Le 14 janvier 2023 est une date qui représente un tournant dans la guerre en Ukraine, les forces Wagner sâétant emparée de la ville de Soledar, ce qui pourrait entraîner une vaste offensive vers lâOuest. Depuis lors, les Russes ont enregistré victoire sur victoire tout au long de la ligne de front. La Russie sâattaque maintenant dâune façon concomitante à douze points sensibles dont Vougledar, ville de 15 000 habitants à proximité de Donetz ; Moscou cherche à disperser les forces ukrainiennes afin de créer les conditions dâune offensive décisive. Face à lâéchec de plus en plus visible de lâOTAN, les Européens atlantistes se déchaînent et nâont trouvé rien de mieux que de fournir des chars lourds et des avions américains F16 à lâUkraine, la course aux armements prenant un rythme effréné !
Sur le terrain, la situation de lâarmée ukrainienne est catastrophique. LâUkraine a commencé la guerre en février 2022 avec une « ligne Maginot » locale, soit quatre lignes défensives construites depuis le coup dâÃtat de Maïdan en 2014, dans le cadre de la guerre civile du Donbass avec ses 14 000 morts, et pour préparer la guerre programmée par lâAmérique avec la Russie. La première ligne Lysychansk, Zolote, Popasna a déjà été prise au cours de lâété 2022 par les Russes. Les combats actuels ont lieu sur la deuxième ligne défensive Marinka, Piski, Avdiivka, et sur la Troisième ligne Siversk, Bakhmut, Toretsk, New-York au nord de la deuxième ligne.
Bakhmut représente une position stratégique clé que lâartillerie russe a transformée en « hachoir à viande de Verdun », car les Ukrainiens sont obligés de sacrifier un nombre exorbitant dâhommes pour tenir le plus longtemps possible. La Russie contrôle désormais les hauteurs au nord et au sud de Bakhmut. Lâartillerie russe bénéficie dâun avantage de puissance de feu dâenviron 9 contre 1. Si les lignes 2 et 3, déjà très fortement éprouvées et saignées, tombent, ce sera le tour ensuite de la quatrième et dernière ligne défensive Kramatorsk, Slavyansk.
Les Russes ont déjà en fait détruit deux armées ukrainiennes ; ils sont en train de détruire la troisième armée otano-kievienne à Bakhmut et ils sâapprêtent à faire face à une quatrième armée otano-kievienne équipée cette fois-ci de blindés modernes et de chasseurs américains F16. Dans les premiers mois qui ont suivi le début du conflit en février 2022, les Russes ont détruit lâessentiel des armes lourdes de lâUkraine et tué un très grand nombre de militaires professionnels. Puis ils ont fait face à une deuxième armée avec plus de mobilisés et moins de professionnels, équipée de matériel lourd soviétique provenant des stocks des anciens membres du Pacte de Varsovie (Pologne, Bulgarie, République tchèque) ; fin juin 2022, cette armée a été aussi pulvérisée. LâOTAN a alors commencé à constituer une troisième armée otano-kievienne, cette fois-ci avec du matériel occidental tel que le Caesar français et les obusiers américains M777. Câest cette troisième armée que la Russie est en train de finir de détruire à Bakhmut.
Dâoù la rencontre à Ramstein en Allemagne tout récemment pour constituer la quatrième armée otano-kievienne avec mobilisation forcée en Ukraine, 200 tubes dâartillerie, des chars modernes ainsi que des avions F16 américains. Le Danemark et lâEstonie viennent de faire don à lâUkraine de la totalité de leur stock dâobusiers, ce qui dénote le dénuement le plus total de la pauvre Ukraine défaite militairement pour la troisième fois. Les patriotes français qui ne veulent pas du protectorat de lâAmérique sur lâEurope doivent espérer que cette quatrième armée sera la dernière avec la victoire complète de la Russie car la cinquième, ce ne sera plus une nouvelle armée otano-kievienne avec des mercenaires et des soldats occidentaux, souvent polonais, qui se font passer pour des Ukrainiens, mais tout simplement la guerre nucléaire Russie/ Ãtats-Unis-Otan !
LâArmée russe va donc avancer dans lâimmédiat vers lâouest, mais se mettra probablement en position défensive lors de lâattaque des blindés livrés à Kiev par lâOccident dâici 3 mois, afin de mieux les détruire avec son artillerie hyper-puissante. Ces blindés très lourds (74 tonnes) seront difficilement acheminés en Ukraine par rail et auront toutes les difficultés du monde pour passer les rivières car les ponts en Ukraine sont encore moins solides quâen Pologne ! Nous allons vivre certainement sur le plan stratégique une deuxième bataille de Koursk (1943) qui a été la plus grande bataille de chars dans lâhistoire mondiale, et qui a sâest traduite par la plus grande défaite allemande après Stalingrad. Après la bataille de Koursk, plus rien ne pouvait arrêter les Russes jusquâà lâAtlantique et câest la seule raison pour laquelle les Américains ont débarqué en juin 1944.
LâOTAN aura toutes les difficultés du monde pour fournir les munitions et assurer la maintenance de ces chars, sâils arrivent à destination par voie ferrée. LâOTAN nâa pas de stocks suffisants de munitions, dâarmement et les capacités de production sont très limitées. La guerre en Ukraine sera donc tout simplement prolongée de trois mois, le temps de détruire ces derniers chars occidentaux. De plus les F16 ne sont même pas le type dâavions dont ont besoin les Ukrainiens ; ce dont ils ont besoin, ce sont des avions dâattaque au sol. Les F16 nâont aucune chance et seront détruits par les avions et surtout les batteries anti aériennes russes ! Ce sera ensuite la continuation de lâeffondrement de lâarmée ukrainienne ! On peut estimer les pertes ukrainiennes actuelles au minimum à 150 000 morts, 200 000 blessés et les pertes russes au minimum à 30 000 morts et 50 000 blessés.
LâAllemagne a donné son accord aux pays européens tels que la Pologne et la Finlande qui souhaitent envoyer des chars Leopard. Elle même enverra 14 blindés Leopard, lâun des plus récents modèles. La Pologne est prête aussi à livrer aussi 14 chars. Les Européens devraient réussir à faire parvenir, nonobstant la livraison de chars Leclerc par la France, dâici 6 mois, en incluant les 14 challenger britanniques et les 31 chars Abrams américains livrables fin 2023, environ 150 chars modernes, avec des tankistes opérationnels, une logistique et une maintenance suffisante. Ces chars représentent environ 75 % ceux que possèdent respectivement la France ou lâAngleterre ! Les chars Leopard allemands rappellent aux Russes les combats de chars avec la Wehrmacht de la deuxième guerre mondiale, ce qui a pour effet de développer leur sentiment patriotique et de faire corps avec Poutine en se plaçant derrière lui !
Selon lâambassadeur de France en Ukraine, 321 chars lourds ont même été promis à lâUkraine car la Pologne par exemple va fournir 60 vieux chars PT-91 de fabrication polonaise en plus des 14 Léopard. Zelensky estime avoir besoin dâentre 300 et 500 chars. Poutine est dâores et déjà en droit de considérer les Européens et les Ãtats-Unis comme des nations cobelligérantes ! On est donc en présence dâun engrenage, dâune véritable escalade guerrière irresponsable. Les généraux réalistes et bien informés que lâon ne voit pas sur BFM/TV savent que la guerre est déjà perdue dâune façon irréversible pour lâUkraine, dâoù la fuite en avant désespérée et irréfléchie des Occidentaux conduisant par paliers successifs à un affrontement direct OTAN et Ãtats-Unis/Russie qui lui ne peut être que nucléaire avec lâemploi des dernières armes russes imparables, terrifiantes et invincibles dont ne disposent pas les Ãtats-Unis!
Comme le dit très bien sur twitter le député européen Thierry Mariani :
« Il fallait des moyens financiers, on les a donnés
Il fallait des armes antichars et des canons, on les a livrés
Il fallait des blindés, on va les livrer
Désormais il faut des missiles longue portée et des avions, on va aussi les livrer
Puis, il faudra nos soldats⦠et on les enverra ? »
Le député AfD allemand Petr Bystron a tapé du poing sur la table, le 19 janvier 2023, lors dâun discours enflammé et argumenté devant le Bundestag, en soulignant le rôle de valet de lâAllemagne aux ordres de lâAmérique, que cette folie allemande conduit à la guerre avec la Russie et que la deuxième guerre mondiale sâest terminée avec dizaines de millions de morts et les chars russes à Berlin ! Il estime que « la Russie dispose de 10 000 chars, peut mobiliser 2 millions dâhommes et que cette guerre folle ne peut donc pas être gagnée par les Occidentaux » ! Il a enfin reproché au chancelier Scholz « dâavoir jeté par-dessus bord les fondements de la politique étrangère allemande de lâaprès-guerre ». Il serait souhaitable pour lâEurope que lâAfD, parti de Droite nationale, prenne un jour le pouvoir en Allemagne. 43 % des Allemands, en nombre croissant, sont hostiles aux livraisons de chars à lâUkraine.
Les Atlantistes font lâimpasse sur la défaite possible dâune puissance nucléaire dans une guerre conventionnelle, susceptible de provoquer une guerre nucléaire. On voit mal également comment tout ce matériel lourd, complexe et sophistiqué pourrait être pleinement opérationnel en 2023, sans une participation physique directe de militaires de lâOTAN.
Poutine a raison dâaffirmer que lâenvoi de ces chars représente une nouvelle « provocation flagrante » pour la Russie, mais il se trouve que ses Armées disposent, dâau minimum 3 000 chars, surtout des T-72 et aussi des T-90 en service depuis 1992 qui sont nettement supérieurs au char Léopard car assez banal, conçu dans les années 1970, ayant montré ses limites en Syrie lors de lâutilisation par les Turcs ! De plus la Russie dispose de ressources illimitées en matériel hérité de lâère soviétique (cf les 10 000 chars de Pietr Bystron).
Le porte-parole de de la présidence russe Dmitri Peskov estime « que ces tanks occidentaux vont brûler comme tous les autres » et il ajoute : « Les livraisons de chars de bataille ne changeront rien en ce qui concerne la progression de la partie russe vers lâaccomplissement de ses objectifs ». De plus lâUkraine va se trouver avec un trop grand nombre de types de types de chars différents, et faudra-t-il encore que les Ukrainiens sachent bien sâen servir avec des munitions suffisantes et différentes, une logistique satisfaisante et une maintenance efficace !
La Vérité bonne à dire vient même parfois de la Corée du nord ! Selon Kim Yo Jong, la sÅur du dictateur coréen, numéro deux du régime, « derrière cela se cache la sinistre intention des Ãtats-Unis de réaliser leur objectif hégémonique en étendant encore la guerre par procuration pour détruire la Russie. Le monde serait plus sûr, plus brillant et plus calme aujourdâhui, sâil nây avait pas les Ãtats-Unis ». « Là où il y a lâAmérique, il y a la guerre » vient également de déclarer lâambassadeur de Chine en France.
Personne ne voulait la guerre en 14/18 et pourtant elle a eu lieu ! Lâévidence saute aux yeux ! La Russie est en guerre avec lâOTAN, pas avec lâUkraine car sinon la guerre serait déjà finie depuis lâété 2022 ! Le problème, câest que les escalades peuvent mal finir et se transformer, de nos jours, en guerre nucléaire, ce que ne souhaitent pas les peuples européens !
Lâappétit naissant en mangeant, Zelensky le corrompu, cité nommément dans les Pandora papers, avec son administration tout aussi corrompue qui nâa pas un sou ni dâaéroports opérationnels, demande maintenant, après les chars sophistiqués, des avions F16 et des missiles à longue portée! Ben voyons ! Pourquoi pas la lune et la victoire en déclenchant, pour les beaux yeux de lâAmérique et dâune Ukraine corrompue, une guerre nucléaire avec la Russie, afin de la rayer de la carte du monde ? Monsieur Zelensky nâaurait pas dû écouter les paroles anglo-saxonnes fielleuses de Boris Johnson et de lâAmérique, lorsquâil voulait négocier en mars 2022 avec la Russie ! Trump a critiqué et résumé ainsi dâune façon sibylline la livraison de chars à lâUkraine : « Dâabord les chars, puis les armes nucléaires ». Il serait temps que les médias occidentaux et les Gamelin inconscients de BFM TV commencent aussi à changer leur petite musique !
Mais le plus incroyable avec ces hypocrites dâAméricains mercantilistes, câest que lâenvoi dâavions est pratiquement déjà décidé, ce qui est un pas inadmissible vers la guerre et doit amener les Français dans la rue pour dire : Non à lâAmérique non à lâOTAN et à lâUE va-t-en guerre, et arrêtez la fourniture dâarmes à lâUkraine ! à quand une manifestation de Reconquête conduite par Ãric Zemmour pour sâopposer à la livraison dâarmes à lâUkraine, afin, comme le souhaite Trump, de mettre fin à lâescalade et dâarrêter la course vers le conflit nucléaire ? Le constructeur américain Lockheed Martin propose déjà dâaugmenter la production dâavions F16 pour les pays de lâOTAN qui enverront des avions de chasse à lâUkraine : « Nous allons augmenter la production de F16 à Greenville en Caroline du Sud pour fournir les pays qui choisiront de faire des transferts pour aider lâUkraine », a annoncé au Financial Times Frank St John, directeur dâexploitation de Lockheed Martin. Tout est bon pour lâAmérique : vendre du gaz de schiste, des armes et des avions aux Européens imbéciles qui sâentretuent avec les Russes, au lieu de constituer ensemble la première puissance mondiale de lâAtlantique au Pacifique !
Quant à Rheinmetall, le fabricant des chars Leopard, son action sâenvole en bourse ! La firme allemande rêve maintenant de fabriquer pour lâUkraine et les pays européens, en investissant et en augmentant ses capacités de production, des munitions, des nouveaux chars et même des lance-roquettes Himars américains, sous licence de Lockheed Martin, ce qui lui permettra de verser de plus gros dividendes aux actionnaires ! Faire mourir les peuples, afin que les conglomérats industriels américains de la guerre et les marchands de canon européens puissent faire de super-bénéfices !
Selon des rumeurs, 70 appareils Mig-29s et SU-25s ont été déjà fournis par la Pologne, la Slovaquie et la Bulgarie. Et le bouquet, câest que tout comme lâAmérique a préparé cette guerre dès 2014 , après le coup dâÃtat de Maïdan par la CIA , pour préparer la guerre par procuration avec la Russie, Uyri Ignat, porte-parole des forces armées aériennes ukrainiennes a déjà fait des révélations au site « Army Inform : « Nos pilotes militaires sont déjà allés aux Ãtats-Unis et des fonds ont été alloués à leur formation. Le sujet de lâaviation nâa jamais quitté lâordre du jour. Le type dâavion susceptible de nous être fourni et les conditions de formation ont déjà été déterminées ». LâAmérique et lâOTAN préparent donc la guerre dans le dos des peuples européens !
à Ramstein, le sujet a été abordé et les Pays-Bas ont déjà annoncé quâils étaient prêts à fournir des F16 à Kiev. Le rêve des Américains, câest de vendre aussi des F-35 aux Européens au lieu des Rafale français, pour quâils donnent leurs F16 aux Ukrainiens, jusquâau jour où Poutine va lancer en guise dâavertissement une arme nucléaire tactique sur lâîle aux Serpents !
Il semble quâà Ramstein la fourniture des fusées à longue portée nâait pas été encore envisagée sérieusement, mais Zelensky souhaite maintenant convaincre les Ãtats-Unis de lui fournir des missiles de longue portée pour détruire les dépôts de munitions russes ; il affirme même que « les négociations se déroulent à un rythme accéléré ». Poutine ne laissera jamais lâUkraine tirer des missiles à longue portée sur la Russie où il détruira pour chaque missile tiré par lâUkraine, soit une ville ukrainienne, soit une ville du pays belligérant qui aura livré les missiles de longue portée à lâUkraine ! Livrer des missiles à longue portée, câest comme si les Russes avaient mis des missiles à Cuba en 1962 ! LâUkraine ne fait pas partie de lâOTAN, mais tout se passe scandaleusement, par la seule volonté de lâAmÃ
![1A.jpg](http://lafautearousseau.hautetfort.com/media/01/02/3795001252.911.jpg)
Le bombardement de la Serbie, décidé par les Américains en 1999 pour obliger ce pays à abandonner sa province du Kosovo, a donné lieu à une manipulation des faits d’une ampleur rare.
Les principaux médias occidentaux, au garde à vous comme il se doit, ont relayé en cœur cette fable selon laquelle la Serbie n’avait plus de légitimité à conserver le Kosovo dans ses frontières. En effet, au fil du temps, d’une immigration incontrôlée et d’une démographie plus dynamique, les immigrés albanophones et musulmans sont devenus majoritaires au détriment des Serbes.
Les Américains, docilement suivis par la France, lâAngleterre et lâAllemagne entre autres, ont alors décidé de transformer ce fait démographique en droit de sécession.
Lâhistoire du Kosovo se confond pourtant avec celle de la Serbie.
UN PAYS TÃT CHRISTIANISÃ
Comme presque partout ailleurs, les Balkans firent lâobjet de multiples invasions dans les premiers siècles de lâère chrétienne. Illyriens, Romains, Avars, Slaves se succédèrent. Puis, la grande lutte entre Byzantins et Bulgares à partir du IXe siècle domina toute la région.
Les chroniques byzantines mentionnent lâexistence des Serbes dès le VIIe siècle. Convertis au christianisme, grâce notamment à Saints Cyrille et Méthode, ils vécurent à lâombre de Constantinople qui les encouragea à peupler les Balkans après le départ des barbares Avars.
Le premier prince serbe de renom, Jovan Vladimir, fut assassiné par les Bulgares en 1016. Il est aujourdâhui révéré comme saint par lâEglise orthodoxe. Ses reliques font lâobjet de nombreux pèlerinages dans la cathédrale orthodoxe de Tirana et la croix quâil avait avec lui le jour de son assassinat est exposée une fois par an dans un village du Monténégro.
Lâaffaiblissement progressif de lâEmpire byzantin et le début de la conscience nationale serbe engendra de nombreuses tentatives de secouer le joug grec et de sâaffirmer comme une nation indépendante.
Stefan Nemanja fut le fondateur de la dynastie royale qui devait mener la Serbie à lâindépendance. Rome fut un soutien précieux et le pape Honorius III, en octroyant au fils de Stefan (qui sâappelait également Stefan) le titre de roi de Rascie, permit à la future Serbie de sâémanciper définitivement de Byzance. La Rascie englobait lâactuel Monténégro ainsi quâune partie de la Croatie et de lâHerzégovine.
UNE GLORIEUSE MONARCHIE
Plusieurs rois prénommés Stefan se succédèrent et agrandirent progressivement le royaume. Un tournant décisif se produisit en 1330 lorsque les Byzantins, alliés cette fois aux Bulgares, attaquèrent la Serbie qui sâétait mêlée de la succession dynastique à Constantinople. Les Serbes gagnèrent la bataille de Velbajdqui marqua le début de la domination serbe sur les Balkans.
Le règne de Stefan Douchan (1331-1355), qui se fit même couronner empereur, permit ensuite au royaume de conquérir lâAlbanie et la Macédoine ainsi que le nord de la Grèce actuelle.
Mais la faiblesse des souverains suivants entraîna lâaffaiblissement du nouvel empire qui se fissura, certains chefs locaux profitant de cette conjoncture pour sâen détacher.
Lâinvasion turque mit, hélas, tout le monde dâaccord. Elle se fit progressivement et fut particulièrement sanglante. Les Turcs remportèrent en 1371 la bataille de la Maritsa (en Grèce) qui leur permit de conquérir la Macédoine et la Bulgarie. LâEmpire serbe disparut alors définitivement. Puis un prince serbe, Lazar Hrebeljanovic, parvint à sâallier avec dâautres princes pour contrer lâimmense armée ottomane.
LUTTE CONTRE LE CROISSANT
Lâaffrontement décisif eut lieu en 1389. Ce fut la célèbre bataille de Kosovo Polje, le champ des merles. Lazar était parvenu à rallier des Hongrois, des Albanais, des Bosniaques, des Croates. Après des heures de batailles indécises, les Turcs lâemportèrent malgré la mort du sultan Mourad Ier, tué dans sa tente par un Serbe. Lazar et les princes serbes furent faits prisonniers et décapités sur le champ de bataille. Il nây eut alors plus dâaristocratie serbe.
Les Ottomans avaient cependant subi dâénormes pertes et ils durent attendre 1459 et la prise de Smederevo, au cÅur de la Serbie actuelle, pour assoir solidement leur pouvoir.
Cette occupation dura jusquâen 1804 et fut très dure. Les Turcs tentèrent constamment de convertir les Serbes à lâislam. Peu le firent, contrairement aux Albanais (après la mort du grand Skanderberg en 1468) et aux Bosniaques, et beaucoup émigrèrent en Autriche-Hongrie. Le Kosovo, foyer important de résistance aux Ottomans perdit ainsi une grande partie de sa population. Certains villages se convertirent à lâislam pour ne plus payer lâimpôt des chrétiens, le kharadj.
A partir de 1804, plusieurs révoltes serbes éclatèrent contre lâoccupant. Ce fut une longue guerre de libération sous la houlette des princes de la famille des Karageorges et des Obrénovic. De nombreux Serbes de Hongrie se joignirent à ce vaste mouvement dont Belgrade fut le foyer.
LIBÃRÃS DU JOUG OTTOMAN
Tandis que dâincessants combats se poursuivaient, églises et monastères furent reconstruits dans la ferveur. Finalement, en 1815, lâinsurrection menée par Milos Obrenovic aboutit à lâautonomie de la Serbie dont il fut élu Prince. Le grand reflux de lâEmpire ottoman se poursuivit tout au long du XIXe siècle et, comme une confirmation, le Congrès de Berlin accorda lâindépendance à la Serbie en 1878. Quatre ans plus tard, Milan Obremovic devint roi de Serbie sous le nom de Milan Ier de Serbie.
Mais le Kosovo resta encore sous domination turque. Il constituait en quelque sorte la frontière entre le sud de la nouvelle Serbie et le nord de lâEmpire ottoman. Câest alors que des milliers dâAlbanais, ne voulant pas vivre dans le nouveau royaume serbe, émigrèrent vers le Kosovo. Ce fut le début dâun processus fatal.
Après la première guerre mondiale, le Kosovo put retrouver ses origines serbes et intégrer le royaume des Serbes, Croates et Slovènes, nouvellement créé et regroupant la Serbie et les anciennes régions de lâEmpire austro-hongrois : Croatie, Slovénie, Bosnie-Herzégovine. Le Monténégro, plus au sud, fit également partie du regroupement.
Le roi serbe, Alexandre Ier transforma lâentité existante en Royaume de Yougoslavie en 1928. Lâinvasion allemande de 1941 mettra fin au royaume qui fut démantelé. Le Kosovo fut alors inclus dans lâAlbanie passée sous contrôle italien.
PASSÃ ENTRE TOUTES LES MAINS
La victoire du communiste Tito (Josip Broz de son vrai nom) contre les Allemands, lui permit de reconstituer une Yougoslavie récupérant tous les territoires de la monarchie, y compris le Kosovo qui bénéficia toutefois dâun statut dâautonomie. Tito le Croate, désireux dâaffaiblir les Serbes, détacha même par la suite le Kosovo de la Serbie. Le Kosovo devint ainsi une province à part entière.
La mort de Tito va modifier le sort du Kosovo. Son successeur, le Serbe Slobodan Milosevic supprima lâautonomie du Kosovo en 1989, ordonna la dissolution de son parlement et de son gouvernement et interdit la langue albanaise. Les Albanophones réagirent et proclamèrent lâindépendance du Kosovo dont le président quasi-clandestin fut Ibrahim Rugova.
Lâembrasement des Balkans et la pluralité de guerres quâil engendra nâempêcha pas la reconnaissance internationale de lâappartenance du Kosovo à la nouvelle République fédérale de Yougoslavie créée par Milosevic en 1992. En 1995, les accords de Dayton furent signés à Paris par les présidents serbe (Milosevic), croate (Franjo Tudman) et bosniaque (Aliza Izetbegovic). LâAméricain Richard Holbrooke parraina ce traité qui mettait fin à la guerre en Bosnie-Herzégovine. Bien que signés à Paris, ces accords sâappellent Dayton, nom de la base américaine où ils furent négociés entre les différentes parties.
La première partie du plan américain était ainsi accompli en démantelant la Yougoslavie par les indépendances successives de la Slovénie, de la Croatie, de la Bosnie-Herzégovine et de la Macédoine. La question du Kosovo ne fut pas abordée. Cela viendrait plus tard, tout comme lâindépendance du Monténégro en 2006.
Lâobjectif était clair : affaiblir la Serbie, trop proche de la Russie, et rapprocher les nouveaux pays de lâUnion européenne et de lâOTAN, les deux fonctionnant de pair comme chacun sait.
LE FAUX MASSACRE DE RACAK
La seconde partie du plan concerna cette fois le Kosovo.
LâArmée de libération du Kosovo, la sinistre UCK, entra en scène. Rejetant lâancien président clandestin Rugova, jugé trop modéré, elle lança lâinsurrection contre la Serbie. Attentats, assassinats de policiers et soldats serbes, combats sporadiques, tout y passa. Les armes et les financements ne manquèrent pas grâce aux services secrets occidentaux. Les exactions contre les civils serbes se multiplièrent. On peut lire à ce sujet lâexcellent livre du colonel Hogard, LâEurope est morte à Pristina.
Mais cette insurrection nâayant guère de chances de vaincre lâarmée serbe, les occidentaux décidèrent de passer à la vitesse supérieure. Ils organisèrent ce quâils savent très bien faire : un faux massacre.
Il eut lieu le 15 janvier 1999 à Racak. Une quarantaine de cadavres furent découverts dans ce village et aussitôt la presse occidentale dénonça un massacre de villageois commis par lâarmée serbe. Les Serbes protestèrent, affirmant quâil sâagissait de combattants de lâUCK tués au cours dâun affrontement contre lâarmée. A part quelques voix indépendantes, personne ne releva quâil nây avait ni femmes, ni enfants, ni vieillards parmi les victimes, mais seulement des hommes jeunes. En outre, les blessures constatées faisaient davantage penser à des combats quâà un massacre délibéré.
DÃSINFORMATION CONCERTÃE
Une équipe médicale de lâUnion européenne, dirigée par la Finlandaise Helena Ranta, se rendit sur place et confirma le massacre. Beaucoup plus tard, elle révèlera quâelle avait été soumise à de fortes pressions par les Américains, en particulier le diplomate William Walker : « Walker voulait que je déclare que les Serbes étaient derrière afin que la guerre puisse commencer » dira-t-elle en 2008 dans un livre finlandais qui lui était consacré. Trop tard.
Une grande opération de désinformation se déversa alors. Les journaux et la classe politique occidentale rivalisèrent dâimagination pour accabler les Serbes et faire passer les terroristes de lâUCK pour de valeureux libérateurs.
On parla de « génocide », de meurtres « de 100 000 à 500 000 personnes », de matches de football « avec des têtes coupées », de fÅtus arrachés puis grillés, dâincinération de cadavres dans des fourneaux « du genre de ceux utilisés à Auschwitz », rien nây manqua. La palme revint aux Allemands, révélant la préparation dâune vaste opération dâépuration ethnique appelée « Potkova », câest-à -dire « fer à cheval » en Serbe. Câest le ministre des Affaires étrangères allemand, le vert Joschka Fisher qui annonça gravement la nouvelle.
Tout était faux. Des enquêtes ultérieures le démontrèrent, comme celle de lâhebdomadaire allemand Der Spiegel (10 janvier 2000) ou celle du Wall Street Journal (31 décembre 1999). Certaines voix avaient dâailleurs alerté dès le début que fer à cheval ne se disait pas « Potkova » mais « Potkovica ». Le document était un faux grossier mais peu importe, il fallait mettre les Serbes à genoux.
Le Monde Diplomatique, dans son numéro dâavril 2019, a fait une excellente synthèse de cette affaire sous ce titre plaisant : « Le plus gros bobard de la fin du XXe siècle ».
LES BOMBES DU MENSONGE
Sans mandat de lâONU, lâOTAN déclencha alors une de ses nombreuses guerres illégales. Une armada aérienne procéda à des bombardements massifs sur la Serbie. Ils durèrent 78 jours et tuèrent des milliers de civils. Des pilotes français participèrent hélas à ces crimes.
Au bout de 78 jours, les Serbes demandèrent grâce. Une « autorité internationale civile » fut décidée par lâONU pour administrer le Kosovo désormais « libéré » de la Serbie. Lâopération américaine avait parfaitement réussi et Poutine nâétait pas encore au pouvoir en Russie, alors empêtrée dans les dernières années catastrophiques de Boris Eltsine.
Le très belliciste Bernard Kouchner fut nommé haut-représentant de lâONU. Cet adepte du « droit dâingérence humanitaire », notion floue qui peut tout justifier, exerça son mandat pendant dix-huit mois avec un rare sectarisme anti-serbe.
Câest alors que les rumeurs concernant des assassinats de prisonniers serbes suivis de trafics dâorganes organisés par lâUCK commencèrent à prendre corps. Interrogé par un journaliste serbe sur cette question, Kouchner éclata dâun rire mauvais, lâimage est encore visible sur internet.
Le Kosovo va vivre ainsi sous le contrôle de lâONU jusquâen 2007. Cette année-là , les extrémistes de lâUCK, partisans de lâindépendance, remportèrent les élections législatives. Le décès lâ
Il est souvent professé, qu’avant le XXe siècle, la France n’a fourni au monde que très peu de métaphysiciens à l’exception de Descartes et de Pascal. Bien qu’un peu grossière en ce qu’elle fait fi de l’humanisme français et des physiocrates, cette assertion conserve une part de vérité.
![](http://lafautearousseau.hautetfort.com/media/01/02/1808265901.74.jpg)
La penÂsée franÂçaise sâest indéÂniaÂbleÂment moins pasÂsionÂnée pour la métaÂphyÂsique que sa voiÂsine alleÂmande. En revanche, la théoÂrie poliÂtique a fait lâobjet dâune attenÂtion galÂliÂcane toute parÂtiÂcuÂlière quâon pense à La BoéÂtie, Bodin, RousÂseau, MonÂtesÂquieu ou encore TocÂqueÂville. Rien dâétonnant à ce quâà la suite de ces auteurs majeurs de la phiÂloÂsoÂphie poliÂtique, on trouve Pierre-Joseph ProuÂdhon, le père de lâanarchisme. Cette théoÂrie poliÂtique a irriÂgué le XIXe siècle autant dâun point de vue concepÂtuel que sur le plan de la praÂtique poliÂtique comme en témoignent les nomÂbreux cercles anarÂchistes ayant eu recours la vioÂlence directe. Elle est resÂtée vivace au siècle suiÂvant et contiÂnue dâinfluencer cerÂtains penÂseurs actuels comme David GraeÂber et cerÂtains groupes poliÂtiques antiÂfasÂcistes et alterÂmonÂdiaÂlistes. Il faut dâailleurs souÂliÂgner le retenÂtisÂseÂment occiÂdenÂtal et eurÂasiaÂtique quâa eu cette théoÂrie franÂçaise puisquâelle a donÂné naisÂsance à lâanarchisme russe, améÂriÂcain, itaÂlien et espaÂgnol. Câest dire la place quâoccupe ProuÂdhon dans lâhistoire des idées politiques.
Quelques éléÂments biographiques
Fils dâun tonÂneÂlier et dâune cuiÂsiÂnière, Pierre-Joseph ProuÂdhon naît en janÂvier 1809 à BesanÂçon au sein dâune famille modeste. BourÂsier, il obtient de nomÂbreux prix dâexcellence mais est contraint de quitÂter lâécole à dix-sept ans pour aider ses parents dans le besoin. Il devient alors ouvrier typoÂgraphe dans une impriÂmeÂrie qui finit par faire faillite. ChôÂmeur, il sera embauÂché quelques années plus tard par des amis, les frères GauÂthier, récents fonÂdaÂteurs dâune impriÂmeÂrie. Ces derÂniers le poussent à reprendre des études. Câest ainÂsi que ProuÂdhon, après avoir obteÂnu une bourse de lâAcadémie de BesanÂçon, se lance dans un mémoire intiÂtuÂlé Recherches sur les catéÂgoÂries gramÂmaÂtiÂcales pour lequel il reçoit une menÂtion honoÂrable. Il obtient son bac à vingt-neuf ans et se met à suivre des cours au ColÂlège de France et à lâécole des Arts et Métiers. LâAcadémie lui accorde une nouÂvelle bourse qui sera supÂpriÂmée en raiÂson de la poléÂmique conséÂcuÂtive à la paruÂtion de son ouvrage Quâest-ce que la proÂpriéÂté ? en 1841. Une nouÂvelle fois grâce aux frères GauÂthier, Pierre-Joseph ProuÂdhon devient le fonÂdé de pouÂvoir de leur sociéÂté de transport.
En 1847, le père de lâanarchisme fonde le jourÂnal Le repréÂsenÂtant du peuple et devient dépuÂté une année plus tard. Très viruÂlent dans ses articles envers NapoÂléon III, il finit même par être incarÂcéÂré penÂdant trois ans dans la priÂson de Sainte-PélaÂgie. ProÂfiÂtant des quelques heures de sorÂtie autoÂriÂsées par semaine, ProuÂdhon se marie et devient père de famille. Il résuÂmeÂra la praÂtique poliÂtique de la sorte : « Faire de la poliÂtique, câest laver ses mains dans la crotte ». Lâanarchiste franÂçais met un terme à la poliÂtique poliÂtiÂcienne pour se consaÂcrer uniÂqueÂment à la théoÂrie. De ces études sorÂtiÂront de nomÂbreux ouvrages qui marÂqueÂront les futures généÂraÂtions dâouvriers. Avant sa mort à Paris en 1865, il tenÂteÂra sans sucÂcès dâinfluencer la PreÂmière InterÂnaÂtioÂnale contre Marx. Connu pour son ton pamÂphléÂtaire à lâégard des capiÂtaÂlistes, des poliÂtiques, des chréÂtiens, des femmes, des juifs et des afriÂcains, Pierre-Joseph ProuÂdhon aura été au cours de sa vie relaÂtiÂveÂment isoÂlé en raiÂson de son côté franc-tireur. Même au sein de sa loge maçonÂnique, il garÂdeÂra ses disÂtances malÂgré une adhéÂsion totale à la métaÂphyÂsique du Grand ArchiÂtecte. ContraiÂreÂment à de nomÂbreux anarÂchistes, ProuÂdhon nâétait pas athée.
La théoÂrie de la proÂpriéÂté de Proudhon
« La proÂpriéÂté, câest le vol. » Il nâest pas rare dâentendre cette phrase débiÂtée avec la fierÂté quelque peu feinte dâavoir résuÂmé et comÂpris la docÂtrine prouÂdhoÂnienne alors quâen généÂral le contre-sens est de mise. Cet aphoÂrisme, un peu cariÂcaÂtuÂral, fait vite oublier les nuances de ProuÂdhon au sujet de la proÂpriéÂté. En effet, il condamne dans la proÂpriéÂté ce que le capiÂtaÂliste vole au proÂléÂtaire mais ne rejette pas le prinÂcipe même de proÂpriéÂté puisquâil fait lâéloge de la proÂpriéÂté colÂlecÂtive à traÂvers des coopéÂraÂtives et des assoÂciaÂtions ouvrières.
Pierre-Joseph ProuÂdhon pose même une quesÂtion émiÂnemÂment intéÂresÂsante dans sous ouvrage traiÂtant de la quesÂtion Quâest-ce que la proÂpriéÂté ? [1] paru en 1840. Loin de toute attiÂtude posiÂtiÂviste, il se demande quel est le fonÂdeÂment du droit de proÂpriéÂté. Le théoÂriÂcien anarÂchiste rejette un peu vite le droit natuÂrel comme assise de la proÂpriéÂté au motif quâil nâexiste pas dans la nature et chez les peuÂplades priÂmiÂtives [2]. Le traÂvail comme fonÂdeÂment de la proÂpriéÂté ne trouve pas non plus grâce à ses yeux car le traÂvail ne perÂmet pas nécesÂsaiÂreÂment la proÂpriéÂté mais uniÂqueÂment dâacquérir ses fruits. La contreÂparÂtie du traÂvail constiÂtue le salaire indiÂviÂduel sans que la force colÂlecÂtive généÂrée par lâaddition des traÂvailleurs ne soit jamais rémuÂnéÂrée. Or, câest bien cette force mulÂtiÂpliée qui perÂmet dâachever lâÅuvre comÂmanÂdée par le capiÂtaÂliste. Pour résuÂmer, la force colÂlecÂtive est supéÂrieure à la somme des forces indiÂviÂduelles et pourÂtant elle nâest pas rémunérée.
Lâinégalité des capaÂciÂtés perÂmet de satisÂfaire les besoins difÂféÂrents de la sociéÂté. Il nâest donc pas juste dâoctroyer plus à ceux qui ont le plus de préÂdisÂpoÂsiÂtions généÂtiques car ces derÂnières émanent de la sociéÂté à laquelle ils sont donc redeÂvables. Lâhomme en tant quâanimal social a besoin des autres pour vivre. Cette interÂdéÂpenÂdance jusÂtiÂfie lâégalité matéÂrielle des hommes entre eux de sorte quâil nâexiste aucune raiÂson que le bourÂgeois sâenrichisse sur le dos de la masse. Le salaire sufÂfit seuleÂment à faire vivre le salaÂrié mais on oublie vite quâil enriÂchit le capiÂtaÂliste qui ne le rétriÂbue pas en tant que parÂtiÂciÂpant au traÂvail collectif.
Pierre-Joseph ProuÂdhon rejette donc la proÂpriéÂté indiÂviÂduelle pour lui préÂféÂrer la posÂsesÂsion pour tout le monde. Lâobjet de la posÂsesÂsion peut bien entenÂdu évoÂluer à la hausse ou à la baisse en foncÂtion de la démoÂgraÂphie. Le droit dâoccupation ne peut donc être que temÂpoÂraire. Mais contraiÂreÂment à Marx [3], lâanarchiste franÂçais ne plaide pas pour lâabolition de toute proÂpriéÂté puisquâil proÂmeut lâidée dâorganisations colÂlecÂtives dâessence mutualiste.
La docÂtrine poliÂtique de ProuÂdhon : le fédéralisme
ProuÂdhon a consoÂliÂdé défiÂniÂtiÂveÂment sa docÂtrine poliÂtique dans son livre Du prinÂcipe fédéÂraÂtif et de la nécesÂsiÂté de reconsÂtiÂtuer le parÂti de la révoÂluÂtion [4] paru en 1863. Il part du posÂtuÂlat que deux éléÂments sont nécesÂsaires à une orgaÂniÂsaÂtion poliÂtique : lâautorité qui est dâessence natuÂrelle et la liberÂté qui est une proÂducÂtion de lâesprit nécesÂsaiÂreÂment supéÂrieure à ladite autoÂriÂté. ParÂmi les régimes dâautorité, il disÂtingue ceux où lâautorité est exerÂcée par un seul sur tous (monarÂchie, tyranÂnie) et ceux où lâautorité est exerÂcée par tous sur tous (comÂmuÂnisme). Les régimes de liberÂté se réparÂtissent ausÂsi selon un duaÂlisme : soit le gouÂverÂneÂment de tous est le fait de chaÂcun (démoÂcraÂtie), soit le gouÂverÂneÂment de chaÂcun est le fait de chaÂcun (anarÂchie). Aucun de ces sysÂtèmes ne trouve grâce aux yeux de Pierre-Joseph ProuÂdhon. Câest pourÂquoi, il serait plus judiÂcieux de le nomÂmer le fédéÂraÂliste pluÂtôt que lâanarchiste car il nâa jamais énonÂcé que lâordre social résulte des échanges entre indiÂviÂdus. Mais le terme anarÂchie a fini par recouÂvrir plus de situaÂtions que la défiÂniÂtion émaÂnant de son étymologie.
Au sujet de la démoÂcraÂtie qui prend de lâimportance à son époque, ProuÂdhon reprend lâargument arisÂtoÂtéÂliÂcien selon lequel la démoÂcraÂtie est souÂvent capÂtée par une minoÂriÂté ce qui lâa fait basÂcuÂler dans lâoligarchie. Ce proÂpos ne semble pas sâêtre démenÂti avec lâexpérience poliÂtique du XXe siècle et le début du suiÂvant. à proÂpos de la monarÂchie, il regrette quâelle finisse touÂjours en tyranÂnie ou en absoÂluÂtisme à mesure quâelle sâétend. Cette consiÂdéÂraÂtion nâest malÂheuÂreuÂseÂment pas démonÂtrée par lâauteur. Pour lui, la monarÂchie a fini par sâadapter au régime démoÂcraÂtique à cause du déveÂlopÂpeÂment de lâéconomie poliÂtique. En effet, la démoÂcraÂtie semble plus comÂpaÂtible avec le capiÂtaÂlisme car lâindividu proÂduit mieux sâil est libre et sâil se consacre excluÂsiÂveÂment à son actiÂviÂté. ProuÂdhon résume le dilemme de la sorte :
« Presque touÂjours les formes du gouÂverÂneÂment libre ont été traiÂtées dâaristocratie par les masses, qui lui ont préÂféÂré lâabsolutisme monarÂchique. De là , lâespèce de cercle vicieux dans lequel tournent et tourÂneÂront longÂtemps encore les hommes de proÂgrès. NatuÂrelÂleÂment, câest en vue de lâamélioration du sort des masses que les répuÂbliÂcains réclament des liberÂtés et des garanÂties ; câest donc sur le peuple quâils doivent cherÂcher à sâappuyer. Or, câest touÂjours le peuple qui, par méfiance ou indifÂféÂrence des formes démoÂcraÂtiques, fait obsÂtacle à la liberÂté [â¦] Que la démoÂcraÂtie mulÂtiÂplie tant quâelle vouÂdra, avec les foncÂtionÂnaires, les garanÂties légales et les moyens de contrôle, quâelle entoure ses agents de forÂmaÂliÂtés, appelle sans cesse les citoyens à lâélection, à la disÂcusÂsion, au vote : bon gré mal gré ses foncÂtionÂnaires sont des hommes dâautorité, le mot est reçu ; et si parÂmi ce perÂsonÂnel de foncÂtionÂnaires publics il sâen trouve un ou quelques-uns charÂgés de la direcÂtion généÂrale des affaires, ce chef, indiÂviÂduel ou colÂlecÂtif, du gouÂverÂneÂment, est ce que RousÂseau a lui-même appeÂlé prince ; pour un rien ce sera un roi. On peut faire des obserÂvaÂtions anaÂlogues sur le comÂmuÂnisme et sur lâanarchie. Il nây eut jamais dâexemple dâune comÂmuÂnauÂté parÂfaite et il est peu proÂbable, quelque haut degré de civiÂliÂsaÂtion, de moraÂliÂté et de sagesse quâatteigne le genre humain, que tout vesÂtige de gouÂverÂneÂment et dâautorité y disÂpaÂraisse. Mais, tanÂdis que la comÂmuÂnauÂté reste le rêve de la pluÂpart des sociaÂlistes, lâanarchie est lâidéal de lâécole écoÂnoÂmique, qui tend hauÂteÂment à supÂpriÂmer tout étaÂblisÂseÂment gouÂverÂneÂmenÂtal et à constiÂtuer la sociéÂté sur les seules bases de la proÂpriéÂté et du traÂvail libre. » [5]
Pour le théoÂriÂcien besanÂçonÂnais, câest la lutte des classes qui déterÂmine le régime poliÂtique. Lâalliance de telle classe avec une autre va donc défiÂnir la teneur du régime poliÂtique. AinÂsi la bourÂgeoiÂsie a réusÂsi faire adveÂnir en régime monarÂchique ses idées libéÂrales tout en garÂdant la cenÂtraÂliÂsaÂtion admiÂnisÂtraÂtive perÂmetÂtant le contrôle des masses et en insÂtiÂtuant un sufÂfrage cenÂsiÂtaire pour sâen préÂserÂver. Cette anaÂlyse est dâune brûÂlante actuaÂliÂté au vu des nomÂbreux proÂpos mépriÂsants des élites poliÂtiÂco-médiaÂtiques au sujet du peuple [6]. En défiÂniÂtive, ProuÂdhon nâest pas tendre avec la démocratie :
« TouÂjours le draÂpeau de la liberÂté a serÂvi à abriÂter le desÂpoÂtisme ; touÂjours les classes priÂviÂléÂgiées se sont entouÂrées, dans lâintérêt même de leurs priÂviÂlèges, dâinstitutions libéÂrales et égaÂliÂtaires ; touÂjours les parÂtis ont menÂti à leur proÂgramme, et touÂjours lâindifférence sucÂcéÂdant à la foi, la corÂrupÂtion à lâesprit civique, les Ãtats ont péri par le déveÂlopÂpeÂment des notions sur lesÂquelles ils sâétaient fonÂdés [â¦] Ne vous fiez pas à la parole de ces agiÂtaÂteurs qui crient, LiberÂté, ÃgaÂliÂté, NatioÂnaÂliÂté : ils ne savent rien ; ce sont des morts qui ont la préÂtenÂtion de resÂsusÂciÂter des morts. Le public un insÂtant les écoute, comme il fait les boufÂfons et les charÂlaÂtans ; puis il passe, la raiÂson vide et la conscience désoÂlée. » [7]
Mais que proÂpose-t-il après avoir conspué tous les régimes poliÂtiques exisÂtants ? Le théoÂriÂcien besanÂçonÂnais proÂpose la voie du fédéÂraÂlisme. Dans un esprit très contracÂtuaÂliste et très juriÂdique, le citoyen est inviÂté à adhéÂrer à la fédéÂraÂtion puisquâil a autant à lui donÂner quâà receÂvoir de sa part. Cette adhéÂsion est à difÂféÂrenÂcier du contrat social de RousÂseau qui préÂsupÂpose un état de nature idéal et antéÂrieur à la sociéÂté. à mesure que les comÂmuÂnauÂtés humaines se déveÂloppent, les indiÂviÂdus ne peuvent plus vivre en tant quâindividus purs et innoÂcents sépaÂrés les uns des autres ; ils doivent donc par un contrat social absÂtrait, câest-à -dire via une adhéÂsion absÂtraite, voire inconsÂciente, se regrouÂper pour faire sociéÂté. Il nâexiste rien de tout cela chez lâanarchiste franÂçais peu susÂpect dâamour envers les théoÂries idéalistes.
Pour lui, « Ce qui fait lâessence et le caracÂtère du contrat fédéÂraÂtif, et sur quoi jâappelle lâattention du lecÂteur, câest que dans ce sysÂtème les contracÂtants, chefs de famille, comÂmunes, canÂtons, proÂvinces ou Ãtats, non-seuleÂment sâobligent synalÂlagÂmaÂtiÂqueÂment et comÂmuÂtaÂtiÂveÂment les uns envers les autres, ils se réservent indiÂviÂduelÂleÂment, en forÂmant le pacte, plus de droits, de liberÂté, dâautorité, de proÂpriéÂté, quâils nâen abanÂdonnent [8]. » Cette approche quaÂsi civiÂliste [9] de la fédÃ