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Rechercher : Rémi Hugues. histoire & action française. Rétrospective : 2018 année Maurras

  • Du nouveau, du côté de l'Abbaye de Jumièges...

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    L'histoire de l'Abbaye de Jumièges s'étend des années 654 - celles de sa fondation - jusqu'à 1790 - année où la Révolution dispersa les moines, avant d'entamer la démolition de l'édifice.

    Détruite une première fois par les Normands le 24 mai 841, l'Abbaye fut reconstruite et solennellement consacrée en présence de Guillaume le Conquérant le 1er juillet 1067; son abbé participa au procès de Jeanne d'Arc, prenant parti contre elle, forcé par les Anglais et la Sorbonne (Paris était alors aux mains des Anglais); Charles VII y résida, avec Agnès Sorel, et Charles IX y vint également, pour constater les dégâts causés par les Guerres de religion.

    Il revenait à la funeste Révolution - là comme ailleurs : elle a  détruit entre le quart et le tiers de notre Patrimoine artistique !... - d'achever définitivement l'édifice, qui ne cesse pourtant de rayonner, tellement ses ruines sont splendides et évocatrices.

    En 1947, l'Abbaye de Jumièges et son parc furent classés monuments historiques.

    Depuis, de nombreuses initiatives permettent à ce lieu magnifique de continuer à transmettre son message, comme l'on dit un peu pompeusement - et ridiculement - aujourd'hui.

    Nos lecteurs connaissent bien l'excellent Patrimoine en Blog de Benoît de Sagazan, que nous avons cité à de très nombreuses reprises ici même. Entièrement repensé et présenté sous une forme des plus attrayantes, ce Blog nous a apporté récemment, à propos de Jumièges, une excellente nouvelle : une convention de mécénat vient d'être signée pour la restauration d'une partie de cette abbaye ,que Benoît de Sagazan, vidéo à l'appui, n'hésite pas à appeler "la plus belle ruine de France".

    Jugez vous-même !...

  • Nés un 14 Juillet !, par Guy Adain.

    Les Présidents de nos Républiques naissent toujours un 14 juillet !

    C’est leur fête… Nationale bien sûr ! Avec lampions, feu d’artifice, bals des pompiers…

    Supprimer le 14 juillet, c’est un peu tuer le Président, pire, c’est assassiner la République, déjà mortellement blessée en 2016 sur la Promenade des Anglais à Nice !

    Annuler le Défilé du 14 juillet 2020, ce serait presque un crime de lèse-majesté, si « majesté » il y avait encore !

    Même nous, Royalistes, nous ne nous réjouissons pas de cette disparition.

    Les occasions d’unir et de rassembler les Français sont assez rares, et c’est bien dommage d’en faire disparaître une !

    Le Président va effacer le Tableau noir de l’Histoire de France…

    Mais tellement mal, que l’on pourra lire ce qu’il y avait écrit avant !

    14 juillet donc, mais austère et dans l’extrême simplicité et sobriété…

    Jugez-en plutôt : 2000 participants, 2500 invités, dont le Président des États- Unis…Un anniversaire de rigueur !!!

    D’habitude, le 14 juillet, parade militaire, fait étalage des forces de la Nation, les guerriers sont à l’honneur, cette année, changement de décor, ce ne sont pas les grondements des chars d’assaut que l’on entendra, mais les sirènes des ambulances !

    Cette année, les « Soignants » vont faire l’affiche, remerciés, décorés, honorés, quand ils préfèreraient être renforcés en nombre et mieux indemnisés.

    Le 14 juillet En-Marche 2020 sera un vrai-faux 14 juillet, qui ne satisfera, en même temps, que les inconditionnels Sans-culottes culottés.

    Pour les autres, Gens de France, je vous propose de fêter dignement le 15 Août, l’Assomption de la Vierge Marie !

  • Feuilleton : Chateaubriand, ”l'enchanteur” royaliste... (14)

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    Anne-Louis Girodet, Portrait de Chateaubriand,
    Saint-Malo, musée d’Histoire de la Ville et du Pays Malouin.

    (retrouvez l'intégralité des textes et documents de cette visite, sous sa forme de Feuilleton ou bien sous sa forme d'Album)

    Aujourd'hui : le déficit des Finances sous Louis XVI ?...

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    À l'époque, pas si lointaine finalement, ou nous avions - pour reprendre l'excellente formule de Pierre Gaxotte - "L'État pauvre dans le pays riche", aura-t-on assez daubé sur la crise financière persistante de la monarchie, et la nécessité urgente qu'il y avait d'agir pour changer les choses ?


    "Il était question, pour la foule, de combler un déficit que le moindre banquier aujourd'hui se chargerait de faire disparaître.
    Un remède si violent, appliqué à un mal si léger, prouve qu'on était emporté vers des régions politiques inconnues.
    Pour l'année 1786, seule année dont l'état financier soit avéré, la recette était de 412.924.000 livres, la dépense de 593.542.000 livres; déficit 180.618.000 livres, réduit à 140 millions, par 40.618.000 livres d'économie...."

    (Mémoires d'Outre-Tombe, La Pléiade, tome 1, page 149)


    À comparer avec les chiffres de nos déficits d'aujourd'hui !...

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  • Alain de Benoist: « Le libéralisme est à la liberté ce que l’égalitarisme est à l’égalité » Entretien avec le penseur in

    Le philosophe Alain de Benoist.© Hannah Assouline

    Penseur inclassable qui revendique la paternité de l’expression « la pensée unique », l’auteur de La Chape de plomb traque les causes de la disparition de notre liberté d’expression et rappelle que la liberté de l’individu dépend de la liberté de son pays.

    1.jpgCauseur. Vous êtes l’auteur d’une œuvre considérable, et une des figures les plus controversées de la vie intellectuelle française. Dans votre dernier livre (La Chape de plomb, La Nouvelle Librairie), vous vous livrez à une attaque en règle contre les « nouvelles censures ». Dans quelle intention ?

    Alain de Benoist. Je ne suis pas le premier à publier un livre sur la disparition de la liberté d’expression. Le mien se distingue des autres par un refus de se cantonner dans la déploration, et par une tentative d’explication théorique visant à expliquer comment nous en sommes arrivés là. Vous connaissez le propos mille fois cité de Bossuet sur ceux qui se plaignent des conséquences et chérissent les causes. Quand on y regarde de près, on s’aperçoit que les causes sont souvent très lointaines. Pour les élucider, il faut remonter loin en amont. L’histoire des idées peut y aider.

    Le fait d’avoir été ostracisé par vos pairs vous a-t-il permis de fourbir vos propres armes intellectuelles ? N’êtes-vous pas parfois tenté par la victimisation que vous dénoncez ?

    Je mentirais si je disais que je n’ai pas souffert de cet ostracisme. Cela dit, d’autres ont beaucoup plus souffert que moi, et je n’aime pas me poser en victime. Vous connaissez l’adage : never explain, never complain. Le ressentiment est toujours un produit de la haine et de l’envie.

    La censure est de tous les temps, et ceux qui la dénoncent ne sont que trop souvent désireux d’en imposer une autre à leur tour

    On parlait dans les années d’après-guerre de « terrorisme intellectuel », puis quelques décennies après de « police de la pensée ». Comment définiriez-vous les censeurs d’aujourd’hui par rapport à ceux d’hier ?

    La censure est de tous les temps, et ceux qui la dénoncent ne sont que trop souvent désireux d’en imposer une autre à leur tour. Mais il y a deux grandes différences. Autrefois, la censure était essentiellement le fait des pouvoirs publics, tandis que la presse jouait un rôle de contre-pouvoir. Aujourd’hui, les médias sont presque tous gagnés à l’idéologie dominante et ce sont eux qui jouent les chiens de garde en appelant à censurer. Les journalistes dénoncent d’autres journalistes, des écrivains applaudissent à l’épuration d’autres écrivains. L’autre fait nouveau, c’est que les pouvoirs publics ont privatisé la censure en la confiant aux multinationales comme Facebook et Twitter. Cela ne s’était encore jamais vu. S’y ajoute l’apparition de tribunaux d’opinion dont les réseaux sociaux sont les relais. Le principe est celui de la justice expéditive : soupçon vaut condamnation, le tribunal ne comprend que des procureurs et les jugements ne sont jamais susceptibles d’appel. La novlangue orwellienne, qu’on appelle le « politiquement correct », et les délires des milieux néoféministes et LGBT fournissent le carburant. Le résultat est quasi soviétique : en public, on n’ose plus rien dire. L’inculture régnante fait le reste.

    Vous allez jusqu’à parler de « nouvelle Inquisition » à propos du politiquement correct, de la pensée unique et du diktat des minorités. Il y aurait donc là des traits rappelant la mainmise du pouvoir religieux sur les esprits ?

    Il y a toujours du religieux dans le fanatisme. L’idéologie dominante, qui est toujours l’idéologie de la classe dominante, est ainsi organisée qu’elle a ses grands-prêtres, ses inquisiteurs et ses dévots. Elle appelle à la repentance, elle représente le passé comme n’étant plus qu’un motif de contrition. Elle se désole que l’histoire ne soit pas morale, mais tragique, et elle entend la réécrire selon ses canons en se réclamant d’une morale (Nietzsche aurait parlé de moraline) qui veut que la société soit rendue « plus juste », fût-ce au prix de la disparition du bien commun.

    Vous dites aussi que la « pensée unique » se veut rationnelle et s’interdit tout écart par rapport à un axe qui, étant celui du Vrai, est aussi celui du Bien. Comment cette rationalité technocratique s’accorde-t-elle avec la religiosité dont nous venons de parler ?

    Les deux ne sont pas incompatibles. Auguste Comte théorisait le positivisme tout en prêchant une « religion de l’humanité ». L’une des sources, trop souvent ignorée, de la pensée unique (expression que je crois avoir été le premier à employer) est l’idée que les problèmes politiques ne sont en dernière analyse que des problèmes techniques. L’homme étant posé comme un individu rationnel qui cherche toujours à maximiser son propre intérêt, on suppose qu’il n’y a pour tout problème qu’une seule solution optimale rationnelle elle aussi (« there is no alternative », disait Margaret Thatcher). Cette conception du monde fondamentalement impolitique ignore complètement que le politique est irréductiblement conflictuel compte tenu de la pluralité des projets et de ce que Max Weber appelait le « polythéisme des valeurs ». C’est un retour à la vision saint-simonienne, selon laquelle il faudrait substituer l’administration des choses (la « gouvernance ») au gouvernement des hommes. À terme, cette vision transforme les rapports entre les hommes en rapports avec des choses. C’est ce que le jeune Georg Lukács appelait la « réification » (Verdinglichung) des rapports sociaux.

    Vous voyez dans le rêve de transparence intégrale des sociétés postmodernes un « idéal fondamentalement nihiliste » et totalitaire. La crise du nihilisme européen annoncée par Nietzsche à la fin du xixe siècle est-elle en train d’accoucher d’une société à la fois compatissante et dictatoriale ?

    « Compatissante et dictatoriale » est une bonne formule. La façon dont la sensiblerie a remplacé la sensibilité, dont l’émotionnalisme lacrymal s’est substitué aux arguments raisonnés est très parlante à cet égard. Ce n’est plus Big Brother qui gouverne, mais Big Mother. Voyez ce que Christopher Lasch a écrit sur la montée de l’« État thérapeutique ». À l’heure de la chasse au coronavirus, on constate que c’était prophétique.

    « Nous vivons désormais sous l’horizon de la fatalité », écrivez-vous. Iriez-vous jusqu’à penser, comme Maria Zambrano en 1945, qu’il s’agit là d’une « servilité devant les faits » annonçant l’agonie prochaine de l’Europe ?

    Il y a une révérence devant « les faits » qui conduit elle aussi à l’impuissance. C’est l’un des ressorts de l’expertocratie. Or, les faits ne signifient rien par eux-mêmes, ils sont indissociables d’une herméneutique. L’homme est un animal qui interprète ce qu’il connaît en fonction de ses projets et de ses choix. Quand je parle d’un « horizon de la fatalité », je veux dire que le message implicite distillé aujourd’hui par à peu près tous les médias est que nous vivons dans un monde certes imparfait, mais qui reste quand même le meilleur sinon le seul possible. Beaucoup de nos contemporains ont intériorisé cette idée, à laquelle je ne crois pas un instant.

    Vous reprochez aux nouveaux censeurs de faire des Lumières un « socle de légitimité » qui leur permet d’imposer des formes inédites de Terreur. Quel regard portez-vous sur les Lumières ?

    La philosophie des Lumières s’est voulue émancipationniste, et elle nous a effectivement libérés de certains dogmes religieux. Malheureusement, elle a aussi rendu possible d’autres formes d’aliénation humaine, ainsi que l’avaient bien vu Horkheimer et Adorno : dislocation des cultures enracinées et des valeurs partagées, soumission aux diktats de la Technique, esclavage du salariat (le remplacement du métier par l’emploi), obsession de la croissance et hybris de la marchandise, remplacement des inégalités de statut par l’explosion des inégalités économiques, etc. Son épine dorsale, l’idéologie du progrès, qui conviait à regarder toute l’histoire advenue avant nous comme un amas de traditions et de superstitions sans valeurs, est aujourd’hui entrée en crise. La peur de l’avenir a remplacé les « lendemains qui chantent ». Les Lumières ont joué leur rôle, mais elles ont aussi fait leurs temps (aux deux sens du terme).

    De manière directe ou indirecte, c’est la modernité que vous attaquez dans la plupart de vos livres. La liberté de pensée que vous revendiquez ne fait pourtant pas de vous un antimoderne fidèle à une tradition spécifique. Est-ce là l’équation personnelle qui est à l’origine de bien des malentendus vous concernant, et qui fait qu’il est si difficile de vous situer sur l’échiquier intellectuel contemporain ?

    Je suis très allergique aux étiquettes, c’est sans doute pour cela qu’il est difficile de me situer ! Cela dit, les « malentendus » dont vous parlez se dissipent vite si l’on prend la peine de me lire. Je suis en effet un critique d’une modernité essentiellement portée par l’économisme et l’individualisme qui caractérisent l’Homo œconomicus. Mais je n’ignore pas que je suis aussi un enfant de cette modernité. Disons seulement que, tout en étant conscient que beaucoup de choses « étaient mieux avant », je ne suis pas un adepte du restaurationnisme. Je crois plutôt à la possibilité d’un nouveau commencement.

    Face à la tyrannie des minorités, vous affirmez que la véritable majorité « est dans le peuple. Elle est le peuple. » Les débats autour du « populisme » montrent pourtant que la notion de « peuple » est devenue problématique. Les classes populaires ne sont-elles pas les premières atteintes par la pensée unique ?

    Je n’idéalise pas le peuple, que j’essaie d’envisager dans sa double dimension de l’ethnos et du demos. Vous avez raison de dire que cette notion est problématique, ce que je souligne moi-même dans mon livre sur le populisme (Le Moment populiste, 2017). Mais les élites sont plus subjuguées encore par l’idéologie dominante, parce que celle-ci correspond à leurs intérêts. Je reste sur ce point fidèle à Jean-Claude Michéa : c’est dans le peuple, dans les classes populaires, où les réactions spontanées sont plus saines, qu’il faut rechercher le sujet historique de notre temps.

    Votre dernier livre est une invitation « au rassemblement des esprits libres et des cœurs rebelles ». Un hymne à la liberté en somme, dévoyée par le libéralisme. Pourriez-vous revenir sur cette question qui est présente dans la plupart de vos écrits ?

    Le libéralisme est à la liberté ce que l’égalitarisme est à l’égalité. Son anthropologie reposant sur un homme hors-sol, dessaisi de ses appartenances et de ses héritages, se construisant lui-même à partir de rien, la seule liberté qu’il reconnaisse est la liberté individuelle. Les cultures, les peuples, les pays ne sont à ses yeux que des agrégats hasardeux d’individus. Je pense au contraire que la liberté est indissociable du commun : je ne peux pas être libre si mon pays ne l’est pas.

    Vous invitez à une sorte de fronde civique et intellectuelle, mais la grande question demeure : pourquoi est-il devenu si difficile, et si risqué, d’être courageux aujourd’hui ?

    Le courage civil est plus rare que le courage militaire. Il comporte des risques que la plupart des riches et des puissants trouvent insupportables : perdre sa carrière, perdre son rang, perdre ses privilèges, perdre son argent. C’est toujours plus facile de rallier les « mutins de Panurge », comme disait notre cher Philippe Muray.

    Parmi les procédés inquisitoriaux, il en est un qui consiste, dites-vous, à fouiller le passé d’un auteur pour y découvrir quelque péché de jeunesse « comme si la vie d’un homme pouvait être ramenée à un épisode de son existence ». Pensez-vous être resté fidèle à vous-même ou avoir évolué ?

    La formule que vous citez est de Karl Marx. Le fait d’avoir évolué ne m’a jamais empêché d’être fidèle à moi-même. C’est en restant l’esprit en éveil, en gardant intacte sa capacité de curiosité, que l’on est le mieux fidèle à soi-même. Chez moi, cette évolution a, comme toujours, été marquée par des lectures décisives (Hannah Arendt, Günther Anders, Louis Dumont, Karl Polanyi, Charles Péguy, Martin Buber et tant d’autres), mais elle est aussi le reflet du monde extérieur. Je suis de ceux qui ont eu le triste privilège d’avoir vu disparaître en l’espace d’une génération une civilisation française et une religion catholique. On peut y ajouter la fin du monde rural, l’arraisonnement du monde, le déchaînement de l’axiomatique de l’intérêt, l’effondrement de la culture, la marchandisation planétaire, le règne de l’argent transformé en capital, la montée de l’indistinction sous les effets de ce que j’ai appelé l’idéologie du Même. En trente ans, nous avons totalement changé de monde. On n’analyse pas ce qui vient en regardant dans le rétroviseur

     

    est philosophe et essayiste, professeur émérite de philosophie des religions à la Sorbonne. Dernier ouvrage paru : "Jung et la gnose", Editions Pierre-Guillamue de Roux, 2017.
     
  • Honteux !, par Jean Monneret. (1)

    Macron choisit le pro FLN Stora …

    Ce qui se trame dans les rapports franco-algériens n’augure rien de bon. Emmanuel Macron a confié à l’historien d’extrême-gauche Benjamin Stora une mission «  sur la mémoire de la colonisation et de la guerre d’Algérie  » Il s’agirait ni plus ni moins que de formuler des «  recommandations pour la réconciliation entre les peuples français et algériens  ». Selon M. Macron cité par l’AFP, il s’agirait de créer la «  possibilité pour notre jeunesse de sortir des conflits mémoriels  » Mazette  !

    2.jpgDe fait, Stora est considéré comme le «  meilleur spécialiste de l’Algérie  » Considéré par qui  ? Par les media évidemment lesquels depuis longtemps, lui donnent exclusivement la parole. Ses thèses, pourtant hautement biaisées, ne sont donc jamais contestées. Facile ainsi d’être le meilleur quand la concurrence est interdite.

    Stora est connu pour avoir multiplié les écrits et les déclarations sur l’histoire de la France en Algérie. Il n’est pas excessif d’estimer qu’il se livre à un procès permanent et exclusivement à charge contre la colonisation, l’Armée Française et les Pieds-Noirs. Pour reprendre une expression de Jean Sévillia, «   ses travaux ont épousé la relecture de la présence française par les mouvements indépendantistes  ». (Figarovox du 27/7/2020).

    Qu’on en juge  : Stora a déclaré, en opposition à Camus, qu’il «  n’y avait pas d’autre voie pour les Algériens (comprendre le FLN) que la violence révolutionnaire  » (comprendre le terrorisme) Philosophie Magazine, Hors-Série N°) 06296. Quand on connait les méthodes du FLN, il y a de quoi s’indigner. Il a aussi affirmé à Bordeaux que la France avait perdu la guerre d’Algérie militairement. Et pour finir, il a dit aussi «  qu’il ne fallait pas instrumentaliser (sic) les massacres d’Européens du 5/7/62 à Oran  ». Quand on sait la répugnante instrumentalisation qui est faite des morts du 17 octobre 61 à Paris, on ne peut que déplorer ce deux poids, deux mesures.

    Bref, en matière de rapports franco-algériens, on voit mal ce qui oppose Stora au FLN au pouvoir à Alger, mis à part quelques légères nuances. Il est en fait, un des plus sonores hérauts de la repentance française envers l’Algérie. Cette repentance que Nicolas Sarkozy, un jour de grande inspiration, définissait justement comme «  la haine de soi  ».

    Et du côté algérien  ? Aurait-on choisi pour rencontrer Stora un interlocuteur point trop hostile à la France et capable de points de vue équilibrés ? Que nenni  ! Il s’agit d’Abdelmajid Chikhi, responsable des Archives et de la Mémoire, personnage connu pour son intransigeance islamiste et sa hargne antifrançaise. Nommé le 29 avril, il a violemment attaqué la France 9 jours plus tard. Il a accusé Paris de, je cite, «  livrer une lutte acharnée contre les composantes de l’identité nationale (algérienne)  ». Et depréciser  : «   la langue arabe, l’Islam et les coutumes ancestrales (sic)  ».

    Dans ces conditions, craignons que les rencontres de cet individu avec Stora n’aboutissent à un nouvel aplatissement de la partie française, tandis que l’atmosphère expiatoire qui caractérise les échanges franco-algériens s’épaissirait encore. Comment ne pas être d’accord avec l’opinion de Jean Sévillia sur Benjamin Stora  : «  Il n’est pas le meilleur choix  ».

    Jean Monneret, historien, spécialiste de la guerre d’Algérie auteur notamment de  :Histoire cachée du Parti communiste algérien  : de l’Étoile nord-africaine à la bataille d’Alger, Via Romana,)Camus et le terrorisme, Paris, Éditions Michalon, 2013, Le martyre oublié des chrétiens chaldéens  : être catholique en Turquie, Versailles, Via Romana, 2012,La Phase finale de la guerre d’Algérie, Paris/Montréal (Québec)/Budapest etc., L’Harmattan, 2010,

    Benjamin Storaa été membre du groupe trotskiste Alliance des jeunes pour le socialisme, l’organisation de jeunesse de l’Organisation communiste internationaliste, dirigée par Pierre Lambert. Il fit partie du comité directeur de l’OCI de 1977 à 1984. Il est permanent de l’OCI de 1976 à 1981. 

    Ilest un des principaux fondateurs du syndicat UNEF-ID, lors du congrès de Nanterre en 1980, qui mobilise des éléments de gauche en dehors du PCF (trotskystes lambertistes, courant auquel il appartient et socialistes). 

    Avec l’ensemble du secteur jeunesse de l’OCI,ilrejoint le Parti socialiste en 1985 pour le courant «  Convergences socialistes  ».

  • Mai 68 • Un rendez-vous manqué [2]

    Les gauchistes et le peuple : un amour déçu 

    Outre le contraste socioéconomique, il y avait entre petit-bourgeois estudiantins et ouvriers de souche française une différence de nature ethnique. Les « indigènes » des banlieues et des villes moyennes se méfièrent de ces allogènes parisiens qui jouaient au prolo. Comme ce levantin au regard condescendant de « Benny Lévy [qui] avait troqué l’accent de sa mère pour les intonations du populo. À Normale sup, il avait appris par cœur des pages et des pages de vocabulaire grec. Désormais, avant d’aller haranguer les ouvriers de Renault-Billancourt, il potassait L’équipe, de façon à connaître les résultats du foot sur le bout des doigts. »[1]

    Les « établis », ces diplômés des grandes écoles qui allaient dans les usines pour s’immerger au cœur du prolétariat, ils les voyaient comme des taupes de la classe possédante. Comme des élites auto-proclamées qui désiraient être leurs nouveaux maîtres. La classe ouvrière française refusa que ces colons aschkenazim deviennent leurs nouveaux représentants. Elle resta attachée aux syndicalistes en place. Ils lui ressemblaient plus. Quelle ne fut pas la déception chez les « établis ».           

    C’est cette déception qui, d’après Jean Birnbaum, a entraîné l’émergence du néoconservatisme français. Pour lui, un néoconservateur est « un maoïste qui a perdu son peuple. »[2] On retrouve dans son ouvrage un témoignage fort intéressant sur cette question : « ʽʽÀ partir du moment où j’ai compris qu’il était figé, j’ai abandonné mon peuple, confiait Guy Landreau, non sans préciser que son camarade Benny Lévy avait eu la possibilité, lui, de s’en inventer un nouveau : ʽʽBenny a tenté de redécouvrir une autre notion du ʽʽpeupleʼʼ. Il l’a fait à partir d’un concept très archaïque dont sa mère l’avait rendu coupable. La mère, ça s’appelle le peuple. Donc Benny s’est posé la question : quel est mon peuple ? Il avait longtemps cru – ça je suis fondé à le dire – que c’était le peuple français, ce peuple auquel nous tenions, lui comme moi, sur le même thème barrésien et aragonien. Ce peuple de la Résistance, le peuple de Jeanne dʼArc, qu’il avait existé ou non, nous l’avions en commun. Mais le mien était in-déplaçable. Je n’en ai plus. Benny, lui, a pu déplacer le sien : c’est sans doute une chance qui lui a été donnée, d’être juif.ʼʼ »[3]  

    La France, pour ce peuple sans terre qu’étaient les révolutionnaires professionnels, devint vite une terre sans peuple

    Ainsi la vox populi n’eut pas tort de réagir avec scepticisme voire avec suspicion – si ce n’est avec crainte – lorsque dans le quartier Latin les premières barricades furent élevées et les premières voitures flambèrent. « La chroniqueuse canadienne, Mauvis Gallant, installée à Paris, note les détails de la vie quotidienne [...]. Elle écrit : ma femme de ménage me confie : Maintenant on sait qui est responsable de tout ça. Des commandos d’étrangers et d’apatrides. Ils sont arrivés par voitures entières. ʽʽQui vous a dit cela ?ʼʼ Mais tout le monde le dit. Rumeurs et peur vis-à-vis de l’étranger caractérisent bien le climat agité de la fin du mois de mai. À un mois de l’ouverture, prévue le 1er juillet 1968, des frontières de la Communauté économique européenne, les manifestants parisiens du 24 mai opposent à ces déclarations nationalistes les slogans : ʽʽNous sommes tous des juifs allemands et ʽʽLes frontières on s’en foutʼʼ. »[4]  

    Les ouvriers français, soucieux de préserver leur identité, veulent des frontières, qui les protègent économiquement, assurent leur sécurité culturelle. Or ils n’ont pas moins pris part au mouvement de Mai ; ils lui ont même donné sa force et son éclat – la plus grande grève de l’histoire de France –, non point derrière la caste des compradores en puissance, les Cohn-Bendit, Geismar, Krivine, etc., mais sous la direction des grandes centrales syndicale, C.G.T. en tête. 

    Le chef du syndicat communiste, Georges Séguy, s’en prend d’ailleurs de manière virulente à Daniel Cohn-Bendit, la « star de Mai 1968 », dans un livre consacré aux événements, Le Mai de la CGT. « Je voulais, par cette réponse, donner à réfléchir sur le rôle exact de ce personnage et sur ses affinités politiques nationales et internationales. Le gouvernement en savait bien plus sur son compte qu’il ne l’a jamais avoué. Un jour dans un discours Georges Pompidou a parlé de ʽʽcertains individus déterminés, munis de moyens financiers importants et d’un matériel adapté aux combats de rue, dépendant à l’évidence d’une organisation internationale »[5].

    À l’évidence, l’instinct populaire – René Descartes n’a-t-il pas écrit dans Le Discours de la méthode que le bon sens est la chose du monde la mieux partagée ? en dépit d’une certaine tendance à la déformation, ne s’est pas trompé. Ces révolutionnaires professionnels venus de l’Est, et en particulier du Yiddishland, ne méritaient pas de recevoir le soutien de la base ouvrière française.  (Dossier à suivre)   

    [1]  Jean Birnbaum, Les Maoccidents. Un néoconservatisme à la française, Paris, Stock, 2009, p. 101.

    [2]  Ibid., p. 122.

    [3]  Ibid., p. 99.

    [4]  Michelle Zancarini-Fournel, Le Moment 68. Une histoire contestée, Paris, Seuil, 2008, p. 22.

    [5]  Cité par Jacques Capdevielle et Henri Rey, Dictionnaire de Mai 68, Paris, Larousse, 2008, p. 136. 

     

    Retrouvez les articles de cette série en cliquant sur le lien suivant ... 

    Dossier spécial Mai 68

  • Le Comte de Paris, dans Valeurs actuelles : ”Il y a une dérive oligarchique du pouvoir” 

    Le 25 février dernier, Nicolas Boutin s'entretenait avec le Prince, pour Valeurs actuelles. L'ensemble de l'article est réservé aux abonnés, mais en voici l'entame... 
     
    Prétendant à la couronne de France et descendant direct de Louis XIII, le prince Jean d’Orléans vit dans le Sud de la France. Alors que la France doit désigner son prochain chef de l’État, il nous livre ses impressions et ses inquiétudes sur le pays, la politique et la crise sanitaire. Entretien.
    Le prince Jean d'Orléans et sa famille rencontraient Emmanuel Macron, à l'occasion du 500e anniversaire de la mort de Léonard de Vinci, à Amboise, le 2 mai 2019. Photo © PHILIPPE WOJAZER / POOL / AFP
     

    Valeurs actuelles. Vous vivez aujourd’hui dans le sud de la France, en territoire rural. L’occasion pour votre famille de garder le contact avec une certaine France profonde ?


    Prince Jean d’Orléans. Depuis le retour d’exil de mon grand-père, notre famille a toujours été implantée au milieu du village qu’est la France. Mon grand-père avait parcouru le pays pour connaître la France en profondeur, ce que j’ai fait ensuite un certain nombre d’années, jusqu’à la sortie de mon livre « Un Prince Français » (Pygmalion). Un tour de France des différentes régions pour prendre le pouls du pays. Aujourd’hui dans notre environnement immédiat, j’ai eu l’occasion de revoir le maire de Toulouse, Jean-Luc Moudenc, de visiter l’école Ozar Hatorah de Toulouse, qui avait été visée par Mohammed Mérah en 2012. Je rencontre aussi un certain nombre d’acteurs politiques, économiques et sociaux. Pour moi, c’est vital.

    Quel est le but de ces rencontres ? Quel sens voulez-vous donner à votre présence ?
    Il faut savoir ce que pensent les Français, dans leur spécificité, prendre la mesure des attentes du pays dans l’ensemble de ses composantes. C’est une démarche discrète mais nécessaire pour être capable de réfléchir aux mesures à prendre. On ne peut pas prendre des décisions sans voir la réalité des choses.

    A la sortie de ces rencontres, dans quel état se trouve la France aujourd’hui, de votre point de vue ?
    La France est sous contrainte et perfusion. Avec la pandémie, les Français ont dû adapter leur façon de travailler. Malgré toutes les restrictions imposées, dont on ne sait pas si elles ont vraiment servi, de nombreux Français ont continué à diriger leurs entreprises, à garder leurs clients, etc. Nous avons vu des circuits courts se développer, des solidarités se mettre en place. Nous avons pu ainsi garder notre allant, nos villes « franches », notre liberté d’entreprendre…

    2022 est une année présidentielle. Allez-vous jouer un rôle d’aiguillon, d’observateur, d’acteur ?
    J’espère pouvoir le faire sereinement. Ces échéances sont importantes. La France doit retrouver une certaine dynamique, assez absente ces deux dernières années. Le débat est resté sur cette pandémie alors qu’il y a de nombreux autres sujets qui préoccupent nos compatriotes : la justice, la sécurité, le travail, la retraite, la santé… L’hôpital est malade, depuis des années. La pandémie n’a fait que révéler ces difficultés. Il y a aussi un nombre de fractures incroyables. Les pauvres sont laissés de côté au profit d’une société française qui dérive vers l’oligarchie. Il n’y en a que pour les privilèges. La présidentielle doit remettre au centre toutes ces problématiques.

    Doit-on conserver ce mode de gouvernance ?
    C’est une question institutionnelle. Avec le quinquennat, le modèle de la Ve République ne colle plus. Soit on revient au septennat pour avoir deux rythmes qui cohabitent et collaborent : le rythme long du président de la République qui gère les affaires importantes et qui donne les directions, s’occupe de la cohésion nationale. Et le gouvernement, avec un rythme différent, qui peut être d’un parti opposé et qui joue sa partition et gère le quotidien. Avec ce dernier quinquennat, on observe un glissement institutionnel, vers une vision égoïste des choses et des privations de libertés individuelles et publiques. Ce n’est pas un bon système. S’ajoute à cela l’élection qui favorise le clientélisme. Une fois élu, il faut une année pour se mettre en place, trois ans pour exercer et une année pour préparer les prochaines élections. Que peut faire un président de la République ? A côté de cela, il n’y a plus de contre-pouvoir. Les syndicats ont disparu, l’Église est empêtrée dans ses difficultés, les hautes chambres et les ministres sont pris dans des liens d’intérêts économiques et financiers..

  • Krach boursier de 30 % début 2020 : le Titanic ou le Hindenburg en 2021 par Marc Rousset

    Wall Street a terminé en très légère hausse, ce vendredi 22 novembre, porté par un indicateur de confiance des consommateurs jugé satisfaisant, mais oublieux des messages contradictoires en provenance de Chine ainsi que des taux de croissance peu rassurants. Les boursiers américains se raccrochent à la moindre hirondelle, pensant qu’elle fait le printemps…

    À Paris, la semaine a été morne, avec des volumes très faibles de 3 milliards d’euros par séance, signe d’un manque d’entrain, après les envols frénétiques des semaines précédentes vers les 6.000 points. La hausse s’est cristallisée sur les seules grandes valeurs du CAC 40, car faciles à revendre, l’indice des petites et moyennes entreprises étant, au contraire, très stable, à 13.000 points, certaines accusant des chutes spectaculaires sur 12 mois : -60 % pour Showroomprivé, -55 % pour Marie-Brizard, -45 % pour Haulotte Group, -34 % pour Bic.

    1663498024.jpgLe système financier, avec ses bulles boursières, obligataires et immobilières, se dirige tout droit vers l’hyperinflation et un effondrement monétaire pour apurer l’hyper-endettement impossible à rembourser, ce qui constituera l’étape ultime d’une crise qui a commencé en 2008. Pourquoi la Serbie vient-elle d’acheter 9 tonnes d’or ? « En cas de crise », répond son président, tandis que Le Revenu titre « Assurance-vie : faut-il sortir des fonds en euros », car l’argent des épargnants placé en obligations d’État ne rapporte plus rien, et que le quotidien économique Les Échos titre « Avis de tempête sur le secteur européen de l’assurance ».

    Quelques experts viennent de déterrer deux « indicateurs techniques » de derrière les fagots avec des noms à faire trembler les foules : l’indicateur « Présage Hindenburg », faisant référence au krach du zeppelin Hindenburg, en mai 1937, à New York, et l’indicateur « Syndrome du Titanic », les deux clignotant au rouge. Le premier indicateur se base sur le fait que beaucoup de valeurs atteignent leur plus haut durant l’année, ou bien que ces valeurs atteignent toutes leur plus bas ; le deuxième indicateur clignote lorsque, avec un indice au plus haut depuis un an, le nombre des « nouveaux plus bas » des valeurs boursières dépasse le nombre des « nouveaux plus hauts » pendant sept jours de suite.

    Les indicateurs techniques et les méthodes graphiques sont à manier avec précaution, mais ne serait-ce pas un signe de ce qui nous attend ? Lorsque la perte de confiance dans le système aura encore augmenté ? Nous pensons plutôt, tant que les banques centrales peuvent encore réagir en abreuvant le marché de liquidités, à un krach-correction de 20 à 30 %, début 2020, semblable à la correction de 20 à 30 %, fin 2018, avant que la Fed n’intervienne.

    Aux États-Unis, le moment de vérité approche. Les nouvelles injections de liquidités ont poussé les marchés américains vers de nouveaux records, tandis que les facteurs sous-jacents de l’économie réelle continuent de se dégrader. Sans les opérations record sur le marché monétaire du « repo » et le nouveau QE de la Fed, Wall Street aurait déjà dérapé. La croissance américaine ne sera que de 0,3 % au quatrième trimestre, selon la Fed, tandis que les Bourses ignorent les déficits publics et commerciaux qui explosent ainsi que la dédollarisation en cours. Un krach des marchés de 30 %, en 2020, et un cours de l’once d’or à 1.900 dollars sont du domaine du possible.

    Henry Suttmeier, du magazine Forbes, reproche à Jerome Powell, le président de la Fed, de ne pas voir les bulles qui se forment, et plus particulièrement une nouvelle bulle immobilière, tandis que les dettes des ménages continuent de gonfler dangereusement et que l’OCDE s’inquiète d’un risque de stagnation, à long terme, de l’économie mondiale, avec des taux de croissance qui diminuent partout dans le monde, sauf en Inde.

    Le bilan de la BCE est à 4.680 milliards d’euros. Christine Lagarde doit en finir avec la politique monétaire insensée du « QE » et des taux négatifs, quitte à déplaire aux marchés, à Macron et à l’Italie, car ces taux sont contraires au bon sens économique, porteurs de bulles ainsi que d’une catastrophe en 2021, semblable à celles du Titanic et du Hindenburg.

  • Philippe de Villiers : Menaces sur le Puy du Fou à cause d'un arrêté liberticide du ministère de la Culture !

     

    Le fondateur du Puy du Fou s'insurge contre « l'arrêté liberticide » du Ministère de la culture qui, « sous la pression de la CGT-Spectacle », menace l'existence même du Puy du Fou. 

     

    cb41b84ef8f7e31b3ecc0a20f872c4d3.jpg« Il faudra des autorisations annuelles, un registre, un pointage central, etc.

    Il n’est pas question de remplacer les bénévoles par des professionnel. Or, le Puy du Fou est un démenti vivant à l’opposition entre amateurs et professionnels.

    C’est le principe même de cette idéologie mortifère qu’il faut dénoncer : c’est le principe de la gratuité dans la société qui est menacé. Une société sans gratuité est une société qui meurt de froid ! Ces gens-là sont des dinosaures du soviétisme ! »

    Philippe de Villiers, vous avez visé ce matin un arrêté du ministère de la Culture encadrant davantage l’activité du bénévolat dans le spectacle vivant.
    Pour quelle raison avez-vous déclaré que cela programmait la mort du Puy du Fou ?

    À la demande et sous la pression de la CGT spectacle, le ministère de la Culture a repris un vieux projet qui consiste à dire que ce que les bénévoles font dans le spectacle vivant est soustrait au travail des professionnels salariés, et notamment des intermittents.

    Cet arrêté liberticide apporte des éléments nouveaux d’encadrement à ce que le ministère appelle « la pratique amateur », pour ne pas prononcer le mot bénévolat.
    Premièrement, pour interpréter un spectacle vivant, il faudra une autorisation annuelle du ministère de la Culture. Elle prendra la forme d’une convention dont on connaît mal encore le cahier des charges. On sait déjà qu’il faudra donner l’identité et la nature du spectacle. Je crains le pire !

    Ensuite, il faudra un pointage des acteurs. Pour le Puy du Fou, c’est 4000 membres actifs ! Imaginez le pointage avec un grand registre central à la régie du Puy du Fou. C’est de la folie pure !

    Et enfin, le plus grave est que le nombre de séances est contingenté par bénévole et pour l’ensemble. On ne peut pas aller au-delà de huit séances avec des bénévoles. Chaque bénévole ne peut pas participer à plus de trois spectacles dans l’année. Le Puy du Fou ne peut pas appliquer cet arrêté. C’est donc la fin du Puy du Fou !

    À la suite de l’article paru dans le Figaro, le ministère de la Culture s’est ébroué. Il semblerait que l’arrêté pourrait être aménagé pour qu’il soit praticable sans être liberticide. 

    Si cet arrêté est mis en place, on peut imaginer qu’un spectacle comme La Cinéscénie aura beaucoup de mal à se jouer…

    Ce sera fini. Il n’est pas question de remplacer les bénévoles par des professionnels.

    Le Puy du Fou n’est que la pointe-de-diamant. C’est le principe même de bénévolat culturel, voire social, qui est dans l’œil du cyclone, de même que le principe de la gratuité dans la société.

    Une société sans gratuité est une société qui meurt de froid. Derrière tout cela, il y a une idéologie mortifère. Il faut la dénoncer. C’est la raison pour laquelle ce matin j’ai lancé avec d’autres un appel dans Le Figaro. Pour l’instant, beaucoup de gens naïfs ne se sentent pas concernés. Ils vont très très vite comprendre. Toutes les chorales par exemple vont disparaître.

    La CGT est l’idiot utile du capitalisme. Comment le voyez-vous ?

    Leur attitude est aberrante. Le Puy du Fou a 600 intermittents du spectacle. Opposer les professionnels aux bénévoles dans le spectacle vivant est une aberration. Le Puy du Fou apporte un démenti vivant à cette opposition.
    Ces gens-là sont des dinosaures de l’Union soviétique qui ne pensent que par l’Ancien Monde du soviétisme. Ils appellent la pratique amateur, l’ennemi du professionnalisme. À chacun son statut des cheminots.   

    (Boulevard Voltaire, 14.03.2018)
  • Livres & Mémoire • Les martyrs d’Algérie

     
    Par  Bruno de Chergé
     

    Photo-actu-10.jpgLe Vatican avait annoncé samedi 27 janvier 2018 que le pape François a autorisé la promulgation du décret de béatification de Mgr Pierre Claverie, ancien évêque d’Oran, et de dix-huit autres religieux et religieuses morts en martyrs en Algérie entre 1994 et 1996.

    Le décret avait été signé sans date ni lieu de béatification, contrairement aux usages en la matière. Les évêques d’Algérie souhaitaient que la béatification se passât en Algérie. Des discussions ont eu lieu avec les autorités algériennes, en lien étroit avec le Vatican, c’est-à-dire la Congrégation pour la Cause des Saints.

    Le temps passait et les espoirs de voir cette béatification se dérouler rapidement s’amenuisaient. En effet, se profile en 2019 une année d’élection présidentielle en Algérie, avec des interrogations sur la possibilité pour le Président Bouteflika de se représenter malgré son état de santé. Et, puis, coup de théâtre, après une réunion début septembre à Rome et de nombreux échanges avec le Ministre des Cultes algérien, la date et le lieu sont enfin tombés : ce sera le 8 décembre à Oran, en la Basilique Santa Cruz qui vient d’être rénovée.

    Des rumeurs insistantes évoquaient la venue du Pape à cette béatification. Si le Pape est incontestablement derrière l’accélération du calendrier de la béatification de ces 19 martyrs d’Algérie, il est difficile pour le chef de l’Église de se rendre ainsi dans un pays dont l’Islam est devenue la religion d’État par la Constitution de 1963. L’Église n’a pas pu officiellement perdurer en Algérie pour le moment, à la différence des coptes d’Égypte. En 1964, 900.000 chrétiens quittent le pays. Il ne reste alors que 100.000 chrétiens et moitié moins dès 1970.

    Qui sont ces 19 martyrs de la foi honorés par l’Église ? Il y a des Maristes et des Petites Sœurs de l’Assomption, tués ensemble à Alger, le 8 mai 1994. Deux sœurs Augustines Missionnaires tuées le 23 octobre 1994, sur la route, tandis qu’elles se rendaient à la messe dominicale. Quatre Pères Blancs, tués le 27 décembre 1994 à Tizi-Ouzou, tandis qu’ils fêtaient ensemble leur confrère Jean Chevillard. Les Sœurs de Notre-Dame des Apôtres ont aussi deux martyres. Elles ont été tuées le 3 septembre 1995, alors qu’elles sortaient de la messe du dimanche. Sœur Odette Prévost, des Petites Sœurs du Sacré-Cœur, a été tuée à Alger, le 10 novembre 1995, tandis qu’elle se rendait à la messe. Le groupe le plus nombreux est formé par les sept Frères trappistes du monastère de Tibhirine : Christian de Chergé, le prieur ; Frère Luc Dochier, le médecin ; Père Christophe Lebreton, poète ; Frère Michel Fleury ; Père Bruno Lemarchand qui se trouvait à Tibhirine de passage, pour l’élection du prieur. Le père Célestin Ringeard et le Frère Paul Favre-Miville complètent le groupe. Ils ont été pris en otages la nuit du 26 mars 1996 et ils vont vivre cette tragique situation pendant 56 jours. On ne retrouva que leurs têtes, le 21 mai 1996. Le dernier du groupe est Monseigneur Pierre Claverie, évêque d’Oran, tué à Oran le 1er août 1996.

    Pour découvrir l’itinéraire des moines de Tibhirine, l’Association pour les Écrits des sept de l’Atlas vient d’éditer Autobiographies spirituelles, Heureux ceux qui espèrent aux éditions du Cerf. Un beau livre qui permet de les connaître, d’entrer dans leur intimité et de cheminer avec eux vers le Golgotha, jusqu’aux instants ultimes où ils furent enlevés puis exécutés.

    On retrouve le portrait rugueux et généreux de Frère Luc, la quête mystique de Christian de Chergé. On vit avec cette Église d’Algérie qui fait sienne l’enfouissement post-Vatican II, dans un pays totalement musulman, et déchiré par une guerre civile initiée par les islamistes du GIA. 

    Mais, ces moines restaient un signe dans la montagne de l’Atlas. La Communauté du Chemin Neuf essaie de continuer une vie chrétienne à Tibhirine.

    Heureux ceux qui espèrent, Autobiographies spirituelles, Editions du Cerf, Bayard, Abbaye de Bellefontaine, 757 p, 29 €.

    Bruno de Chergé
    Politique magazine
  • Les mots de trop d’Emmanuel Macron au Liban, par Georges Michel.

    Source : https://www.bvoltaire.fr/

    a vraiment un problème avec la question de la souveraineté. Nous en avons encore eu un exemple lors de sa visite à Beyrouth, jeudi 6 août. Qu’ ait été le premier chef d’État à marquer sa solidarité par sa présence sur les lieux de la catastrophe est une excellente chose. Les liens historiques entre la France et le le commandaient. Mais ce Président a vraiment le don de tout gâcher, de transformer l’or en plomb.

    8.jpgAinsi, était-il obligé de tenir des propos qu’aurait pu prononcer un chef d’État administrant un protectorat ? Certes, des propos tenus à brûle-pourpoint, dans un contexte très particulier, dans la chaleur d’une rencontre avec une population sous le choc après la terrible catastrophe et excédée par l’impéritie de ses gouvernants, « Je vais leur proposer un nouveau pacte politique cet après-midi. Et je reviendrai pour le 1er septembre, et s’ils ne savent pas le tenir, je prendrai mes responsabilités avec vous. » Qu’est-ce que cela veut dire ? Concrètement ? Que s’ils n’appliquent pas ce pacte, il se pointera en rade de Beyrouth avec une armada pour imposer ce pacte ? Il est vrai, aussi, qu’Emmanuel Macron aime bien se payer de mots et l’on aimerait bien connaître la teneur de ce « pacte ».

    Les événements ne sont pas comparables, mais souvenons-nous de la réaction agacée de Jean-Yves Le Drian, en décembre 2018, lors de la crise des gilets jaunes, lorsque Donald Trump s’amusait à mettre son grain de sel en commentant, sur Twitter, la situation sociale en France. « Je dis à Donald Trump, et le président de la République le lui a dit aussi : nous ne prenons pas partie dans les débats américains, laissez-nous vivre notre vie de nation. »

    Il y a tout juste quatre-vingt-dix ans, la Société des nations, ancêtre en quelque sorte de ce multilatéralisme tant vanté par Emmanuel Macron, mettait fin officiellement à la souveraineté de l’Empire ottoman sur le Liban et le confiait au protectorat de la France. Le 1er septembre de la même année, à la demande des maronites, le général Gouraud (1867-1946), gouverneur général, proclamait, du haut des marches de la résidence des Pins, l’État du Grand Liban. En 1926, cet État devenait officiellement une république, mais toujours sous mandat français. En 1941, après avoir été sous l’autorité de Vichy, le Liban, et plus largement le Levant, passait sous la coupe de la France libre. Le général Catroux (1877-1969) devient alors le représentant officiel de De Gaulle sur place. C’est à ce moment-là que les revendications indépendantistes libanaises se font de plus en plus pressantes. Un Pacte national libanais (Macron a dû lire la fiche Wikipédia dans l’avion…) est passé entre les principales entités libanaises (maronites, musulmans chiites et sunnites) et, après bien des péripéties, notamment le rejet à l’unanimité des articles de la Constitution libanaise faisant référence au mandat, la France libre est bien obligée d’accorder l’indépendance au Liban le 3 janvier 1944.

    Macron n’est ni Gouraud ni Catroux, encore moins de Gaulle. Cela se saurait déjà. Visiblement, comme de Gaulle, Macron semble avoir volé « vers l’Orient compliqué… avec des idées simples ». Celles d’un financier qui vient proposer son plan de restructuration de l’entreprise. À prendre ou à laisser, je repasse dans un mois ! Or, les vieux peuples n’aiment pas qu’on leur dise ce qu’ils doivent faire. Si le Pacte national libanais doit être refondé, ce n’est certainement pas à un pays étranger de le dire. Et surtout pas à Emmanuel Macron !

     

    Georges Michel

    Colonel à la retraite
  • Google, une certaine idée du séparatisme, par Alexandre Domovoï.

    Source : https://www.causeur.fr/

    Le moteur de recherche le plus utilisé du monde vient d’ajouter une fonctionnalité afin d’identifier les commerces tenus par des Noirs. Un petit pas pour le progressisme mais un grand pas pour le racialisme et la désunion nationale.

    Avec plus de 90% du marché, Google détient un quasi-monopole dans son domaine d’activité. Chaque seconde, plus de 80 000 requêtes sont effectuées sur son moteur de recherche dont la plupart proviennent des Etats-Unis. 

    Dans le contexte des émeutes liées au mouvement Black Lives Matter, l’entreprise vient de décider qu’il était de bon ton d’identifier publiquement les commerces tenus par les Afros-américains afin de soutenir cette communauté et d’inviter ses utilisateurs à privilégier ses représentants. Il s’agit surtout de faire preuve du plus cynique opportunisme économico-politique mais passons.

    Guerre au mâle blanc

    Le géant du Web n’en est pas à son coup d’essai. Dès 2018, Google ajoute une fonctionnalité « Women Led » afin d’identifier les commerces tenus par les femmes, se vautrant déjà alors dans l’idéologie SJW (Social Justice Warriors).

    Mais privilégier, c’est choisir, et choisir, c’est discriminer. Il n’échappe à personne que la guerre contre le mâle blanc est ouverte depuis un moment, mais on est désormais passé du stade de l’idéologie à l’application, de l’esprit à la matière. S’il faut privilégier les commerces tenus par des noirs ou des femmes, il convient donc d’éviter ceux tenus par des hommes blancs. Simple logique. Mais pourquoi s’arrêter là ? Le mouvement est lancé, il serait fort dommage de ne pas profiter de l’élan afin d’aller plus loin encore. Pourquoi ne pas prévoir l’identification des commerces blancs ? Il serait si simple de le faire digitalement. Et ne nous arrêtons pas ici non plus. Pourquoi ne pas inscrire « Cracker » (équivalent du terme péjoratif « babtou » aux Etats-Unis) directement sur les vitrines des enseignes comme le si bienveillant « Juden » des années 30 ? On pourrait même imaginer un symbole pour les entrepreneurs blancs.

    Les possibilités sont illimitées tant l’homme (pardon, la femme et l’homme…) est/sont ingénieu-e-s-x.

    Get Woke, Go Broke

    Google est loin d’être isolé dans ses initiatives « progressistes » comme peuvent en témoigner les récentes évolutions chez d’autres acteurs et dans d’autres domaines comme le site Internet Reddit, où les règles du site communautaire viennent d’être modifiées afin de permettre implicitement le racisme anti-blanc par une absence de sanction de la présence de ce dernier sur le site, ou encore au New York Times qui a pris la décision révolutionnaire d’écrire à l’avenir « Black » avec une majuscule et « white » avec une minuscule.

    Et pourtant il a déjà été démontré maintes et maintes fois par la pratique, notamment dans le monde universitaire, que toute tentative de discrimination positive est un échec.            C’est bien cela le plus triste : les premières victimes de cette initiative risquent à court terme d’être les commerçants noirs eux-mêmes. S’ils sont identifiés, ils peuvent tout aussi bien être évités…

    « Get Woke, Go Broke » (« Devenez éveillé et soyez fauché ») : ce nouvel adage apparu dans les milieux conservateurs américains fait référence aux multiples échecs progressistes dont Hollywood est le plus bel exemple. La plupart des films récents, ayant tenté de faire avaler aux spectateurs la pilule bleue du progressisme, ont d’ailleurs échoué au Box-Office (Ocean’s Eight, Ghostbusters, etc…).

    Beaucoup de commerçants Afro-américains ont déjà subi la casse et la ruine de leur boutique par les émeutiers lors des jours les plus violents des manifestations de juin. N’est-il pas temps de les laisser tranquilles ? Comme l’a si bien dit Morgan Freeman dans une interview accordée en 2006 où on lui a demandé ce qu’il fallait faire pour mettre fin au racisme : « Stop talking about it » (« Arrêtez d’en parler »).

  • Vers la guerre des races ?, de Guillaume de Premare.

    Source : https://lincorrect.org/

    En quelques jours, le concept de « privilège blanc », jusqu’ici principalement cantonné aux cercles indigénistes, a traversé l’Atlantique plus franchement pour s’inviter avec force dans le débat public en France, dans le contexte de la mort tragique de George Floyd.

    2.jpgLe concept de « privilège blanc » a été formulé par la chercheuse et féministe américaine Peggy McIntosh en 1988. Elle le définit comme « l’ensemble d’avantages, de prérogatives, de bénéfices et de choix immérités et indiscutables conférés à des individus du seul fait de leur couleur. » Peggy McIntosh estime que ce privilège, qui n’existe pas de jure puisque la ségrégation raciale a été abolie aux USA en 1965, existe de facto.

    En 2017, à l’université Evergreen, un professeur parfaitement progressiste et antiraciste, nommé Bret Weinstein, a été accusé de racisme pour avoir dit son désaccord avec l’instauration d’une journée où les blancs devaient quitter le campus.

    Depuis la fin des années 1980, la notion de « privilège blanc » fait florès sur les campus américains, parfois jusqu’à l’extrême. En 2017, à l’université Evergreen, un professeur parfaitement progressiste et antiraciste, nommé Bret Weinstein, a été accusé de racisme pour avoir dit son désaccord avec l’instauration d’une journée où les blancs devaient quitter le campus. Pour lui, en effet, « sur un campus universitaire, le droit de s’exprimer – ou d’être présent – ne doit jamais être fondé sur la couleur de la peau ».

    Ici se situe le clivage entre les antiracistes universalistes, qui refusent l’assignation de l’identité d’une personne sur la base de sa couleur de peau, et les antiracistes paradoxalement racialistes pour qui la couleur de peau constitue l’un des critères d’identité essentiels déterminant les interactions sociales, notamment les injustices, inégalités et discriminations. Cette racialisation des enjeux sociaux est présentée comme une donnée exprimée par les sciences sociales, mais il s’agit bel et bien d’une idéologie dont l’objectif est d’accréditer la thèse d’un « racisme systémique ».

    Ici se situe le clivage entre les antiracistes universalistes, qui refusent l’assignation de l’identité d’une personne sur la base de sa couleur de peau, et les antiracistes paradoxalement racialistes pour qui la couleur de peau constitue l’un des critères d’identité essentiels déterminant les interactions sociales.

    Le « privilège blanc » est en effet difficile à établir scientifiquement. Peggy McIntosh le caractérise elle-même comme un « sac-à-dos-invisible » : « En général, les Blancs jouissent d’un tel privilège sans en être conscients », justifie-t-elle. Alors, si le privilège blanc est invisible, comment le démontrer ? La sociologue américaine Robin DiAngelo, digne héritière de Peggy McIntosh, a trouvé la parade en 2018, en formulant le concept de « fragilité blanche », qui décrit les réactions fragiles « de défense » et « de déni » des personnes blanches « quand on les incite à envisager les implications raciales de leur existence ».

     

    Selon elle, quand un blanc refuse la caractérisation de sa couleur de peau, c’est parce qu’il refuse, plus ou moins consciemment, de renoncer au « privilège blanc » dont il bénéficie, là encore, plus ou moins consciemment. Le sophisme est efficace jusqu’à l’absurde. Résumons : le « privilège blanc » est « invisible », donc indémontrable. Cependant, la réaction fragile de déni du blanc face à la formulation de son privilège démontre l’existence de ce privilège. Autrement dit, nier l’existence du privilège blanc constitue la preuve irréfragable de l’existence dudit privilège blanc. CQFD…

    Ce concours de sophismes présentés comme scientifiques prêterait à sourire si l’enjeu n’était pas si grave. Les anti-racistes racialistes cherchent tout simplement à construire en France des identités raciales sur le modèle américain. Si la greffe venait à prendre dans notre pays, qui ne s’est pas construit sur la ségrégation raciale, elle pourrait provoquer, un jour ou l’autre, le grand déchaînement des passions ethniques.

    Par Guillaume de Prémare

  • Philippe Bilger : “Le désir de la peine de mort revient en raison du laxisme et de la non exécution des peines”.

    Selon une étude Ipsos/Sopra Steria réalisée pour le Monde, la Fondation Jean-Jaurès et l’Institut Montaigne publiée lundi 14 septembre, les Français sont majoritairement favorables au rétablissement de la peine de mort : 55 % des Français (+11 points sur 2019, +4 par rapport à 2018), un record, estiment qu’il « faudrait rétablir la peine de mort en France ».

    Analyse de Philippe Bilger au micro de Boulevard Voltaire.

    https://soundcloud.com/bvoltaire/philippe-bilger-peine-de-mort

    Les Français sont majoritairement favorables au retour de la peine de mort. Ce sondage est sorti hier et agite l’opinion publique. Que révèle ce sondage sur l’État de ce pays ?

    Ce n’est pas la première fois que l’on évoque la peine de mort. Au fil des années et à chaque fois qu’il y avait un crime odieux, il y avait des pulsions de peine de mort qui surgissaient ici ou là. Pour la première fois, on a un sentiment, très majoritaire des Français, en faveur de la peine de mort. 55 % des Français sont pour le rétablissement de la peine de mort.

    Êtes-vous pour ou contre la peine de mort ?

    Je suis contre la peine de mort. Elle existait quand j’étais avocat général, mais je n’ai jamais eu à la requérir sur le plan de la gravité criminelle. Si j’avais eu à le faire, je ne l’aurais pas fait. Contrairement à ceux qu’on a prétendu, tous les partisans de la peine de mort n’étaient pas des obtus et des sanguinaires. À tous les arguments humanistes que l’on pouvait promouvoir pour abolir la peine de mort, on aurait pu en prévoir d’autres qui auraient pu justifier son maintien.
    Dès lors qu’on laisse le débat sur le plan de la morale et de l’humanisme, on ne peut pas convaincre. En réalité, il faut faire passer qu’une sanction absolue comme la peine de mort exigerait une justice absolue. Ce n’est évidemment pas le cas.
    Pourquoi y a-t-il tout à coup une telle majorité ? Le Français a été floué en 1981. Il n’a pas eu le droit à un vrai débat démocratique. Même s’il y a eu le courage de François Mitterrand, on nous avait promis une perpétuité réelle pour une substitution à la peine de mort. Elle n’est jamais venue directement. Certes, on peut avoir une perpétuité réelle, mais dans de très rares circonstances. Il y a donc là, une violation de la promesse politique en 1981 et un débat démocratique trop pauvre.
    Je crois que la pulsion de peine majoritaire pour la peine de mort est aujourd’hui la conséquence de la montée considérable de l’insécurité des crimes et des délits, notamment du sentiment justifié du citoyen que l’exécution des peines est une faillite absolue. Cela peut paraître paradoxal parce que la peine de mort n’aurait pas été appliquée à l’ensemble des transgressions qui mine notre société. Je crois qu’il y a un climat délétère de faiblesse, de laxisme et de non-exécution des peines qui fait que la peine de mort apparaît dans l’espace comme une sorte de panacée universelle et revient en masse pour occuper l’esprit du citoyen.
    Cela révèle aussi le regard sombre que le pays porte sur lui-même. Le sondage sur lequel vous vous fondez évoque que la France est en déclin. Je l’approuve absolument, même si chacun a sa conception du déclin. Cela montre tout de même que la France se regarde d’une manière infiniment pessimiste, sombre et sombrement lucide. Le désir d’une peine de mort qui revient de manière majoritaire est paradoxalement aussi la conséquence d’une sorte d’assombrissement du pays dans le regard qu’il porte sur lui.

    Un pays qui va bien n’a finalement pas besoin de la peine de mort… Cette dernière est une réponse facile à un problème beaucoup plus profond.

    On ne peut pas persuader le citoyen de l’inutilité de la peine de mort par des arguments moraux, mais uniquement par des arguments techniques. À partir du moment où tout le monde s’accorde sur le point de savoir que, même si je défends l’institution judiciaire, ce n’est pas une justice absolue, on peut comprendre qu’on ne peut pas appliquer à une justice qui n’est pas absolue, une sanction qui l’est.
    La pulsion de peine de mort aujourd’hui, c’est la rançon d’un pays qui n’est pas bien et qui n’a pas une justice pénale qui fonctionne correctement, notamment sur l’exécution des peines et la fermeté du langage régalien.

     

    Philippe Bilger

    Magistrat honoraire et président de l'Institut de la parole