

     

    1345578492.jpgLa manifestation de samedi à Notre-Dame-des-Landes contre la construction d’un aéroport Vinci a été un beau succès de participation mais la détermination du gouvernement, qui ressemble plutôt à de l’obstination dans le mauvais sens du terme, ne semble pas faiblir, loin de là, et cela malgré la demande répétée de la Commission européenne d’effectuer une étude d’impact environnemental globale de ce projet déjà vieux d’un demi-siècle. N’étant pas un chaud partisan de cette Commission et de cette « Europe-là », je n’en suis que plus à l’aise pour constater la contradiction de ce gouvernement qui, tous les jours et dans la bouche même du président actuel de la République, vante « l’Europe, l’Europe, l’Europe ! » mais s’en émancipe sans ambages quand icelle ne va pas dans le sens de ses délires aéroportuaires (entre autres)… Tout comme je peux pointer du doigt l’autre contradiction qui consiste pour ce gouvernement à valoriser la COP 21 et ses préconisations, et, dans le même temps, à ne pas vouloir, concrètement, les mettre en œuvre : sacrée hypocrisie ! 

    L’actuel comte de Paris, il y a quelques années déjà, dénonçait ce projet absurde en rappelant quelques autres grands travaux qui, en Espagne ou au Brésil, avaient été inutiles et, parfois, abandonnés, neufs, sans avoir jamais été exploités : les contribuables et l’environnement en avaient été les victimes, non consentantes, et la cupidité coupable des promoteurs de ces projets n’a pas toujours été sanctionnée comme on aurait pu légitimement l’espérer. La République française qui, à défaut d’avoir construit la France, la bétonne allégrement, poursuit sa misérable œuvre d’enlaidissement du pays quand, dans le même temps, elle cède certains de nos joyaux patrimoniaux à quelques grandes fortunes ou à quelques groupes de financiers avides : cette politique de Gribouille, si elle ne me surprend pas, me désole. Il y aurait tant à faire, pourtant, dans le meilleur sens du terme ! 

    69730_nddl-9janv206-pape2.jpgCe dimanche matin, le garde des sceaux, M. Urvoas, n’a pas hésité à menacer de sanctions judiciaires, au nom du « délit d’opposition à l’exécution de travaux publics », ceux qui oseraient encore entraver ce projet d’aéroport : cette véritable criminalisation de la liberté d’expression et de manifestation n’a provoquée aucune réaction visible au sein de la classe politique ni des « ligues de vertu » qui, d’ordinaire, s’émeuvent du moindre « dérapage » de quelques polémistes qui croient encore au pamphlet et à ses vertus éducatrices. En écoutant, puis en réécoutant les propos de M. Urvoas, j’avoue avoir été abasourdi devant une telle violence légale (puisque conforme au Droit, à défaut, à mon sens, d’être légitime dans ce cas-là) et devant l’apathie de journalistes qui n’ont rien relevé de choquant dans cette diatribe qu’ils n’auraient peut-être pas manqué de relever en des temps plus apaisés. 

    Ainsi, Créon parle, et c’est la République qui parle par sa bouche ! 

    Il faudra bien, pourtant, que le royaliste que je suis en appelle à l’esprit d’Antigone : quand la légalité oublie ce qu’elle doit à la légitimité, il est bon de la dénoncer ou, du moins, de ne pas la respecter… 

    En ce sens, le chouan ou le zadiste qui manifeste pour préserver le bocage de Notre-Dame-des-Landes est et sera toujours plus légitime à mes yeux que les décisions de cette République des bétonneurs estampillée Vinci…

    Le blog de Jean-Philippe Chauvin

     

    * A lire aussi dans Lafautearousseau ...

    L'Ayraultport de Notre-Dame-des-Landes ? Non, non et non...

  • Europe & dénatalité • Couples « politiques » et couples princiers ...

    Les conjoints des chefs d'Etat au sommet de l'OTAN, le 25 mai 2017  

    Publié le 11.7.2017 - Actualisé le 30.9.2017 

    Par Péroncel-Hugoz

    Informé par des statisticiens chrétiens des Etats-Unis, notre chroniqueur s’est penché sur le phénomène de « dénatalité » constaté récemment parmi le haut personnel politique en Europe occidentale. A lire ou relire au moment où une majorité de « politiques » sans postérité planchent sur l'avenir de l'Europe ...

     

    peroncel-hugoz 2.jpgL’élection cette année à la présidence française d’Emmanuel Macron (39 ans, né en 1977), le plus jeune chef d’Etat français depuis Napoléon Bonaparte (Premier consul à 30 ans, en 1799) a suscité l’attention de chercheurs catholiques nord-américains, dont le journaliste Phil Lawler, connus pour investiguer dans les affaires intimes de leurs contemporains. Ils en ont déduit, par exemple, que si le président Macron reste marié à son épouse actuelle, Brigitte Trogneux (née en 1953, 64 ans, mère de trois enfants par son mariage précédent avec un certain M. Auzière qu’on donne pour « financier »), il n'aura pas de postérité. 

    Sur cette lancée, la curiosité démographique de nos chrétiens anglo-saxons les a conduits à dresser la liste des grands dirigeants d’Europe occidentale, mariés ou « en couple » - mais sans le moindre enfant. Cette liste est longue ; en voici « les stars » : la chancelière allemande, la Première ministre britannique ainsi que les chefs de gouvernement hollandais, suédois, écossais, italien, etc. Le Grand-Duché de  Luxembourg bat, si l’on ose dire, tous les records avec le tout-puissant président en exercice de la Commission européenne, marié sans postérité, et son compatriote le Premier ministre du minuscule Etat luxembourgeois, époux…d’un autre homme. Cette union officielle entre personnes de même sexe est légale depuis 2015 dans cette monarchie catholique créée en 1867 sur une base historique plus ancienne. 

    Lors du sommet du Pacte atlantique, ce printemps, à Bruxelles, les téléspectateurs du monde entier ont pu voir, avec stupéfaction pour pas mal d’entre eux, la photo des « premières dames » dont les époux participaient à ce sommet. A côté de la reine des Belges et de la « compagne » du Premier ministre belge, on notait la présence de Mme Trump en grand décolleté, de Mme Macron en robe courte, de Mme Erdogan, empaquetée en bleu, et enfin celle du « mari » du chef du gouvernement luxembourgeois… 

    Ce que ces chrétiens américains, férus de statistiques matrimoniales européennes, n’ont pas relevé, c’est le contraste abyssal entre la dénatalité en Europe occidentale, symbolisée par cette photo qu’on n’ose plus guère appeler de « famille » et le grand nombre d’enfants animant la plupart des cours européennes (Danemark, Norvège, Suède, Angleterre, Hollande, Belgique, Luxembourg, Liechtenstein, Monaco, Espagne) mais aussi la plupart des familles royales seulement prétendantes (Portugal, Italie, Grèce, Bulgarie, Allemagne, France, etc.). 

    Un constat s’impose : les couples politiques ne voient guère plus loin que leur propre vie ou carrière tandis que les couples princiers, ayant l’habitude héréditaire de la continuité nationale, essaient, eux, de se projeter dans l’avenir.

    Rendez-vous dans 50 ou 100 ans !  


    Lire : Philippe d’Edimbourg - Une vie au service de Sa Majesté, par Philippe Delorme, Tallandier, Paris, 2017. 300 p. avec cahier de 24 photos

    Péroncel-Hugoz

    Repris du journal en ligne marocain le360 du 7.07.2017

  • Une victoire si amère que ça ?

    A la Une du Figaro d'hier lundi ... 

     

    En deux mots.jpgIl a fallu bien des années à Alain Minc pour s'apercevoir que les nations, comme les personnes, ont, selon son expression, un ADN. C'est ce que les élections allemandes viennent de nous rappeler. Et de nous démontrer avec la force de l'évidence. 

    Manifestement, Allemands et Français, nous ne sommes pas le même peuple. Nos ADN sont différents, parfois opposés. Malgré De Gaulle et Adenauer, malgré Giscard et Schmidt, Mitterrand et Kohl, malgré les avions, le TGV, Internet, Erasmus, les réseaux sociaux, les interdépendances de tous ordres, notamment économiques ou financières, etc. C'est comme si rien n'était de taille, malgré l'opinion courante, à gommer les différences. 

    Nous avons élu le président de la République il y a à peine un peu plus de trois mois. Mais Emmanuel Macron a surtout été choisi parce qu'il incarnait les apparences de la rupture : par l'âge, la culture, le maintien, l'allure et parce qu'il signifiait le « dégagisme ». C'est à dire l'éviction programmée et rapide de toute une caste honnie dont on ne voulait plus. En l'affaire, l'électorat d'avril dernier n'a pas cherché beaucoup plus loin. Un trimestre a suffi pour que la cote de popularité du Chef de l'Etat soit au plus bas. On sait qu'elle a perdu 24 points en juillet-août et, aujourd'hui, plus de 60% des Français se disent mécontents, dont 20% de « très » mécontents. La rue manifeste, les routiers font mine de bloquer les postes d'essence et Mélenchon invite les jeunes à se mettre « en mouvement ». Il joue son Bolivar ou son Lénine et agite les vieux rêves de la Révolution. 

    Dimanche dernier, les Allemands ont renouvelé le Bundestag qui pour la quatrième fois reconduira Angela Merkel â la chancellerie. S'il n'y en a pas de cinquième, elle y sera restée 16 ans. D'ailleurs, comme Helmut Kohl, son mentor.   

    Merkel gouvernera à la tête d'une coalition ; son parti, quoique largement en tête, ressort légèrement affaibli de la consultation de dimanche. Mais, c'est évident, elle a très largement l'estime et le soutien du peuple allemand. Au reste, l'on a trouvé, Outre-Rhin, les débats Merkel-Schulz terriblement ennuyeux, tant leurs programmes sont proches. L'Allemagne est un pays de consensus. En France, il est rare et éphémère. Amère victoire pour Merkel ? C'est surtout une vision française ...

    Bainville réfléchit dans son Journal, vers 1932-33, sur le « besoin d'être commandés » des Allemands, peut-être plus vif, chez eux, que chez la plupart des autres peuples. Commandés, ils le seront peu après sous une forme extrême, où l'hubris, le romantisme, l'exaltation, l'horreur et, pour finir, l'apocalypse suprême, affecteront, dans un unanimisme peu contestable, ce peuple, d'ordinaire raisonnable, sagement laborieux et uni.  

    Quatre-vingt-dix députés de l'AFD entreront bientôt au Bundestag, véritable lieu de la souveraineté allemande, ce qui brise un peu l'unanimisme dont nous avons parlé, ou, vu autrement, le reconstitue contre une AFD pour l'instant à 13%.  

    L'essor de l'AFD témoigne - et c'est une première - de l'ébranlement des tabous - ou des complexes - allemands d'après-guerre. Ce parti sera-t-il amené à constituer un jour autour de lui une unanimité de substitution ?  On ne peut jurer de rien. Mais dans cette grande et opulente maison de retraite  constitutive aujourd'hui pour partie de la nation allemande, brandir la menace d'une quelconque résurgence d'un mouvement ou d'un climat ayant une vraie parenté avec la période nazie, nous paraît relever d'une propagande de piètre niveau. 

    Rien ne dit si l'Allemagne de l'unanimisme, à tout le moins du consensus, de la stabilité et de la richesse, durera longtemps. Son effondrement démographique l’inquiète et l’affaiblit. Pour l'instant, elle est satisfaite de son sort et en sait gré à ses dirigeants. La guerre qu'elle mène aujourd'hui - c'en est une - est industrielle et économique. Et c'est une guerre lucrative celle-là qui lui rapporte bon an, mal an, 250 milliards.  

    Nous avons gardé notre légèreté, notre inconstance, - essentiellement en politique - et notre manie gauloise des divisions infinies. De sorte que nous vivons, avec les Allemands, de part et d’autre du Rhin, Gaulois et Germains, sous des systèmes non plus ennemis, mais antithétiques.  •

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